Éphéméride du 18 mars
1871: Début de la Commune de Paris. De Georges Bernanos (à propos du "Parti républicain") : "Lorsque...ils se trouvèrent face à face, devant les barricades de la Commune, avec ce même peuple qu’une prodigieuse mise en scène avait fini par prendre aux entrailles, ils le rafraîchirent avec du plomb".
1314 : Supplice de Jacques de Molay
Vingt-deuxième et dernier Grand Maître de l'Ordre du Temple (fondé par Hugues de Payns, voir l'Éphéméride du 13 janvier) Jacques de Molay est brûlé vif avec ses compagnons à Paris, sur l'île aux Juifs, plus tard rattaché à l'Île de la Cité (lors de la construction du Pont neuf).
7 ans auparavant, le 13 octobre 1307, l'arrestation générale des Templiers avait été menée, sur ordre du roi, dans tout le Royaume de France : ce fut l'opération de police la plus importante jamais réalisée jusqu'alors (voir l'Éphéméride du 13 octobre).
1656 : Institution de la Madunaccia, fête patronale d'Ajaccio
Cette fête est née en 1656, à l'époque où plusieurs régions de l'Italie sont touchés par la peste, notamment la ville de Gênes. Le Conseil des Anciens décide alors de mettre la ville d'Ajaccio sous la protection de la vierge miraculeuse de Savone, Notre Dame de la Miséricorde.
C'est le 16 novembre de cette année que la Magnifica Communità et le Conseil des Anciens, réunis dans la salle del publico palazzo, proclament la Vierge de la Miséricorde patronne de la ville et prennent l'engagement perpétuel de fêter le 18 mars de chaque année : c'est le vœu des "Magnifiques Anciens".
Ils font édifier une chapelle de Notre dame de la Miséricorde dans la cathédrale d'Ajaccio.
Depuis, les solennités débutent le soir du 17 mars par les prières traditionnelles devant la statue de Notre dame de la miséricorde située sur la Place des Palmiers. Et, le 18 mars, le Conseil municipal se rend en cortège à la cathédrale afin d'assister à la grand messe. L'après midi, la procession fait le tour de la ville et la statue de Notre dame de la miséricorde est suivie de la foule.
http://www.ajaccio.fr/Le-Voeux-des-Magnifiques-Anciens_a138.html
1662 : Premier Transport en commun
Le principe en a été imaginé par Blaise Pascal et Artus Gouffier, duc de Roannes : les "carrosses à cinq sols".
Jusqu'à cette époque, des coches circulent entre Paris et la province, mais dans la ville, seules existent les voitures de louage, très coûteuses. Les nouveaux "carrosses à cinq sols", nommés ainsi d'après le prix de la place, rouleront sur des itinéraires fixes, selon des horaires définis, qu'il y ait ou non des voyageurs, et pour ce prix de cinq sols, modique à l'époque.
Pour commencer, sept carrosses publics sont mis en service entre la Porte Saint-Antoine et le Luxembourg.
1871 : Début de la Commune de Paris
De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XXI, La Troisième République :
"...Parmi les conditions que Bismarck (ci contre) avait posées, il en était une qui était grave, et c'était la seule qui ne lui rapportât rien. Il avait exigé pour les troupes allemandes une entrée solennelle dans Paris. Rien n'était plus propre à surexciter les Parisiens, après les souffrances et l'énervement du siège, dans le trouble dont était frappée la vie de cette immense cité. L'explosion révolutionnaire qui s'y préparait était mêlée de beaucoup d'éléments. L'humiliation du défilé, bien que limité aux Champs-Élysées et d'une durée de quelques heures seulement, compta parmi les causes de la Commune. Presque tous les députés de Paris avaient voté contre la paix. Paris était pour la République, pour la guerre révolutionnaire. Paris était hostile à cette Assemblée de "ruraux" dont les sentiments conservateurs et pacifistes étaient si différents des siens. Les traditions de 1793, les souvenirs de 1830 et de 1848 n'avaient pas disparu : les débuts de Delescluze, un des chefs de la Commune, dataient des journées de Juillet.
La Révolution "patriote" s'associait d'ailleurs bizarrement à l'Internationale socialiste, la vieille conception jacobine de la Commune à des idées de fédéralisme communal fort éloignées de la République une et indivisible. Le fonds général, c'était l'esprit d'émeute dans une population qu'on avait armée pour le siège et qui avait gardé ses armes, parce que le gouvernement n'avait eu ni la volonté ni la force de les lui enlever.
L'insurrection que l'on voyait venir commença le 18 mars lorsque l'ordre eut été donné de reprendre les canons de la garde nationale. Mais une autre circonstance s'était produite et elle donne à ces événements une curieuse ressemblance avec ceux de la Révolution. L'Assemblée, d'abord réunie à Bordeaux, avait décidé de siéger, non dans la capitale dont l'agitation était redoutée, mais à Versailles, comme les états généraux de 1789. On avait même proposé Bourges ou Fontainebleau.
Cette marque de méfiance fut interprétée à Paris comme l'annonce d'une restauration ou d'un coup d'État. Une grande partie des gens paisibles avait déjà quitté la ville, remplie d'une masse oisive et armée où affluaient aussi des aventuriers de toute sorte. Quant aux forces régulières, il était inutile de compter sur elles pour maintenir l'ordre. Elles existaient à peine et leur esprit était mauvais : celles qui furent envoyées à Montmartre pour reprendre les canons (ci contre ) fraternisèrent avec la foule et abandonnèrent le général Lecomte, fusillé quelques heures plus tard avec un ancien général de la garde nationale, Clément Thomas. Alors éclata ce qui couvait depuis longtemps. Après quelques jours d'incertitude et de confusion, l'insurrection prit forme par la création d'un gouvernement de la Commune qui rompit avec celui de Versailles. Ce n'était plus une émeute. C'était la guerre civile et plus grave qu'aux journées de Juin.
La Commune a singulièrement frappé les esprits. Elle a laissé une horreur profonde. C'est elle cependant qui a consolidé le régime républicain, d'abord, comme nous l'avons déjà dit, parce que la République se montra capable de rétablir l'ordre, ensuite parce que, dès les premiers symptômes de l'insurrection, qui avaient paru également dans quelques grandes villes, Thiers avait cessé de ménager la droite, s'étant convaincu que la République était nécessaire pour calmer les esprits. Tel était le vrai sens de son mot : "La République est le régime qui nous divise le moins."
En attendant, il fallait battre les insurgés. Thiers, s'inspirant des leçons de l'histoire et de l'expérience de la réaction européenne en 1848, notamment de la méthode employée à Vienne par le général Windischgraetz, avait résolu de livrer Paris aux révolutionnaires pour les y enfermer et les y écraser ensuite. Ce plan réussit, parce que l'insurrection avorta dans les autres grandes villes et parce que la France voulut la répression et la soutint. Il y fallut deux mois pendant lesquels Paris connut une nouvelle Terreur par l'exécution ou le massacre des otages, au nombre desquels se trouva l'archevêque de Paris. Le 21 mai seulement, après un véritable siège, les Versaillais entrèrent dans la capitale. Pendant une semaine encore, la semaine sanglante, les fédérés, les communards furent refoulés de quartier en quartier, tandis qu'ils allumaient des incendies pour arrêter les soldats, brûlaient les Tuileries (ci dessous), l'Hôtel de Ville, laissant croire que la révolution détruirait Paris plutôt que de se rendre. Dans les deux camps, l'acharnement fut extrême.
Voir notre Éphéméride du 17 mai, sur la terrible prédiction de Louise Michel : "Paris sera à nous, ou n'existera plus !..."; mais aussi l'Éphéméride du 13 décembre, où l'on rend hommage à l'héroïsme de Martian de Bernardy et de tous ceux qui, avec lui, sauvèrent les collections du Louvre de la folie barbare des révolutionnaires...
La rigueur de cette répression n'avait jamais été égalée. Il y eut dix-sept mille morts, des exécutions sommaires, plus de quarante mille arrestations. Les conseils de guerre prononcèrent des condamnations jusqu'en 1875. Quelques chefs de la Commune furent exécutés, d'autres déportés, parmi lesquels Rochefort. Et, loin de nuire à la République, cette sévérité la consolida. Elle apparut comme un régime à poigne, un régime d'autorité, qui avait renversé la règle de 1789, de 1830, de 1848, qui n'avait pas admis que Paris imposât une révolution à la France..."
Alors, que penser de "La Commune" ?...
• Pour Léon Daudet, "La Commune" ? : "une vaste machination voulue ?"
Voilà donc le(s) paradoxe(s) de la Commune : à côté de révolutionnaires qui se plaçaient dans la droite ligne de ceux de 93, on trouvait des représentants des vrais socialistes français, héritiers de Proudhon. Or les bourgeois versaillais traitaient dédaigneusement de "Communards" la totalité de leurs adversaires, englobant indistinctement dans leur même détestation tous les tenants de la Commune, alors que certains incarnaient une tradition politique qui, comme l’a rappelé Alain de Benoist, "impliquait à la fois le refus de l’exploitation du travail, de l’égoïsme prédateur et du nihilisme jouisseur, en même temps qu’un certain conservatisme moral, le sens de l’honneur et de la parole donnée, le goût de la loyauté, de l’entraide et de la solidarité".
Une telle conception, forgée dans les luttes contre la bourgeoisie – grande bénéficiaire de la révolution - et héritière du Compagnonnage, transcendait le clivage artificiel gauche-droite, conçu pour couper les peuples en deux – pour le plus grand profit des usuriers cosmopolites...
D’où l’indulgence de Maurras – qui aurait souhaité plus de discernement… - pour cette troupe qui ne méritait pas l’écrasement ; et dans laquelle il voyait "une des premières tentatives d’union des forces révolutionnaires de droite et de gauche en vue d’un syndicalisme à la fois socialiste et nationaliste"…
Éric Zemour, à propos de la Commune, dans son livre Mélancolie Française, écrit, un peu dans un même esprit, les lignes suivantes :
"...Après Sadowa, Napoléon III vit le danger et réclama le retour de la conscription. Le Corps Législatif lui refusa, avec une véhémence que permettaient les libertés récentes octroyées par "l’Empire libéral" et la faiblesse d’un empereur malade, les moyens d’affronter à armes égales la machine de guerre que Bismarck s’apprêtait à lancer sur des chemins de fer flambant neuf.
Le "tyran" se révéla moins puissant qu’un premier ministre anglais. Il y perdrait son trône. Les républicains, ceux-là mêmes qui l’avaient empêché au Corps Législatif de défendre le pays, lui succédèrent. Tenteraient une dernière fois de "chausser les bottes de 1792"..."
En vain. Jusqu’en 1914, la IIIème république ne pourra faire oublier son pêché originel : avoir été portée sur les fonds baptismaux par le chancelier Bismarck. Des décennies plus tard, dans La Grande Peur des bien-pensants, Georges Bernanos, impitoyable, évoquera encore ces liens troubles entre Bismarck, la défaite française et l’avènement de la république :
"Il est sûr que la capitulation de Sedan fit la fortune du parti républicain. On se rappelle le cri fameux : "les armées de l’empereur sont battues". Alors, "ces parvenus du 4 septembre ne virent pour eux de salut que dans un véritable soulèvement de la passion nationale, une sorte de guerre d’indépendance, à l’espagnole, où le nouveau régime trouverait sa consécration."
Bernanos n’avait rien oublié ni pardonné : "lorsque ce résultat leur parut atteint et qu’ils se trouvèrent face à face, devant les barricades de la Commune, avec ce même peuple qu’une prodigieuse mise en scène avait fini par prendre aux entrailles, ils le rafraîchirent avec du plomb".
Zemour nous offre, ainsi, en prime, du grand Bernanos !
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Commentaires
L'élément déclencheur de la Commune de Paris, ce fut la défaite devant les Prussiens à Sedan le 2 septembre 1870. Le régime de Napoléon III s'éffondre lamentablement. Un sursaut populaire réclame la déchéance de l'empereur et la poursuite de la guerre jusqu'a la libération du térritoire.
Mais le politiciens reprennent déjà les choses en main et comme en 1789 et 1848, le pouvoir est confisqué par la bourgeosie.
Après que le siège fut mis devant Paris par les Prussiens, les Parisiens mèneront un combat héroîque.
Mais, pendant ce temps, le gouvernement provisoire, incapable d'organiser la défense entamera des négociations avec Bismarck. C'est Adolphe Thiers qui se verra confier la des négociations. La mission qui lui est confiée est claire : Faire la paix et soumettre Paris.
La capitualtion est signée le 28 janvier 1871. Les souffrances et les pénuries accumulées, la perte de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine, ainsi que le versement d'une indemnité de guerre de cinq milliards de francs rendent la défaite odieuse et inacceptable.
Dans la nuit du 18 mars 1871, l'armée régulière tente de s'emparer des canaons de la Garde Nationale sur la Butte Monmartre, mais l'opération échoue. Le gouvernement, Thiers en tête, s'enfuie alors à Versailles. La commune sera proclamée peu après.
Jules Vallès dans son journal "Le Cri du Peuple", s'exclame : "La commune de Paris est proclamée dans une journée de fête [.....] qui console de vingt ans d'Empire, de six mois de défaites et de trahisons. Le Peuple de Paris, debout en armes, a proclamé la Commune, qui lui a épargné la honte de la capitulation, l'outrage de la victoire prusienne et qui le rendra libre comme elle l'eut rendu vainqueur".
Après 72 jours d'existence, elle succombera sous les coups de ses adversaires, mais surtout à cause de son manque d'organisation. Des erreurs ont pu être commises (l'incendie de monuments ou l'exécution d'otages), mais elle allait être dépassée en horreur par la répression Versaillaise.
La Commune de Paris sera réprimée dans le sang : 30000 fusillés (femmes et enfants compris) sans jugement, durant la "semaine sanglante" et 40000 arestations.
Il est temps aujourd'hui de sortir des grilles de lectures réductrices qui donnent de la Commune une représentation stéréotypée et uniforme au service de l'idéologie petite bourgeoise "politquement correcte" qui présente le peuple comme une classe dangereuse.
Ne vous faites aucune illusion, les Versaillais sont aujoud'hui plus que jamais au pouvoir.
excellente analyse de Sebasto