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  • Les perles de Marie-Georges (1/2)...

              Le 17 mai, la numéro un du PCF, Marie-George Buffet est dans la rue à Paris pour manifester contre la réforme des retraites et la remise en cause des 35 heures.

              Expliquant pourquoi elle manifeste, elle déclare au micro du journaliste qui l'interroge que la réduction du temps de travail est "une avancée de la civilisation" !...

              Rien que ça ! Alors qu'on connaît le désastre économique qu'elles ont engendré ! Le seul fait qu'absolument personne, dans le monde, ne nous ait suivi sur cette voie montre bien l'erreur dans laquelle persiste Madame Buffet.

              On sait que les communistes sont coutumiers du fait: tout le monde se souvient de l'extra-ordinaire "Le bilan des pays de l'Est est globalement positif" de Georges Marchais, lancé à l'époque ou feue l'URSS sévissait et asservissait encore, et peu de temps avant sa disparition... Dans un autre domaine, la phrase de Marie-Georges est du même tonneau.

              Il y a bien un prix de l'humour politique, pourquoi ne créerait-on pas un prix "Il vaut mieux entendre ça que d'être sourd !" ? Une avancée de la civilisation ! Voilà une déclaration qui, certes, tiendrait la corde pour la médaille d'or...

  • Les perles de Marie-Georges... (2/2).

             Toujours très en forme, et très en verve ce 17 mai, Mme Buffet a jugé "scandaleux" que les heures supplémentaires puissent être un moyen de garantir le pouvoir d'achat.

              "Les travailleurs ont droit à des salaires dignes", a-t-elle déclaré.

              Là aussi, il est tout à fait clair qu'il vaut mieux entendre "çà" que d'être sourd ! Tout le monde est bien sûr d'accord pour que les travailleurs aient "des salaires dignes". Mais justement, on sait bien que PCF et CGT (alliés en ceci aux trotskistes et autres gauchos-immigrationnistes) mènent une politique résolue de régularisation des hors-la-loi: le "sans-papiérisme"...

              La conséquence pratique de cette politique folle est l'installation d'une sorte de classe ouvrière-bis, constituée de pauvres venus d'Afrique ou d'Asie, et acceptant de travailler dans des conditions moins bonnes, et pour des salaires inférieurs à ce qu'ils trouvent en arrivant sur place. Sous-payés, donc, et exerçant une constante pression à la baisse sur les salaires, l'arrivée de ces malheureux s'oppose frontalement à ce que les travailleurs obtiennent "des salaires dignes".

              Et qui, bien loin d'annoncer une amélioration radieuse des conditions de vie et d'activité des "travailleurs", enclenche une logique anti-sociale, plus propre à déboucher -à terme...- sur un retour aux pires pratiques du XIXème siècle...

              Et c'est l'extrême-gauche qui favorise et organise l'installation de cette véritable chair à profit pour des patrons véreux, dont la collusion objective avec l'extrême-gauche n'est pas l'un des moindres paradoxes de l'affaire !...

  • Sciences-po censure Yves-Marie Adeline...

              On a pu lire ceci, qui se passe bien évidemment de commentaires (les faits parlant d'eux-mêmes...) sur le blog d'Yves-Marie Adeline, le 6 mars dernier (http://www.alliance-royale.com)

              "Il m’est arrivé une histoire bien déplaisante. Le cycle ibéro-américain de Sciences-po Paris, basé à Poitiers, m’avait proposé une conférence de méthode pour la période de mars à juin. En apprenant cela, quelques étudiants sud-américains d’extrême-gauche ont exigé que le contrat soit rompu. La Direction s’est inclinée, au motif que je me présente aux élections comme royaliste !

               Il est vrai, messieurs les censeurs totalitaires, que je préférerai toujours Juan Carlos à Chavez. Ce qui m’inquiète le plus est de constater qu’en France des espaces comme celui-là se soient fermés à la liberté. Que faire ?"...

  • Une grande exposition sur Marie-Antoinette, au Grand-Palais...

              De la jeune écervelée qualifiée par son frère de "tête à vent" à l'héroïne tragique montant sur l'échafaud, l'histoire de Marie-Antoinette, reine de France, est racontée par une grande exposition historique et artistique à Paris (15 mars-30 juin). qui rassemble quelque 300 oeuvres...

              Des plus somptueuses comme les objets d'art et les meubles dont elle agrémentait son quotidien aux plus émouvantes, comme sa dernière lettre, le dernier portrait que David fit d'elle en route pour l'échafaud ou les exercices d'écriture du Dauphin dans sa prison.

              Une seule exposition sur la reine guillotinée pendant la Révolution avait auparavant été organisée en France, en 1995.

              L'exposition entend, "sans prendre parti, raconter l'histoire d'une vie", indique à l'AFP Xavier Salmon, l'un de ses commissaires, celle d'un "petit produit de cour qui va aspirer à plus de liberté, avant d'être brisé par le destin".

              C'est surtout "une exposition artistique" sur le goût d'une reine qui vit à un moment "où l'art français est à son sommet", ajoute Pierre Arrizoli-Clementel, co-commissaire de l'événement...

  • Sur le Blog La Couronne : Portrait du prince Gaston de France par la princesse Marie

     le prince Gaston de France

     

    La princesse Marie de France, fille aînée de Monseigneur le Comte de Paris et épouse du prince Gundakar de Liechtenstein, a réalisé le portrait du prince Gaston, fils du duc et de la duchesse de Vendôme. Ce dessin à la sanguine a été réalisé en septembre 2012. La sœur aînée du duc de Vendôme s’adonne au dessin et à la peinture depuis une douzaine d’années à l’instar de son père le comte de Paris et de bien d’autres membres de la Famile Royale de France. La princesse signe ses œuvres ML pour Marie de Liechtenstein.  (Copyright photo : NR)

  • Avril 2011 : Au sujet de Bernard Maris et de propos pas très révolutionnairement corrects ...

    playlist-1876627-bernard-maris_620x349.jpgVoici ce que nous écrivions - que nous exhumons de nos archives - le lundi 4 avril 2011, à propos de Bernard Maris et des propos pas très révolutionnairement corrects, qu'il avait tenus deux jours plus tôt sur France Inter. Sans-doute, l'optimisme aidant, l'avions nous classé un peu vite parmi les Gallo, Finkielkraut et Zemmour, comme apporteur de pierre au processus de dé-révolution... Cependant, volens nolens, ces propos qui défloraient largement l'aura révolutionnaire, il les avait tenus et il n'était pas inutile de les relever. Aujourd'hui qu'il est disparu - dans les conditions que l'on sait - l'on peut s'interroger à son propos : était-il un véritable économiste, cette spécialité dont il n'avait de cesse, sans doute à juste titre, de contester qu'elle fût une science exacte ? En tout cas, il avait de commun avec nous de critiquer le règne de l'Argent, du consumérisme, du court-termisme ... Etait-il vraiment Charlie ? C'est un autre sujet.  Lafautearousseau      

     

    Il y a eu tout récemment ce bel éloge de Bainville prononcé par Philippe Meyer, le 7 mars, sur France culture, qui faisait suite aux deux interventions d'Edgar Morin, sur France inter, d'abord, puis sur Bibliothèque Médicis.  

    Cette fois, c'est Bernard Maris, marqué à gauche comme chacun sait, qui apporte sa contribution de taille, et de poids, à ce processus indispensable de dé-révolution que nous avons maintes fois évoqué. 

    Outre qu'il est souvent brillant, Bernard Maris a une qualité rare à France-Inter : l'honnêteté intellectuelle. Ce samedi 2 avril, à 7h20, dans le 7/9, il a avoué avoir en quelque sorte découvert la lune. De quoi s'agit-il ?... 

    Notre économiste, actuellement en colloque à Moscou, avec des collègues allemands et russes, a en effet appris de ces derniers - tous très au fait des événements véritablement importants qui ont jalonné la Révolution française - a appris, donc, et il l'avoue humblement à l'antenne, que 1789 avait bien été une révolution bourgeoise et libérale et pas du tout une révolution populaire.  

    La preuve, dit-il : le Décret d'Allarde (2 et 17 mars 1791) qui aura pour conséquence l'interdiction du droit de grève et l'interdiction pour les travailleurs de s'associer sous forme mutualiste; puis la fameuse loi Le Chapelier (14 juin 1791) qui abolit les corporations et interdit toute forme d'association ouvrière*.  

    Donc, même si Maris ne l'a pas dit, si Grands Ancêtres il y a, ce sont ceux des deux-cents familles et du CAC 40 réunis. Ce qu'il a bel et bien dit, par contre, c'est que si nos syndicats actuels font pâle figure à côté de ceux des pays du Nord, dans la mesure où ils privilégient toujours l'affrontement, c'est à la Révolution qu'on le doit. 

    Et, cerise sur le gâteau, notre universitaire et journaliste fortement marqué à gauche, termine en torpillant les fameuses avancées sociales de 1945 : la République française n'a fait qu'imiter, en moins bien, ce que la monarchie allemande lui avait légué avec l'Alsace-Lorraine après 1918.  

    Nous l'avons dit plusieurs fois : qu'elle vienne d'écrivains (Gallo), de philosophes (Finkielkraut, Morin), de journalistes (Zemmour), de tant d'autres..., cette incessante remise en cause de la pensée établie - que nous avons appelée processus de dé révolution... - est, selon nous, indispensable si l'on veut qu'un jour, le Prince soit appelé aux affaires. Pour que cela se produise, il ne suffira pas, en effet, d'avoir un Prince à proposer à l'opinion, ni même que se présentent des conditions favorables. Il faudra également que les esprits de nos concitoyens, et en tous cas ceux des élites, aient été au préalable libérés de l'amas de nuées, de désinformations ou de mensonges dont des décennies de propagande officielle les ont encombrés. Et c'est seulement si, en plus des deux premières, cette troisième condition est remplie, nous semble-t-il, qu'un appel au Prince, considéré comme un recours, pourra être envisagé, en cas de crise majeure, par ceux qui comptent et qui sont actuellement aux commandes, sans risquer d'être immédiatement rejeté par des esprits trop prévenus contre la Royauté, aussi bien dans l'opinion que chez ceux qui la guident. 

    Voilà pourquoi nous suivons avec intérêt toutes les déclarations allant dans le sens de cette dé-révolution que nous voyons à l'œuvre, chez nous; même si elle n'est pas aussi rapide, aussi spectaculaire qu'en Russie, par exemple. Elle est réelle, elle est évidente, il suffit de savoir lire, entendre, écouter pour en avoir, maintenant, plusieurs exemples, et de taille, chaque mois. Et cela ne pourra pas éternellement rester sans conséquences, ni sur l'évolution des mentalités, ni sur l'évolution du cours des choses.... 

    En tant que remise en cause des certitudes de la pensée officielle, ce processus de dé révolution dans les esprits est un préalable indispensable à ce qui pourra être, un jour, la remise en ordre que nous appelons de nos vœux.  

    * Texte complet de la très courte Loi Le Chapelier du 14 juin 1791 interdisant les associations d'ouvriers pour la défense de leurs "prétendus intérêts communs" ainsi que l'article 7 du décret d'Allarde.

  • Mémoire de la reine Marie-Antoinette, à Paris

    Intervention du président du Cercle de l’Œillet Blanc, au cours de la messe célébrée en mémoire de la reine Marie-Antoinette, le 15 octobre 2015 à Saint-Germain l’Auxerrois, suivie de la reproduction de la dernière lettre de Marie-Antoinette. 

     

    Monseigneur, Madame, Mesdames et Messieurs,

    Chaque 21 janvier, le Cercle de l’Œillet Blanc organise ici même une messe « à la mémoire de Louis XVI, Roi-martyr, de la famille royale, et de toutes les victimes de la Révolution française ». Cette mention incluant clairement la reine Marie-Antoinette, exécutée le 16 octobre 1793, alors que la Terreur ravageait la France.

    Toutefois, cette année, le Cercle a souhaité rendre un hommage personnalisé à Marie-Antoinette, dont la mémoire a – une fois de plus - été tournée en dérision par une œuvre controversée, exposée dans les jardins de Versailles.

    La liberté d’expression et de création ne sert pas que dans un sens. Si elle autorise la raillerie, la caricature, jusqu’à l’excès, jusqu’à l’opprobre, elle doit permettre le respect, la louange, l’hommage. Et nous ne devons pas nous en priver.

    C’est donc par réaction que le Cercle a pris cette initiative, étant entendu qu’il entend renouveler chaque année cette commémoration. Car elle est nécessaire à nos mémoires, nos mémoires de monarchistes, certes, mais avant cela nos mémoires de Français.

    La dernière reine de France, par son destin si singulier, a inspiré bien des œuvres littéraires – au-delà des biographies de rigueur - et beaucoup des films connus. Dans toutes ces œuvres, elle y est dépeinte avec compassion et sympathie. Des romans d’Alexandre Dumas au film de Sofia Copola, de Michèle Morgan et Annie Ducaux à Kristen Dunst, la représentation de la Reine est toujours empreinte d’honnêteté, de pudeur, d’élégance ; on la voit accomplir parfaitement son rôle de reine, son rôle d’épouse, son rôle de mère.

    Souvenez-vous de la première série télévisée historique de la télévision française, Le chevalier de Maison-Rouge (d’après Dumas), qui a permis aux Français de redécouvrir son destin tragiqueet ses souffrances.

    Souvenez-vous que deux cents ans après sa mort, le spectacle de Robert Hossein, Je m’appelais Marie-Antoinette, eut pour double objectif de faire découvrir la vraie Marie-Antoinette (que les manuels scolaires de la République avaient largement caricaturée ou occultée), et de proposer aux spectateurs de voter, à la fin du spectacle, pour l’acquittement, l’exil, la prison ou la mort. L’acquittement ou l’exil l’emportèrent aisément, à chaque représentation.   

    De Secrets d’histoire à la comédie musicale de Didier Barbelivien dont les représentations débuteront à l'automne 2016, et qui a pour titre Marie-Antoinette et le Chevalier de Maison-Rouge, l’on peut être certain que notre reine passionne les Français. Or, c’est une passion empreinte de malaise, car subsiste dans la mémoire collective le souvenir de cette incarcération douloureuse, de cette séparation tragique d’avec les siens, de ce procès qui fait honte à ses juges, de cette condamnation inique, de ce supplice qui fait honte à ses bourreaux. 

    Les Français – et les étrangers – continuent à la découvrir, avec, par exemple, l’exposition qui lui a été consacrée, au Grand Palais, en 2008 ; elle contribua, parmi tant d’autres témoignages contemporains, à réhabiliter une reine cultivée et sensible, collectionneuse, et dont la contribution aux Arts décoratifs français pendant son règne fut très importante. Ne dit-on pas qu’en fait de « style Louis XVI » on devrait davantage parler de « style Marie-Antoinette » ?

    La réouverture, à Versailles, du Domaine de la Reine, également en 2008, comme les actuels travaux du Hameau de la reine, entamés l’année dernière, comme l’actuelle exposition, toujours au Grand Palais, consacrée aux œuvres de Madame Vigée-Lebrun, sont autant d’événements lumineux qui nous attirent vers le souvenir de la dernière reine de France.

    Etre reine à cette époque-là n’était pas facile, l’on était toujours sur un sol glissant, fissuré, branlant, jusqu’à se dérober sous ses pieds. Pourtant, elle fut pleinement reine, mais aussi pleinement épouse, mais aussi pleinement mère. Une mère qui connaît la douleur de perdre son quatrième enfant – songez au tableau de Madame Vigée-Lebrun, qui montre un berceau vide – puis celle de perdre son fils de sept ans, le Dauphin Louis-Joseph. On a oublié que ce second terrible événement intervint au début des États généraux, ceux-là même qui furent fatals à l’Ancien Régime. L’historien Jean-Christian Petitfils a souligné l’état psychologique d’un père et d’une mère éplorés, et qui doivent pourtant, au même moment, accomplir leur devoir de roi et de reine.

    Nous parlons d’une épouse et d’une mère ; car c’est bien d’une famille dont il s’agit. Une famille unie, une famille chrétienne, une famille exemplaire, dans la fortune comme dans les épreuves. Et l’on ne peut parler de famille royale sans évoquer le souvenir – sans doute pas assez consistant dans notre mémoire collective – de la sœur du Roi, Madame Élisabeth. Fidèle parmi les fidèles à sa famille, martyr comme son frère et sa belle-sœur, puisque suppliciée le 10 mai 1794, vingt ans jour pour jour après l’avènement de son frère. Et si nous nous revoyions le 10 mai 2016 ?

    Reine, épouse, mère… et amie. Marie-Antoinette inspire l’amitié de la Princesse de Lamballe, l’amie qui partit à l’étranger en 1791, pour revenir « auprès de la reine » en 1792 et y trouver la mort et les outrages.

    Songeons à la prison du Temple. Dans les archives du Vatican est conservée une lettre émouvante qu’elle écrivit à son beau-frère Artois au mois de décembre 1792 : « Recevez mes vœux pour cette nouvelle année et l’assurance de mon sincère attachement avec lequel je suis, Monsieur, votre affectionnée belle-sœur. » Puis vient avec 1793 la destruction « physique » de cette famille, avec les adieux au Roi, puis ce sont ses deux enfants qu’on lui arrache ; puis ce seront 76 jours à la Conciergerie ; puis un procès où, accusée de relations contre nature, elle prononce cette phrase fameuse : « J‘en appelle à toutes les mères de France… »

    La fin, c’est une lettre sublime et remplie d’émotions, adressée à Madame Élisabeth, non parvenue à sa destinataire (comme la reine dit le redouter) mais heureusement conservée ! La fin, c’est l’humiliation d’une charrette, le dos à la route, les mains liées dans le dos, un parcours de plus d’une heure entre la Conciergerie et la place qu’on nomme aujourd’hui « de la Concorde », une sorte de chemin de croix jusqu’à son Golgotha.  

    La fin, c’est sa dernière phrase, lorsqu’elle marche sur le pied de son bourreau : « Je vous demande pardon, Monsieur, je ne l’ai point fait exprès ». Élégance, courtoisie, grandeur d’une reine dans le moment ultime ! Elle a vécu en reine, et meurt en reine. A la dernière heure de sa vie, écrit Stephan Zweig, Marie-Antoinette atteint au tragique et devient enfin l’égale de son destin.

    Monseigneur, Madame, Mesdames et Messieurs, prions pour l’âme de notre reine et pour sa famille, prions pour la France, orpheline de sa reine.    

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    Dernière lettre de Marie-Antoinette, écrite à la Conciergerie dans la nuit du 15 au 16 octobre 1793

    16 octobre 1793, 4h 1/2 du matin 

    C’est à vous, ma sœur que j’écris pour la dernière fois. Je viens d’être condamnée non pas à une mort honteuse – elle ne l’est que pour les criminels – mais à aller rejoindre votre frère. Comme lui innocente, j’espère montrer la même fermeté que lui dans ses derniers moments. Je suis calme comme on l’est quand la conscience ne reproche rien ; j’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants. Vous savez que je n’existais que pour eux et vous, ma bonne et tendre sœur. Vous qui avez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse ! J’ai appris par le plaidoyer même du procès que ma fille était séparée de vous. Hélas ! La pauvre enfant, je n’ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre. Je ne sais pas même si celle-ci vous parviendra. Recevez pour eux deux ici ma bénédiction. J’espère qu’un jour, lorsqu’ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous et jouir en entier de vos tendres soins. Qu’ils pensent tous deux à ce que je n’ai cessé de leur inspirer, que les principes et l’exécution exacte de ses devoirs, sont la première base de la vie, que leur amitié et leur confiance mutuelles en feront le bonheur ; que ma fille sente qu’à l’âge qu’elle a, elle doit toujours aider son frère, par les conseils que l’expérience qu’elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer ; que mon fils à son tour, rende à sa sœur tous les soins, tous les services que l’amitié peut inspirer ; qu’ils sentent enfin tous deux que dans quelque position qu’ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union ; qu’ils prennent exemple de nous. Combien dans nos malheurs, notre amitié nous a donné de consolation, et dans le bonheur on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami, et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille? Que mon fils n’oublie jamais les derniers mots de son père que je lui répète expressément : qu’il ne cherche jamais à venger notre mort. […] 

    Il me reste à vous confier encore mes dernières pensées. J’aurais voulu les écrire dès le commencement du procès, mais, outre qu’on ne me laissait pas écrire, la marche a été si rapide que je n’en aurais réellement pas eu le temps. 

    Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j’ai été élevée, et que j’ai toujours professée. N’ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s’il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop s’ils y entraient une fois. Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe. J’espère que, dans Sa bonté, Il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps, pour qu’Il veuille bien recevoir mon âme dans Sa miséricorde et Sa bonté. Je demande pardon à tous ceux que je connais et à vous ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j’aurais pu leur causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs. J’avais des amis ; l’idée d’en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j’emporte en mourant. Qu’ils sachent du moins que jusqu’à mon dernier moment, j’ai pensé à eux.

    Adieu, ma bonne et tendre sœur. Puisse cette lettre vous arriver. Pensez toujours à moi ; je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants. Mon Dieu ! Qu’il est déchirant de les quitter pour toujours ! Adieu, adieu, je ne vais plus que m’occuper de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m’amènera peut-être un prêtre, mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot et que je le traiterai comme un être absolument étranger. 

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    Famille de France • Le comte de Paris a honoré la mémoire de la reine Marie Antoinette et de son frère le prince François mort en Algérie il y a 55 ans

  • Prochaine exposition des peintures de la princesse Marie de France à Paris

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    La princesse Marie de France, ici peignant dans son atelier un portrait de son père le Chef de la Maison royale de France, va exposer ses peintures lors d’une exposition intitulée « Au fil de l’eau » à la mairie du VIIème arrondissement de Paris du 6 au 12 novembre 2014. La fille aînée du Comte de Paris et de la Duchesse de Montpensier, qui a pris des cours auprès du Professeur Drapela, de l’Académie des Beaux-Arts de Vienne, peint depuis une quinzaine d’années  essentiellement des portraits et des paysages.

    La princesse travaille la technique de la peinture au couteau qui permet de donner du relief au tableau. À cette occasion, la princesse Marie de France a accordé un entretien au magazine Royals Hors-Série qui vient de sortir en kiosques.

    La princesse Gundakar de Liechtenstein évoque sa vie en Autriche au côté du prince Gundakar et ses cinq enfants qui sont aujourd’hui étudiants à l’étranger.  La princesse Marie évoque ses souvenirs d’enfance et notamment des moments inoubliables en Corse avec son père le Comte de Paris, alors jeune officier. La princesse évoque également ses grands-parents le comte et la comtesse de Paris ainsi que son frère et sa sœur handicapés François et Blanche qu’elle reçoit chaque année en Autriche pour les vacances. La princesse Marie est non seulement une princesse artiste, optimiste et déterminée,  mais elle est aussi une femme de cœur puisqu’elle s’implique dans des associations d’aide aux handicapés, et aux personnes en détresse.  u

     

    Source : La Couronne

         

  • Entretien avec le père Jean-Marie Benjamin, dans Boulevard Voltaire

    La politique des pays dits occidentaux dans le monde arabe, au moins depuis la première guerre du Golfe, justifie pleinement la critique du connaisseur qu'est le père Jean-Marie Benjamin. C'est des erreurs tragiques de cette politique que nous supportons aujourd'hui les conséquences.

    Jean-Marie Benjamin, de son vrai nom Guillaud-Benjamin, né le 11 avril 1946 à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), frère de l’actrice Joëlle Guillaud, est un compositeur de musique, chef d’orchestre, écrivain, réalisateur et producteur de films français. Fonctionnaire des Nations unies auprès de l’UNICEF de 1983 à 1988, il devient prêtre catholique en 1991 et milite contre la guerre d’Irak depuis 1998. Il réside en Italie depuis 1975.

    Durant vos nombreux voyages en Irak, entre 1997 et 2003, vous avez maintes fois rencontré le vice-Premier ministre chrétien de Saddam Hussein, Tarek Aziz et vous lui avez organisé une rencontre avec le pape Jean-Paul II, le 14 février 2003. Vous dites dans votre livre qu’il y a eu des pressions au Vatican pour empêcher cette rencontre. Lesquelles ?

    La visite de Tarek Aziz au Saint-Père s’est en effet heurtée à de forts obstacles de la part du gouvernement de Silvio Berlusconi et de Washington. Plusieurs monsignori de la Secrétairerie d’État bénéficiaient alors des « faveurs » de Washington et ne voulaient surtout pas les perdre. Mais le pape n’en a pas tenu compte et l’audience a eu lieu. D’autres pressions ont été exercées : quand Tarek Aziz est arrivé à Rome, il devait participer à une importante émission télévisée sur la RAI. Non seulement sa participation a été annulée, mais les directeurs de toutes les chaînes publique ont reçu des instructions formelles pour lui interdire l’accès aux plateaux.

    Aujourd’hui, Tarek Aziz est emprisonné sous le coup d’une peine capitale. La DGSE, la Direction générale de la sécurité extérieure, vous a contacté en 2003 pour proposer l’asile politique à Tarek Aziz. Pourquoi celui-ci a-t-il refusé ?

    Tarek Aziz m’a répondu : « Veuillez remercier le président Chirac, mais je ne peux pas laisser mon peuple mourir sous les bombes et me réfugier tranquillement à l’étranger. J’ai le devoir de rester aux côtés du peuple irakien et de ma famille. » Aujourd’hui, Tarek Aziz est emprisonné depuis douze ans. Transféré depuis le mois d’août dernier dans le sud de l’Irak, il est malade, sans assistance médicale. Il a subi plusieurs ictus, parle difficilement et a perdu 35 kg. En fait, il est mourant, sous le regard indifférent de la Communauté internationale. Vous verrez que lorsqu’il décédera, l’on entendra les hommes d’État déclarer qu’Aziz était un « homme modéré, un grand diplomate » et que le traitement qu’il lui a été infligé « était injuste ». Ce sera le chœur larmoyant des défenseurs des droits de l’homme et autres exportateurs de démocratie !

    Devant le chaos qui règne aujourd’hui en Irak, en Syrie, au Yémen, l’impression domine que les gouvernements occidentaux ne savent plus comment gérer la situation ? Mais qui se trouve derrière l’État islamique ?

    La grande presse nous dit que l’État islamique et les groupes djihadistes sont financés par les monarchies du Golfe. Curieusement, les noms de ces pays ne sont jamais mentionnés. Or, tous sont des alliés de l’Occident et tous y investissent par dizaines de milliards de dollars. Au-delà des hypocrisies sémantiques, chacun sait qu’Al-Qaïda, Al-Nosra et l’État islamique sont soutenus, armés et financés par de riches Saoudiens. Que les takifiristes qui opèrent en Syrie et sur d’autres fronts anti-chiites sont soutenus par Riyad. Bref, ceux qui financent le terrorisme islamique dans le monde et aussi en Europe sont principalement des Saoudiens et le Koweït. Tous les gouvernements le savent pertinemment. Le grave problème des hommes politiques occidentaux, malgré leurs myriades d’experts, est qu’ils ne comprennent quasiment rien au monde arabe. Tous demeurent radicalement étrangers aux mentalités, aux traditions et aux aspirations de ces populations, sans parler d’une profonde méconnaissance de l’islam. Leurs conseillers sont restés des années les fesses collées sur les bancs des universités pour accumuler des titres. Diplômés jusqu’aux oreilles, ils n’ont en réalité aucune connaissance réelle de l’Orient arabe.

    La France ne fait évidemment pas exception ?

    Le Président français se rend à Riyad pour y recevoir l’accolade du roi… et un beau chèque ! Après quoi l’on nous raconte que la France lutte contre l’État islamique terroriste, mais elle fait la guerre à Bachar el-Assad, qui est pourtant en guerre contre Al-Nosra, Al-Qaïda et Daech. Cela fait désordre. A contrario, les États-Unis se démarquent de plus en plus de Riyad et traitent avec Téhéran alors que les chiites sont en passe de prendre le contrôle du Yémen. À telle enseigne que l’Arabie saoudite se retrouve maintenant encerclée par l’Irak, l’Iran et le Yémen chiites. On imagine quel vent de panique commence à souffler à Riyad… Pendant mes années passées en Irak, j’ai connu nombre de hauts gradés de la Garde républicaine de Saddam Hussein, des dirigeants du parti Baas. Beaucoup ont aujourd’hui rejoint l’État islamique, même s’ils en désapprouvent l’extrême brutalité, l’exécution de civils ou la persécution des chrétiens… Pourtant, au lendemain de la pendaison de Saddam Hussein, George Bush déclarait : « Le monde sans Saddam Hussein est maintenant plus sûr. » Certes, nettement plus sûr !  • 

    Propos recueillis par J.-M. Vernochet

  • Bernard Maris, amoureux de la France, vu par Jean-Philippe Chauvin

     

    Et si on aimait la France ? Pour autant, tout n'en serait pas réglé aussitôt. Mais ce pourrait être, en effet, pour la France, le socle d'un recommencement.  LFAR

     

    arton8470-7b8cd.jpgAimer la France est une passion que certains voudraient aujourd'hui éradiquer comme une maladie honteuse : or, il n'y a pas de honte à aimer, et aucune à aimer la France en particulier, cette particulière historique qui, Français, nous est propre, nés que nous sommes sur sa terre et inscrits dans son histoire et son présent. D'autres n'ont pas cette chance natale mais viennent y frayer, parfois s'y joindre et, par leur amour nouveau qui lui redonne toujours quelques couleurs supplémentaires, confirmer la belle formule de Bainville : « Le peuple français est un composé. C'est mieux qu'une race. C'est une nation. »

    Assassiné en janvier dans les circonstances que l'on sait, l'écrivain Bernard Maris, à qui l'on doit quelques textes forts de dissidence économique et une très belle étude sur Genevoix et Jünger, laisse en héritage un livre qui va paraître ces jours prochains et qui s'intitule « Et si on aimait la France » : les longs extraits publiés dans l'hebdomadaire Marianne cette semaine (17-23 avril 2015) dévoilent quelques aspects de cet amour vrai pour une France qui, si nous n'en voyons pas tous les mêmes attraits et n'en sommes pas tous amoureux de la même manière, n'a jamais cessé d'inspirer les plus nobles sentiments et, parfois, les actions les plus folles. 

    S'il n'apprécie guère le Maurras de la « divine surprise », il n'en rend pas moins hommage à bien d'autres qui peuvent agacer les Bernard-Henri Lévy et Fleur Pellerin, par exemple, ces cuistres actuels de la « culture de gôche » qui prônent le libéral-nomadisme et refusent l'enracinement. A ceux-là, Maris préfère « les historiens dits de droite, de Bainville à Tocqueville en passant par Pierre Chaunu et Patrick Buisson ». Il poursuit : « Je lis même courageusement le Dictionnaire amoureux de la France de Tillinac, sympathique Gault et Millau de la franchouille, avec Cyrano et d'Artagnan, et Jeanne la Bonne Lorraine, et les nichons de la Pompadour qui donnèrent forme à nos coupes de champagne », et rappelle qu'il a connu « des Français pleins de gaieté. Authier, Lapaque et leur bande, par exemple ». « Et si j'écrivais pour eux ? Pour les désespérés si drôles ? Houellebecq, Cabu, Reiser, Cioran ? » En fait, Bernard Maris écrit pour beaucoup d'autres et, en particulier pour tous les Français et ceux qui, même loin d'elle, aiment la France. 

    Il nous rappelle aussi que cet amour de la France n'est la propriété privée de personne mais la possibilité publique de tous : que des anarchistes, que l'on croit parfois sans attaches, soient des passionnés de la France ne nous surprend pas, nous qui avons jadis lu Proudhon et qui savons que ce sont aussi (et entre autres) des anarchistes espagnols qui participèrent, sous les ordres du monarchiste Leclerc, à la Libération de Paris ! Ainsi, Maris évoque, par exemple, François Cavanna comme l'un des « plus grands défenseurs de la France (…), anarchiste, fils de maçon immigré italien, fondateur de Hara-Kiri puis de Charlie-Hebdo, rat d'archives et grand connaisseur de la période des rois dits fainéants, incroyable goûteur et apprêteur de la langue, ennemi radical du point-virgule que j'adore, et le meilleur conteur de l'histoire et de l'architecture de Paris. » 

    La France aimée, y compris de ceux qui n'y sont pas nés et qui valent mille fois mieux, bien souvent, que ces libéraux mondialisés de type Pascal Lamy ou Pierre Moscovici, ces salopards en costume qui méprisent notre pays, « trop petit » selon eux, ou « trop irréaliste » ! Bernard Maris vante ainsi « Mustapha, algérien, correcteur de son métier, immigré, Mustapha dont la syntaxe est tellement parfaite qu'il en remontrerait au Bon Usage – fait par un Belge, si j'ai bonne mémoire. » Et l'on pourrait y ajouter Max Gallo, Andreï Makine, ou Milan Kundera et, bien sûr, Léopold Sedar Senghor ! 

    Maurras parlait de la déesse France : elle est, en tout cas, notre éternelle passion, et nous aimons qu'elle soit aimée des nôtres et des autres... 

     

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

  • HISTOIRE • MARIE-ANTOINETTE : PROCÈS D'UN PROCÈS

    Exécution de Marie-Antoinette, le 16 octobre 1793

     

    Par Jean Sévillia

     

    1400806989.jpgC'est un des procès politiques les plus célèbres de l'Histoire. Marie-Antoinette, internée après la prise des Tuileries, le 10 août 1792, emprisonnée au Temple avec Louis XVI et ses enfants, restée avec ces derniers et sa belle-soeur Madame Elisabeth après l'exécution du roi, séparée de son fils Louis XVII le 3 juillet 1793, la reine, donc, est transférée à la Conciergerie le 2 août suivant en vue de comparaître devant le Tribunal extraordinaire. Après deux mois d'enfermement, dans des conditions d'isolement et d'humiliation qu'on n'impose pas aux grands assassins, la souveraine, malade, amaigrie et prématurément vieillie, subit un premier interrogatoire, le 12 octobre, puis passe devant le Tribunal entre le 14 octobre, de 8 heures du matin à 11 heures du soir, et le 15 octobre, de 8 heures du matin à l'aube de la nuit suivante. Condamnée à mort, elle sera décapitée le 16 octobre 1793 à midi.

    Quel crime avait-elle commis ? Dossier vide, absence de preuves, accusations fausses, juges partiaux, réquisitoire attendu, défense inutile, verdict écrit d'avance : tel fut le procès de Marie-Antoinette. Emmanuel de Waresquiel ne se contente pas de relater une nouvelle fois cet épisode honteux. En bon chercheur, le spécialiste des XVIIIe et XIXe siècles, biographe de Talleyrand et de Fouché, est allé dans les archives pour consulter les pièces originales du procès, comme pour fouiller, ce qui n'avait jamais été fait, la biographie des jurés. Son enquête va jusqu'à reconstituer la topographie des lieux, aujourd'hui occupés par la Ière chambre du tribunal de grande instance de la cour d'appel de Paris. Le récit, remarquablement écrit, se lit d'un trait. Moins de trois jours auront été nécessaires pour conduire à l'échafaud une femme dont le seul tort était d'être archiduchesse d'Autriche, reine de France, veuve d'un roi sacrifié, mère d'un roi potentiel.

    En conclusion, l'auteur s'adonne à une belle méditation sur cette figure tragique qui, toute sa vie, avait cherché à échapper à son destin, puis avait décidé, enfin, de le rejoindre : « Elle a été reine, elle a fait son métier de reine, elle en a été grandie et elle en est morte. » Un livre à la fois personnel et d'une rigueur historique totale : saluons cette réussite. 

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    Juger la reine. 14-15-16 octobre 1793, d'Emmanuel de Waresquiel, Tallandier, 368 p., 22,50 €.

    Repris du Figaro Magazine du 9 & 10 septembre

  • Sécurité et défense : sur une conférence du général Jean-Marie Faugère

     

    par PM 

    Quelles sont les perspectives de sécurité et de défense dans la France d’aujourd’hui ? Le 11 octobre dernier, le général d’armée (2s) Jean-Marie Faugère, ancien inspecteur général des armées, donnait une conférence aux « Mardis de Politique magazine ». En voici un résumé pris sur le vif.

     

    4146061327.jpg« La situation que connaît la France, à la suite des attentats de 2015 et 2016 était largement prévisible, car l’évolution de la jeunesse de nos banlieues travaillée par l’islam radical est connue depuis plus de vingt ans. On aurait pu au moins s’y préparer.

    Nous assistons au renoncement de l’Etat depuis trente-ans.

    Le monde politique ne travaille pas à son niveau, et délaisse ses responsabilités à une haute administration qui ne s’intéresse jamais aux finalités des choses, mais à leur simple gestion quotidienne, à échéances électorales. Nos responsables n’ont aucune vision tournée vers l’avenir et n’appuient leurs politiques, notamment en matière de défense et de sécurité,  sur aucunes études prospectives.

    Identifier l’ennemi

    Qui est l’ennemi aujourd’hui ? Laissons de côté, ici, la Russie dont on fait un épouvantail ; elle ne menace en rien nos sociétés européennes dans le court terme. De même, la Chine la Corée du Nord, un conflit indo-pakistanais laisseraient aux avant-postes les USA, bien avant de nous toucher. En revanche, sur notre pourtour européen, l’arc de crise islamiste est un péril qui monte et qui s’appelle l’islam radical. Voilà la vraie menace.

    Toute la politique de défense et de sécurité depuis la publication de Livres blancs – 1994, 2008 puis 2013 – est définie par les recommandations d’experts qui les rédigent sans porter, au sens juridique, la responsabilité de leurs erreurs d’analyse. Certes, le Président de la République avalise leurs propositions. Mais, ces exercices manquent de sincérité et, s’ils décrivent bien la menace, ils ne cessent de prôner, à contre-courant, des réductions d’effectifs, de crédits et de contrats opérationnels.

    Il fallait, dans l’urgence et l’incertitude une réponse militaire à un terrorisme trop vite qualifié de « militarisé » : voilà ce que l’on a argué alors que ce n’est pas foncièrement, sur le territoire national et à ce stade d’attentats, un problème qui réclame un traitement de la part des armées.

    Si, effectivement, on a affaire à un « ennemi de l’intérieur » – acception récusée par nos responsables politiques -, les auteurs individuels de ces actes restent des criminels de droit commun.

    Le continuum sécurité-défense

    La première réponse doit être celle des services de renseignement, des unités de police et de gendarmerie et, in fine, de la justice. Quand ces moyens sont dépassés, il est normal qu’on recoure à l’armée. Cependant, il n’y a pas, aujourd’hui, de cadre juridique associé à cet engagement ni de cadre d’emploi qui soit foncièrement différent de ceux de simples « super-vigiles ».

    Quand on engage l’armée sur le terrain, il faut lui désigner un ennemi clairement identifié. Sinon, on créé des ambiguïtés dans les missions, dans les rôles et dans les responsabilités d’intervention entre les forces de l’ordre et l’armée, car nous n’avons pas assez réfléchi au cadre juridique et à leur doctrine d’emploi respective.

    Quand vous regardez les professions de foi politiques sur les thèmes de défense, les candidats ne s’intéressent qu’à la politique des moyens sans aller plus loin dans la réflexion comme la finalité et le rôle de l’armée sur le terrain national en tant que dernier recours. Car, il faut penser à des scénarios plus extrêmes, désormais très crédibles où l’armée tiendrait un tel rôle.

    Quand vous êtes un militaire, vous ne pouvez pas dire qu’on peut se satisfaire de la situation. Sur le plan matériel, nous ne sommes pas à la hauteur d’une armée moderne.

    La notion de continuum sécurité-défense largement mise en avant dans les discours,  entretient la confusion chez nos concitoyens entre militaires (des armées) et forces de l’ordre, et l’on pense que le travail des uns peut devenir le travail des autres. Or, le fait de faire intervenir l’armée devrait marquer une rupture. Il y a une confusion des responsabilités. Il faut établir une vraie doctrine d’emploi.

    Quel rôle pour l’armée ?

    Que l’armée reste le dernier recours, et non un moyen pour combler les défaillances numériques des forces de l’ordre. Tout cela n’est pas très sain.

    Dans la perspective d’événements encore plus graves, les armées, sur le territoire national, ne peuvent pas être mises à disposition des préfets par voie de réquisition ou de demandes de concours, mais doivent être employées de façon centralisée par le commandement militaire sous l’autorité d’emploi du Premier ministre. On ne peut plus laisser les préfets donner des missions floues ou indéfinies.

    Dans cette lutte anti-terroriste, l’action de nos services de renseignement doit être améliorée. Face à un problème, la seule réponse de la haute-administration est, en général, de réorganiser. On n’est pas devant un problème d’organisation mais devant un besoin de faire évoluer l’état d’esprit des responsables des administrations : les hommes à la tête de ces organismes coopèrent mal et se croient trop souvent concurrents sur le terrain.

    Concernant l’armée de terre, sur 66 000 hommes projetables (en 2017, 77.000 h.) seuls les 20 régiments d’infanterie constituant 16 000 hommes sont adaptés à un engagement de type Sentinelle : entre les opérations extérieures et le territoire national, les vrais professionnels du combat sont donc déjà tous employés ! Voilà la situation des armées.

    On tient tout un discours sur la réserve et la garde nationale : le plan annoncé le 12 octobre dernier ne consiste en fait qu’à regrouper sous ce « label » les réservistes militaires de armées et de la gendarmerie et les réservistes civils de la police. Cette évolution plus médiatique que révolutionnaire a le grand mérite de préserver la réserve militaire au sein de l’armée et, semble-t-il de promouvoir de réels efforts en sa faveur ; reste à voir la doctrine d’emploi qui lui sera attribuée sur le territoire national et les moyens associés.

    Quant au rétablissement de la conscription, aucune administration n’est capable aujourd’hui d’incorporer 700 000 potentiels conscrits qui constituent désormais l’effectif d’une classe d’âge.

    Revenir à la source du problème

    Cela étant, au regard des grandes « boucheries » de l’histoire, au siècle dernier notamment, permises par le modèle de la conscription, il est assez sain de revenir aujourd’hui à des armées de métier si tant est qu’elles aient les moyens nécessaires à la protection de la nation et de la population.

    Il y a certes un problème de formation militaire pour nos élites et un service militaire pourrait s’avérer utile pour elles. Mais pour que le reste de la jeunesse apprenne à se lever le matin et à se raser, l’armée n’est pas la solution ; il ne fallait pas détruire les familles et démolir l’Éducation nationale : il faut revenir à la source du problème.

    Puisque nous sommes en guerre aujourd’hui, il faut passer à la vitesse supérieure dans le domaine des moyens. De la totalité de la dépense publique annuelle, l’État en dépense 3,1% pour l’armée et 57% pour les prestations à caractère social !

    Dans le domaine de la décision politique, avant de décider d’une intervention militaire par exemple, on pourrait définir un cercle d’experts – dont des militaires, les premiers concernés – pour éclairer les options à retenir par le Président de la République.

    Or, apparemment, ce dernier, pour se faire conseiller, ne fait pas appel à un expert de la zone d’opération concernée ! De même, il n’y a pas de Conseil de Sécurité à l’américaine pour donner de l’impulsion aux administrations gestionnaires et contrôler leur efficacité. » 

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    Les Rafales décollent du Charles de Gaulle : notre budget militaire lui aussi doit décoller... à 4% !

  • Marie-France Garaud parle - bien... - de la France, de son indépendance......

            .....et de certaines autres choses importantes (courte vidéo, du 8 novembre 2010) :

  • LA PRÉFÉRENCE NATIONALE POUR LA MÉDIOCRITÉ : Le dernier livre d'Yves-Marie Laulan

    Couverture Préférence nationale.png

    L'auteur livre dans cet ouvrage son état des lieux de la scène politique française, déplorant la médiocrité des chefs de l'état depuis une trentaine d'années. Il analyse, à travers les sujets qui ont occupé l'actualité dernièrement, la politique économique, diplomatique et migratoire de la France. La dernière partie de l'ouvrage est consacrée aux conflits ukrainiens, avec le réveil d'une "guerre tiède" ranimée par Vladimir Poutine. ♦

    LA PRÉFÉRENCE NATIONALE POUR LA MÉDIOCRITÉ

    Yves-Marie Laulan

    226 pages - Prix éditeur : 23 € 

    PRESENTATION DE L'OUVRAGE