UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Grandes ”Une” de L'Action française : de Gaulle, l'AF, Maurras (2/3)... de Gaulle promu Général, Maurras jubile...

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

    ---------------

    Voici la "Une" de L'Action française du samedi 1er juin 1940 :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k767809p/f1.image.zoom

    6 années se sont écoulées, entre l'éloge de "Vers l'armée de métier" dans l'AF - qui fait l'objet de notre précédente livraison - et les deux articles de Maurras que nous allons lire, aujourd'hui et demain : il ne s'agit plus de présenter un livre au lecteur, et c'est Maurras lui-même qui va consacrer par deux fois, à deux jours d'intervalles, deux paragraphes entiers de sa "Politique" à de Gaulle lui-même, à ses qualités et à ses idées sur la façon de concevoir et mener la guerre. 

    Car, évidemment, la guerre - prévue par Bainville pour "dans vingt ans" dès la conclusion du calamiteux Traité de Versailles - a éclaté, déclarée par la France et la Grande-Bretagne en septembre 39; le Pays légal, emmené par Clemenceau, a  trahi la France et a laissé les anglo-saxons lui voler sa victoire, si chèrement acquise. En refusant de démembrer l'Allemagne, alors qu'elle démembrait l'Autriche-Hongrie, la République nous préparait, et nous a "donné"... Hitler !

    Bainville, mort en 36, n'aura, au moins, pas vu la réalisation de sa lucide et tragique prophétie...

    Quant à Daudet, son article est bien court : il n'a plus que deux ans à vivre, et, si nul ne le sait ou ne le dit,  le mal qui le ronge est déjà à l'oeuvre... Il y traite rapidement du problème dynastique en Belgique, qu'il connaît bien, ainsi que les Belges, puisque, rappelle-t-il, "j'ai vécu plus de deux ans en exil parmi eux..."

    Maurras, lui, a maintenant 72 ans... Mais, heureusement, il garde sa magnifique lucidité et jeunesse, et les gardera jusqu'à sa fin...

    Voici donc, en page une comme d'habitude, dans la partie inférieure et sur quatre colonnes, "La Politique" de Maurras, qui consacre l'intégralité du deuxième de ses trois paragraphes (quasiment deux colonnes) à la nomination de de Gaulle comme Général, pour s'en féliciter, d'emblée (la suite de "La Politique" se trouve en page deux, et elle est en partie "censurée") :

    "Il est beaucoup question du général de Gaulle, hier colonel, et qui a été promu comme l'une des lumières de la science et de l'art militaire français..."

    Cliquez sur les trois images pour les agrandir...

    1A.png

    1AA.png

    1AAA.png

    Voici le lien donnant accès à la page deux, et aux "45 LIGNES CENSURÉES" (mais il y en a aussi 27 un peu plus loin, et les trois dernières, toujours dans "La Politique" !) :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k767809p/f2.item.zoom

    1A.png

     

    -------------------

    Pour lire les articles...

    En bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à droite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite...

     

    LFAR FLEURS.jpg

  • Grandes ”Une” de L'Action française : de Gaulle, l'AF, Maurras (Première partie, 3/3)... de Gaulle nommé général, Maurra

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

    ---------------

    Voici la "Une" de L'Action française du  lundi 3 juin 1940 :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7678110/f1.image

    Daudet est "absent" de cette "Une" : on en a donné la raison hier : c'est Delebecque qui le remplace, dans "sa" colonne (la première)...

    Maurras consacre de nouveau et en totalité à de Gaulle, dont il parlait deux jours avant, le deuxième paragraphe de sa "Politique" (sous le titre "La réforme militaire"). C'est-à-dire un bon tiers de cette "Politique" : le bas de la troisième colonne et toute la quatrième; elle se poursuit en page deux, mais le 3ème et 4ème paragraphe (en tout 180 lignes) sont "censurés", et le 5ème parle d' "Un prêtre, un militant", qui peut enfin, après la levée des sanctions vaticanes, relire l'Action française...

    Maurras explique la raison pour laquelle il revient, deux jours après, sur le même sujet et la même personne,  dévoilant le "pourquoi" de sa discrétion "d'avant-hier"...

    Cliquez sur les images pour les agrandir...

    1A.png

    1AA.png

    1AAA.png

    Et, si vous souhaitez jeter un oeil sur la page deux, et ses "180 lignes censurées" des paragraphes III et IV de "La Politique", c'est ici (vous pouvez cliquer sur l'image pour l'agrandir, puis utiliser le zoom...):

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7678110/f2.item.zoom

    1A.png

     

    -----------------------------

    Quelques réflexions, maintenant, en guise de conclusion  - provisoire... - à ces trois "livraisons" de "Grandes "Une" " de mardi, mercredi et aujourd'hui...

    Il est avéré que la famille de Gaulle - tout comme celle de son excellent camarade Officier Leclerc, le libérateur de Paris - était catholique et royaliste, l'une et l'autre abonnées à L'Action française. Les sanctions vaticanes de 1926 interrompirent peut-être les abonnements, mais pas les opinions fondamentales, qui restèrent les mêmes, dans les deux familles (1). On l'a vu, de Gaulle dédicaça son premier ouvrage à Maurras et L'Action française fut le seul journal d'opinion à faire écho - et un écho très favorable - au troisième livre de de Gaulle : Vers l'Armée de métier. 

    Au printemps 1934, sous l'égide du Cercle Fustel de Coulanges, émanation de l’Action française, de Gaulle prononça une série de conférences à la Sorbonne. Quand, le premier juin de cette année 34, l'AF fit l'éloge de son livre, Le Populaire et Léon Blum craignirent la possibilité d'un coup d’État. De Gaulle écrira à Hubert de Lagarde, le chroniqueur militaire de L'Action française qui avait rédigé la note de lecture très favorable : "Monsieur Charles Maurras apporte son puissant concours à l'Armée de métier. Au vrai, il y a longtemps qu'il le fait par le corps de ses doctrines. Voulez-vous me dire s'il a lu mon livre que j'ai eu l'honneur de lui adresser au mois de mai ?" . Ce même Maurras qui écrivait, dans l'AF, parlant de de Gaulle : "Quelle confirmation de nos idées les plus générales sur l'armée !...".

    Et en 1940, on l'a vu aussi, la nomination au grade de Général de Charles de Gaulle provoqua la jubilation de Charles Maurras dans L'Action française des 1er et 3 juin, dans lesquelles Maurras qualifiait de Gaulle de "pénétrant philosophe militaire"  et expliquant qu'il était resté discret à son sujet pour ne pas le gêner : "Sa thèse nous paraissait suffisamment contraire à la bêtise démocratique pour ne pas ajouter à ces tares intrinsèques, la tare extrinsèque de notre appui. Mieux valait ne pas compromettre quelqu'un que, déjà, ses idées compromettaient toutes seules...".

    On sait que, dès la fondation du mouvement et du quotidien, Maurras et l'AF cherchèrent un appui important au sein de l'Armée. Daudet crut l'avoir trouvé en la personne du Général Mangin, dont il fit les plus vifs éloges et avec lequel il ne craignait pas de s'afficher publiquement. Malheureusement, Mangin mourut empoisonné, après un repas durant lequel il avait consommé des champignons ! Bizarre, bizarre... (dans notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet), voir la photo "Mangin, qui avait conçu l'État rhénan"

    Nous disons à dessein "bizarre" car il faut bien admettre que :

    1. Il y a eu beaucoup de Généraux dans l'Armée française;

    2. Il y a eu beaucoup de Généraux qui ont mangé des champignons;

    3. Mais il n'y a eu qu'un seul Général qui en ait mangé et qui en soit mort. Et - comme par hasard... - ce fut Mangin...

     

    Ce Général tant recherché aurait-il donc pu être - après le "curieux" décès de Mangin... - le Général de Gaulle ? On vient de voir par les trois extraits que nous venons de donner que, jusqu'en 40, cela était parfaitement envisageable et possible.

    C'est juste après les articles des premier et trois juin que nous avons cités, lorsque "la drôle de guerre" eut pris fin, et à partir du 22 juin 40, après que Pétain eut demandé et signé l'armistice, que le contexte des rapports amicaux AF/de Gaulle, favorable à l'AF et, en tout cas, prometteurs, se retourna spectaculairement, et dramatiquement, pour évoluer de la façon que l'on sait...

    Bien longtemps après, le 13 mai 1958, encore, à Jean-Baptiste Biaggi - qui lui faisait l'éloge de Maurras - de Gaulle admit parfaitement cet éloge, regrettant cependant que Maurras l'eût "critiqué" (doux euphémisme !) : "Aussi bien, je n’ai jamais rien dit contre lui. Que ne m’a-t-il imité !"

    (1) : Les témoignages sont nombreux attestant de la permanence des idées traditionnalistes chez De Gaulle. Il a reconnu, devant Christian Pineau, qu’il avait été inscrit à l’Action française, et devant Claude Guy qu'il n'aimait pas la Révolution française : "À entendre les républicains, la France a commencé à retentir en 1789 ! Incroyable dérision : c'est au contraire depuis 1789 que nous n'avons cessé de décliner..."; devant Alain Peyrefitte son peu d'enthousiasme pour la république : "Je n'aime pas la république pour la république..." et qu'un roi pourrait être utile à la France : "Ce qu'il faudrait à la France, c'est un roi...". Et c'est Maurice Schumann, porte-parole de la France libre, qui prête à de Gaulle la formule : "Maurras est devenu fou à force d'avoir raison."...

    -------------------

    Pour lire les articles...

    En bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à droite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite...

    LFAR FLEURS.jpg

  • Année des 150 ans de Charles Maurras • Discours de Michel Déon, de l'Académie française, à Martigues, le 27.09.1997

     
    Par Michel Déon
    de l'Académie française

    C'est un document émouvant, un superbe témoignage, que nous vous donnons à lire aujourd'hui, grâce au concours de Mme Nicole Maurras, et qui n'a probablement jamais été publié ailleurs à ce jour.

    Il s'agit du discours prononcé par Michel Déon dans le jardin de la maison de Maurras, lorsque les clés en furent remises par Jacques Maurras au maire de Martigues, Paul Lombard, le 27 septembre 1997. Nous publierons un jour prochain un récit de cette cérémonie, l'intervention de Jacques Maurras, la réponse du maire, etc.

    La Municipalité de Martigues ayant arbitrairement décidé de fermer la maison de Charles Maurras aux visites, il est d'autant plus important de rappeler dans quelles circonstances elle en devint propriétaire. Des circonstances qui obligent.  Nous y reviendrons. Écoutons Déon ! Lafautearousseau.

       

    gettyimages-538943220-1024x1024.jpgPermettez-moi d'évoquer un souvenir qui a déjà près d'un demi-siècle.

    C'était à Tours, un matin affreusement grisâtre, sous un ciel si bas qu'il écrasait la ville. Toute la nuit, il avait neigé et le cortège qui accompagnait Charles Maurras à son dernier voyage pataugeait, transi, dans la boue. Le vieil et indomptable lutteur nous quittait, mais nous savions bien les uns et les autres qu'il n'était déjà plus avec nous. Certes, grande avait dû être sa tristesse de nous abandonner à nos tourments.

    725228852.jpgMais à la seconde où ses yeux se fermaient pour toujours, quelle joie avait dû s'emparer de son âme envolée à tire d'ailes vers la lumière de Martigues dont les servitudes de la vie l'avaient si souvent éloigné. Il n'était pas là dans ce triste cercueil, dans le froid et la neige, il était retourné à ses origines, à son étang de Berre qui, écrivait-il dans sa belle adresse aux félibres de Paris, le matin blanchit et le soir s'azure, qui de ses mille langues vertes lèche amoureusement le sable des calanques et ronge les rochers où l'on pêche le rouget*. 

    La France avait été sa grande patrie aimée d'un amour si passionné qu'il s'autorisait à la rudoyer, la tancer de n'être pas toujours à la hauteur de ce qu'il attendait d'elle, mais la petite patrie, à laquelle il appartenait plus qu'à toute autre, n'avait connu de lui que les douceurs d'une pure piété filiale. Là, pour lui, s'arrêtaient les querelles des hommes. L'allée conduisant à sa bastide ne s'appelle-t-elle pas Le Chemin de Paradis, titre de son premier livre ? Cette minute où l'âme est enfin délivrée de ses colères et de ses joies terrestres, il ne l'avait jamais mieux exprimée que dans un poème écrit en prison**, publié sous le pseudonyme de Léon Rameau, ce rameau d'olivier tendu en signe de paix : 

    Lorsque, enfin déliés d'une chair qui les voile
    Les bons, les bienfaisants bienheureux, les élus
    Auront joint le nocher sur la mer des étoiles,
    Le sourire du Dieu ne leur manquera plus. 

    Mais sur les pauvres os confiés à la terre
    L'épaisseur de la nuit, le poids du monument,
    La sèche nudité de l'adieu lapidaire
    Font-ils la solitude et l'épouvantement ? 

    Une œuvre, une action, un chant ne s'éteignent pas avec leur créateur quand ils ont ce serein espoir. Ils éclairent les générations à venir. Encore faut-il que ce qui n'a pas été gravé dans le marbre soit conservé. Dans ses dernières lettres de prison, Charles Maurras n'avait cessé de se préoccuper du sort de ses livres, des documents et des lettres qui avaient accompagné sa vie intellectuelle, sa quête de la vérité tout au long de l'histoire de France en ce terrible XXème siècle, le plus sanglant de l'histoire du monde. Il y avait là un trésor à classer, déchiffrer, commenter. La justice des hommes, si faillible, peut croire qu'une condamnation sans appel rayera de notre patrimoine une pensée fût-elle controversée ou exaltée. Vaine prétention ! La pensée est comme l'arbre de vie : elle a ses racines dans la terre et tend ses branches vers le ciel. Dans l'histoire des civilisations, elle est le maillon d'une chaîne qui ne s'interrompra qu'avec la fin de l'humanité.

    1361709957.JPGLe temps voile ses erreurs passionnelles pour n'en conserver que l'essence. En sauvant les murs de la maison de Charles Maurras, en l'ouvrant à des chercheurs venus de tous les horizons politiques et humains, la Municipalité de Martigues exauce les vœux derniers d'un homme sur qui l'on voudrait faire croire que tout a été dit alors que tout reste à découvrir et à méditer. 

    Succédant à Charles Maurras au seizième fauteuil de notre Académie française, cette Académie que Maurras appelait avec respect « sa mère », le duc de Lévis-Mirepoix terminait l'éloge de son prédécesseur par ces mots : Comme Socrate, il a encouru la colère de la Cité. Oui, mais pas la colère de sa Cité de Martigues. Soyez-en remercié, vous qui au nom de la liberté de penser, au nom de la poésie, avez su vous élever au-dessus des querelles de notre temps et reconnaître en cet homme debout un des grands philosophes politiques de notre temps, et un grand, un très grand poète. 

    * Les trente beautés de Martigues
    ** Ainsi soit-il !
  • Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP (70) : 1908, L'Action française paraît depuis le 21 mars, seulem

     

    Une histoire de l'Union Royaliste Provençale... en lisant L'Action française !

    (retrouvez notre sélection de "Documents..." dans notre Catégorie "Documents pour servir à une histoire de l'URP"...

     

    1AZZZ.jpg

    Voici le lien conduisant au numéro du 6 Avril 1908 :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7561467/f1.item.zoom

    L'Action française, tout nouveau quotidien royaliste, ne paraît que depuis le 21 Mars précédent, et l'on n'en est donc, encore, qu'au dix-septième numéro.

    Pourtant, dans l'effervescence générale et le bouillonnement d'idées qui caractérisent ce moment, trois rubriques (ou chroniques) régulières se sont déjà bien installées dans le journal :

    • la première est - carrément ! - une invention de cette nouvelle Action française :  la Revue de Presse, animée - à ses débuts - par Maurras lui-même, sous le pseudonyme de "Criton"; comme une autre rubrique apparaît aussi ("La Politique") Maurras - qui la partage, aux débuts, avec Daudet, Vaugeois, de Vesins... - finira assez vite par l'étendre considérablement, par la rédiger lui-même, et par abandonner la Revue de Presse à d'autres collaborateurs...

    • la troisième de ces rubriques - qui nous intéresse ici - est "La Ligue d'Action française", qui recensera - jusqu'à son interdiction, au moment des obsèques de Bainville, en 1936 - les activités du mouvement sur tout le territoire national. 

    C'est dans cette rubrique quotidienne que nous trouverons tous les éléments "glanés" jour après jour, durant plus de trente ans, qui racontent les activités et donc - d'une certaine façon et dans une certaine mesure... - l'histoire de l'Union royaliste provençale...

    Nous commençons donc un travail d'importance, et voici comment nous procéderons : les évènements relatifs à l'URP dont le quotidien national parlera seront répartis en deux catégories. On séparera celles dont le quotidien national fera simplement mention, plus ou moins brièvement; et celles qui seront relatées dans le détail (le plus souvent en "Une").

    • les évènements d'importance (Rassemblements royalistes, grandes réunions publiques, banquets médicaux, tri-centenaire de Louis XIV etc...) seront rapportés chacun dans une note spéciale de cette Catégorie "Documents pour servir à une histoire de l'URP", et ils seront tous numérotés, afin de faciliter leur recherche...

    • les simples informations ou relations, plus courtes, concernant chacune des cent onze sections de l'URP, parues en général dans la rubrique "Ligue d'Action française", et en page deux, trois ou quatre, seront regroupées - du premier numéro, en 1908, au dernier - dans la page récapitulative "Glané dans la rubrique "Ligue d'Action française" du quotidien (de 1908 à 1944)...". Et, dans cette page, elles seront classées par ordre chronoloqique (annuel et mensuel), là aussi pour faciliter leur recherche. Cette page commencera donc par l'année 1908, avec le mois de mars, puis avril, mai etc; puis elle se poursuivra par l'annnée 1909, janvier, février, mars etc...

    Et ce, jusqu'à la dernière parution.

    Voici donc, dans ce numéro du Lundi 6 Avril 1908, en page deux, sur la quasi intégralité des colonnes quatre et cinq, la première et émouvante mention d'activités du mouvement en Provence; la première d'une très longue et très intéressante série, que nous vous proposons de parcourir, avec nous, afin de découvrir - d'une façon originale et "qui change" de l'ordinaire... - une histoire de l'URP, en lisant L'Action française, tout simplement !

    1A.png

    (Cliquez sur les images pour les agrandir)

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    Voilà ! Si cette première - et, forcément, émouvante - relation des activités du mouvement dans notre cher Midi blanc vous a paru digne d'intérêt, nous vous invitons maintenant à nous suivre, pas vraiment tous les jours (tout de même !...) mais très, très souvent, de 1908 à... la fin du quotidien, en 44, lors de la sinistre re-Terreur que fut la soi-disant "épuration", en fait une banale prise de contrôle de pans entiers du pays par les communistes, "pions utiles" du Komintern et de Staline; banale mais sanglante... et qui marqua la fin de cette glorieuse page de notre histoire, dont nous pouvons légitimement être fiers et dont nous nous revendiquons - là aussi, fièrement - les héritiers et les continuateurs...

    Bonne lecture, et bonnes découvertes !...

    François Davin,

    Fondateur et Blogmestre de lafautearousseau

  • Livres & Action Française • Antoine Schwérer, de la Royale à l'Action française : l'amiral de la Ligue

     

    Par Journal d'un eurosceptique désabusé

    Un historien nous invite à la rencontre de l'amiral Schwérer, qui devint président de la Ligue d'Action française à l'issue d'une brillante carrière militaire.

    Nos lecteurs se souviennent-ils de l'amiral Schwérer (1862-1936) ? Jean-Noël Grandhomme, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Lorraine-Nancy, vient de lui consacrer un article dans la revue Guerres mondiales et conflits contemporains. Breton d'origine alsacienne, Antoine Schwérer entre à l'École navale en 1878 ; la marine à voile disparaît sous ses yeux : « entre les bâtiments de guerres modernes et ceux sur lesquels j'étais embarqué en 1880 », écrit-il dans ses Souvenirs, « il y a certainement plus de différences qu'entre ces derniers et ceux du temps de Louis XIII, et à cette transformation du matériel a correspondu un changement complet des habitudes, du caractère et de la mentalité du personnel ».

    Avec l'amiral Lacaze

    Jean-Noël Grandhomme retrace un parcours jugé « brillant ». En 1894, par exemple, à bord du croiseur Dubourdieu, il est chargé de dresser une carte générale du magnétisme terrestre. En 1914, alors que la guerre vient d'être déclarée, il négocie les accords franco-britanniques confiant à la Royale la direction des opérations en Méditerranée. L'année suivante, il commande des canonnières sur le front. Puis il devient chef de cabinet de l'amiral Lacaze, ministre de la Marine. Au cours du premier semestre 1917, comme le rapporte Jean-Noël Grandhomme, « la Marine […] joue un rôle important dans les affaires d'Orient et elle contribue au transport en France des contingents russes qui y sont envoyés par le tsar » ; « pourtant, Lacaze est de plus en plus ulcéré par les critiques systématiques de certains députés, notamment socialistes ». Alors que ce dernier donne sa démission, « Schwérer se solidarise évidemment avec lui ». Sa carrière se poursuit néanmoins jusqu'en 1924, où il est placé dans la deuxième section (réserve).

    C'est alors qu'il rejoint l'Action française. Un moment républicain, il n'aura jamais été démocrate, confiera-t-il par la suite. Candidat malheureux aux élections législatives, où triomphe le Cartel des gauches, il se retrouve bientôt « au cœur d'un nouveau combat, contre un adversaire inattendu : l'Église ». En novembre 1926, lors d'un congrès de la Ligue, il explique que « les croyants d'Action française, […] parfaitement soumis à l'autorité religieuse du souverain pontife […], à tous les ordres qu'il leur donnera en ce qui concerne leur religion, prennent leurs directives politiques en dehors du Vatican ». À son décès, en 1936, Mgr Mignen, archevêque de Rennes, lui refuse des obsèques religieuses : « aucune mansuétude n'est de mise pour celui qui a en quelque sorte brandi l'étendard de la révolte anti-papale », souligne Jean-Noël Grandhomme.

    Un travail à poursuivre

    L'amiral Schwérer aura présidé la ligue d'Action française cinq ans durant, après avoir succédé à Bernard de Vesins en 1930. « Maurras sait gré de sa fidélité au compagnon des bons et des mauvais jours », rapporte encore l'historien, qui se montre quant à lui moins élogieux : « son militantisme passionné, qui l'a conduit à se retrouver dans le dernier carré, seul contre tous, ou presque – y compris le clergé et le prétendant – a un côté pathétique, ou chevaleresque, selon le point de vue qu'on adopte », écrit-il notamment. Son article ne nous éclaire guère quant aux ressorts de cet engagement. Il ne révèle rien non plus du caractère de l'amiral Schwérer. De fait, « bien qu'il ait été l'un des acteurs importants de la controverse autour de la Jeune École, un expert reconnu dans l'affaire des poudres de la Marine (à l'origine de près de trois cent cinquante morts dans plusieurs accidents avant-guerre), un "poilu" sur le front de Champagne et le plus proche conseiller d'un grand ministre de la Marine, Schwérer est aujourd'hui presque complètement oublié », constate Jean-Noël Grandhomme. Aurait-il entrepris de réparer une injustice ? 

  • Nouvelle « affaire Maurras » : Pour en finir avec le temps où les Français ne s'aimaient pas ...

    D'illustres admirateurs et quelques grands amis ...

     

    Publié le 23 février 2018 - Réactualisé le 23 mars 2018

    En deux mots.jpgIl y a cent-cinquante ans - un siècle et demi ! - que Maurras est né à Martigues, en Provence [1868] « au bord des eaux de lumière fleuries » [1|

    Il y a plus d'un siècle qu'il a inauguré son royalisme militant en publiant son Enquête sur la monarchie (1900). Et il y a presque 70 ans - une vie d'homme - qu'il est mort à Saint-Symphorien les Tours [1952]. Mais les passions qu'il a si souvent suscitées de son vivant - qu'elles fussent d'admiration ou de détestation, l'une et l'autre souvent extrêmes - ne semblent pas s'être émoussées avec le temps. Prêtes toujours à s'élancer. Comme pour attester une forme paradoxale et performative de présence de sa pensée et de son action.

    On sait que la décision d'exclusion du ministre de la Culture, Mme Nyssen, a fini par susciter une vague d'indignations assez générale qui s'est retournée contre son auteur. Mme Nyssen ne savait pas ou avait oublié que depuis notre Gaule ancestrale ou le lointain Moyen-Âge, énorme et délicat, les Français détestent les interdictions. Et les Hauts Comités les démentis du Pouvoir.

    Mais cette réprobation n'empêche pas à propos de Maurras l'inévitable mention, dogmatiquement prononcée, des « zones d’ombre ». Expression d'une notable imprécision, lourde de mystérieux et inquiétants sous-entendus et le plus souvent inexpliquée ... À propos de Maurras, on réprouve l'interdit - en bref, on veut benoîtement la liberté d'expression - mais on accuse le fond. 

    « Zones d’ombre » est porteur d'opprobre. De quoi s'agit-il ? Qu'a donc fait ce Maurras qu'admiraient Proust, Péguy, Malraux et le général De Gaulle ; qui fut l'ami de Bainville et de Daniel Halévy, de Bernanos et de Joseph Kessel, de Barrès et d'Anatole France, d'Apollinaire et de Thibon, de Gaxotte et de Boutang ? Qui fut académicien français. Que consultait Poincaré au cœur de la Grande Guerre, que citait Pompidou dans une conférence demeurée célèbre à Science-Po Paris. « Zones d'ombre » ? Fût-ce brièvement, il nous faut bien tenter de dire le fond des choses, de quitter l'allusion sans courage et sans nuances.

    Quatre grands reproches sont faits à Maurras : son antirépublicanisme, son nationalisme, son antisémitisme et son soutien à Vichy. 

    LA CONTRE-REVOLUTION

    Le premier - le plus fondamental - est d'avoir été un penseur contre-révolutionnaire ; d’être le maître incontesté de la Contre-Révolution au XXe siècle ; d'avoir combattu la République et la démocratie, du moins sous sa forme révolutionnaire à la française ; enfin d'être royaliste. Options infamantes ? En France, oui. Mais en France seulement. Et pour la doxa dominante. La Révolution ni la République n'aiment qu'on rappelle leurs propres zones d'ombre. Leurs origines sanglantes, la Terreur, la rupture jamais cicatrisée avec notre passé monarchique, avec l'ancienne France, qu'elles ont imposée. « Soleil cou coupé » ... écrira Apollinaire (2). Et, à la suite, à travers de terribles épreuves et quelques drames, toute l'histoire d'un long déclin français, d'un inexorable affaissement de notre civilisation, que Zemmour a qualifié de suicide et dont nous-mêmes, aujourd'hui, vivons encore l'actualité. Faut-il rappeler qu'au début des années soixante (1960), De Gaulle, monarchiste, avait envisagé que le Comte de Paris lui succède ? Que François Mitterrand dans sa jeunesse était monarchiste et que, comme en atteste, plus tard, sa relation constante avec le comte de Paris, il l'était sans-doute resté ? Quant à l'actuel président de le Réplique, on connaît ses déclarations sur le roi qui manque à la France ... Sur sa conviction que les Français n'ont pas voulu la mort de Louis XVI, la mort du roi ... (3) Faut-il reprocher à De Gaulle, Mitterrand ou Macron telle « zone d’ombre » ? Comme à Maurras ? Ce dernier voulut simplement, à la différence de ces derniers grands-hommes, que ce qu'il savait nécessaire pour la France devînt réalité. Il y consacra sa vie et y sacrifia sa liberté. 

    LE NATIONALISME

    Le nationalisme, autre « zone d’ombre » ? Être nationaliste, un motif d'opprobre, de rejet moral ? Non, s'il s'agit d'un nationalisme quelconque à travers le monde. Oui - pour la bien-pensance - s'il s'agit du nationalisme français. Maurras l'avait défini comme « une douloureuse obligation » dont la cause et le contexte sont historiques, bien plus qu’idéologiques : l'humiliante défaite de 1870 et l'affrontement franco-allemand qui ne cessera jamais vraiment entre 1870 et 1945. « Douloureuse obligation » créée aussi par l'absence de roi, laissant la France aux mains, pour ne pas dire à la merci, d'un régime faible divisé et imprévoyant, qui la plaçait en situation d'infériorité face à l'Allemagne impériale. Plus tard, face à l'Allemagne nazie. Au cours de chacune des deux avant-guerres, Maurras avait vécu dans l'angoisse de l'impréparation où nous maintenait l'État républicain, laquelle devait rendre la guerre à la fois inévitable et terriblement meurtrière. Avant 1914, il avait eu la vision tragique de ce qui se préparait : « Au bas mot, en termes concrets, 500 000 jeunes français couchés froids et sanglants sur leur terre mal défendue » (4). On sait ce qu'il en fut, qui fut bien pis. Entre 1935 et 1939, l'on eut la reproduction du même scénario. La trahison de Blum refusant d'armer la France face au nazisme en même temps qu'il menait une politique étrangère belliciste irresponsable, les agissements du Parti Communiste, aux ordres de Moscou, comme Blum l'était de la IIème Internationale, allaient rendre le futur conflit mondial inévitable. « Pourquoi faut-il de tels retours ? « écrira alors Maurras. Dans la douleur, nous dit Boutang. On sait qu'il vécut cette période dans la certitude de la guerre et de la guerre perdue. Le « miracle de la Marne » qui avait sauvé la France en 1914, ne se renouvellerait pas ... Tel fut, au-delà du simple patriotisme, le nationalisme maurrassien. Nationalisme non de conquête ou d'expansion mais de défense d'un pays menacé. Menacé de l'extérieur et de l'intérieur, car le danger allemand n'était pas le seul qui pesât sur la France. Son désarmement mental, social, politique et culturel, ses divisions, étaient à l'œuvre comme elles peuvent l'être encore aujourd'hui pour diverses raisons supplémentaires dont certaines - comme l'invasion migratoire ou le mondialisme - que Maurras n'eut pas à connaître. Elles justifient, elles aussi, la persistance de la « douloureuse obligation » d’un nationalisme français.

    L'ANTISEMITISME

    L'antisémitisme est un autre des grands griefs faits à Maurras. Il n'est pas un thème central dans son œuvre et dans sa pensée - comme il le fut pour Edouard Drumont dont l'influence avait été considérable à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. C'est pourtant à l'antisémitisme que l'on réduit souvent Maurras dans les débats d'aujourd'hui. 

    Une évidence s'impose ici : on ne comprendra rien à l'antisémitisme de Maurras, celui de son temps, très répandu en tous milieux, si, par paresse d'esprit ou inculture, l'on se contente de le considérer et de le juger avec des yeux qui ont vu, des mémoires qui savent, ce que vécurent les Juifs d'Europe entre 1930 et 1945, ce qu'était devenu l'antisémitisme en une époque barbare.  Dans la jeunesse de Charles Maurras et encore longtemps après, l'antisémitisme fut une opposition politique, culturelle et si l'on veut philosophique à l'influence excessive que leur communautarisme natif - singulièrement apte à « coloniser » - conférait aux Juifs de France. À propos de cet antisémitisme politique de Maurras, Éric Zemmour propose une comparaison tirée de l'Histoire : « Son antisémitisme était un antisémitisme d'État, qui reprochait aux Juifs un pouvoir excessif en tant que groupe constitué, à la manière de Richelieu luttant contre « l'État dans l'État » huguenot. » (5) Avant la seconde guerre mondiale, il n'y avait pas là motif à rupture personnelle ou sociale, ni même un motif d'inimitié. Le jeune Maurras est lié à Anatole France. Il fréquente le salon de l'égérie de France, Madame Arman de Cavaillet, née Lippmann ; il est l'ami de Marcel Proust, plus qu'à demi Juif (sa mère est née Weil). Ils resteront amis, quoique Proust ait été dreyfusard, jusqu'à la mort de l'auteur de la Recherche. Proust l'a écrit, aussi bien que son admiration pour Maurras, Bainville et Daudet.  On se souvient que Léon Daudet, disciple de Drumont bien davantage que Maurras ne le sera jamais, fit obtenir à Proust le prix Goncourt pour A l'ombre des jeunes-filles en fleur, en 1919 ... L'un des plus vifs admirateurs de Charles Maurras et son ami jusqu'à sa mort après la Seconde Guerre mondiale (1962, dix ans après Maurras), sera l'un des Juifs les plus éminents du XXe siècle, Daniel Halévy, dont, pour la petite histoire, mais pas tout à fait, la fille épousera Louis Joxe, résistant, ministre du général De Gaulle, et père de Pierre Joxe. De Daniel Halévy, l’auteur d’Essai sur l'accélération de l'Histoire, Jean Guitton écrira : « Il avait un culte pour Charles Maurras qui était pour lui le type de l'athlète portant le poids d'un univers en décadence. » (6)

    L'antisémitisme politique de Maurras, au temps de sa pleine gloire, ne le sépara pas des grandes amitiés que nous avons citées et de l'admiration que lui portèrent, de Malraux à Bernanos, les plus illustres personnalités de son temps. Maurras eut-il le tort de ne pas comprendre que la persécution des Juifs au temps du nazisme rendait toute manifestation d'antisémitisme contestable ou même fautive ? Impardonnable ? On peut le penser, comme Éric Zemmour. C'est ignorer toutefois deux points essentiels : 1. ce que souffrirent les Juifs lors du conflit mondial ne fut vraiment connu dans toute son ampleur qu'après-guerre, 2. Peut-être est-il triste ou cruel de le rappeler mais le sort des Juifs ne fut pas le souci principal ni même accessoire, des alliés pendant la guerre.  Ni Staline, lui-même antisémite, ni Roosevelt, ni Churchill, ni De Gaulle, ne s'en préoccupèrent vraiment et n'engagèrent d'action pour leur venir en aide, nonobstant leurs appels au secours.  Le souci premier de Charles Maurras était la survie de la France et son avenir. S’il s’en prit nommément à des personnalités juives bien déterminées pendant l’Occupation (comme à nombre d'autres), c’est qu’elles lui semblaient conduire des actions selon lui dangereuses et contraires aux intérêts de la France en guerre. 

    L'antisémitisme moderne, sans remonter à ses sources chrétiennes, pourtant réelles, trouve de fait son origine et son fondement dans les Lumières et l'Encyclopédie. L'on aurait bien du mal à exclure de la mémoire nationale toutes les personnalités illustres, françaises et autres, qui l'ont professé. Dont, en effet, Charles Maurras qui louait Voltaire de participer du « génie antisémitique de l’Occident ». Ce génie était de résistance intellectuelle et politique. Il n'était pas exterminateur. L'évidence est que les événements du XXe siècle ont jeté une tache sans-doute indélébile sur toute forme - même fort différente - d'antisémitisme. Cela est-il une raison pour reconnaître aux communautés juives de France ou d'ailleurs plus de droits d’influence qu’au commun des mortels ? Deux des présidents de la Ve république ne l'ont pas cru et ont parfois été taxés d'antisémitisme : le général De Gaulle, après sa conférence de presse de 1965 et ses considérations à propos d'Israël ; mais aussi François Mitterrand refusant obstinément – et en quels termes ! - de céder aux pressions des organisations juives de France, qu’il trouvait tout à fait excessives, pour qu’il présente les excuses de la France à propos de la déportation des Juifs sous l'Occupation (7). Ce que feront ses successeurs …

    LE SOUTIEN A VICHY

    Dernier des grands reproches adressés à Maurras : son soutien à Vichy. Nous n'avons pas l'intention de traiter longuement de ce sujet. Est-il encore pertinent ? Vichy est sans postérité. Il ne laisse ni héritage ni héritiers et n'est qu'un épisode tragique de notre histoire, conséquence incise du plus grand désastre national que la France moderne ait connu et qui aurait pu la tuer.

    Il est absurde de définir Maurras comme « pétainiste ». Il était royaliste et contre-révolutionnaire. Qu'il ait pratiqué l'Union Sacrée en 1914-1918 ne le faisait pas républicain. Pas plus que son soutien au vieux maréchal ne fera de lui un pétainiste. Maurras ne fut pas davantage un « collabo » ; il détestait les Allemands qui le traitèrent en ennemi. Il refusa d’approuver la politique de collaboration. Il fut la cible des plus violentes attaques de la presse collaborationniste de Paris. 

    Entre la politique de Vichy - analogue à celle de la Prusse après Iéna ou de l'Allemagne de Weimar après l'autre guerre (finasser à la manière de Stresemann) <

  • Le ”Charles Maurras” d'Olivier Dard

     PAR OLIVIER DARD.jpg

    Armand Colin, 352 pages, 25 euros.

     

    Charles Maurras représente la figure centrale de l’histoire du nationalisme français.
    Cette biographie permet d’explorer l’histoire du courant réactionnaire (1) à partir de l’affaire Dreyfus dans laquelle Maurras a joué un rôle-clé, et, au-delà de la France, d’éclairer la référence fondamentale qu’il représente pour de nombreux intellectuels et mouvements politiques du premier 20ème siècle dont on ne parle pratiquement jamais.
    Elle explore également la raison pour laquelle Maurras a été une référence fondamentale pour de nombreux intellectuels et partis politiques.

    Olivier Dard est professeur d’histoire contemporaine à l’université Paul Verlaine (Metz), où il a organisé, en 2009, un Colloque Bainville.

    (1) : nous mettons ici, à dessein, le mot "réactionnaire" à la place "d'extrême-droite" car, comme l'a très bien dit Edgar Morin, il n'y a que trois pensée politiques d'envergure : la pensée de Marx, pour la Révolution, celle de Tocqueville pour le courant libéral, celle de Maurras, pour la pensée réactionnaire...

    Présentation de l'éditeur :

    La voilà ! La première biographie historique de l'auteur de L'enquête sur la monarchie, qui exerça une influence si importante aussi bien sur des intellectuels que sur une partie de la jeunesse, mais qui finira condamné pour "intelligence avec l'ennemi". "Historique" en effet, en non pas seulement "littéraire", ou "politique" comme ont pu l'être trop souvent la plupart des textes antérieurs.

    Après avoir évoqué une jeunesse marquée par le deuil et la découverte de la surdité, Olivier Dard nous fait découvrir le jeune poète, le critique littéraire, qui "glisse" en quelque sorte peu à peu vers la politique dans les années 1880-1890. Il rappelle l'influence boulangiste, mais surtout l'appartenance au félibrige, où nait progressivement l'idée du "pays réel", du fédéralisme, avec de véritables hymnes à la Provence, à la Méditerranée et au soleil. L'appel à la monarchie, le retour à l'Eglise, la notion si importante "d'harmonie" (qui ose encore parler "d'harmonie" en politique ?) se dessinent au fil des aventures de presse, de La Cocarde à L'Action Française

    On croise Barrès, Sorel, Bainville, Dimier, Sangnier, Daudet, Pujo, plus tard Gustave Hervé, Maritain, Massis, Boutang enfin, et d'autres, et l'on apprend que le Café de Flore est alors quasiment son quartier général ! Les choses changent...

    Olivier Dard revient longuement sur le rapport entre nationalisme français et religion chez Maurras ("Je suis Romain parce que si mes pères n'avaient pas été Romains comme je le suis, la première invasion barbare, entre le Vème et le Xème siècle, aurait fait aujourd'hui de moi une espèce d'Allemand ou de Norvégien. Je suis Romain, parce que n'était pas ma romanité tutélaire, la seconde invasion barbare, qui eut lieu au XVIème siècle, l'invasion protestante, aurait tiré de moi une espèce de Suisse .... Je suis Romain par tout le positif de mon être ... Je suis Romain, je suis humain : deux propositions identiques").

    Maurras revendique cet héritage provençal, catholique et français, au point de devenir "un adversaire résolu de la modernité". La Première Guerre mondiale le voit développer une conception personnelle de "l'Union sacrée", au titre de la défense de la nation mais sans renoncer au débat d'idées. L'après guerre est marqué par l'amertume, puisque le sacrifice de tous ces morts ne donne pas pour autant une paix véritable et qu'aussitôt recommencent les débats politiques et les joutes intellectuelles.

    Les échecs électoraux et la condamnation par le Saint-Siège (ndlr : il s'agit là d'une erreur de termes manifeste, et il faut parler de sanctions vaticanes, et non de "condamnation"...) en 1924-1926 marquent durablement le mouvement, mais le journal d'Action Française poursuit sa route et Maurras, durant les années 1920-1930 semble marqué par ce paradoxe d'un magistère intellectuel (il entre à l'Académie française) mais d'une impuissance politique.

    La crise de février 1934 est bien sûr analysée par l'auteur, qui remet en question le rôle souvent attribué à l'A.F. dans le journée du 6 février, explique la cassure entre le "vieux maître" et les jeunes militants plus radicaux et la distance prise par le prétendant au trône de France. C'est toute la question de la distorsion, réelle ou ressentie, entre un discours très vif, parfois violent, et la réalité des actions ("inactions" dit Rebatet) conduites.

    L'avant-dernière partie (10, "Le commandeur au crépuscule") est consacrée à l'immédiat avant-deuxième guerre mondiale et à la période de Vichy, au sujet de laquelle Olivier Dard constate, mais discute, l'influence réellement exercée par Maurras, car on ne peut oublier que son nationalisme est resté profondément anti-allemand. Maurras tente alors un délicat exercice d'équilibrisme intellectuel au nom de "La France seule", mais la France est occupée et le monde entier est en guerre...

    C'est la fin. Le procès, au début de l'année 1945 voit s'opposer l'accusation, qui raisonne à partir des conséquences des textes de Maurras, et la défense, qui argumente sur les intentions de ce dernier. Deux approches alors incompatibles. Condamné, il tente de se défendre, d'obtenir la révision de son procès, sa santé se dégrade et il obtient finalement une grâce médicale en 1952, peut de temps avant de mourir.

    La dernière partie, enfin, tente d'évaluer l'influence postérieure de Maurras et de ses écrits, en France comme à l'étranger, et le bilan qu'en dresse Olivier Dard est relativement maigre. 

    Le livre se termine sur quelques 70 pages de sources, références, bibliographie, index : c'est dire la richesse et la densite de cette excellent biographie, qui doit être connue non seulement de tous ceux qui se passionnent pour l'histoire politique des XIXème et XXème siècle, mais aussi de ceux qui s'intéressent au monde de l'écrit, car Maurras fut, peut-être, d'abord une (grande) plume.

  • L'Action Française face à la question sociale. Partie 2 : Maurras contre la société de consommation, par Jean-Philippe C

    Le monde qui voit la naissance de l’Action Française n’est pas encore entré dans l’ère de la Grande consommation mais l’industrialisation du XIXe et, pour notre pays, la Révolution française ont jeté les bases de cette « dissociété » dominée par l’individualisme et la Marchandise… La trinité infernale « Franklin-Taylor-Ford », plus révolutionnaire que Marx ou Lénine, entame un règne qui, en cette année 2020, n’est toujours pas terminé...

    jean philippe chauvin.jpgLa naissance et l’affirmation de la société de consommation aggravent encore les conséquences de l’individualisme et désarme les oppositions collectives en transformant les producteurs en esclaves des consommateurs et, plus encore, du système même qui les aliène à la consommation après les avoir exploité comme producteurs : c’est toute l’intelligence (et le cynisme) de Ford qui a compris que désormais, après des millénaires durant laquelle la société s’est organisée autour du système « Produire pour consommer », celle qui naissait de l’industrialisation triomphante selon les critères de Benjamin Franklin (« le temps c’est de l’argent ») s’appuyait sur le système du « Consommer pour produire », plaçant désormais le consommateur en position dominante par rapport au producteur, même quand il est une seule et même personne… Ce n’est pas la consommation elle-même que l’Action française condamne mais la société libérale marchande qui en fait un système exclusif et qui en oublie, ou en invisibilise, les asservissements qu’elle induit pour ne vanter que les aspects les plus tentateurs et « plaisants », transformant la personne en un consommateur captif des désirs suscités par la mode et la publicité, et tenu par le crédit (c’est-à-dire la dette) qui lui garantit un seul pouvoir, indexé sur l’argent, le « pouvoir d’achat »… Maurras en a la prescience quand il écrit à l’aube du XXe siècle : « Aux heures de paix et d’entente, il (ndlr : l’ouvrier, le producteur) donne du travail et reçoit de l’argent, heureux si on ne lui demande pas de la reconnaissance et du dévouement pour la bonté qu’on a eue de l’admettre au bénéfice de ce marché. Tout est combiné pour lui inspirer le sentiment de sa dépendance. Alors que tant de choses dépendent de lui, alors que tout s’arrêterait s’il pouvait entraîner ses pareils à se croiser les bras avec lui, la vie sociale fonctionne comme s’il ne servait de rien, comme si sa puissance spécifique était nulle, comme si son sacrifice ne pesait rien ! » Nié dans sa condition de producteur utile, il n’est plus considéré que comme consommateur potentiel, réduit à une forme d’aliénation, de « servitude volontaire » à la société de consommation qui le « distrait » de toute envie de se révolter : la société de consommation est une société « distractionnaire », selon la formule bien inspirée de Philippe Muray. Désormais, même les loisirs sont marchandisés, standardisés, encadrés, pour le plus grand bénéfice d’une société de consommation qui, du coup, par la néophilie permanente, suscite plus l’envie que la révolte ! Et le producteur rêve, comme les autres, à son pouvoir d’achat plus qu’à la révolution (ou à la contre-révolution)… Comme l’écrit Maurras dans L’avenir de l’intelligence (à l’aube du XXe siècle) : « Les besoins satisfaits établissent des habitudes et engendrent d’autres besoins. Besoins nouveaux de plus en plus coûteux, habitudes de plus en plus recherchées, et qui finissent par établir des barrages dont l’importance augmente. » Voici là le mécanisme sans fin de la société de consommation décrypté cinquante ans avant même qu’elle n’advienne et s’impose, et qui imagine les fractures sociales futures, plus difficiles à dépasser car leur principe-moteur même est épargné par ceux qui rêvent d’accéder au plus haut de la société des consommateurs ! Le piège…

    S’il rejette le libéralisme et ce que l’on nommera dans les années 1960 cette fameuse société de consommation et des loisirs, Maurras et à sa suite l’Action française ne tombent pas pour autant dans l’étatisme ou le « socialisme », comme l’explique Thierry Maulnier : « Ce que Maurras rejette dans le socialisme, ce n’est pas le socialisme lui-même, si l’on entend par socialisme l’anti-individualisme, la subordination du caprice individuel à l’harmonie des rapports sociaux, et l’exigence d’une société où tous les hommes, toutes les classes trouveraient leurs droits légitimes reconnus et leur dignité respectée. Ce que Maurras rejette dans le socialisme, ce n’est même pas le mot de socialisme : il nous parle quelque part de la part de socialisme que doit comporter la monarchie ; et il écrit : « Cela dit, il n’en reste pas moins que les affinités de certaine organisation socialiste qu’il vaut mieux ne pas appeler socialiste, de certain protectionnisme social (protection du producteur associé à la protection du produit), font le complément naturel et logique du nationalisme. Il y a opposition, contradiction à angle droit entre le marxisme, égalitaire, international, et la protection de la nation et de la patrie. » Pour l’Action française, il n’y a pas de social qui tienne sans la nation, première protection sociale par excellence : si la nation va bien, toute la société française s’en portera mieux, pour autant que l’État en soit le serviteur et non celui des grandes féodalités financières, industrielles ou politiciennes ; si la nation va mal, ou est asservie, les travailleurs français, ceux de la terre comme de l’usine, ceux des bureaux comme du commerce, risquent bien d’en souffrir, sauf exceptions de ceux qui sont prêts à se vendre, par individualisme et déni d’appartenance à la communauté nationale… C’est l’erreur, la faute même, des socialistes internationalistes de négliger la nation et de penser que l’on peut faire du social en oubliant « le plus vaste des cercles communautaires qui soient, au temporel, solides et complets. Brisez-le, et vous dénudez l’individu, il perdra toute sa défense, tous ses appuis, tous ses concours ». C’est une condamnation sans appel d’une globalisation (nommée aujourd’hui mondialisation) qui veut réaliser le vieux rêve d’un monde sans classes ni États, c’est-à-dire d’un monde dans lequel la gouvernance mondiale, celle des grandes institutions financières et des firmes transnationales « sans patrie », s’affranchirait des contraintes étatiques et des devoirs sociaux pour ne plus considérer que des consommateurs interchangeables et seulement mus par des considérations digestives ou ludiques, et dans lequel seuls compteraient les intérêts individualistes des actionnaires ou des grandes sociétés, à la recherche des meilleurs « avantages comparatifs » dans la nouvelle division internationale du travail… Un monde de la démesure et de l’injustice sociale, en somme…

     

     

     

     

    (à suivre)

  • Le Cahier de l'Herne sur Charles Maurras...

    maurras l'herne 2011.jpg


    Cahier Maurras, dirigé par Stéphane Giocanti et Axel Tissrand
    Coll. Cahiers - 392 pages - 39 €

     

    RAPPEL : Mardi 18 Octobre, sur Radio CourtoisieLes Mardis de la mémoire seront consacrés au Cahier de L’Herne Charles Maurras, avec Stéphane Giocanti et Axel Tisserand. 

                De 10h45 à 11h45 : fréquence 95,6 FM.

    http://www.radiocourtoisie.net/tempo/

            Les années récentes ont vu plusieurs publications importantes concernant Charles Maurras, qu’il s’agisse de sa correspondance avec l’abbé Penon, ou d’une biographie chez Flammarion.
    Il manquait à cette redécouverte un ouvrage à la fois généraliste et introductif, qui permette au lecteur d’avoir un accès représentatif du corpus maurrassien et des problématiques qui se rattachent à cette figure.

            Ce Cahier de L’Herne se veut d’abord pluridisciplinaire, reflétant ainsi la diversité des aspects de la vie et de l’œuvre de Maurras : sont réunies des contributions de spécialistes de la philosophie, de l’histoire et de la littérature. Il s’agit avant tout de faire ressortir les principales articulations de la pensée et de la ‘carrière’ de Maurras. Ces contributions apportent des regards souvent neufs, des synthèses sur des points essentiels, qu’il s’agisse de l’idée de la décentralisation ou du platonisme de Maurras, sans ignorer les thèmes qui ont placé le chef de l’Action française au purgatoire. L’une des contributions les plus originales est celle de Nicole Maurras qui, pour la première fois, fait le point sur la vie amoureuse – si longtemps ignorée – de son oncle par alliance : article documenté s’appuyant notamment sur des lettres inédites.

            Les directeurs du Cahier ont choisi de laisser une entière liberté aux contributeurs, quitte à ce que les regards portés sur Maurras divergent, se contredisent, reflétant ainsi les débats et controverses autour de cet auteur complexe et contrasté.

            Parallèlement à ces explorations plurielles, ce Cahier comprend des textes anthologiques. Sont réunis d’une part quelques-unes des pages majeures de Maurras, celles qui, d’un point de vue historique et littéraire, relèvent de ce que l’on peut appeler un ‘canon’. D’autre part, ont été retenus des textes consacrés à Maurras, certains introuvables, ou difficiles d’accès. Enfin, des extraits de sa correspondance et des lettres inédites de Maurras sont ici publiés.


            En outre, ce Cahier comprend un cahier iconographique riche en photographies et documents inédits.

  • Grandes ”Une” de L'Action française : Jacques Bainville élu à l'Académie française...

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

     

    lfar espace.jpg

     

    (quatre photos, tirées de notre Album Maîtres et témoins... (II) : Jacques Bainville)

     

    1. Remise de l'épée d'académicien...

    1A.jpg

     

    En novembre 1935, Bainville reçoit son épée d’académicien des mains de François Léger, alors secrétaire général des étudiants d’AF, en présence du maire de Vincenne, M. Bonvoisin.
    Elle a été fabriquée, comme celle de Maurras, par Mellerio dits Meller, le plus ancien joaillier du monde.
    C'est Maxime Réal del Sarte qui l'a conçue, comme celle de Maurras.
    Réal del Sarte était le descendant d'Andrea del Sarto, qui fit partie de la cohorte d’artistes italiens appelés par François premier pour illustrer les Arts, sous toutes leurs formes, dans le Royaume.
    Il était sculpteur, fidèle en cela à la vocation artistique de sa lignée : c'est lui qui fonda les Camelots du Roi, dont il devint le chef.
    Il a réalisé la garde des épées d’académicien de Maurras et de Bainville :
    Un des thèmes favoris de l'auteur est la Minerve ailée comme une victoire : Minerve est appuyée sur une lance symbolique dont le fer est formé d'une fleur de lys en brillants.
    La sérénité l'habite, malgré les assauts de deux chimères symbolisant les ennemis de la vérité, de l'ordre, de la sagesse.
    Sur la coquille, posées sur deux plumes enlacées, se détachent les initiales de l'auteur.
    Sur la lame, figure l'inscription "offert par les étudiants français le 7 novembre 1935".

     

    2. Réception sous la Coupole, et éloge de son prédécesseur, Raymond Poincaré

    1A.jpg

     

    C'est le 7 novembre 1935 que Bainville est reçu parmi ses pairs : il n'a plus que trois mois et deux jours à vivre....

    Conformément à l'usage, il prononce l'éloge de son prédécesseur, Raymond Poincaré, cet ancien président de la République qui avait publiquement rendu hommage à l'Action française pour son attitude "d'union sacrée" durant la Guerre de 14.
    Et, bien que se sachant condamné à très court terme par le cancer qui ne lui laissait aucun espoir, c'est sur un splendide et - en l'occurrence - très émouvant acte de foi, en même temps qu'hymne à la vie, que se termine ce Discours.

    En voici les deux derniers paragraphes :

    "...Messieurs, j'évoque ceux des vôtres qui ont formé comme la garde du sentiment national et de l'idée de patrie. Que de manquants ! Autour de Raymond Poincaré se rangeaient Joffre, Foch, Lyautey. Autour de lui se rangeaient encore Albert de Mun, Barrès, Clémenceau, Jules Cambon. Patriae labentis prasidium et decus ("Protection et gloire de la patrie qui s'effondre", ndlr). Il semble que Rome, qui a tout dit, l'ait dit pour eux.
    Nous n'aurons ni l'amertume du poète grec ni le pessimisme, même salubre, de la devise latine. Ce qui a été conservé et sauvé ne l'a pas été en vain. Il est des oeuvres et des pensées qui se prolongent au-delà de la tombe. Il est toujours des mains pour recueillir et transmettre le flambeau. Et pour les renaissances, il est encore de la foi."

     

    3. Joseph de Pesquidoux, successeur de Jacques Bainville

    1A.jpg

     Buste de Joseph de Pesquidoux, par Anne Kirkpatrick.



    Élu à l'Académie le 28 mars 1935, et reçu le 7 novembre de la même année, Jacques Bainville n'aura donc même pas été membre pendant un an de l'illustre société, et n'y aura même pas siégé pendant trois mois...
    Lorsque son ami "de six grands lustres de collaboration incessante", Charles Maurras, fut élu a son tour à l'Académie, le 9 juin 1938 (il n'y sera reçu que le 8 juin 1939 !...) cela faisait donc déjà plus de deux ans que Bainville avait disparu :
    "...Au bon temps, nous nous voyions tous les jours..." écrit Maurras dans la préface qu'il donne au livre posthume de Bainville, Lectures; mais il ne leur aura pas été donné de se retrouver, aussi, à l'Académie...

    C'est Joseph de Pesquidoux qui fut élu, le 2 juillet 1936 (donc, très peu de temps après sa mort), au fauteuil de Jacques Bainville, le fauteuil 34.
    Reçu le 27 mars 1937, il prononça son éloge, dont voici deux extraits :

    1. "...Jacques Bainville est dès lors en possession de ses puissances intellectuelles. Sans rien abandonner de la tâche quotidienne, il va se mettre à son oeuvre historique. Comme Michelet il fera son Histoire et son Histoire le fera, c'est-à-dire qu'en la creusant dans le sens d'explication et d'enseignement politique où il l'envisage, il s'enrichit incessamment des perspectives qu'elle lui ouvre. Elle est toute dirigée vers l'avenir, toute tendue vers la sécurité et la grandeur de la patrie.
    Plus tôt qu'un autre sans doute il a vu venir la Grande Guerre. Il l'a connue, vécue, il en a été le chroniqueur frémissant de chaque jour, et il a recherché dans les causes les plus lointaines d'où pouvait bien sortir ce choc formidable destiné à nous écraser, en achevant 1870.
    Face à face notre peuple et l'allemand; le Rhin entre nous, le fleuve rapide aux eaux vertes, que les uns ont l'éternelle tentation de franchir, les autres l'éternel souci de surveiller pour en empêcher le passage. C'est notre histoire et la leur depuis nos commencements, depuis que le destin nous a mis en conflit. L'antagonisme a été souvent sanglant. Bainville en souligne les épisodes. L'empire au début était beaucoup plus puissant que le royaume. Il se promettait de le prendre en tutelle. La bataille de Bouvines gagnée par Philippe Auguste brisa cette prétention. C'est pourquoi elle est appelée nationale. Cependant on s'était avisé chez nous des faiblesses de l'Empire allemand : élection du souverain, rivalité des princes électeurs, opposition des intérêts et des peuples. On tira aussitôt parti de ces défauts organiques. On noua des alliances avec le pape, on intrigua avec les princes, soit pour l'élection de l'empereur, soit dans les débats contre lui, on s'immisça par l'or et le fer dans la constitution germanique. Longtemps nous l'avons emporté : tant que la France a eu affaire avec l'Allemagne divisée et morcelée, maintenue telle par l'intervention séculaire de nos armes ou de notre diplomatie. Comme Philippe le Bel répondait seulement aux explications de Guillaume de Nassau prétendant s'affranchir de l'élection, et à son ultimatum : "trop allemand", Henri II professait plus tard : "Qu'il fallait tenir les affaires d'Allemagne en la plus grande difficulté qui se pourrait." La formule a servi de règne en règne. Exploitée par l'inébranlable Richelieu et le fertile Mazarin, elle fut consacrée au traité de Westphalie. On y maintint, dit Bainville, "le morcellement de l'empire, l'élection du souverain, on y ajouta la garantie des vainqueurs".
    Nous connûmes une ère prolongée de sécurité et une hégémonie : la nôtre. Au point de vue de la puissance, de la renommée, des moeurs, des arts, de la pensée. Le soleil de la France ne se coucha point avec le grand roi. Il continua de rayonner sur l'Europe. Et, chose inattendue, l'Allemagne se complut à ces rayons. Elle s'affina selon nos goûts et nos usages. On ne parlait pas de culture germanique alors.... Leibniz écrivait en français, Maurice de Saxe s'offrait à servir sous nos drapeaux... Mais, lorsque Frédéric le Grand eut commencé à forger la couronne de l'Allemagne future, et que, comme pour l'asseoir, sous la poussée des Encyclopédistes, l'intervention préservatrice fit place au principe suivant lequel toute race, considérée comme semblable aux autres, à l'instar des individus, a un droit absolu à son unité et à son accroissement quelques risques qu'elle puisse faire courir, toutes données ont été renversées, et la politique des nationalités dans laquelle nous nous sommes si imprudemment jetés, s'est révélée pour nous duperie humanitaire à fin d'invasion... Si nous en avons magnifiquement rappelé, de 1914 à 1918, grâce au génie de nos chefs et à la vaillance entêtée de nos soldats, alors que, du maréchal de France au dernier poilu ( gardons le mot héroïque et hirsute), ils servaient, en l'encadrant, de moniteurs au monde, nous sommes restés impuissants ou aveugles devant le principe lui-même : l'Allemagne vaincue a conservé et fortifié sa dangereuse unité...
    C'est la grave leçon donnée par Bainville dans son "Histoire de deux peuples".

    2. "...Bainville a mis en lumière la conception qui a guidé la maison de France dans son cheminement parmi les nations. Il la résume dans l'idée du pré carré, dans l'idée de l'unité et de la discipline nationale, et dans celle de l'hérédité.
    Le pré carré implique la notion d'un cadre en-deçà duquel il ne sera ni assez vaste, ni assez clos et défendu, et au-delà duquel il excédera l'étendue utile et deviendra vulnérable. C'est le concept de nos frontières naturelles : deux montagnes, les deux mers et le Rhin : longue lutte de la monarchie contre la féodalité et contre l'étranger, en vue de la possession de ce territoire intérieur, indispensable à la fois pour atteindre et défendre ces frontières. Nos rois en ont gardé la réputation de rassembleurs de terre. Commines appelait l'un deux : "l'universelle aragne", perpétuellement occupé à tisser en l'étendant sa toile, ou à la rapiécer. A la mort de Louis XI, la Picardie, la Bourgogne, la Provence, le Roussillon, le Maine et l'Anjou étaient incorporés à la trame. D'autres furent aussi des aragnes. Tâche obstinément mais prudemment poursuivie. "Raison garder", disaient-ils. Quand ils l'oubliaient, par l'apanage ou la guerre de magnificence, ce n'étaient que revers. Les frontières, les bornes naturelles les ramenaient aux projets viables. Ils devaient rester des réalistes, soumis à la politique inscrite sur le sol lui-même..."

     

    4. Partir trop tôt...

    1A.jpg

    Partir trop tôt...

    Daudet est né le 16 novembre 1867;

    Maurras, le 20 avril 1868;

    Bainville le 9 février 1879.

    lfar maurras daudet bainville.jpg


    Le plus jeune des trois amis partit le premier :

    Jacques Bainville décéda le 9 février 1936, à 57 ans;

    Léon Daudet - le plus âgé d'un an, si on le compare à Maurras - le suivit six ans plus tard, en pleine guerre, le 1er juillet 1942, à presque 75 ans;

    Charles Maurras vécut encore dix ans, et mourut le 16 Novembre 1952, à 84 ans et demi...

     

    lfar espace.jpg

     

    Pour lire le compte-rendu...

    Cliquez sur le lien qui suit ces quelques explications; vous tomberez sur la Une du vendredi 29 mars 1935. En bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à doite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite... :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k765922g

    LFAR FLEURS.jpg

  • Sur le site officiel de l'Action française, troublantes analogies, l’éditorial de François Marcilhac.

    TROUBLANTES ANALOGIES

    Les crises ont ceci d’opportun, pour les gouvernements en place, qu’elles permettent d’en appeler à l’unité nationale, voire à l’union sacrée, pour mieux faire oublier les politiques de division qu’ils n’ont cessé de pratiquer. François Hollande, après la lutte qu’il mena contre les fondements de la société avec le «  mariage pour tous  » et la répression impitoyable de ses opposants, n’hésita pas à en appeler à l’unité nationale face au terrorisme, instrumentalisant la nécessaire cohésion nationale face au crime pour mieux avaliser son refus de désigner l’ennemi, affaiblissant, du même coup, la défense de la nation, qui continue de réchauffer en son sein le serpent du terrorisme islamiste — et non de ce «  terrorisme » hors sol dont il inventa alors le concept.

    Aujourd’hui, face à l’épidémie de Covid-19, il n’est pas un représentant du pays légal, du chef de l’État au moindre secrétaire d’État en passant par les représentants des partis d’opposition et tout ce que les médias comptent de serviteurs zélés du pouvoir — les voix de leurs maîtres —, pour ne pas fustiger toute critique qui briserait le nécessaire consensus face à l’ennemi commun, alors que l’exécutif n’a cessé, depuis juin 2017, d’opposer les Français les uns aux autres et de saborder la cohésion sociale, n’hésitant pas à employer des méthodes d’une brutalité extrême contre les libertés publiques.

    Nous sommes d’autant plus à l’aise sur la question que l’Action française, tout au long de son histoire, a toujours appelé à l’union sacrée face au danger de mort pour la patrie. Dans le cas présent, très particulier, d’une épidémie nouvelle —  cette nouveauté ajoutant à l’inquiétude légitime qu’elle suscite —, nous avons aussitôt appelé au respect des consignes gouvernementales, notamment en matière de confinement et de «  gestes barrières  » ou de « distanciation sociale  », démarches dont le jargon technocratique des intitulés ne doit pas dissimuler l’efficacité, du moins dans la situation où nous sommes. 

    «  Dans la situation où nous sommes  » — ou encore : «  toutes choses étant égales par ailleurs  » : c’est là que se joue, précisément, notre refus, que nous avons également annoncé aussitôt, d’un confinement physique s’accompagnant d’un confinement intellectuel, moral et politique, celui qui, aux yeux du gouvernement et de ses acolytes médiatiques, est certainement le plus important. Car nous exigeons d’ores et déjà que des comptes soient rendus aux Français.

    Vous avez dit «  guerre  » ?

    Nous n’avons pas été de ceux qui dénient à Emmanuel Macron le droit de recourir au mot de «  guerre  »  : ceux qui le font ont surtout témoigné d’un formalisme un peu niais, ce vieux mot francique ayant toujours été employé à divers degrés, dans différents contextes. D’autant que la comparaison pourrait se retourner contre son auteur… Car nous sommes aussi de ceux qui demandent à ce qu’on use sérieusement des mots, même et surtout au sens métaphorique. Il ne faudrait pas, en effet, que le mot de «  guerre  » soit employé à géométrie variable  ! Il ne faudrait pas qu’il le soit pour justifier le tri des malades, comme on recourt au tri des blessés, face au manque de moyens à l’arrière d’un champ de bataille, c’est-à-dire pour justifier a priori l’incurie gouvernementale et la désorganisation délibérée de notre système de santé pour des motifs de rationalité financière. Il ne faudrait pas que le mot de «  guerre  » soit employé pour dénier aux Français le droit de poser les bonnes questions, comme l’état-major et le pouvoir politique le font, à juste titre du reste, lorsqu’une armée fait face à l’ennemi, afin de ne pas affaiblir le moral des troupes — cela peut aller jusqu’à la censure. Il ne faudrait pas que le mot de «  guerre  » soit employé pour restreindre nos libertés fondamentales sur le long terme — le comte de Paris s’en est inquiété récemment dans un communiqué sévère pour le gouvernement [1] —, comme cela se pratique lorsque la priorité est à la défense nationale, voire, une première — l’histoire retiendra que c’est sous Macron —, les libertés religieuses, notre République laïciste privant désormais les mourants de la possibilité de recevoir le secours de la religion : nous relayons en cela la protestation du vicaire général du diocèse de Paris [2] . Non, tout cela ne doit pas être rendu possible et, qu’en même temps, ce gouvernement continue de brader notre économie nationale et de jouer le jeu de la gouvernance internationale.

    Le Gamelin de l’économie française

    Car la guerre, si guerre il y a, implique des moyens exceptionnels, également en matière de liberté économique et financière. Le Gouvernement, pour rassurer ces gogos, voire ces «  goujats  » de Français que nous sommes [3], évoque ainsi de possibles nationalisations, auxquelles il ne procédera jamais, mais il botte en touche lorsqu’il s’agit d’assurer réellement la souveraineté économique de la France dans des domaines stratégiques, notamment sanitaires. Quid de l’avenir de Famar, la seule usine française à produire de la chloroquine, actuellement en redressement judiciaire ? Bruno Le Maire a encore botté en touche, ce lundi matin, sur BFMTV  : prépare-t-il déjà son rachat par les Américains, comme ce fut le cas de Latécoère, fleuron stratégique français  ? Alors que le gouvernement n’a que la souveraineté économique française à la bouche, jamais un exécutif n’a organisé la vente à la découpe de notre industrie comme celui-ci. Et Macron n’a pas attendu d’être à l’Élysée pour commencer, vendant Alstom énergie aux Américains sous Hollande ! Même silence radio sur la privatisation d’Aéroports de Paris, à laquelle nos fondés de pouvoir de la finance internationale n’ont que provisoirement renoncé, pour des raisons d’opportunité boursière. Pourquoi, alors que le Parlement a adopté des lois d’exception en matière politique, aucune loi d’exception n’a été adoptée en matière de dividendes   ? Toujours ce lundi matin sur BFMTV, Bruno Le Maire s’est contenté de demander aux entreprises de se montrer «  exemplaires  » ? «  J’invite […] toutes les entreprises qui ont accès aujourd’hui au chômage partiel, c’est-à-dire qui ont leurs salariés payés par l’Etat, à faire preuve de la plus grande modération en matière de versement de dividendes. J’irai plus loin : soyez exemplaires. Si vous utilisez le chômage partiel, ne versez pas de dividendes » On ne demande pas aux Français de faire preuve de «  modération  » et de se montrer «  exemplaires  » en matière de confinement : on le leur impose et on sanctionne tout manque de «  modération  ». Mais on sait depuis bientôt trois ans que Bruno Le Maire, avant d’être ministre de l’économie et des finances, est surtout le ministre des coups de menton. La ficelle est désormais un peu grosse. «  J’irai plus loin  »  :  Le Maire est le Gamelin de l’économie française.

    Le syndrome de 1940

    Gamelin… Qui dit «  guerre  » dit aussi exemples historiques. Or les analogies sont accablantes  : c’est au syndrome de 1940 que nous assistons depuis le début de cette crise sanitaire. Comme en 1940, on engage une guerre avec un manque criant d’armements, en l’occurrence de tests, de masques et de lits de réanimation — Macron commettant même le crime d’envoyer en Chine des tonnes de matériels alors qu’il savait fort bien que nous n’en avions déjà pas assez pour nous. La Chine, elle, et personne ne saurait le lui reprocher, a attendu de maîtriser la situation chez elle, avant de recourir à la diplomatie des masques. Mais il fallait à Superman montrer qu’il était à la hauteur de son titre de sauveur du monde que lui avait délivré l’ONU en 2018 ! Comme en 1940, toujours par idéologie, on subit les conséquences des demi-mesures qu’on a prises : en contradiction avec sa doctrine défensive, la IIIe République n’achève pas la ligne Maginot, ce qui permet à Hitler de passer par les Ardennes ; Macron, lui, commence par ne pas fermer les frontières, tout en les fermant sans les fermer…  avant que ses voisins ne le rappellent à la réalité. Comme en 1940 aussi, on compte plus sur autrui pour se tirer d’affaire que sur soi : ce n’est plus le Royaume-Uni, dont la défection fut à l’époque quasi-totale, c’est aujourd’hui l’Europe, notamment l’Allemagne dont la solidarité devait assurer le salut de tous et qui, pour toute réponse, a été la première à fermer les frontières et refuse aujourd’hui toute solidarité notamment financière. Macron, il est vrai disciple revendiqué de Julien Benda, en est encore aux illusions multilatérales qui furent celles de la SDN. Face à l’ennemi, ses armes sont les vœux pieux, les illusions idéologiques et la naïveté dans une Europe qui n’existe pas. Que n’a-t-il déclaré, dès février, le Covid-19 illégal comme Aristide Briand l’avait fait de la guerre en 1928 ! Jusqu’au matin du 3 septembre 1939, la IIIe République s’est ainsi crue immunisée contre tout risque d’invasion. 

    Enfin, qui dit guerre dit aussi responsabilités, trahison, voire haute trahison. Cette dernière ne fait plus partie de notre code pénal, elle ne peut même plus être imputée au chef de l’Etat depuis février 2007 ; mais les responsabilités ? On sait que les responsables de la défaite de juin 1940 ne furent pas punis ; à la libération, certains d’entre eux, toute honte bue, demandèrent même des comptes. Il est vrai que De Gaulle avait décidé, très tôt, pour des raisons d’opportunité politique, de remettre en selle les hommes (et leurs partis) dont l’incurie, sur tous les plans, avaient préparé la défaite. Mal lui en prit : dès 1946, les hommes du passé renvoyèrent pour douze ans l’homme de l’histoire à Colombey. Ne nous faisons aucune illusion : l’annonce d’une commission d’enquête par le groupe LR du Sénat n’est faite que pour «  enterrer  », comme disait Clemenceau, la recherche des responsabilités. Une incurie se prépare sur de longues années : dès le milieu des années 30, quand il fut flagrant que la France désarmait, alors que l’Allemagne réarmait, Maurras enjoignait, sans illusion, la République de faire preuve de prévoyance au moins une fois dans son histoire. Et on sait qu’il approuvait aussi, à l’époque, les efforts de De Gaulle pour repenser la stratégie. Ce fut naturellement en vain. Il en est de même face au Covid-19   : c’est au moins depuis Sarkozy (UMP = LR), puis sous Hollande (PS), que s’est pensée et poursuivie l’incurie sanitaire actuelle (LREM). Le pays légal ne peut que se serrer les coudes  : tous coupables, donc tous innocents  ! Car il est une constante : si la République gouverne mal, faute de rien prévoir, elle sait en revanche très bien se défendre. Faire semblant de chercher les responsables est encore le meilleur moyen de n’en pas trouver. Et donc de s’innocenter avec le régime. Comme pour le sang contaminé, vous verrez, ce sera la faute à pas de chance  !

    François Marcilhac

    [1] https://comtedeparis.com/confinement-journal-de-bord-semaine-3/

    [2]https://www.lefigaro.fr/vox/religion/mgr-benoist-de-sinety-les-aumoniers-doivent-pouvoir-se-rendre-au-chevet-des-malades-20200329?fbclid=IwAR14Afq-piJ76siULPv5NT8DK513PyB0zDypoKqhtSAwccw6sN2Lo3kKUjA

    [3] Nous récidivons dans l’emploi de ce terme, signifiant «  gens de peu  », tiré la semaine dernière de La Fontaine, d’autant plus volontiers qu’un des sens originels est valet d’armée… En ce contexte guerrier, il s’impose…, du point de vue du pays légal, du moins.

  • Action française Montpellier : histoire du blason de Montpellier.

    En 1204, l'évêque Ricuin place la ville de Montpellier sous la protection de la Vierge.
    Le blason de Montpellier, représente la Vierge assise sur un trône gothique tenant l'enfant Jésus, avec les initiales A et M (Ave Maria).

    Les consuls de la ville se réunissaient dans l'église Notre-Dame-des-Tables et avaient choisi la Vierge comme emblème sur leurs armoiries.
    En bas on retrouve l'écusson de la dynastie des Guilhem, un fond blanc accompagné d'un rond rouge.
    Aujourd'hui encore la Ville de Montpellier, les clubs sportifs, conservent le bleu mariale sur leur emblème. L'héritage est toujours présent.
    Connaître son passé, pour comprendre notre présent !

    4.jpg

     

    5.jpg

     

    6.jpg

     

    7.jpg

     

    8.jpg

  • UN COLLOQUE D’ACTION FRANÇAISE EN PROVENCE

    Il n’était pas si simple et pas tellement évident de tenir, dans la campagne aixoise, en pleine nature, un colloque d’Action française national * sur un thème plutôt inactuel, la journée – sans lendemain - du 6 février 1934 (80 ans, déjà !), et d'étudier, en corolaire (?), les moyens de la prise de pouvoir par l’Action française d’aujourd’hui ; autre thème inactuel non pas parce que trop vieux mais parce que, au mieux, à l’évidence largement prématuré … Qui plus est, le 6 février 1934 est le contre-exemple de ce projet. 

    Pourtant, le colloque national organisé par le CRAF ** n’a pas été sans intérêt. Le superbe cadre, d’abord : une immense bâtisse, aux intérieurs un rien suranné, construite sur un terrain boisé de toute beauté et, face à la grande maison, face à soi lorsqu’on en sort, l’aqueduc de Roquefavour ; l’atmosphère amicale, jeune, sympathique ; une centaine de participants dont les deux-tiers de jeunes ; l’accueil agréable ; la qualité des interventions ; l’ensemble a fait que ce colloque national a, semble-t-il, atteint ses objectifs.

    Aqueduc_de_Roquefavour.jpg

    Après un sympathique buffet et avant un repas militant qui devait clôturer la journée, le colloque proprement dit, s’est ouvert par un rappel historique de ce qu’ont été les évènements de janvier et février 1934, par Michel Franceschetti, responsable du CRAF-Provence. Suivit un exposé - préparé par Jeremy le Belge (un jeune provençal) - sur la théorie du coup d’Etat chez Malaparte. Philippe Lallemand a donné, ensuite, une remarquable réflexion d’ensemble sur les moyens du rétablissement de la monarchie en France : selon Charles Maurras (vers 1900), Pierre Debray (entre 1960 et 1980) et le sociologue Michel Michel (autour des années 1980). Antoine de Crémiers, pour conclure ce cycle « stratégique » devait montrer brillamment comment la postmodernité nous a conduits dans un contexte radicalement nouveau, celui d’une société sans qualité ni tradition ; dont nous ne pouvons pas souhaiter la survie. Le colloque s’est conclu par une excellente intervention de Philippe Mesnard sur nos moyens de communication et de contacts avec le Pays Réel, notamment au moyen d’Internet.    

    Ajoutons que cette journée de réflexion politique devait être suivie, le lendemain, d’une visite chez Charles Maurras, à Martigues, au Chemin de Paradis et nous aurons dit l’essentiel sur ce colloque national d’Action française.

    Outre les intervenants déjà cités, tous Provençaux à l’exception de Philippe Mesnard, relevons la participation de Jean Gugliotta, président de la Fédération Royaliste Provençale, Gérard Pol et François Davin, animateur de lafautearousseau. 

     

    * Samedi 8 et dimanche 9 février

    ** Centre Royaliste d’Action Française

     

  • Action Française • Thierry Maulnier, ce lys sauvage et solitaire

     

    Par Jean-Philippe Chauvin 

     

    arton8470-7b8cd.jpgLe royalisme français est d’une grande richesse intellectuelle, et se plonger dans ses archives politiques permet de le découvrir ou de le redécouvrir : La Tour du Pin, Bernanos, Maurras, mais aussi tant d’autres, sans oublier les princes eux-mêmes… Pourtant, cette richesse est largement sous-évaluée, y compris par les royalistes qui ont souvent tendance à se contenter de quelques textes « classiques » et ne font pas toujours l’effort de renseigner ou de valoriser (y compris en le « dépassant » ou en le critiquant si besoin est) leur propre héritage. Dans l’optique de faire connaître quelques pépites du royalisme français, j’ai, il y a quelques années, fait une sélection de textes courts (articles ou extraits de livres, entretiens, débats, etc.) dont certains sont en instance de publication ou seront prochainement mis en forme et diffusés par le Groupe d’Action Royaliste (G.A.R.), parfois sous forme de vidéos. Ainsi, quelques écrits de Thierry Maulnier, monarchiste un peu solitaire après la seconde guerre mondiale et qui poursuivra, après celle-ci, une œuvre originale, autant théâtrale que politique, méritent d’être réédités, et j’ai rédigé une courte présentation destinée à ouvrir les brochures de textes de celui-ci, présentation que voici ci-dessous. 

    Thierry Maulnier, ce lys sauvage et solitaire… 

    Dans les années trente, malgré la condamnation vaticane et la concurrence de nombreuses ligues nationalistes, l’Action française continue de susciter de nouvelles vocations monarchistes et d’attirer à elle de jeunes intelligences : parmi elles, le nom de Thierry Maulnier va vite prendre un éclat particulier, jusqu’à apparaître comme le disciple préféré et le successeur de Charles Maurras. 

    Né au journalisme politique en février 1930 lorsqu’il rédige avec quelques amis un numéro de L’Etudiant français (périodique des jeunes royalistes d’AF), Thierry Maulnier devient, quelques mois après, rédacteur à  La Revue universelle de Jacques Bainville mais aussi au quotidien L’Action française

    Il participe aussi, dans cette décennie 1930-1940 si mouvementée et périlleuse (mais aussi passionnée et intensément politique), à de nombreuses revues, parfois éphémères, comme La Revue française ou Combat, et précise ses colères et sa pensée dans plusieurs ouvrages comme « Demain la France » (après le 6 février 1934) ou « Au-delà du nationalisme ». 

    Maurras s’inquiétera parfois des audaces (ou des emportements) théoriques de Maulnier, mais il n’y aura pas de rupture entre les deux hommes, Maulnier étant même souvent considéré comme le « fils spirituel de Maurras ». 

    Après la Seconde guerre mondiale, Maulnier poursuivra une carrière journalistique, théâtrale et littéraire et, même s’il se tient désormais éloigné du mouvement d’Action française, il ne reniera jamais sa jeunesse royaliste ni les écrits de sa période maurrassienne. Ainsi, à la fin des années 80, quelques mois avant sa mort, il écrit une lettre à Arnould de Liedekerke où il rappelle quelques traits de la Monarchie française qui lui semblent plaider en faveur de ce régime… 

    Après sa mort survenue en janvier 1988, Thierry Maulnier est redécouvert par les jeunes royalistes qui se remettent alors à lire ses principaux textes des années trente, les plus productifs sur le plan théorique et politique, et y découvrent quelques « trésors » qui méritent, aujourd’hui encore, l’attention de qui pense politique… 

    Ainsi, le texte qui suit* est une véritable synthèse des raisons d’être de la Monarchie dans notre pays : si les « totalitarismes abrupts » que furent le nazisme et le communisme, après avoir commis les dégâts qu’annonce et craint Maulnier dans cet écrit de 1935, ont heureusement disparu, d’autres dangers persistent et menacent, comme l’islamisme extrémiste, tandis que nos démocraties contemporaines développent, elles, une forme de « globalitarisme » qui, au nom de la mondialisation, étouffe peu à peu les nations historiques et les libertés, autant individuelles que publiques. La réponse que Maulnier apporte aux enjeux de son temps, ressemblants à défaut d’être identiques à ceux d’aujourd’hui, n’est pas seulement valable et crédible, elle est, encore et toujours, nécessaire : pour éviter « les pires toujours possibles », la Monarchie « à la française » est ce régime qui concilie, comme le démontre Maulnier, les libertés concrètes et l’ordre vivant…  

    * « Miracle de la Monarchie », publié en 1935.

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin 


    maulnier.png

    Ci-dessus, le très beau message - et très politique - adressé par Thierry Maulnier aux royalistes rassemblés à l'abbaye de Montmajour en juin 1971 [repris du Manifeste royaliste publié en 1972]. Thierry Maulnier fut, en 1971, président du Comité d'Honneur du rassemblement royaliste de Montmajour.   

  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (75)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

    lfar espace.jpg

     

    Aujourd'hui : Éloge de Charles Maurras, par le duc de Lévis-Mirepoix, son successeur à l'Académie...

    "Il connut sans fléchir les pires vicissitudes et la plus cruelle de toutes. Un nom vient naturellement à mes lèvres. Il eût à subir, comme Socrate, la colère de la cité." Comment mieux dire, plus habilement et plus élégamment, que, comme Socrate, Maurras était - évidemment... - innocent du crime que lui reprochait les tenants de la sinistre et vulgaire "re-Terreur" (le mot est de Léon Daudet, parlant de la Commune) que fut l'Épuration terroriste, qui dénatura et souilla la libération du territoire...

    1A.jpg

    Le 18 mars 1954, Réception du duc Antoine de Lévis Mirepoix

    M. le duc de Lévis Mirepoix, ayant été élu par l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Charles Maurras, y est venu prendre séance le jeudi 18 mars 1854, et a prononcé le discours suivant :

     

    Messieurs,

    Quand je songe à toutes les gloires dont l’Académie française reste dépositaire, à la mission qu’elle a reçue et qu’elle n’a cessé de remplir, en maintenant, à travers les orages de trois siècles, et dans l’infinie variété des pensées, des œuvres et des actions, l’harmonieuse unité du langage et de l’âme, je sens bien que, pour élever la voix sous cette coupole, il me faut demander aux vivants et aux morts une sorte de grâce d’état.

    Cependant, nier tout motif de vous appartenir, ne serait-ce pas manquer de respect à votre sagesse et mal vous remercier du grand honneur que vous m’accordez ? Oubliant que je fus téméraire, je me réfugie, si je puis dire, dans cette fierté que seul peut me donner votre choix.

    Mais, comment en demeurer là ?

    Ce jour est d’action pour votre élu. Il a un devoir à remplir, une mémoire à faire revivre : celle d’un écrivain aussi célèbre par la maîtrise de son verbe que par les tempêtes de sa vie publique.

    Comment capter quelques reflets d’un si grand art ?

    Comment évoquer sans trouble cette carrière pathétique ?

    Qu’attendez-vous de moi ? Sinon qu’ayant vécu, par tradition et par goût, loin des partis, et tant soit peu pratiqué cette sorte d’histoire qui, sans s’arrêter à ce qui divise, poursuit sa marche vers ce qui rassemble, j’aborde ma haute et redoutable tâche sans forfanterie et dans la sérénité.

    La sérénité, Messieurs, c’en doit être ici le temple !

    Ses murs abritent, comme un feu sacré, la continuité de la civilisation française. Le seuil en est ouvert à toutes les idées, mais elles ne doivent le franchir que sous une tunique de lin.

    Si Charles Maurras n’avait tenu dans sa main une plume d’or, ce n’est point le seul polémiste que vous eussiez choisi, mais il était un haut écrivain et c’est celui-là que vous avez appelé à siéger parmi vous.

    Vous savez quel était, de son côté, son éloignement des honneurs. Le seul auquel il se soit attaché fut celui d’être des vôtres. Il a aimé l’Académie française, non seulement dans son origine, mais dans le prestige continu de sa mission.

    Cependant, en dehors des ouvrages de jeunesse qui se relient aux autres par une logique intérieure, presque tous ses livres ont un objet politique. On ne soulignera jamais assez que la matière en est principalement fournie par les articles donnés aux revues et à la presse quotidienne. La plus grande part de son œuvre et de son temps relève du journalisme.

    De tout son cœur, il a soutenu cette branche de nos lettres dont l’importance n’a cessé de s’accroître au XIXème et au XXème siècle. Et il compte parmi ceux qui ont prouvé et continuent d’affirmer ici qu’un tel genre littéraire, grandi dans les tourmentes politiques, a de quoi s’égaler aux talents les plus affirmés.

    De telle sorte que cet implacable adversaire de la Révolution française lui doit, au moins, une chose issue d’elle : sa profession !

    Il n’a donc pas construit son système dans la retraite, à la manière de Descartes ou de Spinoza, mais il l’a martelé sur l’enclume de la discussion.

    Ainsi jetées dans la mêlée, tantôt en ordre dispersé, tantôt resserrées en des formules rapides, qui n’ont leur plein sens que par les développements qu’elles rappellent, ses idées n’en forment pas moins un corps de doctrine tel qu’on ne peut ni l’adopter, ni le combattre sans s’imposer — comme l’a dit, au milieu de vous, M. Jules Romains — l’ascétisme de pensée qui a veillé à sa construction.

    Et pourtant, au point de départ, se sont affrontés beaucoup de possibles et beaucoup de contraires.

    « Pourquoi fais-tu cela ou ne le fais-tu pas ? »

    Question que s’est posée, à vingt ans, le jeune Maurras qui ajoute : « Cela n’aurait pas fait difficulté pour nos parents. Leur vie se tenait ordonnée et claire. »

    La lutte dans laquelle il va s’acharner contre les autres, il la livre d’abord à lui-même, étouffant ces effluves de romantisme qui baignent sa génération inquiète — et cela, grâce à l’autorité de son horizon natal, étendu à l’Hellade, et à la clarté de ses premières années.

    Notre histoire littéraire offre peu de contrastes aussi saisissants que l’enfance de Charles Maurras et celle de Chateaubriand. C’est la clé de leur opposition d’esprit.

    Votre pensée m’a déjà précédé, Messieurs, dans cette sombre galerie de Combourg, où M. de Chateaubriand, le père, devant la muette contemplation de sa femme et de ses enfants, faisait retentir ses pas. La crainte révérencielle, une interprétation tragique de la vie, favorisée par le poids des murailles, les hallucinations de la forêt, la houle impitoyable de l’Océan. Voilà les inspirations de René !

    Puis, écoutons Charles Maurras :

    « S’il m’était offert, écrit-il, de revivre l’une de mes heures passées, je n’hésiterais pas à choisir ma petite enfance. Un mot dira tout, mes yeux s’ouvrent et le monde visible verse, en se révélant, je ne sais quelle fête de surprise enchantée... Mon père me prenait par la main : — Allons, viens, disait-il, nous sommes des hommes ! ... — ... Il me faisait sauter et rire. Tels ont été mes premiers pas dans les jardins et dans les vergers de Martigues, grâce, à l’humeur ingénieuse et gaie que me montrait mon père.

    « De condition modeste et de profession sédentaire, il formait un type accompli de petit fonctionnaire, très appliqué à des devoirs que l’amour du bien public ennoblit, mais non moins passionné pour les livres, les arts et tous les autres délassements de l’esprit. »

    Charles devait le perdre dès sa sixième année.

    Il demeurait sous l’égide de sa mère, elle aussi, délicate et tendre, mais dont la volonté se faisait sentir davantage ne fût-ce que par l’obligation d’accoutumer ses fils à la modeste économie du foyer où elle maintenait, grâce à de sages efforts, une atmosphère d’indépendance.

    Avec un accent aussi direct, aussi personnel que celui de père et mère, la Provence agissait sur sa très vive sensibilité.

    C’est Martigues, au bord de l’étang de Berre, avec ses collines nues, ses champs de pierres plantés d’oliviers, auxquels s’adresse cette invocation :

    « Petit arbre nerveux et pâle, vous n’interrompez d’aucun dissentiment la courbe déliée des collines de nos pays. Non, vous faites corps avec elles. Sans vous presser l’un l’autre, sensibles rameaux, vous aimez vous toucher en rendant un son qui ressemble aux discours de la mer.

    « Le paysage, dit-il ailleurs, a des formes calmes, précises, pourtant passionnées. Nos bâtiments couleur d’or roux, aiment à montrer leur dédain du soleil et du vent. Beaucoup s’opposent, seuls et nus sur une éminence, au ciel dur ; les autres se contentent de l’ombre aérienne, spirituelle, abstraite de l’unique cyprès, planté sur le flanc de la maison et qui, bien orienté, dessine l’aiguille du cadran solaire. »

    On peut déjà reconnaître chez Maurras, dans la contemplation de ce décor, son penchant pour les idées claires, les situations nettes et même tranchées. Il y trouve aussi son goût de la règle et de la cadence :

    « Jamais les défilés de la nuit et du jour ne me sont apparus dans un ordre si beau. »

    Après avoir montré que, devant la petite maison parfaitement orientée, le soleil, dans son majestueux arc de cercle, donne une idée des règles du monde, Maurras salue la nuit méditerranéenne :

    « Ainsi, sous la tenture de cet air sombre, la campagne se soulevait avec moi : je la sentais monter comme si elle n’eût rien été que la suite de mon regard... Cette large nuit de printemps dut remuer quelques-unes des semences de poésie dont rien ne m’a plus délivré, probablement versa-t-elle un peu de raison... Le soleil est là-haut que nous ne créons pas, ni ses sœurs les étoiles. C’est à nous de régler au céleste cadran, comme au pas de nos idées-mères, la démarche de notre cœur et de notre corps ! Nous ne possédons qu’à la condition d’acquérir la notion de nos dépendances pour conserver un sens de la disproportion des distances de l’univers.

    « Si, en présence de ce vaste éloignement, il nous était permis de nous contenter de nous-mêmes, ne serions-nous pas nos premières dupes ? Rien ne contente et ne rassasie que le ciel ! »

    C’est dans ces dispositions, éminemment favorables, que ce fils de la petite cité gréco-romaine est allé recevoir au collège d’Aix, selon les bonnes règles, le bienfait des humanités. Il a parlé en connaisseur de ses excellents maîtres, au premier rang desquels il n’a cessé de vénérer le grand humaniste chrétien que fut Mgr Penon.

    Nous avons eu sous les yeux, remis par ce prélat à l’un de ses derniers élèves, l’archiprêtre Léon Côte, un cahier d’une juvénile écriture, qui ne laisse point prévoir les mystérieux hiéroglyphes des manuscrits fameux, et qui, pourtant, est signé Charles Maurras, à l’âge de seize ans.

    Rencontré au hasard, voici le commentaire d’une fable de La Fontaine : Le chat, la belette et le petit lapin. Et le jeune élève d’écrire : « La question sociale, l’origine de la propriété, tels sont les graves problèmes soulevés dans cette fable. Et l’on traite le genre de frivolités ! »

    Voilà quelles étaient déjà ses préoccupations.

    La surdité complète dont il fut atteint, avant même cette époque, lui fit traverser une double détresse. Il se sentit comme séparé de son corps, et la vocation de la mer, dont il avait rêvé, lui fut à jamais interdite.

    Ce sera vraiment la poésie, la musique intérieure, qui lui apportera son plein réconfort. Il a dit :

    « J’ai gardé la poésie comme une prière qui empêche mon âme de se dessécher. »

    Mais, bientôt, un autre choc se produisit, et celui-là dans son âme. Il perdait la foi de son premier âge. La privation du secours spirituel, assez fièrement cachée, ne cessera, dès lors, de le hanter silencieusement.

    Nous le retrouvons à Paris où il aborde, par le journal, l’activité, qu’il ne quittera plus jamais. Lui-même a évoqué le tourbillon d’anarchie intellectuelle où sa génération s’agitait et dans lequel il se précipita.

    Alors, il sent que va lui échapper cette concentration d’esprit — le seul bien qui lui reste — et qu’il tient de ses humanités et de ses contemplations méditerranéennes. Il n’admet pas sa défaite. Il a besoin d’attaquer quelque chose ou quelqu’un. Découvrant que le romantisme a failli l’entraîner, c’est à lui qu’il s’en prend. Il le charge de tous ses maux. Et cette bataille littéraire sera le prologue de sa politique.

    Le voilà aux prises avec le fantôme de Chateaubriand !

    Il l’accuse d’avoir renversé toutes les positions intellectuelles des lettres françaises. Et, pour mieux l’atteindre, il drape ses invectives dans une magnificence digne des périodes de l’autre :

    « Race de naufrageurs et de faiseurs d’épaves, oiseau rapace et solitaire, amateur de charniers, Chateaubriand n’a jamais cherché, dans la mort et dans le passé, le transmissible, le fécond, le traditionnel, l’éternel ; mais le passé comme passé et la mort comme mort furent ses uniques plaisirs. À la cour, dans les camps, dans les charges publiques comme dans ses livres, il est lui, et il n’est que lui, ermite de Combourg, solitaire de la Floride. Il se soumettait l’univers. »

    Il y a dans cette éloquence furieuse, le tracé, en lettres de feu, d’une attitude que Chateaubriand ne se fût peut-être pas déplu à reconnaître. Mais il aurait pu justement se plaindre qu’on eût oublié quelques services éclatants, rendus au gouvernement de la Restauration et aussi l’hommage porté dans l’exil au vieux Charles X et au petit duc de Bordeaux.

    Laissons un instant, face à face, ces deux illustres tenants de la monarchie. Et demandons-nous, par rapport à elle, ce qui les rapproche et ce qui les oppose.

    Et d’abord, on ne saurait voir en eux des serviteurs faciles, mais ils n’ont jamais accepté d’un autre régime aucune compromission, toujours prompts à offrir leur vie à leur cause et à lui sacrifier les honneurs et les biens. Chacun d’eux est mort pauvre et solitaire, fier, ombrageux et fidèle.

    Seulement le gentilhomme breton a monté, près de la monarchie, une sorte de garde funèbre, tandis que le petit bourgeois de Provence en a ranimé la flamme dans l’histoire.

    Venons au grand débat qui opposait le vivant au mort : le Romantisme !

    Maurras n’attaque pas la sensibilité, le mal du siècle, à la manière de ces gens qui, n’ayant jamais péché, ignorent la faiblesse humaine, ou de ces bien portants qui, jetant un regard froid sur les malades, se bornent à leur dire : « Portez-vous mieux ! »

    Il a participé à leur inquiétude. Sur son front a passé le vent de leur détresse. Il ne propose pas à la littérature de s’enfermer, du jour au lendemain, ni jamais, dans le genre didactique.

    Ce qui l’irrite, c’est le renversement des normes, c’est le caprice individuel érigé en principe, la sensation faite règle. C’est cette hypocrisie qui transforme l’humeur en loi.

    Il ne s’est jamais refusé ni à comprendre la volupté, ni à regarder vers les pentes où glisse l’humaine nature. Il demande seulement que l’intelligence mesure les passions et que le dernier mot lui reste.

    Avec quelle sollicitude le voit-on se pencher sur Les amants de Venise. Sans doute va-t-il condamner l’amour romantique, l’amour prétendu de droit divin. Mais quelle tendre condamnation ! Quel beau roman compréhensif, avec tant de sympathie pour Alfred de Musset, dont le bien dire — plus classique que romantique — et la naïveté généreuse ont ému, sous toutes les réserves que l’on voudra, le cœur de Maurras.

    Même, à ses yeux, « n’avoir pas déliré avec le poète des Nuits n’est pas très bon signe ».

    Ce qui est grave, pour l’auteur des Amants de Venise et de l’Avenir de l’Intelligence, ce n’est pas un délire momentané. Les classiques n’ont point supprimé la sensation, mais ils l’ont maintenue sous le gouvernement de l’intelligence.

    Avec les romantiques, cette royauté est renversée, comme l’autre. Il suffit de sentir et il n’est plus nécessaire d’expliquer ni de comprendre.

    Maurras considère que les tendances du romantisme se sont singulièrement aggravées sous l’influence des philosophes et des poètes allemands — Goethe excepté, auquel il attribue une mystérieuse origine provençale — et il ne cessera de cribler le germanisme de ses flèches et de le repousser comme incompatible avec la tradition du génie français.

    Le per