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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Remettre en cause et remettre en ordre....

              C'est avec plaisir, et intérêt, que nous avons lu dans Les Manants du Roi du 12 novembre le petit texte (que nous reproduisons ci après) de Bernard Lhôte, intitulé Ballon Rouge.

              Plaisir et intérêt car, avec Bernard Lhôte, c'est une sorte d'amitié et de disputatio intellectuelle d'une bonne quarantaine d'années qui nous réunit. Nous n'en prendrons qu'un seul exemple : nous lui savons gré, lorsque nous préparions le Manifeste de Montmajour, d'avoir pris connaissance de ce texte, d'y avoir réfléchi et de nous avoir livré ses réflexions, judicieuses et pertinentes. Notamment celle-ci (reprise et publiée dans la presse en 1971) : L'Action Française joue et gagne sur les deux tableaux "celui de la remise en cause et celui de la remise en ordre".

              N'est-ce pas bien vu, et bien dit ?

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    Ballon rouge

    La Marseillaise n’est pas ma tasse de thé, ni mon ballon de rouge. Ma préférence va à « Vive Henri IV ! », chant sans haine, gaillard, joyeux.

    Cependant la Marseillaise se trouve être actuellement l’hymne national.

    A ce titre, il mérite du respect et qu’on s’indigne qu’on lui en manque. Néanmoins les protestations républicaines des politiciens seraient plus crédibles si, depuis longtemps, ils n’avaient proscrit le sentiment patriotique au nom d’un anti-nationalisme primaire et d’un européisme fanatique.

    Pourquoi des jeunes « beurs » et « noirs » devraient-ils être fiers d’être français alors que la fierté nationale passe pour ringarde, franchouillarde ?

    Comment immigrés et enfants d’immigrés pourraient-ils être unanimement francophiles alors qu’une « élite » dénationalisée trouve la France dépassée et les Français nuls ?

    Le « Non » au référendum a eu au moins pour résultat de rendre plus discrète la propagande anti-nationale. Mais le mal est fait. Le charisme de la France est atteint. Ses pouvoirs d’attraction et d’intégration sont affaiblis.

    Rompue aux repentances la classe dirigeante est incapable d’adresser un message clair, fier, franc aux siffleurs et persifleurs francophobiques, qu’ils soient étrangers, français d’origine récente et de souche aussi !

    « Vous n’aimez pas la France, vous vomissez les français, c’est votre droit. Mais ayez au moins la logique et l’amour-propre d’en tirer la conséquence : Partez ! C’est la honte de rester dans un pays honni. C’est méprisable de demeurer parmi un peuple qu’on méprise. Vous trouvez votre sort abominable ? A nos portes une foule de gens l’envie. Allons, un peu de courage, un peu d’honneur, cédez votre place ! »

    Bernard Lhôte

  • L'Album Mistral disparaît temporairement... pour revenir le 29, revu, corrigé, augmenté...

            Cette annnée 2012 est une année bissextile : ce qui signifie que nous aurons, cette fois-ci, un 29 février. Et le 29 février, c'est le jour où, en 1904, Mistral a reçu le Prix Nobel de Littérature, premier et seul français à l'avoir reçu pour une oeuvre écrite en langue régionale.

             Bonne occasion pour enrichir notre Album Mistral : douze nouvelles photos sont en train d'être ajoutées - et "légendées - et deux ont été modifiées et "enrichies"...  : l'Album va donc passee de 70 à 82 photos...

             1. Les deux modifiées sont : - celle de "Mistral à 29 ans", pour laquelle nous n'avions pas, jusqu'à présent la certitude de la date. Elle est d'Étienne Carjat, et date du premier voyage de Mistral à Paris pour la publication de "Miréio".

                                                - et celle sur "la foi", enrichie d'un plaque contenant de très beaux vers sur "les purs", qui, "blancs comme lys", échapperont - grâce à la mort, qui est la vie - à la méchanceté du monde, "où les bons sont sans cesse lapidés"... 

             2. Les douze nouvellles représentent cinq photos de Mistral, seul ou en groupe, dont le premier portrait/dessin connu de lui; son acte de décès; le buste de Mireille imaginée par le sculpteur Brouchier; la plaque en l'honneur de Gérard Tenque, apposée par Mistral sur la Mairie de Martigues, le 11 août 1891; une vue de Toulon, avec quelques vers de Calendal, parlant de cette ville où s'arment et d'où s'élancent les grands navires du roi.....

                 Et, surtout, deux photos accompagnant deux très beaux textes de Jacques Bainville, publiés dans l'Action française juste après la mort du poète, les 30 mars et 7 mai 1914 (Mistral est mort le 25 mars 1914); les deux textes, pas très longs, mais très beaux et très émouvants, seront retranscrits en entier....

              Les Albums, sur Hautetfort, peuvent contenir 200 photos chacun. Voici donc, pour très bientôt, une nouvelle mouture du précédent, en attendant, pourquoi pas, de nouveaux enrichissements futurs..... 

  • Jeanne d'Arc 2021 : un hommage suivi et réussi !, par Guillaume de Salvandy.

    L’Action fran­çaise est de retour, une réa­li­té que de nom­breuses per­sonnes vont devoir inté­grer. Le record de par­ti­ci­pa­tion au CMRDS de 2020 indi­quait le suc­cès crois­sant de nos ana­lyses et le maillage du ter­ri­toire natio­nal que notre mou­ve­ment opère.

    6.jpg2021, mal­gré les res­tric­tions sani­taires, s’annonce comme une grande année pour l’AF, et la réus­site de ce week-end de Jeanne d’Arc en est un bon indice.

    Le same­di, où se déroule nor­ma­le­ment un col­loque, a vu cette année se tenir un mee­ting, retrans­mis sur You­Tube, qui a réuni plus de mille-cinq-cents télé­spec­ta­teurs ; au pro­gramme : la liber­té, ou pour être plus exact les liber­tés, que l’État s’ingénie à sus­pendre voire même à sup­pri­mer depuis plus d’un an.

    Après une brillante intro­duc­tion du pro­fes­seur Rou­villois, il revient à Jean-Phi­lippe Chau­vin de nous exhor­ter à reprendre nos liber­tés loca­le­ment, et de décrire com­ment la liber­té abs­traite ins­crite sur les fron­tons de nos édi­fices publics s’est oppo­sée à nos liber­tés réelles. L’État s’impose par­tout au mépris des réa­li­tés locales, le salut face à la Répu­blique tota­li­taire ne peut venir que d’une monar­chie royale, res­tau­ra­trice des liber­tés com­mu­nales, pro­vin­ciales et cor­po­ra­tives : les liber­tés charnelles.

    Me Thier­ry Bou­clier lui suc­cède sur la néces­si­té de défendre ses droits, ses liber­tés ; il constate avec quelle faci­li­té l’État les a sup­pri­més, mais aus­si avec quelle pla­ci­di­té les fran­çais l’ont accep­té. L’État manie le droit à la san­té, ce droit doit être sou­mis à un autre que la classe poli­tique nie, le droit à res­ter fran­çais. La puis­sance exé­cu­tive se met à plat ventre devant les « droits humains » de la CEDH, mais une volon­té forte pour­rait les abolir.

    Oli­vier Per­ce­val s’attaque à la matrice idéo­lo­gique de ces pré­ten­dus droits de l’Homme : le libé­ra­lisme qui est l’ennemi des liber­tés. La main invi­sible chère à Adam Smith sait se trans­for­mer en main de fer quand les ouvriers se révoltent face aux grandes entre­prises et aux trusts. Seul l’État fort, stable, capé­tien : royal a le pou­voir de s’opposer à ces forces internationales.

    C’est au tour de Phi­lippe Mes­nard d’intervenir sur ce que le libé­ra­lisme a vou­lu détruire : nos chères liber­tés anciennes. Il revient tour à tour sur les pri­vi­lèges que l’Ancien Régime garan­tis­sait pour cha­cun (chartes locales, cou­tumes des métiers et cor­po­ra­tions, cou­tumes pro­vin­ciales…), et montre que l’État jaco­bin fait fi de ces réa­li­tés, les détruit. Aujourd’hui l’État pour­suit cette poli­tique en nous impo­sant des res­tric­tions qui n’ont de sani­taire que le nom, et aucune jus­ti­fi­ca­tion scientifique.

    Tho­mas Cla­vel, qui a récem­ment publié un roman dys­to­pique aux édi­tions de la Nou­velle Librai­rie traite quant à lui de la liber­té sous le Covid-19 : pour les grandes entre­prises mon­dia­li­sées, se libé­rer de la tutelle du consu­mé­risme et du mar­ché c’est se mettre en dan­ger et mettre en dan­ger ses voi­sins. Il convient de se réar­mer idéo­lo­gi­que­ment pour pré­fé­rer nos liber­tés à la sécu­ri­té que nous pro(im)pose l’État. La crise sani­taire ne doit pas empê­cher de bâtir notre idéal face au nihi­lisme général.

    Autre mal de notre siècle, la fin de la liber­té d’importuner et donc la fin de la liber­té d’expression. Me Gil­bert Col­lard donne de nom­breux exemples, de la cen­sure d’un docu­men­taire sur les fêtes johan­niques d’Orléans au pré­texte qu’une jour­na­liste de droite, Char­lotte d’Ornellas, en fait le com­men­taire, à l’amende du CSA contre CNews pour les pro­pos d’Éric Zem­mour, en pas­sant par la cen­sure en ligne des GAFAM. « On met des menottes aux mots, vous roya­listes qui hono­rez Louis XVI qui fut un roi-ser­ru­rier, vous avez un rôle dans la fabri­ca­tion des clés qui nous libé­re­ront de la pen­sée unique. ».

    Puis c’est Me Benoît Dakin qui conclue ce mee­ting : la France, mère des liber­tés, ne sau­rait tolé­rer l’esclavage pro­duit par le libé­ra­lisme qui a suc­cé­dé au com­mu­nisme. Il nous faut retrou­ver notre génie par­ti­cu­lier en che­vau­chant face à l’adversité comme jadis nos héros, nos rois et nos saints.

    Cor­tège d’hommage à Jeanne d’Arc

    Le len­de­main, le dimanche 9 mai, avait lieu l’hommage tra­di­tion­nel à Jeanne d’Arc. Alors que nous avions été pri­vés, l’an der­nier, de la célé­bra­tion en grande pompe du cen­te­naire de l’instauration offi­cielle de cette fête, mais aus­si parce que 2021 marque les 30 ans de la « Jeanne inter­dite » de 1991, cette année notre hom­mage avait une saveur toute par­ti­cu­lière. La Sainte de la Patrie n’allait pas nous être reti­rée une deuxième fois, c’est ce sen­ti­ment qui était par­ta­gé par un grand nombre de per­sonnes venues par­ti­ci­per à cette marche.

    10h. Peu à peu, les marches de l’Opéra se couvrent de mili­tants et de sym­pa­thi­sants plus ou moins jeunes mais tous enthou­siastes, et il y a de quoi : cette marche attire cette année beau­coup de monde. Les ban­de­roles sont nom­breuses puisque cer­taines sec­tions ont appor­té les leurs, mais il y a aus­si de nom­breux dra­peaux : tri­co­lores, fleur­de­li­sés, de nos pro­vinces, de nos villes, des guerres de Ven­dée et du mou­ve­ment. En plus du dra­peau de l’association Marius Pla­teau (qui regroupe les anciens com­bat­tants de l’Action Fran­çaise) il était à noter le retour de dra­peaux « de tra­di­tion », qui reprennent les codes des pavillons des sec­tions d’AF de l’entre-deux-guerres : un dra­peau de la Res­tau­ra­tion Natio­nale, ain­si que deux dra­peaux de section.

    10h20. Le cor­tège s’élance, en ordre de marche par rangs. Ce sont près de 650 per­sonnes qui réveillent les pari­siens et les quelques tou­ristes en repre­nant les slo­gans, qui sont entre­cou­pés de harangues sur la noci­vi­té du régime répu­bli­cain et du pro­jet de l’Union Euro­péenne. Le grand nombre de par­ti­ci­pants fait forte impres­sion aux nom­breux jour­na­listes, l’Action fran­çaise est pré­sente en grand nombre dans la rue pour hono­rer celle qui a remis en place le régime légi­time : la monar­chie royale.

    11h. La foule arrive en silence autour de la sta­tue de Jeanne. Les dra­peaux se baissent au moment de dépo­ser les gerbes de fleurs. Temps de recueille­ment devant le sou­ve­nir de cette fille du peuple qui a sui­vi la mis­sion divine jusqu’au bout. Puis Hen­ri Bec, pré­sident de la Res­tau­ra­tion Natio­nale – Action Fran­çaise, prend la parole. Il égrène la longue liste des évé­ne­ments qui montrent la décré­pi­tude dans laquelle notre pays est tom­bé, mais aus­si tout ce qui dans le marasme ambiant ne cesse de nous don­ner raison.

    Lors d’un hom­mage à Jeanne d’Arc on honore la sainte, mais on récom­pense aus­si l’engagement des mili­tants, ain­si vingt per­sonnes ont reçu une plaque bleue de ven­deur volon­taire, deux mili­tants sont deve­nus com­mis­saires d’AF en rece­vant une plaque rouge, et un mili­tant de longue date a été fait Came­lot du Roi.

    Puis la Royale, l’hymne de notre mou­ve­ment, est enton­née avec enthou­siasme, et résonne un fort « Vive le Roi ! » au cœur de Paris.

    Enfin cette mati­née se ter­mine dans les jar­dins des Tui­le­ries autour d’un pique-nique entre mili­tants et sympathisants.

    Aujourd’hui comme hier, que cela soit dit et répé­té : l’AF est par­tout chez elle !

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Le gouvernement veut le prolonger jusqu'à la Présidentielle ...


    Mur-bleu gds.jpgL'absurdité totale d'un « Etat d’urgence » qui devient la norme

    Le danger reste présent, il reste élevé, répète, en substance, Manuel Valls. Oui, bien sûr, le danger reste présent, et, par la faute du Système et de son action immigrationniste depuis 1975, l'ennemi est entré dans nos villes et dans nos quartiers ; il habite la maison d'en face ou celle d'à côté ; peut-être même l'étage au-dessus, ou la porte d'en face. Et il n'attend qu'un ordre (« On y va » pour le 13 novembre) pour passer à l'acte.

    Mais, à qui la faute, sinon à la Droite et à la Gauche d'un Pays légal si souvent unies dans des politiques folles, aux conséquences directement contraires à l'intérêt national et au Bien commun ?

    Certes, même si depuis 1975 aucun étranger n'était entré en France, il y aurait toujours des fanatiques, des dérangés ou des égarés pour se rallier à ces fous tout court qui se font appeler « fous de Dieu » ; mais il y en aurait beaucoup moins, et ils ne disposeraient pas de l'impressionnant vivier constitué au fil de quarante années d'immigration-invasion et de grand remplacement...

    Manuel Valls fait semblant de croire que l'Etat d'urgence nous protège : or, à quoi sert-il de faire patrouiller des militaires par groupe de trois ou quatre ? Ou de leur faire faire des gardes statiques devant des écoles ou des lieux déclarés sensibles ? Soyons sérieux : uniquement à tenter de rassurer l'opinion, en lui faisant croire que l'on s'occupe d'elle. Pire : ces groupes constitueront des cibles idéales le jour où la tactique des terroristes islamistes le décidera. On sait où ils se trouvent, où ils déambulent, où les « coincer » : cela permettra des massacres faciles, rapides, assurés.

    Evidemment, la vraie solution, et la seule, est « en amont », dans le renseignement.

    Elle est aussi d'arrêter les frais de ces policiers, gendarmes et soldats inutilement exposés, et de - mieux - dépenser les sommes très importantes que coûtent ces gesticulations en augmentant considérablement les dotations en hommes et en matériels performants des services de renseignement.

    Elle est encore de « vider » nos banlieues, cités et autres zones de non-droit de toute cette population qu'on y a entassée, dont une part croissante ne souhaite d'ailleurs nullement ni s'intégrer ni, encore moins, s'assimiler à nous.

    On l'a dit cent fois ici, et on le redira mille, dix mille fois si nécessaire, jusqu'à ce que cela soit fait : il faut crever l'abcès, la greffe de ces populations allogènes ne prend pas, et sur tout organisme, si la greffe d'un corps étranger ne prend pas, ce corps étranger est rejeté.

    Cette comparaison pour dire que toute personne, quel que soit son âge, qui, de près ou de loin, apporte la moindre aide aux assassins de l'armée ennemie doit être immédiatement déchue de la nationalité française et expulsée du territoire. Ou, si elle préfère, être traduite devant une Cour martiale, et être fusillée.

    Ce n'est qu'en asséchant le marigot que l'on pourra, non pas supprimer tout acte terroriste islamiste, mais en réduire considérablement le nombre, et les ramener à des proportions « gérables ». Toute autre politique (!) ne serait que gesticulation et non-assistance à Nation en danger... 

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (64)

     

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Madame de Loynes...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    Portrait par Eugène-Emmanuel Amaury Duval, Musée d'Orsay.
    Marie-Anne Detourbay, dite Jeanne de Tourbey, devenue par son mariage comtesse de Loynes, était née à Reims en 1837, et mourut à Paris en 1908.

     

    "Salons et Journaux" - la quatrième série des "Souvenirs" - est ainsi dédié :


    "A la chère mémoire de nos deux amis Mme de Loynes et Jules Lemaître qui ont tant fait, l'un et l'autre, pour la France, Léon Daudet".


    Et les premières lignes du premier chapitre - qui s'intitule d'ailleurs "Le salon de Mme de Loynes" - signalent bien l'importance et l'influence de ce salon :


    "De tous les milieux parisiens où fut organisée la résistance nationale, pendant les années troubles qui précédèrent la grande guerre, le plus important et le plus actif fut certainement le salon de Mme de Loynes, 152, Avenue des Champs-Elysées.
    C'est là que Jules Lemaître avait son camp. C'est de là que partaient les directions et les consignes, dans des circonstances que je conterai plus tard, quand on pourra parler librement.
    Aujourd'hui, je veux simplement vous faire connaître cette conjonction de deux esprits clairs et de deux volontés droites, mis au service du pays.
    Admis dans leur intimité, les aimant ardemment, elle et lui, et ayant reçu d'eux des témoignages inoubliables d'affection, je puis dire, imprimer d'eux, après leur mort, ce que leur extrême modestie m'aurait interdit d'exprimer de leur vivant..."



    1. De "Paris vécu", Première série, rive droite, pages 190/191 :

    "...Pendant dix ans, de 1899 à 1908, quatre fois par semaine, je l'ai remontée (l'Avenue des Champs-Elysées, ndlr), généralement à pied, tantôt à droite, tantôt à gauche, allant au 152, où habitait notre délicieuse amie Mme de Loynes, qui recevait quotidiennement, de cinq à sept, les plus notoires contemporains, et surtout, dans le monde des lettres, ceux qui briguaient l'Académie...
    Ma femme et moi étions devenus les confidents intimes de Mme de Loynes... Accablée de sollicitations de toutes sortes, venant des uns et des autres, elle se reposait avec nous et, en dehors de son vendredi classique, nous invitait en tout petit comité, devant un de ces menus incomparables, qui faisaient, de sa table, la plus gourmande de Paris.
    Alors nous passions en revue les ambitions, les concurrences, les rosseries et les manoeuvres comiques des candidats à l'Institut et de leurs parrains. Ô guignol !..."

    2. De "Salons et Journaux", page 97 :

    "...Quand il fut question, en 1907, de mettre "La Libre Parole" à six pages, et d'en faire un organe royaliste. Mme de Loynes voulut s'inscrire immédiatement pour 20.000 francs, que je refusai.
    Elle se vengea en léguant à ma femme, l'annnée suivante, par testament, 100.000 francs, qui contribuèrent aussitôt à la création de l'Action française quotidienne..."

  • FAILLITES RÉPUBLICAINES

     

    Par François Marcilhac 

    Pour ce dernier éditorial de l’année politique, nous aurions préféré pouvoir simplement souhaiter à ceux de nos lecteurs qui ne les auraient pas encore prises de bonnes vacances bien méritées ! Malheureusement, l’actualité ne nous en laisse pas le loisir.

     
    Ou, plutôt que l’actualité, car il faut toujours désigner les choses et les causes — c’est le même mot en latin — par leur nom : la république !

    Les « choses », ce sont, en l’occurrence, ces multiples faillites auxquelles nos compatriotes assistent en cette fin de mois de juillet. Les causes, quant à elles, se résument à une principale : la République, non seulement dans son incapacité à répondre aux enjeux de notre temps mais plus encore dans son incurie et son idéologie, qui sont à la source de nombreux problèmes.

    Tout d’abord la faillite bien concrète de dizaines de milliers d’éleveurs, confrontés à une baisse catastrophique des prix, qu’il s’agisse de la viande, ou encore du lait à la suite de la disparition des quotas. Comme l’a déclaré Périco Légasse au Figaro, ce 22 juillet, « la puissance financière de la grande distribution et sa collusion avec la classe politique conduisent au massacre économique et social que l’on constate quotidiennement. Nos gouvernants, de “droite” comme de “gauche” — tout cela ne veut plus rien dire — ont tellement peur d’aller dans le sens contraire de l’histoire, entendez celui des marchés financiers, en réglementant les pratiques commerciales abusives et déloyales, que la grande distribution dicte leur conduite aux pouvoirs publics. » Sans compter une politique européenne favorisant, notamment à travers la pratique des travailleurs détachés, une concurrence déloyale en matière de main d’œuvre qui profite essentiellement à l’Allemagne, sur fond d’une libéralisation des échanges que la signature promise, par l’Europe, du traité transatlantique ne fera qu’aggraver encore. C’est bien la destruction de l’agriculture française qui est délibérément recherchée tant par les instances européennes sous contrôle allemand que par les Etats-Unis — une agriculture française que le carcan européen étouffe depuis plusieurs décennies avec la complicité active des dirigeants français, au nom d’une politique agricole commune dont nos paysans ont été les dindons de la farce ! Ne les a-t-on pas forcés, pour mieux les asservir et les conduire à la faillite, à vivre non plus de leur travail mais de subventions versées avec une prétendue générosité par l’ « Europe » — mensonge éhonté puisque la France est contributrice nette du budget européen ? Le tout en imposant un modèle agricole qui empoisonne les terres et les paysans eux-mêmes ! Oui, la république a fomenté la faillite de l’agriculture française.

    Faillite, ensuite, des collectivités territoriales : Dominique Bussereau, président de l’Assemblée des départements de France, a ainsi déclaré aux Echos le 26 juillet que de « un à cinq départements risquent de se déclarer en faillite d’ici à la fin de l’année si rien n’est fait. » Pourquoi ? Parce « l’Etat n’a pas compensé l’intégralité des versements que nous faisons pour son compte aux prestataires sociaux. Nous avons calculé qu’à fin juillet, le reste à charge cumulé pour les départements est de 8 milliards d’euros. » Joli tour de passe-passe d’une république qui ne « décentralise » apparemment que pour fuir ses responsabilités ! Et laisser les collectivités — par ailleurs trop contentes de s’instituer en féodalités politiques — dans l’incapacité de répondre à des contraintes financières décidées à Paris. Oui, la république est bien dans l’incapacité de faire vivre sainement les différents échelons administratifs tout simplement parce qu’elle a tué, dès l’origine, une organisation territoriale où l’économique, le culturel et le social peuvent se compléter harmonieusement. Il sera toujours possible de ponctionner le pays réel !

    Faillite également du « vivre-ensemble », cet OPNI (objet politique non identifié) dont l’incantation magique est proportionnelle à la dissolution de la société française. Là encore, la république est pleinement responsable d’un état de fait où les agressions au nom de préjugés barbares, étrangers à notre vieille civilisation chrétienne qui est la chair de notre identité nationale, deviennent monnaie courante — récemment encore dans un parc de Reims —, suscitées par une politique, elle aussi, menée conjointement depuis plusieurs décennies par nos gouvernants, de “droite” comme de “gauche”, puisque tout cela, en effet, ne veut plus rien dire. La justice et l’intérieur ont beau mentir effrontément pour dissimuler le caractère « culturel » de ces agressions : des Français de souche ou des immigrés pleinement assimilés en sont devenus les victimes quotidiennes. L’invasion migratoire, ordonnée par les instances européennes et que nos dirigeants organisent de manière préméditée, déstabilisent la société française en imposant la préférence étrangère. Il en est ainsi de la récente loi Cazeneuve sur les nouveaux droits des immigrés — de préférence en situation irrégulière : les chouchous des socialistes —, loi qui, en élargissant les procédures d’accès à la nationalité française, crée, selon le Républicain Guillaume Larrivé, « une sorte de régime du droit du sol hors sol ». Mais les Républicains — ex-UMP — sont-ils les mieux placés pour dénoncer une politique qu’ils ont eux-mêmes allègrement pratiquée lorsqu’ils étaient au pouvoir ? Et comment Sarkozy, qui fut le champion du déferlement migratoire durant cinq ans et le serait encore s’il revenait au pouvoir, ose-t-il déclarer vouloir remettre en cause Schengen ? Assez de mensonges !

    Faillites et mensonges, également, s’agissant de l’école, que nos gouvernants, de “droite” comme de “gauche”, puisque, là encore, tout cela ne veut plus rien dire, se sont ingéniés à détruire pour mieux couper les Français de leurs racines et empêcher les néonationaux de les acquérir, en vue de favoriser la dissolution de l’identité nationale, l’idéologie pédagogiste, partagée par toute la classe politique républicaine, continuant parallèlement son travail de sape de la transmission des savoirs.

    Oui, c’est avec la conscience de ces multiples faillites, dont la liste est loin d’être exhaustive, et de ces mensonges éhontés d’un pays légal sans vergogne, que les patriotes doivent partir en vacances. Pour nourrir leur détermination. Et recouvrer leurs forces. Toutes leurs forces. Car dès la rentrée le pays en aura besoin ! 

    L’AF 2000

     

  • « Une nation, Une langue » ou « Une langue, Une nation » (1 ere partie) (37), par Jeunesse si tu savais et Poussières d'

    En contact avec les mouvements Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles; voici les liens de leur page FB, de leurs sites officiels et de leur chaîne youtube :

     

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    Ouvrez le lien du site à l'aide du moteur de recherche GOOGLE CHROME.

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le trente septième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    Entre Nation et nationalités.
    Un principe de la Révolution française.
    C’est toute l’histoire contemporaine de la Révolution aux deux guerres mondiales que nous allons ainsi survoler.

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/25/0bd36162-615d-4fb8-a238-74a6bb4a19d0.mp3

    Un principe de la Révolution française

    « Faisons du passé table rase », était un des principes de la Révolution française.

    Hormis les « Droits de l’homme et du citoyen » et sa devise « Liberté-Egalité-Fraternité », la Révolution avait plusieurs principes qu’elle souhaitait appliquer. D’abord à la France - comme un laboratoire d’expérimentation - puis après les exporter à travers l’Europe. La Révolution les a exportés en Europe par l’intermédiaire de guerres incessantes qui ont été suivies des guerres napoléoniennes. Bonaparte étant un des généraux, un des fils de la Révolution française, il diffusa, par la guerre, ces mêmes idées dans l’Europe entière (l’ensemble de ces guerres dura près d’un quart de siècle). Et de l’Europe ces principes se répandirent progressivement dans les colonies et dans le reste du monde.

    Un de ces principes fondamentaux édicté par la Révolution était « une Nation, une langue » . Si on forme une seule et unique Nation, on doit ne parler qu’une seule et unique langue. Cela est issu du concept de* «République une et indivisible », ainsi les révolutionnaires voyaient les langues régionales comme autant d’ennemis : *« le féodalisme et la superstition parlent bas-breton, l’émigration et la haine de la république parlent allemand, la contre-révolution parle italien, et le fanatisme parle basque » (Barrère 1794). Chaque langue était devenue un représentant des ennemis de la Révolution et de la République. Il fallait éradiquer ces langues. Selon ce principe tous les écrits devaient être en français. On ne devait plus enseigner que le français dans les écoles.

    Cette éradication des libertés des langues régionales se poursuivit au XIXème siècle, voire même jusqu’au milieu du XXe, puisque dans des régions comme la Bretagne ou l’Alsace où la langue régionale était parlée par presque toute la population, on attachait une pierre (ou un autre objet) autour du cou des enfants qui avaient parlé le dialecte ou la langue régionale ou on les mettait au coin. Cet objet de la honte se transmettait d’enfant en enfant. Le dernier qui avait parlé cette langue interdite était celui qui la garderait autour du cou pendant la récréation. Pour éradiquer à la racine et par la force toutes les langues régionales.

    Ce principe « une Nation, une langue » s’est appliqué sous la contrainte jusqu’aux enfants eux-mêmes, contre la volonté des parents et de la majorité des populations concernées (qui souhaitaient garder leur traditions et leur langue). *Il y avait une dizaine de langues régionales en France * qui étaient parlées localement. L’Alsace était une région où Louis XIV lui-même avait voulu laisser les libertés régionales et le droit de se gouverner localement. Un parlement avait été créé en Alsace, le Conseil Souverain d’Alsace, qui était chargé d’administrer la province, de défendre justement ces droits particuliers (ce qui est la traduction du mot « privilèges »), on continuait paisiblement de parler alsacien, on écrivait en allemand, et en français en plus. La langue française est devenue progressivement la langue communautaire, de circulation (en plus de devenir la langue diplomatique, en remplacement du latin, et parlée dans toutes les cours d’Europe). Les langues régionales étaient des langues utilitaires au quotidien. Un certain nombre de textes continuaient d’être rédigés, notamment en Alsace et Lorraine thioise, en allemand.

    Cependant cette idée de la Révolution française (qui a duré une dizaine d’années) fut suivie d’une quinzaine d’années de l’Empire qui continua à appliquer les principes de la Révolution jusqu’aux extrémités de l’Europe.

    Avec pour conséquence que ce principe « une Nation, une langue » - que la Révolution voulut d’abord appliquer à la France - a germé dans les pays qui ont été annexés ou occupés par les troupes révolutionnaires ou napoléoniennes. Ces principes sont revenus comme un boomerang - et ont hanté l’Europe au XIXème et XXème siècle - sous la forme de ce que l’on appelle en mathématiques un corollaire. C’est-à-dire que le théorème « une Nation, une langue » est revenu dans le sens « une langue, une Nation » .

    Le premier principe est un principe réducteur à l’intérieur d’une même Nation. Toutes les populations qui font partie d’un même Etat, ne doivent plus parler leur langue locale ou régionale, mais qu’une seule et unique langue, la langue de l’Etat.

  • Les raisons de la crise franco-algérienne, par Bernard Lugan.

    L’Algérie vient de rappeler en consultation son ambassadeur à Paris, puis elle a décidé de fermer son espace aérien aux avions français  ravitaillant Barkhane. La raison ? Simple calcul électoral ou véritable et louable prise conscience, le président Macron qui, jusque-là, parlait de la colonisation comme d’un « crime contre l’humanité », vient étonnamment de faire preuve de « virilité » en dénonçant le cœur du « Système » qui pompe la substance de l’Algérie depuis 1962.

    bernard lugan.jpgDeux points de la déclaration présidentielle ont littéralement ulcéré les dirigeants algériens :
     
    1) Les prédateurs qui dirigent l’Algérie survivent à travers une rente mémorielle entretenue par une fausse histoire.
     
    2) L’existence de l’Algérie comme nation est discutable puisqu’elle est directement passée de la colonisation turque à la colonisation française. Or les dirigeants d’Alger ne dénoncent jamais la première.
     
    Le président Macron aurait-il donc lu mon livre Algérie, l’histoire à l’endroit, un livre expédié à l’Elysée au moment de la publication du lamentable « rapport Stora », et dans lequel la fausse histoire algérienne est démontée en dix chapitres ? L’on pourrait en effet le penser puisque, l’Algérie vit effectivement au rythme d’une fausse histoire entretenue par une association sangsue, l’ « Organisation nationale des moudjahidines » (ONM), les « anciens combattants ». Or, comme l’a déclaré l’ancien ministre Abdeslam Ali Rachidi, « tout le monde sait que 90% des anciens combattants, les moudjahidine, sont des faux » (El Watan, 12 décembre 2015). J’ai ainsi démontré, toujours dans mon livre, que les moudjahidine furent en réalité cinq fois moins nombreux que les Algériens combattant dans les rangs de l’armée française.
     
    En 2008, Nouredine Aït Hamouda, député du RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie), a lui-même pulvérisé cette fausse histoire et son mythe du 1,5 million morts causés par la guerre d’indépendance. Un chiffre que tous les Algériens sérieux considèrent comme totalement fantaisiste, mais qui permet au « Système » de justifier le nombre surréaliste des veuves et des orphelins, soit 2 millions de porteurs de la carte de moudjahidine et d’ayants-droit, dont les ¾ sont des faux…
    Ces faux moudjahidine qui vivent de la rente mémorielle née de la fausse histoire, bénéficient du 3° budget de l’Etat, juste derrière ceux de l’Education et de la Défense. Car, « originalité » algérienne, et contrairement à la loi naturelle voulant que plus on avance dans le temps, moins il y a de gens qui ont connu Abd el-Kader…, en Algérie, tout au contraire, plus les années passent, et plus le nombre des « anciens combattants » augmente…Ainsi, fin 1962-début 1963, l’Algérie comptait 6000 moudjahidine identifiés, 70.000 en 1972 et 200.000 en 2017…
     
    Comment regarder l’histoire en face quand, en Algérie, six décennies après l’indépendance, l’on obtient encore la carte d’ancien moudjahidine sur la simple déclaration de « faits d’armes » imaginaires ? La raison est que ses détenteurs ainsi que leurs ayants-droit touchent une rente de l’Etat, bénéficient de prérogatives, jouissent de prébendes et disposent de passe-droits. Cette carte permet également d’obtenir une licence de taxi ou de débit de boisson, des facilités d’importation, notamment de voitures hors taxes, des réductions du prix des billets d’avion, des facilités de crédit, des emplois réservés, des possibilités de départ à la retraite, des avancements plus rapides, des priorités au logement etc.
    Dans ces conditions, toute remise en question de la fausse histoire entrainerait la ruine des prébendiers et la mort du « Système ». Voilà donc pourquoi les dirigeants algériens se sont directement sentis visés par les propos du président Macron.
     
    La situation économique, sociale, politique et morale de l’Algérie est à ce point catastrophique que des milliers de jeunes sans espoir tentent l’aventure mortelle de la haraga, la traversée de la Méditerranée. Quant au « Système », totalitaire et impuissant tout à la fois, acculé par la rue dans une impasse, il est aux abois.  Réduit aux expédients et aux basses manœuvres, afin de tenter de faire diversion, voilà pourquoi, totalement isolé diplomatiquement et coupé de sa propre population, il a ordonné une double offensive, à la fois contre le Maroc, d’où la rupture des relations diplomatiques avec Rabat (voir le numéro d’octobre de l’Afrique Réelle), et  contre la France. Une fuite en avant suicidaire.

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    Source : http://bernardlugan.blogspot.com/

  • Paroles royales, échéances républicaines

     

    par François Marcilhac

     

    500021990.jpgIl n’est pas certain que la classe politique française ait mesuré toute l’importance du discours du roi Mohammed VI pour le soixante-troisième anniversaire, le 20 août dernier, de la Révolution du Roi et du Peuple, qui devait conduire à la fin du protectorat français sur le Maroc. 

    S’adressant à cette occasion à ses cinq millions de compatriotes vivant à l’étranger, dont un grand nombre en France, il a, avec la légitimité renforcée que lui donne sa double dimension de souverain et de Commandeur des croyants, qualifié le meurtre d’un prêtre — à savoir le père Hamel, cet été, près de Rouen — « dans l’enceinte d’une église [...] de folie impardonnable », ajoutant que, « face à la prolifération des obscurantismes répandus au nom de la religion, tous, musulmans, chrétiens et juifs, doivent dresser un front commun pour contrecarrer le fanatisme, la haine et le repli sur soi sous toutes les formes ». Il a invité les Marocains résidant à l’étranger « à rester attachés aux valeurs de leur religion et à leurs traditions séculaires face à ce phénomène qui leur est étranger ».

    Ce n’est pas la première fois qu’un souverain du Maroc s’adresse ainsi, au nom d’une légitimité incontestée et incontestable, à ses sujets de la diaspora. Son père, Hassan II, l’avait fait avant lui, toujours pour leur rappeler à la fois en quoi ils devaient rester de bons Marocains et, par une attitude exemplaire, être des ambassadeurs de leur pays. En ces heures graves, où, face à la menace islamiste, dans notre pays, les niaiseries padamalgamesques ne trouvent trop souvent à se confronter qu’à une « islamophobie » de comptoir, il est important qu’une parole autorisée rappelle, au nom de la tradition même, c’est-à-dire de la forme la plus haute de l’identité, les véritables enjeux.

    Malheureusement, ce qui est permis au roi de Maroc est interdit à notre président de la république française. Certes, un roi de France ne s’est jamais, comme le fait le roi du Maroc, directement adressé à son peuple au nom de la religion, la distinction du politique et du religieux étant inscrite au cœur du christianisme. Mais c’est en tant que roi « très chrétien », sacré à Reims empereur en son royaume, qu’il incarnait l’être français dans son origine et sa durée. Or, de quelle tradition, c’est-à-dire de quelle identité, pourrait s’autoriser François Hollande pour s’adresser à ses concitoyens dans ces heures difficiles, lui qui ne peut qu’invoquer les valeurs républicaines et laïques, qui reposent précisément sur le refus de tout l’héritage français, qu’il soit historique, culturel ou religieux, les remplaçant par l’anonyme universalité de l’idéologie des droits de l’homme, d’un homme sans visage ?

    Imagine-t-on également le roi du Maroc pris au piège de l’affaire des burkinis ? S’ils sont interdits là-bas, pays pourtant musulman, c’est précisément parce qu’au Maroc on sait encore distinguer ce qui relève d’un « phénomène étranger » et d’une provocation grossière, et ce qui est conforme aux « traditions séculaires  » ; si, ici, le Conseil d’Etat les autorise, c’est que, cédant aux provocations islamistes, relayées par une grande partie de la gauche — y compris féministe — française, il juge au nom de valeurs éthérées, la non-discrimination et l’égalitarisme, fourriers d’une société multiculturelle et multiconflictuelle, contre l’être français.

    On s’étonnera peut-être que je n’ai pas commencé cet éditorial par la rentrée politique. C’est qu’il s’agit, précisément à l’aube d’une période périlleuse pour le pays, d’aller à l’essentiel. Or l’essentiel, cet été, c’était la parole du comte de Paris, rappelant, au milieu de nos désastres, que la France avait une âme que nos compatriotes devaient recouvrer pour rebondir — et qu’il en était le garant. L’essentiel, en ce début septembre, c’est la parole royale venue d’un pays si différent du nôtre, et appelé à le rester, mais auquel, dans cette différence, nous sommes tant liés par l’histoire passée et présente — car elle continue de se faire. A côté, les pitreries politiciennes de nos multiples présidentiables, tous plus éloignés les uns que les autres des exigences du Bien commun, font pâle figure. Quel parlementaire, de droite ou de gauche, ne sera pas candidat aux primaires organisées par sa famille politique ? Ce rendez-vous entre un homme et le peuple, que le général de Gaulle avait voulu instaurer avec l’élection du président de la république au suffrage universel, est devenu, surtout avec le phénomène des primaires, une émission en continu de télé-réalité de la vie politique française. Il y a les ambitieux médiocres, qui voient dans l’exercice une occasion d’exister ; ceux qui, sans aucune dignité, ont avalé par le passé toutes les couleuvres et se découvrent soudain une vocation de chef ; un autre, dont la seule évocation du nom provoque la nausée, mais qui compte sur la mémoire de poisson rouge de l’électorat pour retourner aux affaires ; un jeune ministre démissionnaire n’ayant que son arrogance souriante pour tout projet ; ou encore les frondeurs en peau de lapin qui se donnent des frissons en adoptant des airs martiaux, sans compter, hors primaires, deux populistes d’extrêmes gauche et droite — ou leur porte-parole autorisé ? mais qui dirige le parti ? —, en tout cas d’accord sur l’essentiel, à savoir une conception laïciste de la nation, celle qui, depuis plus d’un siècle, n’a eu de cesse de désapprendre la France aux Français.

    Nous sommes apparemment dans la situation inverse de celle de la IVe république finissante : en 1958, les institutions étaient trop faibles pour affronter la crise algérienne mais la société était encore solide. Aujourd’hui, la société est attaquée de toutes parts, mais les institutions résistent : ni les massacres ni les crises sociales n’ont menacé la stabilité gouvernementale, les différents 49-3 passant comme une lettre à la poste. Certes, tant l’instauration du parlementarisme raisonné en 1958 — dans lequel le parlement, sinon les partis, est dépossédé de tout pouvoir réel — que la gestion sociale du chômage y sont pour quelque chose. Mais les crises que nous allons devoir affronter ont un caractère qui dépasse largement la dimension politique — à laquelle appartenait encore la guerre d’Algérie. Avec l’immigration et une Union européenne qui, sur tous les plans — économique, géopolitique, sociétal — apparaît de plus en plus, et à juste titre, comme le trou noir de l’aventure mondialiste, c’est l’équilibre même de la société française qui est menacé. Le jour où cette crise éclatera, c’est-à-dire le jour où les Français découvriront que leurs élites ne croient plus dans la légitimité du politique lui-même, faute de croire encore en leur pays, alors c’est comme un château de cartes que ces institutions, si solides en apparence, s’effondreront.

    Il ne suffira plus au gouvernement d’annoncer, comme il l’a fait ce mardi 30 août à quelques mois des élections, qu’il n’apportait plus officiellement son soutien aux négociations sur le traité transatlantique, pour donner l’impression de reprendr la main. Ces palinodies ne feront bientôt plus illusion. L’histoire montre qu’aucunes institutions, apparemment si bétonnées soient-elles, ne peuvent indéfiniment résister à un mensonge qui les mine de l’intérieur : celui, en l’occurrence, d’élites qui ne s’en servent plus que pour concéder abandon de souveraineté sur abandon de souveraineté et livrer le pays à l’oligarchie internationale.

    Nul ne sait encore le jour ni l’heure. Il viendra peut-être plus tôt qu’on ne pense. Ne pas être prêt serait une faute irrémissible envers le pays. 

    L’Action Française 2000 [Editorial]

  • La Côte d’Ivoire devient le pays le plus riche de toute l’Afrique de l’Ouest, par Ilyes Soua­ri*.

    Après avoir dépas­sé le Kenya, la Côte d’Ivoire, pays fran­co­phone au sous-sol pauvre, a réus­si l’exploit de dépas­ser ses deux voi­sins regor­geant de richesses natu­relles que sont le Gha­na et le Nige­ria, pour deve­nir le pays le plus riche de toute l’Afrique de l’Ouest, selon les don­nées révi­sées de la Banque mon­diale.

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    Selon les sta­tis­tiques récem­ment publiées par la Banque mon­diale, le PIB par habi­tant de la Côte d’Ivoire s’établissait à 2 286 dol­lars fin 2019, soit un niveau désor­mais supé­rieur à ceux du Gha­na (2 202 dol­lars) et du Nige­ria (2 230 dol­lars). Et ce, contrai­re­ment à ce que lais­saient pré­voir les don­nées publiées ces der­nières années par l’organisme, avant que la Côte d’Ivoire ne béné­fi­cie, à son tour, d’une mise à jour de la base de cal­cul de son PIB. Un niveau qui, par ailleurs, dépasse main­te­nant lar­ge­ment celui du Kenya, qui s’élève à 1816 dol­lars.

    Un véri­table exploit, dû à une crois­sance record

    Cette grande per­for­mance consti­tue un véri­table exploit pour la Côte d’Ivoire, dont le sous-sol pauvre en matières pre­mières contraste avec ceux du Gha­na et du Nige­ria. En effet, le Gha­na est deve­nu le pre­mier pro­duc­teur d’or du conti­nent, avec une pro­duc­tion plus de quatre fois supé­rieure à celle de la Côte d’Ivoire (142,4 tonnes en 2019, contre seule­ment 32,5 tonnes, soit + 338 %). De plus, le pays fait désor­mais par­tie des pays pétro­liers du conti­nent, se clas­sant aujourd’hui à la qua­trième posi­tion en Afrique sub­sa­ha­rienne, devant le Gabon (avec une pro­duc­tion d’environ 200 000 barils par jour, contre moins de 40 000 pour le pays d’Houphouët-Boigny, soit cinq fois plus). Et ce, dans un domaine qui conti­nue à être lar­ge­ment domi­né par le Nige­ria, pre­mier pro­duc­teur d’or noir du conti­nent, avec une pro­duc­tion annuelle qui se situe, en moyenne, à envi­ron deux mil­lions de barils par jour.

    L’importante pro­gres­sion de la Côte d’Ivoire résulte de la très forte crois­sance que connaît le pays depuis plu­sieurs années. Sur la période de huit années allant de 2012 à 2019, période suf­fi­sam­ment longue pour pou­voir éta­blir des com­pa­rai­sons inter­na­tio­nales (et hors micro-États, et plus pré­ci­sé­ment Nau­ru, pays insu­laire du Paci­fique sud ne comp­tant que 11 mille habi­tants et pour un ter­ri­toire de seule­ment 21 km²), la Côte d’Ivoire a réa­li­sé la plus forte crois­sance au monde dans la caté­go­rie des pays ayant un PIB par habi­tant supé­rieur ou égal à 1 000 dol­lars, avec une crois­sance annuelle de 8,2 % en moyenne (6,9 % en 2019). Plus impres­sion­nant encore, elle se classe deuxième toutes caté­go­ries confon­dues, pays très pauvres inclus, fai­sant ain­si mieux que 30 des 31 pays au monde qui avaient un PIB par habi­tant infé­rieur à 1 000 dol­lars début 2012. La Côte d’Ivoire n’est alors dépas­sée que par l’Éthiopie, qui a connu une crois­sance annuelle de 9,2 % en moyenne (8,3 % en 2018). Une per­for­mance qui résulte essen­tiel­le­ment du très faible niveau de déve­lop­pe­ment de ce pays d’Afrique de l’Est, qui était le deuxième pays le plus pauvre au monde début 2012 et qui en demeure un des plus pauvres avec un PIB par habi­tant de seule­ment 857 dol­lars, fin 2019 (soit près de 2,7 fois moins que la Côte d’Ivoire). Sur cette même période de huit années, le Gha­na et le Nige­ria ont enre­gis­tré, res­pec­ti­ve­ment, une crois­sance annuelle de 5,7 % et de 2,9 % en moyenne.

    Un pays par­ti­cu­liè­re­ment dyna­mique et en chan­tier

    Les résul­tats de la Côte d’Ivoire s’expliquent par les pro­fondes réformes réa­li­sées par le pays afin d’améliorer le cli­mat des affaires, ain­si que par une poli­tique de déve­lop­pe­ment tous azi­muts et se maté­ria­li­sant notam­ment par de nom­breux chan­tiers d’envergure à tra­vers le pays. Plu­sieurs mesures ont en effet été prises afin de faci­li­ter et de sécu­ri­ser les inves­tis­se­ments, en vue d’instaurer un envi­ron­ne­ment favo­rable à ces der­niers : mise en place d’un nou­veau code des inves­tis­se­ments en 2012, d’un gui­chet unique de créa­tion d’entreprises, d’une pla­te­forme d’échanges pour cen­tra­li­ser les appuis des par­te­naires au déve­lop­pe­ment de l’environnement des affaires… Le tout, assor­ti d’une assez faible pres­sion fis­cale, de l’ordre de 14 % du PIB au total pour l’année 2019 (coti­sa­tions de sécu­ri­té sociale incluses).

    L’ensemble de ces mesures a ain­si per­mis à la Côte d’Ivoire de faire un bond consi­dé­rable dans le clas­se­ment inter­na­tio­nal Doing busi­ness, publié chaque année par la Banque mon­diale et rela­tif au cli­mat des affaires, en pas­sant de la 167e place en 2012 à la 110e pour l’année 2020. Dans ce clas­se­ment, elle fait donc désor­mais lar­ge­ment mieux que le Nige­ria (131e), ou encore que l’Éthiopie, pas­sée de la 111e à la 159e place sur la même période. Ce pays, où les répres­sions poli­cières et les ten­sions inter­eth­niques ont fait plu­sieurs cen­taines de morts ces quelques der­nières années, est d’ailleurs l’un des pays qui connaissent les plus fortes ten­sions sociales sur le conti­nent, avec l’Afrique du Sud (où l’on compte plus de 15 000 homi­cides par an).

    Cette impor­tante pro­gres­sion de la Côte d’Ivoire s’accompagne éga­le­ment d’une remar­quable maî­trise de l’inflation (comme dans l’ensemble de l’espace UEMOA), qui s’est située à seule­ment 0,8 % en moyenne annuelle sur la période de huit années allant de 2012 à 2019, selon les der­nières don­nées de la Banque mon­diale. Un taux par­ti­cu­liè­re­ment bas, notam­ment en com­pa­rai­son avec le Gha­na et Nige­ria, dont les popu­la­tions ont gran­de­ment souf­fert d’une infla­tion qui s’est éta­blie à 11,9 % et à 11,6 % par an, en moyenne et res­pec­ti­ve­ment, et ce mal­gré une crois­sance lar­ge­ment infé­rieure à celle de la Côte d’Ivoire. Ces deux pays souffrent d’ailleurs éga­le­ment d’une impor­tante dol­la­ri­sa­tion de leur éco­no­mie, la mon­naie natio­nale étant sou­vent refu­sée et sub­sti­tuée par le dol­lar dans les échanges éco­no­miques quo­ti­diens. Enfin, la Côte d’Ivoire n‘oublie pas d’investir mas­si­ve­ment dans l’éducation et la for­ma­tion, dont les dépenses avaient atteint jusqu’à 27 % du bud­get natio­nal en 2017 (un des taux les plus éle­vés du conti­nent). Sur les cinq der­nières années, autant de classes ont d’ailleurs été ouvertes à tra­vers le pays qu’au cours des vingt années pré­cé­dentes. Une accé­lé­ra­tion qui s’explique, notam­ment, par la sco­la­ri­sa­tion ren­due obli­ga­toire à par­tir de la ren­trée 2015 pour les enfants âgés de 6 à 16 ans. Au pas­sage, il convient de rap­pe­ler que la maî­trise de l’inflation et la for­ma­tion, deux élé­ments ayant une inci­dence cer­taine sur l’environnement des affaires, ne sont pas pris en compte par l’enquête annuelle Doing busi­ness de la Banque mon­diale. Ce qui consti­tue une lacune fort regret­table, et péna­li­sante pour le clas­se­ment de la Côte d’Ivoire (tout comme le sont, dans un autre registre, les don­nées ser­vant à l’ONU de base de cal­cul pour l’indice de déve­lop­pe­ment humain, mais qui sont en géné­ral rela­ti­ve­ment anciennes pour les pays en déve­lop­pe­ment, et qui ne prennent donc pas en consi­dé­ra­tion les toutes der­nières évo­lu­tions éco­no­miques et sociales).

    Cet envi­ron­ne­ment par­ti­cu­liè­re­ment favo­rable aux inves­tis­se­ments que connait aujourd’hui la Côte d’Ivoire s’accompagne d’une poli­tique ambi­tieuse de déve­lop­pe­ment et de grands chan­tiers, dans tous les domaines : routes, ponts, trans­ports publics (comme le futur tram­way d’Abidjan), cen­trales élec­triques, hôpi­taux, réseaux de télé­com­mu­ni­ca­tions, indus­tries de base… et ce, sans oublier l’agriculture qui conti­nue à se déve­lop­per, le pays étant même deve­nu récem­ment le pre­mier pro­duc­teur mon­dial de noix de cajou (en plus d’être déjà le pre­mier pro­duc­teur de cacao). Des noix de cajou qui sont d’ailleurs par­tiel­le­ment trans­for­mées par des machines de fabri­ca­tion ivoi­rienne, grâce à une entre­prise locale qui la seule du type en Afrique sub­sa­ha­rienne. Pour leur part, les sec­teurs de la tech­no­lo­gie et de l’informatique se déve­loppent eux aus­si assez rapi­de­ment, notam­ment avec la mul­ti­pli­ca­tion des jeunes pousses (ou start-up), ou encore avec la construc­tion d’une usine d’assemblage d’ordinateurs qui contri­bue à la réa­li­sa­tion du pro­jet natio­nal « un citoyen, un ordi­na­teur ». Une fabri­ca­tion locale qui consti­tue une avan­cée rare sur le conti­nent. Quant à l’électrification du pays, point d’une grande impor­tance pour la réus­site de toute poli­tique de déve­lop­pe­ment, le taux de cou­ver­ture est pas­sé de 33 % des loca­li­tés ivoi­riennes début 2012 à 73 % au mois de mai 2020. Et ce, avec une aug­men­ta­tion paral­lèle du taux d’accès à l’électricité, qui atteint désor­mais près de 90 % de la popu­la­tion du pays. Sur la même période, celui-ci a connu une pro­gres­sion d’environ 60 % de sa pro­duc­tion d’électricité, deve­nant un des prin­ci­paux expor­ta­teurs en la matière sur le conti­nent (11 % de la pro­duc­tion ivoi­rienne est actuel­le­ment expor­tée vers un total de six pays d’Afrique de l’Ouest).

    Par ailleurs, la Côte d’Ivoire com­mence enfin à s’intéresser au déve­lop­pe­ment du sec­teur tou­ris­tique, encore embryon­naire. Une situa­tion tota­le­ment anor­male pour un pays qui ne manque pas d’atouts en la matière, et que le monde doit enfin connaître et décou­vrir. À titre d’exemple, la qua­si-inté­gra­li­té de la popu­la­tion fran­çaise (et donc éga­le­ment des autres popu­la­tions occi­den­tales) ignore l’existence même de la Basi­lique Notre-Dame de la Paix de Yamous­sou­kro, qui n’est autre que le plus grand édi­fice chré­tien au monde, et qua­si-réplique de la basi­lique Saint-Pierre de Rome. Une situa­tion absurde qui résulte de la longue négli­gence dont a souf­fert le sec­teur du tou­risme, contrai­re­ment à ce que l’on observe dans des pays comme le Kenya ou l’Afrique du Sud, ou encore la Tuni­sie et le Maroc, qui inves­tissent depuis long­temps dans ce domaine qui contri­bue de manière impor­tante à leur déve­lop­pe­ment. Au pas­sage, il convient de rap­pe­ler que la Côte d’Ivoire est un pays bien plus grand qu’on ne le pense, étant, par exemple, légè­re­ment plus éten­due que l’Italie et un tiers plus vaste que le Royaume-Uni, et non deux ou trois plus petite comme l’indique la majo­ri­té des cartes géo­gra­phiques en cir­cu­la­tion (y com­pris en Afrique). Des cartes qui dressent géné­ra­le­ment une repré­sen­ta­tion ter­ri­ble­ment défor­mée des conti­nents, en rédui­sant consi­dé­ra­ble­ment la taille des pays du Sud.

    La rapide pro­gres­sion de l’Afrique sub­sa­ha­rienne fran­co­phone

    Ces dif­fé­rents élé­ments font que la Côte d’Ivoire devrait conti­nuer à connaître une crois­sance robuste dans les pro­chaines années, du moins une fois que la crise mon­diale majeure liée au Covid-19 sera pas­sée (et dont les consé­quences défi­ni­tives pour l’année en cours, et pour l’ensemble du conti­nent, ne peuvent encore être cor­rec­te­ment esti­mées). Le pays devrait même, à moyen terme, dépas­ser en richesse la Tuni­sie, pour deve­nir le pre­mier pays d’Afrique sub­sa­ha­rienne au sous-sol pauvre à dépas­ser, dans l’histoire, un pays d’Afrique du Nord. La Côte d’Ivoire fait d’ailleurs par­tie de l’espace UEMOA, qui n’est autre que la plus vaste zone de forte crois­sance du conti­nent, avec une hausse annuelle du PIB de 6,4 % en moyenne sur la période de huit années allant de 2012 à 2019. Un espace fai­sant lui-même par­tie de l’Afrique sub­sa­ha­rienne fran­co­phone, qui consti­tue glo­ba­le­ment la zone la plus dyna­mique – et his­to­ri­que­ment la plus stable – du conti­nent, dont elle a enre­gis­tré en 2019 les meilleures per­for­mances éco­no­miques pour la sixième année consé­cu­tive et pour la sep­tième fois en huit ans. Sur la période 2012 – 2019, la crois­sance annuelle de cet ensemble de 22 pays s’est ain­si éta­blie à 4,4% en moyenne (5,0 % hors cas très par­ti­cu­lier de la Gui­née équa­to­riale), contre 2,8% pour le reste de l’Afrique sub­sa­ha­rienne.

    Un dyna­misme par ailleurs sou­te­nu par une assez bonne maî­trise de la dette publique, les pays fran­co­phones n’étant qu’au nombre de deux par­mi les dix pays les plus endet­tés du conti­nent (à savoir la Mau­ri­ta­nie et le Congo-Braz­za­ville, qui n’arrivent, res­pec­ti­ve­ment, qu’à la 9e et à la 10e place début 2020, selon le FMI). Une maî­trise de la dette qui fait que l’Afrique fran­co­phone sera glo­ba­le­ment mieux armée pour faire face à la pré­sente crise éco­no­mique inter­na­tio­nale. Pour la Côte d’Ivoire, cette dette s’est éta­blie à 38 % du PIB fin 2019 (après reba­sage tar­dif du PIB), soit un niveau lar­ge­ment infé­rieur à celui de la grande majo­ri­té des pays déve­lop­pés, et un des taux les plus faibles du conti­nent (par exemple, lar­ge­ment infé­rieur à ceux du Gha­na, 63,8 %, et du Kenya, 61,6 %).  

    Par ailleurs, il est à noter qu’il n’y a désor­mais plus qu’un seul pays fran­co­phone par­mi les cinq pays les plus pauvres du conti­nent, tous situés en Afrique de l’Est (en l’occurrence le Burun­di, avec quatre pays anglo­phones que sont le Sou­dan du Sud, deve­nu le pays le plus pauvre du monde, le Mala­wi, la Soma­lie et le Sou­dan). Enfin, il n’y a aujourd’hui plus aucun pays fran­co­phone dans les six der­nières places du clas­se­ment inter­na­tio­nal rela­tif au cli­mat des affaires de la Banque mon­diale, désor­mais majo­ri­tai­re­ment occu­pées par des pays anglo­phones (en 2012, cinq des six der­niers pays étaient fran­co­phones).

    Cette évo­lu­tion glo­ba­le­ment favo­rable de l’Afrique fran­co­phone n’était d’ailleurs pas aus­si faci­le­ment pré­vi­sible il y a quelques décen­nies, au moment des indé­pen­dances. En effet, il convient de rap­pe­ler que le Royaume-Uni avait pris le contrôle des terres les plus fer­tiles du conti­nent (le Gha­na, la Nige­ria – avec le del­ta du fleuve Niger et ses affluents, le Sou­dan et le Sou­dan su Sud – avec le Nil et ses affluents, la Tan­za­nie, le Zim­babwe…), ain­si que des ter­ri­toires les plus riches en matières pre­mières (les trois pre­miers pays pro­duc­teurs d’or du conti­nent, que sont le Gha­na, le Sou­dan et l’Afrique du Sud – long­temps pre­mier pro­duc­teur mon­dial en la matière, le pre­mier pro­duc­teur de pétrole qu’est le Nige­ria – devant l’Angola, ancienne colo­nie por­tu­gaise, le pre­mier pro­duc­teur de dia­mants qu’est le Bots­wa­na, ou encore le deuxième pro­duc­teur de cuivre qu’est la Zam­bie). L’Afrique fran­co­phone a donc réus­si son rat­tra­page par rap­port au reste du conti­nent, dont elle consti­tue même désor­mais la par­tie la plus pros­père, glo­ba­le­ment (ou la moins pauvre, selon la manière de voir les choses). Des pays comme le Mali et Bénin, qui ne font pour­tant pas par­tie des pays les plus riches d’Afrique de l’Ouest, ont même un PIB par habi­tant supé­rieur à des pays comme l’Éthiopie ou le Rwan­da, situés en Afrique de l’Est et béné­fi­ciant étran­ge­ment d’une cou­ver­ture média­tique exa­gé­ré­ment favo­rable.

    Le déclin éco­no­mique du Nige­ria, et son inci­dence sur une éven­tuelle mon­naie unique ouest-afri­caine

    Depuis plu­sieurs années, l’économie du Nige­ria est en déclin et le pays en voie d’appauvrissement constant. En effet, celui-ci (et comme l’Afrique du Sud, par ailleurs), affiche chaque année un taux de crois­sance éco­no­mique très faible et lar­ge­ment infé­rieur à son taux de crois­sance démo­gra­phique, contrai­re­ment aux pays fran­co­phones qui l’entourent. Ain­si, la hausse du PIB n’a été que 1,2 % en moyenne annuelle sur les cinq der­nières années (2015 – 2019), contre une crois­sance démo­gra­phique de 2,6 % en moyenne sur la même période (com­pa­rable à celle de la Côte d’Ivoire, 2,4 %). Le Séné­gal et le Came­roun devraient d’ailleurs assez rapi­de­ment dépas­ser à leur tour le Nige­ria en matière de richesse par habi­tant (chose assez mécon­nue, le Came­roun connaît régu­liè­re­ment une crois­sance éco­no­mique deux à trois fois supé­rieure à celle du Nige­ria). À cette situa­tion, s’ajoutent de graves dif­fi­cul­tés struc­tu­relles aux­quelles fait face le pays, et qui se mani­festent notam­ment par une infla­tion assez forte (11,6

  • Éphéméride du 29 novembre

    1516 : Paix de Fribourg, dite "Paix perpétuelle", entre la France et la Suisse

     

     

     

    1226 : Sacre de Louis IX 

     

    Sa mère, Blanche de Castille, assure la régence car le futur Saint Louis n'a que 12 ans.

    Elle est l'une de ces six femmes - dont quatre d'origine étrangère, ce qui était évidemment son cas - à avoir exercé la totalité du pouvoir en France, sous la monarchie : 

    Blanche de Castille (régente pour Saint Louis);

    •  Anne de Beaujeu (pour Charles VIII);

      Louise de Savoie (pour François 1er);

      Catherine de Médicis (pour Charles IX);

    •  Marie de Médicis (pour Louis XIII);

      Anne d'Autriche (pour Louis XIV).

    29 novembre,louis ix,blanche de castille,philippe le bel,paix perpetuelle,gardes suisses,nîmes,jardins de la fontaine,mareschalQui plus est, et là le fait est unique, elle exercera deux fois la Régence, au nom de son fils Louis IX :

    en 1226 (régence de minorité),

    et en 1248 (à partir du 24 août), son fils partant pour la Septième croisade.

    Le roi ne rentrera en France, contraint et forcé, que lorsqu'il apprendra le décès de sa mère...

     

    (illustration : Blanche de Castille, Miniature du XIVème siècle)

    Louis IX, qui allait devenir Saint Louis, devait avoir un immense prestige international :

    "Sa réputation de justicier - écrit Michel Mourre - le fit choisir comme arbitre dans de nombreux différents européens : en 1264, le roi de France eut à rendre sa sentence la plus célèbre, la "mise d'Amiens", qui trancha le conflit entre Henri III et les barons anglais révoltés..."

    "...C'est bien en effet la sainteté qui fait l'unité de cette puissante personnalité qui n'avait cessé de combattre, à l'intérieur comme à l'extérieur, pour une justice pleine de force et d'autorité. Son règne vit l'apogée de la civilisation française au Moyen-Âge : rayonnement de l'Université de Paris, où enseignait Saint Thomas d'Aquin; fondation de la Sorbonne (1257); construction de la sainte Chapelle; sculpture de la façade de Reims (ci dessous). Louis IX, qui avait eu pour successeur son fils, Philippe III le Hardi, fut canonisé dès 1297 par le pape Boniface VIII..."

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    "Saint Louis continuera ses prédécesseurs - écrit pour sa part Jacques Bainville . Seulement il les continuera en développant un élément que, jusqu'à lui, la dynastie capétienne n'avait qu'à peine dégagé. Les qualités de sa race, il les poussera jusqu'à la vertu, jusqu'à la sainteté. La royauté française était un peu terre à terre. Par lui, elle prendra un caractère de grandeur spirituelle dont elle gardera toujours le reflet. On a remarqué que la plupart des autres maisons royales ou impériales d'Europe avaient pour emblèmes des aigles, des lions, des léopards, toutes sortes d'animaux carnassiers. La maison de France avait choisi trois modestes fleurs. Saint Louis a été la pureté des lis..."

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     Il ne faut cependant pas croire naïvement que la vie et le règne de Louis IX furent un long fleuve tranquille : le roi fut à la fois le premier roi de  France à être fait prisonnier sur le champ de bataille (voir l'Éphéméride du 11 février) et le premier roi de France mort à l'étranger (voir l'Éphéméride du 25 août) !
     
     
     

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    1314 : Mort de Philippe le Bel

     

    Le roi meurt à l'âge de 46 ans, et après trente années de règne.

    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre V, Pendant 340 ans, l'honorable maison capétienne règne de père en fils :

    "...Philippe le Hardi mourut en 1285 au retour d'une deuxième expédition, cette fois en Catalogne. Son fils, Philippe le Bel, n'avait que dix-sept ans, mais il était singulièrement précoce. Il jugea bientôt que cette affaire de Sicile était épuisante et sans issue et il s'efforça de la liquider avec avantage et avec honneur. Il appliquait déjà sa maxime : "Nous qui voulons toujours raison garder." Il n'était pas raisonnable de courir des aventures lointaines lorsque la France n'était pas achevée. Et puis, les dernières croisades, suivies de ces affaires italiennes et espagnoles, avaient été dispendieuses. Il fallait créer des impôts qui mécontenteraient le contribuable et demander de l'argent à tout le monde, même au clergé, ce qui fut l'origine des démêlés du nouveau roi avec le pape.

    C'est la première fois que nous avons à parler d'une crise financière. Mais la monarchie avait créé des finances, organisé l'administration. Ce qui se faisait autrefois au hasard, les dépenses qu'on couvrait par des moyens de fortune, par des dons plus ou moins volontaires, tout cela devenait régulier. La machine de l'État commençait à marcher, à distribuer de la sécurité, de l'ordre, mais elle coûtait cher. Faire la France coûtait cher aussi. Ces difficultés, que nous connaissons de nouveau aujourd'hui, dureront des siècles.        

    À beaucoup d'égards, il y a une curieuse ressemblance entre le règne de Philippe le Bel et celui de Louis XIV. Tous deux ont été en conflit avec Rome. Philippe IV a détruit les puissances d'argent, celle des Templiers surtout, comme Louis XIV abattra Fouquet. Philippe le Bel, enfin, a été attiré par la Flandre comme le sera Louis XIV, et cette province, d'une acquisition si difficile, l'engagera aussi dans de grandes complications. Il y a comme un rythme régulier dans l'histoire de notre pays où les mêmes situations se reproduisent à plusieurs centaines d'années de distance..."
     
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    Affaire des Templiers (voir l'Éphéméride du 13 octobre) et affaire dite "de la Tour de Nesles" : Maurice Druon - avec beaucoup de talent -  a raconté la fin du règne du grand roi, et celle des Capétiens directs, dans Les Rois maudits, excellent roman mais où, justement, certains éléments purement romanesques viennent interférer avec la vérité historique : voir l'Éphéméride du 19 avril...
     
     
     
     
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    1516 : Paix de Fribourg ou "Paix Perpétuelle" entre la France et les Cantons suisses
     
     
    Cette Paix ne sera rompu qu'à la Révolution, et à cause de la Révolution (massacre des Suisses en 1792, invasion du territoire helvétique en 1798...
     
     
     
    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre VIII, François 1er et Henri II : la France échappe à l'hégémonie de l'empire germanique :
     
    "...À la veille de la mort de Louis XII, on s'apprêtait à reconquérir le Milanais. François 1er, prudent malgré sa jeunesse et son désir de briller, s'assura qu'il n'y aurait pas, cette fois, de coalition à craindre et franchit les Alpes hardiment. Il ne tarda pas à rencontrer les Suisses qui étaient là comme en pays conquis.
    Curieuse histoire que celle de ces cantons, qui, enivrés de leurs victoires pour la liberté, avaient pris goût à la guerre et, d'opprimés, étaient devenus oppresseurs. Histoire qui s'est répétée vingt fois, qui a été celle de presque tous les peuples affranchis.
    Les Suisses étaient de rudes soldats et François 1er put être fier de les avoir mis en fuite à Marignan après une bataille de deux jours. Il y gagna Milan et une réconciliation avec le pape : le premier Concordat, qui durera jusqu'à la Révolution, date de là. Il y gagna aussi l'estime de ceux qu'il avait battus. Une paix perpétuelle fut signée à Fribourg avec les cantons suisses : de part et d'autre, exemple presque unique dans l'histoire, le pacte a été observé..."
     
    En trois siècles et demi, un million de Suisses serviront la France, et la Monarchie, dont 600.000 périront au combat ou des suites de leurs blessures.
     
    caporal-suisse.jpg

     

    Parmi les différents régiments, celui des Gardes Suisses est un régiment d’élite devenu permanent en 1616. Formé de soldats de grande taille, triés sur le volet, il a été chargé jusqu’à la fin de l’Ancien Régime d’une triple mission :

      garde et service d’honneur auprès du Roi, à l’extérieur des châteaux royaux avec le régiment homologue des Gardes Françaises;
     maintien de l’ordre à Paris et en Île de France;
     participation à la guerre en première ligne, comme les Gardes Françaises, pour une partie, au moins, du régiment;

    Jusqu’en 1755, il n’y a pas de casernes pour ces soldats en région parisienne. Ils sont logés chez l’habitant. Il y eut une compagnie à Rueil, et d'autres à Vanves, Issy, Colombes, Argenteuil, Saint Denis… L’arrivée des Gardes Suisses à Rueil s’est faite dès le début de la création du régiment et leur présence a été constante jusqu’au drame du 10 août 1792 (leur massacre aux Tuileries). Deux cents militaires vont cohabiter pendant plus d’un siècle avec la population du village de Rueil estimée à 1.300 habitants vers 1700.

    Puis, en 1755, selon la volonté de Louis XV, trois casernes identiques sont construites à Rueil, Courbevoie et Saint Denis. Elles reçoivent chacune, au minimum, un bataillon de gardes.

    Rodolphe Kreutzer - à qui Beethoven dédia sa célébrissime Sonate n°9 pour piano et violon - était musicien du Roi dans les Gardes Suisses (voir l'Éphéméride du 15 novembre)...

    gardes suisses.jpg
     
     Au Musée Franco-Suisse de Rueil Malmaison ("Des Gardes Suisses... à la Légion Etrangère") dans l'ancien poste de garde de la caserne des Suisses...
     
     
    • Sur la Paix perpétuelle : 
  • Michel Onfray leur dit leur fait : « Les médias de masse ont intérêt à cultiver l'imbécillité »

     

    Par Alexandre Devecchio

    Michel Onfray dresse ici un réquisitoire sans concession contre des médias devenus symboles de la défaite de la pensée [Figarovox - 19.09]. Il lance sa propre Web TV* en lien avec l'Université populaire de Caen. Il l'ignore sans-doute : sa critique de l'asservissement des journalistes et des auteurs à l'Argent rejoint celle - ancienne et pertinente - de Charles Maurras. Et ses coups de griffe au Système, voire à la modernité, nous sont sympathiques. Faute d'une pensée politique réellement construite, il fait oeuvre utile pour démystifier la pensée dominante et le Système qu'elle sous-tend.  LFAR 

     

    Michel-Onfray-en-2011_exact1024x768_p.jpgVous venez de lancer votre web TV. Pourquoi avoir créé ce nouveau média ? À qui s'adresse-t-il ?

    Pour disposer de temps afin de développer des argumentations et des démonstrations, ce qui est impossible dans un média dans lequel le temps c'est de l'argent. Et souvent : beaucoup d'argent… Dès lors, dans un média classique, ce qui est visé est moins l'information, vraie ou fausse d'ailleurs, que le spectacle susceptible de créer le buzz. Autrement dit, il faut obtenir le maximum de consommateurs devant leur écran à l'heure où le clystère publicitaire se trouve infligé. Or on n'obtient pas un public massif avec de l'argumentation ou de la démonstration, mais avec de la grossièreté ou du dérapage, de l'insulte ou de la haine, du mépris ou de la boxe. Quand jadis Paul Amar apportait sur un plateau une paire de gants de boxe, il montrait ce qu'étaient vraiment les choses. On l'a d'ailleurs congédié pour avoir dénudé le roi. Il faut désormais cogner, en dessous de la ceinture si l'on veut, pour obtenir le vacillement ou le k.-o. de l'adversaire. Ce média que j'initie avec mes amis s'adresse à tous ceux qui veulent prendre le temps d'entendre des arguments sur les questions d'actualité afin de se faire un avis par eux-mêmes, mais aussi sur mille autres sujets qui constituent les séminaires de l'UP.

    Quels seront les principaux programmes ? L'esprit de cette télé sera-t-il proche de celui de l'université populaire de Caen ?

    C'est d'abord le média de l'université populaire. J'ai souhaité reporter le lancement de ce média de juin à septembre parce que les interventions de mes amis de l'UP n'étaient pas prêtes à être mises en ligne. J'ai préféré commencer plus tard, avec ma trentaine d'amis, plutôt que très vite, avec moi seul. Je souhaite par la suite créer des rubriques autonomes pour mes amis qui souhaiteraient s'exprimer aussi. Nous commençons de façon expérimentale. Il n'existe aucune WebTV de ce type à cette heure me dit-on.

    Ce projet s'inscrit-il en réaction au système médiatique actuel ? Celui-ci est-il trop uniforme ?

    Oui, bien sûr. Le système médiatique est aujourd'hui digne des systèmes les plus idéologiquement intolérants. Tout le monde peut-être invité (encore que : Patrick Cohen a franchement parlé un jour d'une liste noire de gens à ne pas inviter sur le service public…), mais il y aura au moins deux traitements : le premier qui est celui du tapis rouge réservé aux tenants de l'idéologie dominante (en un mot, les partisans du libéralisme d'État et de l'Europe transnationale) le second est celui du punching-ball réservé à ceux qui ne communient pas dans cette religion étatique et dont le temps de parole sera entièrement consacré à se justifier de ne pas faire le jeu du FN, de ne pas rouler pour Marine Le Pen, de ne pas penser comme Éric Zemmour ou Robert Ménard, de ne pas être antisémite ou islamophobe… Ainsi, on a annoncé sur France Culture que « Michel Onfray lançait son web média… comme Soral et Dieudonné ». Ce qui renseigne sur le degré de perfidie … du service public !

    Vous avez déclaré souhaiter « reprendre en main de façon libertaire et non libérale l'information ». Qu'entendez-vous par là ? Les médias véhiculent-ils une idéologie dominante ?

    Oui, bien sûr. Du moins les médias de masse et la totalité du service public qui est franchement à la botte du pouvoir d'État. Depuis que Mitterrand a abandonné le socialisme au profit du libéralisme en 1983 puis le pacifisme au profit du bellicisme en 1991, l'idéologie dominante ne sépare plus la droite de la gauche, mais les libéraux d'État de droite et de gauche (Sarkozy, Juppé, Le Maire, NKM et Hollande, Valls, Macron) et les antilibéraux de droite et de gauche (Le Pen, Guaino, Dupont-Aignan et Mélenchon, Besancenot, Arthaud). Les médias dominants roulent pour le libéralisme d'État de droite et de gauche, et je risque peu à prophétiser que le prochain chef de l'État sera issu de ce bloc-là. On changera de figure, mais pas de politique.

    Aucun espace médiatique ne trouve grâce à vos yeux ?

    Si, tel ou tel support, le vôtre par exemple, dans lequel je sais que, si l'on n'est pas d'accord avec moi, on ne me salira pas personnellement et qu'on n'utilisera pas d'attaques ad hominem, de sous-entendus tordus…

    Vous voulez échapper « au culte de la petite phrase, du sniper prêt à tout pour créer le buzz ». Lorsque vous participez à une émission comme « On n'est pas couché » ou plus récemment « C l'hebdo » avec Aymeric Caron, n'avez-vous pas tendance à y céder parfois vous aussi ?

    La production m'avait assuré que l'émission serait courtoise. J'ai eu la faiblesse de le croire quand j'ai accepté de m'y rendre. Quant aux petites phrases, si elles existent, elles ne sont pas de mon fait : je ne suis pas comme ces politiques ou ces journalistes incapables d'improviser et qui ne travaillent qu'avec des communicants qui leur écrivent les phrases qui feront les fameuses petites phrases. Nombre de journalistes lisent leurs textes et les blagues de tel ou tel sont écrites et défilent sur les prompteurs. La petite phrase est la production idéologique destinée à créer le buzz qui induit les parts de marché qui décident de la reconduction des émissions, de la place dans les grilles de diffusion et, bien sûr, des émoluments des animateurs. On comprend qu'avec pareils enjeux, les médias de masse aient intérêt à cultiver le superficiel, l'anecdotique, le bref, le ricanant, sinon l'imbécile.

    Alain Finkielkraut explique qu'il lui semble nécessaire d'aller dans la gueule du loup dire son fait à la bien-pensance et au « politiquement ricanant ». Partagez-vous son point de vue ?

    Il a absolument raison. Sauf qu'il y a des lieux où on ne peut pas faire passer son message, il s'agit de savoir lesquels. Comme ça n'est pas une science exacte, on peut se tromper. On ne le sait qu'après… Il arrive qu'on perde son temps dans une émission littéraire où les écrivains n'écrivent pas leurs livres alors qu'on le gagnera en allant sur un plateau a priori moins intellectuel mais sur lequel on aura pu dire deux ou trois choses.

    Est-il possible de réagir à l'actualité chaude en conservant le recul de la philosophie ?

    Oui, absolument. Pourquoi le philosophe n'aurait-il pas les qualités de l'urgentiste, du chirurgien de guerre, du secouriste sur les lieux d'un accident ? Et puis il est drôle qu'on se demande si un philosophe peut penser à chaud quand le moindre quidam commente la moindre actualité en ne s'autorisant que de lui ! Ou qu'on permet au journaliste de réagir à chaud. Si le philosophe a derrière lui un travail de réflexion sur les sujets sur lesquels il s'exprime, il est habilité à parler.

    La rentrée télé est dominée par le face-à-face entre Yann Barthès et Cyril Hanouna. Que cela vous inspire-t-il ?

    Les médias parlent des médias, c'est leur affaire. Il y a plus important à penser, me semble-t-il.

    Dans les colonnes du Figaro, vous déclariez : « Vouloir ressembler à Serge Reggiani ou à Yves Montand, c'est tout de même moins déshonorant que vouloir ressembler à Cyril Hanouna ! Il est donc logique que de nos jours, la kalachnikov devienne le rêve ultime …»

    Cette phrase se trouvait dans un contexte qui me faisait dire une chose, puis donner un exemple pour l'illustrer. On a préféré s'exciter sur l'exemple plutôt que de disserter sur la thèse qui était : dans un pays où l'idéal est perdu, il n'est pas étonnant que des jeunes optent pour une idéologie clé en main - l'islam intégriste en l'occurrence. Vous connaissez ce proverbe chinois : « Quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt ». Sur les réseaux sociaux, on regarde beaucoup le doigt… Et les journalistes qui pensent désormais dans les formats épidermiques imposés par les réseaux sociaux emboîtent le pas. Ils disposent ainsi du buzz, premier bénéfice, puis, second bénéfice, le plus important, ils évitent le débat sur la thèse. De sorte qu'il était plus facile de faire de moi une personne qui salissait Hanouna que de s'interroger sur Hanouna comme symptôme. C'est la maladie qui est le problème, pas le symptôme. Hanouna a saisi l'occasion pour montrer du doigt le doigt qui montrait tout en ignorant même s'il y avait aussi la lune. Je lui ai fait un texto explicatif, il ne m'a pas répondu, tout à l'admiration de son doigt.

    Vous avez déclaré « le Burkini est une petite chose » et fustigé une nouvelle fois notre politique étrangère. On peut dénoncer fortement l'ingérence occidentale au Moyen-Orient tout en s'inquiétant de la désintégration culturelle d'une partie de la population française…

    Oui, en effet, mais là encore, regarder le burkini, c'est regarder le doigt… Pendant ce temps-là, on ne s'interroge pas sur les seules questions qui importent : la généalogie. D'où cela vient-il ? Que des hommes puissent croire qu'en écrasant des enfants et leurs parents avec un camion, qu'en égorgeant un prêtre qui dit la messe, qu'en massacrant des gens qui boivent un verre à une terrasse de café ou que des femmes puissent imaginer que Dieu a le souci de leur maillot de bain sur la plage ou de ce qui se trouve dans le verre qu'elles sirotent, cela renseigne sur l'état de la raison et des Lumières, de l'intelligence et de la réflexion en France. Car cette génération de personnes chez qui la défaite de la pensée est à ce point majeure est le produit de politiques « éducatives » françaises menées depuis pas mal d'années.

    Pour les gens qui vivent dans ou à proximité de quartiers salafisés, le « Burkini » mais aussi la Burqa, le voile ou la pression des barbus, ne sont pas de « petites choses », mais l'affirmation d'une identité, voire d'une idéologie conquérante… Comprenez-vous qu'une partie de la population s'inquiète sincèrement de la progression et de la banalisation des codes islamistes dans certains territoires ?

    Bien sûr que je le comprends. Mais si l'intelligence a disparu là où l'on se prosterne désormais devant des articles de foi, il faut ajouter que la disparition du débat sur ce sujet à cause de médias qui se battent à coup d'imprécations sur le principe du « pour ou contre le burkini » a laissé désormais la place au viscéral, à l'instinctif, au tripal. Les médias s'honoreraient à faire sur ces sujets de véritables émissions dans lesquelles on ne visera pas le sensationnel mais l'éducation populaire. Que certains quartiers soient perdus pour la république est une chose qui se dit depuis longtemps: qu'ont fait la droite et la gauche qui se remplacent au pouvoir depuis un demi-siècle ? Rien.

    Revenons à la désintégration culturelle. L'été 2016 a été celui du massacre islamiste de la promenade des Anglais et des « grands adultes en trottinette » chassant les Pokémon….

    Là aussi, là encore, la trottinette est le doigt… J'ai donné cet exemple pour une thèse qu'on a soigneusement évité de discuter : notre société ne se féminise pas, contrairement à ce que dit Éric Zemmour, elle s'infantilise. J'ai pris l'exemple de la trottinette, du tatouage, du baladeur, j'aurais pu ajouter, pour les adultes, car c'est d'eux dont je parlais, le vapotage qui est le suçotage des grands, le bermuda qui est la culotte courte des adultes, les baskets qui sont les chaussures des adolescents, le Pokémon bien sûr qui est le cache-cache des quadras, mais ça n'est pas le sujet, la question ou le problème. La vraie question est : quand on refuse tant de devenir ou d'être un adulte, pourquoi penserait-on autrement que comme un enfant ? Mais je subodore que le buzz va se faire plus sur « Onfray dézingue le vapotage » que sur cette thèse que nous vivons dans une société infantile où tout est fait pour infantiliser. C'est tellement plus facile de séduire l'électeur quand il est un enfant !   

    * Web TV 

    Alexandre Devecchio           

  • Dissolution de Génération identitaire : ”Ceux qui en auront envie continueront à militer dans d'autres organisations”, p

    Des militants de Génération identitaire, déployant une banderole lors d'une manifestation des soutiens du Comité Adama Place de la République, en juin 2020.
    Quentin De Groeve / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP 

    Jean-Yves Camus, directeur de l'Observatoire des radicalités politiques, réagit à la décision du gouvernement de dissoudre le groupuscule d'extrême droite, qui s'est récemment fait remarquer pour ses patrouilles anti-migrants à la frontière franco-espagnole.

    10.jpgTic-tac. Le temps est compté pour Génération identitaire (GI). Le groupe d’extrême droite ne dispose que de dix jours pour s’opposer à la procédure de dissolution enclenchée contre elle par Gérard Darmanin, ministre de l’Intérieur, ce samedi 13 février. C’est la première fois qu’un gouvernement s’engage aussi explicitement contre ce groupuscule basé à Lyon, connu pour ses actions tapageuses comme son déploiement d'une banderole hostile aux étrangers sur la façade de la CAF de Bobigny (Seine-Saint-Denis) en 2019, ou ses patrouilles anti-migrants dans les Pyrénées en 2021. Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoire des radicalités politiques et spécialiste de l’extrême droite, déchiffre pour Marianne ce projet de dissolution.

    Marianne : En plein débat sur le « séparatisme », Gérald Darmanin porte personnellement la procédure de dissolution contre Génération identitaire (GI). L’organisation existe depuis 2012 sous cette forme. Pourquoi s’en prend-on à elle maintenant ? 

    Jean-Yves CamusIl y a des projets de dissolution qui traînaient dans les cartons. Déjà en 2013, à la suite de l’affaire Meric et de la dissolution de Troisième Voie, de l’Œuvre française et de la Jeunesse Nationaliste Révolutionnaire (JNR), ce groupuscule avait déjà une épée de Damoclès au-dessus de la tête. À l’époque les éléments n’avaient pas été jugés suffisamment probants. Pendant des années, des associations antiracistes ont demandé sa dissolution. Il y a toujours un risque que le Conseil d’Etat décide d’annuler la procédure. Dans les années 1980, il a fallu s’y reprendre à trois fois pour dissoudre un groupe néonazi accusé à tort de l’attentat de la rue Copernic. Depuis, le ministère de l’Intérieur fait très attention.

    À la différence de mouvements néonazis comme « Blood and Honor Hexagone » ou« Combat 18 », tous deux dissous en juillet 2019, Génération identitaire n’en appelle pas explicitement à la violence, se rêve comme un simple Greenpeace d’extrême droite, fait attention aux lignes rouges à ne pas franchir et, en plus, gagne ses procès. Y a-t-il des bases matérielles pour une telle dissolution ?

    La violence n’est qu’un des aspects possibles. Dans la loi de 1936 sur les groupes de combat et milices privées, il existe sept critères de dissolution, dont le sixième est l’encouragement à la discrimination et au racisme. C’est celui-là qui semble fonder le dossier de Gérald Darmanin. Ce n’est pas un groupe terroriste ou qui appelle à renverser la République. La question est de savoir si des gens qui brandissent sur le toit de la CAF de Bobigny une banderole « De l’argent pour les Français, pas pour les étrangers », appellent à la discrimination ? Ils signifiaient qu’un Français et un étranger éligibles à une même aide sociale soient traités différemment. Or, la loi française fonde les aides sociales sur des situations individuelles, que vous soyez français ou étranger… Cela dit, en matière de liberté publique, je pense qu’il vaut mieux poursuivre au pénal sur la base d’un délit, que de sortir le marteau-pilon de la dissolution.

    Il existe d’autres organisations qui pourraient être suspectes de « séparatisme » à l’extrême droite. Pourquoi eux ?

    Parce que c’est le groupe le plus important de la nébuleuse. Et c’est celui - c’est peut-être sa malchance - qui s’y prend le mieux pour médiatiser. Toute mesure de dissolution est une mesure politique. À la fin des années 1960, Raymond Marcellin, ministre de l’Intérieur, dissout à la fois la Ligue communiste et Ordre nouveau (mouvement nationaliste, N.D.L.R.), dans un parallélisme des formes.

    Faut-il voir un même « parallélisme de forme » à l’œuvre aujourd’hui, cette fois entre islamisme et extrême droite, après la dissolution fin 2020 d’organisations comme le CCIF ou BarakaCity ? 

    Il y a effectivement des membres du gouvernement qui croient à la théorie de la « tenaille identitaire ». On dissout des organisations islamistes, et par parallélisme, on dissout une organisation d’extrême droite qui représente une autre forme d’identitarisme — ou de séparatisme. Mais avouons que c’est un parallèle fragile. On peut ne pas être enthousiasmé par ce qui se dit dans les locaux de GI, mais cela n’a pas grand-chose à voir avec le trouble que peut occasionner une mosquée radicale, dans laquelle des gens sont incités à commettre des actes de terrorisme ou à écouter des sermons pour vivre à part du reste de la société.

    Il y a quelques jours dans Libération votre confrère Nicolas Lebourg s’inquiétait cependant du danger de projets d'attentats à l'extrême droite. 

    Il doit y avoir des gens qui y pensent. Mais les complots des Barjols ou AFO, les deux les plus élaborés ces dernières années, ont été déjoués en amont avec une assez grande facilité. Le stade de préparation était embryonnaire. Par rapport à l’Allemagne, le vivier n'est pas le même, l'Etat fédéral recense plus de 26.500 militants d’ultradroite, dont la moitié, 13.500 sont des militants orientés vers la violence, du terrorisme au tabassage de rue. Je ne dis pas que nous n’aurons pas en France un Brenton Tarrant, un Anders Breivik, mais les services l’ont parfaitement intégré. Et ils ont les moyens suffisants pour traiter.

    Si elle est dissoute, l'organisation pourra-t-elle survivre, en se domiciliant à l'étranger ou se morcelant en petits groupuscules à l'instar du Bastion social

    Oui, comme tous les groupes. La dissolution de l’Œuvre française n'a pas dissuadé Benedetti de continuer à militer. Cela a toutefois réussi dans le cas de Troisième Voie dans la mesure où Serge Ayoub (ancienne figure skinhead, NDLR) est passé à autre chose. Dans le cas de GI, un vivier de quelques centaines de militants relativement aguerris, ceux qui en auront envie continueront à militer dans d'autres organisations.

    Source : https://www.marianne.net/

  • Indépendance de la Catalogne ? Une autre Espagne devrait être possible

    Par Jorge Soley Climent, 26.09.2012 - Fundacion Burke

    Que se passe-t-il actuellement en Espagne ? En Catalogne ? Que se passe-t-il dans ce royaume - restauré en 1975 - qui a été, dans les siècles passés, si souvent et si longtemps en proie à l'instabilité, aux luttes et aux guerres civiles - dont la dernière fut la plus radicale, la plus terrible et la plus meurtrière - mais qui vit en paix depuis 73 ans ?

    Est-il à craindre que cet équilibre vienne à se rompre sous l'action conjuguée des durs effets de la crise économique et corrélativement des différents séparatismes ? Les récents évènements de Catalogne (manifestation monstre de Barcelone, projet de référendum pour ou contre l'indépendance, organisé par le gouvernement catalan) donnent à cette interrogation toute son actualité. Catalan, vivant à Barcelone, Jorge Soley Climent a donné son analyse de la situation dans une note parue sur le site de la Fundacion Burke, note dont nous trouvons intéressant de publier une traduction française, comme première contribution à notre commune information sur les évènements qui affectent le royaume espagnol. A divers titres, ils nous intéressent, nous, royalistes français, tout particulièrement. Nous y reviendrons rapidement car, avant les échéances électorales catalanes, le Pays Basque et la Galice votent ce dimanche...

    Catalogne.jpg

    Permettez-moi de commencer en disant qu’il ne m’est ni facile ni agréable d’écrire au sujet de la manifestation indépendantiste du 11 septembre dernier, dans ma ville, Barcelone. Trop de sentiment, trop de douleur de voir mon pays et mon peuple prendre un chemin qui va à l'encontre de notre histoire et des réalisations exemplaires des Catalans, ce que la dissolution du Parlement, hier, vient seulement confirmer. Mais je comprends que c'est mon devoir de surmonter mon amertume et de tenter de faire partager ma vision de la question avec ceux qui veulent mieux comprendre ce qui se passe en Catalogne... et, par voie de  conséquence, en Espagne. La première et importante question est de savoir comment nous en sommes arrivés là. Parce qu'il est tout à fait hors de doute que le sentiment séparatiste n'était pas seulement marginal au cours des trois dernières décennies, mais, même, ces deux dernières années. Qu’est-ce qui a changé pour que des centaines de milliers de personnes (je ne vais pas entrer la guerre des chiffres) sortent dans la rue convoquées au nom d’un slogan proposant de nous séparer de l'Espagne ? Il est évident que les causes sont multiples et complexes et que, pour simplifier, l’on risque de laisser des éléments pertinents en dehors du cadre explicatif, mais je crois que nous assistons à la cristallisation de deux phénomènes différents (bien que concurrents et se nourrissant les uns des autres) dans un moment historique particulier.

    Tout d'abord, il y a un séparatisme nationaliste doctrinal avec sa propre histoire et son développement en Catalogne. Ce séparatisme a toujours été minoritaire, non seulement au sein de la société catalane, mais aussi au sein même du catalanisme politique. Il a néanmoins été hégémonique tout particulièrement dans le milieu de l'éducation (les « madrasas » nationalistes, selon l'expression de Miquel Porta Perales1), endoctrinant depuis longtemps les nouvelles générations de Catalans, leur enseignant le rejet de l'Espagne et, par conséquent, de l'histoire et des traditions de la Catalogne. Ce que Francisco Canals2 a désigné comme nationalisme catalan de teinture extrinsèquement révolutionnaire a été le menu habituel dans nos salles de classe depuis bien longtemps. Je me souviens maintenant de l'anecdote d'un ancien ministre de Pujol3, qui l’avait averti qu'on était en train de dispenser un enseignement indépendantiste des plus révolutionnaire et que cela finirait par leur faire perdre le pouvoir (comme cela s’est passé avec l'arrivée du Tripartito4). Le Président a répondu : tu as raison, mais nous ne sommes pas au temps des nuances, mais au temps où il s’agit de bâtir un pays. C'est le pays qui fait surface maintenant.

    Mais, s’il est incontestable que ce séparatisme doctrinal connaît une forte croissance, (n'oubliez pas ici l’exemple Weaver : les idées ont des conséquences), cela n'explique pas entièrement la multitude des gens qui sont descendus dans les rues (l'an dernier une annonce similaire n’avait pu mobiliser que 10 000 manifestants à la même période et au même lieu). Nous avons affaire, ici, à une nouvelle composante du séparatisme - que nous pourrions appeler « l'indépendantisme opportuniste » - liée à la crise économique, politique et institutionnelle qui a embrasé Espagne. Nous sommes face à un environnement radicalement différent de notre passé récent, avec un nombre croissant de personnes qui vivent très mal ce contexte, avec une érosion très réelle de leur aisance matérielle et un nombre toujours plus grand de familles à la limite de situations qui ne peuvent être qualifiées que de tragiques, ou qui y sont déjà installées. De plus en plus étouffées par un fardeau fiscal qui, depuis déjà longtemps, a dépassé les limites du raisonnable, elles observent, stupéfaites, comment les dépenses publiques, surtout les plus clientélistes, ne subissent que des ajustements de surface, sans que soit abordée l'inévitable réforme structurelle de l'Etat. L’évocation des « signes de reprise » convainc de moins en moins de gens et l’espoir que nos élites politiques abordent, enfin, la profonde réforme dont tout le monde, ouvertement ou à voix basse, reconnaît que l'Espagne a besoin, s'est de plus en plus éloigné.

    Marcha-festiva-independencia-Cataluna.jpg

     

    C'est dans ce contexte que s’est installé le mouvement indépendantiste, qui s’est configuré comme une sorte de version particulière et locale du mouvement des indignés, rameuté par ceux qui détiennent le pouvoir politique en Catalogne. Oui, tout va très mal et vous le vivez de plus en plus mal, nous disent nos dirigeants ; pourtant la faute n’est pas nôtre, mais celle de Madrid qui nous prend notre argent et ne nous en rend qu’une part minime. Sans cette spoliation fiscale, nous nagerions dans l’abondance, on n’aurait pas diminué nos salaires, nous pourrions payer pour nos hôpitaux et nos maisons de retraite, nous pourrions récupérer le niveau de vie auquel nous étions habitués. Le jeu, il est vrai, est habile ; irresponsable, mais habile. Plus question, déjà, du 3 %5 (dans le meilleur des cas), ou du cas Palau6, ou de comment Montilla7 a manipulé les comptes publics pour masquer un déficit insensé... Ces mêmes hommes politiques, qui étaient assiégés, dans le Parlement il y a tout juste un an, sont devenus maintenant les libérateurs acclamés, d'une réalité dont, pourtant, ils ont été nécessairement partie prenante.

     

    Ainsi, nous arrivons à ce que nous pouvons baptiser le « moment de Weimar » de la Catalogne. La fin de la République de Weimar s’est caractérisée par une faillite politique, une dure crise économique et une crise institutionnelle qui a conduit l'Allemagne des années vingt du siècle dernier dans une situation chaotique. Au milieu de ce chaos, une population appauvrie et sans espoir d'avenir, a prêté l’oreille à un message simpliste mais efficace : Tu es pauvre, parce que les Juifs nous ont arraché notre argent, nous pourrons récupérer notre prospérité si nous nous débarrassons d'eux. Maintenant, dans une autre situation de grave détérioration économique et sociale, le bouc émissaire qui nous exempte de nos responsabilités est Madrid : libérez-vous de l'Espagne et nous nagerons à nouveau dans l’abondance. Peu importe que l'argument ne supporte pas une sérieuse analyse critique (Arturo Mas8, lui-même, peut-être par peur d’une accélération des choses qui, probablement, n'entrait pas du tout dans ses plans, a averti que, y compris dans l'hypothèse de l’'indépendance, les défis que la Catalogne aurait devant elle, demanderaient un grand effort), la force de l'argument réside dans sa simplicité. C’est en vain que l’on met en garde contre les faux calculs des bilans fiscaux, de la balance commerciale, qui est l'autre face du déficit budgétaire, contre les déficits irresponsables générées par les gouvernements de la Généralité9, que l’on alerte sur la part du déficit espagnol que devrait assumer une hypothétique Catalogne indépendante, ou mille autres arguments économiques. Le message indépendantiste est simple et promet un paradis terrestre, à portée de main, à une population appauvrie et désespérée qui s'accroche aux seuls qui lui offrent un moyen de sortir de l'impasse dans laquelle nous nous sommes mis. Quand on a le sentiment de n'avoir rien à perdre, toute autre solution, si infondée soit-elle, est digne d’être essayée.

     

    Malgré tout, cet « indépendantisme opportuniste » serait difficilement parvenu à réussir à convaincre tant de Catalans si ce n'avait été l’immense campagne de propagande déployée par l’immense majorité de la presse catalane. Pour comprendre comment cela a été possible, il faut s’arrêter un instant sur la conformation particulière du paysage médiatique catalan, dans lequel le pouvoir politique autonome régional et local possède de nombreuses chaînes de télévision et stations de radio (sept de chaque pour la seule Corporació Catalana10), et où la presse est bénéficiaire des subventions ultra-généreuses fournies par la Généralité : il est difficile de n’établir aucune relation entre les 9 millions de subventions accordées par Màs au groupe Godó11 (là, il n'y a pas de coupures), et la promotion ouverte de la marche pour l'indépendance menée par La Vanguardia12. Cette campagne de propagande écrasante et persistante, qui nous assaille, partout, nous autres Catalans, est également un symptôme de quelque chose qui a peu attiré l'attention : la disparition quasi-totale de l'Espagne, déjà, de facto, du territoire catalan. L'Etat en Catalogne, avec tous les ressorts puissants de l'Etat moderne, se tourne activement vers l'accession à l'indépendance, de ses moyens de communication jusqu’aux autocars gratuits pour assister à la marche pour l'indépendance. Le « Pays légal » est déjà indépendantiste et fait pression avec toutes ses forces pour que le « Pays réel », jusqu'ici assez réticent, le soit aussi. Nous ne sommes pas devant une poignée de rêveurs romantiques et sans moyens appelant à l'indépendance face à un État espagnol puissant et inflexible. En Catalogne, les seuls romantiques, et rêveurs sans moyens, sont ceux qui élèvent la voix contre le séparatisme, et qui, en conséquence, deviennent des parias devant qui se fait le vide, en particulier dans tout ce qui a trait à la sphère publique et aux relations avec l'administration.

     

    Après avoir observé ce panorama, une interrogation s’impose : est-il possible que se dégage un moyen sensé de sortir de cette pagaille ?

    Afin que chacun puisse répondre à cette question, je crois qu'il faut tout d'abord faire l'effort de voir ce qui est vrai dans le discours indépendantiste. Parce qu'il faut l'admettre, la trame institutionnelle de l'Espagne actuelle, de l'Espagne de la Constitution de 78, de l'Espagne des autonomies13, est insoutenable et injuste et est arrivée à un stade d'épuisement terminal. Lorsque l’on dit qu'il n'est pas acceptable que l’on applique des réductions drastiques en Catalogne, tandis qu’on maintient le PER14 en Andalousie, que nous continuons à subventionner des mines économiquement non viables dans les Asturies, que nous continuons à avoir plus de 20 000 voitures officielles (ce qui fait de nous des leaders mondiaux en la matière) ou tout autre gaspillage de nos administrations (mettez-y tout ce que vous voulez; la liste, malheureusement, est interminable), il est vrai que, pour dire et penser tout cela, l’on a toutes les raisons du monde. Ne sont pas acceptables, non plus, les ambassades catalanes, l’inutile aéroport de Lérida ou, comme déjà indiqué, les subventions, comme outil de contrôle, distribuées aux groupes médiatiques, parce que le gouvernement catalan et les municipalités catalanes ont le même comportement gaspilleur et irresponsable qui est répandu dans toute l'Espagne, ce qui, toutefois, n'invalide pas la critique, mais l'amplifie.

     

    À ce stade, toutes les mesures pour éviter que la haine de l’Espagne continue à s’instiller (et pas seulement à partir de la Catalogne ; nous pourrions commencer, par exemple, par corriger le mépris de notre histoire commune qui a caractérisé la plupart des productions récentes de la RTVE15), toutes les mesures visant à empêcher qu'un gouvernement puisse contrôler les médias qui l’entourent, seraient des mesures positives, non seulement pour empêcher les aventures sécessionnistes, mais aussi comme mesures minimales de sens commun pour un pays qui aspire à perdurer et non à glisser sur le chemin qui mène aux scénarios de la corruption et de l'arbitraire.

     

    Mais tout cela, et bien plus encore, sera insuffisant si nous ne prenons pas acte de l'échec d’un modèle d'organisation de l'Etat qui s’avère de plus en plus insoutenable, qui, loin de son objectif de réaliser l'harmonie entre les différentes régions, a démontré qu'il exacerbe les tensions et est un élément de blocage pour surmonter la crise dans laquelle nous sommes pris au piège. Nous ne pouvons pas continuer à faire appel à la solidarité territoriale pour perpétuer des situations injustes et les gaspillages qui profitent toujours aux mêmes. Si tout ce que nous nous avons à offrir c’est davantage encore de la même recette que celle qui nous a amenés où nous en sommes, plus d'étatisme, plus d’administrations gigantesques et régies davantage par des critères partisans que par ceux du service dû aux citoyens, plus de clientélisme, plus de déficits sans limite et, par conséquent, plus d’impôts confiscatoires, il n'est pas étrange qu'il y ait beaucoup de gens réceptifs au message séparatiste. C’est seulement à partir d'une Espagne profondément transformée, construite sur la base de la subsidiarité, de bas en haut, y compris dans le domaine fiscal, avec une stricte limitation du champ d’action du pouvoir politique et la transparence dans les processus décisionnels, avec des circuits de représentation politique plus réalistes et plus proches, respectueux des libertés locales (les fueros16 n’étaient rien d’autre), libérés de l'étatisme et de la machine politique, qu’il sera possible de surmonter le défi posé par le mouvement d'indépendance de la Catalogne. L’immobilité n'est pas le bon chemin : ou nous abordons le changement dont l'Espagne a besoin ou nous serons coupables d'avoir conduit l'Espagne jusqu’à un point de non-retour.

     

    NOTES 

    1. Miquel Porta Perales : philosophe et écrivain, collabore à ABC, La Vanguardia, etc.

    2. Francisco Canals: philosophe, théologien thomiste, traditionaliste espagnol & catalan.

    3. Jordi Pujol Soley: président nationaliste de la Généralité de 1980 à 2003.

    4. Tripartito: coalition de gauche catalane (PSC, Gauche Républicaine, communistes..). 

  • France : De l’armée ou de Macron qui aura le dernier mot ?, par David Engels.

    David Engels, essayiste et professeur d'université, analyse pour le média polonais Tysol, la situation désespérée de la France et ses minces chances de redresser la situation à court terme.

    7.pngBeaucoup de Polonais sont toujours convaincus qu'ils doivent « rattraper » l'Europe occidentale. Si vous leur parlez des conditions de plus en plus catastrophiques là-bas, vous rencontrerez une incrédulité généralisée - même dans les cercles conservateurs. La légende de l'ouest doré est trop profonde, le désir de faire enfin à nouveau partie de l'Europe et de le prouver en essayant de rattraper tous les développements « ratés » est trop grand.  Mais les événements de ces dernières semaines en France ont clairement montré où ces développements idéalisés mènent : à l’heure actuelle, il ne s’agit de rien de moins que des parties importantes de l'armée française se prononcent dans plusieurs lettres ouvertes contre le gouvernement actuel du président Macron et sur les risques de guerre civile.

    Au cœur du débat, l’un des problèmes les plus graves à long terme auxquels l'Occident, surtout la France, est confronté depuis plusieurs décennies : l'immigration de masse en provenance de pays majoritairement islamiques qui a pris une telle ampleur qu'une grande partie des villes françaises sont en effet en train de se séparer de la communauté nationale, créant des sociétés parallèles indépendantes dans lesquelles la loi de la République ne s'applique plus. Si ce développement se poursuit encore quelques années - et il ne fait aucun doute que ce sera le cas -, de grandes villes comme Paris, Lyon ou Marseille seront dans un avenir complètement prévisible - à l'exception de quelques îlots - dominées par l'islam, et le pays se divisera en deux groupes opposés et hostiles.

    Bien sûr, cette évolution était prévisible depuis des années, car c'est un secret de polichinelle que, d'une part, l'intégration des minorités musulmanes, en particulier, a non seulement échoué, mais a même régressé, car les descendants d’immigrés déjà bien intégrés se raccrochent de plus en plus à la culture de leur pays d'origine et que, d'autre part, l'évolution démographique ne pourra bientôt plus être maîtrisée. Pendant des décennies, la réponse à ce danger, qui se reflète non seulement dans des assassinats spectaculaires, mais aussi et surtout dans la violence et la criminalité quotidiennes dans les banlieues, a été de détourner systématiquement le regard ; réponse souvent même prescrite par les autorités étatiques rongées par la peur qu’une critique de la transformation multiculturelle de la France pourrait être considérée comme « raciste » ou « intolérante ». Le président Macron s'est particulièrement distingué par ses fervents plaidoyers en faveur d'une « société plurielle » et affirmant même qu'il n'y avait pas « de culture véritablement française, mais seulement des cultures diverses en France ». Désormais, il doit composer avec l'échec de sa propre politique et de celle de ses prédécesseurs et résoudre un problème devenu insoluble, d'autant plus que la solution brevetée typiquement française - laïcité et centralisme - a clairement atteint ses limites : la laïcité, car elle affaiblit plutôt qu'elle ne renforce l'identité collective, le centralisme parisien, car il peut difficilement maîtriser des conflits qui éclatent partout.

    La conséquence ? La France est aujourd'hui confrontée à des troubles sociaux massifs, et les forces armées deviennent donc de plus en plus importantes, de sorte qu'il n'est pas étonnant que l'armée soit désormais impliquée dans les discours de politique intérieure. Nul besoin de faire ici l’inventaire de l’échange de lettres ouvertes et de déclarations de part et d’autre : il suffit de mentionner que le gouffre profond non seulement à l’intérieur de l'armée, mais aussi dans la population s’approfondit. 83% des Français ressentent une augmentation constante de la criminalité, 70% s’opposent à la poursuite de l'immigration, 60% soutiennent les lettres ouvertes de l'armée et près de 50% des Français pensent que l'armée devrait intervenir pour assurer la sécurité même sans l’appui du gouvernement. Les prochains mois seront probablement décisifs dans le fait de savoir si l'armée gardera l'initiative en main - par exemple en soutenant des grèves générales et ses propres candidats à la présidentielle comme le général Antoine Martinez -, ou si le pouvoir concerté des médias, de l'establishment politique et du président réussira à briser la résistance - après tout, déjà au début de sa présidence, Macron avait entrepris un premier nettoyage de l'état-major afin d'éviter précisément les problèmes qui se posent actuellement.

    D'autres étapes suivront certainement, et Macron suivra certainement l'exemple de l'Allemagne, où Ursula von der Leyen, l'actuelle présidente de la Commission européenne et ancienne ministre allemande de la Défense, a réussi à briser toute résistance conservatrice en démantelant systématiquement des réseaux présumés « d’extrême droite » dans l'armée allemande, en appliquant des quotas de « genre » pour introduire massivement des femmes soumises à la nouvelle politique dans l’armée, et en déléguant des pouvoirs de contrôle à des entreprises externes par des contrats d'audit et de conseil aux prix exorbitants afin de bypasser la bureaucratie militaire. Ce n’est probablement pas non plus un hasard si, ces dernières années, l’Allemagne a encouragé l’intégration des réfugiés et des étrangers en les recrutant massivement au sein de la Bundeswehr, et s´est entrainée en même temps à des exercices militaires en cas de troubles internes.

    Quelle sera la prochaine étape pour la France ? L’apparition d’un nouveau parti conservateur, entrant en compétition avec le Rassemblement National de Marine Le Pen, risque de diviser le camp de la droite plutôt que de le renforcer, du moins au premier tour des prochaines élections. Le coup d'État semble également assez impensable, du moins dans la situation actuelle : le chaos n'est pas encore suffisamment grand et la confiance dans l'État de droit n'a pas encore été complètement ébranlée. Bien sûr, l´on peut s'attendre à une paralysie croissante de l'armée, qui sera divisée en une faction présidentielle et une faction anti-présidentielle - une situation d'autant plus inquiétante que la forte présence de soldats musulmans crée un autre élément d'insécurité, de nombreux officiers ayant déjà exprimé de sérieux doutes quant à la loyauté de l'armée pour intervenir dans des émeutes en banlieue.

    En conclusion, dans cette situation, l'armée française ne provoquera donc pas de retournement majeur de la situation politique interne, mais deviendra, par son attitude, un autre accélérateur du mécontentement des citoyens, bien qu'en raison de sa paralysie interne, elle ne puisse être utilisée que dans une mesure très limitée comme une « ultima ratio » en cas de nouvelle escalade de la crise nationale. La France s'enfonce donc encore plus dans l'abîme de la perte de contrôle de l'Etat, au bout de laquelle seul un homme providentiel, une figure de « sauveur », déjà attendue maintenant par une partie significative des Français, pourrait encore renverser la situation.

     

    David Engels, essayiste et historien belge, est professeur d'histoire romaine à l'Université libre de Bruxelles et travaille pour l'Instytut Zachodni à Poznań.

    Source : https://www.tysol.fr/