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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Aix-en-Provence : Louis Martinez, un grand universitaire et un ami, nous a quittés

     

    Le professeur Louis Martinez est mort, à Aix-en-Provence, samedi matin 6 février et nous serons nombreux, non seulement à Aix, à Marseille et dans le Midi mais aussi, sans-doute, dans la communauté universitaire dont il était un membre éminent, et dans celle des Français d'Algérie à laquelle, né à Oran, il appartenait, à porter son deuil.

    Le Café actualités d'Aix-en-Provence où il intervenait, auquel il participait régulièrement, nous a transmis quelques lignes d'hommage de Catherine Rouvier qui méritent d'être citées : « ... Louis Martinez est mort ce matin. C'est un homme à la fois immensément érudit et très bon qui nous quitte. Il a de plus toujours combattu : pour libérer la Pologne des 1984 et sans relâche depuis, contre les idéologies matérialistes athées. [...] Que ceux qui peuvent se libérer viennent lui manifester leur gratitude pour cette courageuse défense de la liberté de penser et de croire dans un monde ou être politiquement incorrect est pire qu'être un assassin. Traducteur de Soljenitsyne, il savait ce qu'est une chape de plomb idéologique et lutta  contre, partout où il pouvait. Mais sa grande bienveillance naturelle et son immense érudition lui évitèrent toujours tout sectarisme et tout jugement hâtif ou injuste. Il nous manque déjà

    Quant à nous, nous le revoyons dans les repas-conférences du 21 janvier, à Marseille, auxquels il venait, au Café actualités d'Aix-en-Provence, et, plus récemment, à Marseille, pour une réunion-débat sur la crise ukrainienne où il avait brillamment débattu avec le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme, défendant un point de vue qui n'était pas en tous points le nôtre, mais nous apprenant, du même coup, de nombreuses et précieuses choses sur la Russie et le monde slave. Il était, par surcroit, un merveilleux et chaleureux pédagogue. On ne se lassait pas de l'interroger. Inutile d'ajouter qu'il était un ami de l'Action française, de la Fédération Royaliste Provençale en particulier. Et c'est à l'honneur de l'Action française que d'avoir toujours suscité des amitiés d'une telle qualité.

    Nous exprimons à Madame Jacqueline Martinez, toujours très présente elle aussi, toutes nos condoléances, notre soutien dans cette douloureuse épreuve, et notre attachement fidèle au souvenir de Louis Martinez. Lafautearousseau 

     

    * Les obsèques de Louis Martinez auront lieu vendredi 12 février à midi en l'église Saint-Jean-de-Malte à Aix.

    ** Nous mettrons en ligne dans quelques jours la vidéo où Louis Martinez débat assez longuement avec le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme et ses amis pourront ainsi le retrouver plein de vie, d'intelligence et de cette sorte de charme qu'il avait éminemment dans tout échange. Ce sera notre façon de lui rendre hommage, selon nos moyens.

  • Législatives sur le Vieux-Port

     

    On sait qu'à Marseille, les législatives prennent un relief particulier du fait de la présence urticante de Jean-Luc Mélenchon sur le Vieux-Port.  Reconnaissons au moins qu'il y met de la vie.

    Nous ne donnons pas de consignes de vote, c'est bien connu. Nous ne nous prononçons donc pas en sa faveur. Ce que nous souhaitons par contre clairement c'est l'éviction de Patrick Menucci de la IVe circonscription des Bouches-du-Rhône, quel que soit celui (ou celle) qui le battra, fût-ce Mélenchon soi-même. Potentat local du PS depuis des lustres, Menucci en personnifie à lui seul toutes les compromissions, la corruption, les basses œuvres et les combines vulgaires. Il considère sa circonscription comme « sa » chose, sa propriété privée. De plus - raison supplémentaire et suffisante - il combat avec virulence la présence de l'Action française en centre ville de Marseille, avec le concours de ses amis gauchistes du quotidien régional La Provence. Il a même écrit à cet effet au sénateur-maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, réclamant enquêtes, sanctions, interdiction, pour l'Action française. Comme les casseurs dits « anti-fa » ! 

    Signalons, dans une autre circonscription de la Cité Phocéenne, une candidature tout de même plus sympathique. Celle de Jean-Claude Bélenguier, lecteur et ami de Lafautearousseau aussi bien que de la Fédération Royaliste Provençale, qui se présente, quant à lui, en tant que royaliste. Ses professions de foi sont, de notre point de vue, impeccables, et il est bon qu'elles soient diffusées. Même si, contrairement à l'opinion courante, nous doutons que les périodes électorales, où règnent plus que tout le mensonge des uns, les illusions des autres, soient les plus propices, pour les Français profondément soucieux de l'avenir de leur pays, à une réflexion politique sérieuse et à un engagement durable. Ce à quoi nous nous attachons, de notre côté, le reste du temps ...  

    Jean-Claude Bélenguier nous a adressé le message suivant :

    « J’ai le plaisir de vous informer de ma candidature en tant que royaliste* dans la 5ème circonscription des Bouches-du-Rhône (Marseille – centre-ville).

    Mon suppléant est M. Michaël NOOIJ.

    Le but de cette candidature est d’inscrire le fait royaliste dans le débat politique.

    Adresse mail : reconquete.provence@gmail.com

     

    Je reste à votre disposition pour toute information complémentaire.

    Bien cordialement.

    Jean-Claude Bélenguier »

    Jean-Claude Bélenguier souhaitait que sa candidature fût annoncée dans Lafautearousseau. C'est fait. 

    * Sous l’étiquette Alliance Royale.

    Profession de foi Marseille.pdf

  • A propos du rendez-vous de Béziers

     

    rdv-beziers.jpgA propos des journées de Béziers du week-end qui vient, organisées à l'initiative de Robert Ménard, vous pourrez lire plus loin un éditorial de François Marcilhac - paru dans Action Française 2000 - et écouter Alain de Benoist [vidéo] qui évoquent l'un et l'autre ces rencontres toutes proches. Tous deux y participeront et disent pourquoi.

    Lafautearousseau y sera représenté et l'on y retrouvera bon nombre de participants d'Action française - militants ou cadres.

    A vrai dire - Robert Ménard ne nous reprochera pas cette liberté de pensée et d'expression - nous partageons la réserve d'Alain de Benoist sur la capacité des politiques à se rassembler et à s'unir. Les divergences dans l'ordre des idées mais aussi des stratégies et des intérêts, le choc des ambitions personnelles et partisanes, y compris â l'intérieur de chaque mouvement, n'ont que trop tendance à les opposer. Trop, sans-doute, pour qu'en définitive ils les surmontent. Telle est, en effet, la logique du système des partis et des luttes électorales, quels que puissent être le patriotisme et la bonne volonté des personnes en tant que telles.

    On nous objectera que nous vivons sous ce système, qu'il convient, dans l'urgence, de s'en accommoder et d'y prendre part. Nous persistons à penser que sans en sortir, rien d'essentiel et de durable ne sera accompli pour la France. Et nous sommes même assez convaincus que face aux défis inédits qui s'annoncent et semblent devoir être de grande ampleur, le régime actuel s'avérera trop faible pour durer et ne pourra survivre aux épreuves que la France aura à affronter. Il ne s'agira plus simplement de changer de majorité mais de régime. 

    Reste le débat d'idées, la définition, s'il se peut, d'une sorte de programme de salut national, entre personnalités et intellectuels divers, marqués par de légitimes différences, mais aussi par un souci patriotique et civilisationnel commun. Là réside, nous semble-t-il, l'intérêt véritable de ces journées de Béziers, dont le mérite, en tout cas, reviendra à Robert Ménard. C'est aussi ce que souligne Alain de Benoist dans l'entretien qu'il a donné à Boulevard Voltaire.

    Ainsi commencera peut-être à être forgée la base non d'une éphémère alternance - qu'il n'est bien-sûr pas inutile de tenter - mais d'une véritable alternative politique pour temps de crise. Entre patriotes français de droite et de gauche. Ou - comme nous - d'ailleurs ...  Lafautearousseau 

  • Dans le monde, et dans notre Pays légal en folie : la revue de presse de lafautearousseau...

    1. La bonne question que pose André Bercoff :

    André Bercoff
    "La question que personne ne pose alors que tout journaliste, que tout enquêteur, que tout éditorialiste, que tout politique aurait dû en faire sa priorité : quels traitements a suivi le couple #Macron pour guérir du #COVID19 , au moment où aucun vaccin n’était encore disponible ?"

    Ceux qui regardent du côté de Marseille/Raoult, levez la main !

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    2. Et une autre bonne question que pose l'Action française :

    "L'amendement visant à arrêter l'utilisation du #PassSanitaire après l'épidémie a été rejeté. On peut savoir pour quelles raisons ?"

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    3. Oui, ce semble gouvernement est toxique : lafautearousseau d'accord avec René Chiche :

    "Mettre une telle pagaille dans le pays, justifier des décisions absurdes et inefficaces par une rhétorique haineuse : le pouvoir exécutif veut rendre les Français aussi fous que lui. La raison technocratique se moque de la raison autant que de la vie. Ce gouvernement est toxique."
     
    Une juste réflexion, à rapprocher de cette autre, d'Ivan Rioufol (elle aussi trouvée sur tweeter) :
     
    Ivan Rioufol 
    "L'Ordre sanitaire se rapproche de l'Ordre totalitaire décrit par #Koestler (Le zéro et l'infini) : "Une fin collective (...) exige que l'individu soit en toute façon subordonné et sacrifié à la communauté, laquelle peut disposer de lui comme d'un cobaye qui sert à une expérience"

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    4. Dans leur volonté d'islamiser le paysage, encore une provocation islamiste à Grenoble : leur burkini, on n'en veut pas ! En France, vivez comme nous, ou alors allez vivre ailleurs ! :

    https://www.valeursactuelles.com/regions/auvergne-rhone-alpes/isere/grenoble/societe/grenoble-des-pro-burkini-manifestent-encore-dans-une-piscine-municipale/

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    5. Diffusé par France Bleu Pays de Savoie : des manifestants contre le Passe Sanitaire se sont introduits dans l'hôtel de ville de Chambéry. Le portrait d'Emmanuel Macron a été décroché et exhibé, renversé, par environ 200 personnes, selon la préfecture...

    (extrait vidéo 31 secondes)

    https://twitter.com/bleusavoie/status/1417833970335637512?s=20

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    6. NON À L’ACHAT ET À LA VENTE D’ENFANTS À PARIS !

    La Manif Pour Tous communique :

     
    "Forts du laisser-faire de la  en 2020, les commerciaux de la #GPA annoncent le retour du salon #DésirDEnfant en septembre. Nous appelons le à faire respecter sa "ligne rouge" la #GPA en commençant par empêcher ce #TraficDHumains à Paris."

    https://www.lamanifpourtous.fr/actualites/communiques-de-presse/non-a-lachat-et-a-la-vente-denfants-a-paris

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    7.                                                saccageparis

    Paris bobo, Par'Hidalgo, Paris pas beau !

     

  • ON N'INTERDIT PAS JEANNE D'ARC !

    (dans Libération)
     
    Dernière minute

    Une manifestation d’extrême droite interdite dimanche à Paris

    Après que Gérald Darmanin a annoncé mardi l’interdiction des manifestations de l’extrême droite et de l’ultradroite, un rassemblement de l’Action française prévu ce dimanche à Paris ne sera pas autorisé.

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    Défilé de l'Action Française à Paris, le 14 mai 2017. (Edouard Richard/Hans Lucas. AFP)

    par LIBERATION et AFP

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    En réponse à Libé (qui n'a jamais condamné les cagoules noires, les pillages de magasins et boutiques ou les policiers transformés en torches vivantes par la racaille terroriste) :

    c'est la Loi qui a instauré, la fixant au deuxième dimanche de Mai, la Fête nationale de Jeanne d'arc.

    Ce jour-là, le dépôt d'une gerbe au pied de la statue de la Sainte de la Patrie, Place des Pyramides à Paris (mais aussi dans toute la France) n'est pas une "manifestation" : c'est un Cortège en hommage à "Jeanne, célébré par Malraux ("Oh, Jeanne ! Sans sépulcre et sans portrait !...") ou Raymond Poincaré, Président de la République en exercice, lors du cinquième centenaire de Jeanne...

     Le 14 avril 1920, le député Maurice Barrès défendit ainsi, à l'Assemblée, sa proposition de loi visant à instituer une fête nationale en l’honneur de Jeanne d’Arc : 

    "...Il n’y a pas un Français, quelle que soit son opinion religieuse, politique ou philosophique, dont Jeanne d’Arc ne satisfasse les vénérations profondes. Chacun de nous peut personnifier en elle son idéal. Etes-vous catholique ? C’est une martyre et une sainte. Etes-vous royaliste ? C’est l’héroïne qui a fait consacrer le fils de Saint Louis par le sacrement gallican de Reims…Pour les Républicains, c’est l’enfant du peuple qui dépasse en magnanimité toutes les grandeurs établies…Enfin les socialistes ne peuvent oublier qu’elle disait : ‘’J’ai été envoyée pour la consolation des pauvres et des malheureux’’. Ainsi, tous les partis peuvent réclamer Jeanne d’Arc..."

    Darmanin est-il inculte à ce point pour ignorer ET la loi de sa République ET les textes de Malraux, Poincaré, Barrès et tant d'autres ?

    Lui qui, depuis qu'il occupe (si mal) sa place, n'a jamais fait arrêter préventivement les cagoules noires, que la police connaît très bien, voudrait assimiler l'hommage à Jeanne d'Arc à un vulgaire saccage de masse des rues de Paris et d'ailleurs par les délinquants/voyous/terroristes ?

    C'est lui qu'il faut interdire !

    S'il persiste dans sa folie, son aveuglement, sa provocation...

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  • Mathieu Bock-Côté : « L'homme sans civilisation est nu et condamné au désespoir »

     

    A l'occasion de la sortie de son nouveau livre, Mathieu Bock-Côté a accordé un entretien fleuve à FigaroVox [29.04] où il proclame son amour de la France et fait part de son angoisse de voir le multiculturalisme détruire les identités nationales. Nous avons souvent dit notre proximité avec la réflexion de Mathieu Bock-Côté et, pour cette raison, l'avons beaucoup cité. Cette proximité de fond se révèle ici une fois de plus.  LFAR 

     

    En tant que Québécois, quel regard portez-vous sur la société française ?

    Je m'en voudrais d'abord de ne pas dire que j'aime profondément la France et que j'hérite d'une tradition très francophile, autrefois bien présente chez nous, qui considère encore un peu votre pays comme une mère-patrie. La France, en un mot, ne nous est pas étrangère. Vous me pardonnerez ces premiers mots, mais ils témoignent de mon affection profonde pour un pays avec lequel les Québécois entretiennent une relation absolument particulière. En un mot, j'ai le sort de la France à cœur!

    La pénétration de l'idéologie multiculturelle, que vous dénoncez dans votre livre, est-elle en France aussi forte que dans les pays d'Amérique ?

    Le multiculturalisme prend un visage tout à fait singulier au Canada. Au Canada, le multiculturalisme est inscrit dans la constitution de 1982, imposé de force au Québec, qui ne l'a jamais signé. Il a servi historiquement à noyer le peuple québécois dans une diversité qui le privait de son statut de nation fondatrice. Pierre Trudeau, le père de Justin Trudeau, était radicalement hostile au peuple québécois, à son propre peuple, qu'il croyait traversé par une tentation ethnique rétrograde. C'était faux, mais c'était sa conviction profonde, et il voulait désarmer politiquement le Québec et le priver de sa prétention à constituer une nation.

    Dans l'histoire du Canada, nous étions un peuple fondateur sur deux. Avec le multiculturalisme d'État, on nous a transformés en nuance identitaire parmi d'autres dans l'ensemble canadien. Il faut rappeler ces origines oubliées du multiculturalisme canadien à ceux qui n'en finissent plus d'idéaliser un pays qui a œuvré à oblitérer sa part française.

    Je vous donne au passage ma définition du multiculturalisme, valable au-delà du contexte canadien : c'est une idéologie fondée sur l'inversion du devoir d'intégration. Traditionnellement, c'était la vocation de l'immigré de prendre le pli de la société d'accueil et d'apprendre à dire nous avec elle. Désormais, c'est la société d'accueil qui doit se transformer pour accommoder la diversité. La culture nationale perd son statut: elle n'est plus qu'un communautarisme parmi d'autres. Elle devra toutefois avoir la grandeur morale de se dissoudre pour expier ses péchés passés contre la diversité.

    Retour au Canada. Au fil du temps, le multiculturalisme canadien s'est autonomisé de sa vocation antiquébécoise et en est venu à représenter paradoxalement le cœur de l'identité canadienne. Il a remplacé ce qu'on pourrait appeler l'identité historique canadienne par une identité idéologique fondée sur la prétention. Ce qui tient lieu d'identité commune au Canada aujourd'hui, et cela plus encore depuis l'arrivée au pouvoir de Justin Trudeau, que la France regarde étrangement d'un air enamouré, c'est le sentiment d'être une superpuissance morale, exemplaire pour l'humanité entière, une utopie réussie représentant non seulement un pays admirable, mais la prochaine étape dans le progrès de l'humanité.

    L'indépendantiste québécois que je suis a un regard pour le moins sceptique devant cet ultranationalisme canadien qui conjugue la fierté cocardière et l'esprit post-moderne.

    Plus largement, au Canada, le multiculturalisme sert de machine à normaliser et à banaliser les différences les plus extrêmes, les moins compatibles avec ce qu'on appellera l'esprit de la civilisation occidentale ou les mœurs occidentales. C'est le pays du communautarisme décomplexé, c'est aussi celui où on peut prêter son serment de citoyenneté en niqab avec la bénédiction des tribunaux et du premier ministre, qui y voit une marque admirable de tolérance.

    C'est le pays qui banalise sous le terme d'accommodements raisonnables un relativisme généralisé, qui peut aller très loin. C'est le pays où certains iront même jusqu'à dire que le niqab est peut-être même le symbole par excellence de la diversité canadienne, puisque son acceptation par les élites témoigne de la remarquable ouverture d'esprit de ceux qui le dirigent et des institutions qui le charpentent. Pour le dire autrement, le Canada pratique un multiculturalisme à la fois radicalisé et pacifié.

    En France, le multiculturalisme semble moins agressif ...

    Il domine aussi l'esprit public mais n'est pas nécessairement revendiqué par les élites, qui entretiennent, à travers la référence aux valeurs républicaines, l'idéal d'une nation transcendant sa diversité. On sait bien que la réalité est autre et que la référence républicaine s'est progressivement désincarnée et vidée de sa substance nationale depuis une trentaine d'années.

    En fait, la France fait une expérience tragique du multiculturalisme. Elle se délite, se décompose sous nos yeux, et la plupart de mes interlocuteurs, ici, me confessent avoir une vision terriblement pessimiste de l'avenir de leur pays. J'ajoute, et je le dis avec tristesse, que les Français semblent nombreux, lorsque leur pays est attaqué, à se croire responsable du mauvais sort qu'ils subissent, comme s'ils avaient intériorisé pleinement le discours pénitentiel occidental, qui pousse nos nations à s'autoflageller en toutes circonstances.

    Le multiculturalisme s'est imposé chez vous par une gauche qui, depuis le passage du socialisme à l'antiracisme, au début des années 1980, jusqu'à la stratégie Terra Nova, en 2012, a été de moins en moins capable de parler le langage de la nation, comme si cette dernière était une fiction idéologique au service d'une majorité tyrannique désirant écraser les minorités.

    Il s'est aussi imposé avec l'aide des institutions européennes, qui sont de formidables machines à dénationaliser les peuples européens.

    La droite, par ailleurs, toujours prompte à vouloir donner des gages au progressisme, a peu à peu abandonné aussi la nation, ou s'est du moins contentée de la définir de manière minimaliste en en évacuant l'histoire pour retenir seulement les fameuses valeurs républicaines.

    Le multiculturalisme est la dynamique idéologique dominante de notre temps, et cela en Amérique du nord comme en Europe occidentale. Chez les élites, il suscite la même admiration béate ou la même passion militante. Il propose toujours le même constat: nos sociétés sont pétries de stéréotypes et de préjugés, elles sont fermées à la différence et elles doivent se convertir à la diversité pour enfin renaître, épurées de leur part mauvaise, lavées de leurs crimes. Pour emprunter les mots d'un autre, le multiculturalisme se présente comme l'horizon indépassable de notre temps et comme le seul visage possible de la démocratie.

    La gauche européenne, en général, y voit d'ailleurs le cœur de son programme politique et idéologique.

    Je note autre chose: le multiculturalisme est partout en crise, parce qu'on constate qu'une société exagérément hétérogène, qui ne possède plus de culture commune ancrée dans l'histoire et qui par ailleurs, renonce à produire du commun, est condamnée à entrer en crise ou à se déliter. Lorsqu'on légitime les revendications ethnoreligieuses les plus insensées au nom du droit à la différence, on crée les conditions d'une déliaison sociale majeure.

    Mais devant cette crise, le multiculturalisme, loin de s'amender, loin de battre en retraite, se radicalise incroyablement. Pour ses thuriféraires, si le multiculturalisme ne fonctionne pas, c'est qu'on y résiste exagérément, c'est que les nations historiques, en refusant de s'y convertir, l'empêchent de transformer pour le mieux nos sociétés selon les termes de la promesse diversitaire.

    Il faudra alors rééduquer les populations pour transformer leur identité et les amener à consentir à ce nouveau modèle: on cherche, par l'école, à fabriquer un nouveau peuple, ayant pleinement intériorisé l'exigence diversitaire. On cherchera à culpabiliser les peuples pour les pousser à enfin céder à l'utopie diversitaire.

    C'est la tentation autoritaire du multiculturalisme, qui est tenté par ce qu'on pourrait appeler une forme de despotisme qui se veut éclairé.

    Quels sont les points communs et différence avec la France ?

    L'histoire des deux pays, naturellement n'est pas la même. La France est un vieux pays, une vieille culture, une vieille civilisation qui se représente généralement comme un monde commun à transmettre et non comme une utopie à exporter, même si la révolution française a eu un temps cette tentation.

    En un mot, la France a des ressources inouïes pour résister au multiculturalisme même si elle ne les mobilise pas tellement le discours culpabilisateur inhibe les peuples et les convaincs que l'affirmation de leur identité relève de la xénophobie et du racisme.

    Mais encore une fois, il faut le dire, c'est le même logiciel idéologique qui est à l'œuvre. Il repose sur l'historiographie victimaire, qui criminalise les origines de la nation ou réduit son histoire à ses pages noires, sur la sociologie antidiscriminatoire, qui annihile la possibilité même d'une culture commune, dans la mesure où elle n'y voit qu'une culture dominante au service d'une majorité capricieuse, et sur une transformation de la démocratie, qui sera vidée de sa substance, dans la mesure où la judiciarisation des problèmes politiques et le transfert de la souveraineté vers le gouvernement des juges permet de désarmer institutionnellement un peuple qu'on soupçonne de céder au vice de la tyrannie de la majorité.

    En un mot, si l'idéologie multiculturaliste s'adapte à chaque pays où elle s'implante, elle fait partout le même diagnostic et prescrit les mêmes solutions: c'est qu'il s'agit d'une idéologie, finalement, qui pose un diagnostic global et globalement négatif sur l'expérience historique occidentale.

    Vous définissez aussi le multiculturalisme comme la créature de Frankenstein du marxisme. Mais cette idéologie est née dans les pays anglo-saxons de culture libérale. N'est-ce pas paradoxal ?

    Je nuancerais. Le multiculturalisme comme idéologie s'est développée au cœur des luttes et contestations qui ont caractérisé les radical sixties et les radical seventies et s'est alimenté de références idéologiques venant des deux côtés de l'Atlantique. Par ailleurs, de grands intellectuels français ont joué un rôle majeur dans la mise en place de cette idéologie, née du croisement d'un marxisme en décomposition et des revendications issues de la contre-culture. Michel Foucault et Alain Touraine, par exemple, ont joué un grand rôle dans la construction globale de l'idéologie multiculturaliste. En fait, je dirais que la crise du progressisme a frappé toutes les gauches occidentales. Chose certaine, il ne faut pas confondre l'idéologie multiculturaliste avec une simple expression globalisée de l'empire américain. C'est une explication trop facile à laquelle il ne faut pas céder.

    En France, vieux pays jacobin qui a fait la révolution, le multiculturalisme reste contesté malgré la conversion de la majorité de nos élites …

    Il est contesté partout, il est contesté au Québec, il est contesté en Grande-Bretagne, il est contesté aux États-Unis, il est aussi contesté chez vous, cela va de soi. Sur le fond des choses, le refus du multiculturalisme repose sur le refus d'être dépossédé de son pays et de voir la culture nationale transformée en identité parmi d'autres dans une citoyenneté mosaïque. Il serait quand même insensé que la civilisation française devienne optionnelle sur son territoire, certains pouvant s'en réclamer, d'autres pas, mais tous cohabitant dans une fausse harmonie que de vrais propagandistes nommeront vivre-ensemble.

    Le drame de cette contestation, c'est qu'elle est souvent inhibée, disqualifiée ou criminalisée. La simple affirmation du sentiment national a longtemps passé pour de la xénophobie plus ou moins avouée, qu'il fallait combattre de toutes les manières possibles. D'ailleurs, la multiplication des phobies dans le discours médiatique, qui témoigne d'une psychiatrisation du débat public: on veut exclure du cercle de la respectabilité démocratique ceux qui sont attachés, d'une manière ou d'une autre, à l'État-nation.

    On ne sortira pas de l'hégémonie multiculturaliste sans réaffirmer la légitimité du référent national, sans redonner ses lettres de noblesse à un patriotisme enraciné et décomplexé.

    Depuis quelques années, on observe également en France la percée d'un féminisme identitaire qui semble tout droit inspiré de Judith Butler. Quelle a été son influence au Québec et plus largement en Amérique du Nord? Ce féminisme est-il une variante du multiculturalisme ?

    Ce féminisme est dominant dans nos universités et est particulièrement influent au Québec, surtout dans une nouvelle génération féministe très militante qui voit dans la théorie du genre l'expression la plus satisfaisante d'une certaine radicalité théorique qui est pour certains une drogue dure. La théorie du genre, en d'autres mots, est à la mode, très à la mode (et elle l'est aussi plus généralement dans les universités nord-américaines et dans les milieux culturels et médiatiques), et il est mal vu de s'y opposer. Il faut pourtant dire qu'elle est portée par une tentation nihiliste radicale, qui entend tout nier, tout déconstruire, au nom d'une liberté pensée comme pure indétermination. C'est le fantasme de l'autoengendrement. La théorie du genre veut éradiquer le monde historique et reprendre l'histoire à zéro, en quelques sortes, en abolissant la possibilité même de permanences anthropologiques.

    On peut certainement y voir une autre manifestation de l'héritage des radical sixties et de l'idéologie diversitaire qui domine généralement les départements de sciences sociales et au nom de laquelle on mène la bien mal nommée lutte contre les discriminations - parce qu'à force de présenter toute différence à la manière d'une discrimination, on condamne toutes les institutions à la déconstruction. Devant Judith Butler, la tentation première est peut-être de s'esclaffer. Je comprends cela. Il faut pourtant prendre son propos très au sérieux, car sa vision des choses, et plus largement, du courant néoféministe qu'elle représente, est particulièrement efficace da

  • La marche turque, par Georges-Henri Soutou.

    Balkans, Chypre, Grèce, Syrie… La Turquie veut redevenir une puissance méditerranéenne. Faut-il la laisser faire ?

    Une crise, qui couvait depuis des années, est passée en quelques mois au centre des préoccupations internationales : celle qui oppose la Turquie à la Grèce et à Chypre, et dans laquelle la France se trouve très impliquée. Résumons le contexte. Grecs et Turcs ne sont pas d’accord sur leurs frontières maritimes respectives (eaux territoriales et zones d’exploitation économique exclusives), autour des nombreuses îles grecques qui se trouvent tout près du littoral turc.

    4.jpgCe n’est pas le seul cas, et les tribunaux internationaux règlent ces questions épineuses souvent en limitant ces zones autour d’îles qui pourraient, sinon, rendre difficile la situation du pays voisin. Mais la Turquie n’a pas signé la Convention de l’ONU sur le droit de la mer.

    Deuxième dossier : Chypre. En 1974, un coup d’État soutenu par Athènes renversa l’archevêque Makarios, président de l’île depuis son indépendance, qui maintenait un équilibre fragile entre ses populations grecques et turques. En réaction, les Turcs débarquèrent et suscitèrent la création d’une « République turque de Chypre du Nord », qui n’est reconnue que par eux. En 2003, l’ONU suscita un accord pour réunifier l’île, mais il fut rejeté par référendum par les Chypriotes grecs, comme trop favorable aux Chypriotes turcs. En 2004 Chypre entra dans l’Union européenne. On pensait à l’époque que ce problème non résolu le serait dans le cadre des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE, que souhaitaient toutes les élites européennes, sans état d’âme.

    Une Turquie isolée

    Bien entendu, la question des frontières maritimes se pose aussi pleinement avec Chypre. Puis à partir de 2009 on a commencé à découvrir des gisements considérables de gaz, pour l’essentiel dans la zone maritime entre l’Egypte, Israël et Chypre. Ça a ajouté à la crise : la Turquie en cherche aussi, jusqu’ici sans succès, tandis que, cette année ,vient de se créer au Caire le « Forum du gaz de la Méditerranée orientale », qui réunit l’Égypte, Israël, l’Autorité palestinienne, la Jordanie, la Grèce, Chypre et l’Italie. La France a demandé à y adhérer. On voit se dessiner là un ensemble géopolitique essentiel dans la période actuelle, qui en outre a aidé à la normalisation toute récente des relations entre Israël et les Émirats arabes unis. Israël considère d’ailleurs désormais la Turquie, qui soutient le Hamas, comme encore plus dangereuse pour elle que l’Iran…

    La Turquie est isolée, et réagit en envoyant des navires de recherche dans des zones que lui contestent la Grèce et Chypre, et elle les fait escorter par des vaisseaux de guerre, ce qui a suscité un déploiement naval et aérien grec. Et le débarquement récent de soldats grecs sur une île toute proche de la côte turque, en principe démilitarisée.

    Mais ce n’est pas tout : l’affrontement s’étend à la Libye, où la Turquie soutient le gouvernement de Tripoli reconnu par l’ONU (comme d’ailleurs l’Italie), alors que l’Égypte, les Émirats, la Russie et la France soutiennent son adversaire, le général Haftar. En novembre 2019, la Turquie et Tripoli ont signé deux accords : le premier, militaire, a permis les mois suivants de renverser la situation et de mettre en difficulté le général Haftar, qui avait paru être sur le point de gagner. Et le second accord établit une frontière maritime entre la Turquie et la Libye, qui a un délicieux parfum ottoman mais qui ne tient nul compte des droits de Chypre et de la Grèce.

    Tout cela est une nouvelle étape pour Ankara, qui s’est progressivement affirmé, abandonnant l’atlantisme de la Guerre froide, depuis les années 1970, déjà bien avant l’arrivés au pouvoir de l’AKP islamiste et d’Erdogan. Dans les années 1990, le rôle de la Turquie dans les Balkans est redevenu significatif, tandis que l’intérêt « pantouranien » pour l’Asie centrale renaissait. En 2003, l’effondrement de l’Irak, libérant les Kurdes, conduisait Ankara à intervenir militairement dans le nord du pays pour limiter les risques de contagion en Turquie (à la population kurde à 25%).

    Cette politique a été souvent qualifiée de « néo-ottomane ». Mais, en fait, la doctrine officielle actuelle est celle qu’a formulée, il y a quinze ans, l’amiral Gürdeniz, alors chef d’état-major de la marine : « La patrie bleue », qui vise à transformer la Turquie en puissance maritime contrôlant les mers qui la bordent, tout en réorientant sa politique extérieure dans un sens eurasien, en direction de la Russie et de la Chine. Tandis que le président Erdogan utilise sans gêne ses deux moyens de pression sur l’Union européenne : les quatre millions de réfugiés installés chez lui, qui pourraient à nouveau se diriger vers l’Europe, et les importantes minorités turques en Europe, en particulier en Allemagne et en France.

    Une France en partie isolée

    À partir de là, toutes ces crises, aux origines séparées, se sont rejointes et la France a envoyé des bâtiments participer aux exercices des marines grecque et chypriote. Le 11 mai dernier, à Chypre, les ministres des Affaires étrangères français, grec, chypriote, égyptien et celui des Émirats arabes unis ont signé une déclaration soutenant la Grèce et Chypre et condamnant durement les forages des Turcs, leurs actions navales et aériennes en Méditerranée orientale, ainsi que leurs accords avec la Libye. Au mois d’août, la France a conclu avec Chypre un accord de défense dont on ne connaît pas les termes.

    Qu’est-ce qui pousse Paris à s’engager autant dans un ensemble d’affaires complexes où la Turquie, on l’a vu, n’a pas tous les torts sur le plan juridique, malgré son agressivité ? Et alors que la Grèce refuse une proposition de médiation, ou du moins de « déconfliction », faite par l’OTAN ?

    Sans doute faut-il lier le soutien de Paris au « format du 11 mai » à la recomposition diplomatique actuelle du Moyen Orient et à l’établissement toute récente de relations entre Israël et les Émirats, où nous développons nous-mêmes des intérêts considérables de toute nature depuis les années 1990, et dont on espère une stabilisation de la région, surtout devant l’effacement relatif des Américains. C’est un ensemble complexe qui nécessiterait un développement à part.

    Mais dans l’immédiat on constate que la France court des risques d’incidents militaires non négligeables tout en restant isolée par rapport à ses Alliés : la France a protesté à l’OTAN quand des navires turcs ont « illuminé » au radar de tir une frégate française, le Courbet. Huit pays membres seulement sur trente nous ont soutenu. La Grande-Bretagne et les États-Unis appuient plutôt la Turquie. Berlin n’a pas caché sa désapprobation après le 11 mai : la RFA a de considérables intérêts en Turquie, son nombreux électorat binational fait désormais peser son poids, et Mme Merkel compte sur M. Erdogan pour continuer à bloquer l’arrivée en Europe de quatre millions de réfugiés supplémentaires. Quant à l’Italie, elle se trouve en Libye dans le camp opposé. Ni l’Alliance atlantique ni l’UE ne fonctionnent ni ne nous soutiennent dans cette crise.

    Cependant le 10 septembre les représentants des sept pays de l’UE riverains de la Méditerranée se sont réunis à Ajaccio sous la présidence d’Emmanuel Macron pour affirmer leur solidarité avec la Grèce et Chypre et menaçant Ankara de proposer à l’UE de prendre des sanctions, lors de la réunion prévue fin septembre. Paris sort ainsi de l’isolement, et Berlin, à la différence des tentatives de l’époque Sarkozy, ne s’oppose pas aux initiatives méditerranéennes de la France. La déclaration du 10 septembre est-elle pour Paris un complément ou un correctif de la déclaration du 11 mai ? On constate qu’Emmanuel Macron, pour la première fois dans cette crise, a déclaré souhaiter un dialogue avec Ankara et a avancé la notion d’une « Pax Mediterranea ». Mais ni l’Italie ni l’Espagne, ni Berlin n’auraient accepté une totale absence d’ouverture.

    La crise va sans doute continuer, et elle comporte des dangers bien réels. À court terme, il serait souhaitable que les partenaires acceptent une médiation de l’OTAN pour réduire les risques d’incidents incontrôlés, ainsi qu’une proposition faite par Berne de médiation sur la question des zones économiques.

    À plus long terme, un ensemble serait nécessaire : un accord de paix en Libye, un accord sur Chypre, et la clôture de la saga de la négociation d’adhésion de la Turquie à l’UE, en abandonnant la fiction hypocrite actuelle en faveur d’un accord d’association raisonnable. Mais c’est un vaste programme ! En attendant on ne peut que tenter de contenir les ambitions turques, mais la France n’y parviendra pas toute seule.

     

    Illustration : Recep Erdogan expliquant qu’Emmanuel Macron est un « ambitieux incapable », et il s’y connaît.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    N'étant pas des charognards, nous n'allons pas "cracher sur vos tombes", inspirateurs de Jacques Delors et Jacques Delors vous-même, qui vous revendiquiez "successeur de Jean Monnet et Robert Schumann"...

    • Nous nous contenterons de ne pas nous associer à cette palinodie d'hommage national pour quelqu'un qui ne se pensait plus - politiquement, mentalement... - comme "français" mais comme "européen";

    • nous nous contenterons de rappeler ce que disait de Gaulle de Monnet :

    "L’Europe intégrée, ça ne pouvait pas convenir à la France, ni aux Français… Sauf à quelques malades comme Jean Monnet, qui sont avant tout soucieux de servir les États-Unis..."

    • et nous proposerons de nouveau au lecteur notre note :

    À la découverte du fonds lafautearousseau (8) : Philippe de Villiers règle leur compte à Jean Monnet et Robert Schuman...

    Pour le reste, nous sommes entièrement d'accord avec Guillaume Bigot :

    1. La natalité a baissé de 7% par rapport à l'année dernière, selon l'INSEE. Le commentaire d'Eugénie Bastié :

    "La natalité est un enjeu fondamental des politiques publiques. Si elle n'est relancée notre pays n'aura pas d'autre choix que d'abandonner l'état providence ou recourir à une immigration massive. Ceux qui affirment que l'incitation à la natalité n'a pas d'impact se trompent. Une étude de la chercheuse Nelly Ekmallakh a montré que les réformes désastreuses de Hollande sur les allocations familiales avaient eu un impact décisif sur la fertilité des françaises read.dukeupress.edu/demography/art Ceux qui affirment qu'inciter à la natalité serait anti-féministe se trompent. Le désir idéal d'enfants est de 2.3 en France soit supérieur à la fécondité réelle (1.8) ce qui signifie que les femmes n'auraient pas autant d'enfants qu'elles le voudraient, pour des raisons matérielles ou organisationnelles. En quoi permettre aux femmes qui le désirent d'avoir plus d'enfants, en créant des places en crèches, en conciliant davantage vie pro et familiale, en mettant en place des avantages fiscaux serait-il contraire aux féminisme? A moins qu'on considère que le féminisme est une libération de "l'aliénation maternelle" ce qui est malheureusement bien souvent le cas en France, marquée par l'héritage beauvoirien."
     
    (extrait vidéo 1'31)
     
     
    Graphique: La chute de la natalité se confirme en France | Statista
    Avec 726.000 bébés nés en 2022, nombre en recul de 2,2 % par rapport à 2021, la France avait déjà enregistré le nombre de naissances le plus faible qu'elle ait connu depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ce nombre devrait être encore plus bas pour l'ensemble de 2023 : entre janvier et novembre 2023, 621.691 bébés sont nés...

     

    1 BIS. Certes, une baisse de natalité s'explique toujours par une approche "multifactorielle", comme on dit dans le jargon. Il n'empêche : de toute évidence, il faut revenir sur la folle politique du nullissime Hollande qui a "touché" aux allocations familiales (pour les baisser, évidemment, pour ceux qui sont les plus haïs par le Système : les classes moyennes et supérieures) et supprimer sa calamiteuse "réforme"...

    Ce que François Hollande a vraiment enlevé aux familles

     

    3. Trouvé sur tweeter... 

    LIBERTÉ ?

    ÉGALITÉ ?

     

    FISCALITÉ !!!!!

     

    Image

     

    4. De Philippe De Villiers, sur le Traité de Maastricht :

    "C'est une Europe wokiste, qui est en train d'islamiser toutes les nations européennes..."

    (extrait vidéo 1'40)

    https://x.com/CNEWS/status/1743338811029959106?s=20

    Rappel : la France a rejeté "Maastricht", et Sarkozy nous l'a imposé deux ans après : merci Sarko, d'avoir bien montré que nous n'étions ni en république, ni en démocratie, et que ces deux mots - employés "ad nauseam" (1) - ne recouvrent, en réalité qu'une gigantesque farce, une sinistre imposture...

    (1) : voir notre note :

    (1/2) Ces mots qu'il nous faut "reprendre", et auxquels il faut rendre leur vrai sens : l'alter-révolution passe aussi par la sémantique...

    29 mai 2005 : Le non gagne en France, la ratification du traité continue en  Europe

     

    5. De Front populaire (sur tweeter) :

    "Toute honte bue, Pierre #Moscovici admet qu'il a retenu la publication du rapport de la Cour des Comptes sur le coût de l'immigration illégale afin de ne pas « interférer » dans le débat politique. Mais il n'a pas toujours eu ce genre de pudeurs…"

     

    5 BIS. Et dans Front Populaire, à propos de Darmanin et des violences de la nuit du 31 décembre, l'article de Daniel FREDERICK :

    "Incendies de la Saint-Sylvestre : le mensonge est à la politique ce que le vin est à la vigne

    CONTRIBUTION / OPINION. À chaque nouvel an son lot de voitures brûlées… et de mensonges gouvernementaux. Une tradition dont on se passerait bien.

    Le nombre de voitures incendiées, lors de la nuit de la Saint-Sylvestre, met en perspective, depuis plusieurs années, deux approches différentes de la situation.

    S’agissant du camp des pyromanes, il n’échappera à personne qu’il s’agit, pour l’essentiel, avec toute la bêtise et la méchanceté qui sied à leurs auteurs, d’un concours, à commencer par celui des grandes métropoles. Le but qu’on imagine sans peine est, bien entendu, de faire mieux que son voisin, si j’ose dire. Il faut qu’on parle de nous !

    Dans le camp que représente notre prétendue élite, il s’agit de présenter aux médias mainstream une lecture acceptable, quitte à tronquer les chiffres ou leur présentation. Voitures brûlées de 2022 : 874 ; 2023 690 ; 2024 : 745 Selon le ministre de l’Intérieur, il y a eu 10 % de baisse cette année. Comprenne qui voudra ! A priori, personne pour relever l’entourloupe ? La ficelle est tout de même grosse ? Un mensonge de plus, me direz-vous. Ah ! j’oubliais, nous abordons une année d’élections. On pourrait en rire si le sujet n’était pas aussi grave.

    Je compatis bien entendu à la peine et au désarroi de la personne qui subit de tels actes de violence gratuite de la part d’irresponsables et, sans doute, irrécupérables pour notre société. Je nous laisse imaginer le coût induit chaque année pour notre propre assurance. Plutôt que parler pour ne rien dire, je propose à nos têtes pensantes trois leviers d’action :

    Cesser, une fois pour toutes, de publier le « challenge » annuel des voitures incendiées. C’est pour ces imbéciles une forme d’encouragement.

    Agir avec fermeté pour « mettre la main » sur une partie, fut-elle minime, de cette engeance.

    Produire des peines de justice exemplaires de nature à décourager cette délinquance abjecte."

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    7. SOS PARIS a raison :

    "Alors que le prochain PLU bioclimatique, censé préserver les espaces verts parisiens, est en cours de préparation, les destructions de jardins de pleine terre se poursuivent. Exemple avenue de Saint-Mandé (12ᵉ). Rejoignez nos associations pour nous aider à empêcher ces massacres."

    (extrait vidéo 2'20)

    https://x.com/SOSParis/status/1587947023428456448?s=20

    Densification : au tour du 96 avenue de Saint-Mandé ! : Le Quartier Bel-Air  Sud
     
    Densification : au tour du 96 avenue de Saint-Mandé ! : Le Quartier Bel-Air Sud...
     

     

     

    À DEMAIN !

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  • Éphéméride du 15 mars

    Buste de César en marbre, trouvé dans le Rhône en 2008
     

     

     

    15 Mars 44 : Assassinat de Jules César, conquérant des Gaules  

        

    La romanisation du pays, induite par la conquête des Gaules menée par César, fut féconde et heureuse.
     
    Et cependant, l'éloge qu'on peut en faire serait incomplet, et même faux, si l'on excluait de l'extraordinaire réussite que fut cette romanisation... le peuple Celte.
     
    Sans les Celtes, en effet, sans leurs grandes qualités et leur non moins grande ouverture d'esprit, la romanisation aurait été la simple conquête militaire d'un territoire - un de plus... - par les Romains, qui en ont conquis tant d'autres; mais elle n'aurait pas produit tout ce qu'elle a produit chez les Celtes, avec eux, et grâce à eux, aux côtés des Romains.

    Il s'agit donc bien d'une fusion, au meilleur sens du terme, entre deux grands peuples, d'une addition de leurs qualités, en quelque sorte, et non simplement de la conquête des uns (les Celtes) par les autres (les Romains), quelles que soient les qualités intrinsèques de ces derniers et ce qu'ils apportaient de bon et de fécond...

    Le trésor qu'apportaient les romains n'a pu fructifier à ce point que parce qu'il tombait sur une terre tout à fait apte et disposée à le recevoir et à le faire produire au centuple.

    Voilà pourquoi, en ce jour où l'on commémore l'assassinat de Jules César, conquérant des Gaules, qui a mis rudement les deux peuples en contact, nous évoquerons d'abord, avec Jacques Bainville, l'apport romain dans cette merveilleuse fusion de deux peuples. Mais, sitôt après, nous lirons un beau texte de Charles Maurras, exaltant les vertus ancestrales et la grandeur évidente de ces Celtes, sans lesquels, redisons-le, rien de ce à quoi l'on a assisté par la suite ne se serait passé de la même façon.

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    L'Arc municipal d'Orange
     
     
     

    I : Éloge de la Romanisation (de Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre I : Pendant 500 ans, la Gaule partage la vie de Rome) :

     

    "...À qui devons-nous notre civilisation ? À quoi devons-nous d'être ce que nous sommes ? À la conquête des Romains. Et cette conquête, elle eût échoué, elle se fût faite plus tard, dans des conditions différentes, peut-être moins bonnes, si les Gaulois n'avaient été divisés entre eux et perdus par leur anarchie. Les campagnes de César furent grandement facilitées par les jalousies et les rivalités des tribus. Et ces tribus étaient nombreuses : plus tard, l'administration d'Auguste ne reconnut pas moins de soixante nations ou cités. À aucun moment, même sous le noble Vercingétorix, la Gaule ne parvint à présenter un front vraiment uni, mais seulement des coalitions. Rome trouva toujours, par exemple chez les Rèmes (de Reims) et chez les Eduens de la Saône, des sympathies ou des intelligences. La guerre civile, le grand vice gaulois, livra le pays aux Romains. Un gouvernement informe, instable, une organisation politique primitive, balancée entre la démocratie et l'oligarchie : ainsi furent rendus vains les efforts de la Gaule pour défendre son indépendance.

    Les Français n'ont jamais renié l'alouette gauloise et le soulèvement national dont Vercingétorix fut l'âme nous donne encore de la fierté. Les Gaulois avaient le tempérament militaire. Jadis, leurs expéditions et leurs migrations les avaient conduits à travers l'Europe, jusqu'en Asie Mineure. Ils avaient fait trembler Rome, où ils étaient entrés en vainqueurs. Sans vertus militaires, un peuple ne subsiste pas; elles ne suffisent pas à le faire subsister. Les Gaulois ont transmis ces vertus à leurs successeurs. L'héroïsme de Vercingétorix et de ses alliés n'a pas été perdu : il a été comme une semence. Mais il était impossible que Vercingétorix triomphât et c'eût été un malheur s'il avait triomphé.

    Au moment où le chef gaulois fut mis à mort après le triomphe de César (51 avant l'ère chrétienne), aucune comparaison n'était possible entre la civilisation romaine et cette pauvre civilisation gauloise, qui ne connaissait même pas l'écriture, dont la religion était restée aux sacrifices humains. À cette conquête, nous devons presque tout. Elle fut rude : César avait été cruel, impitoyable. La civilisation a été imposée à nos ancêtres par le fer et par le feu et elle a été payée par beaucoup de sang. Elle nous a été apportée par la violence. Si nous sommes devenus des civilisés supérieurs, si nous avons eu, sur les autres peuples, une avance considérable, c'est à la force que nous le devons.

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    Voie romaine près de Vienne.
     
     

    Les Gaulois ne devaient pas tarder à reconnaître que cette force avait été bienfaisante. Ils avaient le don de l'assimilation, une aptitude naturelle à recevoir la civilisation gréco-latine qui, par Marseille et le Narbonnais, avait commencé à les pénétrer. Jamais colonisation n'a été plus heureuse, n'a porté plus de beaux fruits, que celle des Romains en Gaule. D'autres colonisateurs ont détruit les peuples conquis. Ou bien les vaincus, repliés sur eux-mêmes, ont vécu à l'écart des vainqueurs. Cent ans après César, la fusion était presque accomplie et des Gaulois entraient au Sénat romain.

    Jusqu'en 472, jusqu'à la chute de l'Empire d'Occident, la vie de la Gaule s'est confondue avec celle de Rome. Nous ne sommes pas assez habitués à penser que le quart de notre histoire, depuis le commencement de l'ère chrétienne, s'est écoulé dans cette communauté : quatre à cinq siècles, une période de temps à peu près aussi longue que de Louis XII à nos jours et chargée d'autant d'événements et de révolutions. Le détail, si l'on s'y arrêtait, ferait bâiller. Et pourtant, que distingue-t-on à travers les grandes lignes ? Les traits permanents de la France qui commencent à se former..."

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    La maison carrée, à Nîmes
     
     
     
     

    II : Éloge des Celtes (de Charles Maurras, allocution prononcée en 1939) :

     

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    Dolmen de Saint Nectaire.
     
     

    "...Notre confrère Edouard Helsey mène en ce moment, au Journal, une lucide enquête sur les égarements sincères du peuple français. Et il a touché au point vif, très juste, quand il a observé qu'il existait dans les profondeurs de notre nationalité un élément d'anarchisme qui se met en mouvement un peu plus souvent qu'à son tour.

    C'est quelque chose de notre vieux fond gaulois. Ce peuple généreux, mais trop avide d'éloquence, porté à l'esprit de parti, aux divisions, aux jeux naïfs de la jalousie ou même de l'envie, n'a jamais pu s'unifier ni se discipliner, en raison de ce gros défaut.

    Mais Helsey oublie une chose. C'était un peuple très intelligent, très ami de l'intelligence, très sensible aux splendeurs de la vie intellectuelle, et l'on se trompe beaucoup toutes les fois que l'on fait honneur aux seules armées de César, au seul glaive des Légions et au seul faisceau des Licteurs de leur rapide conquête assimilatrice, si forte et si profonde que l'Histoire hésite à en admettre toutes les parties. Pour la bien comprendre, il faut se représenter l'admirable ouverture d'esprit du Gaulois et aussi la magique beauté de l'apport romain; c'était la raison, et c'était la science, et c'était l'intelligence, et c'était tout l'esprit de la civilisation générale héritée de la Grèce, de l'Égypte, de l'Étrurie.

    Les gaulois auraient indéfiniment résisté à la force de la Légion. Ils ne résistèrent ni à l'ordre ni à l'intelligence qui leur apportaient, avec le Droit, la Loi, avec la discipline aimée et voulue autre chose qui y ressemble : la Charité du genre humain.... Ce fut le dernier coup. Le Gaulois n'y tint plus. Il admit Rome, il la reçut chez lui, en lui. Il constitua cette brillante improvisation de l'Empire qui s'appelle le Gallo-Romain. N'était-il pas trop bien doué pour s'y dérober plus longtemps ?..."

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    Bijoux gaulois (ci-dessus) et, ci-dessous,
    le calendrier gaulois de Coligny : un exemple d'écriture gauloise, utilisant les caractères latins
     
    calendrier gaulois de coligny.jpg
     
     
     
     
    III : L'opinion concordante de François-Guillaume Lorrain et Jean-Louis Brunaux, dans Le Point :
     

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    La Une du Point, 15 juillet 2010 (n° 1974)

     
     
    Rendons à César...
     
    ...ce que la Gaule lui doit.
    Ce printemps, un ouvrage ("1940", Ed. Tallandier) imaginait le sort de la France si elle avait continué à se battre en 1940.
    Qu'en serait-il de notre pays si, à l'âge de 42 ans, le proconsul Caius Julius Caesar n'avait pas, en 58 avant J.C., mis le pied avec ses légions en Gaule chevelue ? 
    César, sans la Gaule, ne serait sans doute pas devenu César, mais la Gaule, sans César, aurait à coup sûr raté le coche d'une première unification et d'une révolution culturelle, politique, urbaine et religieuse. Elle aurait surtout été, et c'est la thèse passionnante défendue ici par Jean-Louis Brunaux, balayée par les envahisseurs germains.
    Le rôle de César, involontaire et indirect, aura donc été celui d'un conservateur, qui accéléra une romanisation déjà en cours de la Gaule et la fit basculer à tout jamais dans la sphère méditerranéenne.
    Comme pour nous rappeler cette dette, son buste repêché par Luc Long a resurgi, tel un fantôme, des tréfonds du Rhône. Les traits marqués d'une noble énergie.
    Ave Caesar !
     
     

    Les Basques puis les Celtes constituent les premiers peuplements connus de la Gaule, qui allait devenir la France. Sur ces deux populations premières vint se greffer l'influence décisive des Grecs et des Romains : voilà pourquoi nous évoquons largement, dans nos Éphémérides, les pages fondatrices de notre identité profonde que nous devons à l'Antiquité : voici le rappel des plus importantes d'entre elles, étant bien entendu qu'un grand nombre d'autres Éphémérides traitent d'autres personnalités, événements, monuments etc... de toute première importance dans le lente construction du magnifique héritage que nous avons reçu des siècles, et qui s'appelle : la France...

     

    En réalité, si la conquête de la Gaule était nécessaire à César pour sa prise du pouvoir à Rome,

  • Servir Politique Magazine, et s'en servir : le numéro de Janvier 2011

            Nous avons de la chance d'avoir un outil de la qualité de Politique magazine. Encore ne suffit-il pas de l'avoir, mais de le faire rayonner au maximum autour de nous. Lafautearousseau ne s'en prive pas, qui, chaque dimanche, rappelle à ses lecteurs et amis l'intérêt et l'urgence qu'il y a à le diffuser - ainsi que La Nouvelle Revue universelle... - et qui, chaque mois, propose à ses lecteurs au moins deux articles de la revue.

            Voici donc l'analyse d'Hilaire de Crémiers, qui sera suivie, mercredi prochain, par la réflexion économique de François Reloujac, elle aussi toujours très attendue..... 

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    La leçon d'Henri IV

    La France s’engage régulièrement dans des drames inévitables, faute de se donner le moyen politique de son salut.

     

     

            L’Europe est devenue un piège et le piège est en train de se refermer. C’est une nasse. Toute décision est sans issue. Et nul n’y peut rien, n’y pourrait rien, n’y pourra rien. Une série d’effets mécaniques s’enclenchent les uns les autres inéluctablement et achèvent de boucler le cercle infernal des dettes souveraines où les États européens se trouvent définitivement emprisonnés. Plus simplement, c’est une affaire de chiffres, d’additions cumulées ou de soustractions combinées ; des chiffres qui pèsent de plus en plus lourd puisqu’ils traînent, chaque jour qui passe, de plus en plus de zéros derrière eux.

            Les financiers ont l’art de trouver des mots qui dissimulent la réalité. Des dettes irrécouvrables, pour la simple raison que, par leur nombre et leur importance, elles sont devenues, toutes proportions gardées, incommensurables, sont appelées des actifs toxiques ou des créances douteuses. La vérité : tout est faux. Les fameux « stress tests » que les grandes banques européennes ont passé haut la main, il y a six mois, n’ont servi qu’à entretenir l’illusion. Il est question de les recommencer : ça ne servira à rien. Tout le système bancaire européen, à quelques exceptions près, est pourri et il n’est nullement besoin d’une expérience comme celle tentée par Eric Cantona pour en avoir la juste appréhension.

     

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    le mécanisme de la dette

     

            Les banques se tiennent les unes les autres ; elles tiennent les États comme les États les tiennent et ce système qui les relie n’est plus un système de placements, d’investissements, de lignes positives gagées sur des réalités : ce n’est plus, sous le terme de crédit, qu’un système de dettes. Système qui a arrangé tout le monde pendant des mois, des années maintenant, grâce auquel les Etats irresponsables se sont défaussés facilement de leurs déficits colossaux et dont certains acteurs – il faut le préciser –  ont profité surabondamment en jouant de façon éhontée, avec la complicité des Etats et des banquiers centraux, des différentiels de taux d’intérêt. Voilà qu’aujourd’hui ce système apparaît pour ce qu’il est, avec des primes de risques qui sont entrées – il faut le faire ! – elles aussi dans le champ de la spéculation : 

    un vaste jeu de poker, constamment perdant pour tous ceux qui ne retirent pas leur mise à temps. Il est vain de critiquer la spéculation quand on a joué soi-même au poker et, au surplus, au poker menteur. Le problème d’un État endetté comme le sont les États européens, c’est qu’il ne peut plus s’arrêter de miser et de remiser sous peine de faire défaut, ce qui accentue à chaque fois son risque de défaillance ! Et il n’agit ainsi que dans l’espoir fallacieux que la situation va se redresser à terme et qu’il pourra engranger quelques milliards qui lui permettront de redonner quelque « crédit » à sa parole. La catastrophe est au bout de cet entraînement mortel.

            Le terrible de pareilles situations tient à ce que l’activité économique des pays pourrait être relativement saine et même connaître des chances de relance – telle l’Allemagne aujourd’hui – mais partout en Europe pareille relance est suspendue à la formidable incertitude de la dette publique, parapublique et bancaire. La question, l’unique question, lancinante, ne porte que sur un point : que valent les Etats, les obligations d’État, les actifs des banques centrales, y compris la BCE, qui doivent se recapitaliser, ceux de toutes les banques qui sont exposées aux dettes souveraines ou aux dettes quasi-souveraines, autrement dit, celles de toutes les collectivités et entités proches des États, aussi malades que les États ?

            Nul ne s’aventure à répondre de manière claire ou ne se risque à prononcer un diagnostic et encore moins un pronostic, mais les économistes avertis, les financiers qui ne mentent pas et les quelques politiques sérieux qui se comptent en France, n’en pensent pas moins. Chacun sait que dire la vérité publiquement, c’est précipiter l’évènement. Alors ? Nul ne veut en porter la responsabilité. Et, d’ailleurs, les quelques-uns qui osent – « les populistes » comme on dit –, sont aussitôt traités d’irresponsables.

    Quoi qu’il en soit par ailleurs de l’activité économique et des marchés autres que les marchés obligataires, l’année 2011 sera grevée pour les États et les banques de la zone euro par la question cruciale des dettes publiques et parapubliques et surtout par celle de leurs refinancements, de l’ordre maintenant chaque année de plusieurs centaines de milliards. Les marchés ne peuvent que faire monter les enchères des taux : ce qui est arrivé à la Grèce, à l’Irlande, au Portugal, à l’Espagne, arrivera à l’Italie et à la France, peut-être même à l’Allemagne. Les agences de notation seront poussées à dégrader de plus en plus les notes des États européens : après la Grèce et l’Irlande, le tour du Portugal, de l’Espagne et de la Belgique est venu et il n’est pas besoin d’être grand clerc ès finances publiques pour être certain que l’Italie et la France seront inscrites sur cette liste fatale. Si le sac de prétendus actifs sur lequel vous avez installé votre comptoir financier, n’est qu’un paquet de chiffons de papiers, ou plus vulgairement encore si vos lignes d’actifs comptabilisés sur votre ordinateur ne sont plus que du passif dissimulé, qu’est-ce qui se passe ? Ce qui s’est passé pour Lehman Brothers et quelques autres banques anglo-saxonnes, ce qui s’est passé en Islande, ce qui a failli se passer aussi en 2008 en Europe et, de nouveau, en mai 2010, ce qui se passera nécessairement demain, un jour ou l’autre. Quand le papier, ou ce qui tient lieu de titre de dette, ne représente plus rien, c’est tout simplement fini : ainsi rue Quincampoix sous la Régence, ainsi sous le Directoire la banqueroute des 2/3 qui marqua la fin des assignats et la liquidation de la dette, dite liquidation Ramel... Ainsi… Ainsi … Les exemples historiques ne manquent pas.

     

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    vers le mur de la dette

     

            Le mur de la dette se rapproche inexorablement. Il est là, bientôt là ; il est infranchissable. Nicolas Sarkozy, au dernier sommet de Bruxelles, a cru bon de tenir un langage ferme. En réalité et fort concrètement, pour tenter de s’en sortir, il arrime la France à l’Allemagne, du moins l’Allemagne d’Angela Merkel, pour donner l’impression de la stabilité et en espérant ainsi bénéficier de la confiance qu’inspire encore l’Allemagne. Il a été convenu que le traité de Lisbonne serait révisé pour autoriser les fonds de soutien européens… Il n’est pas dit que la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui ne connaît de souveraineté qu’allemande, avalise cette décision. De toutes façons, les Allemands refuseront toujours les euro-obligations, ce qui est dire qu’il n’y a pas d’État européen et qu’il n’est pas question de leur « fourguer » les dettes des autres. Ils se contentent d’exiger de leurs partenaires la rigueur et de leur imposer un contrôle budgétaire a priori. La France, pleine d’illusions, s’imagine encore être la reine en Europe et qu’il lui suffira de proposer des convergences budgétaires, fiscales, économiques et sociales pour qu’enfin apparaisse cette Europe politique unie, vieux rêve des politiciens démocrates-chrétiens et socialo-capitalo-bourgeois, unique pensée politique, intellectuelle et morale de quasi toute la classe dirigeante en France depuis des décennies, Europe grâce à laquelle tous les problèmes – et surtout les problèmes français – seraient facilement résolus ! Il n’en sera pas ainsi. Les dernières rencontres européennes l’ont prouvé amplement. Chacun des partenaires, dans la crise actuelle, ne voit que son intérêt. Si l’Allemagne a consenti à sauver momentanément la Grèce , c’est parce qu’elle était exposée, elle-même, à la dette grecque ; de même son intervention en Irlande se justifie à ses yeux parce que les banques allemandes sont fortement concernées dans les comptes des banques irlandaises ; l’Angleterre intervient pareillement et pour les mêmes raisons. Et, d’ailleurs, l’Irlande joue un jeu dangereux en impliquant à fond sa banque centrale sans prévenir la BCE ni les organes européens. Ainsi agissent les nations et les États.

            L’Europe qui a été faite par des politiciens et des technocrates, n’est pas l’Europe qu’il fallait faire. On le paye aujourd’hui. Les dirigeants français se trouvent dans cette contradiction théorique perpétuelle de toujours pousser à davantage d’intégration européenne, et de protester à chaque moment contre les interventions et les exigences de cette même Europe qui vont et qui iront de plus en plus à l’encontre de intérêts français ! La vérité est qu’il n’y a plus de politique française et par conséquent l’économie française en est elle-même terriblement affectée, même si quelques décisions d’État, reste de vieux réflexes régaliens – c’est-à-dire royaux ! – essayent de sauver encore ce qui peut être sauvé. Des livres paraissent de plus en plus nombreux, de plus en plus décisifs sur la question : entre autres, dernièrement celui de Marie-France Garaud, intitulé comme de juste Impostures politiques (Plon), qui montre que ce que nous vivons est une vieille histoire, celui aussi de Robert Colonna d’Istria, intitulé État, le grand naufrage (Éditions du Rocher), qui est un récapitulatif de toutes les causes du désastre auquel nous assistons et surtout auquel nous allons assister. Même les journaux progressistes comme Le Monde et Libération envisagent l’inévitable : les docteurs ès qualité prennent date ! Il est temps ! Le Figaro s’effraye… en tentant de rassurer le bourgeois ! 

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            Il est vrai que le bilan des quarante dernières années est accablant pour l’ensemble de la classe dirigeante. Cela n’est pas sans rappeler feue la IIIe République et feue la IVe République.

            Qui se souvient encore des bravades de Paul Reynaud en avril 1940 : « La route du fer est coupée »… et dans le mois qui suivit, ce fut le désastre de mai 40. L’histoire recommencerait-elle ? L’erreur serait de croire que « le peuple » – un peuple d’ailleurs bien abstrait – tranchera le débat. Pas plus les élites, ou prétendues telles, que « le peuple », en France, à quelque époque que ce fût, n’ont réussi par eux-mêmes à sortir des crises. Encore moins les partis quels qu’ils fussent !

            Il y fallait une autre force, une autre légitimité historique, celle qui incarne la France dans sa durée et son unité. Puisque se clôt en cette fin décembre l’année Henri IV, pourquoi ne pas se tourner vers cette figure symbolique ? Non pas pour le "folklore", mais pour la leçon politique qu’elle nous suggère, aussi valable aujourd’hui que de son temps. Absurde, irréel, dira-t-on ! Alors l’histoire de France n’est que rêve et absurdité ■

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     L'Europe aujourd'hui ? Politiciens et technocrates m'ont tuer.....

    "L’Europe qui a été faite par des politiciens et des technocrates, n’est pas l’Europe qu’il fallait faire. On le paye aujourd’hui."

     

             Il n’est pas douteux que les esprits commencent à voir. Marine Le Pen, Bruno Gollnisch, Nicolas Dupont-Aignan n’ont aucun mal à dire ce qui est, sauf qu’ils sont dénoncés pour leur volonté supposée de récupérer à leur profit la fureur populaire et ils sont déjà concurrencés à gauche par des Montebourg, des Valls, des Mélenchon. 

  • Humeur • Vidalies et les « heures les plus sombres » : halte à la mauvaise foi

     

    Une humeur légitime d'André Bercoff   *

    Le ministre Alain Vidalies a suscité une polémique lundi après avoir déclaré préférer « qu'on discrimine pour être efficace plutôt que de rester spectateur ». Pour André Bercoff, l'hypocrisie a assez duré. Il a raison

     

    photo.jpgAlain Vidalies, Secrétaire d'Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, aurait, si l'on en croit les réactions indignées d'un certain nombre de ses pairs, levé un gros poisson. L'un de ceux qui pourrissent par la tête. Il a, en effet, osé parler de contrôles discriminatoires, et partant, aux yeux des chevaliers blancs du camp du Bien, rappelant « les heures les plus sombres de notre Histoire ». Qu'un représentant officiel de la gauche gouvernante prononce un mot qui relève du vocabulaire néo-fasciste, suffit à répandre l'indignation.

    Il appert qu'en France, ces temps-ci, un certain nombre d'individus ont tendance à vouloir, pour des raisons diverses et variées, massacrer sans discrimination leurs contemporains dans un train, un supermarché, un hebdomadaire, un musée, une église, et que certains citoyens s'en sont émus, considérant que leur sécurité n'était plus assurée. Comme on ne peut mettre un policier ou un gendarme derrière chaque homme ou chaque femme habitant notre cher et doux pays, il conviendrait donc de multiplier la pose de filets de surveillance afin d'essayer d'attraper les tueurs présumés avant qu'ils ne passent à l'action. L'Europe étant ce qu'elle est et Schengen une passoire, et personne n'ayant les moyens d'étendre les mêmes règles de sécurité existant dans l'aviation, au domaine des transports ferroviaires et métropolitains, on va à la pêche en espérant qu'elle sera miraculeuse.

    C'en est déjà trop pour nos traditionnels Bisounours du pacifisme intégral. Qu'un Valls ose employer des expressions comme « islamo-fascisme » et « guerre de civilisations » est déjà insupportable ; qu'un Hollande ose évoquer les forces du Bien et du Mal en fait évidemment un néo-conservateur déchaîné. Quant à la mise en place d'un numéro vert, dont l'efficacité paraît évidente, elle encourage tout de même la dénonciation anonyme qui rappelle, une fois encore, les années, etc… Remarquons que ceux qui tonnent le plus fort contre ces timides mesures sont les mêmes qui font leurs choux gras de toute lettre anonyme dénonçant tel fraudeur fiscal ou tel conflit d'intérêt. La paille et la poutre, encore et toujours.

    Mais la palme de la lucidité désintéressée appartient comme de juste aux Jeunes Socialistes qui écrivent: « Le terrorisme n'est pas lié à une origine réelle ou supposée ». Ils ont bien raison : Mohamed Merah n'était-il point d'origine suédoise ? Mehdi Nemmouche Cambodgien ? Les frères Kouachi d'origine brésilienne ? Amédy Coulibaly natif de l'Ontario ? Sid Ahmed Glam Islandais de souche ? Ayoub El Khazzani de Vladivostok ? Prétendre le contraire, serait tomber dans le délit de faciès qui rappelle les heures les plus sombres, etc…

    Donc, que faire pour empêcher de futurs massacres, tout en gardant les mains propres ? Rien. Attendre. S'en remettre au facteur chance, aux militaires américains ou à une intervention divine qui transformerait les loups en agneaux. Un certain Albert Camus affirmait que dans des circonstances dramatiques, il préférait sa mère à la Justice. Mais chacun sait que Camus n'était qu'un fieffé réac. 

    André Bercoff     

    André Bercoff est journaliste et écrivain. Son dernier livre Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi est paru en 2014 chez First.

     

  • Économie : les fondamentaux dans le monde se rient des illusions boursières

    Par Marc Rousset    

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    « La Chine ne pourra pas sauver, cette fois-ci, les économies occidentales. »

    Le CAC 40 a progressé de seulement 0,21 %, le NASDAQ de 0,34 %, le Dow Jones de 0,31 %, ce vendredi 26 avril, car les Bourses sont aux aguets, conscientes que trop de fondamentaux posent problème dans le monde.

    En Grèce, après huit années de coupes drastiques dans les salaires et les retraites, quatre ménages sur dix sont dans l’incapacité de rembourser leurs dettes. Les créances douteuses dépassent 93 milliards d’euros, selon la Banque de Grèce.

    La Chine ne pourra pas sauver, cette fois-ci, les économies occidentales. Des doutes sont permis sur le dernier chiffre de croissance publié (6,4 %) car les exportations vers la Chine du Japon, de Corée, Singapour, d’Indonésie et de Taïwan ont chuté respectivement de 9,4 %, 8,2 %, 8,7 %, 22 % et 27 %. La banque japonaise Nomura ne croit pas à un rebond mais à un gonflement des statistiques passées par l’État central et les gouvernements locaux. Si le PIB réel chinois n’est que de 75 % du PIB annoncé, cela signifie que le taux d’endettement global du pays est de 400 % et non plus de 300 %.

    L’augmentation des crédits de 430 milliards de dollars, en mars dernier, et les baisses d’impôts récentes de 300 milliards de dollars ne semblent plus faire effet. Selon le FMI, la Chine doit émettre maintenant 4,5 yuans de crédit pour un yuan de croissance, contre seulement 3,5 en 2015 et 2,5 en 2009. L’empire du Milieu semble se diriger plutôt vers des taux de croissance de 4,5 %, ce qui ne sera pas sans conséquences boursières.

    En France, le prix de l’immobilier va bientôt dépasser les 10.000 euros du mètre carré à Paris, soit une hausse de plus de 50 % en dix ans ; cela n’est jamais que la finalisation d’une bulle immobilière avec une multiplication des prix de 2,38, entre 1995 et 2015, dans l’ensemble des pays de l’OCDE, tandis que le coefficient d’inflation était de seulement 1,8. Selon le FMI, les prix évoluent de concert partout dans le monde, ce qui rend plus forte la possibilité d’un krach. La BCE remarquait même, fin février, lors d’un colloque au Luxembourg, que « plus des deux tiers des 46 crises bancaires systémiques ont été précédés d’épisodes de boom et de chute des prix immobiliers ». En précisant que, dans tous ces cas, les chutes de PIB ont été « trois fois plus importantes » que pour les récessions sans effondrement des prix.

    L’immobilier constitue la principale richesse des ménages, tandis que les prêts hypothécaires représentent 85 % de leurs dettes. L’immobilier n’a pas de valeur intrinsèque en soi car sa valorisation dépend des taux d’intérêt à long terme, ridiculement bas à l’heure actuelle, suite à l’action de la BCE. À Berlin, les loyers ont doublé en dix ans, tandis qu’ils progressaient fortement dans les autres grandes villes allemandes.

    Tous les programmes de « Quantitative Easing » (QE) monétaire dans le monde (BCE, Fed, Japon) sont dans une impasse, avec impossibilité de passer la marche arrière. Aux États-Unis, la masse monétaire est passée de 1.000 milliards à 4.000 milliards de dollars, entre 2008 et 2014, suite à l’achat massif, par la Fed, de bons du Trésor et de titres hypothécaires, une première dangereuse dans l’histoire économique du monde. Une économie saine doit reposer sur une épargne solide, la production réelle et non pas sur la consommation ainsi que sur une dette monétisée de façon artificielle par les banques centrales.

    L’inversion, en mars, de la courbe des taux aux États-Unis est aussi très préoccupante puisque les taux des titres du Trésor à court terme sont passés au-dessus des emprunts souverains à long terme. Cela signifie que les marchés s’inquiètent pour l’avenir immédiat plus que dans dix ans, que survivent des entreprises zombies endettées et non rentables, que l’endettement continue d’augmenter d’une façon accélérée en raison des taux bas. C’est la raison pour laquelle il y a eu ralentissement économique et krach aux USA ainsi qu’en Europe en 1990, 2000 et en 2008, lors de la dernière grande crise financière.   

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    Économiste
    Ancien haut dirigeant d'entreprise
  • L’or et l’argent n’ont pas fini de grimper, par Marc Rousset.

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

    Le cours de l’or à Londres, ce vendredi 31 juillet, était de 1976,10 dollars l’once, donc très proche de la barre des 2.000 dollars qui pourrait devenir une nouvelle référence, et bien au-dessus du record précédent de 1.921 dollars, en septembre 2011. Le cours du métal jaune s’est apprécié de plus de 25 %, depuis le début de l’année.

    marc rousset.jpgLe n’aura fait qu’accélérer et confirmer les thèses de ceux qui, avant sa venue, pronostiquaient déjà une grave crise économique, suite à l’hyperendettement démentiel tous agents, partout dans le monde, qui ne pouvait trouver une solution que par la création monétaire et l’hyperinflation. En fait, ce ne sont pas l’or et l’argent qui grimpent, mais les agents économiques qui perdent confiance dans la valeur des monnaies.

    Toutes les conditions pour faire grimper les métaux précieux sont réunies : politique monétaire laxiste, taux réels des obligations en territoire négatif, incertitudes autour du virus, plans démentiels de relance économique des États par la dette, nouvelles mesures d’assouplissement monétaire prévues par la Fed et la BCE, risques de krach boursier, tensions Chine-États-Unis.

    L’argent a dépassé les 24 dollars l’once pour se diriger vers les 25 dollars, alors qu’il s’achetait encore, en mars, pour 12 dollars. Il s’est apprécié de 25 % durant le seul mois de juillet, soit sa seconde plus forte hausse mensuelle de l’Histoire. Mais l’argent semble toujours sous-évalué par rapport à l’or car il est encore très loin de son record d’avril 2011, à 48,59 dollars l’once. Il faut, aujourd’hui, environ 80 onces d’argent pour acheter une once d’or, alors que la moyenne historique est de 60. L’argent est plus spéculatif que l’or car il est utilisé davantage à des fins industrielles et il n’est plus acheté de nos jours par les banques centrales, qui ont renoncé au bimétallisme or-argent des siècles précédents.

    Les fonds souverains commencent à bouder les actions pour investir dans les métaux précieux. Selon Invesco, 18 % des banques centrales envisagent d’acheter encore de l’or, tandis que ce pourcentage passe à 23 % pour les fonds souverains. Les banques centrales achètent exclusivement des lingots physiques, tandis que les fonds souverains préfèrent les ETF (Exchange Traded Funds), les contrats à terme et les swaps (contrats d’échange de flux financiers). La performance de l’or est d’autant plus exceptionnelle que la demande d’or chinoise a chuté pendant le premier semestre. Ce sont donc les achats dictés par la peur (« fear trade ») qui ont alimenté la hausse du métal jaune.

    Jamais, en 244 ans, depuis la fondation des États-Unis d’Amérique, l’économie américaine n’a été aussi inondée d’argent. La masse monétaire M2, qui est la plus caractéristique, a augmenté en un an de 24 % aux États-Unis, ce qui n’a jamais été le cas jusqu’à présent. C’est cette création monétaire effrénée qui alimente la hausse explosive de l’or. Une fois encore, Ray Dalio, le fondateur de Bridgewater Associates, qui recommandait l’achat d’or en janvier dernier, aura eu raison. Même si le cours de l’or devait connaître une correction passagère, il poursuivra son ascension en reprenant sa marche en avant. Selon Bank of America, l’or pourrait atteindre les 3.000 dollars dans les 18 mois à venir. L’objectif à court terme de Citigroup est de 2.100 dollars l’once. Quant à Goldman Sachs, les prévisions à 12 mois ont été relevées à 2.300 dollars l’once.

    Des prix élevés sur l’or sont inévitables au moment où nous entrons dans une période semblable à l’environnement apparu après la crise financière mondiale de 2008-2009, d’autant plus que cette crise n’est en fait que le prolongement de celle de 2008 avec l’accélérateur Covid-19 en plus, mais cette fois-ci, au lieu de chuter comme après 2011, les prix de l’or pourraient bien continuer de monter à la verticale, comme en en 1923, dès que l’hyperinflation apparaîtra en 2021 ou .

  • Mali : le changement de paradigme s’impose, par Bernard Lugan.

    Dans le nord du Mali, j’écris depuis des années que le  problème n’est pas d’abord celui de l’islamisme, mais celui de l’irrédentisme touareg. Cette donnée de longue durée enracinée dans la nuit des temps se manifeste depuis 1962 à travers des résurgences périodiques[1]. Selon le rapport de force du moment, elle s’exprime sous divers drapeaux. Aujourd’hui, c’est sous celui de l’islamisme.

    bernard lugan.jpgLeurs conseillers ayant négligé de prendre en compte le poids de l’ethno-histoire, les dirigeants français ont défini une politique brumeuse confondant les effets et les causes. D’où l’impasse stratégique actuelle de laquelle il est d’autant plus difficile de nous extraire que les rapports de force locaux ont changé. En effet, ses « émirs » algériens  ayant été tués les-uns après les autres par Barkhane, Al-Qaïda-Aqmi n’est donc plus localement dirigée par des étrangers, mais par le Touareg Iyad ag Ghali. Or, et comme je l’avais également annoncé, ce dernier a fini par reprendre en main les diverses factions touareg un moment officiellement et artificiellement rivales. L’accueil personnel qu’il réserva à Kidal aux « jihadistes » récemment libérés a ainsi éloquemment montré que le nord du Mali est désormais sous son contrôle.

    C’est donc avec cette nouvelle réalité à l’esprit que doivent être analysées et comprises les déclarations en date du 14 octobre d’Aqmi et du GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), deux faux-nez d’Iyad ag Ghali, exigeant le départ de Barkhane à travers une rhétorique belliqueuse parlant de combattre les « croisés ». Or, il s’agit avant tout d’un nuage de fumée destiné à ne pas laisser le champ libre à l’EIGS (Etat islamique dans le Grand Sahara) affilié à Daech et dont le chef régional est Adnane Abou Walid al-Saharaoui, un Arabe marocain de la tribu des Réguibat. Cet ancien cadre du Polisario, accuse Iyad ag Ghali de trahison pour avoir privilégié la revendication touareg à travers la négociation avec Bamako et cela, aux dépens du califat transethnique devant engerber les actuels Etats sahéliens.

    A moins de choisir délibérément la voie de l’enlisement, ces récents changements vont donc contraindre les décideurs français à revoir très rapidement les missions de Barkhane. Faute de quoi, la guerre au nord va immanquablement se rallumer et nous devrons alors faire face à un front supplémentaire, celui des Touareg. De plus, comme la « légitimité » de notre intervention est devenue pour le moins « incertaine » depuis le coup d’Etat intervenu à Bamako au mois d’août dernier, il est donc temps de poser la question de notre stratégie régionale dans la BSS (Bande sahélo-saharienne).

    Trois zones sont à distinguer  qui méritent chacune un traitement particulier :

    - Dans le nord du Mali où, politiquement et militairement, nous n’avons rien à défendre, l’erreur serait de continuer à nous obstiner dans une analyse reposant sur l’artificiel slogan de la lutte contre le « terrorisme islamiste » et dont le seul résultat serait l’ouverture des hostilités avec les Touareg. Dans ces conditions, puisque l’Algérie considère le nord du Mali comme son arrière-cour, laissons ses services s’accommoder des « subtilités » politiques locales, ce qu’ils feront d’autant plus facilement qu’ils ne seront pas paralysés par les « vapeurs » humanitaires interdisant toute véritable action efficace sur le terrain…

    - La région des « trois frontières » présente un cas différent car elle est le verrou du Burkina Faso et plus au sud celui des pays du littoral, dont la Côte d’Ivoire, avec lesquels nous avons des accords. Notre effort doit donc y être concentré à travers l’appui donné aux armées du Niger et du Burkina Faso.

    - La région tchadienne au sens large, car l’on doit y inclure le Cameroun et la RCA, est une future grande zone de déstabilisation. C’est pourquoi elle doit être surveillée avec la plus grande attention. Un renforcement de notre présence militaire y est donc impératif.

    [1] Elles sont mises en évidence et développées dans mon livre Les guerres du Sahel des origines à nos jours.

    Source : http://bernardlugan.blogspot.com/

  • L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (110), Les Guerres de religion, pendant et après...

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    Début du Chapitre IX de l'Histoire de France, de Jacques Bainville : Les guerres civiles et religieuses remettent la France au bord de la ruine.

    La mort d’Henri II précipita les choses : le "grabuge", comme il disait, passait d’Allemagne en France. Son fils François II n’avait que seize ans et il était maladif. Son règne d’une année fut celui où les catholiques et les protestants prirent position, tandis que se dessinait un "tiers parti" qui, redressé par l’expérience de la Ligue et devenu le parti des "politiques", aurait la victoire à la longue.

    Ce tiers parti était en réalité celui de la couronne. S’il était représenté par le chancelier L’Hospital, libéral vénérable et verbeux, il avait pour cerveau calculateur la reine mère, Catherine de Médicis, car Henri II avait épousé cette descendante des banquiers florentins.

    Le chef incontesté des catholiques était le duc de Guise. Son immense popularité, sa gloire militaire le servaient. Quant aux protestants, ils cherchaient un chef sans le trouver.

    Il y avait bien, en face de la maison de Lorraine, celle de Châtillon : Coligny et Dandelot. Coligny, soldat, se dérobait encore et se contentait de plaider pour la tolérance. Un prince du sang eût d’ailleurs mieux convenu aux calvinistes. Ils portèrent leurs vues sur le roi de Navarre, Antoine de Bourbon, que sa femme Jeanne d’Albret entraînait vers la Réforme, mais que ses intérêts et son caractère rendaient hésitant, et sur son frère le prince de Condé, plus résolu et que l’ambition tenta.

    Nous avons ainsi le thème général des guerres de religion. "Il y a deux grands camps par la France", disait Pasquier. La monarchie, fidèle, même sous des princes débiles, a son rôle national, s’efforcera de maintenir l’équilibre et de rester au-dessus des factions.

    Ces évènements extrêmement troubles ont encore été obscurcis par la passion qui se mêle aux récits qu’on en a fait jusqu’à nos jours. Chacun des partis accuse l’autre d’avoir commencé. Ce qui est certain, c’est que le duc de Guise, qu’il le voulût ou non, se trouvait à la tête des catholiques. Il était l’homme le plus haï des protestants et conduit par cela même, et pour se défendre, à désirer le pouvoir. Oncle du jeune roi puisque Marie Stuart était sa propre nièce, l’avènement de François II lui donna dans le gouvernement une influence d’autant plus grande que son frère, le cardinal de Lorraine, occupait ce qui correspondrait aujourd’hui aux ministères de l’Intérieur et des Finances.

    Les protestants, jusque-là, avaient pu se montrer hardis en paroles et violents dans leurs pamphlets. Ils n’avaient pas encore passé à l’action. Ce grand pas fut franchi par un homme de coup de main, La Renaudie, que ses coreligionnaires semblent bien avoir approuvé tout en se réservant de le désavouer.

    La Renaudie, ayant réuni un certain nombre de gentilshommes réformés, leur proposa d’enlever les Guise et d’obtenir ensuite la liberté de la religion protestante, en promettant, pour ne pas les effaroucher, de ne toucher ni au roi ni à "l’état légitime du royaume".

    En réalité son plan consistait à se saisir du roi en même temps que des Guise, à convoquer les états généraux et à proclamer les Bourbons. Ce fut la conspiration d’Amboise (1560). Elle fut éventée par le cardinal de Lorraine et le duc de Guise devança La Renaudie qui fut tué au moment où il rassemblait ses bandes.

    Par cette aventure, le parti protestant s’était mis dans un tort grave. Déjà trop fort pour s’incliner, il se jetait dans la rébellion. Il prit les armes sur divers points, à Lyon, en Dauphiné, en Provence..."

     

    Pour retrouver l'intégralité du feuilleton, cliquez sur le lien suivant : 

    L'aventure France racontée par les Cartes...

     

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