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  • (2/2) Maurras est ostracisé, ”interdit” par le Système, pour cause d'antisémitisme. Bon, mais tous ceux-ci, qui ont écri

    Petite et rapide anthologie de propos hostiles (parfois, des horreurs...) écrites sur les Juifs et "Israël" par des "personnalités" qui ont pignon sur rue, qui ont droit à tous les honneurs (enterré au Panthéon ou aux Invalides, leur nom donné à des rues et places ou à des lycées et autres édifices publics...).

    Nous dédions cette petite compilation (non exhaustive, loin de là, très loin de là…) à celles et ceux qui accusent Maurras - avec indignation -  d’antisémitisme, et le rayent pour cela  de la liste des penseurs dont on peut parler; qui le néantisent, en quelque sorte, alors qu’ils ne font que manifester par là leur ignorance de ce que certaines autres personnes, qu’ils admirent, et dont ils pensent qu’on peut parler, ont dit, et qui est souvent très largement pire que ce qu’a pu dire Maurras…..

    Pourquoi un tel "deux poids deux mesures" ? 

    Pourquoi une telle hypocrise, une telle Tartuferie ?

    Tout simplement parce que Maurras n'est pas dangereux, pour le Système : il est

    LE SEUL DANGEREUX ! 

    et le système en a donc fait M. le Maudit, en cherchant contre lui une accusation infâmante, et croyant l'avoir trouvée en l'accusant... d'antisémitisme, et en l'interdisant donc, purement et simplement, sous ce fallacieux prétexte : et le tour est joué !

    C'est cette malhonnêteté intellectuelle, ce mensonge permanent, cette escroquerie/tartuferie/hypocrisie que nous dénonçons ici, en laissant au lecteur le soin de juger, en lisant les extraits qui suivent...

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    "L'antisémitisme est un mal si l'on entend par là cet antisémitisme
    de "peau" qui aboutit au pogrom et qui refuse de considérer dans le Juif
    une créature humaine pétrie de bien et de mal, dans laquelle le bien peut
    dominer. On ne me fera pas démordre d'une amitié naturelle pour les Juifs
    bien nés."

    (Charles Maurras, L'Action française, 18 février 1937)

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    Libé, vous avez dit "antisémite" ? Alors, allons-y gaiement !...

    Anti-sémitisme de Maurras ? Ou : l’ "hénaurme" mensonge sur lequel le Système est assis, sans complexe….

    1. L'actuel Système, le Pays légal de cette République idéologique qui ostracise Maurras et le condamne sans appel s'est installé au pouvoir en 1875. Et proclame fièrement sa filiation (dans le Préambule de la Constitution) : "Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l'homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu'ils ont été définis par la Déclaration de 1789...". C'est donc de la Révolution que le Système se proclame héritier et continuateur. Fort bien. Mais cette Révolution, elle-même, est née et nous vient de la secte des Encyclopédistes qui a répandu ses idées à partir des années 1750. Voyons donc un peu ce qu'ont dit certains de ces "Pères fondateurs" sur Israël et les Juifs, et qui est fort instructif !...

    1A.jpg• Voyons d'abord ce qu'écrit Voltaire, enterré au Panthéon et proposé à la gloire immortelle et à l'admiration de tous, nationaux et touristes de passage :

    "C'est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre...". (Article "Tolérance" du Dictionnaire philosophique). Voltaire appelle ailleurs les juifs "...ces ennemis du genre humain...", un "peuple barbare, superstitieux, ignorant, absurde", et un "peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent...", rejoignant, dans
    ses excès, son compère le baron d'Holbach, dont on va lire deux ou trois choses ci-après (sur "...ce peuple de brigands et de tueurs...").

    Pas mal, non ? Pour quelqu'un qui n'est ni ostracisé, ni interdit - comme l'est Maurras... - et qui est même "panthéonisé" ! Un autre scandale, qui prouve bien la mauvaise foi de ceux qui font un mauvais procès à Maurras : Roland Desné écrit : "Ce n’est pas parce que certaines phrases de Voltaire nous font mal que nous devrions le confondre dans la tourbe des persécuteurs.." Mais, c'est parfait tout ceci, monsieur Desné ! Juste une question : pourquoi ne pas faire preuve, alors, de la même largeur d'esprit, de la même mansuétude envers Maurras ?

    • Passons donc, maintenant, à l'un des compères de Voltaire : Paul Henri Thiry, baron d’Holbach (1723-1789). Voici deux extraits, qui se suffisent à eux-mêmes... :


    - "...À chaque page de la Bible nous trouvons la rapine, la trahison, la1A.jpg rébellion, la fraude, l’usurpation, les violations les plus manifestes du droit de la nature et des gens autorisées et commandées aux Hébreux par la Divinité et ses interprètes. Les annales des Juifs nous montrent comme des amis de Dieu, comme des hommes selon son cœur, comme des Héros et des Saints, une foule de personnages que la saine morale nous ferait regarder comme des monstres souillés des cruautés les plus révoltantes et des crimes les plus affreux..."
    (Paul Henri Thiry, baron d’Holbach dans sa traduction du livre anglais d’Anthony Collins L’Esprit du Judaïsme ou Examen raisonné de la loi de Moïse et de son influence sur la religion chrétienne, Londres 1770). On commence bien...

    - "... Ose donc enfin, Europe, secouer le joug insupportable des préjugés qui t’affligent ! Laisse à des Hébreux stupides, à de frénétiques imbéciles, à des Asiatiques lâches et dégradés, ces superstitions aussi avilissantes qu’insensées..." (du même, dans le même ouvrage, un peu plus loin). Ouf ! Maurras battu, écrasé, à plate couture !!!!!

    1A.jpg• Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), ne va pas aussi loin que les précédents, mais tout de même renvoie les Juifs dans les cordes, certes dans un autre domaine et d'une manière plus... "civilisée" ! :

    "Votre Dieu n’est pas le nôtre, dirais-je à ses sectateurs. Celui qui commence par se choisir un seul peuple et proscrire le reste du genre humain n’est pas le père commun des hommes; celui qui destine au supplice éternel le plus grand nombre de ses créatures n’est pas le Dieu clément et bon que ma raison m’a montré..." (de la "Profession de foi du vicaire savoyard", livre IV de Émile ou de l’Éducation, 1762)

    1A.jpg Par contre, Friedrich-Melchior, baron de Grimm (1723 - 1807), allemand qui honora très brillamment les lettres françaises par une Correspondance avec les meilleurs esprits, dont Voltaire (qui disait de lui qu’il avait plus d’esprit que tout Paris) écrivit ceci, à quoi Voltaire (ni Rousseau, ni d'Holbach, ni personne...) n'a rien trouvé à redire :

    - "...Le plus stupide, le plus dégoûtant et le plus abominable peuple de la terre..." (Grimm dans Correspondance littéraire de Grimm et de Diderot depuis 1753 jusqu’en 1790, tome 4, Paris, Furne, 1829, page 258).

     

    • De Diderot :

    - "La raison démontre que naturellement la nation juive devrait être1A.png éteinte. La raison démontre, au contraire, que les Juifs se mariant et faisant des enfants, la nation juive doit subsister. Mais, direz-vous, d’où vient qu’on ne voit plus ni Carthaginois, ni Macédoniens ? La raison en est qu’ils ont été incorporés dans d’autres peuples; mais la religion des Juifs, et celle des peuples chez lesquels ils habitent, ne leur permettant pas de s’incorporer avec eux, ils doivent faire une nation à part. D’ailleurs, les Juifs ne sont pas le seul peuple qui subsiste ainsi dispersé; depuis un grand nombre d’années, les Guèbres et les Banians sont dans le même cas..." (Œuvres complètes, éd. Assézat, II.djvu/107).

     

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    2. À partir de la Révolution...

     

    1A.png• De Napoléon 1er :

    - À la séance du Conseil d’État, le 30 avril 1806 :

    "On ne se plaint point des protestants et des catholiques comme on se plaint des Juifs. C'est que le mal que font les Juifs ne vient pas des individus, mais de la constitution même de ce peuple : ce sont des sauterelles et des chenilles qui ravagent la France... Des villages entiers ont été expropriés par les Juifs; ils ont remplacé la féodalité, ce sont de véritables nuées de corbeaux. On en voyait aux combats d’Ulm qui étaient accourus de Strasbourg pour acheter des maraudeurs ce qu’ils avaient pillé. Il faut prévenir, par des mesures légales, l’arbitraire dont on se verrait obligé d’user envers les Juifs, ils risqueraient d’être massacrés par les Chrétiens d’Alsace, comme ils l’ont été souvent et presque toujours par leurs fautes..."

    - Lettre à M. de Champagny, Poznan, 29 novembre 1806 :

    "...De même la suzeraineté des Juifs s’étendant sans cesse au moyen de l’usure et des hypothèques, il devient indispensable d’y mettre des bornes..."

    - Lettre à son frère Jérome, 1808, citée par Céline dans "l’École des cadavres", page 206 :

    "...J’ai décidé de faire quelque chose pour les Juifs; mais je n’en veux pas voir entrer davantage dans mon royaume; vraiment j’ai tout fait pour prouver mon mépris envers cette nation, la plus vile de l’univers..."

    Au fait : où est enterré Napoléon, déjà ? Avec des propos pareils, sûrement dans une fosse commune, dans un petit trou perdu au fin fond d'une sous-préfecture...

     

    De Victor Hugo :

    - "Bah ! toi misérable ! ce n’est pas vrai. Juif qui parle, bouche qui ment..." 1A.jpg
    (Drame : Marie Tudor, 1833).

    - "C’est l’honneur, c’est la foi, la pitié le serment,
    Voilà ce que le Juif a vendu lâchement !
    (Dans À l’Homme qui a livré une femme", tiré des "Chants du Crépuscule", 1835).


    - "C’était un de ces Juifs, hideux tabellions,
    Qui vendraient le printemps, la rosée et les astres
    Pour un mulet ployant sous sa charge de piastres..." 
    (Dans "Il était une fois un caporal")

     

    Victor Hugo ? Celui dont une des douze avenues qui rayonnent depuis l'Arc de Triomphe à Paris porte le nom ? Sans compter des milliers de lieux et édifices en France ? Eh, oui !

     

    1A.jpg• De Guy de Maupassant (1850-1892) :


    - "Oh, qui nous débarrassera du Salon, scie annuelle, éteignoir des personnalités, grand bazar où trafique la juiverie d’art ? "
    (dans Notes d’un démolisseur, Gil Blas, 17 mai 1882).

    - " Il était devenu en quelques jours, un des maîtres du monde, un de ces financiers omnipotents, plus forts que des rois, qui font courber les têtes, balbutier les bouches et sortir tout ce qu’il y a de bassesse, de lâcheté et d’envie au fond du cœur humain. Il n’était plus le juif Walter, patron d’une banque louche, directeur d’un journal suspect, député soupçonné de tripotage véreux. Il était monsieur Walter, le riche Israélite..." (dans Bel Ami, 1885)


    - "...À Bou Saada, on les voit accroupis en des tanières immondes, bouffis de graisse, sordides et guettant l’Arabe, comme l’araignée guette sa proie. Il l’appelle, essaie de lui prêter cent sous contre un billet qu’il signera. L’homme sent le danger, hésite, ne veut pas, mais le désir de boire ou d’autres désirs encore, le tiraillent. Cent sous représente pour lui tant de jouissances ! Il cède enfin, prend la pièce d’argent et signe le papier graisseux. Au bout de six mois, il devra dix francs, au bout d’un an vingt francs, au bout de trois ans cent francs. Alors le juif lui fait vendre sa terre, son cheval, son chameau, son bourricot, ce qu’il possède enfin. Les chefs, caïds ou bachagas, tombent également dans les griffes de ces rapaces qui sont le fléau, la plaie saignante de notre colonie, le grand obstacle à la civilisation et au bien-être de l’Arabe..." (dans le récit de son séjour en Algérie, Au Soleil, 1887)

     

    • De George Sand (1804-1876) :

    - "...Les nobles sont riches quant aux fonds, indigents quant aux revenus,1A.PNG et ruinés grâce aux emprunts. Les juifs qui sont nombreux, et riches en argent comptant, ont toutes les terres des chevaliers en portefeuille, et l’on peut dire que de fait l’île leur appartient..." (dans Un Hiver à Majorque, 1842).

  • « Ici boire, manger, dormir, argent » : Le Figaro enfonce le clou sur le scandale de l’Ame. Ou : qu’est notre Douce Fran

                Nous en parlions samedi, pour approuver les déclarations de Claude Goasguen, dans Valeurs actuelles....

                Alors que les feuilles de Taxe d'habitation viennent d'arriver, après celles de la Taxe foncière, voilà que Le Figaro publie un article documenté sur cette gabegie, et ce véritable scandale, qu'est devenu l'Ame. Concrètement, sur les détournements d'argent - appelons un chat, un chat... - opérés par des voleurs, qui vivent à nos crochets, pendant que nos taxes et contributions diverses ne cessent d'augmenter.

                L'Etat et les Collectivités locale ne perçoiventt plus des impôts, comme cela est naturel dans toute société bien organisée, mais nous prennent à la gorge. Et pendant ce temps-là, à l'autre bout de la chaîne, des gaspillages insensés sont réalisés avec des fonds publics......

                Il est difficilement supportable par les contribuables que nous sommes tous de lire, en cette période de feuillles d'impôts, cet article de Sophie Roquelle, du 10 octobre, qui confirme ce que l'on savait déjà, ou dont on se doutait un peu......

    Aide médicale d'Etat : ces vérités qui dérangent 

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    La France fait face à un afflux d'immigrants d'Europe de l'Est et du Caucase. Crédits photo : OLIVIER LABAN-MATTEI/AFP

                Depuis dix ans, les étrangers en situation irrégulière peuvent se faire soigner gratuitement en France grâce à l'Aide médicale d'Etat (AME). Mais le coût du dispositif explose. Afin de comprendre pourquoi, Le Figaro Magazine a enquêté auprès des médecins, des hôpitaux et des pharmaciens. Et fait réagir les associations.

                 Une enquête sur l'Aide médicale d'Etat ? Sauve qui peut ! Dans les ministères, les administrations, les associations humanitaires, la simple évocation de ce dispositif qui permet aux étrangers en situation irrégulière de se faire soigner gratuitement déclenche une poussée d'adrénaline. «Le sujet est explosif ! s'étrangle un haut fonctionnaire qui connaît bien le dossier. Vous voulez vraiment envoyer tout le monde chez Marine Le Pen ?» La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a pris la mesure de l'hypersensibilité du dossier lorsqu'elle a timidement évoqué devant les parlementaires, en juillet, l'idée de faire acquitter aux bénéficiaires de l'AME une contribution forfaitaire de 15 à 30 euros par an. Les associations ont aussitôt accusé Mme Bachelot de vouloir grappiller quelques euros sur le dos des damnés de la terre.

                Silence gêné à Bercy, où l'on prépare un tour de vis sans précédent sur le train de vie de la nation: «coup de rabot» sur les niches fiscales, suppressions de postes de fonctionnaires, déremboursements de médicaments... Mais toucher à l'AME n'est tout simplement pas prévu au programme de la rigueur. Le projet de budget pour 2011 prévoit même une augmentation de 10 % !

                 Depuis deux ans, la facture de la couverture médicale des sans-papiers s'envole. Son rythme de progression est trois à quatre fois supérieur à celui des dépenses de santé de tout le pays: + 13 % en 2009 (530 millions d'euros pour 210.000 bénéficiaires) et encore + 17 % au début de cette année. De toute évidence, l'enveloppe de 535 millions d'euros prévue en 2010 sera largement dépassée. Pour l'an prochain, ce sont 588 millions d'euros que Bercy a mis de côté pour l'AME. Soit, à peu de chose près, le montant des recettes fiscales que le gouvernement veut récupérer sur les mariés/pacsés/divorcés, ou encore le coût global du bouclier fiscal, qui fait tant couler d'encre.

                Afin d'y voir plus clair, les ministères de la Santé et du Budget ont commandé un nouveau rapport à leurs services d'inspection. L'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l'Inspection générale des finances (IGF) ont déjà planché à deux reprises, en 2003 et en 2007, sur les nombreuses dérives de l'AME et ont émis des recommandations qui ont été partiellement suivies par les pouvoirs publics... des années plus tard. Ainsi, il a fallu attendre cette année pour que les attestations d'AME soient plastifiées et comportent la photo du titulaire.

                Pourquoi tant de gêne ? Echaudé par la séquence «identité nationale» et l'affaire des Roms, le gouvernement n'a visiblement aucune envie d'exacerber le ras-le-bol d'une opinion publique déjà exaspérée par la montée de la délinquance. Inutile non plus d'agiter un nouveau chiffon rouge sous le nez des associations, déjà très énervées par le projet de loi Besson sur l'immigration.

                Ces dernières sont sur le pied de guerre, déterminées à défendre jusqu'au bout l'accès aux soins gratuit et sans restriction des sans-papiers. «Au nom d'une certaine idée de la France», martèle Pierre Henry, le président de France Terre d'asile, mais aussi parce qu'«il s'agit d'une question de santé publique» face à la recrudescence d'épidémies. Excédé qu'«on se serve de quelques cas particuliers pour faire des généralités» et jeter l'opprobre sur l'AME, Pierre Henry réfute toute idée de ticket modérateur: «Quand vous n'avez pas de ressources, chaque centime d'euro compte. Quand vous vivez dans une précarité extrême, il n'y a pas de médecine de confort.» La Cimade, association protestante très active auprès des sans-papiers, somme les pouvoirs publics de ne pas «stigmatiser encore un peu plus les étrangers».

                Il n'empêche, les députés de droite, plusieurs fois lâchés en rase campagne sur l'AME par les gouvernements en place, ont l'intention de revenir à la charge. Au front, comme souvent sur les questions d'immigration, les députés UMP Claude Goasguen et Thierry Mariani n'entendent pas céder au «terrorisme intellectuel autour de ce dossier». A l'occasion de la discussion budgétaire, ces jours-ci, ils veulent ferrailler pour obtenir une «redéfinition des soins» éligibles à l'AME. En clair, réserver le dispositif aux soins d'urgence. «Il y a une vraie exaspération sur le terrain. Chacun doit maintenant prendre ses responsabilités», préviennent ces deux élus.

                Pour la première fois, les parlementaires pourraient rencontrer le soutien de la communauté médicale. Car médecins, pharmaciens, infirmières et même certains militants associatifs commencent à dénoncer un système sans limite ni contrôle, parfois détourné de son objectif initial, voire carrément fraudé.

                C'est Laurent Lantieri qui, le premier, a mis les pieds dans le plat. Dans un entretien à L'Express publié début septembre, le grand spécialiste français de la greffe du visage a confié son agacement de voir les principes du service public «dévoyés» avec l'AME. «Soigner les étrangers en cas d'urgence ou pour des maladies contagieuses qui pourraient se propager me paraît légitime et nécessaire, prend-il soin de préciser. En revanche, je vois arriver à ma consultation des patients qui abusent du système.» Et de raconter l'histoire de cet Egyptien qui avait eu le doigt coupé bien avant de s'installer en France et demandait «une opération de reconstruction», prétextant qu'il n'avait pas confiance dans la médecine de son pays. «En réalité, poursuit le chirurgien, ce monsieur s'était d'abord rendu en Allemagne, mais il jugeait bien trop élevée la facture qu'on lui avait présentée là-bas. Une fois en France, il avait obtenu l'AME et il estimait avoir droit à l'opération!» Ce que Laurent Lantieri lui refusa.

                Du tourisme médical aux frais du contribuable ? Claudine Blanchet-Bardon n'est pas loin de le penser. Cette éminente spécialiste des maladies génétiques de la peau voit parfois débarquer à sa consultation de l'hôpital Saint-Louis des patients AME venus du bout du monde exprès pour la voir. «Je vais vous dire comment ça se passe, confie-t-elle. Ils tapent le nom de leur maladie sur internet au fin fond de la Chine, tombent sur mon nom parmi d'autres et découvrent qu'en France, ils peuvent se faire soigner gratuitement. Ils arrivent clandestinement ici, restent tranquilles pendant trois mois et débarquent à ma consultation avec leur attestation AME, accompagnés d'un interprète. L'interprète, lui, ils le payent.» Le coût des traitements au long cours de ce type d'affection se chiffre en dizaines de milliers d'euros par an.

                Avec certains pays proches comme l'Algérie, l'affaire est encore plus simple. Un cancérologue raconte, sous le couvert d'anonymat : «Nous avons des patients qui vivent en Algérie et qui ont l'AME. Ils viennent en France régulièrement pour leur traitement, puis repartent chez eux. Ils ne payent que l'avion...»

                De plus en plus de médecins réclament un «véritable contrôle médical lors de l'attribution de l'AME». Ou, au moins, un accord de la Sécu avant d'engager certains soins. Car, à la différence de l'assuré social lambda, le bénéficiaire de l'AME n'a nul besoin d'obtenir une «entente préalable» avant d'engager des soins importants. C'est ainsi que des femmes sans-papiers peuvent faire valoir leurs droits à des traitements d'aide médicale à la procréation. «Pur fantasme!» s'insurgent les associations. «Elles ne sont pas très nombreuses, mais on en voit...» répond une infirmière d'une grande maternité de l'est de Paris, choquée que «la collectivité encourage des femmes vivant dans la clandestinité et la précarité à faire des enfants». Chaque tentative de fécondation in vitro (FIV) coûtant entre 8000 et 10.000 euros, la question mérite effectivement d'être posée.

                Le député Thierry Mariani n'en finit pas de citer cet article paru il y a deux ans et demi dans Libération* qui raconte l'histoire incroyable d'un couple de Camerounais sans-papiers qui voulait un enfant. Monsieur est «séropositif, il a deux autres femmes et sept enfants au Cameroun». Suivi en France pour son sida, il vient de se marier pour la troisième fois, mais sa jeune femme «n'arrive pas à être enceinte» et «s'est installée dans la banlieue parisienne depuis qu'elle a décidé de tenter une FIV. (...) Sans papiers, elle est en attente de l'Aide médicale d'Etat». Les médecins étaient, paraît-il, «perplexes» face à cette demande, mais ils finiront par y accéder.

                A l'heure où les hôpitaux croulent sous les déficits, «cette distribution aveugle de l'AME», selon le mot de Mme Blanchet-Bardon, finit par excéder les praticiens hospitaliers, «coincés entre leur devoir de soignant et les limites de la solidarité nationale».

                Pierre Henry, de France Terre d'asile, balaie les allégations de tricheries : «S'il y a des abus, les premiers coupables sont les médecins.» Mais le corps médical renvoie, lui, vers la Caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) qui délivre le précieux sésame. «Nous, on est là pour soigner, pas pour vérifier les attestations AME», souligne un médecin urgentiste.

                Le problème est que la CPAM ne fait elle-même qu'appliquer des textes d'une extrême légèreté, les seules conditions requises pour obtenir l'AME étant trois mois de résidence en France et des ressources inférieures à 634 euros par mois. Les demandeurs étant clandestins, le calcul des ressources relève de la fiction. «Nous prenons en compte les ressources au sens large: il s'agit plutôt des moyens de subsistance», explique un travailleur social, qui concède n'avoir aucun moyen de vérifier les dires du demandeur.

                En l'absence de données fiables, la situation des bénéficiaires de l'aide médicale est l'objet de vastes débats. Pour les associations, «l'extrême précarité» des immigrés clandestins justifie pleinement leur prise en charge totale par la solidarité nationale. Une affirmation qui doit être quelque peu nuancée. Selon une enquête réalisée en 2008 par la Direction des études du ministère des Affaires sociales (Drees) auprès des bénéficiaires de l'AME résidant en Ile-de-France, «près de 8hommes et 6femmes sur 10 travaillent ou ont travaillé en France». Il s'agit essentiellement d'emplois dans le bâtiment, la restauration et la manutention pour les hommes, de ménage et de garde d'enfants pour les femmes.

                L'hôpital représente un peu plus des deux tiers des dépenses AME, le solde relevant de la médecine de ville. Très souvent refusés par les praticiens libéraux en secteur II (honoraires libres), ces patients fréquentent assidûment les centres médicaux des grandes villes où toutes les spécialités sont regroupées. «Comme c'est gratuit, ils reviennent souvent», soupire une généraliste qui se souvient encore de la réaction indignée d'une de ses patientes, tout juste régularisée, à qui elle expliquait qu'«elle allait dorénavant payer un peu pour ses médicaments, et que pour (eux) aussi, c'était comme ça...».

                Aucun soignant - ni aucun élu d'ailleurs - ne remet en cause l'existence de l'AME ni sa vocation dans la lutte contre la propagation des épidémies, notamment de la tuberculose, en pleine recrudescence. Dans l'est de Paris, une épidémie de gale qui avait frappé un camp d'exilés afghans l'an dernier a pu être éradiquée efficacement grâce à l'aide médicale. Mais c'est la gratuité généralisée des soins qui choque un nombre croissant de médecins et de pharmaciens.

                Dans cette officine proche d'une gare parisienne, on voit défiler chaque jour une dizaine de clients avec une attestation AME. «Pour la plupart, c'est de la bobologie: aspirine, sirop...» raconte la pharmacienne, qui vérifie avec soin les documents présentés. «La paperasserie, c'est l'horreur. Les attestations papier sont tellement faciles à falsifier.» Parfois, la clientèle AME est plus nombreuse, comme dans ce quartier du Xe arrondissement de Paris où les bobos cohabitent avec une forte population immigrée. «Sur 60ordonnances par jour, je fais une vingtaine d'AME», raconte la gérante d'une pharmacie. Dans le lot figurent presque à chaque fois deux ou trois trithérapies (traitements anti-sida) et autant de Subutex (traitement de substitution à l'héroïne). «Le reste, poursuit-elle, ce sont généralement des traitements pour les petites maladies des enfants, des gouttes, des vitamines, car nous avons une forte communauté asiatique dans le quartier.»

                Les pharmaciens sont particulièrement vigilants sur le Subutex, objet de tous les trafics. Même si la Sécu veille au grain, il est bien difficile d'empêcher un patient muni de son ordonnance de faire la tournée des pharmacies pour se fournir en Subutex avant de le revendre. Le tout sans débourser un euro. Il y a deux ans, un vaste trafic de Subutex, via l'AME, a été démantelé entre la France et la Géorgie. «L'AME, c'est une pompe aspirante», insiste un autre pharmacien, las de distribuer toute la journée gratuitement des médicaments de confort et des traitements coûteux à «des gens qui n'ont en principe pas de papiers en France, alors que les petites dames âgées du quartier n'arrivent pas à se soigner».

                Sur le terrain, l'explosion des dépenses a été ressentie par tous. Et chacun a son explication. Pour les associations, c'est le résultat de la politique anti-immigration du gouvernement. Le durcissement du droit d'asile aurait rejeté dans la clandestinité un nombre plus élevé d'exilés. En outre, les sans-papiers, craignant plus que jamais d'être interpellés, attendraient la dernière minute pour aller se faire soigner. «De plus en plus de patients arrivent chez nous dans un état de santé extrêmement délabré», souligne-t-on à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), dont les 45 établissements ont vu leur facture AME grimper de 16 % l'an dernier (à plus de 113 millions d'euros). Des soins plus complexes et des durées de séjour plus longues font flamber les coûts.

                Les travailleurs sociaux ont aussi noté depuis le printemps 2009 un afflux d'immigrants d'Europe de l'Est et de l'ex-Union soviétique: des Roumains et des Bulgares (souvent des Roms), mais aussi des Tchétchènes, des Kirghiz, des Géorgiens, et même des Russes. Les associations sont débordées par ces arrivées de familles entières. «On ne va pas pouvoir accueillir tout le monde», soupire Geneviève, permanente dans un centre d'accueil pour étrangers, qui se souvient d'un Roumain arrivé en France il y a peu, avec pour seul bagage un petit bout de papier sur lequel son passeur avait écrit: «Ici boire manger dormir argent.»

    * Libération du 24 janvier 2008.

  • Reconstruire les Tuileries ? Carrément pour !.....

            "Pour" la reconstruction, on l'était déjà "avant"; alors, après l'excellent article du Figaro Magazine du 18 novembre, on ne peut que l'être davantage : la superbe image de synthèse montrant ce que donnerait la restitution du Palais est proprement stupéfiante.....

            Les Russes ont recosntruit leur cathédrale du Christ sauveur, dynamitée par Staline durant les années d'enfer; les Allemands, le Palais des Hohenzollern; les Français doivent, symboliquement, reconstruire le château de Paris : non que ce soit utile en soi, et l'auteur de l'article du Figaro (Léopold Sanchez) a raison de signaler les arguments "contre", avancés par les détracteurs du projet. Bien sûr, Paris ne manque pas de mètres carrés déjà consacrés à l'Histoire et à la culture. Bien sûr, il y a déjà beaucoup d'argent dépensé, et à dépenser pour entretenir d'autres oeuvres d'art, alors en ajouter une de plus....

            Bien sûr, bien sûr.....

            Mais celles et ceux qui avancent ces arguments "contre" n'oublient qu'une chose : le problème n'est pas là, le problème est un problème d'identité, d'Âme, d'Esprit. Le problème, c'est la Mémoire de la France, et de sa ville capitale. Et cette mémoire a été amputée, gravement, lors de la destruction insensée du Palais des Tuileries.

            Et le mouvement qui nous pousse à vouloir militer pour sa reconstruction est le même que celui qui pousse les Russes (qui n'ont pas besoin d'une église de plus) à reconstruire "leur" cathédrale; et les Allemands (qui n'ont pas besoin d'un palais de plus) à reconstruire "leur" palais des Hohenzollern. Nous voulons retrouver "notre" mémoire, notre Histoire, nous rebrancher - on nous passera l'expression... -sur l'une et sur l'autre.

            Quant à craindre qu'on n'arrive pas à faire quelque chose de bien, qu'on ne fasse que de l'à peu près,que ceux qui ont cette crainte aillent à Saint Malo....

            Comme le disait Catherine de Médicis, après avoir tranché, il faut recoudre.....

            Voici l'excellent article de Léopold Sanchez dans Le Figaro Magazine du 19 novembre 2010 :

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    Le palais des Tuileries restitué en images 3D. Voici à quoi le site ressemblerait s'il était toujours en place. Au premier plan, la longue façade ombragée n'existe plus. (Aristeas-Hubert Naudeix)

      Et si on reconstruisait les Tuileries ?

    Le projet de reconstruction des Tuileries est-il une vague rêverie d'historiens réactionnaires ou un projet moderne et séduisant? La polémique soulève les passions.

    Voici plus d'un siècle que le pavillon de Flore et le pavillon de Marsan se font face, de part et d'autre d'un espace vide. Le fait qu'il n'y ait rien à cet endroit rend à la fois inutile et sans cause l'arc de triomphe du Carrousel qui, de majestueux à l'origine, a tourné au dérisoire. Et en plus, cela a fait perdre tout son sens au jardin.»

    La déclaration de Stéphane Millet, président du Comité pour la reconstruction des Tuileries, vient jeter un pavé dans la mare.

    Si l'Etat s'est contenté jusqu'à présent de hausser les épaules, il semblerait que les arguments des opposants à la reconstruction soient en train de se retourner contre eux. La sortie d'un ouvrage savant et neutre sur les Tuileries * montrant, au moyen de restitutions en 3D (société Aristeas), à quoi pourrait ressembler le bâtiment s'il était toujours en place aux extrémités du Louvre, ainsi que la reprise en main du comité militant pour la reconstruction du palais viennent relancer le débat.

    Tout était réuni pour en faire un chef-d'oeuvre : les plus grands architectes, la beauté de la pierre, l'élégance des sculptures, la somptuosité des décors. Ce qui fait dire aujourd'hui aux opposants qu'on ne pourra jamais refaire que de l'à-peu-près ! (Aristeas-Hubert Naudeix)

    Rétablir la perspective sur les Champs-Elysées

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    Tout était réuni pour en faire un chef-d'oeuvre : les plus grands architectes, la beauté de la pierre, l'élégance des sculptures, la somptuosité des décors. Ce qui fait dire aujourd'hui aux opposants qu'on ne pourra jamais refaire que de l'à-peu-près ! (Aristeas-Hubert Naudeix)

    Selon l'ancien ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres: «C'est Maurice Druon qui est à l'origine de ce dossier. En 2005, il est venu me trouver Rue de Valois pour m'exposer ses grandes lignes. Ma réponse, à l'époque, était claire: je m'engageais à le soutenir, à condition que cela ne repose pas sur le budget des Monuments historiques. Il m'a proposé alors un plan de financement, par des partenaires privés, que j'ai trouvé tout à fait viable.»

    L'estimation du coût du projet est alors de 350 millions d'euros. La somme paraît importante, mais selon le représentant du Comité, elle ne représente que «le quart du montant des travaux du Grand Louvre (1,2 milliard d'euros), et on n'aurait besoin que de dix-huit mois pour réunir le budget grâce à une souscription internationale et au mécénat d'entreprise». Toutes les difficultés ne sont pas levées pour autant. A commencer par l'impact de nouveaux aménagements sur la « respiration » de la ville. En effet, il ne serait pas anodin de voir s'élever un lieu nouveau à un endroit clé pour le trafic urbain.

    «Oui et non! réplique Stéphane Millet. On n'est pas encore dans le périmètre du jardin, puisque la grille d'entrée est à une cinquantaine de mètres à l'ouest; ce n'est plus une voie de communication depuis que la liaison berges-Rivoli est souterraine; ce n'est même pas une voie piétonne, vu l'état du sol en cet endroit, où l'on s'est contenté de planter quelques massifs de buis entre deux ou trois statues.» Selon lui, la reconstruction des Tuileries redonnerait au contraire à l'ensemble monumental du Louvre une cohérence sur le plan urbanistique.

    Les détracteurs du projet, en la personne d'Alexandre Gady, professeur des universités et historien de l'architecture, répliquent aussitôt que l'«on va ainsi fermer une perspective vantée dans les dépliants touristiques du monde entier». Il suffit, pour s'en convaincre, de voir le nombre impressionnant de touristes qui s'arrêtent là afin de se faire photographier. Un argument qui a fait long feu aujourd'hui, si l'on en croit les arguments de la défense: «La fameuse perspective sur les Champs-Elysées s'avère une complète illusion, souligne Stéphane Millet, notamment depuis l'érection de la pyramide de Pei à un bout et l'arche de la Défense à l'autre. On a accentué la brisure qui existait, dès le départ, à l'endroit des Tuileries.» Le baron Haussmann avait d'ailleurs prévu cet inconvénient, lorsqu'il déclarait aux partisans de la destruction: «Les ruines des Tuileries font encore obstacle à la vue d'irrégularités que vous allez mettre à découvert.»


    Le 24 mai 1871, il ne restait plus des Tuileries que leur structure de pierre. Incendié par la Commune, comme la plupart des bâtiments officiels de la capitale, le palais ne fut rasé que treize ans plus tard. Un très petit nombre de personnes se prononçait alors pour sa disparition. (Archives nationales)

    Un nouveau palais pour y mettre quoi ?

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    Le 24 mai 1871, il ne restait plus des Tuileries que leur structure de pierre. Incendié par la Commune, comme la plupart des bâtiments officiels de la capitale, le palais ne fut rasé que treize ans plus tard. Un très petit nombre de personnes se prononçait alors pour sa disparition. (Archives nationales)

    Remettre les Tuileries à leur place, aux extrémités du Louvre, redonnerait au contraire son axe à la grande perspective depuis l'arc de triomphe de l'Etoile, qui n'a été placé là par Napoléon Ier que pour faire face au pavillon central des Tuileries. «L'arc du Carrousel, renchérit Stéphane Millet, retrouverait sa fonction de porte d'honneur du palais et ses proportions exactes au milieu du cadre architectural pour lequel il a été créé.» Reste que l'Etat est propriétaire du terrain, et que lui seul peut donner le feu vert au projet. C'est là que le bât blesse !

    Cette ouverture sur le vide a quelque chose d'une amputation, qui n'a pas échappé aux précédents gouvernements. Déjà, en 1882, Jules Ferry, alors ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, soutenait la reconstruction du palais. Il alla même jusqu'à confier à Charles Garnier la mission de plancher sur le sujet. Plus récemment, le général de Gaulle, au lendemain de son élection, avait chargé l'architecte Henry Bernard de réfléchir à une reconstruction, pour servir éventuellement de résidence au chef de l'Etat. Sur le plan technique, s'il ne reste aucune trace visible de ce bâtiment, en revanche ses soubassements sont conservés (entre la voie souterraine et le parking du Carrousel) et ses caves, obstruées lors de la démolition, n'ont jamais été fouillées. D'autre part, ses pierres ont été dispersées un peu partout en France. Stéphane Millet appuie cet argument: «Les plans des Tuileries sont conservés aux Archives, ainsi que les projets de Lefuel pour leur remaniement au XIXe siècle. En ce qui concerne le mobilier, il est précieusement gardé au département des objets d'art du Louvre, ainsi que les tableaux qui étaient aux murs. Quant aux carrières qui ont fourni les pierres du bâtiment, elles sont toujours en activité en Ile-de-France, et la reprise d'un tel projet serait même un ballon d'oxygène pour l'emploi dans une foule de secteurs des métiers d'art.»

    Michel Carmona, directeur de l'Institut d'urbanisme et d'aménagement de la Sorbonne, abonde en ce sens: «La reconstruction d'un monument de cette ampleur pourrait faire l'objet d'un chantier-école pour les métiers d'art, que l'on pourrait même envisager en collaboration avec la chambre des métiers.»

    Vingt mille mètres carrés qui s'ouvriraient à l'exploitation en plein cœur de Paris, à un moment où le Louvre manque de place pour exposer de nouvelles collections entreposées dans ses réserves, et où il cherche de nouveaux lieux pour les mettre à l'abri du danger d'une crue de la Seine, ne serait-ce pas une aubaine? Même si le palais reconstruit devait conjuguer d'autres fonctions, comme celle de centre de congrès ou de lieu nouveau pour des événements internationaux... Les projets ne manquent pas.

    Reste que l'Etat a d'autres chats à fouetter actuellement. Comme le souligne Renaud Donnedieu de Vabres, «avec 40.000 édifices publics (soit 50% des monuments historiques européens), l'Etat est déjà responsable d'un patrimoine architectural considérable». Et au moment où les pouvoirs publics essayent de se débarrasser de cette énorme charge financière, leur ajouter 20.000 mètres carrés de salles et de salons, de couloirs et d'escaliers, ce n'est pas très raisonnable. «On a besoin de restaurer et d'entretenir notre magnifique patrimoine, non de faux monuments, plaide Alexandre Gady. Une reconstruction "à l'identique" (d'ailleurs impossible) impliquerait de détruire partiellement les pavillons de Flore et de Marsan. Cela n'a pas de sens! Pourquoi pas aussi reconstruire Lutèce sur l'île de la Cité? »

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    Vue du pavillon central, du côté de la place du Carrousel. (Aristeas-Hubert Naudeix)

    Un témoin absent de l'histoire nationale

    Cette position est bien caractéristique des archéologues et historiens, mais aussi d'un grand nombre d'opposants, comme Claude Mignot, professeur à la Sorbonne ou Philippe Belaval, directeur des patrimoines au ministère de la Culture : «Au moment où chacun a le sentiment qu'il y a des besoins énormes, tant en restauration qu'en conservation du patrimoine, se tourner vers un tel projet me semble un peu léger.» Même si c'est une belle idée !

    Or, toute belle idée en France soulève les passions, à plus forte raison lorsqu'elle est liée à l'histoire du pays. Pour le commun des mortels, le nom de Tuileries évoque aujourd'hui un simple jardin ! Combien de gens savent qu'au-delà des plus grands architectes, comme Philibert Delorme, Bullant, Androuet du Cerceau, Le Vau, Percier, Fontaine qui, depuis la Renaissance, ont contribué à faire de ce palais un lieu de prestige, c'est ici que se sont tournées certaines des pages les plus déterminantes de notre histoire.

    C'est aux Tuileries que Beaumarchais créa son Barbier de Séville en 1775 ; que Mozart joua pour la première fois sa symphonie n° 31, dite Parisienne, en 1778 ; que fut renversée la monarchie. Ici que furent mis en application les principes fondateurs de la République: les droits de l'homme, la souveraineté du peuple, la notion contemporaine de l'Etat. Que d'événements en moins d'un siècle, entre 1789 et 1870 ! Le séjour surveillé de la famille de Louis XVI, la fuite à Varennes, la conspiration des poignards, le sac du palais par le peuple, les séances de la Convention, les splendeurs du premier puis du second Empire... jusqu'à l'anéantissement par la Commune, le 24 mai 1871, et l'arasement total des Tuileries, en 1884. Comme si l'on avait voulu effacer la mémoire de ce monument au cœur de Paris.

    *Le Palais des Tuileries, de Guillaume Fonkenell, Editions Honoré Clair, 224p., 49€.

    Annexe : Où peut-on voir des restes des Tuileries?

    - Les jardins de la Villa Magali, à Saint-Raphaël, où sont conservés quarante fragments du palais.

    - La Fondation Foch, à Suresnes.

    - Dans la cour de l'Ecole des ponts et chaussées, Paris VII e .

    - Dans les jardins du musée Carnavalet et rue Payenne, Paris III e .

    - Dans le petit musée lapidaire de l'Ecole des beaux-arts, Paris VI e .

    - Le château de La Punta, à Alata, en Haute-Corse, construit avec les vestiges du pavillon central et qui menace ruine aujourd'hui.

    - Dans le jardin des Tuileries, bien sûr...

  • Le grand Barnum continue: le FLN appelle -une nouvelle fois- la France à présenter ”ses excuses” à l'Algérie

    Abdelaziz Belkhadem (d) et le Premier ministre français François Fillon (g), le 21 juin 2008 à Alger

    Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN, au pouvoir) et ministre d'Etat, Abdelaziz Belkhadem, a appelé l'Etat français à présenter ses excuses à l'Algérie pour "les crimes" de la colonisation (1)...

                Des "excuses" ? Pour avoir commis le "crime" de construire 70.000 km de routes, 4 aéroports internationaux et une douzaine d'aéroports importants ? 4.500 km de voies ferrées ? Des dizaines de villes modernes et de stations balnéaires ? Des centaines de ponts, viaducs, tunnels, châteaux d'eau, églises (eh oui, c'était le bon temps de la diversité, en Algérie...) ? Des milliers de bâtiments administratifs, d'écoles, d'instituts; d'hôpitaux, de maternités, de dispensaires ? 31 centrales hydro-électriques et thermiques, et les infrastructures gaeières et petrolières ?.....

                En réalité, nous avons déjà plusieurs fois traité de ce sujet (notamment ici: Voilà que ça le reprend.pdf). Voici donc, pour changer un peu, deux documents pour répondre tout de même à ces cingleries, histoire de marquer le coup, comme on dit...

     

                 D'abord, dans le registre sérieux, le texte de la lettre envoyé en décembre 2007 à Abdelaziz Bouteflika par M. André SAVELLI, professeur agrégé en histoire au Val de Grâce (les illustrations sont de notre fait). Ensuite, pour garder le moral, un petit montage plus léger, que nous avions déjà passé en août dernier .....

     

     

                                                                                                        I

     

    LETTRE à M. BOUTEFLIKA

    Président de la République algérienne.

     

     

     

     

    Monsieur le Président,

                      En brandissant l’injure du génocide de l’identité algérienne par la France, vous saviez bien que cette identité n’a jamais existé avant 1830. Mr Ferrat Abbas et les premiers nationalistes avouaient l’avoir cherchée en vain. Vous demandez maintenant repentance pour barbarie : vous inversez les rôles !

         C’était le Maghreb ou l’Ifriqiya, de la Libye au Maroc. Les populations, d’origine phénicienne (punique), berbère (numide) et romaine, étaient, avant le VIIIème siècle, en grande partie chrétiennes (500 évêchés dont celui d’Hippone / Annaba, avec Saint Augustin). Ces régions agricoles étaient prospères.

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    La plus ancienne représentation connue de Saint Augustin,
    probablement ressemblante puisque cette fresque de Saint Jean de Latran est datée du VIème siècle....


                   Faut-il oublier que les Arabes, nomades venant du Moyen Orient, récemment islamisés, ont envahi le Maghreb et converti de force,  « béçif » (par l’épée), toutes ces populations. « Combattez vos ennemis dans la guerre entreprise pour la religion….Tuez vos ennemis partout  où vous les trouverez » (Coran, sourate II, 186-7). Ce motif religieux était élargi par celui de faire du butin, argent, pierreries, trésor, bétail, et aussi bétail humain, ramenant par troupeaux des centaines de milliers d’esclaves berbères; ceci légitimé par le Coran comme récompense aux combattants de la guerre sainte (XLVIII, 19, 20). Et après quelques siècles de domination arabe islamique, il ne restait plus rien de l’ère punico romano berbère si riche, que des ruines (Abder-Rahman ibn Khaldoun el Hadram , Histoire des Berbères,T I,p.36-37, 40, 45-46. 1382).

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    Tipasa


                      Faut-il oublier aussi que les Turcs Ottomans ont envahi le Maghreb pendant trois siècles, maintenant les tribus arabes et berbères en semi esclavage, malgré la même religion, les laissant se battre entre elles et prélevant la dîme, sans rien construire en contre partie.

                      Faut-il oublier que ces Turcs ont développé la piraterie maritime, en utilisant leurs esclaves. Ces pirates barbaresques arraisonnaient tous les navires de commerce en Méditerranée, permettant, outre le butin, un trafic d’esclaves chrétiens, hommes, femmes et enfants. Dans l’Alger des corsaires du XVI ème siècle, il y avait plus de 30.000 esclaves enchaînés. D’où les tentatives de des-truction de ces bases depuis Charles Quint, puis les bombardements anglais, hollandais et même américain…..Les beys d’Alger et des autres villes se main-tenaient par la ruse et la force, ainsi celui de Constantine, destitué à notre venue, ayant avoué avoir fait trancher 12.000 têtes pendant son règne.  

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     La Méditerranée fut, jusqu'au début du XIXème et à la conquête de l'Algérie par la France, une mer dangereuse : en 1789, l'Ordre des Trinitaires, fondé par le provençal Jean de Matha, avait racheté 600.000 prisonniers, esclaves des barbaresques (le plus célèbre d'entre eux étant Cervantès, resté cinq ans dans les geôles d'Alger)

                      Faut-il oublier que l’esclavage existait en Afrique depuis des lustres et existe toujours. Les familles aisées musulmanes avaient toutes leurs esclaves africains. Les premiers esclavagistes, Monsieur le Président, étaient les négriers noirs eux-mêmes qui vendaient leurs frères aux Musulmans du Moyen Orient, aux Indes et en Afrique (du Nord surtout), des siècles avant l’apparition de la triangulaire avec les Amériques et les Antilles, ce qui n’excuse en rien cette dernière, même si les esclaves domestiques étaient souvent bien traités.

                      Faut-il oublier qu’en 1830, les Français sont venus à Alger détruire les repaires barbaresques ottomans qui pillaient la Méditerranée, libérer les esclaves et, finalement, affranchir du joug turc les tribus arabes et berbères opprimées.

                      Faut-il oublier qu’en 1830, il y avait à peu près 5.000 Turcs, 100.000 Koulouglis, 350.000 Arabes et 400.000 Berbères dans cette région du Maghreb où n’avait jamais existé de pays organisé depuis les Romains. Chaque tribu faisait sa loi et combattait les autres, ce que l’Empire Ottoman favorisait, divisant pour régner.

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    KHIZR, frère du pirate Baba Aroudj (Barberousse) prit sa succession sur le trône d'Alger. Nommé Capitaine Pacha de la flotte turque, c'est sous son règne que les Turcs s'emparèrent de la forteresse espagnole du Penon, en 1530.Alger devint ainsi une place forte de la piraterie sous obédience turque et y restera jusqu'en 1830.

     

                      Faut-il oublier qu’en 1830 les populations étaient sous développées, soumises aux épidémies et au paludisme. Les talebs les plus évolués qui servaient de toubibs (les hakems), suivaient les recettes du grand savant « Bou Krat » (ou plutôt Hippocrate), vieilles de plus de 2.000 ans. La médecine avait quand même sérieusement évolué depuis !

                      Faut-il oublier qu’à l’inverse du génocide, ou plutôt du massacre arménien par les Turcs, du massacre amérindien par les Américains, du massacre abo-rigène par les Anglais et du massacre romano-berbère par les Arabes entre l’an 700 et 1500, la France a soigné, grâce à ses médecins (militaires au début puis civils) toutes les populations du Maghreb les amenant de moins d’un million en 1830 en Algérie, à dix millions en 1962.


                      Faut-il oublier que la France a respecté la langue arabe, l’imposant même au détriment du berbère, du tamashek et des autres dialectes, et a respecté la religion (ce que n’avaient pas fait les Arabes, forçant les berbères chrétiens à s’islamiser pour ne pas être tués, d’où le nom de « kabyle » - j’accepte).

     

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    L'Institut Pasteur d'Alger

     

     

                      Faut-il oublier qu’en 1962 la France a laissé en Algérie, malgré des fautes graves et des injustices, une population à la démographie galopante, souvent encore trop pauvre, - il manquait du temps pour passer du moyen âge au XX ème siècle - mais en bonne santé, une agriculture redevenue riche grâce aux travaux des Jardins d’Essais, des usines, des barrages, des mines, du pétrole, du gaz, des ports, des aéroports, un réseau routier et ferré, des écoles, un Institut Pasteur, des hôpitaux et une université, la poste….. Il n’existait rien avant 1830 ! Cette mise en place d’une infrastructure durable, et le désarmement des tribus, ont été capitaux pour l’Etat naissant de l’Algérie.

                      Faut-il oublier que les colons français ont asséché, entre autres, les marécages palustres de la Mitidja, y laissant de nombreux morts, pour en faire la plaine la plus fertile d’Algérie, un grenier à fruits et légumes, transformée, depuis  leur départ, en zone de friche industrielle.

     

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    La France devra-t-elle faire acte de repentance pour avoir transformé la Mitidja, marécage à paludisme avant 1830, en un grenier luxuriant ?



                  Faut-il oublier que la France a permis aux institutions de passer, progressivement, de l’état tribal à un Etat nation, et aux hommes de la sujétion à la citoyenneté en construction, de façon, il est vrai, insuffisamment rapide. Le colonialisme, ou plutôt la colonisation a projeté le Maghreb, à travers l’Algérie, dans l’ère de la mondialisation.

                  Faut-il oublier qu’en 1962, un million d’européens ont dû quitter l’Algérie, abandonnant leurs biens pour ne pas être assassinés ou, au mieux, de devenir des habitants de seconde zone, des dhimmis, méprisés et brimés, comme dans beaucoup de pays islamisés. Il en est de même de quelques cent mille israélites dont nombre d’ancêtres s’étaient pourtant installés là 1000 ans avant que le premier arabe musulman ne s’y établisse. Etait-ce une guerre d’indépendance ou encore de religion ?

                  Faut-il oublier qu’à notre départ en 1962, outre au moins 75.000 Harkis, sauvagement assassinés, véritable crime contre l’humanité, et des milliers d’européens tués ou disparus, après ou avant, il est vrai, les excès de l’O.A .S., il y a eu plus de 200.000 tués dans le peuple algérien qui refusait un parti unique, beaucoup plus que pendant la guerre d’Algérie.

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                  C’est cette guerre d’indépendance, avec ses cruautés et ses horreurs de part et d’autre, qui a fondé l’identité algérienne. Les hommes sont ainsi faits !

     

                  Monsieur le Président, vous savez que la France forme de bons médecins, comme de bons enseignants. Vous avez choisi, avec votre premier ministre, de vous faire soigner par mes confrères du Val de Grâce. L’un d’eux, Lucien Baudens, créa la première Ecole de médecine d’Alger en 1832, insistant pour y recevoir des élèves autochtones. Ces rappels historiques vous inciteront, peut-être, Monsieur le Président, à reconnaître que la France vous a laissé un pays riche, qu’elle a su et pu forger, grâce au travail de toutes les populations, des plus pauvres aux plus aisées - ces dernières ayant souvent connu des débuts très précaires -.

     

                   La France a aussi créé son nom qui a remplacé celui de Barbarie.

     

                   Personne ne vous demandera de faire acte de repentance pour l’avoir laissé péricliter, mais comment expliquer que tant de vos sujets, tous les jours, quittent l’Algérie pour la France ?

                    En fait, le passé, diabolisé, désinformé, n’est-il pas utilisé pour permettre la mainmise d’un groupe sur le territoire algérien ? Je présente mes respects au Président de la République, car j’honore cette fonction.

     

     

    Un citoyen français, André Savelli, Professeur agrégé d’Histoire au Val de Grâce.

     

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                                                                                                        II

      

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    (1) : "Nous exigeons de la France officielle une reconnaissance de ses crimes coloniaux commis en Algérie et des excuses au peuple algérien", a déclaré M. Belkhadem, dans un discours d'ouverture du 9e congrès de son parti. Le chef du FLN a souligné, dans son discours "l'importance de cette repentance", rappelant "le dur combat mené par le peuple algérien pour mettre un terme au colonialisme".

  • 2010, Année Henri IV

     

    QUATRIEME CENTENAIRE

    DE L’ASSASSINAT D’HENRI IV

     

    Célébration nationale placée sous le Haut patronage du Président de la République 

     

                  

                    Encore une célébration ? Encore commémorer ? Encore se tourner vers le passé ? Pas du tout !

     

                    En rendant compte de cette initiative officielle du Gouvernement français, en s'y associant et en y participant, on fait tout à fait autre chose que de se complaire dans un passé aboli. On accomplit, certes, un geste de mémoire, en exaltant ce roi pacificateur et réconciliateur, mais tourné vers le présent et l'avenir. On contribue à pousser à la roue pour la reconquête de notre Histoire, la ruine de la Bastille du mensonge de l'histoire officielle,  grâce à laquelle nos adversaires ont réussi à falsifier notre passé, à le faire prendre en haine à une part du peuple, le coupant ainsi de ses Racines authentiques. Beaucoup de français en effet, abusés par l'ignorance et le mensonge, ne s'aiment pas, n'aiment pas la France, du moins la caricature mensongère qu'on leur en a montrée, et ne souhaitent donc pas prolonger cette aventure exaltante que représente notre Nation.

     

                    Exaltante, du moins, quand on connaît vraiment son Histoire, avec ses grandeurs et ses faiblesses (et même ses laideurs...) car comment pourrait-elle l'être -exaltante- lorsqu'on a été élevé en haine de son passé ? La réflexion n'est pas nouvelle, et elle n'est pas de nous: l'histoire de France -l'histoire officielle, enseignée dans les Ecoles- paraît avoir été écrite par les ennemis de la France.

             

                Justement, il va peut-être, et même sûrement, falloir énoncer cette vérité au passé. Enfin ! De toutes parts, l'édifice vermoulu du mensonge craque et s'affaisse. Le Système idéologique qui nous gouverne reste en place, mais ne tient plus que par la force d'inertie. La terre entière a assisté, en direct, a la télé, à l'écroulement de l'empire marxiste-léniniste, qui se voulait l'aboutissement final, et la quintessence de la grande Révolution de 1789/1793. Et tout le monde sait maintenant la vérité sur les Goulags et les univers concentrationnaires de tous les sytèmes révolutionnaires qui, jusqu'en Extrême-Orient, ont eu ceci en commun de sortir, tous, de la même matrice: les journées parisiennes de 1789 à 1793, justement dénoncées par François Furet comme portant, dès le début, les germes de la Terreur. Mais aussi des Totalitarismes et des Génocides modernes. La vérité éclate au grand jour, et chaque jour un peu plus, et le système en place n'arrive plus non seulement à diffuser son idéologie mensongère, mais encore à empêcher la Vérité d'apparaitre. Il ne se passe pas de semaine sans qu'un nouvel ouvrage ne vienne réhabiliter tel ou tel de nos rois, le parcours de Max Gallo étant à cet égard des plus révélateurs (il eut un temps sa carte du Parti communiste !). C'est ce mouvement irrésistible, cette lame de fond qui va tout submerger qu'il faut contribuer à amplifier toujours plus car, soyons-en sûrs, ce mouvement ne pourra pas rester sans conséquences.

     

                C'est par le mensonge que nos adversaires ont gagné, c'est par la manifestation de la Vérité qu'ils perdront et que leur système s'effondrera. Il s'est déjà effondré aux extrêmités de la terre, la vague du tsunami refluant maintenant vers son épicentre, son point de départ : Paris. Un jour, bientôt, c'est le coeur même, l'épicentre du tsunami qui retrouvera le calme. Si l'on n'a pas cette certitude, cette foi, à quoi bon combattre encore ? Non, ceux qui ont construit un système idéologique contre nos Racines et nos Traditions n'ont pas plus que d'autres les promesses de l'eternité. Leur idéologie est à bout de souffle, elle est morte. Elle reste encore en place, ici, par habitude. Un jour, bientôt, l'habitude elle-même ne suffira plus. Il faut pousser à la roue pour hâter ce moment-là.

     

                C'est, et ce n'est que, dans cet esprit, que nous nous réjouissons de cette Année Henri IV qui va s'ouvrir, sous le Haut patronage du Président de la république, ce qui semble bien corroborer ce que nous venons de dire...

                   La Présidence de la république a décidé d'honorer Henri IV, en donnant un éclat tout particulier à cette année 2010, qui marque le quatrième centenaire de sa disparition tragique. Un grand nombre de manifestations viendront seconder cette volonté des autorités politiques d'exalter le rôle que joua le roi dans l'époque troublée qui fut la sienne, et le symbole de paix, d'amitié et de rassemblement des français qu'il a su incarner au plus haut point. 
     
                   Nous parlerons bien, sûr plus en détail, et au fur et à mesure, des diverses manifestations qui se dérouleront tout au long de l'année. Plusieurs d'entre elles sont encore à l'état de projets, ou en cours de finalisation. D'autres, par contre, sont déjà clairement définies, et d'ores et déja annoncées. 
     
                   Voici ce que l'on peut citer, pour l'instant, entre autres...:

     

                   - Pour l'Aquitaine, à Nérac (Lot-et-Garonne), le 15 mai 2010, une Journée d’études : « Le Roi est mort. Vive le Bon Roi Henri » (Les Amis du Vieux Nérac)

     

                   - A Pau (Pyrénées-Atlantiques), au Musée national du château, en avril-juin 2010, l'exposition « Quel principe incomparabile.  Florence 1610 : hommage des Médicis à Henri IV, roi de France et de Navarre » (RMN, Musée national du château de Pau-Chapelle Médicis).

                     Du 17-19 juin 2010, Colloque  Les régicides en Europe du XVè au XIXè siècles.

                     Au Pôle intercommunal lecture publique et archives, autour du 14 mai, l'exposition Ravaillac, l’assassinat, le procès.

     

                    - Pour la région Centre, à Sully-sur-Loire (Loiret), au château, durant l'automne, une expositon sur les relations entre Henri IV et Sully.

                   

                    - Pour l'Ile-de-France:

     

                      A Paris, Création d’un itinéraire Henri IV dans Paris (Ville de Paris, Balades du patrimoine)

                                  Bibliothèque de l’Arsenal, le 17 mai 2010, Conférence-lecture « Les lundis de l’Arsenal ».

                                  Musée de l’Armée, Exposition-dossier sur Henri IV chef de guerre avec emprunt à Venise de l’armure d’Henri IV.

                                  Animation musicale pendant la Nuit des musées.

                                  Musée Carnavalet, mise en valeur de la salle Henri IV et présentation du masque mortuaire du Roi par Michel Bourdin

                                  Musée du Louvre, mars 2010, Exposition « Toussaint Dubreuil, peintre de Henri IV »

                                  Auditorium du musée du Louvre, automne 2010, Cycle de trois ou quatre conférences; 18-20 novembre, Colloque « Autour d’Henri IV : figures du pouvoir et échanges artistiques ».

     

                       A Fontainebleau (Seine-et-Marne), au château:

    - création d’un circuit jalonné de visite Henri IV à l’intérieur et à l’extérieur  du château avec mise en valeur des éléments importants

    - automne 2010 exposition dossier sur la Belle cheminée avec emprunt des bas-relifs du Louvre

     - inauguration de la réfection extérieure du quartier Henri IV

    - concert (cérémonie ?) dans la chapelle de la Trinité

    - cycle de conférences sur Henri IV et ses travaux à Fontainebleau

     

                        A Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Cathédrale:

    - Recherche et inhumation du chef d’Henri IV

    - Programmation de concerts autour du temps d’Henri IV (Festival de Saint-Denis)

     

                        A Saint-Germain-en-Laye (Hauts-de-Seine), Musée d’archéologie nationale:

    - septembre-novembre 2010. Exposition La passion de la paix – Les vestiges du temps sur la tolérance et la paix (édits de Saint-Germain, de Nantes) et sur le château neuf et les jardins d’Henri IV. (Association Henri IV Saint-Germain-en-Laye 2010- Musée national des Antiquités)

                           Eglise de Saint-Germain

    - mardi 6 avril. Requiem des rois de France de Eustache du Cauroy  (Association Henri IV Saint-Germain-en-Laye 2010-Ville de Saint-Germain)

    - Son et lumière, tableau sur Henri IV

     

     

                         - Pour le Languedoc-Roussillon, à Montpellier (Hérault), automne 2010, Journée de visite à Montpellier, (Jardin des plantes créé en 1593, hôtel Jacques Cœur et des trésoriers de France où Henri de Navarre a séjourné…) organisée par la Société archéologique de Montpellier.

     

     

                          - Pour la région Midi-Pyrénées, à Cazaux-Saves (Gers) Château de Caumont, printemps-été 2010, exposition « Henri IV et le duc d’Epernon »

     

                          - Pour les Pays-de-la-Loire, à La Fleche (Sarthe), au Prytanée:

    -4 juin, (Chapelle): Requiem de du Cauroy

    -15 octobre, Visite et soirée rétrospective des célébrations du quadricentenaire de la naissance du roi Henri IV. (Association des Amis de la Bibliothèque du Prytanée)

    -17 octobre, Bibliothèque du Prytanée, exposition « Henri IV dans les collections de la bibliothèque du Prytanée : mythe, histoire et légende » (Association des Amis de la Bibliothèque du Prytanée)

    -16 octobre, Théâtre de la Halle aux blés, Conférences universitaires « Cœurs royaux et architecture funéraire »

     

     

                            - Pour la PROVENCE, à Marseille, Journée d’étude sur Henri IV et la Méditerranée.

     

     

                            - Pour l'Etranger: - Etats-Unis, Chicago, Newberry Library, Exposition "Henri IV à Chicago" (à travers le souvrages et documents conservés à Chicago).

                       

                                                        - Italie, Florence, Chapelle Médicis, septembre-décembre, Exposition « Quel principe incomparabile Florence 1610 : hommage des Médicis à Henri IV, roi de France et de Navarre »

                                                                     Rome, Basilique Saint-Jean-de-Latran,13 décembre, messe anniversaire de la naissance d’Henri IV

                                                                      Rome, Villa Médicis, Présentation et lancement de l'Année Henri IV. 

     

                               - Sur Internet:

     

    -  Important site interactif réalisé par la Délégation aux célébrations nationales, la Mission de recherche et de la technologie et la Société Henri IV (auteur Grégory Champeaud) .

    - Site de la Société Henri IV

    - Henri IV 2010, groupe sur Facebook

     

    Publications

     

     

    Jean-Pierre Babelon, Henri IV, Fayard 2009 (nouvelle édition avec bibliographie actualisée.)

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    Alexander Bande, Le Cœur du Roi, Tallandier, 2009.

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    Janine Garrisson, Henri IV, le roi de la Paix, Tallandier 2006.

     
  • Le palais des Hohenzollern bientôt reconstruit à Berlin. A quand les Tuileries, en plein Paris ?.....

                Un château reconstruit sur les ruines du communisme ! Le Humboldt Forum, nouvel ensemble à vocation culturelle, sera construit sur l'emplacement même de l'ancien château royal des Hohenzollern, détruit en 1950 sous la période communiste.

                Ses façades seront absolument identiques à celles de l'ancien palais, comme le montre la simulation ci dessous.

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    Pour ce faire, on aura d'abord détruit le palais de la république, construit à Berlin-Est dans l'épouvantable style stalinien sous le régime communiste. Ironie de l'Histoire, et preuve que la roue tourne : ce palais de la république avait remplacé le château royal des Hohenzollern (monument baroque, endommagé par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale), en étant construit sur son emplacement même. Voilà aujourd'hui un retour à la case départ, et le remplaçant-remplacé.....

                Le nouveau palais restitué sera doté des mêmes façades baroques que l'ancien; il rassemblera de collections issues du musée ethnologique et du musée d'art asiatique de Berlin, ainsi que des collections scientifiques de l'Université Humboldt; et comportera également des auditorium, salles de cinéma, restaurants, cafés et magasins; le tout, donc, sur l'emplacement même de l'ancien palais royal, en face du Berliner Dom, la cathédrale de Berlin, sur les rives de la Sprée.

                Fort bien. Les Russes ont de la chance, qui ont "récupéré" leur cathédrale du Christ Sauveur, dynamitée par Staline et reconstruite par Alexis II. Les Allemands ont de la chance, qui vont récupérer le palais des Hohenzollern, dynamité lui aussi par les marxistes.

                Et nous, quand est-ce qu'on aura de la chance ? Quand est-ce qu'on va récupérer un peu, un tout petit peu de cet extraordinaire patrimoine culturel et artistique dont la révolution nous a privé, elle qui en a détruit entre le quart et le tiers ? Ne pourrions-nous pas prendre exemple sur les Russes et les Allemands qui, eux, ont bien compris l'intérêt multiple que trouve un peuple à se ré-enraciner dans son Histoire.

               Et si nous, chez nous, nous reconstruisions les Tuileries ?

               http://www.linternaute.com/savoir/grands-chantiers/06/interviews/alain-boumier/interview.shtml

     

               Nous en avons déjà parlé (1), eh bien reparlons-en, en lisant aujourd'hui l'excellent article-manifeste d'Hilaire de Crémiers sur Le château de Paris.....

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    Si Paris voulait..... L'amour est si proche de la haine, c'est bien connu, par Hialire de Crémiers.

    Le palais des Tuileries devrait être là devant ses jardins. Il manque à cet endroit qui souffre d'un vide. Il fut brûlé dans un accès de folie ; sa carcasse calcinée ne demandait pourtant qu'à ressusciter. La haine idéologique décréta sa destruction ; ses débris furent mis à l'encan. C'était une sottise de plus : c'était priver Paris de son château.

    Descendre l'avenue des Champs Elysées comme une voie triomphale, traverser la place la mieux tracée du monde, entrer dans les jardins dont la simple et pourtant fameuse ordonnance ne peut être que le noble préambule à la majesté architecturale, et arriver sur le château de la capitale, lui-même servant d'entrée à l'immense composition monumentale du Louvre, cela avait du sens. C'était le sens de l'histoire : d'une histoire de France bien comprise.

    Les siècles avaient imaginé peu à peu cette suite d'aménagements urbains et architecturaux. Il est évident pour qui sait voir, qu'aujourd'hui le château fait défaut. Les jardins l'appellent ; la cour du Carrousel l'attend de ses deux bras tendus. Et il n'est pas là ; il n'est plus là.

     Un symbole éloquent.

     Cette absence est un signe et qui parle fort. Il marque une discontinuité, là où l'esprit attendrait le plus la continuité. C'est vrai dans l'ordre architectural ; c'est encore plus vrai dans cet ordre plus subtil que l'architecture et l'urbanisme manifestent : l'ordre politique. Paris n'a plus de tête et Paris, qu'on le veuille ou non, c'est la France.

     L'histoire des Tuileries est éloquente. Voilà un palais qui fut voulu, conçu, édifié au milieu des troubles, en pleine guerre civile qui n'était autre que religieuse et politique, les pires de toutes, celles qui ravissent de tout temps les Français qui en font des rhétoriques, des idéologies, puis des partis et enfin des factions, leur continuel et cruel plaisir, leur sempiternelle autodestruction.

     La reine Catherine en avait décidé la construction comme la meilleure réponse à l'insanité du temps. Réponse d'ordre et de beauté. Le palais royal serait en dehors de l'enceinte de la ville turbulente et cependant à proximité. Il serait, certes, distinct du Louvre, l'antique forteresse capétienne devenue le château fort des Valois, si gracieusement transformé par François 1er ; et pourtant il serait relié à lui par la longue galerie du bord de l'eau. Tout était dit dans ce dessein magistral. Il n'était pas jusqu'aux jardins qu'elle voulait magnifiques qui ne fussent précédés d'une ligne de défense en forme de redoute.

     Le palais dont Philibert Delorme fut le premier et génial architecte, serait celui de la paix et donc de tous les raffinements et de toutes les fêtes ; et, en même temps, celui qui est prêt à connaître l'adversité, c'est-à-dire, chez nous, indéfiniment la guerre intestine. Son destin était scellé. Bonheur ? Malheur ? Et malheur jusqu'où ? Il n'est pas jusquà la galerie elle-même qui dès l'origine, même si elle servit autrement, ne fut conçue à la fois comme un passage lors des nécessaires retraits et comme un lieu d'exposition, à la manière des galeries florentines. En un mot, c'était le château qu'il fallait à la tête politique de la France. Et Catherine était une tête politique. Elle eut bien d'horribles défauts et les scrupules ne l'arrêtaient point ; elle n'était pas florentine pour rien. Mais la reine-mère savait ce qu'elle voulait. Les libelles calvinistes à quoi se sont ajoutés les pamphlets des ligueurs, en ont dressé un noir portrait de sorcière sous prétexte qu'elle interrogeait les astres et les astrologues. Les historiens sérieux ne s'y sont pas mépris. Ni notre grand Balzac qui en fit le sujet d'un de ses romans historiques ; jamais cet écrivain, profond sociologue de la France éternelle et puissant esprit politique, n'a écrit de pages aussi fortes sur l'ordre national français et la légitimité qui en est la naturelle assise.

                Et Catherine a passé sans voir son dessein aboutir.

    Une histoire d'amour et de haine.

     Si Paris avait voulu, la fusion nationale se faisait dans son château, au milieu de ses jardins et sur ses places. Le roi de France aurait été d'abord le roi de Paris ; et les Valois continuaient les Capétiens, comtes de Paris et rois de France. Mais voilà. Les révolutions de Paris, toutes sanguinaires depuis déjà longtemps, celles du XIVe, du XVe, du XVIe siècles, menées par on ne sait quel démon toujours le même, politico-religieux, chimérique et violent, ont rendu le séjour difficile et souvent amer aux Valois. Ils furent plusieurs à devoir quitter leur capitale au galop de leur cheval, déguisé et solitaire, nocturnement. Cependant, c'était toujours pour se jurer d'y revenir, « Par la brèche », s'il le fallait !

    Les joyeuses réconciliations aussi vibrantes que les séditions ne pouvaient assurer une vraie confiance. Aussi aucun roi ne s'y fia. Henri III qui fut celui de nos rois qui eut sans doute le plus haut sens de la légitimité nationale et de la continuité politique, fut contraint avec son cousin Navarre, héritier nécessaire, à la fois si loin et si proche, d'assiéger un Paris où les ligueurs les plus exaltés parlaient de république avec plus de véhémence que les plus républicains des calvinistes. Jusqu'où vont les passions ! 1589-1789 : à deux siècles de distance, mutatis mutandis, que de ressemblances dans les révolutions de Paris ! Et Henri III fut assassiné par un moine jacobin ! c'était son état et son ordre, qui se croyait investi d'une mission.

    Henri IV, consciencieusement et politiquement catholique, y fit une entrée triomphale ; il s'intéressa à son palais et à sa galerie dont il pressait l'achèvement, comme à la reconstruction du Louvre, devenu sien. Il aimait les jardins qui, alors, étaient à l'italienne. Sa trop grande familiarité avec son peuple lui coûta la vie : un fanatique le poignarda.

    Les Bourbons après lui poursuivirent l'oeuvre entreprise, tant sur le Louvre que sur les Tuileries et les jardins attenants avec leurs meilleurs architectes et jardiniers pour donner peu à peu une forme définitive, et qui soit de style vraiment français, à ces monuments de gloire royale et parisienne, dessinant progressivement tout un environnement de places et de monuments, et traçant les avenues en nobles perspectives. Et, certes, ils y séjournèrent ; et, certes, ils y donnèrent des fêtes dont l'une, le fameux carrousel de 1662, donna son nom à la cour du château. Mais rien n'y fit. Ils ne s'y posèrent pas ; ils n'en firent pas le siège principal de leur gouvernement et de leur cour. Ils craignaient d'être humiliés par Paris. Louis XIV, enfant, avait quitté, lui aussi, la ville à la va-vite et nocturnement. Ce sont des souvenirs qui ne s'oublient pas. Ils s'intéressèrent donc à leurs autres châteaux, proches de Paris, et s'installèrent à Versailles. C'était les Parisiens qui se déplaçaient pour aller voir leur roi. Le roi, la reine ne venaient plus à Paris que dans les grandes occasions. C'était, d'ailleurs, pour y être acclamés. Les Tuileries en souffrirent et servirent autrement.

               Si les Bourbons avaient voulu, ils auraient affronté leur peuple, au lieu de s'en retirer, et c'eût été pour mieux le charmer : ils le pouvaient. Quand la foule parisienne vint à Versailles chercher la famille royale, la révolution ne badinait déjà plus : ce fut tragique et laid ; et non pas triomphal. Les Tuileries ne furent plus un palais mais une prison. Le roi en sortit avec femme et enfants, nocturnement comme tant de ses prédécesseurs, mais son escapade fut mal conçue et son retour plus piteux encore.

              Si Paris se retrouvait dans son histoire?

             Dans son palais parisien d'où il tentait de gouverner une révolution ingouvernable, il n'avait plus qu'à attendre l'émeute, fomentée par la Commune, qui venait, de « journée » en « journée », briser ses portes pour l'insulter. Jusqu'au fatal 10 août 1792. Le roi n'y soutînt pas le siège. Les massacreurs en profitèrent. La représentation nationale auprès de laquelle il s'était réfugié, l'enferma dans la tour du Temple, puis le jugea et le condamna à mort. Sa tête tomba sur la place royale face à son palais. Quel signe ! Tragique mais démonstratif.

              D'autant plus démonstratif que la « Convention » s'empressa de s'emparer du palais et les « Comités révolutionnaires » d'y siéger. C'était le lieu de la légitimité nationale. Ils s'en revêtaient ! Cette fois-ci, les ordres partaient des Tuileries et ils avaient force exécutoire ! Paris commandait à la France mais pour quelle aventure et quelle tyrannie ! Le Premier consul ne s'y trompa pas quand il y établit sa résidence officielle. Et l'empereur y installa sa cour. Ne voulait-il pas s'inscrire dans la continuité ? du moins en donner l'apparence ? Il poursuivit le dessein architectural et fit le raccordement du Louvre au Tuileries par la galerie du nord. L'Histoire s'imposait à lui. Mais lui donnait-elle la légitimité ?

              Les régimes se succédaient, se bousculant l'un l'autre dans les mêmes escaliers, sous les mêmes porches, à travers les mêmes galeries. Les souverains de la Restauration savaient bien qu'ils devaient résider aux Tuileries. Mais comment échapper aux humeurs, aux railleries de Paris et surtout à sa presse ? Aucun pouvoir n'y résiste. Même pas le légitime ; et même quand il est bon et bienfaisant : il suffit d'une naïve imprudence et les grands mots s'envolent, les balles sifflent. Louis-Philippe si pacifique, si accommodant et pourtant si ferme, avec sa magnifique famille, n'y résista pas non plus. Les rois durent fuir leur palais pour n'y plus revenir.

    Napoléon III tenta de nouveau l'aventure bonapartiste et impériale. Les Tuileries le consacrèrent et il en fit le palais enchanteur de la fête impériale autour de la plus gracieuse, de la plus légitime et de la plus légitimiste des impératrices. Il acheva l'ensemble monumental du Louvreet des Tuileries comme pour mieux assumer l'Histoire. L'expérience brillante s'acheva en catastrophe et la catastrophe une fois de plus en révolution ; et le palais s'embrasa. Paris a fini par brûler son château.

    Que de malentendus pour aboutir à quel crime ! Histoire triste et stupide, et pourtant prodigue en merveilles d'art et d'intelligence ! La république opportuniste ou radicale, bourgeoise au mauvais sens du terme et laïcarde, n'a pas trouvé mieux que de loger son président dans l'ancien hôtel d'une favorite royale. Il paraît que cette pensée révoltait Charles De Gaulle.

    Ni l'Assemblée nationale n'accepterait de quitter son Palais-Bourbon, le bien-nommé, ni le Sénat son palais du Luxembourg, ni le Conseil Constitutionnel et le Conseil d'Etat leur Palais-Royal, ni les différents ministères leurs hôtels prestigieux: ils savent tous, consciemment ou inconsciemment, qu'un éclat de légitimité en rejaillit sur leurs institutions. Et alors, dira-t-on ? Cela prouve beaucoup. Il serait temps d'arrêterles malentendus de l'histoire et, pour en donner un signe certain, de prendre la décision de bâtir le château de Paris, à l'emplacement légitime que lui consacre l'histoire. Et qu'il soit, cette fois-ci, le palais de la France !

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    (1) : Voir la note du 21 septembre 2008 "Journées du Patrimoine : Un signe fort, mais dans le mauvais sens….. alors qu’on pourrait faire tant !....." dans la Catégorie "Patrimoine, visibilité de notre Être profond...".

  • POUR UNE REFLEXION DE FOND SUR LE ”MARIAGE POUR TOUS” (7) - LE POINT DE VUE DE DANIEL GODARD*: ”Une supercherie linguist

    defence_de_la_langue_francaise_j_du_bellay_1549_page_08.jpgNous mettons en ligne, aujourd'hui, une réflexion de Daniel Godard* dont l'originalité est de se placer d'un point de vue linguistique : il fait entendre, dans ce débat sur le "mariage pour tous", "la voix de la langue française".

    D'autres contributions suivront et constitueront notre dossier, désormais à la disposition de tous : "POUR UNE REFLEXION DE FOND SUR LE "MARIAGE POUR TOUS" **. 

    _______________

     

    Dans le concert des arguments développés par les « pour » et les « anti » mariage gay, il est une voix qu’on n’a jamais entendue : celle de la langue française.

    Au cours de mes 40 années d’enseignement (collège et lycée) en qualité de professeur de Lettres Classiques, j’ai toujours attaché une grande importance à la valeur des mots. Choisir le mot exact, le « polir sans cesse » comme disait Boileau, c’est à la fois s’assurer qu’il exprime parfaitement ce que l’on veut dire mais c’est aussi s’assurer que l’on sera bien compris de son auditoire.

    La polémique que suscite le projet de loi sur le mariage gay offre un bel exemple de cette dilution de la pensée dans le brouillard d’une terminologie approximative. A force de triturer les mots dans tous les sens, les mots n’ont plus de sens et l’opinion déboussolée y perd son latin. Les slogans réducteurs répercutés par les médias ne font qu’entretenir la confusion au point qu’on a parfois l’impression d’avoir perdu le sens commun.

    Prenons quelques exemples :

    Premier exemple : La notion de « couple » homosexuel est-elle adaptée ? La réponse est non.

    Si l’on se réfère à la terminologie du « Bon Usage », l’assemblage de deux éléments de même nature ne constitue pas un « couple » mais une « paire ». Ainsi, on dira une paire de ciseaux, une paire de lunettes et non un couple de ciseaux ou un couple de lunettes. Il en est de même pour les êtres vivants. Deux boeufs assemblés sous le même joug forment une paire de boeufs et non un couple de boeufs. Deux jumeaux de même sexe constituent une paire de jumeaux et non un couple de jumeaux. On pourrait multiplier les exemples.

    La langue française nous indique clairement que la notion de « couple » repose sur un principe de différenciation et d’altérité. Le couple, c’est « un homme et une femme unis par des relations affectives, physiques » (Robert 2012). La prise en compte de la fin de la définition ne doit pas faire oublier le début. La distorsion sémantique à laquelle on s’adonne chaque fois qu’on évoque un « couple » homosexuel crée une confusion dommageable que rien ne peut justifier, pas même une évolution des moeurs. Il s’agit bien ici d’appeler un chat « un chat »

    2ème exemple : qu’est-ce qu’un parent ?

    La reconnaissance officielle du « couple » homosexuel entraîne nécessairement – tout le monde le sait - une modification du Code Civil. La disparition des mots « père » et « mère » au profit de la notion de « parent 1 » et « parent 2 » n’est en fait qu’une supercherie linguistique doublée d’un mensonge puisque le mot désigne étymologiquement les deux personnes (père et mère) qui conjointement sont à l’origine de toute naissance. En latin, le verbe parere veut dire « engendrer » pour le père, et « enfanter » pour la mère. Comment peut-on expliquer à un enfant que ce mot de « parent » (quel que soit son numéro) s’applique à une personne qui est totalement étrangère à sa naissance, un clandestin en quelque sorte ? La loi peut-elle cautionner ce mensonge ?

    Ces deux exemples suffisent à démontrer que la terminologie avancée par les partisans de la loi n’est qu’un écran de fumée destiné à masquer une stratégie plus sournoise que les récentes manifestations viennent d’ailleurs de confirmer. Il semble en effet que les partisans du « mariage pour tous » se soient déjà engouffrés dans une brèche : l’incohérence du projet de loi :

    Une incohérence interne à la loi : un « couple » homosexuel est par définition stérile. Il est donc logique que les homosexuels aient recours à des artifices s’ils veulent avoir des enfants. C’est le sens de leur revendication première : le droit à l’adoption, baptisé outrageusement « droit à l’enfant ». Le projet de loi prévoit cette disposition mais interdit la PMA (procréation médicalement assistée pour les femmes) et la GPA (gestation pour autrui pour les hommes c’est-à-dire le recours possible à une mère porteuse). Comment justifier cette contradiction alors que la loi du « mariage pour tous » est présentée comme une extension des droits ? Les récentes manifestations des partisans du mariage ont clairement démontré que les homosexuels entendaient s’appuyer sur cette contradiction pour pousser plus loin leurs exigences. Sur cette question, on note les premiers signes d’un fléchissement de la part des promoteurs de la loi. Le recours à la PMA, exclue dans un premier temps, pourrait faire l’objet d’un amendement présenté par les députés de la majorité. Cette concession, logique en elle-même, met à nu la vraie nature du débat. Le « mariage pour tous », présenté au départ comme

    l’objectif essentiel, apparaît de plus en plus clairement comme un simple point de passage, une étape transitoire pour obtenir « in fine » une égalité de droit pleine et entière avec les couples hétérosexuels stériles.

    Comme le droit à l’adoption ne changera pas grand-chose à la situation des homosexuels, vu les réticences de la plupart des états à confier des enfants à des homosexuels, c’est bien sur la PMA et la GPA que se concentre toute la pression. Une fois acquis le droit à la PMA pour les femmes homosexuelles, comment interdire aux hommes, au nom de ce même principe d’égalité, d’avoir recours à la GPA ? Si c’était le cas, il y aurait là une discrimination incompréhensible, voire une injustice, tout à fait contraire à l’esprit même du projet de loi.

    Le piège des slogans

    Il est une autre supercherie linguistique qu’il convient de dénoncer et qui tient au discours même des homosexuels. Pendant longtemps, leur combat a été placé sous le signe du « droit à la différence », droit qui leur a été reconnu par l’ensemble de la communauté nationale avec la création du PACS. Aujourd’hui, le thème du « droit à la différence » a totalement disparu du glossaire homosexuel. Bizarre ! Ce virage à 180 degrés a quelque chose de surprenant et pourtant personne ne s’en étonne. Il est vrai que le slogan « le mariage pour tous » est plus rassurant et plus rassembleur que « le droit à la différence » jugé sans doute trop « clivant » pour employer un terme à la mode, un concept dépassé en tout cas que l’on range sans complexe au rayon des accessoires. Au contraire, « le mariage pour tous » sonne comme un appel à la fête, à la fusion universelle de toute l’humanité, un remake d’ « Embrassons-nous, Folleville », en somme une préfiguration du « paradis pour tous ». Qui peut résister à un tel programme ?

    Malheureusement, cette vision édénique du mariage est en décalage complet avec la réalité des faits. Il est d’abord étrange que le PACS ait eu si peu de succès auprès de la communauté homosexuelle alors que cet aménagement de la législation était notamment prévu pour elle. Et si le mariage présente tant d’attraits, comment expliquer que tant d’hommes et de femmes, de la base jusqu’au sommet de l’Etat, choisissent l’union libre c’est-à-dire le non-mariage ?

    Il est notable également que nombre d’homosexuels vivent leur vie le plus naturellement du monde sans réclamer nécessairement le passage devant Monsieur le Maire. Certains même s’étonnent de ce déchaînement médiatique sur une question qui leur est totalement étrangère.

    Alors, au bout du compte, que penser de tout ce tapage, de tout ce galimatias ?

    Pas grand chose, sinon que derrière ces acrobaties sémantiques ou stylistiques, il y a la volonté de nier une évidence.

    La négation d’une évidence :

    Quel que soit le mode de procréation choisi, la naissance d’un enfant est nécessairement le résultat de la rencontre de deux cellules, masculine et féminine. La différenciation sexuelle est constitutive de l’être humain, même si les choix de vie peuvent ensuite amener certains individus à la vivre différemment. De ce fait, on ne peut admettre qu’une simple évolution des moeurs soit un argument suffisant pour modifier le statut du couple et celui de la famille, tels qu’ils nous ont été transmis depuis les origines de notre civilisation. Les Romains eux-mêmes, qui pratiquaient librement et indifféremment les deux formes de sexualité, n’ont jamais songé à remettre en question ce mode d’organisation de la famille pour une raison très simple mais essentielle : cette structure de la cellule familiale est la seule à garantir la filiation. Grands législateurs (ne pas oublier au passage que notre Code Civil découle directement du Droit Romain), ils ont toujours tenu à préserver ce socle de l’organisation sociale. Quant à l’adoption, très courante à Rome, elle a toujours été soigneusement encadrée par tout un arsenal juridique de manière à préserver l’intégrité des liens du sang. De ce fait, l’adoption n’était juridiquement admise que dans le cadre d’une famille déjà constituée et sur le modèle du couple hétérosexuel.

    Jamais deux sans trois :

    Mais il y a plus grave : la stérilité naturelle du « couple homosexuel » induit nécessairement l’intervention d’un tiers de l’autre sexe pour le rendre fécond. Dès lors, l’accès à la PMA ou à la GPA (quelle que soit la procédure adoptée, c’est-à-dire avec ou sans rapport sexuel) conduit à s’interroger sur la nature de ce prétendu « couple » qui ne peut assurer à lui seul son désir d’enfant. Ce qui revient à dire que le contrat de mariage que signeraient deux personnes de même sexe inclut nécessairement l’intervention prévisible d’une troisième personne. Il ne s’agit donc plus d’un « couple » mais d’une « triade », une forme d’adultère biologique accepté et reconnu par la loi. Sans parler des inévitables dérives financières qu’entraînera nécessairement la recherche effrénée de donneurs et de mères porteuses. Dans certains pays, on assiste déjà à des combinaisons multiples où les homosexuels s’adjoignent - pour un temps ou pour longtemps et moyennant finances –

    le concours d’une ou plusieurs personnes pour mener à bien leur projet. Nous sommes là devant le risque majeur d’une marchandisation de l’enfant et par extension de la vie humaine. L’embryon devient un objet de convoitise assimilable à n’importe quel produit de consommation. Dans un proche avenir, on peut même imaginer l’achat en pharmacie de paillettes de sperme ou d’ovules congelées qu’on pourrait se procurer aussi facilement que la pilule contraceptive ou le Viagra, le tout remboursé par la Sécurité Sociale, au nom de ce « droit à l’enfant » brandi comme un dogme par les partisans de la loi.

    Au terme de cet argumentaire, une conclusion s’impose :

    Le « mariage » pour quelques-uns est en fait une menace « pour tous » :

    A l’évidence, l’adoption de ce projet de loi fait courir à notre société un danger d’autant plus grand qu’il est paré de toutes les vertus aux yeux du plus grand nombre. Pour employer le langage des internautes, c’est un dangereux « cheval de Troie » qu’on introduit dans la législation française. « Malheureux citoyens, quelle folie est la vôtre ! » s’écriait Laocon en voyant les Troyens disposés à introduire ce cheval maudit dans les murs de leur ville (Enéide, II, 42).

    Abandonné sur la plage, ce cheval imaginé par Homère avait tous les attraits d’un cadeau des dieux. Les Troyens sont restés sourds à l’avertissement de Laocoon. Ils ont fait mieux. Pour faciliter l’entrée du cheval dans la ville, ils n’ont pas hésité à abattre une partie de leurs murailles.

    On connaît la suite ! …

    Il est vain d’imaginer qu’on puisse contenir toutes les dérives inhérentes au projet de loi tel qu’il est présenté aujourd’hui. C’est bien sur la notion même de « mariage pour tous » qu’il faut se battre et résister. Si cette digue saute, le risque de submersion est hors de tout contrôle.

    ________________________

    Dans le cortège des partisans de la loi « le mariage pour tous », il y avait un slogan intéressant :

    « UNE PAIRE DE MERES VAUT MIEUX QU’UN PERE DE MERDE »

    Si l’on accepte de faire l’impasse sur le caractère outrancier et injurieux du propos, ce slogan est une aubaine !

    Pour la première fois, l’union de deux femmes est reconnue comme une « paire » et non comme « un couple »

    J’y vois la confirmation (involontaire) de mon analyse du mot « couple »

    Les arguments en faveur du mariage homo s’effondrent d’un coup devant cette évidence.

    Merci à celui ou à celle qui est à l’origine de ce slogan lumineux et providentiel !

     

    * Professeur de Lettres Classiques

    _________________________________

    Au lendemain de la grande manifestation du 13 janvier et de son indéniable succès par delà la ridicule guerre des chiffres à laquelle il est vain de trop s'attarder, nous écrivions ceci :"Reste la question de fond. Elle dépasse largement la seule affaire du mal nommé mariage pour tous. Nous aurions tort de nous y enfermer. Car, très en amont, c’est la famille dite traditionnelle elle-même, qui est, depuis bien longtemps déjà, en crise (cf. l’inexorable montée des divorces : aujourd’hui plus de 50% des ménages sont concernés !). C’est donc une réflexion de fond sur la famille, minée par l’individualisme, par l’égoïsme contemporains et, en un sens, c’est une contre-idéologie qu’il faut opposer à l'idéologie radicalisée qui sous-tend le projet de loi gouvernemental. C'est ce qu'il faut lancer, ce qu'il faut être capable d'entreprendre maintenant. Car c'est à cette condition que la grande campagne en cours trouvera un prolongement, durera, s'amplifiera et aura, en définitive, été efficace." En d'autres termes : les manifs, les slogans, les pancartes, c'est très bien, surtout lorsque le succès est au rendez-vous, mais un substrat idéologique sérieux est indispensable !

    Dans cet ordre d'idées, nous avons ouvert un dossier des contributions au débat, de différentes personnalités et intellectuels.

    ** Précédentes mises en ligne :

    > 14.01.2013 : Jean-François Mattéi article du Figaro : "Mariage pour tous et homoparentalité".  

    > 22.01.2013 : Chantal Delsol, entretien avec Jean Sévillia (Figaro Magazine).

    > 29.01.2013 : Thibaud Collin

  • DECES • René Girard : En attendant l’Apocalypse

     

    par Jean-Baptiste d'Albaret

    Décédé avant-hier à l’âge de 91 ans, l’académicien René Girard était l’un des plus brillants intellectuels français. En 2007, il avait accordé un long entretien à Politique magazine, à l’occasion de la sortie d’Achever Clausewitz. Nous le republions ci-dessous.

    2890857040.jpgDans son dernier livre, un recueil d’entretiens avec son éditeur Benoît Chantre, intitulé Achevez Clausewitz, René Girard, plus que jamais fidèle à sa théorie de la rivalité mimétique, propose une analyse neuve de l’histoire moderne. À la lueur du fameux traité du stratège prussien, témoin privilégié de la modernité en marche, il décortique avec une rare érudition le ressort des rapports conflictuels entre la France et l’Allemagne. Avec, en point de mire, les enjeux contemporains : quand la politique n’a plus les moyens de réguler la violence, il en appelle à une radicale conversion au christianisme. Professeur émérite de l’Université de Stanford, vivant aux États-Unis, l’académicien français était de passage à Paris où il a reçu Politique magazine.

    Vous avez trouvé dans l’œuvre de Clausewitz des résonances avec la vôtre. Lesquelles ?
    Lorsqu’il meurt en 1831, après une brillante carrière d’officier supérieur dans l’armée prussienne, Clausewitz laisse une œuvre de stratégie militaire : De la guerre, dont il considère que seul le premier chapitre est achevé. Ce premier chapitre décrit les mécanismes de la guerre moderne considérée comme un « duel ». « Duel » qui est une « montée aux extrêmes » d’« actions réciproques ». À mon avis, plus que de simples processus guerriers, Clausewitz donne une définition de la violence qui concerne les rapports humains en général.

    De la guerre donne donc prise à votre théorie du mimétisme ?
    Oui, car Clausewitz a compris que la violence ne réside pas dans l’agression, mais dans la rivalité. Si les hommes s’inscrivent dans cette rivalité c’est parce qu’ils désirent les mêmes choses par imitation. Et l’homme désire par-dessus tout le désir de l’autre. C’est ce que j’appelle le « désir mimétique » qui fait de l’autre un modèle mais aussi un obstacle. Or, si l’objet du désir est unique et non partageable, la rivalité engendre la violence. Autrement dit, la violence humaine se définit par son objet – enjeu de la rivalité – et non par l’agression qui est la manière facile d’évacuer la violence puisque l’agresseur est toujours l’autre. La violence est fondamentalement réciproque.

    Achever Clausevitz… il est inachevé ?
    Oui, et sur plusieurs points, ce qui le rend d’autant plus passionnant. Cet officier prussien, acteur des terribles guerres qui déchirèrent l’Europe à l’orée du XIXe siècle, prophétise, mais sans le dire, les deux siècles à venir. L’idée d’une revanche de la Prusse sur la France est l’essentiel de son livre. De ce point de vue, le mélange de passion fervente et de haine farouche qu’il nourrit à l’égard de Napoléon est tout à fait extraordinaire. Quel exemple de mimétisme ! Mais il a beau se faire l’apôtre de la guerre, il n’a pas, contrairement à Hegel, une vision métaphysique et glorieuse de celle-ci comme préface à l’achèvement de l’Histoire. Clausewitz était un homme étonnant. Il aimait la guerre et pensait que le XVIIIe siècle l’avait affaiblie. Sa crainte était que, passées les guerres révolutionnaires et napoléoniennes, on en revienne à la « guerre en dentelle », cette guerre selon lui corrompue du XVIIIe siècle. Ce qui en fait un mauvais prophète même si, dans le même temps, il pressent ce que nous appelons la guerre totale ou la guerre moderne, celle qui ne met plus aux prises des armées conventionnelles, mais des sociétés entières. En somme, une « montée aux extrêmes » qui ne connaîtrait plus de frein.

    Vous insistez beaucoup sur cette notion de « montée aux extrêmes »…
    Ce que Clausewitz appelle « montée aux extrêmes », je l’appelle rivalité, concurrence, donc mimétisme. Notion fondamentale et perçue comme telle car tous ses commentateurs en font état. C’est le cas de Raymond Aron.Mais, comme les autres, Aron pense que, pour des raisons très concrètes comme la fatigue des adversaires, elle ne peut exister dans la pratique. C’était refuser de voir la nouveauté du traité. Clausewitz est le témoin d’une accélération de l’histoire, d’un emballement de violences mimétiques. Il laisse ainsi entendre l’idée que si la guerre n’a jamais cessé depuis les origines, se produit une inéluctable « montée aux extrêmes » qui va en s’intensifiant. Mais il s’empresse de cacher cet aspect terrifiant pour affirmer que la guerre absolue n’aura jamais lieu. « La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens », dit-il. Mais ces moyens sont autrement puissants que la politique ! En réalité, de nos jours, la politique est rongée par la violence. Regardez le terrorisme : la guerre est potentiellement partout et échappe progressivement à toute institution, militaire ou politique.

    Il nous faut donc comprendre l’origine de la violence pour la dépasser. Nous en revenons à votre pensée qui place le Christ au centre de toute explication raisonnable du monde…
    Ce que d’aucuns me reprochent, m’accusant d’un a priori religieux. C’est faux. Ma théorie est positiviste et même matérialiste. Elle porte sur le fait religieux en général et sur la violence qui fonde la culture. Lorsque, dans une communauté, une masse de désirs mimétiques se croisent, les rivalités qui en découlent se propagent à l’ensemble du groupe. Au paroxysme de la crise, le conflit finit par se polariser sur un adversaire. Et, plus l’adversaire fait l’unanimité, plus il y a de chances pour que le groupe se purge unanimement sur lui. Cette « crise mimétique » – « crise », car la communauté risque l’autodestruction – s’apaise finalement par le sacrifice de cette victime qui réconcilie la communauté avec elle-même. La réitération rituelle, progressivement symbolique, de ce meurtre fondateur, garantie la paix sociale.

    Vous dites que la culture se fonde sur un meurtre originel ?
    Oui, et la communauté, ayant sacrifié cette victime sur qui elle a porté la responsabilité de ses malheurs, s’en trouvant mieux, en fait le symbole de sa délivrance : elle est le dieu primitif, à l’origine de toutes les cultures et de toutes les civilisations. Autrement dit, le religieux est une protection offerte à la communauté contre l’imitation et donc contre la violence. C’est aussi ce que décrivent les mythes qui offrent tous la même structure :Œdipe est d’abord coupable de parricide et d’inceste, puis bienfaisant puisque son expulsion de Thèbes rétablit la tranquillité. C’est donc un mythe classique, religieux par excellence, puisqu’il célèbre et condamne à la fois la victime.

    Victime en réalité innocente même si ses persécuteurs, unanimes, l’imaginent coupable…
    Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les persécuteurs ne se savent responsables ni de leur rivalité mimétique, ni du phénomène collectif qui les en délivre jusqu’à la prochaine crise. Ce phénomène nous lui donnons aujourd’hui un nom: celui de bouc émissaire. Sans savoir pourquoi d’ailleurs, car nous n’en voyons pas le caractère religieux. Or, il nous faut l’interpréter religieusement pour comprendre l’essence de ce que j’appelle le religieux archaïque par opposition au religieux moderne qui est le christianisme. Car l’ethnologie et l’anthropologie ont découvert – et les chrétiens ont eu tort de nier cette découverte – que les Évangiles sont le récit de ce phénomène. Mais la science moderne se trompe quand elle en déduit que la religion chrétienne est encore une forme de religion archaïque.

    Votre idée est que, précisément, elles sont antinomiques…
    C’est l’évidence. Les ethnologues devraient penser à l’interprétation du phénomène. Tous les textes évangéliques s’appliquent à inverser le rapport au bouc émissaire. Ils nous disent que la victime est innocente et que la foule a tort. C’est le sens de la parole du Christ : « Je veux la miséricorde et non le sacrifice ». Jésus nous invite à exercer de façon positive notre désir mimétique en suivant son modèle : le pardon et la réconciliation. Même si ses textes n’ont pas la précision des récits de la Passion, l’Ancien Testament inverse déjà le primitif. Le message est le même. Job et Joseph, victimes d’un lynchage collectif, affirment leur innocence. Ils sont indubitablement prophétiques du Christ… Je crois que le judaïsme aurait tout à gagner d’une réconciliation avec le christianisme.

    L’originalité de votre thèse, c’est qu’elle rétablit la réalité complète de la personne du Christ qui intervient dans l’Histoire qui est nécessairement différente avant et après.
    Le christianisme, parce qu’il ne s’est pas défini par rapport aux religions archaïques, n’est pas arrivé à préciser sa propre originalité. Il n’existe d’ailleurs aucune théorie officielle de la passion du Christ. Elle est salvatrice, mais pourquoi ? C’est un mystère… Mais nous devons voir que la Rédemption, sur le plan terrestre, met fin aux religions archaïques et au règne de la violence aveugle. Ce renversement fondamental, le monde moderne ne le comprend pas. Pour lui, le christianisme est une religion comme les autres. Voilà qui confronte la modernité et le relativisme qui la caractérise a un paradoxe car le scepticisme, sans le savoir, n’existe dans ce qu’il a de vrai, que parce qu’il est chrétien.

    Le monde moderne a compris le mécanisme du bouc émissaire –même s’il n’en voit pas la dimension religieuse – ce qui n’a pas apaisé la violence. Au contraire, on a l’impression que la violence domine le monde au moment précis où la guerre en tant que telle, y compris dans les discours, semble s’effacer.
    Oui, car la pensée humaniste fausse notre jugement : sans la révélation évangélique, c’est-à-dire sans la compréhension réelle du mécanisme de la violence, la non-violence ne produit, en fin de compte, que plus de violence. C’est que nous sommes de plus en plus privés de ressources sacrificielles. Tendre à la non-violence comme notre époque le prétend, c’est renoncer à ces ressources. Or, il est évident que la violence apaise la violence. Nous en sommes tous plus ou moins conscients. Au fond, tous les gestes d’impatience sont des gestes sacrificiels. En fait, il y a confusion : depuis les Lumières, nous faisons porter la responsabilité de la violence sur le religieux et nous pensons que l’homme, naturellement, est non-violent. Mais c’est de l’inverse qu’il s’agit. Le religieux, au moins, contient la violence. De même, nous prétendons nous libérer de tous les interdits, considérés, à juste titre d’ailleurs, comme religieux. Mais ceux-ci ont une fonction primordiale : ils réservent, au cœur des communautés, une zone protégée, comme la famille par exemple, essentielle à sa survie.

    Vous dites que « l’Apocalypse a commencé ». C’est à partir de l’oeuvre de Clausewitz la thèse de votre livre. Pourquoi ?
    Clausewitz a perçu que la « montée aux extrêmes » qui caractérise les rapports humains, et pas seulement la guerre, est la tendance de l’humanité. Et cette « montée aux extrêmes » provoque inéluctablement un épuisement général. Les ressources naturelles sont frappées de rareté par une consommation de plus en plus intense. Qu’en sera-t-il demain ? Aussi pouvons-nous dire que si la concurrence est le progrès de l’homme, elle est aussi ce qui peut le détruire.

    Vous citez abondamment les textes apocalyptiques…
    On se fait une idée extraordinaire des textes apocalyptiques. On les dit irrationnels, farfelus. Ils ont pourtant une particularité qui saute aux yeux : ils mélangent le naturel et le culturel. Ils décrivent des guerres « ville contre ville » – toujours cette idée de mimétisme violent, cette lutte des doubles –mais aussi des tremblements de terre, des raz-de-marée, etc. Autrement dit, guerres et révoltes de la nature sont concomitantes. Voilà qui nous ramène à des préoccupations contemporaines car nous ne savons plus, aujourd’hui, ce qui relève de la culture et ce qui relève de la nature. Quel est l’impact de l’homme sur ce que nous appelons le « dérèglement climatique » ? De même, nous savons tous, plus ou moins consciemment, qu’avec les armes technologiques nous avons les moyens de nous détruire nous-mêmes avec la planète entière. La confusion, décrite dans les textes apocalyptiques, réapparaît aujourd’hui au niveau scientifique. C’est colossal !

    Il y a toutes sortes de textes apocalyptiques : en particulier le chapitre 24 de Matthieu ou le chapitre 9 de Marc qui sont la description d’une crise sacrificielle. C’est-à-dire qu’un phénomène de bouc émissaire fondateur d’une nouvelle religion devrait apparaître. Mais nous ne sommes plus dans le monde archaïque et il est donc suggéré que cette crise va continuer en s’aggravant. Cette crise, c’est le progrès. Autrement dit, c’est l’Histoire qui devrait nous enseigner qu’elle va vers sa fin. Chez Paul, il est très net que c’est l’ordre culturel, l’ordre romain en l’occurrence, qui garantit la paix. Mais aujourd’hui l’ordre culturel fiche le camp : privé de bouc émissaire, il n’a plus les moyens d’évacuer la violence. La dimension apocalyptique de la Bible, c’est cette révélation de la violence humaine débarrassée des protections symboliques que procurait le bouc émissaire. Vous voyez, ces textes sont d’une rationalité extraordinaire.

    Tout ce qui est sur terre va vers sa fin : c’est le sens de l’Apocalypse. Mais, en même temps, c’est une révélation…
    Voilà ce qui est suggéré, à mon avis, tout au long des Évangiles. Le sens de la Croix, c’est ce retournement du sacrifice contre nous-mêmes, contre notre propre désir destructeur d’imitation. C’est l’offre du royaume de Dieu. Offre qui implique un choix : se sauver ou se perdre.Quand j’étais enfant, le dernier dimanche de la Pentecôte et le premier dimanche de l’Avant étaient consacrés à l’Apocalypse. À la messe, les sermons portaient sur le sujet. Pourquoi l’Église a-t-elle supprimé cette tradition, au moment même où, avec l’invention de la bombe atomique, ces textes étaient redevenus d’une actualité brûlante. Elle a pensé qu’il fallait rassurer les gens. Mais les gens ont besoin de sens.

    Longtemps, le discours officiel du clergé – en particulier français – était à la disparition des fins dernières noyées dans une sorte de religiosité même plus archaïque car l’archaïque, au moins, était tragique.
    Vous avez raison. En retirant le drame, il a retiré l’intérêt. Mais je me réjouis de voir les choses changer. Les jeunes prêtres réagissent très nettement contre le progressisme ecclésiastique, je le vois notamment aux États-Unis. Ce qui m’étonne c’est que l’Église, disons certaines personnes à l’intérieur de l’Église conciliaire, aient pu s’imaginer que ce message édulcoré du christianisme, si éloigné de sa vérité profonde, allait s’imposer. Quelle drôle d’idée… Je crois que le christianisme va réapparaître dans toute sa force grâce aux textes apocalyptiques car leur aspect dramatique correspond au climat de notre

  • Macron, an 1: mort et vie du clivage droite-gauche ... Le président a le champ libre : Pour combien de temps ?

    Gouvernement Philippe II, juin 2017. Sipa.

     

    Par Catherine Rouvier

    Voici une intéressante analyse [Causeur, 22.06] sur fond d'Histoire. Elle suscite la réflexion - plutôt que la polémique - comme il convient s'agissant du cas Macron. On discutera tel ou tel point de cet article. D'Histoire, notamment. Mais nous trouvons l'analyse pertinente. Enfin, nous n'oublions pas que Catherine Rouvier a participé à quelques unes de nos réunions en Provence. Et c'est une occasion de la saluer en toute amitié.  LFAR 

     

    sans-titre c r.pngLes historiens du XIXe siècle savent que la France se prend au centre. Emmanuel Macron, fin et érudit, en a tiré les leçons à son profit et a provisoirement effacé le clivage droite-gauche. L'opposition atomisée, il a toutes les clés pour gouverner. Mais gare à ne pas finir comme Napoléon III.  

    La nouvelle Assemblée nationale sortie des urnes le 18 juin ne ressemble pas aux précédentes. Un parti s’étale largement en son centre et relègue ce qui reste de la droite et de la gauche aux marges de l’hémicycle. Emmanuel Macron l’a affirmé : les Français « en ont assez du tic-tac gauche-droite ».On l’imagine bien lors d’un bain de foule se penchant sur un petit garçon et lui promettant, comme Hollande en parlant de Sarkozy : «ce tic-tac, tu ne l’entendras plus». Dans le dictionnaire  du politiquement correct, on pourrait écrire en regard de « clivage droite-gauche » : « dépassé ». C’est l’opinion commune, le nouveau credo.

    Le retour des refoulés

    Qu’en est-il en réalité ? Il en va des divisions droite-gauche comme des différences sexuelles. Plus on les nie, plus elles prennent leur revanche en s’inscrivant dans le réel. Les jeunes filles se démarquent plus que jamais des garçons, avec de longs cheveux lâchés jusqu’au milieu du dos, et les garçons, soucieux de souligner leur virilité, portent la barbe, devenue le signe d’une génération. Et y a-t-il plus à droite que Trump ? Plus à gauche que Mélenchon ?

    Le clivage droite-gauche existe, même si les idéologies en franchissent la cloison aussi allègrement qu’Harry Potter franchit les murs de Poudlard. Même si sa ligne de démarcation, telle l’aiguille de la boussole, bouge au moindre déplacement.

    En France, son contenu initial – monarchistes contre républicains – s’est affaibli au fil du temps, les républicains envahissant peu à peu la totalité du champ politique. La distinction s’est alors faite entre républicains partisans d’une démocratie égalitaire – radicaux, socialistes, communistes – et partisans d’une monarchie républicaine – bonapartistes, orléanistes, gaullistes. Ces derniers ont théoriquement le ralliement plus facile que les premiers à un président « jupitérien » Mais l’extension du domaine d’En Marche qui marque l’Assemblée élue résulte aussi d’un goût profond, irrépressible quoiqu’inavoué, de la gauche, pour l’unanimité. A-t-on jamais vu plus « monarchistes » que ces communistes si longtemps attachés à la personne de Staline, de Mao, de Castro ?

    La gauche unanimiste

    En réalité, la gauche, toujours tentée par l’unanimisme, supporte mieux la dictature que la droite qui aime, comme Montesquieu, que « le pouvoir arrête le pouvoir ». La gauche rêve depuis Rousseau d’une seule assemblée populaire formée de députés auréolés, par la seule grâce de l’élection, d’une capacité d’accès à la mystérieuse « volonté générale ».

    Pour les «marcheurs», les choses sont claires : la volonté du peuple, c’est Macron qui l’incarne, et il est à gauche, « mais en même temps » à droite. Le fond du programme a du reste moins d’importance que l’adhésion à sa personne et son projet, et le projet lui-même importe moins que l’attitude positive, le « penser printemps ».

    Ils ont des visages poupins malgré leurs barbes, des yeux rieurs, ils sourient, se moquent gentiment de leurs interlocuteurs mais aussi d’eux-mêmes, ils ne s’énervent pas, n’insultent pas. Ils ne peuvent être de cette droite à la Guaino qui insulte, ni de cette gauche à la Mélenchon qui engueule. Par ailleurs, ils sont issus des mêmes écoles et sont souvent restés très amis avec leurs condisciples ayant fait un choix partisan différent du leur. La perspective de travailler avec eux au sein d’un gouvernement sans querelles idéologiques leur semble exaltante.

    Et ça tombe bien puisqu’ils l’ont appris à Sciences Po, école où le XIXème siècle qui l’a vu naître est vraiment un sujet d’études : historiquement, la France se prend au centre. Pour couvrir le tic-tac droite-gauche, rien de tel que le bruit déflagrant d’une recomposition à partir du centre.

    Ce que Macron fit de Bayrou

    Macron a fait sienne cette ambition, et a mis à son service une double stratégie : une figure centriste emblématique et un nouvel imaginaire collectif. La figure emblématique du centre, le « transclivages » par excellence, ce fut François Bayrou. Homme politique de droite, catholique, père de famille nombreuse, il a été le seul chef de parti de droite à résister, en 2002, à l’OPA faite par l’UMP naissante sur tous les partis de sa mouvance. Il a gardé son UDF, seul ou presque, et a décidé de faire sentir sa différence, à la fois libérale et sociale, par rapport à l’UMP qui était alors une sorte de RPR gonflé comme une rivière de tous les affluents des partis vassaux. Cette logique séparatiste a assez logiquement débouché en 2012 sur le passage de Bayrou du centre-droit au centre-gauche concrétisé par son soutien affiché à la candidature de François Hollande. Pendant cinq ans, on ne lui en a guère été reconnaissant. Macron a honoré, en le prenant comme ministre d’Etat dans son premier gouvernement, une dette ancienne et, ce faisant, dispose d’un atout maître pour lancer sa recomposition.

    Pour l’imaginaire collectif, Macron a un modèle assumé : Mitterrand. François Mitterrand était l’homme à la francisque. C’était aussi le ministre de la répression en Algérie. Son passé envoyait donc un clin d’œil à la droite la plus nationaliste, celle qui n’aimait pas les « boches » mais pas non plus les « angliches » en 40,  celle qui en voudra toujours à De Gaulle d’avoir « bradé l’Algérie ». Fait prisonnier en Allemagne, il en était ressorti résistant. Résistant, mais pas gaulliste, donc proche des communistes. Deuxième clin d’œil, cette fois-ci à la gauche la plus dure. Enfin, ministre de la IVème république, il ne pouvait  pas ne pas avoir d’accointances avec les milieux radicaux et la gauche intellectuelle la plus raisonnable. C’est ce socle multiple et complexe qui va lui permettre dunir la gauche en 1972 derrière son nom puis, en 1981, de bouter dehors avec la complicité des gaullistes refondés par Chirac son seul véritable antinome : Giscard.

    Cohn-Bendit et Giscard

    Emmanuel Macron a terminé ses études secondaires au prestigieux lycée Henri IV – pépinière de l’Ecole normale supérieure – et avant d’être ministre à Bercy,  a travaillé trois ans à la banque Rothschild. Tout cela n’est pas sans évoquer un certain Pompidou. Par ailleurs, sa formation d’énarque, son libéralisme économique et sociétal, et  son style d’intellectuel bien élevé mêlé à  une volonté de contact direct avec le peuple – il répond lui-même un matin  au standard de l’Elysée, il roule en vélo en famille dans les rues du Touquet – évoquent nettement Valéry Giscard d’Estaing. Enfin l’amitié de Hollande, Ségolène Royal, Le Drian, Ferrand,  est symptomatique de ses bonnes relations avec la gauche “social-démocrate” et sa complicité avec Cohn-Bendit garantit qu’il n’oubliera pas  les écolo-libertaires.

    C’est donc bien assis sur un socle de gauche mais clairement inscrit dans une lignée intellectuelle rappelant ses prédécesseurs de droite gaulliste ou libérale qu’Emmanuel Macron va oser piocher dans l’imaginaire de ses concurrents les plus à droite: Le Puy du Fou, Versailles, Jeanne d’Arc, le Louvre  ce qui viendra utilement compléter son image d’homme de gauche «mais aussi de droite».

    Et le peuple dans tout ça ? Le peuple  a été littéralement soufflé du succès de cette OPA qui lui a enlevé en deux temps trois mouvements tous ses choix, celui d’un socialiste bon teint, Benoît Hamon , celui d’un homme de droite modéré – Fillon – celui du chef d’une gauche révolutionnaire – Mélenchon –  et in fine, celui de la patronne d’un parti anti-immigration et anti-islam pour lequel il avait voté massivement : Marine Le Pen.

     

    Du peuple constitué en foule

    Démuni et orphelin, le peuple français a constitué une “foule” au sens ou l’entend la psychologie collective, c’est-à-dire un groupe qui, sous l’effet d’un choc émotionnel, se trouve dans l’expectative. Cette foule est inconsciemment en quête de mots d’ordre rassurants, et, mieux encore, d’une happy end qui apaiserait les tensions de la très longue campagne de neuf mois des primaires puis de la présidentielle.

    Il était donc conditionné pour aimer Emmanuel Macron. La Bruyère écrivait que «les Français demandent du sérieux dans le souverain». Ce jeune homme impeccablement coiffé et habillé, poli et s’exprimant avec une recherche assez «vieille France» les a attendris. Oublieux assez vite du conditionnement médiatique et des incroyables soutiens financiers qui lui avaient assuré la notoriété, il a pudiquement fermé les yeux sur les banques qui l’ont financé, le quarteron d’octogénaires du gauche caviar et libertaire qui se cache dans son ombre  et sur le  combat déloyal livré à ses candidats via la presse et la justice.

    A J+1 de la présidentielle, le peuple était mûr pour  goûter les manières “jupitériennes” du nouveau Président. Certes, ceux qui restent en colère, furieux de la grandiose manipulation qui a porté si vite un jeune inconnu au pouvoir, auront voté lors des législatives Front national et France Insoumise. Mais le raz-de-marée de LREM correspond au mouvement profond, instinctif et inconscient de la foule au bénéfice du nouveau roi.

    Louis-Napoléon Macron

    Le peuple de France, constant à travers les siècles, retrouve peut-être en lui un cocktail qui l’a déjà séduit lors du premier usage qu’il fit du suffrage universel, en 1848. La période était troublée. Les émeutes de février, puis de juin, avaient effrayé la population, et Tocqueville y avait vu l’acte de naissance en France de ce socialisme révolutionnaire qui la même année triomphait en Grande Bretagne lors du premier congrès communiste international doté par Karl Marx d’un manifeste retentissant.

    Louis-Napoléon Bonaparte proposait un régime présidentiel à l’américaine, formule neuve, non encore testée par la France de la Révolution ni par  celle de l’Empire puis de la Restauration. Cette nouveauté plut. Ce fut  un libéral, un progressiste appliquant à Paris les  dernières trouvailles de l’urbanisme moderne mais aussi un dirigeant social auteur d’un ouvrage sur l’extinction du paupérisme, et d’une loi autorisant la création des  syndicats. Amateur de bonne littérature, de théâtre et de musique, ami de Hugo, de Bizet, il décida de faire de la France , avec des villes dédiées aux bains de mer comme Biarritz, Deauville, Arcachon une destination touristique d’exception.

    Progressisme, libéralisme, apaisement, désir affiché de faire de la France une nation qui compte, une start-up a dit Emmanuel Macron, voilà  un cocktail qui plait. L’ affaire est donc entendue. Mais cela peut-il durer ?

    … renversé par la guerre

    La faveur populaire est versatile. Certes, une résurrection de LR paraît impossible en l’état. Baroin est le moins gaullien des Républicains, et sa difficulté à dire non à Macron n’évoque guère le 18 juin. A part Fillon, désormais parti, les dirigeants de LR ont abandonné ce qui aurait pu donner au gaullisme une vraie force d’opposition: le catholicisme militant et le vieux fond contre-révolutionnaire et monarchiste.

    Certes, pour  contrer Marine Le Pen, une véritable guerre des images a été livrée. Pas une semaine sans couverture de magazine présentant le futur président comme souriant, fin, intelligent, aimable, sérieux, etc. Pas une semaine sans un article ou la “une” d’un quotidien suggérant que Marine le Pen ou ses proches étaient la réincarnation des nazis. Au sein du FN, le rejet explicite de la ligne Marion par la direction du parti et son départ consécutif ont  écarté temporairement le danger de la construction d’un roman national de droite qu’elle était la seule à endosser, mélange  d’héritage chrétien, d’attachement à un libéralisme économique raisonnable, et de défense de l’identité française.

    Bref, pour Macron, le seul véritable risque serait une déstabilisation venue de l’extérieur provoquant ou intensifiant une immense  révolte sociale. En 1870, la guerre menée par les Allemands et la révolte concomitante de la Commune de Paris ont, en quelques semaines, provoqué la chute du Second Empire. Napoléon III avait fait l’erreur de sous-estimer l’adversaire – l’Allemagne de Bismarck – autant que les révoltes sociales contre ce qui était devenu “l’Empire autoritaire”. Il  s’est retrouvé en quelques semaines prisonnier, destitué, puis exilé.

    Quid des Communards ?

    Aujourd’hui, la menace, en France comme en Angleterre et d’autres pays d’Europe,  vient de l’implantation de l’armée des ombres de Daech et autres officines radicales, dans des quartiers entiers de nombreuses villes, passives car tétanisées.

    Par ailleurs, une  extrême gauche désormais écartée du pouvoir, conduite par un Mélenchon ulcéré prêt a faire feu de tout bois, pourrait provoquer cette révolte sociale postélectorale appelée “troisième tour social”. Cette conjonction menacerait la fragile unité de la toute nou

  • Frédéric Rouvillois : « La politesse est une vertu nécessaire dans notre monde nombriliste »

     

    Par Alexis Feertchak

     
    A l'occasion de la sortie de son Dictionnaire nostalgique de la politesse, Frédéric Rouvillois a accordé un long entretien à Alexis Feertchak pour FigaroVox [18.11]. Historien du savoir-vivre, il y montre que la politesse est une affaire politique qui permet à la société de tenir debout. Lafautearousseau a déjà évoqué [Cf. ci-dessous] la parution du  Dictionnaire nostalgique de la politesse et dit l'attention qu'il convient d'accorder aux travaux de Frédéric Rouvillois « qui, pierre à pierre, construit une œuvre.  Une œuvre diverse et originale, toujours en lien avec le fond de notre civilisation, nos racines nationales et notre tradition monarchique. Une œuvre qui compte désormais dans notre famille de pensée, l'actualise et la fortifie ».   Lafautearousseau 
     

    Pourquoi avoir ainsi intitulé votre ouvrage ? Y a-t-il des raisons d'être nostalgique en matière de politesse ?

     

    Il se trouve que dans la politesse elle-même, il y a quelque chose qui relève nécessairement de la nostalgie parce que celle-ci nous renvoie à des us et des coutumes qui sont ceux de notre enfance, de notre jeunesse, certains qui se sont accentués, d'autres qui ont été effacés par le temps. Parler de politesse, c'est aussi parler de soi, de ses parents, de ses grands-parents, de toute une tradition qui se trouve derrière nous et d'où nous viennent nos codes de politesse. Il y a cette forme de douceur et de tendresse dans la politesse qui me semblait renvoyer à la nostalgie. C'est l'aspect le plus personnel que j'ai essayé d'instiller dans ce Dictionnaire nostalgique.

    Votre dictionnaire est aussi un livre d'histoire et de géographie. Vous évoquez la Chine impériale, l'Allemagne, les pays arabes. En montrant combien les règles de la politesse ont évolué et sont « la mesure du temps perdu », vous restez dans la nostalgie sans jamais basculer dans le désespoir du « c'était mieux avant » ...

    Le désespoir est le contraire de la nostalgie. Il y a inscrit dans la nostalgie l'idée d'un retour ou de retrouvailles, ce que ne permet pas le désespoir. Être désespéré de l'homme, c'est ne pas voir qu'il a toujours reproduit les mêmes merveilles et les mêmes crimes, les mêmes sottises et les mêmes choses admirables. L'homme poli de l'époque d'Aristote, de Cicéron ou de Saint-Augustin ressemble au fond à l'homme poli de l'époque de Louis XV ou à l'homme poli de l'époque de François Hollande. La géographie et l'histoire nous enseignent le caractère à la fois éternel et universel de la politesse, la permanence de sa nécessité, même si ses formes évoluent. Alors, elle peut être plus ou moins sophistiquée, chatoyante, complexe, byzantine, sincère, mais elle est toujours là. Comme le langage, elle est un des éléments fondamentaux des rapports sociaux, un élément sans lequel ceux-ci seraient assez rapidement condamnés à dérailler.

    Et aujourd'hui, comment notre époque regarde-t-elle la politesse ?

    La politesse connaît des hauts et des bas, mais il faut constater que l'on est plutôt dans un haut relativement à la période des années 1960 ou 1970 quand celle-ci était considérée comme ringarde, archaïque, périmée, bourgeoise, bref, réservée aux lecteurs du Figaro (rires…). Les choses ont changé positivement à partir de la fin des années 1980 et du début des années 1990. On a assisté à une espèce de renversement, qui est lié à mon sens à l'émergence de l'univers de la crise. Il y a sans doute un rapport entre la crise économique et sociale, la montée du chômage, le sentiment que la vie devient plus difficile, le sentiment que l'on a quitté les Trente glorieuses et la prise de conscience de l'utilité de la politesse. Quand tout va bien, la politesse est juste la cerise sur le gâteau. Quand les choses deviennent plus difficiles, elle reprend toute sa force et son utilité s'impose. Les gestes quotidiens de la politesse deviennent le liant de ce fameux vivre ensemble.

    La politesse est-elle donc une affaire politique ?

    Il y a d'abord une proximité dans les mots de politesse et de politique qui paraît évidente en français et dans d'autres langues. Dans les deux cas, il y a une racine qui apparaît commune - même si en fait ce n'est pas vrai - qui est celle de polis, la cité en grec, qui signifie plus largement la société, le fait d'être ensemble, d'être en relation avec autrui. Il semblerait que l'étymologie réelle de politesse viendrait de « pulizia » qui veut dire la propreté en italien. Pour autant, je suis très amateur des fausses étymologies. En l'espèce, la proximité entre politesse, politique et polissage dit beaucoup de l'objectif de la politesse, qui est précisément de fluidifier les relations au sein de la société. En polissant les rapports sociaux, elle permet qu'il y ait le moins possible de rugosité à l'intérieur de la société. Sans elle, la polis risque de basculer dans un rapport de violence verbale voire physique.

    Que répondre à ceux qui vous diront que les règles bourgeoises de la politesse sont un éloge de l'hypocrisie, qu'elles sont une sorte de paravent de l'ordre établi ?

    Mais, déjà, un paravent, ce n'est pas rien ! Ce n'est pas intrinsèquement mauvais. Certes, la politesse est effectivement une forme d'hypocrisie, mais il s'agit - si je puis le dire ainsi - d'une forme d'hypocrisie vertueuse. Ce n'est pas nouveau et nous en avons toujours eu conscience. Molière nous a tout appris sur la nature humaine dans le Misanthrope. Il nous décrit bien les limites de la politesse, de la bienséance et du savoir-vivre quand ceux-ci tombent trop évidemment dans l'hypocrisie, mais il montre également que si nous voulons être comme Alceste dans la transparence totale, nous finirons seul, loin des autres, y compris dans notre vie amoureuse. Cette hypocrisie vertueuse permet tout simplement de mettre un peu d'huile dans les rouages sociaux. Il faut savoir ne pas tout dire, sinon c'est la guerre.

    Pour qu'une société tienne debout, faut-il que ses membres partagent une certaine ressemblance dans les codes de politesse qu'ils adoptent ? En particulier, dans le cadre d'un projet politique multiculturaliste, quand les codes de politesse des différentes communautés sont extrêmement différents et sources de possibles incompréhensions, la politesse n'est-elle pas une gageure supplémentaire ?

    Vous avez certainement raison. À partir du moment où la politesse est un moyen de vivre ensemble, il y a un risque d'incompréhension des différents systèmes de politesse qui pourraient cohabiter entre eux. Si l'on a des communautés distinctes les unes des autres, qu'il existe des codes de politesse dans une communauté qui sont tout à fait dissemblables de ceux d'une autre communauté qui vit à côté, cela signifie que nous aurions un vivre ensemble à l'intérieur des communautés, mais pas entre elles. Ceci peut poser problème pour des choses extrêmement basiques. Le fait de cracher dans la rue a longtemps été considéré comme tout à fait normal, y compris en Occident. Mais, dans nos pays, cette pratique ne l'est plus depuis belle lurette alors qu'elle reste tout à fait admise dans d'autres systèmes de politesse. Pour que la politesse se constitue comme un liant au sein de la société, il faut que celle-ci soit relativement homogène ou qu'il existe de forts rapports hiérarchiques. Au 18e siècle, il n'y avait pas un seul système de politesse. Il y avait une politesse de la ville et une politesse des champs. Mais en définitive, elles n'avaient pas tellement l'occasion de se rencontrer. Les risques de friction n'étaient pas considérables. À la campagne, on se moquait éventuellement du noble qui se comportait comme à la Cour. De même, à la ville, on se moquait du paysan qui arrivait avec ses gros sabots. Dans une société urbaine comme la nôtre, où les communautés cohabitent entre elles, le risque me semble beaucoup plus grand.

    Votre dictionnaire permet de se rendre compte que les règles de politesse sont extrêmement marquées par l'altérité des sexes et la différence des âges. Avec la rupture de mai 68, la théorie du genre, le jeunisme, ces nouvelles tendances de fond n'ont-elles pas tendance à fragiliser la politesse telle qu'on la connaissait jusque-là ?

    Je dirais qu'elles ont tendance à la rendre plus compliquée et plus incertaine. Les nouveaux surgeons du féminisme radical pour lesquels la différence des sexes est purement culturelle nous expliquent que la femme est un homme comme les autres et qu'il n'y a pas lieu de la traiter autrement. En même temps, d'autres femmes considèrent dans le métro qu'il n'est pas normal que les hommes ne cèdent pas leur place aux dames. Au fond, ce discours féministe est-il vraiment une tendance lourde en dehors de certaines élites autoproclamées et de microcosmes présents dans certains centres urbains? Je ne le crois pas. Pour la plupart d'entre nous, la différence des sexes qui fait que la femme est une femme, que l'homme est un homme, subsiste. Le plus souvent d'ailleurs, la femme est assez contente qu'on lui reconnaisse un certain nombre de privilèges galants, même si l'anthropologie inégalitaire qui se développe au 19e siècle et qui consacrait cette galanterie bourgeoise n'existe plus.

    Vous parlez aussi du culte de la performance, de la vitesse, de la rationalisation… Un tel monde permet-il d'être poli ?

    C'est le problème principal qui se pose à nous aujourd'hui. Quand je pense en particulier à ce qu'a pu écrire Françoise Mélonio sur Tocqueville et la manière dont la politesse pouvait se pratiquer aux États-Unis, je me dis que la question est moins celle du rapport entre la politesse et la démocratie que celui qui s'établit entre la politesse et la modernité technicienne. Ce monde tous azimuts fait que nous n'avons plus le temps de rien, sauf de gagner de l'argent ou de gagner en efficacité. Or, la politesse est par définition quelque chose de gratuit, ce qui est incompatible avec l'idée de performance, d'efficacité et de productivité.

    La politesse est-elle vraiment un don gratuit ? N'existe-t-il pas une forme de contre-don, même implicite ?

    Il y a effectivement un contre-don qui est le remerciement de celui envers qui l'on est poli. Il existe un autre contre-don, plus subtil, qui est simplement le plaisir que l'on éprouve soi-même à tenir la porte à quelqu'un. Mais dans un système où le seul but est d'aller au plus simple, au plus utile et au plus rentable, cette idée de gratuité compensée seulement par le remerciement ou le plaisir d'être poli devient illusoire. La première caractéristique de la politesse est en effet que l'on accepte de donner du temps à autrui. Dans la civilisation pressée de Paul Morand, le temps est la chose au monde la moins bien partagée. Il y a là une vraie raison d'éprouver de la nostalgie pour la politesse qui prenait le temps de s'exprimer. Les 18e et 19e sont des siècles où les gens avaient le temps de déposer des cartes de visite, d'écrire de longues lettres terminées par des formules de politesse plus alambiquées mais aussi plus belles les unes que les autres. Cette époque-là n'est plus. Le fait d'avoir commencé mon dictionnaire nostalgique par le mot abréviation est au fond assez significatif de ce mouvement. En même temps, je remarque que revient en force l'idée que la lenteur est quelque chose d'important et qu'il y a des « limites » aux choses - pour reprendre le titre d'une jeune revue que j'aime beaucoup. Ce sont des valeurs qui sont intrinsèquement bonnes et qu'on peut essayer de retrouver. Ce sont des éléments qui font que, encore une fois, politesse pas morte !

    Le narcissisme est-il l'autre ennemi d'une politesse qui repose d'abord sur la modestie ?

    Est poli celui qui ne se met pas systématiquement en avant, celui qui ne veut pas faire son malin, celui qui est fréquemment dans l'understatement. Se prendre pour l'illustre Gaudissart de Balzac, c'est un peu le contraire de la politesse. Je remarque que, de nos jours, la vie n'est plus qu'un immense entretien d'embauche ! Voilà pourquoi, dans notre monde prosaïque et nombriliste, obsédé par l'utilité et par la vitesse, la politesse est plus que jamais nécessaire. Elle demeure l'une de ces petites vertus qui permettent de tenir debout.

    Si vous aviez un geste de politesse auquel vous teniez particulièrement, lequel serait-ce ?

    Le baisemain m'amuse beaucoup parce qu'il a volontairement un côté un peu archaïque, une illusion rétrospective qui fait que l'on croit que c'est très ancien alors qu'en réalité, la généralisation de sa pratique ne remonte qu'au début du XXe siècle seulement. Il y a une sorte d'incongruité poétique de ce geste de déférence qui m'amuse beaucoup et que l'on perçoit aussi dans la manière dont il est ressenti par la personne qui le reçoit. En matière de baisemain comme souvent quand la politesse est en jeu, l'unique certitude est que le tact doit l'emporter sur la règle et l'esprit sur la lettre. 

    Alexis Feertchak

    Dictionnaire nostalgique de la politesse, de Frédéric Rouvillois, illustré par Emmanuel Pierre, Flammarion, 420 p., 25 C. 

    Frédéric Rouvillois est écrivain et professeur agrégé de Droit public à l'Université Paris-Descartes, spécialiste du droit de l'État et d'histoire politique. Auteur de nombreux ouvrages, il a notamment publié Crime et Utopie, une nouvelle enquête sur le nazisme (éd. Flammarion, 2014) ; Être (ou ne pas être) républicain (éd. Cerf, 2015) et dernièrement La Clameur de la Terre. Les leçons politiques du Pape François (éd. Jean-Cyrille Godefroy, 2016).     

    Lire aussi dans
  • Sur le blog de Michel Onfray : Berezina, Macron au pied du mur.

    PHASE 1

    Il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que, la Chine ne passant pas pour très économe de la vie de ses citoyens, le confinement de l'une de ses villes de plusieurs millions d'habitants par les autorités communistes témoignait de facto en faveur de la gravité de cette crise du coronavirus. Je l'ai pour ma part fait savoir sur un plateau de télévision fin janvier. Ce pays, dont il est dit qu'il prélève dans les prisons les condamnés à mort qu'il exécute afin de vendre leurs organes frais au marché noir des transplantations partout sur la planète, n'est pas connu pour son humanisme, son humanité et son souci des hommes concrets. C'est le moins qu'on puisse dire... En prenant ces mesures, il disait à qui réfléchissait un peu qu'il y avait péril en sa demeure, donc en la nôtre. Qui l'a vu? Qui l'a dit? Qui a compris cette leçon? La plupart ont vu et dit ce que les agents de l'État profond disaient qu'il fallait voir et dire.

    Mais, comme pour illustrer la vérité de la sentence qui dit que le sage montre la lune et que l'imbécile regarde le doigt, il y eut quantité de prétendus sachants pour gloser sur le doigt et oublier la lune: c'était une gripette, elle ferait moins de morts qu'une vraie grippe, la véritable épidémie, c'était la peur des gens -et les intellectuels et les journalistes du régime libéral en profitaient pour rejouer la scie musicale du peuple débile et de la sagacité des élites...

    Pendant que la populace achetait des tonnes de papier toilette, ce qui permettait d'avouer qu'elle avait, disons-le comme ça, le trouillomètre à zéro, les comités de scientifiques invisibles chuchotaient à l'oreille du président ce qu’il convenait de faire entre gestion de l'image présentielle et santé publique, proximité des élections municipales et mesures d'hygiène nationale, situation dans les sondages et décisions prophylaxiques. Un mélange de Sibeth Ndiaye et de docteur Knock fabriquait alors la potion infligée par clystère médiatique au bon peuple de France. Nul besoin de préciser qu'il s'agissait d'une soupe faite avec une poudre de perlimpinpin aussi efficace qu'un médicament commandé sur internet... en Chine!

    Quel était cette position magique? Une grande admonestation libérale, un genre de leçon de chose prétendument antifasciste. Il s'agissait de montrer aux abrutis de souverainistes la grandeur de l'idéologie maastrichienne: plus de frontières, libre circulation des hommes, donc des virus! Les chinois étaient contaminés mais ils n'étaient pas contaminants: nous étions immunisés par la beauté du vaccin de Maastricht! Pendant qu'ils fermaient leurs frontières, nous ouvrions les nôtres plus grand encore -si tant est que cela puisse être encore possible... Nous nous offrions au virus.

    Voilà pourquoi, sur ordre du chef de l'État, le gouvernement français s'est empressé d'aller chercher sur place les expatriés français qui travaillaient en Chine. On n'est jamais mieux servi que par soi-même: si l'on devait se trouver contaminés, qu'au moins ce soit en allant nous-mêmes chercher le virus sur place et le ramener en France. Mais pas n'importe où en France, non, pas à Paris, bien sûr, ni au Touquet, mais en province qui est, en régime jacobin, une poubelle ou un dépotoir dont on se souvient toujours dans ces cas-là. Une première livraison s'est faite dans le dos du maire d'une commune du sud de la France, une seconde en Normandie où nous avons l'habitude des débarquements.

    La mode à l'époque, nous étions dans le premier acte de cette histoire, consistait à rechercher le client zéro: celui qu'il aurait fallu confiner chez lui pour que rien n'ait lieu, un genre de bouc émissaire à traire. C'était chercher la première goutte du raz-de-marée avec le projet de l'enfermer dans une bouteille afin que la catastrophe n'ait pas lieu.

    Il fut dit que, peut-être, ce numéro zéro serait à chercher sur la base militaire d'où étaient partis les soldats français missionnés pour aller taquiner le virus chinois sur place avant de rentrer chez eux. Que croyez-vous qu'il advint à ces militaires ayant été au contact de gens immédiatement mis en quarantaine après leur retour de l'empire du Milieu? Ils ont été renvoyés chez eux en permission... Pas question de les mettre en quarantaine! Quelle sotte idée c'eut été! Qu'on aille donc pas chercher aujourd’hui le client zéro car il se pourrait bien qu'on puisse obtenir des informations qui nous permettraient demander des comptes au ministre de la défense et au chef des armées auquel il a obéi.

    PHASE 2

    L'acte deux a été guignolesque: le tsunami arrivait et on lui avait creusé des voies d'accès sous forme de canaux à gros débits, et ce avec l'aide du génie militaire français. S'y est ajouté le génie du chef de l'État. Le grand homme qui se prenait pour de Gaulle et Gide en même temps, mais aussi pour Stendhal (on est beylien ou on ne l'est pas) nous a délivré la parole jupitérienne: il fallait se laver les mains, éviter la bise et éternuer dans son coude -j'imaginais qu'anatomiquement il était plus juste d'envoyer ses postillons dans le pli de son coude car je me suis luxé l'épaule en essayent d'éternuer "dans" mon coude... Du savon, du gel et un coude: nous étions prêts, comme en 40, le virus n'avait qu'à bien se tenir.

    Il a continué à progresser bien sûr. Et le pouvoir a fait semblant d'estimer que le plus urgent était toujours de savoir qui avait postillonné le premier. Il n'y avait pas de foyers d'infection mais des clusters, ce qui changeait tout. Il s'agissait en effet de ne pas donner raison aux benêts qui estiment, comme moi, qu'un peuple n'est pas une somme d'individus séparés, comme les monades de Leibniz, ce qui est l'idéologie libérale, mais une entité qui est elle-même une totalité. Aller chercher le virus en Chine c'était une fois encore estimer que la minorité (d'expatriés) pouvait imposer sa loi à la majorité (du peuple français). Que périsse le peuple français, mais les maastrichtiens n'allaient tout de même pas donner tort à leur idéologie alors que le réel invalidait déjà leurs thèses dans les grandes largeurs!

    L'élément de langage maastrichtien fut: le virus ignore les frontières -comme Macron et les siens qui les ignorent tout autant... La plume du chef de l'État lui a même fourbi la formule adéquate: "Le virus n'a pas de passeport"- on dirait un titre de San-Antonio.

    Tous les pays qui, comme Taïwan ou Israël (dont on n'a pas parlé, un pays qui, lui, a le sens de son peuple), ont décidé la fermeture des frontières, sont passés pour des populistes, des souverainistes, des illibéraux, des passéistes qui n'avaient rien compris à la grandeur nihiliste du progressisme.

    Or, ces faux progressistes vrais nihilistes n'aspirent qu'à une seule chose: le gouvernement planétaire d'un État universel où les techniciens (les fameux scientifiques, comme il y en aurait au GIEC ou dans ce comité invisible qui conseille (!) Macron)) gouverneraient le capital en faisant l'économie des peuples.

    Le coronavirus leur donne une autre leçon politique: la suppression des frontières c'est la possibilité pour tout ce qui menace contamination de se répandre à la vitesse de la lumière... Le virus n'ignore pas les frontières, mais les frontières savent et peuvent le contenir.

    PHASE 3

    La preuve, le troisième acte décidé par... Emmanuel Macron lui-même. Dans un premier temps, le Président tire une salve pendant un long monologue d'une demi-heure: fermeture des crèches, des écoles, des collèges, des lycées, des universités, réduction des contacts avec autrui, en priorité les personnes âgées. Et puis, bien sûr, le coude et le savon, le gel et la bise, des armes de destruction massive.

    Or, qu'est-ce que ce confinement sinon l'invitation à fabriquer autant de frontières qu’il y aura de Français? La frontière nationale n'est pas bonne, mais la frontière qui sépare de son prochain est présentée comme la solution, la seule solution nous dit-on. Le virus qui ignore les frontières se trouve donc tout de même contenu par les frontières pourvu qu'elles soient érigées par chacun contre son prochain pensé comme un contaminateur potentiel. Ce qui marcherait pour les monades ne marcherait donc pas pour les États! Étrange paralogisme ...

    Il faut donc radicalement éviter les contacts et les brassages, il faut donc remettre ses voyages et ses déplacements, il faut donc rester le plus possible chez soi, mais mais mais: le premier tour des élections municipales n'est pas reporté! Comprenne qui pourra! On dit que Gérard Larcher, président du Sénat, se serait opposé au report des élections: mais qui est ce monsieur auquel le président de la République mange dans la main? Quel est son pouvoir? Des dizaines de millions d'électeurs sont donc invités à se ruer en direction de lieux confinés, les bureaux de vote, dans lesquels, tout le monde en conviendra, on évite les contacts et les brassages et on montre qu'on doit préférer rester chez soi pour éviter les promiscuités.

    Le lendemain, quelques heures après la prise de parole présidentielle, le Premier ministre est envoyé au front pour enfoncer le clystère plus profond: fermeture des cafés, des restaurants, des boîtes de nuit, des musées, des bibliothèques, de tous les lieux publics, etc. Mais, toujours: maintien du premier tour des élections municipales. On se lavera les mains avant et après, on respectera une distance d'un mètre avec son voisin, puis on mettra son bulletin dans l'urne. Il faudra bien empoigner le rideau à pleine main pour l'écarter afin d'entrer dans l'isoloir, mais aucun risque - le savon veille... Magique!

    Que s'est-il passé le lendemain du jour de la décision de ce presque couvre-feu? il faisait beau, dans les rues de Paris, des gens ont fait leur footing, d'autres se sont un peu dévêtus pour prendre le soleil près du canal Saint-Martin, certains faisaient du vélo ou du roller, de la trottinette aussi. Ils transgressaient la loi? Et alors. Pas un seul policier n'a verbalisé qui que ce soit. Tout le monde se moque de l'État qui n'a plus d'autorité et plus aucun moyen de faire respecter l'ordre républicain! La peur du gendarme est une vieille lune qui a rejoint celle des dragons et du diable! De la même manière qu'une jeune fille porte un voile musulman en présence de Macron, ce qui est formellement interdit par la loi, et que rien ne se passe, le mépris affiché des décisions du chef de l'État témoignent de la déliquescence dans lequel se trouve le pays et dans quel mépris est tenue la parole de cet homme.

    Les libéraux et leurs cervelles soixante-huitardes voulaient des monades et des consommateurs en lieu et place de citoyens et de républicains? ils les ont... Ils souhaitaient jouir sans entraves? ils jouissent sans entraves... Ils affirmaient qu'il était interdit d'interdire? ils se croient résistants en se faisant la bise... Ils croient toujours que CRS=SS? Ils n'auront pas même vu la queue d'un policier municipal à vélo ou en mobylette, sinon en roller, pour leur rappeler que Jupiter dans son Olympe a décidé qu'il fallait éternuer dans son coude.

    Olympien comme le comédien d'un club de théâtre dans un lycée, Emmanuel Macron a dit: "Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite, sans condition de revenus, de parcours ou de profession, notre État-providence, ne sont pas des coûts ou des charges, mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe." Et puis ceci: "Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché." Quel talent! Quel menteur! Quel bouffon! Mais quel mauvais comédien...

    Cet homme qui a mis sa courte vie au service du Veau d'Or fait semblant aujourd’hui de découvrir que piétiner l'intérêt général, conchier le bien public, compisser la santé dans les hôpitaux quand elle était pilotée par les comptables, ce n'étaient peut-être pas exactement les bons choix! Qui croira cet hypocrite dont toute la politique depuis qu'il est au pouvoir consiste à détruire le système de santé (et de retraite) français? C’est la quintessence du projet politique libéral mené sans discontinuer par les présidents de la V° république depuis la mort du général de Gaulle.

    Quiconque écoute les personnels de santé depuis des mois (ils sont en grève depuis un an...) sait qu'en temps normal, avec cette politique libérale, ils sont débordés et impuissants tant l'hôpital public est malade sinon mourant. Qui pourra croire que la France est en état de recevoir un afflux massif de malades du coronavirus alors que la congestion était déjà là avant l'épidémie ?

    Ce qui est dit par quelques spécialistes de la santé c'est, je vais l'exprimer de façon brutale, que lors du pic à venir, phase 4, nommons-là comme ça, il faudra, faute de places pour tous, trier les arrivants et laisser les vieux à leur sort, donc à la mort... Voilà où mène le libéralisme initié par Pompidou & Giscard, augmenté par Mitterrand en 1983, accéléré par le traité de Maastricht en 1992 et tous ceux qui, droite et gauche confondue, communient dans cette idéologie, puis par Macron qui, depuis son accession à l’Élysée, a voulu activer ce mouvement à marche forcée.

    Voici une autre leçon donnée par cette crise, en dehors d'apprendre l'impéritie du chef de l'État: les caisses sont vides quand il s'agit d'augmenter le SMIC ou le salaire des plus modestes; elles le sont quand ces mêmes personnes doivent être soignées (on ne compte plus ceux qui ont renoncé à s'occuper de leurs dents, de leur ouïe, de leur vue à cause de leur pauvreté ; elles le sont quand il faut se soucier des paysans dont l'un d'entre eux se suicide chaque jour ; elles le sont quand il faut construire des écoles ou des universités, doter les hôpitaux de matériel performant, humaniser les prisons, recruter des fonctionnaires, financer la recherche scientifique dont nous aurions bien besoin aujourd’hui, laisser ouvertes des écoles de campagne, maintenir en vie les lignes de chemins de fer en dehors des grandes villes et des grands axes; elles le sont quand il faudrait se donner les moyens de récupérer la multitude de territoires perdus de la République), elles le sont si souvent quand il faudrait construire une République digne de ce nom.

    Mais il y a de l'argent pour faire face à cette crise économique qui s'annonce... Tous ces gens mis au chômage technique par cet état de siège seront payés -par les assurances chômage. C'est bien sûr très bien, mais il y avait donc de l'argent... Plus un café, plus un restaurant, plus un lycée, plus une école, plus un commerce, sauf liste donnée, plus un cinéma, plus une salle de spectacle ne sont ouverts, mais Macron nous assure que "l’État prendra en charge l’indemnisation des salariés contraints de rester chez eux". Mais alors, bonne nouvelle, l'État existe encore? Il peut fonctionner? Il sait faire autre chose que prélever les impôts et recouvrer les amendes? Il sait faire autre chose qu'envoyer sa police et son armée tabasser les gilets-jaunes? Il sait faire autre chose que de subventionner des médias publics pour diffuser massivement l'idéologie maastrichtienne? Il sait faire autre chose que de libérer les élus délinquants renvoyés chez eux? Vraiment?

    Ce virus fait donc dire des bêtises à Macron: on pourrait donc être solidaires et fraternels en France? On pourrait estimer que le consommateur hédoniste n'est pas l'horizon indépassable de notre modernité et qu'on peut aussi être un citoyen responsable? On pourrait trouver de l'argent public pour financer des solidarités nationales au-delà des habituels bénéficiaires? Il y a là matière à révolution: il est bien certain qu'Emmanuel Macron est le dernier homme pour la réaliser.

    Après le virus, il faudra y songer.

    En attendant, l'Allemagne ferme ses frontières avec trois pays, dont la France! Maastricht tousse, crache et menace l'embolie.

    Michel Onfray

  • Renouer le pacte ancien avec un peuple éveillé, par Benoît DAKIN.

    Col­loque de la Jeanne – Paris, 8 mai 2021

     « Les liber­tés ne s’octroient pas. Elles se prennent ! »

    Les actes du col­loque n’ayant pas encore été publiés, nous pro­po­sons à nos lec­teurs d’accéder à quelques inter­ven­tions dis­po­nibles, pour don­ner à ceux qui n’ont pas eu la joie d’être par­mi nous, ou devant leur écran le 8 mai, ou bien qui n’ont pas eu la pos­si­bi­li­té de prendre des notes, la chance d’accéder à la « sub­stan­ti­fique moelle » sur notre site, en com­men­çant par la confé­rence de clô­ture de notre ami Benoit Dakin.

    Chers amis,

    Je vous dois un aveu : je tiens la Royale pour un chant de grande por­tée intel­lec­tuelle et morale.

    Je me suis tou­jours réjoui à la faire « vibrer », selon une for­mule légè­re­ment éculée.

    Au-delà d’un cer­tain pom­pié­risme mar­tial, j’entends une belle leçon d’Action Fran­çaise qui épouse notre pro­pos de ce jour sur les libertés :

    «  Tu n’é­tais pas un prolétaire

    Libre arti­san des métiers de jadis… »

    « Si tu veux ta délivrance,

    Pense clair et marche droit !… »

    Cette leçon d’AF, il nous appar­tient de la faire entendre. Hors de nos cercles, hors de nos rangs. Largement.

    Avec humi­li­té, patience et persuasion.

    Avec les armes de l’étude et de la vérité.

    Avec la pas­sion du débat et le souffle de nos convictions.

    Avec le cou­rage, ce cœur à l’ouvrage des preux, pour mener le bon combat.

    *

    *      *

    La liber­té n’est pas née d’hier au Royaume des lys.

    Pour com­prendre ce qui fait le carac­tère du peuple fran­çais et sai­sir d’un trait ce qui consti­tue notre être pro­fond, il suf­fit de plon­ger dans son histoire.

    Il y a sept siècles révo­lus le moindre de nos rois, Louis X ache­va de dénouer les liens du servage.

    Il était sur­nom­mé le Hutin. Ce qu’à tort cer­tains tra­duisent par que­rel­leur. Ce que d’autres inter­prètent plus jus­te­ment comme « obs­ti­né » ou « opi­niâtre ».

    Durant son règne d’à peine plus d’un an, il consen­tit chartes et fran­chises à ses peuples. A com­men­cer par sa Charte aux Normands…

    Le 3 juillet 1315, il abo­lit l’esclavage d’un trait : « comme selon le droit de nature cha­cun doit naître franc […et comme par] usages ou cou­tumes, moult de per­sonnes de notre com­mun peuple sont enchaî­nées en lien de ser­vi­tude, [ce] qui moult nous déplaît ; consi­dé­rant que notre Royaume est dit […] des Francs et vou­lant que la chose en véri­té fut accor­dée au nom, […] ordon­nons que […] par tout notre Royaume [et à jamais], telles ser­vi­tudes soient rame­nées à fran­chises. ».

    De cette ordon­nance sur­gi­ra la maxime « nul n’est esclave en France » et le prin­cipe « le sol de France affran­chit l’esclave qui le touche ».

    La règle sera intan­gible et la juris­pru­dence intrai­table au point que trois siècles plus tard, en 1571, un tri­bu­nal de Bor­deaux affran­chi­ra tous les esclaves noirs débar­qués d’un navire réchap­pé d’une for­tune de mer au motif que la France, « mère des liber­tés », ne tolère pas l’esclavage.

    *

    *      *

    Notre bel aujourd’hui vit sous d’autres orages et d’inquiétants présages.

    Cha­cun s’accorde à le dire : nous vivons des temps orwelliens.

    Le libé­ra­lisme, tenu d’être ver­tueux en temps de guerre froide, s’est mon­tré l’atroce pré­da­teur des éco­no­mies et des peuples depuis l’effondrement du communisme.

    Au point qu’il en a réa­li­sé l’un des rêves les plus fous, l’appropriation col­lec­tive des moyens de pro­duc­tion par la glou­ton­ne­rie des fonds de pen­sions et des ins­tru­ments financiers.

    Au nom du nou­vel ordre mon­dial et au coup de sif­flet de l’étrange modèle que sont deve­nus les États-Unis, tout capi­tule devant le mar­ché et toute culture doit abdi­quer son tré­fonds, toute nation doit renier son his­toire pour se cou­ler dans la com­plainte victimaire.

    L’histoire péri­clite sous le cou­vercle de la propagande.

    Le minis­tère public se mu en minis­tère de la véri­té dès qu’une bande de syco­phantes hurlent à la mort pour une apos­trophe ou l’imputation d’un des maux qui affligent notre Patrie.

    L’esprit cri­tique est cru­ci­fié par l’étiquetage média­tique, irré­fra­gable : « extré­mistes, racistes, homo­phobes… » Et vous voi­là condam­nés au silence, sou­mis au pilo­ri éternel.

    Tech­nique trots­kiste. Ver­dict sans appel. Qui fait l’économie de toute dis­cus­sion et dis­qua­li­fie à jamais.

    Le concert ambiant pro­meut une socié­té mon­dia­li­sée et une huma­ni­té façon­née sur le même éta­bli, can­cel-culture aidant.

    Une huma­ni­té bien­tôt réduite à l’aspect d’un kilo de sucre en mor­ceaux, tous iden­tiques et bien alignés.

    Cette vision déner­vée, écor­chée, déma­té­ria­li­sée de l’humanité réelle, nous en payons déjà le prix à petit feu.

    Nous le paie­rons bien­tôt à grands embra­se­ments car l’Histoire s’est tou­jours char­gée de dis­si­per les nuées par de grands cime­tières sous la lune.

    Ici, à l’école de l’Action Fran­çaise, nous en connais­sons les vices et les causes :

    • Idéaux fumeux for­gés dans les loges des Lumières,
    • Idéo­lo­gies for­mi­dables qui ont rava­gé nations, peuples et socié­tés depuis plus de deux siècles,
    • Aveu­gle­ment obs­ti­né des clercs devant les périls qui montent
    • Et démis­sion des élites qui ont usur­pé le pou­voir pour mieux tra­hir leurs man­dants et leur pays.

    Comme le répé­tait Bain­ville à l’envi, « vous aurez les consé­quences ! ».

    Bain­ville qui connaît un retour en grâce éton­nant à la suite duquel appa­raît l’ombre du grand pros­crit, notre Maurras.

    *

    *      *

    La pre­mière des liber­tés est l’indépendance de la Patrie.

    C’est la belle leçon de Jeanne que nous hono­rons aujourd’hui.

    Or notre patrie, « la plus belle qu’on ait vu sous le ciel », git et se tord sur le lit de Pro­custe depuis qu’est tom­bée la tête de son roi.

    En fai­sant mon­ter aux fron­tons des mai­ries et des tri­bu­naux sa devise tri­ni­taire « liber­té, éga­li­té, fra­ter­ni­té », la Répu­blique n’a ces­sé de pié­ti­ner les liber­tés concrètes, de rompre les équi­libres entre puis­sants et faibles, d’exciter les fac­tions et d’entretenir une guerre civile permanente. 

    Elle a détruit la famille et confis­qué l’éducation des enfants, liber­té essentielle.

    Notre France est cor­se­tée par les trai­tés qui la ligotent à sang perlé.

    Cette red­di­tion impu­table à la Répu­blique est consom­mée par l’étau européiste.

    Plus de mon­naie, plus de banque cen­trale, plus de maî­trise des lois de police.

    Une poli­tique bud­gé­taire inféo­dée aux dik­tats de la vacuole bruxelloise.

    Une jus­tice sous le joug de juri­dic­tions en sur­plomb à Stras­bourg ou Bruxelles.

    Notre France est lami­née dans les hauts four­neaux des juris­pru­dences tom­bant des cours suprêmes.

    À bas bruit et à coups d’arrêts à longue por­tée, celles-ci révo­lu­tionnent nos mœurs, percent nos fron­tières, abo­lissent les pri­vi­lèges de la natio­na­li­té, vitri­fient nos défenses, émas­culent les états, nient les nations, confondent les peuples.

    Les juri­clastes des offi­cines supra­na­tio­nales pillent et anéan­tissent nos libertés.

    Comme le dit Hubert Védrine, le mieux ins­pi­ré de nos anciens ministres des affaires étran­gères, « des Bisou­nours dans le monde de Juras­sik Park. »[1]

    L’esprit des lois a déser­té les par­le­ments et les tribunaux.

    Le droit vit une crise de fond sous les coups de bou­toir des influences amé­ri­caine, gau­chiste, fémi­niste, éco­lo­giste et désor­mais racialiste.

    La Révo­lu­tion a tout rava­gé, l’Empire tout lami­né, la Répu­blique tout tra­hi, l’Europe tout aspi­ré, le libé­ra­lisme tout dominé.

    Leur pré­texte ? À l’origine des idées chré­tiennes, bien­tôt deve­nues folles comme disait Chesterton.

    Les nations dans les fers, les peuples dans l’angoisse : les dom­mages sont considérables.

    Avec la pas­si­vi­té fri­leuse des puis­sants du jour, la céci­té volon­taire des mon­dia­listes fer­vents, l’extatique béa­ti­tude des euro­philes impé­ni­tents et religieux.

    Bref, notre dra­peau est en berne por­tant le deuil de notre souveraineté.

    Péril mor­tel.

    *

    *      *

    Les constats faits par mes pré­dé­ces­seurs ont fait la démons­tra­tion des dan­gers, des dégâts, des urgences.

    Il nous faut reve­nir à notre génie particulier.

    A ce qui fait de la France une nation sin­gu­lière, au des­tin si sai­sis­sant, à la culture incomparable.

    Qui sait unir l’universel et l’original. Qui façonne l’espace et l’esprit avec élé­gance et légè­re­té. Qui mobi­lise les regards et fas­cinent les autres nations.

    Il nous faut être les « Gau­lois réfrac­taires », selon la for­mule heu­reuse d’un cer­tain pré­sident de la Répu­blique, tel­le­ment dédai­gneux de son peuple.

    Et à qui l’on pour­rait appli­quer la défi­ni­tion du gaul­lisme énon­cée par Jacques Laurent : « une pra­tique [où] il n’y a ni doc­trine, ni convic­tions, ni lignes de conduite. […] En tiennent lieu le culte de soi-même pour le chef, et pour les autres le culte du chef. »[2]

    Sor­tir de ce marasme, de cette lan­gueur d’agonie, est pos­sible et nécessaire.

    C’est remettre le cava­lier en selle.

    C’est che­vau­cher au coude-à-coude avec les héros et les saints de l’épopée française.

    C’est renouer le pacte ancien avec un peuple

  • La mort de la fraternité, par Michel Onfray.

    Sur quelques prédateurs contemporains

    Nul ne l’ignore, la devise de la République française est Liberté, Égalité, Fraternité. La triade a son importance car la Liberté sans l’Egalité, c’est la licence; l’Égalité sans la Liberté, c’est la tyrannie; or la Liberté et l’Egalité avec la Fraternité, voilà qui évite les impasses dans lesquelles conduisent la Liberté seule ou l’Égalité seule.

    michel onfray.jpgLes États-Unis, par exemple, ont le souci de la Liberté sans l’Egalité et Cuba celui de l’Egalité sans la Liberté. La droite aime la Liberté mais ne se soucie guère de l’Egalité; la gauche vénère l’Egalité mais se moque bien souvent de la Liberté.

    Mais qui parle de la Fraternité? Qui et quand? C’est le parent pauvre de la République, or ce devrait être la valeur cardinale autour de laquelle réconcilier les français des deux bords et d’ailleurs. Si l’on veut, comme c’est mon cas, défendre la liberté comme la droite et l’égalité comme la gauche, alors une politique de la Fraternité permet de réunir les deux rives du même fleuve.

    Le covid révèle nombre de choses sur l’état de notre pays, de l’Europe et de notre civilisation, dont cette évidence que la Fraternité est devenue le cadet des soucis de la plupart. On sait que le gouvernement au service de l’État maastrichtien a failli. La débandade de cet empire néo-libéral en formation apparait désormais dans le plein jour de l’Histoire: les pays se sont repliés sur eux-mêmes pour faire face au traitement de la pandémie. A la première pluie, chaque État est rentré chez lui pour se sécher… Face à l’Italie qui sombrait et la France qui perdait pied, l’Allemagne a retrouvé le chemin du nationalisme intégral.

    Le chef de l’État français a tergiversé, c’est le moins qu’on puisse dire… Depuis janvier 2020, il y a donc tout juste un an, quiconque voulait savoir pouvait savoir: ce serait bel et bien une pandémie planétaire, la Chine n’aurait pas, sinon, confiné une ville de onze millions d’habitants…

    Macron n’a pas protégé les Français, aveuglé par son idéologie doublée par son incroyable égotisme: il donne l’ordre d’aller chercher les expatriés français en Chine et offre une permission aux militaires ayant assuré le rapatriement sanitaire; il laisse les avions en provenance d’un pays contaminé effectuer leurs innombrables rotations en déversant chaque jour des centaines de touristes chinois potentiellement contaminés sur le territoire français; il proclame avec force l’inutilité des masques parce que l’impéritie des gouvernements maastrichtiens, dont il est solidaire, a renoncé aux stocks; il aurait pu affirmer que cette pénurie dont il n’était pas directement responsable nous obligeait à fabriquer des masques maisons à partir d’un tuto fourni par le ministère de la santé, c’eut été une variation sur le thème des taxis de la Marne, il ne l’a pas fait; il n’a pas fermé les frontières sous prétexte que le virus les ignorait, aujourd’hui il reconnait les frontières: entre les individus, entre les villes, entre les régions, entre les pays, entre les continents; il décrète l’interdiction des remontrées mécaniques au sport d’hiver et celle des salles de spectacle en même temps qu’il autorise l’entassement dans les avions et les aéroports, mais aussi dans les gares et dans les trains; il laisse les supermarchés ouverts, il ferme les petits magasins; il décrète une vaccination massive avant d’inviter à se hâter lentement faute d’avoir prévu, là encore, l’achats des doses; il décide seul dans un bunker entouré de Diafoirus à la Légion d’honneur dans un total mépris des élus (maires, conseillers départementaux, conseillers régionaux, présidents de région, députés, sénateurs), et dans le plus profond mépris et de la démocratie et de la république; il contracte le virus dans une soirée de politique politicienne donnée à l’Élysée qui jette par-dessus bord les mesures sanitaires - plus nul que ça, tu meurs…

    On dira que la Fraternité n’est pas le souci prioritaire de ce président de la République. Il est vrai que cette vertu suppose sympathie, empathie, estime d’autrui, affection, et que toutes ces qualités ne passent pas pour saillantes chez cet homme glacial quand on n’a pas un genou en terre devant lui.

    Mais il est plus étonnant de voir que cette Fraternité semble également le cadet de soucis du moraliste André Comte-Sponville assez remonté (contre moi à qui il a envoyé un mail de remontrance très professoral…) qu’on comprenne bien, hélas, ce qu’il dit! Car il n’a pas été fuyant, il écrit et parle clairement, c’est d’ailleurs l’une de ses vertus, quand il s’adresse aux jeunes dans la matinale d’Europe 1 en leur disant: «Ne vous laissez pas faire! Obéissez à la loi mais ne sacrifiez pas toute votre vie à la vie de vos parents et de vos grands-parents. Résistez au pan-médicalisme, au sanitairement correct et à l'ordre sanitaire qui nous menace.» Avant de conclure: «On ne peut pas sacrifier indéfiniment les libertés à la santé des plus fragiles, donc des plus vieux.» (15.X.2020)

    Il remet le couvert à France-Info: «On vit dans une société vieillissante. Or, plus on vieillit, plus on est fragiles en termes de santé. On a donc tendance à faire passer la santé avant tout, car nous sommes à mon âge plus fragiles que les jeunes. Il y a un cercle vicieux: puisqu’on fait de la santé l’essentiel, on privilégie les plus fragiles, c’est-à-dire à nouveau les plus âgés. Mais l’avenir de nos enfants est pour moi encore plus important. Je me fais davantage de souci pour l’avenir de nos enfants que pour ma santé de quasi septuagénaire.» (10.XI.2020)

    Pas besoin d’être agrégé de philosophie pour comprendre qu’André Comte-Sponville invite les jeunes à ne pas se sentir concernés par «l’ordre sanitaire», autrement dit: le confinement, les gestes barrières, le port du masque, l’usage du gel hydro-alcoolique. Certes, en bon sophiste qui manie à ravir la rhétorique normalienne, il a pris soin de préciser en amont qu’il fallait obéir à la loi. Mais comment obéir et résister en même temps? Sans la citer, il emprunte cette idée au philosophe Alain, dont il est l’un des disciples, et qui, dans l’un de ses célèbres Propos d’un Normand daté du 4 septembre 1912, invitait à «obéir en résistant». Or, on sait par la récente publication de son Journal longtemps inédit qu’Alain obéissait plutôt sans vraiment résister ce qui lui fait opter pour de mauvais choix dans les années d’Occupation… Sachant cela, on devrait éviter d’utiliser l’outil d’Alain, il est ébréché, émoussé, pas fiable.

    Quand l’impératif catégorique sponvillien lancé à destination des jeunes est: «ne vous laissez pas faire», que croit-il que les jeunes en question vont comprendre eux qui ne possèdent pas les Propos d’un Normand sur le bout des doigts?Qu’ils vont obéir en résistant? Il se trompe lourdement, voilà qui est trop subtil et d’ailleurs intenable, sauf à résister mentalement tout en se soumettant dans les faits… Non, ils vont résister en désobéissant et ils auront pour eux la caution de l’auteur du Petit Traité des grandes vertus.

    Par ailleurs, André Comte-Sponville écrit: «On ne peut pas sacrifier indéfiniment les libertés à la santé des plus fragiles, donc des plus vieux.» Autrement dit: d’abord la liberté, ensuite la santé des vieux. Ce qui veut dire, plus clairement: je revendique l’exercice de ma liberté, c’est-à-dire le pouvoir de faire ce que je veux, fut-ce au détriment de la santé des vieux! S’ils doivent mourir, ils mourront, il est de toute façon pour eux l’heure d’y songer prestement. Et le philosophe de faire semblant de se sacrifier en rappelant qu’il est quasi septuagénaire et qu’il «préfère attraper la covid-19 dans une démocratie plutôt que de ne pas l’attraper dans une dictature». Mais il ne lui est pas venu à l’esprit qu’il pouvait aussi préférer ne pas attraper le covid dans une démocratie qui l’en protégerait? Il semble que non…

    Car on ne peut exciper du peu de morts dus au covid, comme le fait André Comte-Sponville pour asseoir sa démonstration, et oublier que, c’est justement parce qu’il y a confinement et politique sanitaire planétaire qu’on peut à cette heure, fin janvier 2021, ne déplorer que deux millions de morts dans le monde. C’est une erreur de causalité de dire: la mortalité étant très basse, cessons donc cette politique sanitaire qui ne sert à rien puisque c’est très exactement cette politique sanitaire qui produit ce taux de mortalité bas. Paralogisme dirait-on rue d’Ulm. Nul besoin de mettre le chiffre des morts du covid en relation avec ceux de la peste au moyen-âge, des morts par cancer, des accidents vasculaires cérébraux ou des infarctus contre lesquels il n’existe pas de prévention possible, sauf salamalecs de nutritionnistes et prêches des vendeurs de statines… Quant à confisquer les morts de faim, il n’est pas très cohérent de les déplorer quand on proclame son engagement aux côtés des socio-démocrates en général, et de Macron en particulier, une sensibilité libérale dont les morts par malnutrition dans le monde sont le cadet des soucis puisque la paupérisation est le premier de ses effets!

    La même logique anime Nicolas Bedos qui, le 24 septembre 2020, publie un texte explicite sur les réseaux sociaux: «Vivez à fond, tombez malades, allez aux restaurants, engueulez les flicaillons, contredisez vos patrons et les lâches directives gouvernementales. Nous devons désormais vivre, quitte à mourir (nos aînés ont besoin de notre tendresse davantage que de nos précautions). On arrête d’arrêter. On vit? On aime. On a de la fièvre. On avance. On se retire de la zone grise. Ce n’est pas la couleur de nos cœurs. En ce monde de pisse-froids, de tweets mélodramatiques et de donneurs de leçons (!), ce texte sera couvert d’affronts, mais peu m’importe mes aînés vous le diront: vivons à fond, embrassons-nous, crevons, toussons, récupérons, la vie est une parenthèse trop courte pour se gouter à reculons.» Il avait raison, probablement au-delà même de ce qu’il imaginait: ce texte de donneur de leçons fut en effet couvert d’ordures par les donneurs de leçons…

    Inutile d’en rajouter. L’argumentation s’avère toujours préférable.

    On ne saurait comme le fait Nicolas Bedos opposer la tendresse et les précautions parce que, pour nos aînés justement, la tendresse est une précaution et la précaution une tendresse.

    De même, quand il invite à ne pas respecter le confinement, sauf avec des parents très fragiles, il oublie qu’il n’y a pas que soi et les parents au monde quand on est avec eux, car il y a aussi sur son visage, ses mains, ses vêtements, ses cheveux, sa peau, les virus du restant du monde qu’on aura côtoyé, touché, caressé, tripoté, croisé, palpé, trituré avant de visiter ses anciens qu’on risque ainsi de contaminer. Dans le tête-à-tête avec un parent âgé, il y a entre lui et nous ce que l’on aura rapporté du métro, du taxi, des poignées de portes, des boutons d’ascenseur, des touches de digicode, des pièces et des billets récupérés chez les commerçants, des courses rapportées du marché, du journal: la charge virale mortelle pour les plus fragiles, mais pas seulement.

    Idem pour Frédéric Beigbeder qui, dans Les Grandes Gueules (5.V.2020), affirme: «Je ne comprends pas cette soumission des citoyens qui ont obéi de manière aussi docile… En voulant se protéger de la mort, on supprime la vie en ce moment. Cette trouille nous empêche de vivre alors moi je pense que… on l’a fait pendant deux mois, c’était très utile, c’était très bien, (…) mais maintenant ça fait deux mois ça fait plus qu’au Moyen Age les gars, au Moyen Age c’était quarante jours, là on en est à cinquante! Il faut exiger de récupérer toutes nos libertés le plus tôt possible, le prix à payer est trop cher pour cette maladie: je prends un exemple, quand y’a eu des terroristes qui ont descendu tout le monde au Bataclan et qui ont attaqué les terrasses des cafés, qu’est-ce qu’il s’est passé, on a continué à vivre comme avant, on n’a pas arrêté d’aller aux terrasses des cafés. Pourquoi est-ce qu’un virus obtient plus de résultats que des terroristes assassins, y’a un moment il faut prendre conscience de ce qu’on est en train de perdre!»

    Laissons de côté l’usage un peu obscène de la tragédie terroriste du Bataclan effectuée par l’écrivain, car elle n’a pas causé deux millions de morts sur la planète et ne menace pas d’en faire autant si rien n’est fait - comparaison n’est pas raison, ici, c’est même franchement déraison. Frédéric Beigbeder ajoute: «Ne supprimons pas toute notre civilisation pour une pneumonie»! On peut se demander: qu’est-ce que «toute (sic) notre civilisation» pour l’auteur de 99 euros? Il donne sa réponse même s’il glisse de la civilisation à la culture (les philosophes allemands n’aimeraient pas…): «C’est la fin de la culture des bars, des terrasses, des discothèques.»

    Si la civilisation ici confondue à la culture ce sont les bistrots où l’on picole la «vodka haut-de-gamme» écoresponsable qu’il vient de mettre au point et qu’on trouvera, nous dit-on, à La Closerie des Lilas, les terrasses germanopratines où l’on mate les filles et les discothèques où l’on sniffe de la coke, en effet, le confinement est blâmable comme la prison des fascismes rouges ou bruns parce qu’il met en péril nos libertés fondamentales de boire, de draguer, de se camer, autrement dit: de se civiliser et de se cultiver selon la définition qui s’en trouve donnée dans les beaux quartiers de Paris!

    Que périssent en effet les plus fragiles si les plus forts peuvent vivre à leur guise, boire, manger, sortir, danser, flamber leur argent, sniffer de la poudre, en confondant licence, qui est   revendication de faire ce qu’on veut, quand on veut, comme on veut, et liberté, qui est pouvoir de faire ce que la loi issue de la souveraineté populaire a édicté ou n’a pas interdit. La licence est le tropisme de l’enfant roi; la liberté, la conquête du citoyen après que la révolution française eut aboli la théocratie et le pouvoir des seigneurs sur leurs serfs.

    Autre philippique contre le confinement, le court livre de BHL, moins de cent petites pages avec gros caractères qui semblent destinés aux malvoyants: Ce virus qui rend fou. La thèse est simple: ce virus n’est pas le problème, le problème c’est «le virus du virus», autrement dit la réaction inappropriée du monde entier avec ses mesures sanitaires pensées, via Foucault abondamment sollicité, comme une menace pour les libertés fondamentales.

    On a vu que, chez Nicolas Bedos ou Frédéric Beigbeder, ces fameuses libertés fondamentales qui, menacées, autorisent qu’on en appelle à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, et, c’est nouveau chez BHL, à La Boétie, sont: la possibilité de s’installer aux terrasses des cafés pour y boire de l’alcool, celle de craquer son argent dans des restaurants, celle de danser et de draguer, sinon de se camer dans des boites de nuit, ajoutons à cela celle de prendre des avions pour voyager partout sur la planète tout en invitant à en prendre soin bien sûr... La trace carbone, c’est tout juste bon pour ces nazis de Gilets Jaunes!

    BHL écrit sous quel signe il réfléchit aux raisons de «cette extraordinaire soumission mondiale». Révolutionnaires de tous les pays, amusez-vous, voici une révélation, c’est Lui qui parle: « j’avais avec moi, toujours précieux, mon (sic) Discours de la servitude volontaire d’Etienne de La Boétie». J’aime que, dans son domicile de Saint-Germain-des-Prés, son Ryad marocain, son appartement new-yorkais, son autre domicile à Tanger, l’ancien nouveau philosophe qui affirme « J’ai trop de maisons et il y a trop d’endroits où il me faut être dans le monde», nous apprenne qu’il ne se déplace jamais sans son La Boétie dans la poche. Lui qui ne côtoie que des puissants, on imagine qu’il se sert souvent de cet auteur que les puis

  • Le Nationalisme intégral.

    Ce texte qui n’a pas pris une ride, trou­vé sur le site : « Maurras.net » date de 1908 et bien qu’écrit dans un contexte de ten­sion six ans avant la grande guerre , ou plu­tôt à cause de cela, doit ins­pi­rer aux mili­tants actuels qui peuplent à nou­veau nos cercles et per­ma­nences, une pro­fonde et saine réflexion sur l’état d’esprit de l’Action fran­çaise,depuis sa créa­tion, qui reste inchan­gé. (NDLR)

    Obs­cu­ré­ment, mais patiem­ment, avec la per­sé­vé­rance de la pas­sion, voi­là bien des années que l’Ac­tion fran­çaise tra­vaille : elle n’a jamais ces­sé de redire qu’elle s’a­dresse au Peuple fran­çais tout entier. 

    Elle l’a dit dans sa Revue. Elle l’a ensei­gné dans son Ins­ti­tut. Elle l’a crié dans ses réunions et sur ses affiches. En tête du jour­nal des­ti­né à pro­pa­ger quo­ti­dien­ne­ment sa pen­sée, l’Ac­tion fran­çaise a le devoir de répé­ter qu’elle n’a jamais fait appel à un par­ti. Vous sen­tez-vous Fran­çais ? Trai­tons des affaires de France au point de vue des seuls inté­rêts du pays. Voi­là le seul lan­gage que nous ayons tenu. Ce sera notre lan­gage de tous les jours. Il ne s’a­git pas de mettre en avant nos pré­fé­rences per­son­nelles, nos goûts ou nos dégoûts, nos pen­chants ou nos volon­tés. Nous pre­nons ce qu’il y a de com­mun entre nous — la patrie, la race his­to­rique — et nous deman­dons au lec­teur de se pla­cer au même point de vue fraternel. 

    Ni les rangs sociaux, ni la nuance poli­tique ne nous importent. La véri­té se doit d’a­van­cer dans tous les milieux. Nous savons qu’il y a par­tout du patrio­tisme et que la rai­son peut se faire entendre par­tout. Quelles que soient les dif­fé­rences des mœurs ou des idées, il existe des prin­cipes supé­rieurs et des com­mu­nau­tés de sen­ti­ment plus pro­fondes : là dis­pa­raît l’i­dée de la lutte des classes ou de la lutte des par­tis. Toutes nos conclu­sions poli­tiques dérivent de ce prin­cipe fon­da­men­tal : il faut que notre France vive, et de cette ques­tion posée non point par nous mais par les cir­cons­tances : com­ment la pré­ser­ver de toutes ces forces de mort ?  #

    Assu­ré­ment, comme nos cama­rades de la presse natio­na­liste et conser­va­trice, nous mène­rons de notre mieux la guerre à l’a­nar­chie. Si tout patriote fran­çais nous est ami, si toute idée sérieuse nous paraît digne d’exa­men et de dis­cus­sion, nous ne ferons aucun quar­tier aux idées, aux hommes, aux par­tis qui conspirent contre l’in­té­rêt du pays. Vive l’u­ni­té natio­nale ! Péris­sent donc tous les élé­ments divi­seurs ! Nous n’é­par­gne­rons ni cette anar­chie par­le­men­taire qui annule le pou­voir en le divi­sant, ni l’a­nar­chie éco­no­mique dont l’ou­vrier fran­çais est la plus cruelle vic­time, ni l’a­nar­chie bour­geoise qui se dit libé­rale et qui cause plus de mal­heurs que les bombes des libertaires. 

    Nous com­bat­trons, comme nous le fîmes tou­jours, cette anar­chie cos­mo­po­lite qui remet à des étran­gers de nais­sance ou de cœur le gou­ver­ne­ment de la France, l’a­nar­chie uni­ver­si­taire qui confie l’é­du­ca­tion des jeunes fran­çais à des maîtres bar­bares, les­quels, avant d’en­sei­gner par­mi nous, devraient eux-mêmes se polir au contact de la civi­li­sa­tion, de l’es­prit et du goût de la France. Nous mon­tre­rons dans la clar­té qui suf­fit à leur faire honte, les plaies d’a­nar­chie domes­tique, tuant l’au­to­ri­té des pères ou l’u­nion des époux, et, la pire de toutes, l’a­nar­chie reli­gieuse achar­née à dis­soudre l’or­ga­ni­sa­tion catho­lique ou ten­tant de refaire contre l’É­glise une uni­té morale en la fon­dant sur des Nuées. 

    Allons au fond du vrai : parce que, au fond, ce qui nous divise le plus est le régime répu­bli­cain et parce que cet élé­ment divi­seur par excel­lence est aus­si celui qui orga­nise, qui règle et qui éter­nise l’ex­ploi­ta­tion du pays qu’il a divi­sé, l’Ac­tion fran­çaise appelle tous les bons citoyens contre la République. 

    Mais, dit-on, quelques-uns croient encore à la Répu­blique. — Pos­sible : ils se font rares. Ces der­niers croyants per­dront vite leur foi dès qu’ils nous auront accor­dé quelques minutes de l’at­ten­tion et de la réflexion qu’un élec­teur doit accor­der à la chose publique. Sans y pas­ser huit heures par jour, comme Louis XIV, tout Fran­çais intel­li­gent com­pren­dra bien que ce qu’il y a de mieux à faire est de don­ner sa démis­sion de sou­ve­rain et de se déchar­ger des besognes d’É­tat sur quel­qu’un de plus apte et de plus com­pé­tent. L’é­vi­dence lui fera dire, comme à l’un des plus grands amis de l’Ac­tion fran­çaise : « quand je songe que j’ai été répu­bli­cain, je me battrais. » 

    Ce regret si noble est d’un ancien radi­cal qui lut­ta contre le second Empire et la poli­tique du maré­chal 1. Et nous pour­rons citer des regrets du même ordre éma­nant d’an­ciens libé­raux, ou d’an­ciens col­lec­ti­vistes, ou d’an­ciens démo­crates plé­bis­ci­taires. Ne les appe­lez pas conver­tis de l’Ac­tion fran­çaise : ils sont des conver­tis du bon sens fran­çais. Nos véri­tés poli­tiques ne sont tirées d’au­cun fonds d’i­ma­gi­na­tion qui nous soit per­son­nel. Elles vivent dans l’âme de nos audi­teurs et de nos lec­teurs. La seule chose dont on puisse se pré­va­loir ici, c’est d’a­voir obli­gé le lec­teur patriote à décou­vrir au fond de ses propres pen­sées et de ses propres sen­ti­ments éle­vés au maxi­mum de la conscience lucide… — Quoi donc ?  — La néces­si­té d’un recours au Roi.

    Qui veut bien quelque chose en veut la condi­tion. La condi­tion de ce qu’on veut quand on réclame le res­pect de la reli­gion, ou la paix sociale, ou la res­ti­tu­tion de la France aux Fran­çais, cette condi­tion préa­lable, c’est le Roi. Pas de Roi, pas de puis­sance natio­nale, pas de garan­tie pour l’in­dé­pen­dance de la nation. Pas de Roi, pas d’an­ti-maçon­nisme effi­cace, pas de résis­tance à l’é­tran­ger de l’in­té­rieur, pas de réformes bien conduites ni sérieu­se­ment appliquées. 

    C’est en cela pré­ci­sé­ment que réside le natio­na­lisme inté­gral. Il met en ordre les pro­blèmes fran­çais, il per­met de les com­prendre, et ce qu’ils peuvent offrir de contra­dic­toire sans lui s’ac­corde en lui par­fai­te­ment ; par exemple, un Pou­voir cen­tral très fort et des Villes, des Pro­vinces, des Cor­po­ra­tions entiè­re­ment libres, au lieu de se détruire comme en Répu­blique, se prêtent un appui réci­proque et se conso­lident par l’o­pé­ra­tion de la monarchie. 

    C’est un fait ; nous le ferons voir. Mais c’est un autre fait que beau­coup de gens en sont frap­pés. C’est un troi­sième fait que, en tout temps, nos Princes, du fond de leur exil, ont sen­ti cet accord et l’ont ins­crit dans leur pro­gramme, qui n’a pas été fait pour les besoins de nos polé­miques de 1908. Nos que­relles du mois cou­rant seraient réglées par l’ap­pli­ca­tion d’un prin­cipe posé, posé voi­ci dix, vingt ou qua­rante ans, dans une lettre du comte de Cham­bord, du comte de Paris ou de Mon­sei­gneur le duc d’Orléans. 

    Les Fran­çais à qui cette évi­dence devien­dra claire feront hon­neur à la viva­ci­té d’es­prit de leur race. Ensemble, diront-ils, nous avons fait une sot­tise noire en nous sépa­rant de nos Rois : puisque rien de sérieux ne sau­rait se faire sans eux, le plus simple est de nous dépê­cher de les rap­pe­ler, et avec eux, de nous remettre le plus tôt pos­sible au travail. 

    À ce lan­gage de bon sens, on n’ob­jecte que la pru­dence des timides, ceux qui tremblent que la monar­chie ne signi­fie « pour le public » le gou­ver­ne­ment des nobles et des curés (simple sot­tise de pri­maires), ou ceux qui (moins igno­rants et plus impru­dents) savent com­bien ce pré­ju­gé est faux, mais qui en craignent la puis­sance. Nous ne crai­gnons, pour notre part, aucune puis­sance d’er­reur. Notre devoir est de les réduire l’une après l’autre en leur oppo­sant l’é­vi­dence. Mais une évi­dence mili­te­ra, dès l’a­bord, en notre faveur : c’est le recru­te­ment du per­son­nel de l’Ac­tion française. 

    Ceux que le natio­na­lisme inté­gral ral­lia nous sont venus de toutes les classes et de tous les mondes. Ces hommes qui, depuis des années, tra­vaillent, sans un désac­cord, à la même œuvre de recons­ti­tu­tion natio­nale, sont le pro­duitsd’é­du­ca­tions et de milieux aus­si dif­fé­rents que les Jésuites et la Sor­bonne, le bar­reau et l’ar­mée, l’Union pour l’Ac­tion morale et la Gazette de France. On pour­rait dire qu’ils ne s’ac­cordent sur rien, hors de la poli­tique, et que, en poli­tique, ils s’ac­cordent sur tout. Car non seule­ment leur poli­tique éco­no­mique ou mili­taire, mais leur poli­tique morale, leur poli­tique reli­gieuse est une. On a remar­qué, dans leurs rangs, des hommes étran­gers à la foi du catho­li­cisme. On n’en signale pas un seul qui n’ait mille fois décla­ré que la poli­tique reli­gieuse de notre France est néces­sai­re­ment catho­lique et que le catho­li­cisme fran­çais ne peut être sou­mis à un régime d’é­ga­li­té banale, mais y doit être hau­te­ment et res­pec­tueu­se­ment pri­vi­lé­gié. De sorte que l’ac­cord intel­lec­tuel et moral déter­mi­né par le natio­na­lisme inté­gral de l’Ac­tion fran­çaise peut être envi­sa­gé tout à la fois comme le der­nier mot de la tolé­rance et comme le triomphe du Syllabus. 

    Et ces deux aspects ne sont pas contra­dic­toires. Nous appor­tons à la France la Monar­chie. La Monar­chie est la condi­tion de la paix publique. La Monar­chie est la condi­tion de toute renais­sance de la tra­di­tion et de l’u­ni­té dans notre pays. C’est pour l’a­mour de cette uni­té, de cet ordre, que com­mence aujourd’­hui notre guerre quo­ti­dienne au prin­cipe de la divi­sion et du mal, au prin­cipe du trouble et du déchi­re­ment, au prin­cipe républicain. 

    À bas la Répu­blique ! et, pour que vive la France, vive le Roi ! 

    Hen­ri Vau­geois,
    Léon Dau­det,
    Charles Maur­ras,
    Léon de Mon­tes­quiou,
    Lucien Moreau,
    Jacques Bain­ville,
    Louis Dimier,
    Ber­nard de Vesins,
    Robert de Bois­fleu­ry,
    Paul Robain,
    Fré­dé­ric Dele­becque,
    Mau­rice Pujo.1. Patrice de Mac Mahon. (n.d.é.)

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Le Saint Siège et le Liban, par Annie Laurent

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    En votre nom à tous, je remercie Annie Laurent, qui vient de me transmettre cet article  paru dans la Revue Politique et Parlementaire – « Hommage au Liban » - n° 198 – Janvier-mars 2021.

    François Davin, Blogmestre

     

    « L’Église désire manifester au monde que le Liban est plus qu’un pays : c’est un message de liberté et un exemple de pluralisme pour l’Orient comme pour l’Occident ». Cette affirmation bien connue de Jean-Paul II condense la pensée du Saint-Siège à propos du pays du Cèdre. Elle figure dans une lettre apostolique adressée par le saint pape à tous les évêques catholiques du monde le 7 septembre 1989, alors que le Liban connaissait l’une des périodes les plus dures de la guerre qui s’acharnait contre lui et le déchirait depuis le 13 avril 1975. La situation était si dangereuse que le Souverain Pontife avait dû renoncer, trois semaines auparavant, à son projet de voyage à Beyrouth où il désirait proclamer à la face du monde son attachement à cette nation unique et témoigner concrètement de sa compassion pour les souffrances de sa population. Dans la même lettre à l’épiscopat, il émettait aussi cet avertissement : « La disparition du Liban serait sans doute l’un des grands remords du monde. Sa sauvegarde est l’une des tâches les plus urgentes et les plus nobles que le monde d’aujourd’hui se doit d’assumer » (1).

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    L’attention particulière que le Vatican porte au Liban et à sa survie ne repose pas sur les critères habituels qui conditionnent les relations entre États (étendue territoriale, position géopolitique, richesses minérales, puissance militaire et/ou idéologique). En effet, la place unique de ce petit pays du Levant dans le concert des nations relève de l’esprit et non de la matière, elle ressort de sa vocation, qui est spirituelle et humaine. Cette identité a été reconnue lors de l’établissement des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et le Liban en 1946, soit trois ans après l’accession de ce dernier à l’indépendance (2).

    Le premier Libanais nommé à ce poste, Charles Hélou (3), en a témoigné dans le récit où il relate l’échange qu’il eut avec Pie XII au cours de la présentation de ses lettres de créance, le 17 mars 1947. Le diplomate décrivit ainsi le Liban : « Un pays comme le nôtre, dont la tolérance et la charité dans la vie en commun la plus paisible constituent en quelque sorte la raison d’État, et qui, sur le plan international, fonde ses raisons de vivre sur les principes de justice et de fraternité, solennellement proclamés, est lui aussi une illustration de la primauté du spirituel […]. Par là il se présente au monde comme porteur d’une espérance qui ne saurait être trompée, et aussi comme chargé d’un message, d’une mission ». Ce à quoi le Saint-Père répondit : « Votre patrie, comparable dans la variété de ses éléments ethniques et linguistiques, à l’aigle aux ailes chatoyantes de mille couleurs que le prophète Ézéchiel vit planer au-dessus du Liban (Ez 17, 3), semble appelée, par vocation singulière, à réaliser cette douce et fraternelle communauté de vie dont parle le psalmiste (Ps 132, 1) même entre membres différents par l’origine et par la pensée » (4).

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    Dès la première année de la guerre, saint Paul VI, qui avait visité le Liban en 1964, a exprimé sa préoccupation pour sa sauvegarde, portant un regard lucide sur les causes du conflit dont il comprenait qu’elles n’étaient pas d’abord internes. « Quiconque a pu connaître et admirer de près l’exemple de “convivance” pacifique donné pendant si longtemps par les populations chrétiennes et musulmanes du Liban, est presque naturellement porté à penser que les explosions de violente hostilité dont il est devenu le théâtre ne peuvent s’expliquer d’une façon satisfaisante sans l’intervention de forces qui sont étrangères au Liban et à ses véritables intérêts » (5). Ces paroles laissent imaginer l’émotion qu’il dut éprouver en canonisant saint Charbel à Rome le 9 octobre 1976, quatre mois après l’entrée de l’armée syrienne au Liban, prélude d’une occupation qui devait durer jusqu’en 2005, avec une pesante tutelle sur l’Etat à partir de 1988.

    Revenons à Jean-Paul II dont le long pontificat (1978-2005) a été jalonné par des initiatives nombreuses et variées en faveur du pays du Cèdre. Parmi les démarches diplomatiques qu’il entreprit auprès de l’ONU et des grandes Puissances en vue d’une solution juste au problème palestinien, solution qui aurait ôté toute légitimité à la guérilla contre Israël pratiquée à partir du Liban par l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) soutenue militairement par une partie des Etats arabes, il faut signaler la lettre que le pape adressa dans ce sens au président israélien Haïm Herzog en 1989 alors que l’Etat hébreu n’était pas encore reconnu par le Saint-Siège (6). Israël, qui occupait une partie du Liban-Sud depuis 1978, avait poussé son armée jusqu’à Beyrouth en 1982 pour en chasser l’OLP. Son retrait complet fut achevé en 2000. Le 4 octobre 1989, inaugurant à Rome la Journée de prière universelle pour la paix au Liban, le Souverain Pontife appela au retrait de toutes les forces étrangères du pays, demande qu’il réitéra le 13 janvier 1990. Régulièrement, des émissaires du Vatican se rendaient à Beyrouth pour évaluer la situation politique.

    L’une de ces démarches revêt une signification particulière. En juillet 1985, à la demande de Jean-Paul II, le cardinal Roger Etchegaray, président de la Commission Justice et Paix, visita le Liban-Sud où, en avril, plus de 60 villages chrétiens situés à l’est de Saïda, avaient été dévastés par des milices islamiques. Les rescapés s’étaient réfugiés dans la ville de Jezzine, majoritairement chrétienne, qui se trouvait à son tour encerclée et menacée. Un mouvement d’exode se manifestait, risquant de vider la région de sa population chrétienne. Évoquant cette mission dans ses souvenirs, le prélat confia : « Le Liban ! Quel homme d’Église n’éprouve pas tendresse et compassion envers ce merveilleux et malheureux pays ? Je crois qu’il n’y a pas un pays au monde pour lequel Jean-Paul II soit intervenu plus souvent, et auquel il ait adressé plus de messages » (7). Suite à cette mission, le pape nomma le Père Célestino Buhigas comme délégué personnel. Etabli à Jezzine, ce lazariste espagnol joua pendant plusieurs années un rôle providentiel pour enraciner les chrétiens, multipliant dans ce but les œuvres scolaires et culturelles ainsi que la création de structures économiques. Il apaisa aussi leurs relations avec l’entourage musulman, en particulier avec les druzes du Chouf qui, en 1983, avaient anéanti toute présence chrétienne dans cette région. Par ses bonnes relations avec leur chef politique, Walid Joumblatt, le P. Buhigas prépara les retrouvailles druzo-maronites qui furent scellées en 2001 lors de la visite historique du patriarche Nasrallah-Boutros Sfeir à Damour et Deir El-Kamar (Chouf).

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    En œuvrant pour le maintien des chrétiens sur leurs terres, Jean-Paul II n’était pas motivé par des desseins partisans ou confessionnels ; il entendait préserver le « Liban-message ». Pour cela, il fallait que l’Église catholique, dans sa diversité locale et à tous les niveaux, cléricaux et laïques, reprenne conscience de sa vocation et de sa mission historique. Telle est la conviction qui présida à la convocation d’une Assemblée spéciale pour le Liban du Synode des Évêques, décision prise en accord avec les responsables des six Églises catholiques présentes dans le pays (maronite, melkite, arménienne, chaldéenne, syriaque et latine). L’annonce que le Saint-Père en fit à Rome le 12 juin 1991, en la fête de la Pentecôte, créa la surprise. Les synodes réunis pour traiter des problèmes de la foi et de la vie de l’Église d’une aire géographique concernent habituellement des continents. Or, voici que Jean-Paul II décidait de mobiliser l’institution synodale et l’ensemble des catholiques sur la situation d’un tout petit pays à peine plus étendu qu’un département français. « Toute l’Église est invitée à vivre cette initiative dans un profond esprit de solidarité, en invoquant l’assistance du Saint-Esprit sur les Pères synodaux comme sur les prêtres, les religieux, les religieuses et les laïcs libanais qui devront entrer dans une période de réflexion profonde pour le renouvellement spirituel de leur communauté » (8).

    Il en indiqua la finalité : « Ce sera un Synode pastoral, durant lequel les Églises catholiques du Liban, devant le Seigneur, s’interrogeront sur elles-mêmes, sur leur fidélité au Message évangélique et sur leur engagement à le vivre » (9). Puis, il confia au cardinal Etchegaray une mission destinée à lancer sa préparation sur place. « Il était important de montrer que le Synode n’était pas préfabriqué à Rome, ou par Rome, et qu’il devait réellement mobiliser les forces vives des chrétiens libanais », a expliqué l’envoyé spécial du pape (10). Il s’agissait donc de rassurer ceux qui, parmi les chrétiens, manifestaient indifférence, scepticisme, voire agacement envers l’initiative pontificale, parfois comprise comme une ingérence du Vatican dans leurs affaires. Au terme de cette étape, le 20 juin 1992, le Saint-Père annonça le thème retenu : « Le Christ est notre espérance : renouvelés par son Esprit, solidaires, nous témoignons de son Amour ».

    Un double constat avait conduit Jean-Paul II à convoquer ce Synode : le désespoir et la crise d’identité des chrétiens libanais. Épuisés par seize années de violences, plus divisés que jamais au moment où l’unité était indispensable pour résister aux ambitions hégémoniques du voisinage, découragés après les douloureux combats interchrétiens de 1990 et l’affaiblissement de leur influence au sein de l’Etat suite à la révision constitutionnelle issue de l’accord de Taëf (22 octobre 1989), ils avaient perdu confiance dans leur pays et beaucoup n’aspiraient qu’à l’exode. Par ailleurs, trop souvent installés dans leurs appartenances confessionnelles ou une conception ethnique de la religion, ils étaient tentés par des formules séparatistes qui risquaient de les éloigner de leur environnement arabo-islamique et de priver ce dernier du témoignage de l’Évangile. Enfin, la guerre avait défiguré l’image du christianisme local car ses fidèles n’avaient pas toujours défendu leur existence avec les armes du Christ.

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    La grand’messe célébrée au centre-ville de Beyrouth en présence d’un demi-million de personnes et la rencontre avec les jeunes à Harissa, ont constitué les temps forts de la visite de Jean-Paul II au Liban, en mai 1997.
     

     

    En 1991, les armes s’étaient tues, offrant des conditions propices à une réflexion sereine. C’est donc l’occasion que saisit Jean-Paul II pour exhorter les catholiques à un exigeant travail de fond sur eux-mêmes et en Église. Dans un souci œcuménique, il tenait à associer aux travaux synodaux les « frères des autres Eglises chrétiennes du Liban », quatre orthodoxes (grecque, arménienne, assyrienne, copte) et une protestante (évangélique). « Je fais confiance à leurs prières mais aussi à leurs suggestions et à leur apport concret de réflexions, inspirés par la foi commune dans le Christ » (11).

    Jean-Paul II tenait aussi à associer les musulmans libanais à toutes les étapes du Synode. Pariant sur une transparence totale, il voulait les persuader que son initiative n’avait aucune « visée politique » destinée à rehausser la place des chrétiens sur l’échiquier politique du Liban, comme certains l’imaginaient (12). C’est pourquoi, dès l’annonce de l’événement, le pape se tourna vers « les Libanais de foi islamique, les invitant à apprécier cet effort de leurs concitoyens catholiques et à y voir le désir d’être plus proches d’eux, dans une société vraiment conviviale et sincèrement solidaire pour la reconstruction du pays » (13).

    L’idée de responsabiliser les musulmans n’était pas nouvelle. Deux ans auparavant, le 7 septembre 1989, en même temps qu’il écrivait aux évêques catholiques du monde (cf. supra), le Souverain Pontife avait lancé « un appel solennel à la solidarité des fidèles de l’islam avec leurs frères du Liban », dans une lettre en arabe destinée au secrétaire général de l’Organisation de la Conférence islamique, Hamid El-Ghabid. « Faites entendre votre voix et, plus encore, déployez tous vos efforts en union avec ceux qui réclament pour le Liban le droit de vivre, et de vivre dans la liberté, la paix et la dignité. Il s’agit d’un devoir de solidarité humaine que votre conscience d’homme et votre appartenance à la grande famille des croyants imposent à chacun de vous » (14). L’ensemble de ces démarches favorisèrent la confiance. Trois représentants de l’Islam libanais, Mohammed El-Sammak (sunnite), Séoud El-Maoula (chiite) et Abbas El-Halabi (druze), ont ainsi été conviés en qualité de délégués fraternels à participer à l’Assemblée elle-même qui se réunit à Rome du 26 novembre au 14 décembre 1995.

    Enfin, Jean-Paul II tenait à apporter personnellement aux Libanais son exhortation apostolique post-synodale, Une espérance nouvelle pour le Liban (15), ce qu’il fit en se rendant à Beyrouth les 10 et 11 mai 1997. Ce document a été présenté comme la charte du pays du Cèdre à reconstruire. Un évêque maronite, Mgr Edmond Farhat, en a proposé un commentaire qu’il a conclu en ces termes : « Le voyage au Liban a semé les germes de l’espérance nouvelle. Une espérance solide à l’image du cèdre. Le cèdre met du temps à grandir et à s’épanouir, mais sa force et sa résistance défient les temps et traversent les intempéries » (16). Les vicissitudes politiques et sociales qui ont suivi cet épisode n’ont certainement pas permis la pleine réalisation des objectifs du Synode mais celui-ci reste une étape majeure dans l’histoire contemporaine du Liban.

    Convaincu comme son prédécesseur de l’importance du Liban, au double plan symbolique et effectif, Benoît XVI a choisi ce pays pour y délivrer aux représentants de toutes les communautés catholiques orientales, invités à le rejoindre sur place, l’exhortation Ecclesia in Medio Oriente (17). L’événement, placé sous la devise « Pax vobis ! » (« Je vous donne ma paix », Jn 14, 27), s’est déroulé du 14 au 16 septembre 2012. Ecclesia in Medio Oriente concluait le Synode spécial des Évêques pour le Moyen-Orient qui s’était réuni à Rome du 10 au 24 octobre 2010 et concernait 17 pays de l’Orient méditerranéen. En annonçant, le 19 septembre 2009, la tenue de cette Assemblée, le Saint-Père en avait fixé ainsi le thème : « L’Église catholique au Moyen-Orient : communion et témoignage. “La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme” (Ac 4, 32) ». Ici aussi il s’agissait de relever les défis existentiels auxquels était confrontée la chrétienté de cette région où il ne restait alors pas plus de 15 millions de baptisés sur au moins 300 millions d’habitants. Le Saint-Siège ne pouvait évidemment pas accepter la perspective, régulièrement annoncée, d’une disparition de l’Église des territoires marqués par l’histoire biblique et l’Incarnation du Verbe de Dieu, au risque de précipiter leurs peuples dans un chaos toujours plus irréversible. C’est pourquoi, outre les préoccupations liées aux exigences baptismales, le programme du Synode comportait l’examen lucide des conditions concrètes, dans l’ordre temporel, aptes à permettre aux chrétiens d’accomplir leur mission au service de tous (18).

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    Messe du pape Benoît XVI, le 16 septembre 2012 à Beyrouth

     

    Le pape François s’est à son tour approprié l’image du « Liban-message » lorsqu’il a eu à s’exprime