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  • EXPOSITION • Velazquez au Grand Palais : ce qu'il faut savoir avant d'y aller, par Philippe Delorme*

    Diego Velázquez Portrait de l'infant Baltasar Carlos sur son poney (1634-1635), princes des Asturies (1629-1646), fils de Philippe IV et de sa première épouse, Elisabeth de France. Madrid, Museo Nacional del Prado/RMNGP

     

    220px-Philippe_Delorme.jpgLe Grand Palais consacre jusqu'à l'été une expo à Diego Velázquez, le portraitiste favori de Philippe IV et des derniers Habsbourg d'Espagne. Point de Vue en dresse le portrait.

    "Le peintre des peintres." C'est ainsi qu'Édouard Manet qualifiait Diego Velázquez, maître absolu de l'âge d'or du baroque espagnol. Longtemps éclipsé, ce Sévillan sera redécouvert par les impressionnistes à la fin du XIXe siècle, puis magnifié comme l'un des plus grands artistes de tous les temps par Picasso, Dali ou encore Bacon.   

    Aujourd'hui, le Grand Palais lui consacre une rétrospective, la première jamais organisée dans la capitale française. Afin de réussir cet événement majeur, le Louvre, en liaison avec le Kunsthistorisches Museum de Vienne, s'est appuyé sur le Prado de Madrid. 

    La première rétrospective Velázquez en France

    À travers le monde, il n'existe guère plus d'une centaine d'oeuvres de Velázquez. Pour l'occasion, les plus grandes institutions et plusieurs particuliers ont accepté de prêter exceptionnellement leurs trésors, dont quelques-uns récemment découverts -tel L'Éducation de la Vierge, propriété de la galerie d'art de l'université de Yale, à New Haven, ou le Portrait de l'inquisiteur Sebastian de Huerta, qui appartient à un collectionneur privé.  

    Les visiteurs pourront également admirer certaines toiles parmi les plus emblématiques: de La Forge de Vulcain à La Tunique de Joseph, de La Vénus au miroir au célèbre Portrait du pape Innocent X.  

    L'exposition parisienne présente un panorama complet des oeuvres, en suivant une trame biographique. Une première section évoque donc le climat artistique de Séville où Diego Rodriguez de Silva y Velázquez voit le jour en juin 1599.  

    Un goût particulier pour la physionomie humaine

    Aîné de huit enfants d'un homme de loi d'origine portugaise et d'une demoiselle de petite noblesse, il se fera connaître sous le nom de sa mère, Velázquez, selon la tradition andalouse. Très tôt, il découvre sa vocation artistique. Séville est alors la ville la plus opulente d'Espagne, grâce à son monopole commercial avec les Amériques.  

    Le jeune Diego fait d'abord ses classes dans l'atelier de Francisco Herrera, dit le Vieux -qu'il ne tarde pas à quitter pour incompatibilité d'humeur. Il se place ensuite sous la férule de Francisco Pacheco, un admirateur de Raphaël. Mais plutôt que de tendre à la représentation de l'idéal, il étudie la nature, s'attache à rendre les jeux de la physionomie humaine et des types populaires dans une veine picaresque, avec une vérité et une vigueur extraordinaires, maniant le clair-obscur.  

    Chez Pacheco - dont il épousera la fille Juana -, Diego apprend les bonnes manières au contact de savants, d'écrivains et de gentilshommes. Par l'entremise du comte duc d'Olivares, le tout-puissant ministre et favori de Philippe IV, le jeune homme s'installe à Madrid.  

    Une carrière au service du roi

    Le roi, qui vient de succéder à son père Philippe III en 1621, l'attache à son service, moyennant un salaire mensuel de 20 ducats. Le portrait du souverain que réalise Velázquez, en armure sur un cheval andalou, est exposé dans la grand-rue de Madrid. Il déchaîne l'enthousiasme populaire et la verve des poètes. Par lettres patentes du 31 octobre 1623, Velázquez est promu "peintre ordinaire" de Sa Majesté catholique, tandis que son style, sans doute inspiré par Caravage, évolue vers des formules plus froides et solennelles, dans la tradition ibérique. 

    Pierre Paul Rubens, dont il fait la connaissance en 1628, lui conseille de se rendre en Italie. Velázquez s'embarque à Barcelone en août de l'année suivante, dans la suite du capitaine Ambrogio Spinola, gouverneur de Milan. Il découvre Venise, Ferrare, Bologne, Rome et Naples. Il s'imprègne des chefs-d'oeuvre de la Renaissance et s'initie au paysage, comme avec sa Vue des jardins de la villa Médicis, exécutée lors de son premier séjour dans la Ville éternelle.  

    De retour en Espagne au printemps 1631, l'artiste est plus que jamais l'objet des attentions de Philippe IV. Le roi lui attribue un atelier à l'Escurial, non loin de ses appartements, où il vient le voir travailler.  

    Portraits de cour, de Madrid à Rome

    Durant cette période féconde -qui occupe le centre de l'exposition-, Velázquez multiplie les portraits de cour, empreints d'une extrême sensibilité. Il excelle en particulier à immortaliser la figure fugitive du petit infant Balthazar-Charles. Prince des Asturies en tant qu'héritier du trône, celui-ci sera emporté par une crise d'appendicite dès 1646, à l'âge de 16 ans. C'est à la même période que Velázquez signe l'une de ses toiles les plus connues: La Reddition de Breda ou Les Lances, pour un salon du palais du Buen Retiro. 

    En 1648, le peintre effectue un second périple en Italie, sur ordre de Philippe IV pour lequel il doit acquérir des oeuvres d'art. C'est de ce séjour que date probablement La Vénus au miroir. Velázquez s'essaie aux thèmes sacrés, où il n'excellait guère. En revanche, son Portrait d'Innocent X - décliné plus tard par Francis Bacon - apparaît comme le point d'orgue magistral de sa carrière.  

    Los "Velazqueños", les disciples du maître

    Rentré à Madrid en 1651, Velázquez ne quittera plus le royaume. Philippe IV l'a nommé grand maréchal des logis -ou aposentador mayor-, une charge qui lui laisse moins de temps pour peindre. Son ultime chef-d'oeuvre, Les Ménines, date de 1656.  

    Il s'y place dans l'ombre, en retrait, derrière l'infante Marguerite-Thérèse qu'entourent ses dames d'honneur, son nain et son chien favori. Le roi venait chaque jour s'enquérir de l'avancée du travail. Et lorsque Velázquez eut fini, on raconte que Philippe IV aurait pris son pinceau pour ajouter une dernière touche à la toile: l'ordre de Santiago sur la poitrine de l'artiste. 

    Au sommet de sa gloire, le peintre officiel de la cour exerce une influence prépondérante sur un groupe de disciples que l'on surnomme Los "Velazqueños", tels l'Italien Pietro Martire Neri, son ancien esclave maure Juan de Pareja, ou encore son propre gendre, Juan Bautista Martínez del Mazo.  

    La recherche de vérité humaine

    Le 6 août 1660, après avoir épuisé ses dernières forces dans les préparatifs de l'entrevue de Philippe IV et de Louis XIV sur l'île des Faisans, à Hendaye, Diego Velázquez trépasse à Madrid. Il avait achevé sa quête de vérité humaine, qu'il n'avait cessé de mener, avec autant d'audace que de franchise. 

    Velázquez, jusqu'au 13 juillet, au Grand Palais, galeries nationales, entrée square Jean-Perrin, 75008 Paris. Tél. 01 44 13 17 17. www.grandpalais.fr 

    Philippe Delorme - Point de Vue

     

  • Des institutions à l’encan, par Hilaire de Crémiers

     

    H D C - Copie.jpgLes élections donnent lieu à des commentaires infinis et la plupart sans intérêt. Car la vraie question est de savoir si la guerre électoraliste et partisane est bonne pour la France. 

    A quoi servent les élections ? Dans le cadre actuel de nos institutions, à exacerber la lutte des partis. Tel est le résultat le plus évident des élections dites départementales qui viennent de se dérouler. 

    Soit, la plupart des départements sont repassés à droite, mais qui ne voit ce qui se passe au vrai, au-delà de ce basculement. Il ne s’agit plus de représenter les Français, leurs territoires, leurs intérêts ; mais alors plus du tout ! D’ailleurs, dans l’état présent du projet de loi sur la nouvelle organisation des territoires de la République, il est impossible de rien prévoir : le texte est illisible comme maintenant toutes les lois, tant elles sont mal rédigées, et, de fait, personne, sauf les quelques élus spécialisés, n’a lu ce salmigondis technocratique et démagogique dont les tours et les détours compliquent encore plus les échelons et les compétences de l’imbroglio territorial français.   

    Et Hollande ose parler de « choc de simplification » et le gouvernement a appelé les électeurs à voter alors que la loi est en cours d’élaboration et de remaniement. C’est littéralement grotesque, mais peu leur chaut. Car la seule chose qui les occupe et les préoccupe, c’est la lutte des partis. Voilà leur unique passion. La mécanique institutionnelle est telle que la Ve République est maintenant pire que la IVe et la IIIe ; et faut-il évoquer les précédentes qui s’achevèrent dans l’épuisement des factions ? Mourantes, toutes s’en sont remises à un pouvoir personnel : encore faut-il qu’il y ait une personne. 

    La France livrée aux partis 

    La Ve République en est là. Sous son nom règnent non pas des hommes d’état, mais de médiocres politiciens. Les partis se partagent la France, du Conseil constitutionnel jusqu’à la moindre commission culturelle, sociale, administrative. Le département est un lieu de pouvoir qui n’échappe pas à la mainmise des partis. Serait-il possible un jour de choisir des représentants en fonction d’autres critères que l’étiquette d’un parti, la compétence, le dévouement par exemple ? 

    Ainsi n’a-t-il été question dans les commentaires, avant, pendant et après le dernier scrutin départemental, que de savoir quel parti l’avait emporté, jusque dans le moindre canton. Non pas les personnes, mais le parti. Car c’est le parti qui « empoche », qui « rafle » les cantons, les départements. Il en était déjà ainsi en 2014 aux élections municipales : les villes, les communes, les moindres villages sont quasi dans l’obligation d’appartenir à un parti. Bientôt, en fin 2015, il en sera de même aux élections régionales – et de manière vraisemblablement plus violente avec le scrutin de liste à la proportionnelle et la prime majoritaire. 

    Sortir un jour du système 

    Tout n’est donc plus politiquement que calcul en vue des présidentielles. Les états-majors partisans, après chaque scrutin, font leur compte en public et sur les plateaux de télévision : les déclarations, les altercations ne roulent que sur les villes prises, les départements conquis, les régions emportées ou conservées ; on parle de bastions, de résistances, de percées, d’alliances, de ruptures, de stratégies, de contournements. Chaque camp mobilise, explique, se fait pédagogue auprès des troupes rétives, calcule, suppute, crie enfin victoire : ils ont tous gagné ! C’est dérisoire ! 

    Comment se fait-il que les Français supportent un tel régime et s’habituent à de telles mascarades ? Car une telle analyse relève du simple bon sens. La malfaisance est éclatante et personne n’ose la dénoncer. Il est pourtant d’une évidence aveuglante que nos institutions sont totalement corrompues par le régime des partis, ce régime qui fut toujours, à toutes les époques, même sous l’Ancien Régime, le vice des Français et qui ne leur valut que des malheurs et des revers. Tous les grands hommes de France l’ont réprouvé. La grandeur française, les renouveaux français ne furent possibles qu’en rupture avec un tel régime. Pas un Français sérieux et quelque peu éduqué qui ne le sache.    

    Il faut noter, d’ailleurs, que ce qui fait si peur aux partis dits de gouvernement dans l’incontestable montée du Front national, ce n’est pas le fait qu’un troisième larron viendrait réclamer des places et un jour pourrait accéder à son tour au pouvoir. C’est qu’il est clair, pour tout analyste objectif, que derrière le vote FN, il y a, en fait, non pas tant un vote d’adhésion à Marine Le Pen, à des personnes ou à un programme, qu’un rejet profond de la classe politique existante, de ses pompes et de ses œuvres, comme, d’une manière générale, de la classe dirigeante qui s’acoquine avec le système, journalistes, financiers, conseillers, hommes d’affaires formant l’entourage des hommes de pouvoir. 

    L’implacable logique de parti 

    Un nombre de plus en plus grand de Français – en fait une majorité comme l’ont révélé les enquêtes – n’a plus confiance en ses dirigeants. Un certain nombre d’entre eux, en raison du langage du FN sur quelques sujets cruciaux, accordent leur bulletin à cette formation politique qui tranche avec les autres. En réalité, il est facile de déceler sous ce vote un refus du régime des partis ; et le paradoxe de la situation tient au fait que plus le FN engrange ce genre de voix, plus il se croit obliger, pour rassurer, de se montrer « normal » et donc « républicain », c’est-à-dire adepte du régime que les Français qui votent pour lui, récusent. La fureur d’un Valls s’explique par la compréhension qu’il a du phénomène : d’où ses injures. La défaite électorale le met tout à coup en présence d’une France qu’il croyait disparue. 

    Il a raison de s’inquiéter. Toutefois, malgré la stratégie de ses dirigeants, le FN s’illusionne s’il croit que le système lui laissera une place. Toutes les expériences passées prouvent le contraire. 

    L’implacable logique de parti entraîne Sarkozy sur les pas de Valls. Mais c’est pour lui une grave erreur, car l’UMP compte dans ses rangs nombre de militants qui ne demandent qu’à sortir des visées de parti. Il apparaît, de plus en plus, qu’au-delà des divisions partisanes de droite comme de gauche, comme le disent et le montrent des Guilluy, des Zemmour, des Bercoff, des Delsol et comme le démontre l’analyse des chiffres électoraux, les Français se retrouvent sur des sentiments communs de frustration, de trahison, de destruction de leur être et de leur nation. 

    Au fond, que veulent-ils ? Retrouver leur souveraineté, leur patrie, leur nationalité, leur fierté, leurs libertés réelles et, dans un monde dangereux, la sécurité intérieure et extérieure, tout ce dont le régime des partis les a privés. Ils seraient heureux surtout  de se retrouver eux-mêmes. Il leur faudrait un état simple mais fort qui assure les pouvoirs régaliens, de manière concentrée, avec une armée, une justice, une police de plein exercice et une réorganisation de la représentation nationale sur d’autres bases que ce système partisan qui rend impossible toutes les solutions humaines et durables (Lire la plaquette du cercle Vauban : Des Institutions pour la France, 7 € franco de port, Regalia 1, rue de Courcelles 75008, Paris, chèque à l’ordre de Regalia) 

    Comment ne pas y songer ? Cela viendra comme une nécessité le jour où ce régime funeste, devant la catastrophe financière, économique sécuritaire, morale qu’il aura provoquée, sera obligé de céder la place. Il vient un temps où il n’est plus intéressant d’avoir le pouvoir ; ce jour-là les parasites déguerpissent.

     

  • Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [3]

    L'extension de l'empire Ottoman - Historique 

     

    Publié le 26.06.2009 - Actualisé (extraits) le 2.09.2017

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgIl s’agit ici - l'actualité nous y invite - de réfléchir, avec un certain recul et de façon, bien-sûr, non exhaustive, sur ce que sont, au fond, les rapports entre l'Islam et l'Europe (la Chrétienté, l'Occident) depuis treize siècles. Nous y avons déjà consacré deux articles [Voir liens ci-dessous]. Celui-ci est le troisième et avant-dernier.

     

    Voyons maintenant la deuxième invasion militaire d'une partie de l'Europe par l'Islam. Il ne s'agit plus là de Berbères d'Afrique du Nord, mais de Turcs, venus d'Asie centrale ; et l'attaque n'est plus par le sud-ouest, mais par le sud-est. 

    509283401.JPGDès 1353, la dynastie turque des Ottomans, fondée par Osman 1er, prit pied en Europe : c'est en effet cette année-là que, follement appelé à l'aide par l'usurpateur Jean Cantacuzène, et jouant pleinement des dissensions suicidaires des chrétiens de l'Empire byzantin, le successeur d'Osman fonda à Gallipoli le premier établissement turc en Europe. [Drapeau de la dynastie Ottomane (ci-contre) et de la flotte turque (ci-dessous)] 

    1153129601.JPGAvec Mourad 1er commença la conquête des Balkans, dès 1360. Maître d'Andrinople et de la Thrace, les Ottomans mirent en déroute sur la Maritsa la croisade de Louis 1er de Hongrie, en 1363, puis entreprirent la conquête de la Serbie. La victoire turque de Kosovo (juin 1389) fit passer les Serbes, après les Bulgares, sous le joug Ottoman. Ensuite eut lieu la conquête de la Thessalie, et les premières entreprises devant Constantinople elle-même. Un temps freiné dans leur expansion par l'arrivée sur leurs arrières de Tamerlan et de ses mongols, les Ottomans reprirent leur marche en avant, après le départ de Tamerlan, et conquirent Thessalonique en 1430. De l'Empire Romain d'Orient, il ne restait plus que Constantinople et sa banlieue : Mehmet II s'en empara en 1453, malgré l'héroïque résistance des défenseurs de la ville.    

    1399180821.jpgEcoutons Michel Mourre : » Jusque vers 1700, les Turcs devaient rester un danger permanent pour l'Europe chrétienne. Sous Mehmet II, ils poursuivirent leur avance dans toutes les directions. Vers l'Ouest, en s'emparant de la Bosnie (1463) et de l’Albanie, où Skanderbeg leur avait opposé une longue résistance ; du côté de la mer Noire, en enlevant la Crimée aux Génois (1475) ; du côté de l'Arménie, en liquidant l’Etat grec de Trébizonde (1461). L'une après l'autre, les places génoises et vénitiennes de la mer Egée et de la Morée [Péloponnèse], passaient aux mains des Ottomans, qui commençaient à mener la guerre à la fois sur mer et sur terre et s'installaient même à Otrante, en Italie du Sud (1480) ...»

    L'empire turc atteignit son apogée sous Soliman II le Magnifique, qui s'empara de Belgrade (1521), de Rhodes (1522) et fit passer presque toute la Hongrie sous son protectorat après la victoire de Mohacs (1526) et assiégea Vienne, pour la première fois, en 1529. » Au milieu du XVI° siècle -dit encore Michel Mourre- la Turquie était devenue la première puissance de l'Europe et de la Méditerranée» . Elle contrôlait, en Europe, toute la péninsule balkanique et la Grèce, les provinces danubiennes, la Transylvanie, la Hongrie orientale. 

    Ce n'est qu'à partir de 1571 - avec la victoire de Lépante (ci-dessous) - que l'on assiste au premier véritable coup d'arrêt donné au déferlement de cette puissance ottomane, qui semblait jusque-là irrésistible. A cette occasion, une coalition formée par le pape, et regroupant l'Espagne, Venise et les Chevaliers de Malte, sous le commandement de Don Juan d'Autriche, détruisit la flotte ottomane, qui ne se releva jamais de ce désastre. 1571 marque donc, d'une certaine façon, le réveil européen, et si cette victoire resta sans lendemain, et ne fut pas exploitée militairement, son retentissement moral fut considérable : elle «  rendit courage à l'Europe chrétienne»  (Michel Mourre). Et pourtant, pendant plus d'un siècle encore, les Turcs restèrent menaçants : ils enlevèrent encore la Crète et la Podolie (sud-ouest de l'Ukraine) et menacèrent Vienne jusqu'en 1683, date à laquelle ils furent contraints d'en lever le siège : la ville ne fut en effet définitivement libérée du danger musulman que cette année-là, grâce aux troupes polono-allemandes commandées par Jean Sobiewski.   

    A partir de là commença la lente reconquête par les européens de la partie de leur Europe envahie par les musulmans. Exactement comme l'avaient fait les espagnols près de mille ans auparavant. En septembre 1686, Buda est libérée, et la paix de Karlowitz restitua à l'Autriche, la Hongrie (sauf le Banat) et la Transylvanie ; à la Pologne, la Podolie ; à Venise, la Morée et la Dalmatie. Le Traité de Passarowitz (1718) restitua à l'Autriche le nord de la Bosnie et de la Serbie (avec Belgrade) ainsi que la Valachie occidentale [sud de la Roumanie].  (A suivre)  • 

    49770156.jpg

     7 octobre 1571, Lépante (http://www.publius-historicus.com/lepante.html)

    213 galères espagnoles et vénitiennes et quelques 300 vaisseaux turcs. Cent mille hommes combattent dans chaque camp. Les chrétiens remportent une victoire complète. Presque toutes les galères ennemies sont prises. L'amiral turc est fait prisonnier et décapité et 15.000 captifs chrétiens sont libérés. 

    Lire les 2 premiers articles de cette suite ...

    Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [1]

    Histoire & Actualité • Regards sur les rapports Islam-Europe depuis treize siècles [2]

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français...

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Du début février au 23 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présenterons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

    Nous avons passé la semaine dernière en bonne compagnie, avec Axel Tisserand; nous passerons celle-ci en bonne compagnie également, cette fois avec Jean-François Mattéi et son intervention - le samedi 1er septembre 2012 - lors de la journée d'hommage à Charles Maurras, dans le jardin de sa maison de Martigues, pour le soixantième anniversaire de sa mort...

    MATTEI 1.jpgLe Chemin de Paradis (V/V)

    Tout l’ouvrage est donc conduit, avec la métaphore du « chemin », de la vie présente vers le Paradis futur à travers l’épreuve inéluctable de la mort. Le conte le plus remarquable, à cet égard, est celui des « Serviteurs ». Il se passe chez les Morts, comme dans le voyage d’Ulysse aux Enfers au cœur de l’Odyssée. Le narrateur, Criton (un coup d’œil au Criton de Platon qui visitait Socrate dans sa prison avant sa mort) se retrouve aux Champs-Élysées après son décès. Son ancien serviteur, Androclès, déplore que son maître soit mort comme lui et qu’il ne puisse plus régner sur ses esclaves. Et Maurras de justifier l’ordre inégalitaire de la vie grecque par un éloge de la hiérarchie qui structure une véritable communauté au lieu de la dissoudre dans un individualisme mortel.

    C’est ce que montre le conte « le Miracle des Muses », dans lequel on voit Phidias terminer la statue en or et en ivoire de Zeus à Olympie. Ulcéré d’avoir été peu rétribué par les prêtres du temple alors que la statue attire les visiteurs de toute la Grèce, il ouvre une école de sculpture où l’on blasphème les dieux, et il refuse l’aide des Muses alors qu’il sculpte leur bas-relief. Égoïste et vaniteux, il déclare qu’il mourrait plutôt que de devoir son art aux Muses et non à lui-même. Les Muses s’enfuient alors d’Olympie, et la statue de Zeus perd aussitôt son éclat, son front devient « terne et muet », tandis que toutes les statues de Phidias sombrent dans la décrépitude. Le sculpteur suit sa promesse et se donne une mort qui sera le sommet et le terme de son impiété.

    Que signifie cette mort qui frappe les personnages du Chemin de Paradis au moment même où ils sont au sommet de leur vie, de leur amour ou de leur art ? Maurras pose pour principe qu’il y a un point extrême de l’existence humaine. Lorsqu’il est atteint, seule la mort peut en garantir la pérennité. On le voit dans le conte « Le Jour des Grâces ». Le vieil Euphorion, élève de Pythagore et d’Empédocle, un homme sage donc, tue son esclave Syron. Celui-ci revient de Sybaris, capitale de toutes les voluptés, et lui raconte l’anéantissement de la ville par les dieux qui ont puni sa démesure. L’esclave lui-même a joui de ces voluptés, mais a miraculeusement échappé à la mort. Le sage alors le transperce d’un stylet parce qu’il n’a pas respecté l’équilibre de la nature. Et Euphorion de se dire en lui-même : « Rien d’entier ne demeure au monde, et la perfection entraîne la mort.  Dès que l’homme confine à Dieu, il est juste qu’il n’ait plus que faire de vivre ». Mais une telle sentence s’applique aussi à celui qui l’a prononcée. Le sage, à son tour, se donnera la mort parce qu’il est arrivé, en tuant son esclave, « au plus haut point de la sagesse ».

    Tout Le Chemin de Paradis est ainsi conduit par une esthétique de l’amour et de la mort qui exalte, et punit à la fois, la démesure, l’hubris, tout en évoquant, en contrepoint, l’idéal classique d’ordre et de mesure. Il se retrouve dans la tension constante entre les Religions et les Voluptés que le stade supérieur des Harmonies ne parvient pas, du moins en cette vie, à accorder. C’est ce que laisse entendre « La consolation de Trophime » qui appartient aux trois contes du cycle des Voluptés. L’action se passe en Arles. Une belle courtisane nommée Myrto, en hommage à la jeune Tarentine morte sous « la vague marine », veut mourir après avoir épuisé toutes les ressources du plaisir. L’évêque Trophime, étranger à la ville d’Arles, accourt pour essayer de l’amener à Dieu. Son nom grec signifie « le nourricier ». Mais Myrto ne se rend pas à l’enseignement de l’évêque qui veut la convaincre que « ce qui doit mourir » ne peut « persister dans sa forme heureuse ». En face de lui, le philosophe Philétas défend Myrto en s’appuyant sur la dialectique platonicienne de l’amour. « Elle est montée au plus haut point » de l’existence, et les arguments de Trophime ne la feront pas redescendre. Le philosophe arlésien défend ici l’« ascension dialectique » de l’âme de la courtisane au détriment de la conversion chrétienne que le prêtre lui promet. Myrto se laisse donc mourir, et la foule arlésienne, furieuse, mettra à mort le prêtre qui a échoué à la sauver.

    Maurras laisse à son lecteur le soin de comprendre qu’il est d’autres chemins de paradis que les chemins offerts par la religion. Ne peuvent y accéder que ceux qui ont accédé à un point extrême de perfection, serait-ce dans les voluptés, au-delà duquel l’homme n’attend plus que la mort. C’est la leçon du dernier des neuf contes du Chemin de Paradis : « Discours à la louange de la double vertu de la mer ». Sous une épigraphe de Frédéric Mistral, extraite de Mireille lors de la mort de la jeune provençale : « La mer, belle plaine agitée, est l’avenue du Paradis » (1), Maurras rappelle que c’est un « chemin étroit » qui conduit les hommes à leur terme, tout en leur signifiant à quel point ils seront toujours « inégaux à [leurs] espérances ».

    Jean-François Mattéi

    La Maison du Chemin de Paradis,

    Samedi 1er septembre 2012

     

    1. « La mar, bello plano esmougudo,

     Dóu paradis és l’avengudo », Mirèio, de Frédéric Mistral. 

    lafautearousseau

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (18)

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

    Maintenir, restaurer, exploiter  notre patrimoine historique ...

     

    2235704335.jpg2ème partie : Une révolution copernicienne 

    LE RÈGNE DE LA QUANTITÉ S'ACHÈVE

    Trois types de services sont appelés à se développer, là-dessus l'accord est presque total et dans ce domaine également la reconstitution d'un marché plus large, constitué par les classes aisées s'impose : la restauration, le gardiennage, le nettoiement. Pour la restauration, il est évident qu'il faut une clientèle capable de dépenser davantage, sinon ce sera « le fast food », dans le pire des cas et dans le meilleur le sandwich. Une société de plus en plus fragile ne sera pas protégée par la seule police. La multiplication des entreprises de gardiennage répond à un besoin. La multiplication des résidences secondaires, abandonnées une partie de l'année, exigera que les particuliers fassent appel à ces entreprises. Encore convient-il qu'ils en aient les moyens. Le nettoiement lui aussi devra s'adresser aux particuliers. La domesticité, au sens ancien, ne se reconstituera pas. Ni l'évolution des mentalités ni l'exiguïté des appartements ne la favorisent. Par contre, déjà les traiteurs fournissent du personnel pour les réceptions. De plus en plus, des équipes effectueront les travaux pénibles, à condition de trouver un nombre suffisant de ménages susceptibles de conclure un contrat d'entretien, comme cela se passe aux Etats-Unis.

    Il est remarquable qu'en Lorraine le gouvernement socialiste, après avoir rêvé du développement de l'industrie électronique ait dû constater que celle-ci ne provoquait que peu d'emplois. Par contre un parc d'attraction en susciterait plusieurs milliers, sans exiger des efforts de formation coûteux, dont les résultats, sur une main d'œuvre mal préparée, restent aléatoires. Une prise de conscience s'opère, dans tous les secteurs de l'opinion, en dehors de celui, qui se marginalise, qu'occupe le parti communiste.

    Le mouvement général de la société la porte d'ailleurs vers l'amélioration de la qualité de la vie. La défense de l'environnement, la protection des sites, la rénovation des quartiers anciens, le régionalisme, le désir de « vivre au pays » afin de maintenir les solidarités familiales furent longtemps tenus pour « réactionnaires ». Une certaine extrême gauche s'en est emparée, les déformant, les travestissant, au point de les utiliser contre le progrès technologique (les centrales nucléaires) ou l'unité nationale. Il reste que, même mystifiées, les valeurs de la société préindustrielle retrouvent toute leur puissance. L'écologie a pris un tour idéologique, hostile au progrès des techniques qui la rend insupportable. Expression d'un retour à la qualité de la vie, en rupture avec la notion quantitative de « niveau de vie », elle s'accorde avec les nécessités économiques.

    Le gouvernement Fabius, en créant les TUC s'est engagé dans la bonne voie, encore qu'on doive craindre qu'il ne gâche une excellente idée. Il est absurde de payer des gens à ne rien faire. Ce gaspillage d'argent et de force de travail paraît aberrant. Pourquoi ne pas utiliser les chômeurs afin d'améliorer la qualité de la vie ? Dans le cas des TUC tout donne malheureusement à penser qu'il s'agit d'un gadget électoral destiné à camoufler ses échecs économiques. Le parti communiste n'a pas tort qui parle de tucs en toc à propos des « travaux d'utilité collective » (TUC). Une initiative heureuse, en soi, risque d'être gâchée dans la mesure où elle se traduira par une résurgence des « ateliers nationaux » de 1848, qui ont laissé de fâcheux souvenirs.

    Les TUC ne sont, dans trop de cas, une manière d'occuper des jeunes. Le souci de rentabilité, sinon financière, du moins sociale, reste insuffisant. Pour être efficaces, il faudrait les confier à des entreprises, déjà existantes ou à créer, avec le risque d'échec que cela implique. Certes, tout ce qui fut accompli par le Troisième Reich reste frappé de malédiction. Pourtant il serait opportun de s'inspirer de l'arbeitschaffung. Hitler pour combattre le chômage lança une politique de grands travaux. Les caisses étaient vides. Le docteur Schacht eut l'idée des traites de travail. Une municipalité décide de construire une cité ouvrière. Elle n'a pas le premier sou. Un établissement ad hoc, la Bank der deutschen arbeit lui donne un bon qui, placé sur un compte bancaire, permettra de payer, par un jeu d'écritures. La municipalité remboursera grâce aux locations d'appartements et aux impôts sur les bénéfices. Il ne s'agit pas de copier un système qui ne pouvait fonctionner que dans le cadre de l'autarcie économique. N'empêche qu'en deux ans le nombre de chômeurs a diminué de moitié.

    Il existe de nombreux besoins sociaux qui ne sont pas satisfaits : maintien des vieillards à domicile, haltes garderies pour permettre aux mères de famille de faire leurs courses, extension du système à tous les foyers où la femme travaille, des aides ménagères etc... De même, pour s'adapter à la révolution industrielle villes et régions seront contraintes de faire d'immenses efforts d'amélioration de la qualité de la vie. Les industries nouvelles ne s'implanteront pas n'importe où. Trois conditions devront être réunies : proximité d'une université de renom, existence d'une main d'œuvre qualifiée, possédant des traditions ouvrières de savoir-faire et de conscience professionnelle et de ce point de vue le Nord ou la Lorraine disposent de sérieux atouts, environnement naturel et culturel, susceptible d'attirer ingénieurs, chercheurs et cadres. Le développement du tourisme, des activités de loisir, de la consommation de biens « qualitatifs » suppose lui aussi l'amélioration de l'environnement naturel et culturel. Chaque ville, chaque « pays », chaque région devra, pour survivre, protéger ses sites et, à l'occasion, se débarrasser de ses friches industrielles, restaurer son patrimoine historique, planter des arbres, multiplier les jardins publics, les parcs d'attraction, les musées, les bibliothèques. Il ne s'agira plus de superfluités auxquelles un conseil municipal accorde, avec condescendance, de maigres crédits mais d'investissements dont la rentabilité économique, même si elle ne peut être calculée, se manifestera par les retombées industrielles (implantation d'entreprises) ou commerciales. Beaucoup de collectivités locales en prennent conscience.

    Le système que l'on peut envisager se fonde sur la mise en œuvre de plans d’aménagement communaux, intercommunaux, départementaux ou régionaux. Pour les financer les collectivités locales disposeraient d'un fonds où seraient versées les allocations-chômage correspondant aux emplois engendrés ainsi que, pendant trois ans, les cotisations de sécurité sociale que leur verseraient les entreprises bénéficiant de ces emplois. Cette mesure vise à dissuader les chasseurs de prime, ces entrepreneurs attirés par des avantages fiscaux ou des exonérations de charges sociales, qui ferment sitôt qu'ils n'en bénéficient plus. Les caisses de sécurité sociale de leur côté ne souffriraient aucun préjudice réel, les chômeurs ne leur rapportant rien. Ainsi chaque salaire serait couvert pour plus de moitié. Les communautés locales, pour compléter ce fonds, recourraient à des traites de travail qu'elles rembourseraient grâce au surcroît des impôts locaux provoqué par ces investissements, avec le risque normal d'erreurs d'appréciation, dont la population supporterait les conséquences puisque de toute façon il faudrait rembourser. Ces erreurs seraient moins nombreuses et surtout moins graves que si les décisions étaient prises par des technocrates irresponsables, les municipalités ou les conseils généraux, saisis pas la folie des grandeurs ou la démagogie, payant leur mauvaise gestion de leur renvoi par les électeurs.

    Ces travaux et ces services ne sauraient être accomplis directement par les communautés locales, qui, pour élargir leur clientèle électorale sont tentées de « créer » des emplois, sinon inutiles, du moins superflus, mais par, des entreprises, coopératives ou sociétés, déjà existantes ou qui se constitueraient pour bénéficier de ce marché. Soumise à la concurrence, elles s'engageraient, par contrat, à embaucher et à former des chômeurs pour l'exécution de ces travaux ou de ces services. Certains de ces emplois deviendraient permanents, d'autres, temporaires, susciteraient, du fait de la relance de l'économie locale, des emplois permanents. Il va de soi qu'un chômeur qui refuserait, deux fois de suite, un travail conforme à ses compétences et à ses capacités, serait trop souvent absent, ferait du mauvais esprit perdrait tout droit aux allocations.    

    A suivre  (A venir : Le règne de la quantité s'achève 3).

     

    Lire les articles précédents ...

    Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray     

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    lafautearousseau

  • Qui peut parler sans rire de «puissance touristique?» Bali, c'est fini!, par Elisabeth Levy.

    Source : https://www.causeur.fr/

    Le temps d’un été, nos vacances se bornent aux frontières européennes, voire nationales. L’occasion d’épargner à notre patrimoine les dégâts du tourisme mondialisé. Et si nous redevenions des voyageurs plutôt que des consommateurs frénétiques ?

    6.jpegVenise respire, Dubrovnik reprend son souffle, Versailles retrouve son provincialisme d’antan. Dans l’île Saint-Louis, à Paris, on n’entend plus l’exaspérant vrombissement des valises à roulettes en chemin vers l’un de ces Airbnb dont la multiplication a fait grimper les loyers et chassé les habitants. Partout, l’autochtone reprend ses droits sur le nomade, les œuvres et les monuments retrouvent, comme le demande Alexandre Gady, leur préséance sur ceux qui les visitent – ou les traversent. Les disgracieux et puants autocars qui bouchaient la vue et polluaient les façades ont disparu de nos villes et leur cargaison post-humaine avec eux. Autour des grands magasins, on ne se cogne plus à ces grappes humaines dont les grains ne se séparent les uns des autres que quelques instants, le temps de se ruer sur la marchandise d’autant plus convoitée qu’elle attestera du voyage à Paris ou Londres. Bien sûr, en contrepartie, nous ne sommes pas à l’autre bout du monde à nous gaver de pittoresque, faire le pied de grue devant un temple ou une pyramide à ne pas rater, ou essayer de faire cadrer la réalité avec les souvenirs que nous avions emportés dans nos bagages. « Nous ne voyageons pas pour le plaisir de voyager, que je sache. Nous sommes cons, mais pas à ce point », dit un personnage de Beckett, cité par Olivier Rey. Eh bien si. Nous sommes cons à ce point.

    L’oxymorique industrie du tourisme

    En dépit de l’étymologie qui suggère une parenté avec le grand tour des classes cultivées d’autrefois, en se massifiant, le tourisme est peu ou prou devenu une industrie du divertissement qui vend la même marchandise aux classes moyennes du monde entier, seul le décor changeant et octroyant du même coup à chacun le supplément culturel sans lequel il n’est point de vacances réussies. Nous nous rêvons en bourlingueurs marchant dans les pas de Cendrars et Kessel, et nous retrouvons sur des immeubles flottants encompagnie de milliers de nos semblables. D’après le catéchisme en vogue dans le Guide du Routard, le touriste responsable et citoyen est à la recherche de l’Autre. Raison, sans doute, pour laquelle il collectionne passionnément les selfies – « moi devant le Parthénon », c’est la vérité ultime du touriste. Le monument ou l’œuvre sont là pour moi, ce sont mes désirs, et même mes droits qui commandent. Et tant pis s’il faut les exploiter au point de les détruire. Or, comme l’écrit Bérénice Levet« la visite d’un lieu suppose qu’on se libère de soi afin d’être libre pour une réalité autre et plus grande que soi ».

    La singulière période que nous avons traversée et dont nous vivons les derniers feux aurait plongé notre cher Muray dans l’allégresse. L’épidémie a réussi ce que même le terrorisme n’a jamais pu accomplir : la mise à l’arrêt durant trois mois de l’une des toutes premières industries mondiales – quoique oxymorique, l’expression « industrie du tourisme », fréquemment employée, est révélatrice.

    Notre dernière ambition

    Pendant deux mois, des temples antiques, des cathédrales, des châteaux, des tableaux ont été rendus à eux-mêmes et à leurs secrets. Dans la plupart des pays européens, le confinement a pris fin, permettant aux habitants de retrouver les villes et le brouhaha de la proximité sociale. Cependant, les frontières de l’Amérique et de l’Asie, toujours fermées début juin, resteront difficiles à franchir, faute de liaisons aériennes. À quoi il faut ajouter les règlements sanitaires ubuesques adoptés par les compagnies aériennes au moment où la pandémie marque visiblement le pas, qui dissuaderont le passager le plus tolérant (voir le texte de Stéphane Germain).

    Selon toute probabilité, on ne verra donc pas cet été les hordes de visiteurs américains et asiatiques déferler sur l’Europe. Mais déjà, pendant que de beaux esprits discourent sur le monde d’après, en France, les pouvoirs publics et les professionnels du secteur se démènent avec un seul objectif : faire revenir au plus vite les 90 millions de visiteurs étrangers qui sont la plus grande fierté de notre pays, « première destination touristique mondiale » et qui entend le rester. Et ce n’est même pas à notre génie propre que nous devons cette médaille d’or, mais aux trésors dont nous a gratifiés la nature et aux merveilles créées par nos ancêtres. Que notre grande ambition soit d’être le lieu de villégiature privilégié de salariés fatigués est un résumé du déclin français. Qui peut parler sans rire ou sans tristesse de « puissance touristique ? »

    La crise sanitaire aurait pu être l’occasion, pour les pays du sud de l’Europe, France y compris, de réfléchir à l’humiliante dépendance de leurs économies au bon vouloir (et aux revenus) des visiteurs étrangers. Dans l’affolement, c’est plutôt à celui qui déroulera le tapis rouge pour « sauver la saison ».

    Numerus clausus

    Ne soyons pas angélique ou extrémiste. À l’exception peut-être de quelques décroissants fanatiques, nul ne prétend interdire les voyages d’agrément et cantonner chaque habitant de la Terre à son douar d’origine. De plus, les difficultés des commerçants, hôteliers et autres professionnels ne sauraient être prises à la légère. L’incendie de Notre-Dame devrait pourtant être un avertissement. Nos monuments épuisés et saturés demandent grâce.

    Alors qu’aujourd’hui la demande est reine et entraîne une croissance illimitée de l’offre, il est urgent de réguler l’activité touristique : numerus clausus dans les musées et monuments, interdiction d’installations qui défigurent la beauté des lieux et détruisent l’environnement, la puissance publique ne manque pas de moyens d’action. Du reste, nombre d’acteurs privés n’attendent pas que l’État agisse pour tenter de promouvoir un tourisme moins dévastateur (voir l’article de Daoud Boughezala sur les régions de la côte adriatique). Ces mutations, si elles se confirment, risquent d’augmenter les tarifs. Que le voyage cesse d’être un droit inaliénable du consommateur qui entend se retrouver en trois clics en séjour all inclusive sur une plage tunisienne pour redevenir un projet en vue duquel on doit économiser, voire consentir quelques sacrifices, pourrait changer légèrement notre perspective et nos comportements.

    Redevenons des voyageurs 

    Cependant, ne nous berçons pas trop d’illusions et profitons de la parenthèse enchantée qui s’offre à nous.

    On est chez nous ! Pour quelques semaines encore et peut-être pour le seul été de notre vie. Attention, ça ne veut pas dire entre nous Français à l’esprit étroit, n’allez pas croire qu’on fait dans le genre béret-baguette. Par la force des choses, nous serons peu ou prou entre nous Européens, héritiers d’une histoire et dépositaires d’une civilisation qui fait que nous pourrions peut-être ressentir l’âme des lieux que nous traversons plus facilement qu’un Américain pressé de voir arriver la pause-déjeuner.

    Certes, qu’il soit français, chinois ou letton, un touriste est un touriste. Sauf que cet été, il se déplacera en petits groupes plutôt qu’en troupeau, en voiture, en train et à vélo plutôt qu’en autocar et en gros porteur. Ça fait tout de même une sacrée différence. C’est un moment béni pour découvrir des merveilles qu’on s’était résigné à ne jamais voir, des tableaux habituellement inaccessibles derrière les groupes brandissant leurs smartphones, des sites dont la beauté est gâchée par la foule. Et une occasion unique de cesser d’être des touristes pour devenir des voyageurs qui s’oublient devant la beauté du monde. À supposer que nous en soyons encore capables. 

    Elisabeth Lévy
    fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur.

  • «Les statues qui veillent sur nous méritent notre gratitude et notre amour», par Par Bérénice Levet.

    La statue de Jean-Baptiste Colbert devant l’Assemblée nationale. JOEL SAGET/AFP

    Source : https://www.lefigaro.fr/vox/

    Dans une magnifique méditation, la philosophe et essayiste Bérénice Levet défend les statues de nos personnages historiques que certains activistes aimeraient détruire.

     

    1.jpgDans la préface à La Révolte des masses qu’il écrivit à l’attention des lecteurs français, le philosophe Ortega y Gasset raconte comment, à l’occasion d’un séjour à Paris, il s’avisa qu’il ne connaissait personne dans la capitale, « personne… hormis les statues » « Parmi elles, relate-t-il alors, je rencontrai de vieilles amitiés qui avaient stimulé ma vie intime ou en avaient été les maîtres durables. N’ayant personne avec qui parler, c’est avec elles que je m’entretins. (…) Peut-être un jour ferai-je imprimer ces Entretiens avec les statues qui ont adouci une étape douloureuse et stérile de ma vie. » Magnifique témoignage d’une expérience qui nous est devenue étrangère. Loin d’adoucir nos vies, les statues aujourd’hui les enflamment. Elles tendaient à n’être plus que le décor de nos existences, et il suffit d’une étincelle allumée aux États-Unis pour qu’elles se retrouvent contestées, vandalisées, déboulonnées ici en France.

    Sans doute, non sans quelque ingratitude de vivants, ne prenions-nous plus aucun soin de nos statues, ne daignions-nous plus leur accorder un moindre regard. Elles étaient là, de leur présence massive, évidente, familière et en apparence immuable, fond sur lequel se détachaient nos existences affairées ou au pied duquel nous nous donnions rendez-vous mais sans pour autant concéder un salut à Diderot ou à Danton. Cependant, si l’habitude, l’accoutumance, émousse l’attention, elle ne détruit ni l’attachement ni la fidélité. Présences familières et par là même rassurantes, garantes de continuité et de stabilité, preuves de ce que tout «ne meurt pas sur les saisons» (Rimbaud), les statues opposent la plus farouche résistance à la société liquide. Tout passe, elles demeurent. Elles sont, de surcroît, constitutives d’un monde qui nous est commun, et commun avec les morts. Le Condorcet du quai Conti, cher à Ortega y Gasset ne dédaignerait sans doute pas que nous poursuivions la conversation avec lui. C’est pourquoi ces offensives dirigées contre Colbert, Joséphine, Faidherbe, Hugo sont vécues comme des offenses par la grande majorité des Français, indépendamment des connaissances historiques qu’ils peuvent avoir des faits incriminés. Déboulonner, débaptiser une rue sont des gestes d’une extrême brutalité.

    Les militants dits antiracistes veulent que nous tournions nos regards vers ces témoins de pierre qui jalonnent nos villes et scandent nos promenades? Prenons-les au mot. Que ces passions épuratrices nous soient l’occasion de redécouvrir nos statues et, à travers elles, notre histoire. Que ces présences muettes mais impérieuses nous soient des éperons ; que chacune d’elles aiguise notre curiosité et notre soif de savoir, nous rappelle à notre amnésie historique et nous porte à rouvrir les livres d’histoire. «Les Français sont des héritiers, mais pour sauver l’héritage, il faut être capable de le conquérir à nouveau.» Entendons Raymond Aronet faisons de nos statues le point de départ de la reconquête! Un point de départ concret, charnel, incarné. Ces procureurs acharnés de la France, ces abstractions, aurait dit Camus, incarcérés dans leur prison idéologique, sont perdus pour la discussion, mais ils se nourrissent et se fortifient de nos doutes, de nos «en même temps», de notre sentiment d’illégitimité et d’abord de l’ignorance institutionnalisée. Quatre décennies d’éducation progressiste et presque autant de tyrannie de la repentance ont fait leur œuvre. Dans leur grande majorité, les moins de 50 ans vivent en étrangers dans leur propre pays, privés de l’expérience séminale, décrite avec gourmandise par François Mauriac, d’«habiter familièrement l’histoire de France», de s’y «promener comme dans un château de famille dont les moindres recoins nous eussent été connus(…) des rois fainéants à Jeanne d’Arc, de Jeanne Hachette au Grand Ferré, des camisards aux chouans, tout a été buriné à jamais dans notre cœur.»

    Que savent encore de la France nos concitoyens sinon qu’elle a été et demeure, leur répète-t-on, raciste, patriarcale, sexiste, misogyne, xénophobe, islamophobe, homophobe, transphobe, cruelle aux bêtes, j’en oublie assurément? Et avec quelles armes voudrions-nous qu’ils puissent répliquer à cette rhétorique victimaire et accusatrice? «D’autant que l’âme est plus vide et sans contrepoids, écrivait Montaigne, elle se baisse plus facilement sous la charge de la première persuasion.» Regarder les statues qui balisent nos villes comme autant d’invitations au voyage dans notre passé, dans la sédimentation des siècles dont le présent est la concrétion, c’est les rendre à leur mission première, que leur confia la monarchie de Juillet d’abord, la IIIe République ensuite: une mission pédagogique.

    La monarchie de Juillet hérita d’une France divisée, fracturée, décomposée par la Révolution. Elle va s’atteler à recoudre la robe déchirée, à réconcilier les deux France. « Il faut donner quelque chose à aimer, et leur donner à aimer la France », les mots sont de la philosophe Simone Weil mais ils résument le dessein de Louis-Philippe. L’époque est celle des grands historiens, tel Michelet, et c’est à l’histoire que la monarchie de Juillet confiera la tâche de cimenter le peuple français. L’établissement des statues s’inscrit, avec la galerie des Batailles de Versailles, avec la loi de Guizot sur l’enseignement de 1833 qui accorde une place éminente à l’histoire nationale, ou encore la commission du patrimoine, bientôt présidée par Mérimée, dans une constellation de mesures qui travaillent toutes à doter les Français d’un imaginaire commun. Louis-Philippe mise sur les vertus de mise en forme et en sens du récit pour forger une conscience nationale, mais aussi sur les vertus d’incarnation des images et de la statuaire. Ces témoins de pierre présentent la vertu insigne de donner un visage à l’histoire, et c’est cela qui les a rendues si précieuses à l’orléanisme comme à la IIIe République. En somme, la France post-révolutionnée est la première à donner raison à Burke, contempteur de son abstraction: sur la Déclaration des droits de l’homme, sur les «valeurs», sur l’universel, on ne construit rien, et surtout pas un peuple. L’âme humaine a besoin de réalités particulières.

    «Le passant est invité à lire, déchiffrer, s’instruire et pas seulement admirer» les statues, rappelle l’historien Maurice Agulhon. Nos statues nous parlent d’une France qui, plutôt que d’enfermer chacun dans le cercle étroit de son identité, le rattachait à une réalité plus vaste que la sienne, celle de la patrie. Une France qui certes renvoyait l’identité sexuée et sexuelle, religieuse, ethnique dans la sphère privée, non toutefois pour abandonner chacun au vide identitaire, mais afin de permettre à tous de prendre part à une épopée commune. Une France, enfin, qui, si nous lui demeurions fidèles, nous armait contre cette redoutable exigence de «visibilité», en exaltant au contraire cette belle et noble vertu qu’est la discrétion. Ne pas laisser le moi privé envahir l’espace public était notre code. Et si les Français sont si attachés à la laïcité, j’incline à penser que c’est en très grande partie pour cette prescription essentielle à la vie en commun. Les statues, choses belles, fragiles et périssables… Rappelés à leur présence muette par les procureurs et fossoyeurs de la France, ne les leur abandonnons pas.

     

    Bérénice Levet a en particulier publié «Le Musée imaginaire d’Hannah Arendt. Parcours littéraire, pictural et musical de l’œuvre» (Stock, 2011), «La Théorie du genre ou le Monde rêvé des anges», préfacé par Michel Onfray (Livre de poche, 2016) et «Le Crépuscule des idoles progressistes» (Stock, 2017). Dernier ouvrage paru: «Libérons-nous du féminisme!» (Éditions de l’Observatoire, 2018).

  • La tempête annoncée !, par Hilaire de Crémiers.

    Même quand tout devient tragique, ils restent les mêmes.

    La phrase fut lâchée à petit bruit en plein milieu du mois de septembre, au cœur de ce qu’on appelle la « rentrée » où chacun, dans la vie civile comme dans la vie politique, réajuste son programme et son discours : Édouard Philippe, pour se rappeler au bon souvenir des Français et, sans doute, du premier d’entre eux, lançait, lui, l’homme froid et décidé, un avis de tempête. Sobriété de ton, violence du propos.

    hilaire de crémiers.jpgTempête économique, précisait-il, tempête sanitaire, tempête sociale, « tempête à tous égards ». Il ajouta à son énumération sèchement descriptive : « peut-être, une tempête politique ». Comme si cette dernière tempête qui devait mettre le comble à toutes les tempêtes si scrupuleusement annoncées, ne pouvait être, sous forme de subtile probabilité, qu’inéluctablement attendue. Donc supputée, donc anticipée, donc évaluée dans les calculs de la navigation politique, donc, afin de faire bouger les flots et tanguer le navire, secrètement espérée. Image parlante ! Venez, venez, orages désirés !

    Qui a « géré » ?

    L’ancien Premier ministre intervenait publiquement dans une réunion électorale, quelques semaines à peine après son départ de Matignon ; et on se souvient que ce retrait, tout en discrétion et gravité, conçu et réalisé avec soin et diligence dans la très opportune circonstance du deuxième tour des élections municipales, lui permit de récupérer aisément l’Hôtel de Ville du Havre qu’il considère comme « sa » ville, autrement dit comme « son » fief. Il avait maintenu sur ce coin de terre ferme son existence politique, tout en se jetant hors du navire gouvernemental. Il le rappelait à qui de droit !

    Ainsi, sans que personne s’en étonnât – sauf, peut-être, le premier cercle de la macronie –, celui qui a dirigé pendant trois ans le gouvernement de la France s’autorisait à énoncer coram populo sur l’état du pays le plus sévère des jugements et le plus terrible des pronostics.

    Or, que l’on sache, c’est l’état dans lequel lui-même l’a laissé à son successeur, Jean Castex, et dont il est nécessairement et évidemment responsable, lui, au premier chef, tout autant que le président qu’il assurait servir loyalement ; car il servait, disait-il, faisant fi fièrement de sa carrière et rompant intelligemment avec son parti ! C’est lui et nul autre qui prétendait sous la présidence macronienne qu’il ralliait, réformer la France malgré les Français, uniformiser le système des retraites malgré les intéressés, contraindre les citoyens jusque dans leur vie quotidienne par ses décisions technocratiques sans l’avis des élus locaux, provoquant la révolte des Gilets jaunes, mettant le pays sous tension permanente, sans régler pour autant aucun des problèmes de fond qui inquiètent les Français : la sécurité, la lutte contre l’immigration, la liberté d’entreprendre, la moralité publique, le redressement éducatif, la perte catastrophique d’indépendance et de substance de notre pays que la crise elle-même révélait cruellement.

    Enfin, c’est lui qui a « géré », comme on dit maintenant, toute la première phase pour le moins chaotique de cette crise sanitaire où le mensonge d’État a couvert l’incurie administrative et la sottise politique ; c’est lui qui, le premier, a cassé la machine économique française, plombé les finances, alourdi la dette, enfermé les Français dans l’alternative morbide, soit du renoncement à toute activité vitale, soit du risque mortifère de la pandémie généralisée. D’où il semble impossible de sortir encore aujourd’hui, tant l’administration omnipotente aux ordres d’un État inepte a pris l’habitude de tout réglementer au nom de la France et des Français, à la grande fureur d’une partie du peuple qui ne demande qu’à vivre et à travailler, tout autant qu’à la folle inquiétude de l’autre partie qui est savamment terrorisée. Si le pays en est là aujourd’hui, c’est donc en grande partie à lui qu’il le doit, comme à Macron qui, au-dessus de son Premier ministre, s’amusait, lui, comme un gosse immature qui se croit surdoué, à jouer au chef de guerre en se prenant pour Clemenceau !

    Et voilà qu’à Angers, chez son ami Christophe Béchu, Édouard Philippe a renouvelé son analyse et ses pronostics – mais à huis clos – devant un petit parterre d’élus choisis soigneusement, tout en faisant connaître que s’il était toujours loyal, ce n’était qu’à l’égard de ses propres convictions, à savoir, comme il l’a précisé, « l’audace, le dépassement politique et l’ambition réformatrice ».

    L’information ainsi divulguée apprend à qui veut bien comprendre, qu’Édouard Philippe est loyal d’abord envers lui-même, ce qui ouvre des perspectives pour sa propre carrière et pour celle de ses amis. Ce généreux sentiment de loyauté – c’est vraiment admirable ! – est conforté par les bons sondages qui le concernent – c’est ainsi en République – et par la difficulté simultanée qu’éprouve Jean Castex à convaincre les Français dans la poursuite d’une politique qui semble aussi vaine que périlleuse pour l’avenir du pays. La voix de Philippe se fait entendre alors que le parti présidentiel LREM traverse une crise existentielle, accumulant les échecs électoraux, multipliant les querelles internes qui se manifestent en départs tonitruants, tel celui, tout dernièrement, de Pierre Person ; alors que le ministre de la Santé, Olivier Véran, dresse le midi provençal contre la dictature parisienne ; que le garde des Sceaux, Dupond-Moretti, impose aux magistrats ses billevesées d’avocat de gauche, allant jusqu’à nommer Nathalie Roret, sa consoeur avocate, à la tête de l’École Nationale de la Magistrature, jusqu’ à vouloir faire filmer les séances judiciaires au mépris de toute réserve et de toute pudeur. La France est gouvernée par une bande de fous qui cherchent tous à se faire valoir, quel que soit leur parti, ancien, nouveau, LREM, EELV, MoDem avec un Bayrou prêt déjà à trahir le président qui, d’une manière insensée, lui a accordé un commissariat au plan dont l’homme compte bien se servir comme d’un instrument de domination. Même le président s’est mis en colère contre sa bande innombrable de ministres et de sous-ministres qui ne cherchent que leur intérêt.

    Imposture républicaine

    Les prétentions d’Édouard Philippe sont du même ordre et de la même qualité. Il était utile de revenir ici sur son cas. Il est caractéristique du régime dont il est l’émanation, comme Macron, et qu’il utilise à ses fins. C’est ce régime qui est la plaie de la France.

    Macron dénonce « le séparatisme », nouvel euphémisme pour dissimuler l’inaptitude radicale des gouvernants à concevoir le mal qui ravage le pays, en essayant d’hypostasier une République qui ne justifie en fait que leur envie de s’en emparer. Et, dans le même temps, la France apprend que l’auteur du dernier attentat était un faux mineur qui vivait au frais du contribuable, comme tant d’autres, par milliers et qui coûtent des milliards, et qu’il avait son droit de séjour, prêt ainsi à faire venir au titre du regroupement familial d’autres membres de sa tribu.

    En France, aujourd’hui, tout est fraude, tout est absurde. La fraude sociale atteint des sommets comme l’a montré Charles Prats dans son livre Cartel des fraudes, paru chez Ring. Édouard Philippe a couvert de sa prétendue rigueur cet ensemble de monstrueuses politiques. Premier ministre, n’avait-il pas monté un plan d’action pour le département le plus désolé de France, la Seine-Saint-Denis afin de remédier à « ses difficultés hors normes », en accordant, entre autres, 10 000 euros de prime à tout fonctionnaire qui accepterait d’y tenir un poste ? Oh, la bonne République ! Eh bien, le décret d’application n’est même pas signé et les élus locaux sont furieux, comme il se doit. Ce qui n’empêche pas Édouard Philippe de pointer son nez dès maintenant, au cas où la barre du navire serait à nouveau à prendre. Et combien comme lui ? Peut-être même Hidalgo ! Eh oui, c’est possible ! Cependant que tous les comptes publics sont à la dérive et que personne ne sait où en sera la France dans un an !

    Au fond l’institution républicaine ne tient que par l’appétit du pouvoir qu’elle suscite chez ses protagonistes et qui fait que le jeu recommence indéfiniment. Des discours, des discours, des discours ! Words, words, words !

    Macron, Philippe, Véran, Dupond-Moretti, tous quels qu’ils soient, ressemblent à ce préfet de police des Histoires extraordinaires d’Edgar Poe qui, dans sa suffisance, s’imaginant tout savoir et croyant tout comprendre, passait son temps « à nier ce qui est et à expliquer longuement ce qui n’est pas ».

     

    Illustration : Ah ! si une bonne tempête pouvait me faire revenir au pouvoir.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Sur le site officiel de l'Action française : La com­pé­ti­tion des médiocres, l’éditorial de François Marcilhac.

    C’est sous les huées et les sif­flets qu’a donc com­men­cé, à Mar­seille, la cam­pagne élec­to­rale de Macron pour la pro­chaine pré­si­den­tielle. 

    françois marcilhac.jpgFlan­qué de l’inénarrable et indé­bou­lon­nable Blan­quer, un temps adu­lé par la droite la plus bête du monde comme le res­tau­ra­teur de l’éducation natio­nale et qui n’en finit pas d’en abattre les der­niers pans — ain­si d’un bac­ca­lau­réat qui n’est plus qu’une vaste fumis­te­rie, si bien qu’il faut sérieu­se­ment se deman­der s’il ne convien­drait pas, tout sim­ple­ment, d’en acter la mort —, il était venu dans la deuxième ville de France à la fois par­ler sécu­ri­té et assis­ter à la ren­trée sco­laire. Par­ler, assis­ter sont les termes exacts. Car il va de soi que ce ne sont pas deux cents poli­ciers sup­plé­men­taires qui résou­dront les pro­blèmes de sécu­ri­té endé­miques et gra­vis­simes d’une ville gan­gré­née par plu­sieurs décen­nies d’aveuglement, pour ne pas dire plus, toutes majo­ri­tés confon­dues, sur le déve­lop­pe­ment de maux qui gagnent pro­gres­si­ve­ment la France entière, Mar­seille étant sim­ple­ment une des vitrines de ce que devient la France du grand remplacement.

    Avoir pas­sé une semaine à un camp Maxime Real del Sarte à tous points de vue his­to­rique, où nous avons été plon­gé par­mi une jeu­nesse patriote, saine, dés­in­té­res­sée et dyna­mique, chaque année plus nom­breuse au ser­vice de la France et du Roi, et nous retrou­ver devant ces poli­ti­ciens aux mul­tiples visages, mais tous aus­si bla­fards les uns que les autres, confirme com­bien Maur­ras avait rai­son, après Pla­ton, de sou­li­gner comme une véri­té intem­po­relle que « Démo­cra­tie finit en Médio­cra­tie ». Dans Les Sep­ten­nats inter­rom­pus, Phi­lippe de Saint-Robert fait obser­ver au géné­ral De Gaulle, s’agissant de Pom­pi­dou — nous sommes en 1969 et Pom­pi­dou n’est plus pre­mier ministre — qu’ « entre son des­tin et celui de la France, on ne voit pas très bien le lien ». Et De Gaulle de répondre, sim­ple­ment : « En effet, il est mince. »

    Que dire alors, tan­dis qu’un autre ancien sala­rié de Roth­schild occupe le siège pré­si­den­tiel, mais lui, sans être du tout patriote — nous sommes encore tom­bés d’un cran —, du lien entre les des­tins, si tant est qu’ils en aient un, non seule­ment d’un Emma­nuel Macron, mais aus­si d’un Yan­nick Jadot, d’une San­drine Rous­seau, d’une Anne Hidal­go, d’un Xavier Ber­trand, d’un Michel Bar­nier ou d’une Valé­rie Pécresse — la liste n’est évi­dem­ment pas exhaus­tive — et celui de la France ? Il est vrai que tout ce beau monde, et nous pou­vons ajou­ter Jean-Luc Mélen­chon et Marine Le Pen, n’ont plus guère la France à la bouche : ils lui pré­fèrent LA répu­blique, pas même la fran­çaise, non, LA répu­blique tout court. Oui, « Démo­cra­tie finit en Médio­cra­tie ». Mal­heu­reu­se­ment, elle entraîne la France avec elle.

    Tous les sept ans jadis, tous les cinq ans désor­mais, LA répu­blique rejoue la même comé­die du pou­voir, vou­lue par le même De Gaulle, qui s’en est, du reste, mor­du les doigts dès la pre­mière repré­sen­ta­tion — le plé­bis­cite n’aboutit qu’à une contre­fa­çon de la légi­ti­mi­té royale, dès lors pri­son­nière des par­tis. De nom­breux com­pé­ti­teurs, mais une seule place à prendre, gras­se­ment rétri­buée, et dont les occu­pants, depuis Gis­card, ont pro­gres­si­ve­ment, conscien­cieu­se­ment, réduit à la fois l’autorité et les com­pé­tences, au pro­fit du Moloch euro­péen, sous domi­na­tion alle­mande, qui nous dicte sa poli­tique. Certes, rien n’est défi­ni­tif, mais les Fran­çais le per­çoivent, qui n’ont plus d’estime non seule­ment pour ses tenants, mais, ce qui est plus grave, pour la fonc­tion elle-même. Non qu’ils déses­pèrent du réga­lien mais ils per­çoivent que la place tou­jours néces­saire du Roi n’est plus occu­pée, même de manière impar­faite ou tra­ves­tie. Chaque élec­tion pré­si­den­tielle étant un ren­dez-vous man­qué, il y a à parier que le peuple, qui com­mence à le com­prendre, ne vienne plus en nombre suf­fi­sant par­ti­ci­per à cette com­pé­ti­tion des médiocres pour douer le vain­queur d’un fan­tôme de légi­ti­mi­té. En 2017, il a déjà com­men­cé à déser­ter les urnes et le mépri­sant man­dat de Macron n’aura fait qu’attiser la colère du pays réel envers un per­son­nel qu’une échéance élec­to­rale, mal­heu­reu­se­ment, sauf énorme sur­prise, ne sau­rait congé­dier, même s’il le mérite ample­ment, puisque, la Répu­blique, telle l’hydre de Lerne, est ce ser­pent dont les têtes repoussent dès qu’elles sont coupées.

    La solu­tion est ailleurs. A nous, chaque jour, d’en convaincre davan­tage de Français.

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    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Macron : le référendum qui fait pschitt ?, par Jean Bouër.

    Un référendum inutile au regard de la Constitution, qui ne sert qu'une tactique politicienne visant à siphonner les voix écologistes, et dont l'annonce prématurée est noyée par la gestion calamiteuse de l'épidémie.

    Ça y est ! Jupiter a décidé de lancer son référendum. Il a enfin sa consultation du peuple français.

    Mais, à la différence de certains de ses prédécesseurs, il ne veut pas l’interroger sur les institutions (comme fit de Gaulle en 1962 pour l’élection du président au suffrage universel direct) ou sur un traité international. Macron a préféré proposer au référendum une cause sans adversaire qui correspond bien aux peurs actuelles, sans être un repoussoir pour l’élite : celle du climat. Car, au fond, personne n’est pour le réchauffement climatique produit par l’homme. Qui va être pour la fonte de la banquise ou le relèvement du niveau de la mer ? C’est sûr, ce n’est pas l’immigration

    Paradoxalement, le président qui clive a donc trouvé un sujet qui heurte peu la doxa contemporaine. Jupiter s’en remet donc aux mânes de Gaïa. Concrètement, les citoyens seront appelés à approuver la modification d’un article de la Constitution de 1958 qui traite de l’identité de la République : l’article 1er. Dans son premier alinéa, il prévoit que « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée. » Son deuxième alinéa, introduit en juillet 2008 pour faire référence à la parité hommes-femmes (notamment pour les listes électorales), prévoit que « la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. » Comme on le voit, cet article originellement minimaliste a fini par être surchargé par les causes du moment : la parité, la décentralisation. On pourra aussi s’étonner de cette volonté de réviser la Constitution dans un sens « environnementaliste », alors qu’il y a déjà des dispositions constitutionnelles en la matière. Ainsi, la Charte de l’environnement de 2004 prévoit dans les questions de l’écologie des dispositions assez disparates allant du « droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé » (article 1er) à l’obligation pour les pouvoirs publics de « promouvoir un développement durable » (article 6). Ce catalogue de principes a même été appliqué par le juge constitutionnel ou administratif, comme le démontrent certaines décisions, et ce au rebours d’esprits qui contestaient son invocabilité dans des contentieux. Plus récemment, dans une décision rendue en janvier 2020, le Conseil constitutionnel estimait que « la protection de l’environnement, patrimoine commun des êtres humains, constitue un objectif de valeur constitutionnelle »1. Fallait-il donc en rajouter encore ? En outre, la question du climat est trop générale pour se prêter à un procès particulier : il est difficile de l’invoquer, par exemple, dans un litige relatif à un permis de construire !

    Retricoter la Constitution

    Techniquement, la voie sera celle de l’article 89, alinéa 2 de la Constitution, procédure de droit commun des révisions constitutionnelles. Normalement, il faut un vote identique des deux assemblées, puis un référendum, même si le texte peut être adopté par le Parlement réuni en Congrès à Versailles. En réalité, c’est surtout cette dernière voie qui a été utilisée pour la quasi-totalité des 24 révisions constitutionnelles entreprises depuis 1958 : seule la mise en place du quinquennat a été opérée par voie référendaire2. Dans la mesure où le sujet est peu clivant, on peut supposer que l’obstruction du Sénat sera plus faible qu’en 2016 lorsqu’il retoqua le projet de loi constitutionnelle de François Hollande qui envisageait la déchéance de nationalité. Le prédécesseur de Macron dut se résoudre en mars 2016 à l’abandon de cette initiative3. Or Macron est assez fin pour savoir que Gérard Larcher et le Sénat ne pourront pas s’opposer à une réforme trop peu idéologique dans le champ politique. En utilisant le référendum pour rendre possible une révision constitutionnelle, Macron sera peut-être le premier président à réussir une réforme de la Constitution depuis juillet 2008, quand Sarkozy obtint à deux voix de majorité une révision importante qui revenait sur des dispositifs importants de la Constitution de 1958 (comme le monopole de l’ordre du jour au profit de l’exécutif ou la délibération en séance publique sur la base du seul texte du Gouvernement). Macron pourra modifier la norme suprême au moyen d’un thème consensuel. On le voit, ce référendum est plein de calculs et d’arrière-pensées.

    Le sens caché du vote

    On peut ironiser sur les raisons de ce recours au référendum : elles sont complexes, mais méritent d’être creusées. Depuis trois ans, le macronisme, malgré son individualisme et son mépris du conservatisme, tend fâcheusement à tomber sur sa jambe droite, même si, en soi, il est plus « à droite » que « de droite ». En mai 2019, aux élections européennes, la liste LREM avait même pris sur un électorat bourgeois de droite, effrayé par les casseurs et les Gilets jaunes. À part lancer un projet de loi contre le séparatisme, Macron ne peut plus vraiment séduire sur sa droite, sauf à radicaliser encore plus son discours. Mais dans ce cas, ce serait renier complètement le discours équivoque du « en même temps ». Alors, il lui faut chercher ailleurs. À gauche, la rupture est consommée depuis bien longtemps. L’ISF ou la réforme – certes avortée – des retraites ont laissé des traces. Même sur le plan social, Macron est inaudible. Il ne lui reste alors plus qu’à séduire un électorat – ou plutôt une sensibilité – vaguement écolo. Car les dernières municipales de mars et juin 2020 ont révélé dans les grandes villes une poussée en faveur de l’écologie politique. Dans certaines villes comme Bordeaux ou Strasbourg, des maires écologistes ont été élus. Macron ne veut pas perdre cet électorat urbain qui, en 2017, avait contribué à son élection présidentielle. On voit mal l’électeur écologiste voter contre. Les études ont même démontré que dans les électorats de gauche, l’électorat vert présentait le plus de porosité avec le vote Macron. Un tel référendum pourra donc servir de test avant l’échéance de 2022. Il permettra de consolider la base électorale de Macron en lui garantissant l’existence d’un bloc électoral non hostile. Même si tous les électeurs votant « oui » ne seront pas des macronistes patentés, il y aura néanmoins une part suffisante d’électeurs LREM remobilisés pour l’occasion. Avec une cause sans vrais opposants, Macron pourrait donc remporter le référendum. Et si Macron le perdait ? Ce serait une manière de sortir par le haut, en ne se représentant pas en 2022. Tout cela grâce à un sondage grandeur nature. Quitte ou double, donc. Mais à peine proposé le 14 décembre dernier, le référendum a été évacué des débats. Le vaccin contre le Covid nous ramenant sur le plancher des vaches. Le référendum qui fait pschitt ? Affaire à suivre…

    Illustration : « Voulez-vous sauver la planète avec moi en me plébiscitant ou contribuer à la détruire égoïstement ? » Macron maîtrise l’outil du référendum.

    1. CC, n° 2019-823 QPC, 31 janvier 2020, Union des industries de la protection des plantes.
    2. Et sur les trois référendums relatifs à une révision constitutionnelle, une seule a été fondée sur l’article 89, les deux autres ayant comme fondement le controversé article 11 de la Constitution qui ne mentionne pas explicitement la révision constitutionnelle.
    3. À ce titre, voir l’étude d’Henri Jozefowicz, « Une révision constitutionnelle sous… urgence ? Anatomie d’une non-révision », Politeia, n°28, automne 2015, p. 25-37.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Xavier Raufer : “Gérald Darmanin est paralysé”.

    Xavier Raufer fait le bilan sécuritaire de quatre ans de macronisme, mais aussi de l’action de son ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Analyse sans concession du fonctionnement de ce ministère et de la lutte (dérisoire) contre le trafic de .


    Nous sommes à un an des . S’il est peut-être trop tôt pour tirer un bilan de la macronie, toutefois on peut tirer un premier bilan de Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur. Entre choc et action relative, Gérald Darmanin est-il un bon ministre de l’Intérieur ?

     

    Même s’il avait l’étoffe pour l’être, le facteur temps l’écrase complètement. Par conséquent, il ne peut pas l’être. La machine gouvernementale et ministérielle la plus lourde et la plus intraitable de toute la République française est celle du ministère de l’Intérieur. Ce sont trois ministères en un. C’est le ministère de la Sécurité, de l’administration territoriale et le ministre des Cultes. Un seul de ces ministères serait déjà beaucoup pour les épaules d’un seul homme, alors trois ensemble…

    De plus, ce ministère n’a jamais été réformé. Les couches se sont superposées depuis des décennies. On ne touche pas au ministère de l’Intérieur en France. Ce ministère de l’Intérieur est non seulement difficile à piloter, très lourd et lent, mais en plus il est fragile. Il suffit d’avoir un ou deux ministres de l’Intérieur, moyens, médiocres et le ministère ralentit et menace de s’arrêter.

    Imaginez la succession de toquards que nous avons eus comme ministres de l’Intérieur.

     

    Avec qui a commencé la des toquards ?

     

    La série des toquards a démarré avec l’arrivée de Cazeneuve. C’est un petit roquet qui aboie et un lâche. Il engueule les grands cadres du ministère de l’Intérieur et les grands flics, mais lorsqu’un flic lui dit que ça ne va pas se passer comme cela, il disparaît. Ce n’est donc pas un héros.

    Par la suite, Castaner est arrivé. Ce dernier est un authentique pitre. Lorsqu’on a une succession comme celle-ci au ministère de l’Intérieur, le successeur a un énorme travail à faire. Il lui faudrait un an et demi à deux ans avant de reprendre la boutique en main.

    J’ai connu un préfet socialiste chargé de la sécurité de Michel Rocard. Il était sympa et n’était pas sectaire Selon lui Sarkozy au ministère de l’Intérieur a dû faire redémarrer la machine. Darmanin a hérité d’un ministère de l’Intérieur dans lequel on avait inventé des calembredaines qui ne tiennent pas la route. Des âneries comme celles-là les unes après les autres font que Darmanin n’a pas la tâche facile. Quand on s’attaque à une tâche très dure, le bas de la courbe tombera juste au moment de la présidentielle. Il est donc paralysé et par conséquent ne peut faire que du show-biz. Il pourrait faire du show-biz intelligent, mais le sien ne l’est pas.

     

    Lutter contre le trafic de drogue consiste à vider l’océan avec une petite cuillère. L’année dernière, 96 tonnes de cannabis ont été saisies en France. La France consomme chaque année entre 30 et 35 tonnes de cannabis par mois. Saisir 96 tonnes sur 4500 tonnes relève à prélever sur le trafic un impôt de 25 à 26 %. C’est moins que l’impôt sur les sociétés. Lorsque vous êtes dans la tranche supérieure de l’impôt sur les sociétés, vous payez 33 % d’impôt. Quand on sait que le trafic de stupéfiants a en moyenne un taux de profit de 50 %, chaque année, les narcos se mettent dans les poches à peu près 1,2 à 1,4 milliard d’euros par an.

    La deuxième erreur conceptuelle est le fait de s’en prendre au point de deal. Si Darmanin prétend qu’il y en a 4000 en France, c’est qu’il en a déjà fermé 1000. C’est absurde. Ce ne sont pas des supermarchés en dur avec des portes, des caisses enregistreuses et des caissières. Ce sont des caves, des couloirs et des entrées d’immeubles. Récemment, le président de la République a montré qu’il était là et qu’il se battait pour la ville. Il a été sur le point de deal du quartier de la Paillade à Montpellier et a dit que le trafic de drogue était fini. Les habitants ont dit à un journaliste du Figaro que les types avaient été 100 mètres plus loin et qu’ils ne s’étaient pas arrêtés de dealer pendant que Macron faisait son discours.

    Quand on essaie de réprimer la criminalité, on la déplace. La criminalité est fondée sur l’effet de déplacement. Si je ne peux pas attaquer les banques, je vais attaquer les chambres fortes des supermarchés. La criminalité de s’arrête pas lorsqu’on la réprime, mais elle se déplace. Manifestement, monsieur Darmanin ne le sait pas. A l’heure actuelle, il excite des gens et ne calme rien.

     

    Comment faire pour stopper cette criminalité ?

     

    Si elle ne fait que se déplacer, il faut voir d’abord où elle se trouve le plus fréquemment, pour reprendre la célèbre formule philosophique « d’ordinaire et le plus souvent ». Comment repère-t-on où sont les criminels d’ordinaire et le plus souvent ? Deux critères permettent de le faire.

    Tous les criminologues le savent, je ne suis pas en train de vous révéler un grand secret.

    Les criminologues savent qu’il faut repérer, si on peut utiliser l’image, quand l’animal s’agite. Il suffit de faire remonter les bonnes informations. La police le sait, mais comme on ne leur demande pas trop, naturellement ils gardent cela pour eux. Quand par exemple un trentaine de types font des guets-apens,  jettent des cocktails molotov et tirent des balles dans un certain nombre de métropoles ou dans la périphérie des grandes villes comme à Grenoble, Lyon ou Bordeaux. Cela ne se produit pas à Marseille puisque le contrôle criminel sur les quartiers nord-est tel qu’ils n’ont plus personne à chasser puisque plus personne ne les gêne. Cela se produit partout ailleurs où il y a cette espèce d’agitation anti-flic.

    Nous avons fait une grande étude l’année dernière à partir de notre base de données et nous avons comptabilisé en France 187 nuits avec une ou plusieurs émeutes. C’est à dire une nuit sur deux en 2020. On peut établir et prouver qu’au moins dix jeunes gens cagoulés ont tiré des mortiers d’artifice sur des flics ou des .

    Si vous voulez savoir où se trouvent les endroits de deals, il suffit de regarder là où les mâts de vidéos surveillances sont abattue par les dealers avec des disqueuses. Ces vidéos surveillances ne seront bien entendu pas tronçonnées sur les Champs-Elysées, mais dans certains quartiers.

    Avoir cette carte-là vous donne avoir la carte de France des endroits où les voyous sont chez eux.

    Une fois que vous savez tout cela, en croisant le critère émeute et le critère abatage de mats de vidéo surveillance, vous allez chercher les voyous et vous les arrêtez. C’est aussi simple que cela.

    Darmanin ne peut pas le faire. Ces chers petits anges ne vont pas se rendre en mettant les poignets en avant en disant « arrêtez-moi, j’ai pêché ». Pendant qu’ils se débattront, cela ira un peu plus mal avant d’aller mieux et là ce sera juste au moment où Macron expliquera que c’est le plus grand, le plus beau et qu’il a tout réussi.

     

    Xavier Raufer

    Docteur en géopolitique et criminologue
    Il enseigne dans les universités Panthéon-Assas (Paris II), George Mason (Washington DC) et Université de Sciences politiques et de droit (Pékin)
  • L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (104), Navigateurs (II) : Jacques Cartier (I/II)...

    Jacques Cartier est né vers 1491 à Saint-Malo. On sait peu de choses sur lui avant son premier voyage en 1534.
    Il a peut être effectué comme navigateur un voyage à Terre-Neuve ou au Brésil (il était du reste interprète en langue portugaise).
    Selon l'Histoire de la Nouvelle France (1609-1618), le premier ouvrage sur l’histoire du Canada français, écrit par l'avocat Marc Lescarbot, c'est Jacques Cartier qui aurait proposé lui-même ses services à l'amiral de France, Philippe Chabot en 1533, qui "les représenta à sa Majesté, & fit en sorte que ledit Quartier eut la charge".

    À la même époque, François Ier s’intéresse particulièrement à l’Amérique. Le roi de France s'attache à désserrer le contrôle du Nouveau Monde mis en place par les royaumes ibériques avec l'appui de la papauté (Bulle pontificale de 1493 "Inter Coetera", modifiée par le traité de Tordesillas de 1494) en limitant la portée de la Bulle aux territoires déjà découverts à cette date, limitation qu'il n'obtient que sous la forme d'une déclaration de Clément VII en 1533.
    François 1er peut donc pousser ses envoyés vers les territoires qui ne sont pas encore sous tutelle ibérique.
    Les protestations espagnoles nées de cette politique sont à l'origine de la célèbre répartie du roi de France: "Je voudrais bien voir la clause du testament d’Adam qui m’exclut du partage du monde"....

    Après avoir obtenu de l’amiral Chabot la permission de "voyager, découvrir et conquérir la Neuve-France, ainsi que trouver, par le Nord, le passage au Cathay ", Cartier reçut de François 1er l’ordre d’aller "de ce royaume ès Terres Neuves pour découvrir certaines ysles et pays où l’on dit qu’il se doibt trouver grant quantité d’or et autres riches choses".

    1. 20 avril 1534 : Premier des trois voyages de Jacques Cartier au Canada.


    Jacques Cartier partit de Saint-Malo, avec deux petits bâtiments et un équipage de 61 hommes. Après seulement 20 jours de traversée, il arriva à Terre-Neuve le 10 mai.
    Il entra dans le golfe par la baie des Châteaux (détroit de Belle-Isle) et suivit d’abord le littoral ouest de Terre-Neuve jusqu’au cap Saint-Georges, puis se dirigea vers les îles de la Madeleine, sans apercevoir le détroit entre Terre-Neuve et le Cap-Breton.
    Longeant ensuite l’île du Prince-Édouard, il s’engagea dans la baie des Chaleurs, croyant y trouver la fissure continentale qu’il cherchait. Le 6 juillet, Jacques Cartier et son équipage entrent en contact avec les premiers Amérindiens, des Micmacs, au large de la Baie des Chaleurs. Les navires français se trouvèrent promptement encerclés d'une multitude de canoés micmacs dont les occupants brandissaient des peaux de castor. Les Français échangent avec les Indiens des colifichets, couteaux, tissus... contre des peaux d'animaux.
    Le 24 juillet, Jacques Cartier arrive à Gaspé, y plante une croix de 30 pieds et prend possession du territoire au nom du roi de France.
    Il rencontre des Amérindiens, venus pêcher dans la région. Le chef indien du village de Stadaconé (Québec) qui s’appelle Donnacona n’est pas très satisfait de voir débarquer les Français. Cependant Jacques Cartier le convainc d’emmener en France ses deux fils, Domagaya et Taignoagny : pour preuves de la réalité de leurs découvertes, les explorateurs avaient en effet accoutumé de ramener en Europe quelques indigènes des terres neuves.
    Cartier se dirigea ensuite vers l’île d’Anticosti, sans voir, à sa gauche, l’embouchure du Saint-Laurent... Il examina la côte méridionale d’Anticosti, qu’il prit pour un cap, et décida de prendre le chemin du retour, de crainte d’avoir à hiverner en Amérique.
    Ayant suivi la côte du Labrador jusqu’à la baie des Châteaux, il rentra à Saint-Malo le 5 septembre après une traversée de 21 jours, avec les deux jeunes fils de chef amérindien qu’il va présenter au roi de France.
    Les deux Indiens apprirent un peu de français et révélèrent l’existence, vers l’ouest, d’un royaume fabuleusement riche, que Cartier prit pour le Cathay.

    2. 7 septembre 1535 : Jacques Cartier s'embarque pour son deuxième voyage, avec trois navires, La Petite Hermine (60 tonneaux), L'Émérillon (40 tonneaux) et la nef qui transporte Cartier, la Grande Hermine (120 tonneaux).
    Quinze mois de vivres ont été prévus. Jacques Cartier emmène avec lui, les deux fils du chef Donnacona, Taignoagny et Domagaya, qui parlent maintenant un peu le français.
    Les trois navires appareillent le 29 mai 1535 de Saint-Malo, et traversent l'Atlantique en 40 jours. Guidé par les deux Indiens, Cartier se rend droit à l’embouchure du Saint-Laurent.
    Il en remonte le cours, s’émerveillant de la beauté du pays en découvrant qu'il navigue sur un fleuve lorsque l'eau devient douce....
    À l'île d'Orléans, le 7 septembre, il s’arrêta à Stadaconé (ancien nom de Québec), où il revoit le chef Donnacona.
    Le chef essaie de dissuader les Français de remonter le fleuve, car il veut s'assurer du monopole du commerce. Cartier refuse et donne congé aux deux fils : il ira donc en amont sans interprète. Une partie des hommes restent et construisent un fortin, préparant le premier hivernage connu de Français en Amérique du Nord. Cartier continue à remonter le fleuve sur l’Émérillon, dont bientôt le tirant d'eau interdit de poursuivre au-delà du lac Saint-Pierre : il y ancre l’Émérillon et l'équipage poursuit en barques.
    Le 2 octobre 1535, Jacques Cartier et ses compagnons arrivent dans la région de Hochelaga. La nuit venue, ils se retirent tous à bord des barques. Tôt le lendemain matin, avec ses gentilshommes et vingt mariniers armés, Cartier entreprend à pied le chemin vers ce village, sur une voie bien aménagée.
    Marchant ainsi deux lieues (environ 8 km), ils peuvent enfin apercevoir cette bourgade palissadée de tronc d'arbres, sur une colline et entourée de terres cultivées, pleines de maïs (dit blé d'Inde), ainsi qu'il décrira le paysage entourant Hochelaga.
    Il nommera Mont Royal cette montagne de l'île et de la ville qui est aujourd'hui nommée Montréal.
    La bourgade n'a dans son rempart circulaire qu'une seule porte d'entrée. On y compte une cinquantaine de "maisons longues", communautaires. Le chef du village affirme que l'on peut continuer à remonter le fleuve vers l'ouest durant trois lunes et, de la rivière des Outaouais, se diriger vers le nord et pénétrer dans un pays où l'on trouve de l'or (qui est l'actuelle grande région de l'Abitibi).
    Bloqué dans sa marche par les rapides de Lachine, Cartier se renseigna sur la géographie du pays et la situation du Saguenay. Rentré à Stadaconé, il y hiverna, mettant ses navires à l’abri dans la rivière Saint-Charles.
    Cartier donne à la région de Stadaconé, le nom de Canada, tiré de de Kanata, dénomination qui sera généralisée par la suite à toute la vallée du Saint-Laurent, puis finalement à l'une des colonies de la Nouvelle-France.
    Ce nom signifierait "village de cabane" en langue indienne, ou tout simplement, village. D'après le site officiel du patrimoine canadien : "En 1535, deux jeunes autochtones indiquèrent à Jacques Cartier le chemin de "kanata". Ils faisaient allusion au village de Stadaconé, "kanata" étant simplement le mot qui désignait un "village" ou une bourgade dans la langue des Hurons ou des Iroquois. Faute d'une autre appellation, Cartier baptisa du nom de "Canada" non seulement Stadaconé (emplacement actuel de la ville de Québec) mais également tout le territoire gouverné par son chef, Donnacona...
    En avril, Cartier "emmène" Donnacona, pour le présenter à François Ier, avec ses deux "fils" et sept autres Indiens. Profitant du dégel, il met le cap sur la France, abandonnant La Petite Hermine, "faute d’un équipage assez nombreux" (25 des 110 équipiers étaient décédés du scorbut).
    En juin, Cartier aborde aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon. Les deux navires arrivent à Saint-Malo en juillet 1536, Cartier croyant avoir exploré une partie de la côte orientale de l'Asie.
    Donnacona est donc présenté au roi de France : il fut, ainsi, le premier à avoir tissé des relations diplomatiques avec les Français....

     

    Pour retrouver l'intégralité du feuilleton, cliquez sur le lien suivant : L'aventure France racontée par les Cartes...

     

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  • Éphéméride du 29 octobre

    1825 : À Lyon, la Place Bellecour retrouve sa statue équestre de Louis XIV 

     

    Le 21 mai 1713, Louis XIV, séduit par le site de la Place Bellecour, décide d'y faire édifier sa statue équestre, la place s'appelant alors Place Royale ou Place Louis-le-Grand : la statue doit s'élever au centre d’un rectangle délimité sur trois côtés par des arbres. Robert de Cotte, l'architecte royal, précise que la statue sur le piédestal regarde au nord, passage le plus fréquenté par la communication des deux ponts du Rhône et de la Saône, pour être vue de face.

    La première statue, sculptée par Martin Desjardin, érigée en 1713, fut détruite et fondue pendant la Révolution en 1793. Il fut décidé, sous la Restauration, de la remplacer : l'actuelle statue, couramment appelée "Le Cheval de Bronze", représentant Louis XIV en Empereur romain, fut construite par le sculpteur François-Frédéric Lemot; fondue à Paris, elle fut transportée à Lyon en 12 jours, tirée par 24 chevaux et mise en place le 29 octobre 1825. Elle mesure 5,70 m de haut et pèse 15 tonnes.

    Les statues du Rhône et de la Saône réalisées en 1714 par les frères lyonnais Guillaume et Nicolas Coustou - cachées pendant la Révolution à l'Hôtel de Ville - furent replacées en 1826.

    Le piédestal dessiné par Jules Hardouin-Mansard, orné d'appliques de bronze de Chabry fut rebâti. 

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    La Place Bellecour ou Place Louis-le-Grand est la plus grande place de Lyon (62.000 m2) et la troisième plus grande place de France, après la place des Quinconces à Bordeaux (126.000 m2) et la place de la Concorde à Paris (86.400 m2). Elle est souvent présentée comme rectangulaire mais c'est une place trapézoïdale avec une taille de 300 mètres par 220/190 mètre.

    Elle est plus grande que le Zócalo de Mexico (230×192 m) et que la place Rouge de Moscou (330×70 m).

    C'est également la plus grande place piétonne d'Europe, les places précédemment citées pouvant accueillir des véhicules, au contraire de la place Bellecour. 

     

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    1882 : Naissance de Jean Giraudoux
     
     
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     "Ceux qui ne voient que l'amour dans le monde sont aussi bêtes que ceux qui ne le voient pas." - La guerre de Troie n'aura pas lieu
     
    "On ne tue bien que ce qu'on aime." - La guerre de Troie n'aura pas lieu
     
     "L'humanité est une entreprise surhumaine". - Intermezzo
     
     

     

     

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    1932 : Mise à l'eau du Normandie

     

    Il s'agit à l'époque du plus grand et du plus beau paquebot du monde.

    C'est le fleuron de la Compagnie Générale Transatlantique : construit aux Chantiers navals du Havre, il mesure 312 mètres de long et peut recevoir 1972 passagers.

    Son existence sera courte : réquisitionné par les États-Unis pendant la Guerre, il sera ravagé par un incendie dans le port de New York en 1942.

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    1959 : Première parution des Aventures d'Astérix le Gaulois

     

    On les doit au duo Uderzo (pour les desseins) et Goscinny (pour les textes).

    Si certains vont peut être un peu loin en y voyant une sorte d'allégorie de la France gaullienne, luttant héroïquement contre la domination/uniformisation états-unienne (quoi que...), on ne peut qu'en apprécier l'humour souvent profond et les jeux de mots fort sympathiques qui font toujours passer un bon moment.

    On sait maintenant ainsi, par exemple, qu'il ne faut jamais parler sèchement à un Numide... et tant d'autres choses encore !       

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    http://www.asterix.com/index.html.fr

     

    Inattendu et très original, l'hommage de la Patrouille de France à Astérix :

              PATROUILLE DE FRANCE ASTERIX.wmv     

      

     

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    1959 : Baptême de Foujita

     

    Peintre, décorateur, graveur, dessinateur... cet amoureux fou de Paris et de la France, de sa Culture, de sa Civilisation, posa ses valises à Montparnasse, en 1913, pour ne plus jamais repartir (sauf pour aller se faire soigner, en vain, d'un cancer, à Zurich, où il mourut) :

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    https://francearchives.fr/fr/commemo/recueil-2018/82611691

     

    Naturalisé dès 1917, converti au catholicisme, c'est le 29 octobre 1959 qu'il reçut le baptême qu'il avait demandé, devenant alors Léonard Tsuguhanu Foujita. Il fit savoir haut et fort qu'il se convertissait, et expliqua son choix du prénom par son admiration pour le père de la Joconde...

    Il demanda à être enterré dans la très belle église de Notre-Dame-de-la-Paix (ci-dessous), à Reims, qu'il avait lui-même décorée : en choisissant Reims, la ville des Sacres, pour son repos, et en embrassant la religion traditionnelle du peuple français, Foujita montra bien comment il avait fait sienne cette Culture et cette Civilisation qu'il avait tant aimée et admirée, au point de vouloir s'y incorporer...

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    1981 : Mort de Georges Brassens

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    Bien plus que comme un simple chanteur, ou un artiste de variétés, aussi talentueux soit-il, Brassens peut - et doit - être considéré, si l'on se réfère à l'ensemble de son oeuvre - pour reprendre la formule consacrée... - comme un brillant promoteur et illustrateur de la Langue française.

    À l'instar des grands chanteurs du Canada (les Vigneault, les Leclerc...), il n'a cessé, par la qualité de ses textes et le soin qu'il apportait au maniement de la langue, d'être, justement, un grand défenseur de la langue et de l'esprit français, qu'il a diffusé et fait aimer non seulement en France mais aussi dans le monde entier, comme en témoignent les traductions de ses chansons dans des langues aussi diverses que l'hébreu ou le japonais; et le succès constant qu'elles continuent de remporter dans de nombreux, et lointains, pays...

    La Francophonie, l'extension et la vitalité du français dans le monde, ce ne sont pas seulement des réunions au niveau gouvernemental ou des budgets à voter pour financer telle ou telle activité : cela passe aussi par les chansons, et par les chanteurs lorsque, comme Brassens, comme ces Canadiens français, ils produisent des textes de qualité avec des airs et des mélodies sur lesquels le temps n'a pas de prise. Et qui, eux aussi, même s'il s'agit d'un art considéré comme mineur, peuvent exprimer de la poésie pure, et véhiculer leur part de sagesse, de philosophie...

    Brassens a, par ailleurs, mis en musique plusieurs poèmes célèbres, contribuant ainsi à les populariser encore plus : par exemple - mais il en a chanté bien d'autres... -  la Ballade des Dames du temps jadis (de François Villon) ou Le petit cheval blanc (de Paul Fort) :

     

    • Ballade des Dames du temps jadis… (François Villon) :

     

    (pour une explication du texte de ce poème, et de ses références historiques et symboliques, voir l'Éphéméride du 8 avril)

     

     

    • Le petit cheval blanc (Paul Fort) :

     

     

    http://www.espace-brassens.fr/ 

     

     

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     2008 : Création du Label "Jardin remarquable"...

     

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    http://www.parcsetjardins.fr/

     

     Quelques exemples, parmi plusieurs centaines (ci dessous, le parc et château de Losse, dans le Périgord) :

     

  • Éphéméride du 13 octobre

    Sesterce de l’époque de Claude

     

    54 : Mort de l'Empereur Claude 

     

    Né à Lyon - en 10 avant Jésus-Christ - il meurt après quatorze ans de règne : 

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    Il est célèbre pour avoir conquis la Bretagne (actuelle Grande-Bretagne), mais aussi celui pour avoir ouvert les portes du Sénat de Rome aux Gallo-romains, accélérant ainsi le processus de romanisation, devenu définitif, des Gaules : les Tables Claudiennes, retrouvées à Lyon, en commémorent le souvenir :

    "Timidement, certes, Pères conscrits, j'ai dépassé les bornes provinciales qui vous sont accoutumées et familières, mais c'est ouvertement que doit être plaidée maintenant la cause de la Gaule chevelue. Et si on considère que ses habitants ont fait pendant dix ans la guerre au divin Julius, il faut aussi mettre en regard les cent années d'immuable fidélité et d'obéissance plus qu'éprouvée, en nombre de circonstances critiques pour nous".

    Ce discours fondateur, réécrit par Tacite, fut gravé sur deux grandes plaques en bronze et disparut jusqu'à la renaissance. C'est en labourant sa vigne, située au chevet de l'église Saint-Polycarpe, que Roland Gribaux remit au jour en 1528 "deux grandes tables d'airain ou cuivre antiques", comme l'écrit un chroniqueur de l'époque. 

    Les conseillers de la ville les acquirent pour la somme de 58 écus d'or. Et depuis lors, les Tables Claudiennes ornèrent successivement les différents Hôtels de ville avant de devenir une des pièces maîtresses du musée de la Civilisation Gallo-Romaine.

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           http://www.scribd.com/doc/30359969/Tables-Claudiennes

     

     Sur la vie et l'oeuvre de Claude, en général :

     http://www.empereurs-romains.net/emp05.htm

     

     

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     1307 : Arrestation des Templiers

     

    Certains voient dans le fait que cette arrestation générale s'est déroulée un vendredi 13 l'origine des superstitions parfois attachées à cette date.

    Quoi qu'il en soit, ce jour-là s'est produite, dans le Royaume de France, l'opération de police la plus importante jamais réalisée jusqu'alors...              

    Ces moines chevaliers, devenues de vrais banquiers, prêtaient de l'argent au roi. Leur ordre, qui avait été créé en 1118 pour défendre Jérusalem contre les Musulmans, s'était insensiblement transformé en une vaste organisation financière. Neuf mille Commanderies de Templiers couvraient l'Europe, mais c'est en France que l'Ordre était le plus puissant et formait un État dans l'État grâce à ses prodigieuses richesses et à ses biens immobiliers.

    L'enclos du Temple à Paris était une forteresse où venaient chercher refuge ceux qui fuyaient la justice du roi. Les templiers possédaient encore le quart de la capitale, dont tout le quartier du Marais.

    Ci dessous, le sceau de l'Ordre du Temple.

    sceau de l'ordre du temple.png

               

    L'Ordre du Temple naquit en Terre sainte, en 1119, après la première croisade, à l'initiative du chevalier champenois Hugues de Payns (prononcer Pin) qui voulait protéger les pèlerins se rendant à Jérusalem (voir l'Éphéméride du 13 janvier). Il a été officialisé par le Concile de Troyes, neuf ans plus tard, à l'initiative de Saint Bernard de Clairvaux

    Le prestige des moines-chevaliers au manteau blanc frappé d'une croix rouge fut immense pendant les deux siècles que durèrent les croisades.

     

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    Avec les autres Ordres, les Templiers construisirent en Terre sainte d'impressionnantes citadelles, comme (ci dessous) le Krak des Chevaliers, en Syrie (voir l'Éphéméride du 8 avril). La forteresse couvre 3 hectares. Elle comprend 13 grandes tours, et de nombreuses salles, passages, ponts et étables. Il y a assez de place pour 2.000 Chevaliers et on peut y stocker assez de provisions pour cinq ans.         

    On y trouve cette inscription :

    Sit tibi copia, sit sapientia, formaque detur; Inquinat omnia sola superbia, si comitetur.
    (Que l'abondance, que la sagesse et la beauté te soient données; l'orgueil à lui seul souille tout s'il t'accompagne).    

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    Mais la plus grande forteresse jamais construite est le château d’Athlit, ou Château Pèlerin, érigée par les Templiers et les Chevaliers Teutoniques vers la fin de 1217. C’est la seule forteresse Templière qui ne sera jamais prise par l’ennemi. 

    Elle ne fut évacuée qu'en 1291, à la perte de la Terre Sainte (ci dessous).

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    Cependant, après l'échec de la huitième et dernière Croisade, qui s'acheva par la mort tragique du roi Saint Louis devant Tunis en 1270, les dernières possessions franques de Terre sainte tombèrent définitivement entre les mains des musulmans : ceux-ci s'emparèrent de Saint-Jean-d'Acre le 28 mai 1291 malgré la résistance héroïque des Templiers autour du grand maître Guillaume de Beaujeu.

    Au début du XIIIème siècle, pourtant, et bien que chassé de Palestine, l'Ordre du Temple n'en disposait pas moins encore d'une force militaire impressionnante de quinze mille hommes, bien plus que n'aurait pu en lever n'importe quel roi de la chrétienté. Mais, de soldats, les Templiers s'étaient reconvertis en usuriers et avaient complètement perdu de vue la reconquête des Lieux saints !

    C'est que de considérables donations avaient rendu l'ordre immensément riche et l'avaient transformé en l'une des principales institutions financières occidentales... et la seule qui fût sûre. Il gérait ainsi, en véritable banquier, les biens de l'Église et ceux des rois d'Occident (Philippe le Bel, Jean sans Terre, Henri III, Jaime Ier d'Aragon...)

    Dès lors, l'opinion européenne commença à s'interroger sur la légitimité du Temple...

    Philippe le Bel résolut finalement de détruire cette sorte d'État dans l'État de la façon que l'on sait...

    Le dernier Grand maître de l'Ordre fut Jacques de Molay : au soir du 18 mars 1314, avec Geoffroy de Charnay, il fut brûlé vif à Paris, à l'extrémité de l'Île aux Juifs, aujourd'hui rattachée à l'Île de la Cité (voir l'Éphéméride du 18 mars)

    Selon le témoignage du chroniqueur Geoffroy de Paris, il est mort dignement :

     

    "Le maître, qui vit le feu prêt, s'est dépouillé immédiatement, et se mit tout nu en sa chemise... Il ne trembla à aucun moment, bien qu'on le tire et bouscule. Ils l'ont pris pour le lier au poteau, et lui, souriant et joyeux, se laisse faire. Ils lui attachent les mains, mais il leur dit : "Dieu sait qui a tort et a péché, et le malheur s'abattra bientôt sur ceux qui nous condamnent à tort. Dieu vengera notre mort. Seigneur sachez que, en vérité, tous ceux qui nous sont contraires par nous auront à souffrir..."

     

    Maurice Druon a fait de cette malédiction lancée par Jacques de Molay sur son bûcher le point de départ de ses célébrissimes Rois maudits :

    "Pape Clément, Roi Philippe, Chevalier Guillaume de Nogaret, avant un an, je vous cite à comparaître au Tribunal de Dieu... maudits... vous serez maudits jusqu'à la treizième génération...". (voir l'Éphéméride du 19 avril, sur l'épilogue de l'affaire dite "de la Tour de Nesle")...

     

    Si, en réalité, Guillaume de Nogaret était déjà mort lorsque la prétendue malédiction fut lancée, le pape puis le roi de France moururent, effectivement, dans l'année...

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    https://www.herodote.net/13_octobre_1307-evenement-13071013.php

     

     

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    1344 : Matteo Giovannetti commence à décorer le Palais des Papes

     

    Il couvre d'abord de ses fresques la Chapelle Saint-Martial, qui s’ouvre dans le Grand Tinel (la salle à manger) du Palais des Papes d’Avignon : elle fut achevée le 1er septembre 1345.

    Ensuite, toujours en 1345, il décora l’Oratoire Saint-Michel, et débuta en novembre les fresques du Grand Tinel lui-même, qu’il termina en avril 1346.

    Enfin, en 1347, du 12 juillet au 26 octobre, il œuvra dans la salle du Consistoire, puis dans la Chapelle Saint-Jean.

    Né à Viterbe, dans le Latium, Matteo Giovannetti appartenait à l'école de Simone Martini, et fut, comme son maître, un ami de Pétrarque. Il fut appelé par le pape Clé

  • Grandes ”Une” de L'Action française : Maurras est en Espagne, ”chez Franco”... (1/5)

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

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    Retraçons d'abord très rapidement le contexte dans lequel se déroule ce voyage :

    1. Maurras (né en 1868) a 70 ans. Un an auparavant, il a fait un peu plus de huit mois de prison à "la Santé" (du  au . Il y écrivit chaque jour son article pour L'Action française et, entre autres ouvrages, "Mes idées politiques". Le , près de soixante mille personnes vinrent lui rendre hommage à l’occasion de sa libération au Vélodrome d'Hiver en présence de la maréchale Joffre. Son crime : avoir tout fait pour que le Pays légal français ne pousse pas Mussolini dans les bras d'Hitler - ce qui se passa, en  fait...

    2. En France, c'est le Front populaire qui a gagné les élections et qui gouverne, lamentablement. Le Pays légal ayant refusé de démembrer l'Allemagne en 1918, tout se passe exactement comme Bainville (mort deux ans plus tôt) l'avait prédit : "la guerre pour dans vingt ans". Le "Front popu" gaspille les dernières années pendant lesquelles il serait encore possible, au moins, de s'armer pour faire face à un Hitler ayant transformé l'Allemagne en forges de Vulcain, et prête à fondre sur la France. Il préfère, ce "Front popu", aider de fait la répugnante et terroriste République espagnole et ce que les Franquistes appellent "Frente popular/Frente crapular". "Aider de fait", car il est empêché par les patriotes de tous bords d'intervenir militairement. "Nous sortirons les religieuses des couvents pour en faire des mères !" criaient les anarchistes républicains espagnols. Belle apologie du viol et de la violence de masse ! La République espagnole n'eut rien à envier, en guise de Terreur et d'extermination, aux terroristes révolutionnaires de 1789/1793 : cornaquée par Staline et le très puissant Komintern, elle n'avait pour rôle, selon le monstrueux Joseph, fils de Robespierre et de la Convention, que de prendre la France et l'Europe occidentale à revers, pour y instaurer cette "société sans classe" et cette "dictature du prolétariat", qui règneront sans partage, pour son plus grand malheur, sur la moitié de l'Europe pendant quarante ans, après 45 !

    Heureusement Franco était là, et sauva l'Espagne... Quelques années après sa victoire en 39, refusant à Hitler le passage de son armée par l'Espagne pour prendre à revers notre Armée d'Algérie et d'Afrique, il sauva aussi les forces de la France libre, permit leur victoire et hâta le retour de la paix...

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    Voici la "Une" de L'Action française du mercredi 4 mai 1938 :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k767053n/f1.item.zoom

    Le même jour qui vit Hitler entrer en Italie et être reçu triomphalement à Rome - hélas ! - vit Maurras franchir la frontière française, à Hendaye, en route "Vers l'Espagne de Franco" (titre de l'un de ses ouvrages, dans lequel il explique les buts de son voyage, et ses péripéties...).

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    L'Action française racontera, évidemment, chaque jour cette "semaine espagnole" de Maurras (du 3 au 10 mai) : pourtant, ce premier jour, comme on le voit d'un simple coup d'oeil, c'est Hitler qui "prend" le plus de place, dans cette "Une", ce qui parasite complètement le compte-rendu des premiers moments de la visite de Maurras à Franco :

    • toute la colonne de gauche et les treize premières lignes de la deuxième sont consacrées à l'article de Daudet : "L'entrée triomphale du chancelier Hitler à Rome";

    • un "pavé" occupe le bas des deux colonnes centrales (la suite est à lire en page trois) : "Dans Rome pavoisée et illuminée, Hitler a reçu un accueil triomphal";

    • enfin, la quasi totalité de la sixième colonne revient à J. Delebecque, pour son article intitulé "Entre les dictateurs"...

    Maurras absent, sa "Politique" - qui occupe toujours le haut des colonnes centrales (trois, quatre et cinq) - est signée "Par intérim - A.F."

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    DAUDET.jpg• Daudet va tout de suite à l'essentiel et remonte aux sources : "...L'origine de la nouvelle alliance italo-allemande - car celle de Bismarck et de Crispi n'est pas si loin de nous, apparaît dans les fameuses sanctions de 1936. Mussolini déclara alors que, devant la volonté, affirmée par M. Eden, d' "asphixier" son pays, aux applaudissements de la clique de Genève - celle-là même qui voudrait actuellement nous jeter dans la guerre pour M. Bénès et la Tcéhcoslovaquie - il saurait, lui, Duce, garder la mémoire de ceux qui auraient refusé d'adhérer à cette ignominie imbécile..."

    L Action Française, Revue De La Politique Et De La Propagande - 1re Année, N°11 Nov. 1933 - La Politique Du Mois - Le Plebiscite Allemand - Jacques Delebecque - L Action Française Avait Raison...   de Collectif

    • Delebecque commence son article par "Le chancelier Hitler est à Rome. Tout a été mis en oeuvre pour donner à sa visite un éclat extraordinaire et qu'il emporte de son séjour dans la ville éternelle un souvenir ineffaçable..." puis écrit : "l'axe est à son zénith (j'emprunte l'expression à M. Gentizon, trop pénétrant observateur pour ne pas faire, immédiatemment après cette consatation, une allusion rapide aux "lois astronomiques des courbes") et l'achève par ce paragraphe, qui va à l'essentiel : "Bref, jusqu'où M. Mussolini est-il disposé à accompagner l'Allemagne ? Tout est là. Le sort de la Tchécoslovaquie, celui de l'Europe entière et de la paix dépendent probablement de sa réponse. Dans une grande mesure, il est l'arbitre du sort de millions d'êtres humains. Et il y a là de quoi donner aux tête-à-tête de Rome un intérêt qu'il n'est pas exagéré de dire capital."

    Carte

    Quel gâchis et quelle amertume ! Quand on sait que Mussolini avait arrêté une première fois Hitler, en mobilisant sur le Brenner en 34 ! Lorsque celui-ci voulait - déjà - annexer l'Autriche ("l'Anschluss") et fit assassiner le chancelier Dolfuss, les deux divisions italiennes envoyées par Mussolini suffirent à l'arrêter. L'Action française souhaitait intégrer Mussolini à une vaste coaliton anti hitlérienne, non, bien sûr, par connivence idéologique, mais par pur intérêt stratégique : priver Hitler de toute alliance possible, unir contre lui le maximum de pays... 

    • Après avoir, donc, replacé le voyage de Maurras dans son contexte européenmaurras.jpg angoissant, on a les premières informations (asssez restreintes) données au lecteur depuis Hendaye par "notre envoyé spécial" dans une courte note (même pas l'intégralité de la deuxième colonne) : "Hier à midi, Charles Maurras a traversé le pont international d'Hendaye pour se rendre en Espagne nationale. Accompagné de Maxime Réal del Sarte et de Georges Massot, il a été conduit par notre ami J. Dourec à Irún, où l'attendait Pierre Héricourt..." Accueil par des personnalités, présence des amis d'AF du lieu... : "Charles Maurras a remercié les autorités qui venaient de l'accueillir, en faisant ressortir tout ce que le monde civilisé devait à Franco, à ses soldats et à ses groupements nationalistes qui avaient su à temps réagir énergiquement pour ne pas succomber sous la barbarie soviétique... À quatorze heures les autorités espagnoles ont offert à Charles Maurras un déjeuner officiel à l'Hôtel María Cristina... le déjeuner s'est terminé par un court "brindis" de M. Pradera, faisant acclamer le roi de France, la France réelle et l'Espagne nationale? Notre maître, très ému par l'accueil qui lui était fait, a répondu par "Vivent les Patries ! Vive tout ce qui peut rendre au genre humain le sentiment de sa dignité ! Vive toute l'Espagne nationale ! Vive Franco !". Pendant ce temps Burgos se préparait à réserver un accueil aussi enthousiaste à Charles Maurras. On annonçait dans cette ville son arrivée prochaine." (fin du très court compte-rendu)

     

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