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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Les deux ”hic” - ou les deux ”mais”... - des voeux présidentiels.....

            Le Président vient donc de nous présenter ses voeux. Le discours était beau, habile à souhait. Un natif de Sirius, qui passerait par là, à cette heure-ci, se dirait sans doute, dans sa drôle de machine volante : "Comme c'est beau ! Comme ils sont heureux les terriens !...".

            Oui, mais...

           Le problème est que, d'abord, plus les discours sont beaux, et plus les réalités sont pénibles, voire carrément douloureuses... du moins pour ceux de la France d'en bas, dont le nombre ne cesse de grandir...

           Et ensuite, cette lancinante obsession des élections, préoccupation, sinon unique, du moins, centrale, de notre Pays légal, depuis l'instauration de la république idéologique, qui ne comporte aucun espace a-démocratique au sommet de l'Etat, ce qui fait que l'élection envahit tout, qu'elle est partout, dans les pensées comme dans les actions et les décisions.

           C'est un peu - mais à l'envers - comme dans ces mauvaises opérettes ou des guerriers de pacotilles, armés de sabres en carton, chantent sans cesse "partons ! partons ! partons !" mais sont toujours au même endroit, au bout d'une demi-heure, et ne partent finalement jamais. Là, avec notre Pays légal et notre républqiue idéologique, on nous dit sans cesse "préparons l'avenir !", "2011 doit être une année utile !" (Chirac nous avait déjà fait le coup en 2002, en employant la même expression d'année "utile"...), "le monde change et bouge, nous devons bouger nous aussi !"... etc... etc... et toutes ces sortes de choses, aussi belles que justes. Sauf que, au final, quelle est l'action majeure, principale et, en réalité, prioritaire du Pays légal ? Préparer les élections !

            A part ça, ils étaient bien beaux, ces voeux...

  • Malgré le Covid-19, l’immigration clandestine repart de plus belle.

    Sources : http://marcrousset.over-blog.com/

    https://www.polemia.com/

    Par Paul Tormenen, juriste ♦ La reprise des arrivées massives de clandestins en Europe était redoutée avec la fin du confinement. Elle se confirme depuis quelques semaines. Alors que le coronavirus poursuit sa propagation, alors que le chômage et la pauvreté explosent, l’Italie et l’Union européenne se montrent incapables d’apporter une réponse ferme à une immigration hors de contrôle.

    En cet été 2020, vous ne trouverez pas en France de touristes venant des États-Unis ou de Russie. En revanche, en dépit des restrictions de circulation, les clandestins sont de plus en plus nombreux à partir d’Afrique du Nord pour gagner l’Europe.

    Les mises en garde sur un regain possible de l’immigration clandestine à l’issue du confinement n’ont pourtant pas manqué (1). À voir l’accélération des arrivées illégales en Europe, celles-ci sont visiblement tolérées, alors que les arrivées de touristes de certains pays sont fermement refusées, ce qui affecte durement l’économie européenne. Cette immigration clandestine n’est pas le fruit du hasard. Elle résulte de décisions et de choix politiques assumés.

    Le confinement en Europe : le blocus de l’immigration clandestine est possible

     Au début de la période de confinement en Europe, les gouvernements italiens et maltais ont annoncé la fermeture de leurs ports, pour « raisons sanitaires » (2). Le résultat a été immédiat : les bateaux des organisations non gouvernementales (ONG) croisant en mer Méditerranée ont cessé leur activité (3). Les passeurs ont suivi le mouvement. Les arrivées recensées de clandestins en Italie ont été minimes en mars et en avril (4). Les morts en mer Méditerranée n’ont, en mars 2020, jamais été aussi peu nombreuses depuis 2014 (5). Preuve s’il en fallait que le meilleur moyen d’arrêter les noyades est d’organiser un blocus des ports européens aux bateaux des passeurs de clandestins et non de tolérer les arrivées illégales.

    Les arrivées massives de clandestins en Europe reprennent

    Depuis la fin du confinement en Europe, les passeurs et les ONG ont repris du service. Sur l’île italienne de Lampedusa, entre l’Afrique et le continent européen, c’est désormais toutes les heures qu’un bateau chargé de clandestins arrive (6). Les capacités de quarantaine sont au 1er août arrivées à saturation (7). Du 20 au 26 juillet, ce ne sont pas moins de 11 000 clandestins qui sont arrivés en Italie. C’est, en une seule semaine, autant que pendant toute l’année 2019 (8). Cela amène le ministère italien de l’Intérieur à parler d’un « flux exceptionnel de migrants économiques » (9).

    Parmi les clandestins, les Maghrébins musulmans, en particulier tunisiens, tendent à devenir de plus en plus nombreux (10). Les clandestins arrivant en Italie depuis le début de l’année sont par ordre d’importance Tunisiens, Bengalais, Ivoiriens et Algériens (11). Une fois arrivés en Italie, ils vont pour nombre d’entre eux gagner d’autres pays européens. La situation explosive à la frontière franco-italienne en est une illustration (12). La tendance à une augmentation des arrivées de clandestins est observable également en Espagne et en Grèce, comme en témoignent les chiffres du Haut-Commissariat aux réfugiés (13).

    Un risque sanitaire considérable

    De nombreux cas de contamination au coronavirus ont été détectés parmi les migrants arrivant en Italie. Pour ne citer que quelques exemples, fin juin, 28 cas de contamination ont été détectés parmi les migrants présents sur le bateau de l’ONG Sea Watch, stationné près des côtes siciliennes (14). Un bateau dont la capitaine a affirmé qu’il fallait « abattre la forteresse Europe » (15). Début juillet, c’est à bord du bateau de l’ONG Mediterranea Saving Humans que huit cas de contamination ont été détectés sur les 43 migrants débarqués dans la commune italienne d’Augusta (16). Plus récemment, 134 migrants sur les 293 relocalisés dans le nord de l’Italie ont été testés positifs au coronavirus (17).

    Le rythme et le nombre des arrivées de clandestins en Italie ne permettent pas de contenir le risque sanitaire. Ainsi, en Sicile, plus de deux cents migrants ont récemment enfreint la quarantaine à laquelle ils étaient soumis (18).

    L’île de Malte a également rouvert ses ports aux bateaux chargés de clandestins. Fin juillet, 65 des 95 migrants arrivant de l’un d’entre eux ont été testés positifs au coronavirus, ce qui serait la proportion habituellement constatée selon un journal hongrois (19).

    Vieilles recettes pour pérenniser l’immigration de peuplement

    Le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, appelle l’Union européenne à se saisir de cette question immédiatement et à organiser entre pays européens une répartition des migrants arrivés dans son pays (20). Un accord dans ce sens, similaire à celui conclu à La Valette en septembre 2019, serait en négociation (21). Ce sont toujours les vieilles recettes qui sont préconisées : accueillir indépendamment de toutes considérations sociales, culturelles et économiques, répartir encore et toujours les migrants entre pays européens. Sachant que, selon un récent rapport, la grande majorité de ceux qui font l’objet d’une obligation de quitter un pays européen reste sur le continent, c’est un sauf-conduit qui est donné à nombre de clandestins qui foulent la terre européenne (22). Dans ces conditions, l’appel d’air à l’immigration clandestine n’est pas près de s’estomper.

    Une immigration incontrôlable

    Face à ces flux incessants, l’ancien ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, accuse le gouvernement italien d’« importer le coronavirus ». Il prend pour exemple la récente fuite de près de 700 clandestins de centres de rétention (23).

    Il est utile de rappeler que l’action de Matteo Salvini au gouvernement en 2018 et 2019, en imposant un blocus aux bateaux des passeurs et des ONG, a permis une baisse considérable des arrivées de clandestins en Italie. Mais cela a déchaîné le camp des immigrationnistes. L’immunité parlementaire du leader de la Lega vient d’être levée, afin de permettre son jugement pour avoir refusé en août 2019 de laisser débarquer sur les côtes italiennes 80 clandestins à bord d’un navire. Peu avant le vote du Parlement italien, la presse italienne s’est fait l’écho de révélations selon lesquelles les poursuites ont été engagées contre l’ancien ministre de l’Intérieur bien que des magistrats italiens considèrent son action au gouvernement comme justifiée et légale (24). On peut se demander s’il ne s’agit pas de faire payer à Matteo Salvini d’avoir rompu un consensus délétère concernant l’accueil des clandestins en Italie et plus largement en Europe…

    L’économie de l’immigration clandestine : un secteur florissant

    Comme Alexandre Del Valle le démontre récemment dans les colonnes de Valeurs actuelles, l’immigration clandestine représente un business florissant (25). C’est tout un secteur économique, parfois financé par l’impôt, qui a été mis à l’arrêt pendant le confinement. Les clandestins, les passeurs et les ONG ont attendu avec impatience la reprise du trafic en Méditerranée, où chacun semble avoir un rôle convenu.

    Selon un journal allemand, un rapport du centre allemand d’analyse de l’immigration illégale rattaché au ministère de l’Intérieur, publié ces dernières semaines, mentionnerait que des passeurs présents en Libye détecteraient activement la présence des bateaux des ONG au large des côtes libyennes et leur enverraient des migrants, voire les contacteraient par téléphone. Le rapport parle même de « départs concertés » à partir des côtes libyennes (26).

    Une seule solution : le blocus de l’immigration clandestine

    Face à une situation qui ne cesse de se détériorer, un ancien officier de la marine italienne préconise qu’un blocus naval des zones côtières libyennes et tunisiennes soit mis en place et que les navires des ONG impliqués dans la traite des êtres humains soient confisqués (27).

    Mais si de telles mesures ont montré leur efficacité, elles nécessitent réalisme, courage et conviction. Or ces trois conditions semblent faire défaut tant de la part des responsables actuels des autorités italiennes que des dirigeants européens.

    Ainsi, la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, déclarait récemment, à l’occasion de la présentation des objectifs du prochain pacte sur les migrations et l’asile, que les migrants « font partie de nous et nous faisons partie d’eux » (28). Elle ajoutait qu’« il est crucial d’ouvrir autant de voies de migration légales que possible ». On ne peut être plus explicite : toute dimension sociale et culturelle de l’immigration issue d’Afrique est évacuée. Seule compte l’immigration de peuplement. Comme s’il fallait en ajouter, en début d’année, l’opération Sophia, initialement chargée de lutter contre les passeurs convoyant des migrants de Libye en Italie, a été réorientée au contrôle de l’embargo sur l’importation d’armes en Libye (29).

    Crise sanitaire, crise économique, crise sociale, crise identitaire : c’est au pire moment que de nombreux clandestins affluent de nouveau en Europe, face à des gouvernements tétanisés.

    En 1848, Victor Hugo écrivait : « Le jour où la misère de tous saisit la richesse de quelques-uns, la nuit se fait, il n’y a plus rien. Plus rien pour personne. » Cela pourrait avoir été écrit aujourd’hui…

    Paul Tormenen
    06/08/2020

    (1) « Après le confinement, la submersion migratoire ? ». Paul Tormenen. Polémia. 19 mai 2020.
    (2) « Le Covid-19, nouveau danger pour les migrants en Méditerranée ». Libération. 10 avril 2020.
    (3) « Secours aux migrants : les ONG reprennent la mer en Méditerranée ». France Info. 18 juin 2020.
    (4) Operational Portal, Refugee Situation. UNHCR. Consultation le 1er août 2020.
    (5) Operational Portal, Refugee Situation. UNHCR. Requête « Dead and Missing at Sea – March 2019 ».
    (6) « Italian island overwhelmed as migrants boats arrive every hour on average ». Breitbart. 27 juillet 2020.
    (7) « Italian island of Lampedusa runs out of room to quarantine arriving migrants ». Breitbart. 1er août 2020.
    (8) cf. (4)
    (9) Communiqué de presse du ministère italien de l’Intérieur. 29 juin 2020.
    (10) « Lampedusa fait face à un nouvel afflux de migrants tunisiens ». InfoMigrants. 24 juillet 2020.
    (11) cf. (4)
    (12) « Ventimiglia, il limbo dei migranti respinti dalla Francia e costretti a dormire in strada ». Il Fatto quotidiano. 29 juillet 2020.
    (13) cf. (4)
    (14) « Un focolaio sulla Moby Zaza Da Sea Watch 28 contagiati ». Il Giornale.it. 24 juin 2020.
    (15) « EU wants migrants to drown, says German captain Carola Rackete ». InfoMigrants. 30 juin 2020.
    (16) « Bufera sul numero dei migranti contagiati. Il Viminale dica la verità ». Il Giornale.it. 2 juillet 2020.µ
    (17) « Il governo spedisce i migranti al nord e crea un maxi focolaio di Covid ». Il Giornale.it. 30 juillet 2020.
    (18) « Italie : plus de deux cents migrants bravent la quarantaine en Sicile ». Le Figaro. 27 juillet 2020.
    (19) « Nearly 70% of illegal migrants arriving in Malta have Coronavirus ». Remix News. 30 juillet 2020.
    (20) Intervention de Luigi Di Maio sur Facebook. 1er août 2020.
    (21) cf. (3)
    (22) « Fewer than 40% of migrants given deportation orders actually leave Europe ». Remix News. 31 juillet 2020.
    (23) « Italy: Salvini accuses left-wing government of importing coronavirus after over 700 migrants escape quarantine ». Remix News. 28 juillet 2020.
    (24) « Migrants : scandale en Italie après la divulgation d’échanges entre magistrats sur Salvini ». Valeurs actuelles. 24 mai 2020.
    (25) « L’incroyable business de l’immigration clandestine ». Alexandre Del Valle. Valeurs actuelles. 10 février 2020.
    (26) « NGO-Schiffe geortet – Konzertierte Abfahrten aus Libyen festgestellt ». Die Welt. 7 juillet 2020.
    (27) Interview du contre-amiral Nicola De Felice par Breizh Info le 27 juillet 2020.
    (28) « New EU migration pact set for start of summer ». EUobserver. 19 mai 2020.
    (29) « L’UE va remanier l’opération Sophia po

  • Éric Zemmour : « La Révolution n’est pas ce qu’on vous a dit ! »

    Crédits photo : Taillandier

    thUKZO41O8.jpgClaude Quétel* présente une histoire incorrecte de la Révolution française décrite comme une folie meurtrière et inutile dès 1789. Une lecture iconoclaste et utile. [Le Figaro du 8.05). Éric Zemmour nous donne là un article lui aussi iconoclaste et diablement intéressant. À lire absolument.  LFAR 

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    « Et si la Révolution était un « bloc », mais un bloc de violence, de fureur, d’injustices criminelles, une catastrophe nationale du début à la fin ? »

    « La Révolution est terminée .»

    En prononçant cette phrase en 1989, l’historien François Furet entendait signifier qu’au bout de deux siècles de querelles historiographiques, l’interprétation de la Révolution française ne faisait plus débat, et qu’elle était arrêtée aux principes qu’il avait définis, à savoir la distinction entre une « bonne » révolution, celle des Droits de l’Homme en 1789, et une « mauvaise », grosse de tous les dérapages criminels, voire totalitaires, de la Terreur de 1793.

    On peut dire aujourd’hui que Furet a gagné. Le discours de nos livres scolaires comme de nos politiques, comme celui répandu dans la plupart de nos universités, suit la doxa établie par Furet. Seule une poignée d’irréductibles historiens marxistes continue de voir la Révolution comme un « bloc » (selon la célèbre formule de Clemenceau) qui suit, en dépit des violences et des échecs, son inexorable et lumineux chemin progressiste. Pour ceux-là, l’histoire de France commence avec la Révolution, 1789 sortant la nation des limbes de l’obscurantisme où l’avait plongée l’Ancien Régime.

    Et si François Furet et sa vision libérale étaient fausses ? Et si la théorie du « bloc » était la plus pertinente, mais qu’il fallait, pour lui donner sa pleine saveur, la retourner comme un gant ? Et si la Révolution était un « bloc », mais un bloc de violence, de fureur, d’injustices criminelles, une catastrophe nationale du début à la fin ? C’est cette thèse audacieuse que défend Claude Quétel : « Le temps est venu de découvrir l’imposture derrière la posture et de convenir enfin que la Révolution française fut un épisode exécrable, de bout en bout, de l’histoire de France (…) Une folie meurtrière et inutile, une guerre civile (…) Le dérapage, ce fut en réalité la Révolution tout entière, dès les premiers jours des États généraux ».

    Notre iconoclaste n’a rien inventé : tout son livre est contenu dans Les Origines de la France contemporaine d’Hippolyte Taine. Notre auteur le reconnaît d’ailleurs humblement et rend un hommage mérité au « grand profanateur », qui a osé affronter, seul contre tous, l’université française, soumise d’abord à l’historiographie républicaine puis, après la Seconde Guerre mondiale, à sa version communiste. Taine est inégalable, insurpassable, indémodable. Pour un lecteur de Taine, il n’y a rien de nouveau sous le soleil de Quétel. « Tout est philanthropie dans les mots et symétrie dans les lois ; tout est violence dans les actes et désordre dans les choses. » En une phrase - et en des milliers de pages, et vingt ans de travail, de 1876 à 1895- Taine a tout dit et tout compris.

    Ajoutez-y les travaux d’Augustin Cochin qui, avant de mourir en héros pendant la Première Guerre mondiale, a analysé la formidable organisation des sociétés de pensées jacobines, héritées de celles des Lumières, qui ont façonné et dirigé, jusque dans les plus petites villes de France, le vote aux États généraux de 1789 : « Tout se passe comme si la France entière obéissait au mot d’ordre du mieux monté des partis, et on ne voit point de partis » ; et vous avez tout le livre de Quétel.

    Pavé universitaire et médiatique

    Mais si celui-ci n’a rien inventé, il a le grand mérite d’exhumer deux auteurs qui ont été dénigrés, et enterrés par l’université française. Mieux qu’un hommage, une résurrection. Et un pied de nez à tous les progressistes qui tiennent le haut du pavé universitaire et médiatique. Quétel nous montre que, comme le dit Malouet, député monarchien (favorable à une monarchie constitutionnelle) : « Pour tout homme impartial, la Terreur date du 14 juillet. » Il ne nous cache rien des faiblesses de la monarchie mais nous montre avec crudité des révolutionnaires emportés par leur verbe (une majorité d’avocats), se saoulant de grands mots qui finissent par de grands crimes, et cachant derrière l’emphatique « peuple de Paris », les coups de main d’une moins ragoûtante « populace » de sans-culottes. Quétel considère que la lutte contre le catholicisme, « en achevant de donner un caractère messianique à la Révolution, porte en elle le recours à la guerre ». La guerre civile.

    Michelet arrêtait l’histoire de la Révolution à la chute de Robespierre le 9 Thermidor. Quétel la poursuit jusqu’au coup d’État de Bonaparte du 18 Brumaire. C’est Bonaparte qui achève la Révolution, dans les deux sens du terme : il impose une dictature militaire pour sortir le pays de l’anarchie et de la ruine ; mais il sauve aussi l’essentiel de son œuvre en préservant la société égalitaire et méritocratique qu’elle avait fondée. Quétel ne commet pas l’erreur habituelle des historiens républicains qui appellent « guerres de l’Empire » ce qui est en vérité avant tout des « guerres de la Révolution ».

    En revanche, il se soumet pour une fois à la doxa contemporaine en dénonçant « la soif de conquêtes » des armées françaises. Il dénonce à juste titre ses rapines et ses pillages qui venaient combler les trous creusés par l’impéritie des révolutionnaires. Mais, obnubilé par sa juste vindicte contre les Jacobins, il passe à côté de l’essentiel, à savoir l’affrontement géopolitique entre la France et l’Angleterre pour l’hégémonie mondiale. Ce combat avait commencé avant la Révolution et la monarchie française l’avait perdu lorsque Louis XV avait dû abandonner les conquêtes au Canada et en Inde. Ce funeste traité de Paris de 1763 est, selon certains historiens anglo-saxons, la cause fondamentale de la Révolution.

    En tout cas, à partir du moment où les Jacobins les plus intelligents (et survivants !) comprennent que la Révolution avait échoué à régénérer l’homme, ils mettent leur énergie, et leur patriotisme, au service de cette grande cause nationale : redonner à la France le premier rang en Europe. C’est dans les plans du Directoire que Napoléon fondera sa stratégie d’empereur et ce sont d’anciens collaborateurs de Louis XV qui permettront à Carnot d’être pour la postérité « l’organisateur de la victoire ». La Révolution aura été ainsi un énorme - et paradoxal - détour pour tenter de venger la défaite de l’Ancien Régime. Un furieux et ultime effort - et vain - de la France pour prendre sa revanche sur l’ennemi héréditaire anglais. Vaincue, la France se consolera comme elle pourra avec un grand discours prétentieux et faux sur la « grande » révolution qui avait apporté la lumière au monde. Deux siècles plus tard, on en est toujours là.   

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    Une gravure de Berthault d’après Prieur représentant des Parisiens armés de baïonnettes dans la nuit du 12 au 13 juillet 1789. - Crédits photo : Rue des Archives/©Rue des Archives/PVDE

    * De Claude Quétel, Taillandier-Perrin, 478 P.,  21,90 €.

    Éric Zemmour

  • La Fabrique du crétin, clap de fin, par Jean-Paul Brighelli.

    Image d'illustration Unsplash

    Jean-Paul Brighelli partage avec nous l'introduction de son prochain livre

    Chers lecteurs, je profite de ces vacances pour écrire mon dernier livre sur l’état de l’Ecole, à paraître en janvier prochain. L’idée m’est venue de vous en soumettre les chapitres essentiels, afin de tenir compte de vos critiques et de vos suggestions. Aujourd’hui, l’introduction. Bonne lecture et n’hésitez pas à commenter, même avec férocité, cette analyse dernière, après 45 années passées dans un système éducatif désormais exsangue.

    4.jpgDepuis la sortie de la Fabrique du crétin, en 2005, j’ai participé à maints débats où revenait sans cesse la même question : « Pourquoi l’Éducation nationale a-t-elle autorisé les dérives successives qui ont amené à la présente apocalypse scolaire ? » Ce livre tente de répondre de façon cohérente à cette question.

    Frappés par un titre qui claquait fort, les lecteurs ont souvent oublié le sous-titre de l’essai : «  La mort programmée de l’Ecole ». Peut-être parce que le crime était si grand que l’on n’a pas voulu en étudier froidement les tenants et aboutissants, ni se demander à qui ou à quoi il profitait. Chacun a des enfants, des petits-enfants, dont il constate, année après année, le très faible niveau de connaissances. Chacun a entendu ces mêmes enfants répondre, à la question « Qu’as-tu appris en classe aujourd’hui ? », un « Rien » pas même étonné. Comme si aller à l’école était désormais une obligation déconnectée de toute obligation de résultats. Une nécessité formelle, imposée par la loi, mais vidée de toute substance.

    Question subsidiaire, souvent posée elle aussi : « À quel moment l’Ecole a-t-elle commencé à dysfonctionner ? » Les lecteurs ont une mémoire longue, qui leur permet de comparer l’enseignement qu’ils ont reçu, il y a parfois soixante ans, et celui que reçoivent aujourd’hui leurs gamins. Ils ont entendu les pédagogues proclamer doctement que « les situations ne sont pas comparables », et que « l’enseignement de masse actuel ne peut fonctionner selon les méthodes élitistes d’autrefois ». Oui — mais autrefois, les élèves quittant le CP savaient lire, écrire, et maîtrisaient les quatre opérations de base, alors que la division s’apprend aujourd’hui, avec une méthode complexe et aberrante, en CM1-CM2. Et qu’elle est rarement maîtrisée à l’entrée en Sixième. Pas plus d’ailleurs que la lecture et l’écriture.

    Disons tout de suite que l’on a voulu ce désastre, et qu’on l’a justifié a priori et a posteriori avec les meilleures intentions du monde. Non, l’Ecole de la République n’a pas du tout dysfonctionné : elle accomplit aujourd’hui de façon routinière ce pour quoi on l’a programmée dans les années 1960-1970.

    Parce que ce n’est pas la Gauche, chargée de tous les péchés pédagogiques, et qui les a assumés dès qu’elle a été au pouvoir, qui a voulu à l’origine cette Ecole déficiente. C’est la Droite, avec la bénédiction des autorités européennes.

    Pas n’importe quelle Droite. Disons la Droite giscardienne, qui s’est trouvée aux manettes, pour ce qui est de l’Ecole, dès les années 1960.

    De Gaulle ne s’intéressait guère à l’Éducation. Pour lui, ce qui se passait en classe était probablement dans le droit fil de ce qu’il avait connu enfant sur les bancs de l’École — privée ou publique. De la rigueur, de l’ambition, et une tolérance nulle aux écarts de conduite et d’apprentissage. On sait que la Troisième République s’était inspirée, pour définir son projet éducatif, de l’école mise en place en Prusse par Bismarck. C’est cette école, analysait Ferdinand Buisson, vrai maître d’œuvre des réformes de Jules Ferry, qui avait gagné la guerre de 1870. L’École française devait donc se métamorphoser, si elle voulait gagner la prochaine guerre — et elle l’a fait. La victoire de 14-18, avec ses souffrances inimaginables, la résistance des soldats, et leur abnégation, leur consentement au sacrifice, est sortie tout entière de l’École de Jules Ferry.

    Ce qui amène à penser que nos présents renoncements, la dégringolade à laquelle nous assistons stupéfaits, cette décivilisation où notre vieux monde passe peu à peu la main aux barbares, sortent eux aussi de l’École telle qu’elle s’est transformée depuis soixante ans. Et que la guerre de civilisations dans laquelle nous sommes aujourd’hui englués est d’ores et déjà perdue.

    Parce que le mal vient de loin. Nous avons pris l’habitude, modifiés en profondeur par les chaînes d’information en continue et le tac au tac de l’actualité et des réseaux sociaux, à ne plus penser en perspective, mais dans l’instant. Le renoncement à toute perspective chronologique, en Histoire, avait des motivations profondes — des motivations de marché. On attend de nous un réflexe de consommation immédiat qui défie toute analyse. Les jolies couleurs du produit fini (« la réussite de tous », clament les fossoyeurs de l’École) nous empêchent de voir qu’à l’intérieur de l’emballage, il n’y a rien.
    Et même moins que rien. Ce que l’on apprend à l’école, désormais, c’est l’extrême relativité de toute opinion et de tout savoir. « C’est votre avis, ce n’est pas le mien », clament des enfants qui ne savent orthographier correctement ni « c’est », ni « avis ». L’autorité du maître a été dissoute dans le chœur des opinions divergentes, l’atmosphère de débat perpétuel instaurée par des lois intelligemment perverses, et des réseaux sociaux où tout individu pourvu d’un clavier se pense tout-puissant.

    On ne m’entendra peut-être pas, mais je le dis d’emblée : l’École ne dysfonctionne pas. Au contraire. Elle fait ce pour quoi on l’a programmée : créer un vaste melting-pot, un bouillon d’inculture, où les élèves n’acquerront que de très faibles notions, peu sûres, entachées d’approximations, d’erreurs et d’a priori idéologiques. Une matrice dont tout l’effort vise à produire des consommateurs et des travailleurs instables, peu formés, et dotés d’un instinct critique d’huître, mais susceptibles d’accepter n’importe quelle tâche pourvu qu’elle leur permette de regarder la télévision le soir.

    L’« ubérisation » d’aujourd’hui a commencé dans les cervelles enfantines dès les années 1960. Elle s’est affermie après 1968, certes, mais faire porter aux événements de mai la responsabilité du délitement ultérieur est un prétexte commode pour ne pas scruter les vrais responsabilités.

    Le choc épistémologique final est intervenu en 1976, quand le duo Giscard / Haby (son ministre de l’Éducation) a décidé, de manière si rapprochée que les deux événements, concomitants, étaient forcément coordonnés, de deux mesures dont les effets combinés ont produit l’actuel désastre. À ceci près que pour ses concepteurs, ce n’est pas du tout un désastre, mais une brillante réussite.

    Ces deux mesures sont le collège unique (loi Haby du 11 juillet 1975) et le regroupement familial (29 avril 1976). Ce décret signé par Jacques Chirac, suspendu un temps par Raymond Barre (en novembre 1977) et finalement avalisé par le Conseil d’Etat le 8 décembre 1978, est la cause première des mutations imposées à l’École quelques mois auparavant. Il était bien sûr dans les tiroirs du gouvernement lorsque la loi Haby est votée. La combinaison de ces deux événements majeurs de notre Histoire récente a produit, par effet de ricochet, les effets secondaires dont le cumul est l’actuel désastre éducatif — ou, si l’on regarde le résultat sous le point de vue de ceux qui l’ont initié, sa totale réussite.

    Ce livre retrace les étapes du processus de déstructuration de l’Ecole, pierre de touche de notre présente débâcle. Nos présents renoncements, notre laïcité à géométrie variable, l’Histoire réécrite, la tolérance à l’intolérance religieuse, notre faiblesse face aux revendications de toutes origines, mais principalement religieuses, tout est relié à cette programmation initiale : on a voulu démanteler l’École, parce qu’elle était l’Ancien Monde, et que la modernité (un mot brandi comme une référence par les politiciens et les pédagogues, alors qu’il est synonyme de catastrophe) ne voulait surtout pas de citoyens pensants, informés, critiques et cultivés. Ce que nous appelons culture désormais est une macédoine d’idées toutes faites, de poncifs écœurants, d’affirmations hautaines et péremptoires, et de distance critique nulle. Notre obéissance actuelle à des diktats hygiénistes d’une rationalité suspecte, notre soumission à des décisions qui, si elles avaient été prises par d’autres, auraient mis des millions de personnes dans la rue, sortent de l’école de conformisme qu’est devenue le système éducatif français.

    Il faut comprendre quelle chaîne de décisions, chacune se greffant sur la précédente et l’amplifiant, a créé cette spirale descendante qui a entraîné l’Ecole dans les abysses. Une décision en soi n’est rien — on peut la révoquer à tut moment. Mais une série de décisions, dont chacune amplifie la précédente, crée un système dont il est bientôt impossible de se déprendre.

    C’est cet enchaînement fatal que j’entends ici décrire. Les décadences ne viennent pas par hasard.

    Quant à la perspective de se secouer de cette suie idéologique, elle s’éloigne chaque jour. Tout le malheur de Cassandre, on le sait, est qu’elle dit la vérité, mais que personne ne la croit. Ainsi meurent les civilisations — celle de Troie comme la nôtre.

     

    Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.
     
  • Italie : Retour sur le coup de force de Mattarella

     

    Par Yves Morel

    Un coup de force qui est une nouvelle preuve du mépris des l’Europe et des marchés pour la souveraineté des peuples. 

    Un déni de démocratie

    Une nouvelle crise politique en Italie ? Non, un scandale, cette fois-ci. Le président de la République italienne a invalidé le suffrage de ses compatriotes, en s’opposant au choix du ministre de l’Economie, et en poussant, de la sorte, Giuseppe Conte à renoncer à former le gouvernement. Si l’acte de Sergio Mattarella ne viole pas la lettre de la constitution italienne, il en viole l’esprit, il viole même l’esprit de toute démocratie. En démocratie, c’est le suffrage populaire qui prévaut. Le peuple ne gouverne pas, ne décide pas, mais il choisit ceux qui vont gouverner et décider. Et, lors des élections générales du 4 mars 2018, il a récusé le Parti Démocrate (de gauche), la Démocratie Chrétienne (de centre droit), et même, Forza Italia de Berlusconi, mettant en tête le Mouvement Cinq Etoiles (populiste de gauche, tenant à la fois de notre FN et de notre France insoumise), avec 33% des voix, et la Ligue (Lega), de Matteo Salvini (à la fois anti-européenne, populiste et régionaliste), avec 18%.

    L’alliance logique du Mouvement cinq étoiles et de la Ligue

    Aucune formation ne disposant de la majorité absolue, et une alliance entre le Parti Démocrate et le Mouvement Cinq Étoiles étant impensable, tout comme une alliance entre la Ligue, Forza Italia et la Démocratie Chrétienne, c’est une alliance entre le Mouvement Cinq Étoiles et la Ligue qui devait prévaloir, fondée sur la défense des laissés pour compte du système, l’euroscepticisme et la protection des Italiens contre les excès de l’immigration et les empiétements des instances européennes et des lobbies économiques sur la souveraineté italienne. MM. Luigi Di Maio et Matteo Salvini s’accordèrent donc sur un programme de gouvernement à la fois social, national et relativement indépendant à l’égard de l’Europe, qui devait être mis en œuvre par un ministère que dirigerait M. Conte. On pouvait discuter de la composition de ce cabinet, de son programme, et présager, présumer ou préjuger de son action à venir, mais ce gouvernement était le plus légitimement démocratique qui fût.

    Le complot des Eurocrates

    Las ! C’était sans compter avec la classe politique, prête à tous les coups de force au nom de son credo européen, au nom d’une Europe technobureaucratique ennemie des nations et des peuples ; c’était sans compter, également, sur la Bourse, les marchés financiers, les lobbies industriels, qui, eux, se jouent, depuis toujours, des souverainetés populaires. L’installation d’un gouvernement national, qui aurait sans doute pris ses distances avec les règles budgétaires de la Communauté européenne, était inadmissible à leurs yeux. S’ils avaient eu raison du ministère Berlusconi en 2011, ce n’était pas pour admettre, sept ans plus tard, un gouvernement indépendant à l’égard de Bruxelles. Et, en effet, certaines des mesures les plus importantes envisagées par la coalition Ligue/Cinq Étoiles étaient incompatibles avec les règles de l’orthodoxie budgétaire européenne : institution d’un revenu minimal universel, abaissement (dans certains cas, et sous condition, il est vrai) de l’âge de la retraite, augmentation des pensions, tout cela était inacceptable pour la Commission européenne. La baisse des impôts paraissait plutôt nocive, dans le cas de l’Italie. Quant à l’expulsion massive des clandestins, cela était diamétralement opposé tant au dogme libéral qu’à l’orthodoxie « humaniste » et « droit-de-l’hommiste » européenne.

    Les manœuvres de Sergio Mattarela, l’homme lige des eurocrates

    Voilà pourquoi Sergio Mattarella, président de la République depuis trois ans, a tout fait pour empêcher la formation du gouvernement issu de cette coalition, et pour obliger ses compatriotes à retourner aux urnes.

    Ce Sicilien, avocat et spécialiste de droit constitutionnel, est un enfant de la balle, en politique ; son père, Bernardo, fut plusieurs fois ministre. Toutefois, lui-même n’entra vraiment dans la lice qu’en 1983, à l’âge de 42 ans, lorsqu’il fut élu député. Pendant longtemps, il resta peu connu, mais joua un rôle important. Ainsi, il fut le principal artisan de la loi électorale de 1993, qui introduisit une forte dose de scrutin majoritaire pour les élections des parlementaires (pour les trois quarts des sièges), et qui fut en vigueur jusqu’en 2005. Et il exerça, par la suite, diverses fonctions ministérielles importantes : Instruction publique, vice-présidence du Conseil des Ministres, Défense nationale, avant d’être élu président de la République le 31 janvier 2015. Comme tous les démocrates-chrétiens, il est un Européen convaincu. A son esprit, l’Europe passe avant tout. Il doit d’ailleurs son élection à la magistrature suprême à une coalition d’eurocrates et d’euromanes de tous bords : la Démocratie chrétienne, certes, mais également le Parti Démocrate (équivalent approximatif de notre PS), le parti Gauche, Écologie et Liberté (SEL), l’Union du Centre, Choix civique pour l’Italie (autres formations centristes), et le Nouveau Centre Droit. Il fut l’élu des européens contre les anti-européens qu’étaient (et que restent) la Ligue et le Mouvement Cinq Étoiles, et contre Forza Italia, européen et libéral, mais trop indépendant à l’égard de Bruxelles. Autant dire qu’il n’allait pas s’accommoder de voir ses adversaires, en tous points opposés à lui, s’installer au Palais Chigi. Et qu’il allait pouvoir compter sur le soutien actif de ceux qui l’avaient élu, de Bruxelles et de tous les pays ouest-européens, sans parler des milieux financiers. Il s’affaira donc à faire échouer les discussions entre les partis, en s’efforçant d’intégrer des membres du Parti Démocrate, de la Démocratie chrétienne, du Nonveau Centre Droit ou de Forza Italia au nouveau gouvernement, et en chargeant le nouveau président de la Chambre, Roberto Fico, et la nouvelle présidente du Sénat, Maria Elisabetta Alberti Casellati, de négociations impossibles en vue d’aboutir à une improbable coalition majoritaire associant la Ligue, Forza Italia et les partis de droite, ou le Mouvement Cinq Étoiles et le Parti Démocrate. Puis, lorsqu’il eut désigné, à regret, Giuseppe Conte, soutenu par le Mouvement Cinq Étoiles et la Ligue, il mit son veto à la nomination de l’eurosceptique Paolo Savona au ministère de l’Economie, poussant ainsi Conte à renoncer à ses fonctions.

    Résultat : à ce jour, trois mois après avoir élu leurs parlementaires, les Italiens n’avaient toujours pas de gouvernement, et étaient invités à retourner dans l’isoloir en septembre prochain. Finalement, M. Mattarella a accepté la formation d’un nouveau gouvernement Conte. Mais le ministre de l’Économie et des Finances, Giovanni Tria, quoique proche de la Ligue est un fervent partisan du maintien de son pays dans l’euro ; et le ministre des Affaires étrangères, Enzo Moavero Milanesi, a un passé européen propre à rassurer M. Mattarella et Bruxelles, puisqu’il fut sous-secrétaire d’État aux Affaires européennes (1994), commissaire européen (1995-2000), et vice-secrétaire général de la Commission européenne (2202-2005). À Bruxelles, et dans toutes les capitales ouest-européennes, on a dû souffler un grand coup.

    Les marchés et l’Europe, tyrans des peuples européens

    Une fois de plus, l’Europe, cette Europe matérialiste du marché planétaire sans contrôle ni tutelle, donne la preuve de son absolu mépris des peuples, dont elle n’hésite pas à bafouer le suffrage, alors même qu’elle fait de la démocratie une religion et une éthique. On l’avait déjà constaté en d’autres circonstances. Ainsi, en juin 1992, les Danois votèrent « non », par referendum, à l’adhésion de leur pays au Traité de Maastricht. Que firent les Européens ? Ils dirent, en substance : « Pardon ? Nous avons mal entendu ». Et, après trois mois de menaces voilées, d’imprécations, d’objurgations, de harcèlement et de tractations, les Danois, fermement invités à revoter, se prononcèrent pour le « oui », lors d’un second referendum. Au printemps 2005, ce furent la France, puis les Pays-Bas, qui rejetèrent, par referendum, toujours, le Traité Constitutionnel Européen. Qu’à cela ne tînt : les dirigeants européens mirent aussitôt en chantier le Traité de Lisbonne, qui, signé en décembre 2007, reprenait l’essentiel du texte récusé. Aujourd’hui, les Italiens, qui avaient accordé leur préférence aux partis eurosceptiques sont floués de leur vote, puisqu’il est clair que le gouvernement Conte restera sous la coupe de Bruxelles. Les peuples ne sont admis à voter que pour plébisciter les décisions de leurs élites, qui savent, mieux qu’eux, ce qui est bon pour eux. On appelle cela, paraît-il, « la démocratie représentative ». En son temps, Léonid Brejnev appelait « souveraineté limitée » la faible autonomie qu’il laissait aux républiques socialistes d’Europe de l’Est, et qui excluait la possibilité, pour elles, d’abolir le régime communiste et de prendre leurs distances avec l’URSS. Présentement, en Italie, c’est vis-à-vis de l’Europe que les Italiens n’ont pas le droit de prendre leurs distances. M. Mattarella l’a bien dit : s’il a récusé la nomination de M .Savona au ministère de l’Economie, c’est parce que la politique de ce dernier allait « amener la sortie de l’Italie de l’euro », et que lui, en tant que président de la République, est « le garant du respect des traités européens ». Autrement dit, l’Europe passe avant la souveraineté de l’Italie, et a le droit de fouler au pied celle-ci et la liberté des Italiens. Les marchés et l’Europe sont les maîtres du jeu politique et les modernes tyrans des peuples européens.   

     Yves Morel

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle 
  • Dans notre Éphéméride de ce jour : avec Joseph Bédier, les Trouvères et Troubadours... la grande clarté du Moyen-Âge !

    1938 : Mort de Joseph Bédier

     

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    D'origine bretonne, Joseph Bédier fut un grand philologue, spécialiste de la littérature médiévale.

    Il publia de nombreux textes médiévaux en français moderne, tels que Tristan et Iseut (en 1900) ou La Chanson de Roland (en 1921; voir aussi l'Éphéméride du 15 août), se trouvant ainsi, de fait, à l'origine de la résurrection de plusieurs des textes initiaux de la littérature française...

    Il fut élu membre de l'Académie française en 1920 :

    http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/joseph-bedier

     

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    https://www.etudes-litteraires.com/tristan-et-yseut.php

     

     

    https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Roman_de_Tristan_et_Iseut/Texte_entier

     

     

     

    Dans l'admirable préface qu'il offrit au Tristan et Iseut de Bédier, l'érudit Gaston Paris écrivit (extraits) :


    "J’ai le plaisir de présenter aux lecteurs le plus récent des poèmes que l’admirable légende de Tristan et Iseut a fait naître. C’est bien un poème, en effet, quoiqu’il soit écrit en belle et simple prose. M. Joseph Bédier est le digne continuateur des vieux trouveurs qui ont essayé de transvaser dans le cristal léger de notre langue l’enivrant breuvage où les amants de Cornouailles goûtèrent jadis l’amour et la mort. Pour redire la merveilleuse histoire de leur enchantement, de leurs joies, de leurs peines et de leur mort, telle que, sortie des profondeurs du rêve celtique, elle ravit et troubla l’âme des Français du douzième siècle, il s’est refait, à force d’imagination sympathique et d’érudition patiente, cette âme elle-même, encore à peine débrouillée, toute neuve à ces émotions inconnues, se laissant envahir par elles sans songer à les analyser, et adaptant, sans y parvenir complètement, le conte qui la charmait aux conditions de son existence accoutumée. S’il nous était parvenu de la légende une rédaction française complète, M. Bédier, pour faire connaître cette légende aux lecteurs contemporains, se serait borné à en donner une traduction fidèle. La destinée singulière qui a voulu qu’elle ne nous parvînt que dans des fragments épars l’a obligé de prendre un rôle plus actif, pour lequel il ne suffisait plus d’être un savant, pour lequel il fallait être un poète...

    ...C’est donc un poème français du milieu du douzième siècle, mais composé à la fin du dix-neuvième, que contient le livre de M. Bédier. C’est bien ainsi qu’il convenait de présenter aux lecteurs modernes l’histoire de Tristan et d’Iseut, puisque c’est en prenant le costume français du douzième siècle qu’elle s’est emparée jadis de toutes les imaginations, puisque toutes les formes qu’elle a revêtues depuis remontent à cette première forme française, puisque nous voyons forcément Tristan sous l’armure d’un chevalier et Iseut dans la longue robe droite des statues de nos cathédrales...

      ...Mais ce que je n’ai pu dire, ce qu’on découvrira avec ravissement à la lecture de cette œuvre antique, c’est le charme des détails, la mystérieuse et mythique beauté de certains épisodes, l’heureuse invention d’autres plus modernes, l’imprévu des situations et des sentiments, tout ce qui fait de ce poème un mélange unique de vétusté immémoriale et de fraîcheur toujours nouvelle, de mélancolie celtique et de grâce française, de naturalisme puissant et de fine psychologie. Je ne doute pas qu’il ne retrouve auprès de nos contemporains le succès qu’il a obtenu auprès de nos aïeux du temps des croisades. Il appartient vraiment à cette "littérature du monde" dont parlait Goethe ; il en avait disparu par une mauvaise fortune imméritée : il faut savoir un gré infini à M. Joseph Bédier de l’y avoir fait rentrer."

     

    Joseph Bédier est donc bien un "renouveleur", comme l'écrit joliment Gaston Paris; on pourrait dire aussi un "restituteur" : il nous a rendu nos Racines littéraires primitives, comme le fit un Xavier de Langlais avec ses romans du cycle du roi Arthur (voir l'Éphéméride du 27 avril)...

     

    Trouvères et troubadours, Chanson de Roland, Légendes Arthuriennes, Tristan et Yseult : quatre de nos Ephémérides reviennent sur la naissance de notre littérature nationale et sur ses thèmes fondateurs :

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     • l'Éphéméride du 20 avril (sur les Troubadours Bernard de Ventadour et Bertrand de Born);

     du 27 avril (sur Xavier Langlais et les romans du Roi Arthur);

     du 15 août (sur la Chanson de Roland);

     du 29 août (sur Joseph Bédier et Tristan et Yseult).

  • Les prix du mardi...

              le prix citron: à Christine Lagarde. La Ministre de l'Économie envoie des notes en anglais à ses services de Bercy, ce qui lui a valu de recevoir la "Carpette anglaise" (prix de "démérite linguistique"). Le prix 2007 lui a été attribué par un jury présidé par Philippe de Saint Robert (qui a également décerné un "prix spécial à titre étranger" à la police du canton de Genève, laquelle a diffusé une publicité intitulée "United police of Geneva"!....).

              L'Académie de la Carpette anglaise décerne ainsi chaque année "ce prix d'indignité civique à un membre des élites françaises qui s'est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l'anglo-américain en France et dans les institutions européennes au détriment de la langue française." Tapez "Avenir de la Langue Française" pour avoir un aperçu du (bon) combat que mène cette Association (dépôt de plaintes etc...), dont on aurait tort de sous estimer l'importance, et que l'on aurait tort de ne pas soutenir....

              le prix orange:à Alexis Brézet. Il a fait suivre son très intéressant éditorial du Samedi 1° décembre, dans "Le Figaro Magazine"du post-scriptum suivant:

              "P.S. : Ses voisins n'ont pas mis le feu au quartier. Ses camarades d'école n'ont pris d'assaut aucun commissariat. Au malheur -absolu- qui les frappe, ses parents n'ont opposé qu'une absolue dignité. A l'heure où les médias, déjà, passent à autre chose, qu'il soit permis, ici, d'avoir une pensée pour Anne-Lorraine, 23 ans, sauvagement assassinée par un pervers récidiviste, un dimanche de novembre dans le RER D."

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

     

    MAGISTRO : Adossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique.         

    A tout un chacun

    Eric ZEMMOUR  Journaliste politique  Un chanteur populaire  

    Marc DUGOIS  Avocat  Vœux 2016          

    Du côté des 'élites' 

    "L'ambition dont on n'a pas les talents est un crime" Chateaubriand (Lettre à Madame Récamier)

    Philippe BILGER  Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole  ... sur la nationalité française

    Maxime TANDONNET Haut fonctionnaire, ancien conseiller pour les affaires intérieures et l’immigration au cabinet du Président de la République  Déchéance politicienne       

    En France

    Madeleine de JESSEY    Co-fondatrice et porte parole de Sens commun  Corse : le reflet des fractures françaises

    François-Xavier BELLAMY    Professeur agrégé de philosophie    Du choc des incultures

    Philippe BILGER  Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole  Légion d'honneur détournée

    Maxime TANDONNET Haut fonctionnaire, ancien conseiller pour les affaires intérieures et l’immigration au cabinet du Président de la République  La politique française peut-elle sortir du mitterrandisme ?

    Ivan RIOUFOL  Journaliste politique   Cette République qui tremble de peur…         

    Avec l'Europe

    Jacques HOGARD  Président du groupe E.P.E.E.   L'Europe est morte à Pristina (réédition du livre)          

    De par le monde

    Roland HUREAUX  Essayiste   L'évènement majeur de l'année 2015 : l'accord de Washington entre les Etats-Unis et Téhéran

    Transmettez, faites suivre, partagez ...

     

  • Démocratie de l'émeute ?

     

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    Le président de la République est bien gentil quand il nous dit qu'il ne veut pas d'une « démocratie de l'émeute ».

    Personne ne veut, d'ailleurs, d'une démocratie de l'émeute. Sauf les Black-block, les Antifas et les racailles-pillards des banlieues,  contre lesquels justement presque rien n'a été fait. En ce moment et depuis des années. Ils ont trop opportunément servi à discréditer les Gilets jaunes pour qu'on décide des mesures pourtant assez simples qui les auraient empêchés d'infiltrer les cortèges des dits Gilets jaunes  chaque samedi soir à la nuit tombante. Car imagine-t-on des manifestations aussi déterminées que sans violence, sans désordre et sans casse ? Et que les Français continueraient aujourd'hui de soutenir massivement car les difficultés, les affres, même, des Gilets jaunes ils les connaissent trop bien et ils les vivent eux aussi ? Quel risque, quelle situation immaîtrisable c'eût été ! Les violents, les casseurs, les voyous, la pègre ont été en la circonstance l'aubaine du Pouvoir. Comme toujours, comme dans toute révolution, figurez-vous ! Alors, Emmanuel Macron reprend la main, remonte dans les sondages et retourne une partie de l'opinion. Il reforme le vieux parti de l'ordre. De l'ordre prétendu - sur la nature et la qualité duquel on ne sera pas trop regardant, bien-entendu. Et les médias des oligarques au secours du macronisme de relayer à l'envi la formule lénifiante : « Je ne veux pas d'une démocratie de l'émeute »...

    NantesChateauMuséeNoyades-768x586.jpgTelle est pourtant, de fondation, la démocratie française. Nous ne disons pas : toute démocratie. Nous disons : la démocratie française. Macron nous rabâche sur tous les tons - ton du prêcheur doucereux, voix de velours et regard langoureux de séducteur charismatique ou ton exalté du prédicateur évangélique, gestes saccadés et voix criarde. - qu'il ne veut pas d'une « démocratie de l'émeute ». Mais la démocratie française justement est née de l'émeute et du sang. Faut-il rappeler au Chef de l'État quelles sont les origines historiques de la démocratie française ? Nous serions bien étonnés qu'il puisse nous démontrer qu'elle n'est pas née de l'émeute, violente, sanglante, génocidaire. De l'émeute, de la Terreur et de la guerre. Inutile d'en dresser le détail ni d'en brosser le tableau, n'est-ce pas ? (Photo, Les noyades de Nantes).

    Dans une conversation sérieuse, Macron serait bien en peine de plaider le contraire, lui qui, en 2015, avait, à l'étonnement général, dont le nôtre, déploré l'absence de roi et s'était dit convaincu que les Français n'avaient pas voulu la mort de Louis XVI. Chacun sait qu'elle fut votée quand-même sur fond d'émeute, d'où les voyous, les sanguinaires et les pillards n'étaient pas absents. Façon de dire d'ailleurs : ils tenaient le haut du pavé et faisaient sans cesser monter les enchères du crime et de la Terreur. La Révolution française - d'où naquit notre démocratie - n'a rien eu de démocratique. Elle a connu plus de têtes au bout des piques que de bulletins de vote.   

    Danton Marat Robespierre.JPGSuccesseurs des Robespierre, des Danton, Marat et autres scélérats, les présidents de la République française ont une sorte d'ADN qui tient de cette origine émeutière et sanglante et qui leur colle à la peau - en vérité à leur être profond - bien plutôt que le sparadrap  Benalla dérisoire aux basques d'Emmanuel Macron. Qu'elle le veuille ou non, la démocratie française est émeutière.   

    Retrouvez l'ensemble des chroniques En deux mots (116 à ce jour) en cliquant sur le lien suivant ... 
    En deux mots, réflexion sur l'actualité
  • Général Didier Tauzin : « Je ne peux accepter de voir mon pays partir à vau-l’eau comme c’est le cas aujourd’hui ».

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

    Le général (2s) Didier Tauzin, qui postula à la candidature en 2017, à l’élection présidentielle, vient de publier un nouvel ouvrage : Rebâtir la France après le Covid-19. Rebâtir la France « sur le roc », comme le précise le sous-titre de ce livre. Il répond aux questions de Boulevard Voltaire.


    Vous avez publié un livre où vous analysez l’épisode du Covid-19. C’est l’occasion pour le pays de redémarrer. Pourquoi avoir écrit ce livre ?

    Ce n’est pas vraiment une analyse de l’épidémie du Covid, mais plutôt une projection vers l’avenir et une proposition de réforme en particulier pour notre pays. Ces propositions peuvent avoir des répercussions pour toute l’Europe et pour le monde.
    J’ai écrit ce livre, car j’ai fait ces propositions au gouvernement. J’ai été candidat à la présidentielle en 2017. Éventuellement, je le serai encore en . Le problème n’est pas d’être président. La véritable finalité de la politique n’est pas d’obtenir des places, mais de servir son pays. J’ai même proposé au président de la République de l’aider. Il est tout à fait logique, dans une situation inédite ou très rare dans l’Histoire de France, que ceux qui ont un peu réfléchi à ce qu’il faudrait faire sans ambition personnelle, sans orgueil et dans un esprit de service, le proposent aux responsables en place. Et aujourd’hui, le responsable en place c’est le président Macron. Ceci étant, si l’élection a lieu et si le président ne prend pas mes propositions, il est tout à fait possible qu’en je sois candidat.

    Selon vous, quelle est l’urgence pour notre pays ?

    Ce à quoi je tiens le plus c’est la Grande Charte de France. Pour l’élection présidentielle de 2017, je l’avais mise en avant. Pendant deux ans, nous avions travaillé dessus à environ 250 personnes de tout horizon et d’idées différentes. Nous avions cherché ce qui pouvait nous unir et unir les Français. Nous avons donc élaboré la Grande Charte de France. Elle tient en moins de deux pages. C’est quand même pas mal. Elle précise ce qu’est l’identité de la France au regard de son histoire, comment la France a été construite et quelle est la mission de la France telle qu’elle est décrite par l’histoire. Il ne s’agit pas d’une histoire de vote comme l’avait autrefois envisagé Sarkozy.
    Il n’y a pas uniquement l’évêque Saint-Rémy, il y a aussi Jefferson et d’autres qui ont directement ou en filigrane décrit ce qu’est la vocation de la France.
    Dans cette charte, il y a aussi les grands principes politiques aux premiers rangs desquels la subsidiarité. Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus esclaves d’un système dont nous sommes de simples rouages. Notre civilisation est fondée sur quelque chose de géant. L’Homme est grand. Il n’y a rien de plus grand que l’être humain dans tout l’univers. Il faut donc remettre cela en vigueur et le réapprendre, car beaucoup de gens ne le savent pas et se conduisent comme des toutous. Il ne s’agit pas d’être rebelle, mais de se développer personnellement, familialement et nationalement au mieux de nos possibilités.

    Vous avez sans doute vu ce qu’il s’est passé à la semaine dernière. Des gangs tchétchènes et nord africains se sont affrontés pour le contrôle d’un quartier au nom du trafic de drogue.
    C’est cela la France d’aujourd’hui…

    Oui, c’est cela la France d’aujourd’hui. La Grande Charte de France n’est pas un miracle. Il faut d’abord l’adopter par référendum et lui donner une place imminente. En France, depuis 1789 nous changeons de constitution tous les 15 ou 20 ans. Cela ne peut pas fonctionner.
    Premièrement, il faut la placer au-dessus de la constitution comme la Déclaration des droits de l’homme. Une fois qu’elle a été voulue, il faut l’entourer d’un conseil de la grande charte de France. Elle peut avec prudence et sans conflits réécrire toutes les lois, pour les mettre en conformité avec la grande charte de France.
    Deuxièmement, il faut accepter de laisser du temps au temps, comme disait Mitterrand, en copiant un auteur du début du XXe siècle. C’est peut-être une affaire de deux siècles, je ne sais pas. Il faut l’accepter. Cela peut aller beaucoup plus vite avec des gens qui le voudront, qui iront calmement, mais qui se donneront. C’est une véritable mission que de refaire l’unité nationale. Ce n’est pas une élection dont on sort vainqueur. C’est de la véritable politique. Ce n’est pas ce que nous vivons en ce moment.

    Que dites-vous à ceux qui vous disent que la situation est urgente et qu’on ne peut pas se permettre d’attendre un siècle ?

    Pour l’instant, il faut tout simplement rétablir l’ordre. Il est inadmissible qu’aujourd’hui on traite les forces de police et de gendarmerie comme elles le sont en particulier par monsieur Castaner. Elles sont l’un des éléments essentiels de notre stabilité nationale. Il s’agit bien entendu de chasser les brebis galeuses, de mettre de l’ordre et de faire une formation de la police un peu plus poussée. Aujourd’hui, c’est insuffisant et ce n’est pas la faute des policiers. Il faut que nous Français fassions bloc autour de nos forces de l’ordre. Leur rôle est essentiel ! Il faut leur demander beaucoup, mais il faut aussi leur donner notre affection.

    Vous êtes apparu dans la sphère médiatique il y a deux ou trois ans. Selon vous, quelle est votre légitimité à présider au destin de la France ?

    Je suis Français. J’ai risqué plus d’une fois ma peau pour la France. J’ai ramené des gamins de vingt ans entre quatre planches. Cela fonde une responsabilité. Je ne peux pas accepter de voir mon pays partir à vau-l’eau comme c’est le cas aujourd’hui. Je crois que cela suffit largement.
    Je fais partie d’une lignée de militaire. Mon père a fait trois guerres. La guerre de 39/45, l’Indochine et l’Algérie et mes grands-pères étaient à Verdun. La vocation du soldat n’est pas de faire la guerre, c’est de faire la paix par le moyen éventuel de la guerre et de servir la France en tout temps, en tout lieu et en toute circonstance. Ces mots ont disparu des règlements militaires, pourtant ils étaient très forts. Notre vocation est de servir en tout temps, tout lieu et toute circonstance si besoin par les armes, mais aussi par les rangs politiques. Je ne suis pas le premier et je ne serai pas le dernier.
    Je crois que l’esprit de la Ve République est mort. On pourrait dire que son cadavre bouge encore, mais son esprit est mort. L’esprit de la Ve République était d’empêcher ce que de Gaulle appelait le système désastreux des partis de porter atteinte à l’unité nationale. La France ne peut pas vivre et se développer s’il n’y a pas d’unité nationale. Cela fait partie de notre génie à nous. Or, l’unité nationale en France n’est pas facile.

    Vous êtes anti système des partis…

    Il ne s’agit pas d’être contre les partis. Un parti est légitime. Ce qui n’est pas légitime c’est que les partis nuisent à l’unité nationale. Or, nous sommes Français. Quand nous avons une idée, nous avons tendance à l’ériger en dogme et à être dogmatiques. Dans un parti politique, lorsqu’on se groupe autour d’une idée, qu’on en fait un dogme et qu’on a suffisamment de beaux parleurs pour amener des gens, on a une dizaine de partis dogmatiques qui ne pensent plus qu’à la victoire de leur dogme au détriment de la France.
    À l’époque des Gaulois, certaines tribus faisaient alliance avec l’ennemi face aux autres Gaulois. Ce n’est pas nouveau. C’est contre cela qu’il faut lutter. On n’y mettra jamais fin définitivement. Il a fallu des Saint-Louis, des Henri IV, des Louis XIV, Napoléon ou de Gaulle avec leurs défauts et leurs qualités pour mettre fin à ce fichu système des partis, apaiser les tensions et faire rentrer les partis dans le rang. Les partis politiques sont légitimes, mais pas au détriment de l’unité nationale.

  • Bouleversement des puissances et déclin occidental, l'analyse de Raphaël Chauvancy, par Lauria Zenou.

    Officier supérieur des Troupes de marine, Raphaël Chauvancy est chargé du module des stratégies de puissances de l’Ecole de Guerre Economique. Spécialiste des enjeux de puissance, il concentre ses recherches sur les nouvelles problématiques qui émergent en temps de guerre et de tensions. Dans son ouvrage, « Les Nouveaux Visages de la Guerre », Raphaël Chauvancy recherche et analyse les stratégies à mettre en place dans ces rapports de force. Il a accepté de décrypter avec nous l’attitude des grandes puissances confrontées à un monde en mutation.

    8.jpgDans votre ouvrage, vous évoquez la figure du guerrier. Sans cette incarnation de détermination et d’engagement chez nos représentants, l’Europe est-elle condamnée à subir l’ascendant de ses rivaux ?

    Les Européens se sont malheureusement arrêtés aux années 1990 et aux théories de la « fin de l’histoire » de Francis Fukuyama ou de « l’impuissance de la puissance » de Bertrand Badie. Ils rêvent plus ou moins consciemment de geler la situation tant qu’elle ne leur est pas trop défavorable pour profiter sans crainte de leur relative prospérité. Or le monde réarme et s’est remis en marche. L’histoire suit son cours. La Chine affiche ses ambitions, la Russie refuse de s’effacer et des puissances secondaires comme la Turquie s’affirment de manière décomplexée comme des acteurs régionaux incontournables. Le contexte de guerres systémiques qui structure dorénavant les relations internationales ne permet plus aux populations civiles de se tenir à l’écart. Les nouveaux affrontements ne se limitent plus à la dimension militaire, mais ils opposent les sociétés elles-mêmes. Le but n’est plus tant la destruction par les armes de l’adversaire que sa dislocation par décomposition interne.
     
    Les Britanniques ont remarquablement décrypté cette nouvelle situation dans leur dernière revue stratégique. Ainsi leur gouvernement a-t-il pris acte que leurs adversaires cherchaient à « saper leur cohésion, à éroder leurs capacités de résilience économique, politique et sociale[1] » et à « briser leur volonté[2]» par des moyens autres que le feu. Ce constat sans tabou et sans appel révèle la qualité de l’armement moral d’une part significative des élites du royaume.
     
    On ne saurait en dire autant de l’Europe continentale qui idéalise la passivité et valorise la figure de la victime, ce qui est le plus sûr moyen d’en devenir une. Les Français eux-mêmes ne sont pas exempts de ce travers. Le traitement réservé au bicentenaire de la mort de Napoléon en est l’illustration. Si l’empereur demeure critiquable sous plusieurs aspects, il incarne par excellence les vertus guerrières qui nous font tant défaut aujourd’hui, non pas pour envahir nos voisins, mais pour défendre l’avenir de nos enfants et d’une conception de l’homme libre qui nous est chère.
     
    Le temps des dirigeants techniciens est révolu. Nos entreprises, notre administration, notre démocratie ont besoin de chefs qui soient des combattants pour se revitaliser et retrouver des perspectives stratégiques. Une société faible ou fragile est appelée à la dislocation dans les guerres couvertes contemporaines. Le réarmement intellectuel et moral est donc l’affaire de l’ensemble du corps des citoyens. Il implique de cultiver des vertus comme le courage, l’audace, la détermination, le sens de la responsabilité et de l’action collective qui procurent un véritable « supplément d’âme », selon les mots du général Bosser.

    [2] Ibid.
     

    Croyez-vous que dans le monde actuel, les pays occidentaux aient la volonté nécessaire à la lutte contre leur déclin ?

    Tout dépend de ce que l’on entend par « occidentaux » puisque ce concept flou, forgé par les Américains pendant la Guerre Froide pour justifier la mise sous tutelle de leurs alliés, désigne aussi bien les puissances anglo-saxonnes dominantes que leurs protectorats européens. Les Anglo-saxons, Américains et Britanniques en tête, ont pris conscience de la fragilité de leur condominium mondial face aux remises en cause de nouveaux compétiteurs. La transition du président Trump au président Biden n’a, par exemple, rien changé à la volonté américaine de contrer la montée en puissance de la Chine. De leur côté, les Britanniques reviennent à une politique ambitieuse à travers le projet global Britain ; le déploiement d’un groupe aéronaval à l’Est de Suez et l’augmentation de 40 % du nombre de leurs têtes nucléaires révèlent leur volonté de se maintenir parmi les grands de ce monde.
     
    À l’inverse, les Européens vivent sous protectorat américain et s’en contentent. Incapables d’assurer leur propre sécurité, ils ont renoncé à prendre leur destin en main. Pour parler clairement, ils ont fait le deuil de leur liberté collective et se satisfont de vivre dans des États de droit et de bénéficier d’un niveau de vie appréciable. On peut douter de la volonté d’enrayer leur déclin de la part de peuples pour lesquels la liberté est devenue une valeur secondaire.
     
    Le cas des Français est à part. Leur culture et leurs intérêts stratégiques ne se confondent pas avec ceux des Anglo-saxons ; aussi cherchent-ils une voie alternative pour maintenir leur place dans le monde. Ils n’ont plus la force – ou le courage, de mener une politique gaullienne. Parallèlement, ils sont seuls à vouloir du projet d’Europe-puissance. Il en résulte une tension entre une aspiration réelle à maintenir leur rang et une vision stratégique erratique entre velléités d’indépendance nationale et aspirations supranationales dans le cadre de l’UE. Alors que l’établissement d’un nouvel ordre mondial lui offre des opportunités, il n’est pas exclu que la France ne sache pas les saisir et en soit une des grandes perdantes.
     

    L’argument selon lequel la puissance s’exerce avec mesure est-il toujours valable face à un ennemi dont les moyens d’action sont bien trop importants ?

    Pour être franc, la puissance ne s’exerce pas toujours avec mesure. En revanche, lorsqu’elle cède aux sirènes de ce que les Grecs appelaient l’hybris, elle creuse son propre tombeau. Si un État abuse de sa position dominante ou de sa force, il fédère les oppositions d’une part. D’autre part, il prend le risque de la surextension et offre des espaces de manœuvre à ses rivaux. C’est pourquoi l’impérialisme débridé est l’antithèse des politiques d’accroissement de puissance menées de manière réaliste dans une perspective à long terme.
     
    La clef d’une puissance durable consiste à la réserver pour l’accroître progressivement et mécaniquement. Si la puissance doit parfois se déployer pour se maintenir, tout déploiement inutile revient à dilapider un capital précieux.
     
    Face à des ennemis plus nombreux et plus riches, la solution réside dans une meilleure appréhension des rapports des forces, une analyse poussée des contradictions internes de l’adversaire et dans la définition d’objectifs stratégiques ambitieux, mais soutenables. Nous devons gagner en agilité et prendre l’ascendant dans le domaine cognitif, le seul où nous puissions bénéficier d’un avantage comparatif – pour combien de temps ?
     

    Selon vous, la Chine est « dépourvue de toute morale pratique ». Quelle attitude adopter face à sa conception des rapports de force ?

    La Chine est une puissance dangereuse. C’est une de ses faiblesses, trop peu exploitée en termes de guerre informationnelle. Ses ambitions ne sont pas retenues par l’inhibition culturelle des nations démocratiques. La morale pratique elle-même est relativement indifférente à une bureaucratie totalitaire qui a sacrifié des dizaines de millions d’hommes à ses utopies sous Mao, qui n’hésite pas à se livrer à des expériences aussi inquiétantes que la création de chimères, qui a menti effrontément au monde entier et provoqué la crise globale de la COVID.
     
    Le Parti communiste chinois a néanmoins une perception très fine des rapports de force et des moyens de les renverser. Il a réussi à prendre le pouvoir, à s’y maintenir et à hisser le pays au rang de superpuissance, tout en manifestant une indifférence absolue aux dégâts internes et externes que sa politique a pu mener.
     
    La seule attitude à adopter en réponse consiste à livrer consciemment une « guerre hors limites », pour reprendre une expression chinoise, à ce compétiteur. S’il est excessif de qualifier la Chine de géant aux pieds d’argile, elle n’en a pas moins de grandes fragilités. La première tâche consisterait à identifier ses contradictions internes, et elles sont nombreuses, et à ne plus hésiter à les mettre en lumière pour saper sa légitimité et contrarier son expansionnisme tous azimuts. À moins que nous ne soyons prêts à accepter que le prochain leader mondial soit un État aux valeurs radicalement contraires à nos principes démocratiques.
     
    La Chine a le sens du temps long et une volonté de fer. Les nations libres bénéficient en contrepartie d’une agilité et une créativité cognitive supérieures. Les atouts s’équilibrent. Un pays comme la France a un rôle à mener dans cette guerre couverte faite de luttes d’influence, de combats économiques ou financiers, de batailles technologiques ou culturelles. Ses intérêts rejoignent ici sans conteste ceux des Anglo-saxons. Les enjeux sont en tout cas trop importants pour qu’elle se contente d’un strapontin de spectateur, comme le font trop d’États européens.
     
  • Éphéméride du 16 février

    1892 : Léon XIII, pape du Ralliement...

     

     

     

     

    1608 : Mort de Nicolas Rapin

    Dans la France troublée des Guerres de religion, Nicolas Rapin se signale par son action politique, "royaliste" au sens le plus profond et le plus politique du terme.

    Aux États généraux de Blois (1588), il défend avec vigueur la Royauté; et il s'oppose à la Ligue, par la plume, en dressant l'épitaphe du duc de Joyeuse et par ses poèmes sur les victoires de l'armée royale.

    Lors de la Journée des barricades (voir l'Éphéméride du 12 mai), il est contraint de fuir Paris, et rallie le camp d'Henri III; puis il fait partie de ceux qui, avec Jacques-Auguste de Thou réclame à Henri de Navarre de venir au secours d'Henri III.

    Après l'assassinat du Roi, Rapin participe à la bataille d'Arques : remarqué sur les champs de bataille, comme à Ivry, sa fidélité lui vaut d'être anobli en octobre 1590 par Henri IV.

    Rapin a directement participé à la rédaction de La Satyre Menippée, pamphlet dirigé contre la Ligue, écrit en collaboration avec Pierre Pithou et Jean Passerat (voir l'Éphéméride du 1er novembre).

    On peut toujours admirer son très beau château de Terre-Neuve, en Vendée :

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    https://chateau-terreneuve.com/

    De Chambord proviennent différents panneaux du XVIème siècle à motifs de salamandres et du monogramme de François 1er, mais également les 13 soleils en bois doré contemporains des aménagements commandés par Louis XIV. Ces éléments de décors furent enlevés par le maréchal de Saxe - à qui le château fut offert par Louis XV, en guise de récompense, après le triomphe de Fontenoy... - qui les remplaça par d'autres boiseries; et aussi le probable fronton de scène de la première représentation du Bourgeois Gentilhomme, donnée à Chambord le 14 octobre 1670...

     

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    1761 : Naissance de Jean-Charles Pichegru 

     

    Napoléon a dit de lui : "Comme Général, Pichegru était un homme d’un talent peu ordinaire."

    De fait, dans l'imagerie populaire, il restera avant tout comme celui qui a réalisé une opération proprement inimaginable : capturer une flotte entière, par une charge de cavalerie ! Il faut dire que la flotte en question était prise dans les glaces, la plupart des canons pointés en hauteur, les bateaux ayant été figés de biais, les canons vers le haut, et ne pouvant donc pas tirer sur leurs assaillants.

    Il n'empêche, la chose reste unique dans les annales : impossible n'est vraiment pas français !     

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    Gravure extraite de notre album Le dernier livre de Jacques Bainville

     

    Mais Pichegru représente aussi autre chose : dans cette période où, en réalité, rien n'était écrit d'avance (le fameux sens de l'Histoire, dont on nous aura tant rebattu les oreilles, n'existe pas...), Pichegru montre bien comment tout aurait pu être différent, et comment un très grand nombre de protagonistes de la Révolution auraient très bien pu changer de camp : Danton lui-même n'a jamais fait mystère du fait que, s'il ne servait pas la Cour et Louis XVI c'est, tout simplement, parce que celui-ci ne lui offrait pas assez d'argent...

    Quoi qu'il en soit, valeureux soldat et très brillant général, Pichegru, comme tant d'autres, aurait pu... Avec lui, ou avec d'autres, les choses auraient pu prendre une autre tournure...

    Il ne s'agit pas de cultiver de vains regrets mais, tout simplement, de le savoir, et de ne pas être dupe des boniments et des images d'Épinal d'une histoire officielle prétendant que la Révolution - du moins dans les formes qu'elle a prises... - était inéluctable, et inscrite dans l'ordre naturel et obligatoire des choses... 

    pichegru.jpg

    De l’Encyclopedia universalis :

    "Fils d'un cultivateur du pays d'Arbois, Pichegru parvient très jeune à devenir répétiteur de mathématiques à Brienne; il s'engage comme soldat en 1780 (contrairement à la légende, Napoléon n'aura donc guère eu le temps de profiter de ses connaissances mathématiques) et fait la guerre d'Amérique. Sergent-major en 1789, il milite avec ardeur au club des Jacobins de Besançon et devient lieutenant-colonel d'un bataillon de volontaires. La rapidité de ses promotions est alors foudroyante; en octobre 1793, il commande en chef l'armée du Rhin. Il est subordonné à Hoche (ce qu'il supporte mal) pour la délivrance de l'Alsace; au printemps de 1794, soutenu par la faveur de Saint-Just, il commande l'armée du Nord, conjugue ses actions avec Jourdan pour achever la conquête de la Belgique et, en janvier 1795, s'empare de toute la Hollande. Pichegru apparaît alors comme l'un des plus glorieux et des plus sûrs entre les chefs "sans-culottes" des armées de la République.

    De passage à Paris en avril 1795, il reçoit pleins pouvoirs de la Convention pour mater l'insurrection populaire de germinal an III. Est-ce alors que, premier général révolutionnaire appelé à trancher de l'épée les nœuds de la politique, il entrevoit à son ambition de nouvelles perspectives ? À peine nommé au commandement de l'armée nouvellement créée de Rhin-et-Moselle, il accepte d'avoir une série d'entrevues avec un agent du futur Louis XVIII et du prince de Condé; il s'engage par écrit à mettre sous quelque délai son armée au service de la royauté, moyennant énormément d'argent, le bâton de maréchal, le gouvernement de l'Alsace et la propriété de Chambord. C'est dans de telles vues qu'il entame fort mollement sa campagne d'été de 1795, laisse battre Jourdan sans le secourir et se replie. Se sentant suspecté, il offre sa démission, qui est acceptée contre son attente en mars 1796; ici prend fin une carrière militaire qui promettait mieux.

    16 fevrier,lavoisier,révolution,republique,terreur,guillotine,pasteur,arago,le verrier,napoleon iii,meteorologieDéputé, et aussitôt président des Cinq-Cents (avril 1797), Pichegru se pose alors ouvertement en leader de la droite et prépare secrètement un coup d'État royaliste; Barras le paralyse en le menaçant de publier une note sur sa trahison, remise par d'Antraigues à Bonaparte en juin; arrêté le 18-Fructidor, Pichegru est déporté en Guyane, s'évade et se réfugie à Londres.

    Il n'abandonne pas la partie; lié à l'élaboration du complot de Cadoudal (ci contre), il débarque clandestinement à Biville en janvier 1804, vient à Paris, met en rapport avec Cadoudal son vieil ami (et déjà complice ?) Moreau, mais est arrêté. Le 6 avril au matin, il est trouvé étranglé dans sa prison..."

     

     

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    1785 : Expérience de Lavoisier, qui décompose l'eau en oxygène et hydrogène

     
    L'eau est transformée en vapeur par l'immersion d'un fer chauffé au rouge, et cette vapeur est décomposée dans un canon à fusil chauffé à blanc. Il apparaît à sa sortie de l' "air inflammable" (hydrogène); l' "air vital" (oxygène) s'est fixé dans le fer.
    Lavoisier avait déjà réalisé une première synthèse de l'eau, le 24 juin 1783.
    Souvent considéré comme le père de la Chimie moderne, Louis Pasteur a dit de lui qu'il était le législateur de la chimie.
     
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     Lavoisier et son épouse en 1788, par David.
     
     
            
    Cette gloire ne devait pourtant pas le protéger: le 24 novembre 1793, la Convention lance un décret d'arrestation contre les Fermiers généraux. Le 8 mai 1794, le Tribunal révolutionnaire juge trente-deux Fermiers généraux : vingt-huit d'entre eux sont condamnés à la guillotine et exécutés le jour même; tous leurs biens sont confisqués : Lavoisier est le quatrième.
     
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    La République n'a pas besoin de savants !...
     
             
    Ayant demandé un sursis pour pouvoir achever une expérience, il s’entend répondre par Jean-Baptiste Coffinhal, le président du tribunal révolutionnaire : "La République n'a pas besoin de savants ni de chimistes; le cours de la justice ne peut être suspendu."
     
    Au lendemain de sa mort , son collègue Joseph Louis Lagrange (1736-1813) commente :
     
    "Il ne leur a fallu qu'un moment pour faire tomber cette tête, et cent années, peut-être, ne suffiront pas pour en reproduire une semblable."
     
     
     
     
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    1786 : Naissance de François Arago
     
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    1855 : Naissance de la météorologie
     
    Le 14 novembre 1854, une tempête coule trois vaisseaux et trente-huit cargos franco-anglais au large de Sébastopol.
    À Paris, le Ministère de la Guerre crée une commission d'étude, dirigée par l'astronome Le Verrier, qui conclut que des observations systématiques auraient permis de prévoir, donc d'éviter, cette catastrophe.
    À la suite de ce rapport, Napoléon III ordonne, le 16 février 1855, la création d'un vaste réseau météorologique, afin de prévoir le temps...
     
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    Urbain Le Verrier, peint par Daverdoing en 1846. C'est lui qui découvrit, par un "simple" calcul, la planète Neptune : voir l'Éphéméride du 23 septembre)
     
  • Le couple Giscard-Chirac, un duo funeste

                Sous le titre Un duo funeste, voici la note de lecture qu’Yvan Blot consacre au livre de Yves-Marie Laulan sur le couple Giscard/Chirac, dans le dernier numéro (73) de Politique magazine (http://www.politiquemagazine.fr/ ).

     
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    (1) : Le couple Giscard-Chirac, deux années de plomb qui amorcent le déclin, 1974-1976, de Yves-Marie Laulan. Edition François-Xavier de Guibert, 192 pages, 18 euros.

                "Le dernier livre d’Yves-Marie Laulan (ci dessous) est bien documenté et a d’ailleurs été salué par l’ancien Garde des Sceaux, Jean Foyer. Il démontre que le socialisme n’est pas la seule cause de l’affaiblissement de la France, loin s’en faut….. Ainsi, la période où Giscard et Chirac sévirent ensemble au gouvernement de la France fut particulièrement funeste pour l’’avenir de notre pays.

                Quatre exemples de « réformes » votées sous leur « règne » viennent étayer cette thèse. La loi Veil sur l’avortement : elle a privé la France de six millions d’enfants, qui n’ont jamais vu le jour. Le regroupement familial : il a permis l’installation sur le territoire national d’un même nombre d’immigrés. La loi Haby sur le collège unique : elle a désorganisé l’enseignement secondaire. L’élargissement de la saisine du Conseil Constitutionnel (accompli sans pour autant réviser son recrutement très politisé…..) : cette institution est désormais un frein aux réformes, notamment dans le domaine de la lutte contre l’immigration clandestine.

                On lira avec profit ces pages, à la fois courageuses et lucides, au sujet de cet épisode malheureux de l’histoire de France. Et savoir que la plupart des pays occidentaux ont adopté des mesures analogues ne consolera sûrement pas le lecteur…

                La politique subit aussi l’empire des modes et c’est inévitable. Mais la qualité d’un homme d’Etat se jauge indéniablement à sa capacité de résistance à ces modes."

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                Voici comment, pour sa part, Yves-Marie Laulan revient plus précisément sur La Loi Veil et sur l'importance capitale qu'il convient d'accorder au sujet démographique :
     
     
                "La loi Veil entraîne un déficit chronique des naissances d’origine française qui crée un appel d’air pour l’immigration comme en témoigne le gonflement des flux migratoires et des naturalisations (voir infra). La France est ici victime d’une immigration de type nouveau, celle qui tend à substituer une nouvelle population à l’ancienne. Ainsi, en 2005, 16 % des naissances étaient d’origine musulmane.
     

                Rappelons tout d’abord une évidence de base. Si toutes les femmes enceintes se faisaient avorter, la fécondité française serait égale à zéro, car il n’y aurait plus de naissances vivantes. Cela n’est heureusement pas le cas. Mais à un rythme de croisière de 200.000 avortements par an (plus probablement proche de 250.000), pour 800.000 naissances vivantes par an, cela représente très exactement le quart, proportion évidemment colossale, et inacceptable, qui interpelle l’esprit.

                Il est donc difficile de nier l’évidence, à savoir que la loi Veil a eu, et a encore, une incidence démographique déterminante. Cela est d’autant plus manifeste si l’on considère l’évolution du nombre des avortements et de l’installation des étrangers sur le territoire français sur la longue période, depuis la loi Veil de 1974. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

                Sur 34 ans, le nombre des avortements enregistrés dans notre pays est en progression constante, au dessus de 200.000 par an. Ce qui représente, pour cette période, près de 7 millions de petits Français (6,8 très exactement) qui ne sont pas venus au monde. Or les statistiques les plus fiables font état d’entrées d’étrangers de l’ordre de 200.000 par an également.

                L’égalité de ces deux chiffres donne à réfléchir. Il est clair qu’il n’y a pas eu substitution chiffre pour chiffre, nombre pour nombre. Mais il est non moins évident que l’avortement de masse, et la sous fécondité qu’il a provoquée, ont créé un environnement propice au gonflement des flux migratoires. Cela est d’ailleurs tellement évident que les autorités de Bruxelles, devant l’impact désastreux de la chute de la fécondité au niveau européen sur la population active et l’économie, n’ont rien trouvé de mieux comme remède que de prôner une entrée massive de travailleurs étrangers."
  • Révolution et République, Ecole, Historiquement correct : un débat entre Philippe Nemo et Roland Huraux (1/3).....

                Le philosope libéral, Philippe Nemo s'est entretenu récemment avec l'historien Roland Hureaux (1), ce qui nous a valu un fort intéressant débat, souvent roboratif et, au final, assez réconfortant.

                Leurs propos décapants, leur regard honnête et sans concession sur notre histoire récente, ces mensonges de la vérité officielle à nouveau dénoncés par eux au cours de leur échange : tout cela nous a fait penser qu'il serait intéressant de mettre cette discussion à la disposition de nos lecteurs……

                Pour la commodité de la lecture, nous l'avons divisé en trois parties : d'abord, une réflexion sur la Révolution et la République, qui a bien été conçue dès le départ, par les révolutionnaires, comme une nouvelle religion, comme "la" nouvelle religion; ensuite, une réflexion sur l'Ecole, malade de l'idéologie républicaine; et, pour finir, une dénonciation en règle de l'historiquement correct, c'est-à-dire des mensonges de la vérité officielle.....

    Première partie : a propos de la Révolution et de la République, qui a bien été conçue dès le début, par les révolutionnaires, comme une religion…..

    F.C. : Philippe Nemo, la république se prétend indivisible. Vous affirmez qu’il y en a deux. Comment en êtes-vous venu à cette conclusion ?

    Philippe Nemo : Malgré le sympathique personnage de Marianne, il n’y a jamais eu de consensus en France sur ce que doit être la république. Les uns la conçoivent comme le régime protégeant les grandes libertés publiques, d’autres y voient un synonyme de « socialisme ». Le problème est que ces derniers ont opéré et quasi-réussi une « OPA » sur le mot « république » à partir des années 1900 ;

    Roland Hureaux : Il y a eu une captation de l’héritage républicain par une gauche laïciste et socialisante, voire communiste. Il était donc utile de faire cette mise au point, notamment au sujet de l’affaire Dreyfus, en rappelant qu’il y a eu beaucoup d’anti-dreyfusards de gauche et  plus qu’on ne croit de dreyfusards de droite.

    F.C. : Vous expliquez aussi, à juste titre, que la Résistance fut loin d’être le monopole de la gauche.

    P.N. : Autre paradoxe : la cinquième république a été fondée par un homme, de Gaulle, dont la formation militaire et la foi catholique correspondaient très peu aux critères en vogue du républicanisme de gauche.

    R.H. : Il faut aussi ajouter que le sens du mot « républicain » évolue avec le temps. « Républicain » désigne aujourd’hui le refus d’une certaine mondialisation « libérale-libertaire ». Il peut signifier une réticence aux valeurs du capitalisme mondialisé, et de ce point de vue, il me paraît très légitime de l’être. On voit même des royalistes qui défendent le principe républicain au nom de la  res publica, principe du Bien Commun pensé par Aristote.

    F.C. : Clémenceau disait : « La révolution est un bloc ». Philippe Nemo oppose la révolution de 1789 à celle de 1793. En quoi sont-elles de nature différente ?

    P.N. : La révolution de 1789 entendait promouvoir les libertés modernes, intellectuelles, politiques et économiques. Le gouvernement jacobin a promu la Terreur et une dictature d’Etat. C’est exactement l’inverse.

    R.H. : 1793 témoigne en effet d’un projet révolutionnaire de plus grande ampleur que 1789, et la terreur jacobine contient en puissance les révolutions totalitaires du XX° siècle.

    F.C. : Cette idée que François Furet a réussi à inscrire dans la pensée commune n’était pas évidente il y a trente ou quarante ans.

    R.H. : Pour autant, je trouve que Philippe Nemo a tendance a exagérer ce clivage. Il oublie les leçons du philosophe écossais libéral Edmund Burke qui a montré dans son grand livre sur la révolution française, écrit dès 1790, que la dynamique de 1793 était déjà sous-jacente aux évènements de 1789. Dès le départ, la révolution procédait d’une volonté de faire table rase du passé. 1789 contient une utopie libérale qui prône l’arasement des institutions existantes. C’est particulièrement vrai de la Constitution civile du clergé qui, en tant que projet de refondation de l’Eglise, est la cause directe des dérapages qui ont conduit à la Convention et à la Terreur.

    P.N. : Il y a donc plusieurs libéralismes : l’un conservateur, accepte les héritages du passé ; l’autre prétend refonder la société sur des idées abstraites. Le libéralisme de Burke n’est pas celui des GIrondins. Un projet, même libéral, peut être idéologique dès lors qu’il pousse les idées jusqu’à leurs extrêmes conséquences. C‘est peut-être ce que nous vivons aujourd’hui.

    F.C. : Selon Philippe Nemo, le jacobinisme idéologique de 1793 n’est pas un mouvement issu des Lumières, mais un millénarisme de type religieux.

    R.H. : Beaucoup de livres ont montré la filiation entre le socialisme et le millénarisme qui proclame l’avènement d’une société nouvelle et fraternelle à travers une convulsion de type apocalyptique. Le millénarisme est une hérésie chrétienne qui fut condamnée par l’Eglise.

             Quant au jacobinisme, on peut dire que c’est un millénarisme altéré par le rationalisme des Lumières. Un millénariste du Moyen-Âge comme Joachim de Flore se référait à la Bible, et plus particulièrement aux livres apocalyptiques ( Daniel, l’Apocalypse de Jean ). Tandis que les jacobins se réfèrent à une religion philosophique qui prétend instaurer le règne de la Vertu.

    P.N. : Un archétype messianique chrétien est toujours sous-jacent chez les partisans de la « République » jacobine. Ne disent-ils pas qu’ils veulent « régénérer l’humanité », que le sang de leurs adversaires, intérieurs autant qu’extérieurs, est « impur » ? Certains voient même en Robespierre un nouveau Messie. Plus tard encore, le vocabulaire des révolutionnaires de 1848 ou de la commune sera para-religieux : on évoquera la république comme « la Sainte », « la Belle » etc… Et cela continue jusqu’à aujourd’hui où certains parlent de la république avec des accents mystiques, tel encore Vincent Peillon dans son dernier livre, La révolution française n’est pas terminée (Seuil).    (à suivre).

    (1): dans Famille chrétienne n° 1064 (11 Octobre 2008).

  • Un Munich de l'esprit...

              Voici, pour celles et ceux qui ne l'auraient pas lu, le texte de l'article publié par Jacques Julliard dans "Le Nouvel Observateur" du 20 mars 2008. Intitulé "Un Munich de l'esprit", il est sous-titré "La passivité de l'Occident devant la persécution des chrétiens d'Orient, une de ses plus grandes lâchetés".

                Parmi les catastrophes engendrées par l'invasion américaine de l'Irak en 2003 figurera en bonne place aux yeux de l'Histoire la quasi-éradication des Eglises chrétiennes du pays. Et parmi les grandes lâchetés dont l'Occident, notamment européen, se sera rendu coupable à notre époque, figurera sans aucun doute sa passivité devant l'événement.
                  Les communautés chrétiennes d'Orient sont sur place depuis deux mille ans. Elles étaient là avant l'Islam; cette terre n'est pas une «terre d'Islam» comme disent les fanatiques. C'est la terre du pluralisme religieux. Les communautés chrétiennes minoritaires ont survécu à toutes les invasions, à tous les changements de régime dans l'une des régions les plus troublées du monde. Longtemps, elles ont vécu en bonne intelligence avec les musulmans. Si détestable que fût le régime de Saddam Hussein, il respectait leur existence et, à l'occasion, les protégeait.
    Mais partout où la foi musulmane s'est substituée au nationalisme comme élément fédérateur de la population, la place des chrétiens est contestée et une véritable persécution s'abat sur eux. Si nous acceptons comme allant de soi «l'antithèse Orient musulman) Occident chrétien», alors «les chrétiens d'Orient sont l'angle mort de notre vision du monde», déclarait Régis Debray à «la Croix» (16 novembre 2007) à l'occasion d'un colloque qu'il avait organisé à Paris sur «L'avenir des chrétiens d'Orient». Depuis il a proposé aux autorités françaises la création d'un observatoire du pluralisme en Orient. En vain. Jacques Chirac était sensible au problème; Nicolas Sarkozy l'est apparemment beaucoup moins, malgré ses déclarations sur l'importance du fait religieux.
                   Or la situation sur place ne cesse de s'aggraver : enlèvements, meurtres, incendies d'églises, tentatives d'imposition du voile et de la charia. Les différentes communautés chrétiennes, parmi lesquelles une majorité de catholiques chaldéens, fondent de jour en jour. Les chrétiens étaient environ un million en Irak dans les années 1980; il en reste à peine la moitié, le quart au dire des plus pessimistes. Dans la région de Mossoul, la moitié des chrétiens ont quitté les lieux. Certains se sont réfugiés en pays kurde, plus tolérant, ou en Jordanie. On a vu, en octobre 2006, un prêtre syriaque orthodoxe, père de quatre enfants, Paul Iskandar, décapité pour avoir refusé de se convertir à l'islam. Le 3 juin dernier, un prêtre de 31 ans a été mitraillé à sa sortie de l'église avec ses trois diacres («le Figaro magazine», 12 janvier 2008) . Alors que Pax Christi organise des «Pâques avec les chrétiens d'Orient» sur l'initiative de l'évêque de Troyes, Mgr Stenger, et que Jean d'Ormesson a lancé un appel : «N'abandonnons pas les chrétiens d'Irak», on apprend que l'évêque chaldéen de Mossoul, Mgr Paulos Faraj Rahho, qui avait été enlevé le 29 février dernier, a été retrouvé mort et enterré par ses ravisseurs. On ne saurait dire que la gravité de cet événement d'une barbarie extrême ait déchaîné l'indignation de la presse française.
                   Face à la terrible situation qui est aujourd'hui la leur, les chrétiens d'Irak se sentent abandonnés. Il faut donc affirmer d'abord que leur droit à vivre en Orient est égal à celui des musulmans à vivre en Occident; ensuite, que l'existence des communautés chrétiennes d'Orient est une cause aussi juste, une obligation aussi ardente que celle de l'existence d'Israël dans cette même partie du monde; enfin, que le consentement tacite des grandes puissances à la purification culturelle du Moyen-Orient au profit de l'Islam est un véritable Munich de l'esprit, dont elles supporteront demain l'opprobre et le dommage.
    Avons-nous à ce point honte de nos origines que la persécution dont sont victimes les chrétiens dans une bonne trentaine de pays, dans le monde musulman, dans le monde hindouiste, dans le monde communiste nous laisse indifférents ? Que nous soyons sans réaction quand les coptes d'Egypte sont discriminés et parfois massacrés ? Ou quand un prêtre catholique est condamné en Algérie à deux ans de prison pour avoir fait sa prière en dehors des lieux de culte ? Si demain la défense de la liberté des chrétiens devait être le fait des seuls chrétiens, celle des Israéliens le fait des seuls juifs, celle des musulmans le fait des seuls fidèles, ce serait à désespérer de la laïcité, ce serait à désespérer des droits de l'homme.