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  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (3)

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     (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : Une enfance heureuse (2/2)...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

     

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    La chapelle de la Sorbonne...

     

    1. De Paris Vécu, 1ème Série, Rive droite, pages 36/37 :

    "...Un peu plus loin, au 126 de la rue Amelot, habitait la cousine-gâteau, la bonne fée Victorine.
    Elle m'invitait à dîner seul, sans mes parents, comme un monsieur, et me menait au Cirque d'Hiver, où faisait florès M. Loyal, avec ses belles manières, ses joues rondes et son grand fouet.
    Ce coin de quartier était pour moi, jusqu'en novembre 1923, embaumé de tous les souvenirs d'une enfance claire, où je n'apercevais que des visages réjouis par les farces, blagues, plaisanteries, histoires merveilleuses d'Alphonse Daudet, de Flaubert, de Barbey d'Aurevilly et des autres familiers de notre maison et, par ricochet, de la rue Saint-Gilles.
    À mes yeux, un repas d'amis ou de famille c'était une suite de rires et de fous-rires, un concert de bouteilles débouchées, d'appréciations gastronomiques, et, comme disait mon La Fontaine, une frairie.
    La verve de mon père faisait à tout une atmosphère dorée, poétique, enchanteresse.
    Les circonstances ayant fait que je n'ai eu au lycée que des camarades gentils et loyaux, que des maîtres excellents, je n'ai connu que beaucoup plus tard la sottise et la méchanceté des hommes.
    Mais alors, je me suis rattrapé..."

    2. De Paris Vécu, 2ème Série, Rive gauche, pages 41/42 :

    "...La Sorbonne et le Lycée Louis-le-Grand, où j'ai passé mes bachots lettres et sciences et fait mes études, de cinquième en philosophie, ont changé d'aspect depuis ce temps lointain.
    La construction de la nouvelle Sorbonne, absorbant la salle Gerson, où Aulard fit son premier cours (présidé par Clemenceau) sur la Révolution française, et la prolongation de la rue Saint-Jacques, font que je me frotte les yeux dans ce quartier où s'est écoulé ma jeunesse laborieuse et joyeuse.
    Je me vois encore aux séances solennelle du concours général, puis dans une petite salle du haut de la Sorbonne devant un examinateur (Guébard, Lavisse et Lauge pour les lettres; Appell, Friedel et Goelzer pour les sciences) et complimenté par eux.
    J'ai gardé à tous mes maîtres, parmi lesquels il y avait de très grands maîtres (tels Chabrier en rhétorique et Burdeau en philosophie), même à certains de mes maîtres d'études (le félibre Albert Tournier) et à mes examinateurs, un souvenir affectueux..."

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (4)

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    Aujourd'hui : Une enfance heureuse (1/2)...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

     

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    De "Fantômes et vivants", pages 3 et 4/5 :

    1. "...Fils de royalistes fervents, mon père ne croyait plus à la possibilité de la monarchie.
    Au sortir de la terrible guerre de 1870/1871, sa fièvre patriotique lui représentait la Revanche comme réalisable par la République.
    Plus tard il déchanta, ainsi qu'en témoignent ses derniers romans.
    Mais alors il écrivait "Les Rois en exil" et se représentait, à la lueur des illusions en vogue, la monarchie telle "qu'une grande vieille chose morte".
    Au lycée, à Charlemagne ainsi qu'à Louis-le-Grand, nous avions, parmi nos camarades, des fils d'impérialistes notoires, eux-mêmes napoléoniens entêtés, en dépit de la sanglante leçon toute proche.
    Un partisan du Roi était chose inconnue et nous eût fait l'effet d'une bizarrerie..." (page 3).

    2. "...J'étais élevé dans le respect ou, mieux, la vénération de Hugo.
    Tous deux poètes, tous deux romantiques, tous deux républicains à la façon de 48, mes grands-parents maternels savaient par coeur "Les Châtiments", "La Légende des Siècles", "Les Misérables".
    Ils eussent mis à la porte quiconque se serait permis la moindre appréciation ironique sur "L'Histoire d'un Crime".
    Mon père et ma mère étaient dans les mêmes sentiments.
    La première fois qu'ils me conduisirent aux pieds du vieux maître, dans son petit hôtel moisi de l'avenue d'Eylau, attenant à un triste jardinet, je considérai avec une véritable émotion cet oracle trapu, aux yeux bleus, à la barbe blanche.
    Il articula distinctement ces mots : "La terre m'appelle", qui me parurent avoir une grande portée, un sens mystérieux.
    Il ajouta, en me mettant sur le front une main douce et belle, ornée d'une bague que je vois encore et qui me rappela la Confirmation : "Il faut bien travailler et aimer tous ceux qui travaillent."
    Il y avait, dans son attitude, une noblesse assez émouvante, jointe, je ne sais encore pourquoi, à quelque chose de burlesque, que j'ai retrouvé depuis à travers son oeuvre et qui tenait peut-être à la trop haute idée qu'il avait de son rôle ici-bas.
    Comment n'eût-il pas perdu un peu le nord devant les délirants hommages dont il était l'objet..."

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (5)

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    Aujourd'hui : Provençal, "provençalisant", mais de Paris (1/3)...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

     

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    De Paris Vécu, 1ème Série, Rive droite, premières lignes du premier chapitre, "Du Marais au Père Lachaise", pages 11/12 :

    "Je suis né au Marais et j'y ai passé mon enfance heureuse, lumineuse, sans un pli, où je n'aperçois aucune mauvaise pensée, aucune contrariété, si ce n'est quand mon père, jeune marié, et qui avait gardé des habitudes de café, rentrait en retard pour le dîner.
    Ma mère, qui a formé mon enfance au labeur régulier et à la franchise, ne lui faisait aucun reproche, mais son regard, dirigé alternativement sur lui et sur moi, refoulant mes larmes et reniflant, était une leçon suffisante.
    Alors Alphonse Daudet, pour faire diversion, racontait une histoire de Paul Arène, ou de Bénassis, ou d'André Gill, qui, peu à peu, nous déridait.
    Plus tard, je demandais à mon père : "Quel diable d'agrément pouvais-tu trouver au café ? Il n'y a rien de plus maussade." Il me répondait : "C'était l'habitude de mon temps."
    Un de ces paradis était, je crois, le café de Suède, sur le boulevard, près des Variétés. Arène, grand découvreur de telles merveilles, et qui tarabustait son estomac à coups d'apéritifs - d'où son impuissance à achever - avait dégotté une petite brasserie de la rue Blondel, voie étroite et noire du même Marais. Mon père et lui rapportaient de là des petits pains salés, craquants et recourbés en 8 de chiffre, dits "parachtel".
    Nous habitions 24, rue Pavée, au Marais l'hôtel Lamoignon, ancienne demeure du dix-septième siècle, de somptueuse apparence, divisée en plusieurs appartements, amusants, comme on dit, mais malcommodes. Nous occupions l'un de ces appartements. Là se réunissaient le mercredi soir, presque chaque semaine, dans notre modeste salle à manger, Flaubert, Zola, Tourguenieff, Edmond de Goncourt, que j'appelais "les géants" à cause de la haute taille de Flaubert et de Goncourt ! "Maman, est-ce le jour des géants ?"
    Flaubert et mon père animaient tout de leurs blagues, de leurs rires, de leurs récits. Régulièrement, dès l'arrivée, Flaubert disait à mon père : "Bonjour, Alphonse, comment me trouves-tu ?... Toujours jeune, n'est-ce pas ?"
    Ce "toujours jeune" précipitait "les géants" dans des cascades de rigolade, auxquelles je m'associais de toute mon âme.
    Ma mère m'avait fait apprendre par coeur le début de Salâmmbo : "C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar." Je récitais cette belle prose à son auteur, qui me saisissait et m'élevait dans ses bras solides, et je voyais de tout près alors sa moustache à la Vercingétorix, et ses joues larges et luisantes..."

  • LA RÉPUBLIQUE INSTITUTIONNALISE LA MORT ! (communiqué du GAR, Groupe d'action royaliste)

     

    Quelle gloire pour la république maçonnique d’inscrire dans sa constitution le droit pour toutes les femmes de pouvoir tuer leurs enfants à naître en leur sein. Et gare à celui qui s’y oppose ! Celui-là n’est que l’incarnation d’un obscurantisme Moyen Âgeux, un retour en arrière honteux, un arriéré qui n’a rien compris à la femme et à son rôle dans la société moderne.

    Les républicains nous présentent l’avortement comme un progrès pour la femme. Mais en quoi le fait de pouvoir tuer son fils ou sa fille impunément, sur le simple motif qu’elle n’en a pas envie, est-il un progrès ? Ces avorteuses ne voient dans le futur bébé à naître qu’un simple fardeau à porter. Un peu à la façon d’un parasite qui a pris possession de son corps, et dont il est préférable de s’en débarrasser. Sauf que ce « parasite » en question n’est pas un être étranger au corps de la femme, étant donné qu’il est fait avec la moitié du sang de sa génitrice. L’autre moitié étant le père. Mais peu importe ! Une décision émanant d’un simple caprice est désormais suffisant pour que les femmes décident de tuer leur enfant en plein développement dans leur ventre. Un peu à l’instar de la Sparte païenne qui faisait tuer par des oracles, les enfants nés avec une apparence trop chétive ou malformé.

    Et pour être sûr que cet acquis du « progrès » de la femme ne soit surtout pas remis en cause, les républicains l’inscrivent dans leur constitution à la gloire de leur chère Simone Veil, qui doit voir défiler de là-Haut les 230 000 âmes des bébés qui sont tués chaque année, sur l’autel du féminisme et de la déesse Marianne.

    Bref ! La mort est une valeur consubstantielle à la république. Que ce soit l’avortement, l’euthanasie ou les suicides qu’elle déclenche chez beaucoup de personnes, il n’y a rien à attendre de la république et de ses pseudos valeur ! L’histoire et l’avenir nous imposent une seule chose : abolir la république en France et instituer un régime qui porte la vie comme valeur haute de la société, incarnée dans l’épanouissement d’une fleur de lys au soleil ! Criez « Victoire » chers républicains, avec la mort comme socle de vos idéaux. Si vous n’êtes pas faits pour la vie, alors vous n’êtes pas faits pour l’avenir ! Le futur nous appartient, parce que la vie est le moteur de nos idéaux !

    Notre jour viendra !

    P-P Blancher

  • Dans notre Éphéméride de ce jour... Et ”ils” ont fait condamner Maurras en 45 !

    1953 : L'Humanité ose glorifier Staline, décédé...

     

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    Et pourtant !

    Pourtant, tout le monde "savait".

    Et dès les débuts, dès la prise du pouvoir par Lénine, dès les premières années, puis, plus encore, après la prise du pouvoir par Iossif  Vissarionovitch Djougachvili, qui s'est appelé lui-même 'l'homme d'acier" ("Staline", en russe), tout le monde savait ce qui se passait en U.R.S.S. : le plus terrible despotisme de toute l'histoire de l'humanité, assis sur la Terreur comme son modèle, dont il se voulait la quintessence : la Révolution française.

    Pillages, exécutions de masse, internements dans les goulags, asservissements, famines et assassinats de masse : voilà le bilan de l'idéologie la plus meurtrière du monde (au bas mot, cent vingt millions de victimes), qui aura terrorisé et asservi la Russie pendant soixante-dix ans, l'Europe de l'Est pendant près de cinquante ans, et se sera étendue à près d'un quart du globe en asservissant une part de l'Asie (Chine, Viet-Nam...).

    Le Parti Communiste Français ne pouvait évidemment pas ignorer tout cela, et pourtant il a exprimé son "deuil" et son "immense amour" pour "le grand Staline" !

    Il est vrai qu'il y avait là - dans l'odieux - une logique impeccable : en 1939, la même Humanité avait été interdite de parution parce qu'elle soutenait... le pacte Germano-Soviétique de non-agression signé entre Hitler et Staline (voir notre Éphéméride du 25 août).

    Clandestine dès lors,  L'Humanité alla même, un an plus tard, jusqu'à célébrer la paix avec Hitler : voir l'Éphéméride du 28 août.

    Meilleurs tacticiens, car plus roués, que les royalistes d'Action Française - et, surtout, aidés en tout et massivement par un Staline et un Komintern alors au faîte de leur puissance... -  les communistes réalisèrent le prodige, à la fin de la guerre, d'accaparer presque la Résistance et, en tous cas, de faire régner une re-Terreur, baptisée Épuration (!), de briser le mouvement royaliste, de le spolier de son imprimerie ultra-moderne (volée par le PCF) au nom de l'inique Dévolution des Biens de presse (voir l'Éphéméride du 11 mai) et de faire condamner Maurras pour "intelligence avec l'ennemi" (voir notre Éphéméride du 28 janvier) alors que, dès les premiers jours du conflit, l'Action française fut à la pointe du combat anti-nazi : c'était le triste temps où les premiers "collabos" faisaient condamner les premiers résistants !...

     
    On lira à ce propos, dans l'Éphéméride du 11 mai, la note consacré à la Dévolution des Biens de presse, c'est-à-dire la spoliation de L'Action française par cette "re-Terreur" que fut la sinistre Épuration, pour reprendre l'expression de Léon Daudet...

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     Ignominie, abjection : comme le dit si bien Chateaubriand, "Il est des temps où il ne faut dispenser le mépris qu'avec parcimonie, vu le grand nombre de nécessiteux" !...

  • Dans notre Éphéméride de ce jour : le ”Kiel et Tanger” de Maurras...

    1905 : Guillaume II débarque à Tanger
     
        

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    Ce "Coup de Tanger" (qui sera suivi, en 1911, du "Coup d'Agadir") est directement à l'origine de l'un des livres majeurs de Charles Maurras, Kiel et Tanger....
     
    Dans son remarquable L'Âge d'or du Maurrassisme, Jacques Paugam situe bien les choses (Livre III, chapitre IV, pages 207 et suivantes...) :
     
    "C'est une période de tension internationale, qui consacre, selon l'Action française, le renforcement de la puissance de l'Allemagne en même temps qu'un dangereux affaiblissement de l'Europe..
    Guillaume II se livre à un véritable coup de poker diplomatique dont l'issue ne lui est pas aussi favorable qu'il ne l'espérait. En mars 1905, il se rend à Tanger et se pose en protecteur de l'indépendance du Maroc face aux convoitises françaises. Ce geste s'insère dans un jeu diplomatique assez compliqué, les objectifs généraux de sa politique étant de détruire ou l'alliance franco-russe ou l'entente cordiale...
    ...(Kiel et Tanger) commence à paraître dans la Revue à partir du 1er septembre 1905... Il y a dans cette étude deux parties. Ce que l'on y a vu le plus souvent : le bilan d'une politique menée depuis qu'à Kiel, le 18 juin 1895, jour du quatre-vingtième anniversaire de Waterloo, les vaisseaux français rencontrèrent les vaisseaux russes avec les escadres allemandes...
    Mais il y  a autre chose dans cette étude; c'est la définition du rôle que la France aurait à jouer dans le monde du XXème siècle. Il y a là, en particulier dans une section XVIII, l'un des plus grands textes de Maurras, l'un des plus actuels..."
     
     
    Pierre Lafarge a parfaitement résumé tout ceci : 
     
     
     

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    "Un acquis pour la suite des temps..." disait Boutang...

     

    Dans la section XVIII, dont parle Paugam, se trouve le chapitre XXIV, qui forme - intégralement - notre deuxième Grand Texte :

    Que la France pourrait manoeuvrer et grandir..." :

     

    Dans notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir également les cinq premières photos de la partie 7, "L'Avant-guerre (I), les débuts du journal..."   

    • Et aussi cet excellent article de Benjamin Fayet, paru le 19 novembre 2014 sur le site Histoire Philit :

    Kiel et Tanger de Charles Maurras : essai géostratégique visionnaire et source intellectuelle de la Vème République

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (97)

     

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    Aujourd'hui : La parole en public...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    Construit en 1909, le "Luna Park" était un parc d'attractions situé près de la porte Maillot, qui fonctionna jusqu'en 1931...

     

    De "Paris vécu", Deuxième série, rive gauche, pages 222 à 227 (fin du chapitre VII), suite immédiate du passage précédent (extraits) :

    "Cette histoire m'amène à dire un mot des réunions que Vesins et moi avons données, avec les autres orateurs de l'A.F., dans tous les coins de la rive gauche, et notamment rue Danton, à la salle des Sociétés Savantes.
    Ma première adhésion publique à l'A.F. eut lieu en 1904, quatre ans avant la fondation de notre quotidien, quelques jours après l'assassinat - grimé, lui aussi, en suicide - de Gabriel Syveton.
    Henri Rochefort, solide et droit en dépit de l'âge, était sur l'estrade, ainsi que le commandant Driant, gendre du général Boulanger, et qui devait mourir héroïquement, avec une décision sublime, au Bois des Caures, pendant la défense de Verdun.
    Ni Rochefort, ni Driant n'étaient royalistes, mais ils marquaient beaucoup de sympathie et d'affection pour notre mouvement, alors à ses débuts, et la mort de Syveton les avait indignés.
    J'ai connu peu d'hommes aussi complets, aussi loyaux, braves et d'intelligence supérieure que le commandant Driant.
    Quand le soldat atteint à ce niveau, il est, avec le religieux, le type humain le plus remarquable et agissant ici-bas; l'un et l'autre se dévouent aux deux grands idéaux : Dieu et la Patrie; l'un et l'autre s'oublient eux-mêmes.
    Ne plus penser à soi, ne plus s'analyser, ni se chipoter, tout est là.
    Les congrès annuels d'Action Française se sont tenus, tantôt, et le plus souvent, rue Danton, tantôt dans la salle de la Société de géographie, boulevard Saint-Germain.
    C'est aussi dans cette dernière que Jules Lemaître parla, au nom de la Société des Grandes Conférences, sur Racine, Fénelon et Jean-Jacques Rousseau...

    La parole en public est quelque chose de singulier.
    Tantôt c'est un plaisir - quand on est en train - et il m'est arrivé de parler à Luna Park, devant quelque vingt-cinq mille personnes, pendant une heure vingt minutes. Ce fut mon record.
    Tantôt c'est une corvée, et l'on songe, tout en évidant son laïus : "N'auras-tu pas bientôt fini ? À ta conclusion, espèce de raseur !"
    Mais il y a une très grande différence de procédé et d'allure entre une causerie littéraire et un discours de réunion publique.
    La première, c'est la navigation fluviale; le second, c'est la pleine mer..."

  • Feuilleton : ”Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu”... : Léon Daudet ! (98)

     

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    Aujourd'hui : L'agression de Fieschi...

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    ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

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    Chapelle où repose Lorenzo Vero, Cimetière marin d'Ajaccio...

     

    De "Député de Paris", pages 105/106 :

    "...Le jeudi 24 Mars 1921, il faisait un temps superbe.
    À deux heures et demie, je quittai mon domicile, me rendant à la Chambre, d'un pied allègre et, comme dit Horace, "nescio quid meditans nugarum, totus in illis" ("pensant, selon mon habitude, à je ne sais quelles bagatelles, et tout à elles", ndlr).
    Comme j'arrivais à l'intersection de le petite rue de Luynes et du boulevard Saint-Germain, je vis se dresser devant moi un solide garçon, assez replet, qui brandit une canne en s'écriant : "Voilà le salisseur public", puis quelques vociférations indistinctes.
    J'ai l'oeil moins rapide que Maurras, tout de même vigilant.
    Pendant que ce type levait son bâton, deux autres bougres, rangés auprès d'une pétrolette le long du trottoir, semblaient attendre quelque chose.
    Je parai mal le coup qui m'était destiné, si bien que j'eus le bras atteint de plein fouet; mais aussitôt je ripostais, après une feinte, à la tête de mon adversaire, qui eut la peau du crane fendue et la figure ensanglantée.
    J'eus l'impression d'une agression préparée dans des conditions non réalisées, ou a demi réalisées.
    L'affaire se termina au poste de police où mon assaillant, un corse inconnu de moi, du nom de Fieschi, me parut s'être trouvé en service commandé, bien que, plus tard, lors du procès en correctionnelle, il jura avoir agi spontanément, sous le coup de l'indignation, pendant qu'il cherchait un appartement à louer !...
    Fieschi fut condamné à une légère peine de prison, avec sursis, et cette petite histoire fit un bruit disproportionné avec son importance.
    On m'affirma que Briand et Bonnevay passaient juste à point, tous deux en voiture, boulevard Saint-Germain, devant la rue de Luynes, au moment de cette affaire baroque.
    Etaient-ils prévenus, je n'en sais rien...
    Je n'avais jamais eu, avec les Corses, que des rapports très cordiaux, et un de mes meilleurs amis de jeunesse était l'écrivain et poète de génie Lorenzo Vero, mort prématurément, et que je n'ai cessé de pleurer..."

  • Dans notre Éphéméride de ce jour (1/2) : Xavier Langlais, qui nous a ”restitué” les légendes du Roi Arthur...

    1906 : Naissance de Xavier de Langlais

     

    27 avril,jean bart,louis xiv,corsaires,insee,airbus,a 380,toulouse-blagnac,aérospatiale,sud-aviation,aéronautique,europeXavier de Langlais a réalisé une très grande oeuvre, très utile, qui nous replonge dans un autre monde, à une autre époque, qu'il a ré-ouverte et comme rendu au grand public : il a tout simplement - mais ce fut un travail considérable, et de quelle qualité ! - réécrit le cycle arthurien dans un français "moderne", donc accessible à tous les publics...

    Il n'a rien inventé, rien corrigé, supprimé, repris. Il s'est simplement - si l'on peut dire... - basé sur les traditions arthuriennes de ce que l'on appelle la matière de Bretagne; comme il le dit lui-même dans sa préface, seule "la manière de conter lui appartient", pour le fond il s'inspire directement des premiers écrits consacrés aux aventures de la table ronde des XIIème et XIIIème siècle (notamment ceux de Chrétien de Troyes) :

    la matière de Bretagne

    Nous disposons donc, maintenant de cinq tomes pour découvrir ou redécouvrir la célèbre légende. Cinq tomes pour nous plonger dans l'univers de la chevalerie.

    Chaque tome est consacré à une partie de la légende arthurienne :

    le tome 1 (Le roman du roi Arthur) nous conte l'origine de Merlin, le sacre du roi Arthur ainsi que le début de son règne, l'origine du Graal, la création de la table ronde, et enfin la disparition de Merlin.

    le tome 2 (Lancelot), comme son titre l'indique, est essentiellement consacré au personnage de Lancelot, avec sa naissance, son enfance, son entrée dans la chevalerie et le début de son histoire d'amour avec la reine Guenièvre.


    le tome 3 (Perceval), s'il est dans sa deuxième partie consacré à l'entrée dans la chevalerie de Perceval, continue de nous conter les aventures de Lancelot et amorce la quête dite "célestielle" qui sera dédiée à la recherche du Graal.


    le tome 4 (La quête du Graal) est entièrement consacré à la fameuse quête célestielle menée par "le meilleur chevalier du monde".


    le tome 5 (La fin des temps aventureux) revient aux aventures "terrestres". Il conte la fin des chevaliers de la table ronde, la mise en péril de la reine Guenièvre et la mort du roi.

     

    27 avril,jean bart,louis xiv,corsaires,insee,airbus,a 380,toulouse-blagnac,aérospatiale,sud-aviation,aéronautique,europe

    Xavier de langlais a donc rendu un service signalé aux Lettres françaises, à la culture et à la civilisation, non seulement de notre pays, mais du monde, tout simplement. Parce qu'il fut "restituteur'", "renouveleur", comme Joseph Bédier, qui, lui, nous a "rendu" Tristan et Iseut (voir l'Éphéméride du 29 août)...

     

     

    27 avril,jean bart,louis xiv,corsaires,insee,airbus,a 380,toulouse-blagnac,aérospatiale,sud-aviation,aéronautique,europeTrouvères et troubadours, Chanson de Roland, Légendes Arthuriennes, Tristan et Yseult : quatre de nos Éphémérides reviennent sur la naissance de notre littérature nationale et sur ses thèmes fondateurs :

    • l'Éphéméride du 20 avril (sur les Troubadours Bernard de Ventadour et Bertrand de Born);

    • du 27 avril (sur Xavier Langlais et les romans du Roi Arthur);

    • du 15 août (sur la Chanson de Roland);

    • du 29 août (sur Joseph Bédier et Tristan et Yseult).

  • Dans notre Éphéméride de ce jour : 1921, Premier Défilé de la Fête nationale de Jeanne d'Arc et du Patriotisme...

    1921 : Premier Défilé de la Fête nationale de Jeanne d'Arc et du Patriotisme...

     

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    Les tous premiers hommages à Jeanne d'Arc lui furent rendus par la toute jeune Action française et les tous jeunes Camelots du Roi à la suite des propos insultants et injurieux tenus par un obscur professeur d'Histoire, Amédée Thalamas, dès 1904 (donc, bien avant la création du quotidien L'Action française, le 21 mars 1908, et la création des Camelots du Roi, la même année).

    Déplacé d'un lycée à l'autre, puis nommé à la Sorbonne, Thalamas continua de proférer ses insanités et, du coup, le tout jeune journal et la toute jeune organisation décidèrent de s'opposer à ses propos que l'on qualifierait aujourd'hui de "négationnistes" et "révisionnistes" !

    On sentait bien la guerre arriver, ou, du moins, on la savait plus que possible, et ce n'était pas le moment de saper les fondements de la fierté française, du courage et du dévouement, bref de tout ce qu'incarnait la grande figure unique de Jeanne d'Arc, en un moment où les périls extérieurs s'accumulaient...

    Ce fut donc l'une des premières action d'éclat des Camelots du roi : s'opposer à ce cours anti national à la Sorbonne. Pendant trois mois, ces "cours" - qui étaient dispensés le mercredi - furent chahutés et/ou interrompus, de nombreuses manifestations eurent lieu dans le Quartier latin et, même, le Ministère de la Justice fut occupé !

    L'Action française mena donc, dans un premier temps, ses hommages à Jeanne d'Arc contre la République et dans un climat de tensions extrêmes : les Camelots du Roi totalisèrent un nombre de jours de prison cumulés atteignant les 10.000 !

    Ensuite vint l'effroyable boucherie de 14, pendant laquelle L'Action française fit passer la France avant ses convictions politiques et soutint l'Union sacrée, pour la Victoire. Au lendemain de celle-ci - que le Pays légal devait saboter et perdre lamentablement, rendant inutile le sacrifice d'un million et demi de jeunes français "couchés froids et sanglants sur leur terre mal défendue" (Maurras) - une Chambre patriote fut élue en 1919, Léon Daudet devenant Député de Paris : la Chambre bleu horizon (du nom de la couleur de l'uniforme militaire). Le Député de Paris, Maurice Barrès, fit voter, en juillet 1920, une loi décrétant que le deuxième dimanche de mai serait, dorénavant Fête nationale de Jeanne d'Arc et du Patriotisme... :

    Grandes "Une" de L'Action française : (1/2) Instauration de la Fête nationale de Jeanne d'Arc...

    et

    Grandes "Une" de L'Action française : (2/2) ...Et un exemple des Cortèges à Paris et en France, en 1933...

     

    Juste avant, en mai, l'Église avait canonisé Jeanne d'Arc, sous le pontificat de Benoît XV :

    Grandes "Une" de L'Action française : (2/2) Canonisation de Jeanne d'Arc...

    Et donc, l'année suivante, ce 8 mai 1921, pour la première fois, le Cortège de Jeanne d'Arc devint le beau symbole qu'il est aujourd'hui :

    Grandes "Une" de L'Action française : (1/2) 1921, le premier Cortège d'une "Jeanne" devenue Fête officielle...

  • Mieux vaut en rire... : parlez-vous la novlangue socialiste ?

    ane-qui-rit.jpgLe Figaro décrypte les éléments de langage utilisés par le gouvernement depuis ces derniers mois (article payant du 22 janvier que nous vous proposons gratuitement). 

    Ne plus dire Égalité hommes-femmes, mais dire Égalité femmes-hommes. "Pour une raison toute bête, explique-t-on au ministère des Droits des femmes, c'est par ordre alphabétique. Il n'y a pas de raison que les femmes soient en deuxième position !"

    ● Ne plus dire L'école maternelle mais dire La première école. "Changer le nom en “petite école” ou “première école”, c'est neutraliser d'une certaine manière la charge affective maternante du mot “maternelle”." (Sandrine Mazetier, députée PS, le 1er février 2013)

    ● Ne plus dire Travailler pour le pays mais dire Faire France. "Il s'agira donc, désormais, de “faire France” en reconnaissant la richesse des identités multiples." («Refonder la politique d'intégration », 2013)

    ● Ne plus dire Bâtir une société harmonieuse mais dire Faire de l'en-commun. "De la conception à la gestion des espaces publics, comment construire un “en-commun”." («Refonder la politique d'intégration», 2013)

    ● Ne plus dire Se lancer dans des projets mais dire Produire des possibles. "Il faut changer de paradigme, proposer une nouvelle forme d'action publique, pour produire des “possibles” à l'intersection des valeurs de la République et du respect des gens eux-mêmes et de leurs capacités à coproduire de l'action publique." ("Refonder la politique d'intégration", 2013)

    ● Ne plus dire La France évolue mais dire Les dynamiques plurielles de la société. "L'histoire enseignée se réfère à des figures incarnées qui demeurent très largement des “grands hommes” mâles, blancs et hétérosexuels. Il y a donc un enjeu fort à faire évoluer le “panthéon” des figures censées incarner les grands mouvements, les époques et les dynamiques plurielles de la société." ("Refonder la politique d'intégration", 2013)

    ● Ne plus dire Couple homosexuel dans l'impossibilité de procréer mais dire Confronté à "l'infertilité sociale". "La présente proposition de loi a pour objet d'ouvrir l'assistance médicale à la procréation à tous les couples infertiles, qu'il s'agisse d'une infertilité médicale ou “sociale”." (Proposition de loi déposée au Sénat par cinq sénateurs socialistes le 19 juillet 2013)

    ● Ne plus dire Être enceinte mais dire Être en état de grossesse médicalement constaté. "La collaboratrice libérale en état de grossesse médicalement constatée a le droit de suspendre sa collaboration" (Projet de loi pour l'égalité entre les hommes et les femmes, septembre 2013)

    ● Ne plus dire Les parents et les médecins mais dire Les acteurs impliqués dans la conception. "Aujourd'hui, la filiation biologique n'est plus la seule filiation possible ; il y a une multiplication des acteurs impliqués dans la conception et l'éducation des enfants." (Dominique Bertinotti, commission des lois, réunion du 18 décembre 2012)

    Ne plus dire Construire la société française mais dire Le Nous inclusif et solidaire. "L'enjeu est dès lors de rendre possible l'identification à une communauté politique plurielle, c'est-à-dire une communauté concrètement caractérisée par des identités diverses et hétérogènes - que ce soit en raison d'une histoire faite d'immigration, de colonisation ou tout simplement et plus généralement de la pluralité des identités sociales et politiques et des croyances morales qui traversent la société - mais néanmoins capable de s'identifier positivement à un “Nous”. Ce que nous nommerons un Nous inclusif et solidaire." ("Refonder la politique d'intégration", 2013)

    ● Ne plus dire Donner aux élèves la même éducation mais dire Bâtir du commun. "Il revient à l'École française de contribuer à bâtir du commun." (Vincent Peillon, charte de la laïcité à l'école)

    ● Ne plus dire L'avenir des jeunes Français mais dire Leur devenir de citoyen. "Il s'agit d'accompagner les élèves dans leur devenir de citoyen." (Vincent Peillon, charte de la laïcité à l'école)

    ● Ne plus dire Personnel scolaire chargé de veiller à la discipline mais dire Groupes académiques climat scolaire. "Afin de rendre effective cette lutte contre les violences, des “groupes académiques climat scolaire” sont par ailleurs déjà constitués pour aider localement chaque école et établissement." (Site du ministère de l'Éducation nationale).

    ● Ne plus dire Détruire l'identité sexuée mais dire Déconstruire les stéréotypes de genre. "La création du programme “ABCD de l'égalité”, qui s'adresse à l'ensemble des élèves de la grande section de maternelle au CM2 et à leurs enseignants, vise à déconstruire des stéréotypes de genre." (Site du ministère de la Santé, décembre 2012)

     

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  • Institutions : A la recherche du politique perdu, par Frédéric Rouvillois

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    Sans rien connaître à la médecine, chacun sait que l'homme de l'art qui se trouve devant un grand blessé a le choix entre deux options : les cautères, pommades et onguents qui calmeront un peu sa douleur et lui permettront de mourir plus doucement ; ou l'opération lourde, incertaine, risquée, mais qui peut lui sauver la vie.

    Il en va de même dans l'ordre politique. En ce qui concerne la France, on pourrait certes énumérer les nombreuses réformes « faisables », susceptibles d'améliorer le système à la marge - et de lui procurer l'apparence d'une rémission : l'amélioration de la composition du Conseil constitutionnel, la suppression du cumul des mandats, l'introduction de la proportionnelle ou l'abolition de l'article 89-3 qui permet au Congrès de réviser la constitution à tout bout de champ. Autant de réformes techniquement réalisables, sans doute bienvenues - mais strictement capillaires. Dérisoires, au regard de la crise du politique et des menaces qui pèsent sur l'existence même de la France.

    L'état : une dispendieuse fiction

    Depuis les débuts de son histoire, celle-ci est à la fois un État et une société, qui ne se confondent pas mais marchent côte à côte, l'état ayant contribué à façonner la société, à la faire vivre et durer, cette dernière, de son côté, ayant toujours participé, selon des modalités variables, au fonctionnement de l'État - au point que son consentement constitue l'un des critères de sa légitimité. Or, tout cela part à vau-l'eau.

    L'État renonce, morceau par morceau, à sa propre souveraineté, acceptant de se fondre dans un ensemble fédéral au sein duquel sa nature étatique ne sera plus que virtuelle. Sur un autre plan, il laisse se disloquer les structures mises en place avec la Ve république - ces institutions qui lui avaient permis de tenir son rang pendant plus d'un demi-siècle, et d'échapper à un déclin qui, au vu des républiques précédentes, semblait pourtant fatal. Quant à la société, elle ne sait plus où elle en est ni où elle va - emportée par les turbulences de la mondialisation, brisée par l'horreur économique, secouée jusqu'aux tréfonds par des réformes sociétales qui, au nom du Progrès, achèvent de saper ses fondements et de défaire son identité.

    Une société qui ne sait plus ce qu'elle veut - mais qui a le sentiment de n'avoir plus son mot à dire sur les affaires qui la concernent car ceux qui décident sont ailleurs, et que l'état, qui la protégeait depuis des siècles, qui se battait pour elle et tentait d'assurer le bien commun, n'est plus qu'une dispendieuse fiction. Un « machin » qui ne sert plus à grand-chose, sinon à accélérer l'implosion générale, tout en coûtant de plus en plus cher.

    Un monarque incarnant la continuité

    Si on laisse de côté - pour l'instant - la question du prétendant et de la réalisation concrète, le fait est que l'idée se défend bien. Confier à un roi, héréditaire et donc indépendant des partis, le rôle de garantir l'essentiel, de défendre ce qui s'inscrit dans la durée et qu'on ne saurait donc laisser au hasard de majorités de rencontre, semble relever du simple bon sens. L'histoire, tout comme les expériences contemporaines, confirment que le monarque a intérêt à maintenir cet essentiel, et qu'il a la capacité d'y œuvrer, n'étant borné ni par la durée de son mandat, ni par ses promesses aux électeurs. C'est ainsi notamment qu'il peut envisager des réformes en profondeur - lesquelles, par définition, ne sauraient être que progressives et s'étaler sur de longues années, à l'inverse de la régionalisation-minute décidée sur un coin de table par le président Hollande et une poignée de conseillers.

    Il va de soi qu'un tel monarque ne serait pas omnipotent. S'occupant de l'essentiel, il laisserait le soin de la politique quotidienne à un premier ministre et à un gouvernement représentant, avec le parlement qui les a investis, la part démocratique du système. Le monarque incarne la durée, la continuité, l'union des différentes composantes de la nation et l'identité de celle-ci. À ce titre, il répond à ce besoin de repères que l'on ressent avec une particulière netteté en ces temps de mutation et d'incertitude. Car le monarque n'est pas seulement le chef de l'État, il est aussi celui de la Maison France, de la grande famille que constitue la nation, de même qu'il est le chef de sa famille à lui. C'est à travers sa personne, et sa famille, que, par en haut, l'État et la société se trouvent reliés - un lien qui se reproduit en bas, à travers les élections, mais sans bénéficier de cette pérennité. Sans bénéficier non plus de la personnalisation propre à l'État monarchique et qui, au fond, change tout : car l'État n'est pas symbolisé par une abstraction mais incarné par une personne de chair et d'os, que l'on sait par cœur, qu'on a vu grandir et dont on connaît les parents et les grands-parents. La forme royale offre ainsi une familiarité qui permet tout à la fois de rassurer et d'impliquer les citoyens - à rebours de l'indifférence que suscitent d'ordinaire les symboles froids et abstraits.

    Dans ce cadre, la démocratie acquiert elle aussi une signification particulière et peut se voir attribuer une densité accrue. Dès lors qu'il existe un référent stable et intangible, on peut en effet prendre le risque de la démocratie, et notamment, des changements fréquents qu'elle entraîne. Mieux, on peut, en revitalisant des procédures aujourd'hui neutralisées par la classe politique - référendum, pétition, initiative législative, mandat impératif... - réamorcer l'intérêt de la société pour son état, pour elle-même et pour son propre devenir. On peut faire en sorte que revive en elle le désir d'être souveraine et libre. En combinant monarchie et démocratie, on peut recoudre, et tenter de retrouver le politique perdu.

     

    Voir Politique magazine

     

  • Retour sur la disparition d’Hélie de Saint Marc, avec Jean Sévillia

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    Jean Sévillia a publié, dans Boulevard Voltaire, le 27 août, un très bel hommage à Hélie de Saint Marc, hommage auquel nous n'avons pas grand chose à ajouter. Nous le reproduisons intégralement.

    Nous dirons simplement qu'Hélie de Saint Marc, par tradition familiale et sympathie personnelle, était très proche de l'Action française et des royalistes. Les Provençaux se souviendront qu'il était venu, une année, au rassemblement royaliste des Baux de Provence et qu'il y avait signé un de ses livres qui venait de paraître. Il n'avait pas souhaité y intervenir, y faire "un discours". Mais il avait saisi le micro qu'on lui tendait pour dire, très simplement, son amitié aux nombreux présents. Il nous semble bien que ses paroles, plusieurs fois répétées, avaient été : " Je vous aime". C'était, cela aussi, tout Hélie de Saint Marc. Et cette amitié, nous ne l'oublierons pas.

    Lafautearousseau s'associe à ce deuil et à l'hommage de Jean Sévillia que l'on pourra découvrir en lisant la suite.

    L’honneur d’Hélie de Saint Marc

    par Jean Sévillia * 

    Nous le savions lentement aspiré par l’âge et la maladie, mais comme les vieux chênes, tant qu’il vivait et durait, il était là. Et puis est venu ce matin d’été où Hélie de Saint Marc est parti, et nous sommes nombreux, si nombreux, à être tristes. Et pourtant il n’aurait pas aimé notre tristesse, lui qui avait appris à surmonter les épreuves, toutes les épreuves que la vie lui avait infligées.

    Quelle image retenir de lui, tant elles se bousculent dans la mémoire ? Enfance bordelaise et périgourdine, milieu de hobereaux désargentés. Sur une cheminée de la demeure familiale trône un buste de Marie-Antoinette. Le père, avocat, lit Charles Maurras mais veille, en 1942, à saluer dans les rues de Bordeaux les passants qui portent l’étoile jaune. Déjà un héritage de fidélité et d’esprit rebelle. Le jeune Hélie est membre d’un réseau de Résistance. En 1943, cherchant à rejoindre les forces combattantes d’Afrique du Nord, il est dénoncé, arrêté. Prison, Compiègne, Buchenwald, puis le camp satellite de Langenstein… Saint Marc en réchappe grâce à un communiste letton qui l’a pris sous sa protection. Quand il est libéré par les Américains, il pèse 42 kilos et ne se rappelle plus son nom.

    Ayant frôlé la mort, il n’a plus peur. À 23 ans, il est élève à Saint-Cyr. Avec la Légion, ce sont ensuite deux séjours en Indochine, et cette scène qui le hantera jusqu’à la fin de ses jours : sur ordre du commandement, au cours d’une opération de repli à la frontière de Chine, il devra abandonner des villageois qui avaient fait confiance à l’armée française.

    Ce sera ensuite la guerre en Algérie, sous la direction du général Massu, puis le putsch de 1961 dans lequel, commandant par intérim du 1er REP, il entraîne son régiment. Lors de son procès, le soldat perdu expliquera n’avoir pas voulu revivre ce qu’il avait subi en Indochine : trahir la parole donnée.

    Condamné à dix ans de réclusion criminelle, gracié en 1966, il entame une carrière civile et mène enfin une vie de famille. Deux décennies d’activité professionnelle où il ressemble – en apparence – à un cadre tel que l’industrie française en emploie des milliers, mais où il mûrit en réalité une réflexion qui s’exprimera, à partir des années 1990, dans ses livres et ses conférences. Témoin et acteur d’événements tragiques, Hélie de Saint Marc devient alors un personnage public, qui raconte et commente ce qu’il a vu. Mais il ne le fait pas comme un ancien combattant ; soit dit avec le respect qu’on doit aux anciens combattants…

    Ancien déporté, ancien officier ayant servi dans des guerres perdues, ancien prisonnier, ancien proscrit, Hélie de Saint Marc, quand il se racontait, ne ressassait pas ses malheurs. Au contraire, sans renier ses engagements, il sublimait sa propre histoire, parvenant à une sagesse lucide sur la destinée humaine. Ceux qui avaient l’honneur d’être reçus par lui, à Lyon ou à l’ombre de ses oliviers, dans la Drôme, le constataient : le présent et l’avenir le passionnaient plus encore que le passé.

    La foi, la fidélité, l’honneur, le patriotisme, le courage, le don de soi, le service, telles étaient les valeurs qu’il prêchait, avec son profond regard et sa voix sûre, mais calme. « Il faut croire à la grandeur de l’aventure humaine », écrivait-il dans sa Lettre à un jeune de vingt ans. Adieu donc, cher Hélie de Saint Marc, à la douce pitié de Dieu. Vous aussi, à votre manière, vous étiez un Veilleur.

    Jean Sévillia
    Journaliste et essayiste.
    Rédacteur en chef adjoint au Figaro Magazine, membre du comité scientifique du Figaro Histoire, et auteur de biographies et d’essais historiques.
  • Sur le Blog de Bertrand Renouvin, à propos de la royauté Belge...

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    Peu de temps après l'abdication de la reine de Hollande en faveur de son fils, c'est le roi des Belges, Albert II (à gauche) qui a abdiqué en faveur de son fils Philippe 1er (à droite)

     

    Samedi dernier, en commentaire à notre Navigation sélective sur le Net, DC nous a écrit :

     

      Je vous invite à publier l'article rédigé en billet invité sur le blog de Bertrand Renouvin "d'Albert II à Philippe 1er roi des Belges, la monarchie parlementaire en questions".

    Écrit par : DC | dimanche, 18 août 2013

    Nous le faisons bien volontiers, en donnant seulement le lien permettant d'accéder au Blog de Bertrand Renouvin, car la longueur de l'article excède la capacité d'accueil des notes de Hautetfort : http://www.bertrand-renouvin.fr/

    Denis Cribier termine son article par ces mots :  

    "...En conclusion, il est toujours préférable d’écouter ce que disent nos voisins belges, qu’il s’agisse des hommes politiques ou des Belges eux-mêmes, de leur monarchie parlementaire, de la famille royale et de leur Roi, plutôt que de s’égarer dans les chroniques people ou les commentaires de presse, souvent caricaturaux en France, laissant entendre que l’institution royale n’est qu’une monarchie d’opérette.

    Interrogeons-nous plutôt sur ce que pourrait apporter de positif à la France, la permanence d’une monarchie parlementaire en France, et pourquoi certains de nos voisins européens l’ont conservée, en nous donnant de beaux exemples de démocratie vivante et apaisée, avec un Chef d’Etat indépendant des partis politiques, symbole de l’unité nationale."

    Il y a peu, nous évoquions dans ces colonnes la possibilité de la fin de la Belgique, étant donné la détermination d'un nombre toujours croissant de Flamands à exiger leur indépendance; et nous posions la question : quelle serait la politique de la France, ou que devrait elle être, vis-à-vis d'une Flandre indépendante d'une part, vis-à-vis de la Wallonie, d'autre part.

     

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    Dans un "commentaire" DC nous avait fait le reproche - amical, du moins l'avons-nous pris ainsi... - de ne considérer le sujet que du point de vue d'une éventuelle extension territoriale de la France, au cas où la Wallonie demanderait son intégration dans l'ensemble français; et il nous conseillait déjà de voir plutôt quels bienfaits réels la monarchie apportait au peuple belge.  

    L'accord est évident sur ce point précis; Mais, en politique, il faut prévoir; et l'on doit envisager les différents scénarios possibles, afin de tâcher d'en déduire une éventuelle position, une ligne de conduite; ce qui ne signifie bien sûr pas que l'on souhaite ces scénarios, ni qu'on les répute, d'avance, inéluctables... 

    Pour trois peuples, actuellement, en Europe, la demande d'indépendance existe réellement : les Catalans, les Ecossais et les Flamands. La France ne serait pas directement "impactée" - pour reprendre l'horrible expression de nos jargonautes de l'audiovisuel... - par les indépendances éventuelles de l'Ecosse ni de la Catalogne.

    Par contre, si une République Flamande voyait le jour à sa frontière Nord-Est, il est clair que la France devrait avoir une politique d'amitié avec ce nouveau pays, qui aurait pu faire partie de l'ensemble national, qui en a fait d'ailleurs partie un temps, mais dont l'Histoire nous a finalement séparé. Pourquoi pas imaginer, même, quelque chose qui ressemblerait à ce que François premier avait signé avec les Suisses : une Paix perpétuelle, qui dura près de trois siècles, et fut rompue seulement par la folie et les atrocités révolutionnaires ?... 

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    Quant à la Wallonie, le débat reste ouvert : les Wallons souhaiteraient-ils, eux aussi, être indépendants ? Demanderaient-ils leur rattachement à la France (qui a bien "accepté" Mayotte !...) ? Les Français approuveraient-ils ce rattachement ?...

    Tout ceci n'est que prospective, tirée de la simple observation du monde qui nous entoure. Si nous sommes tout à fait d'accord avec DC pour reconnaître les services que rend la monarchie (et comment pourrions-nous ne pas l'être ?...) il ne s'agit pas non plus de ne pas voir, de ne pas savoir, ou de ne pas vouloir savoir ce qui se passe à nos portes; que ce qui se passe soit bien ou mal, c'est une autre question : le fait est que cela se passe, et que - qu'on le veuille ou non - les apparences semblent bien aller dans le sens d'une "prise de pouvoir" par les Flamands, sous forme de prise de leur indépendance.

    Nous le constatons, c'est tout; et nous ouvrons le débat : quelle position exigerait l'intérêt national si l'Histoire nous présentait, bientôt, un tel cas de figure ? Et y aurait-il une attitude commune, ou officielle, des royalistes sur le sujet ?...

  • Égypte : Islamisation ou chaos. Ou les deux. (III/III)

    7. Quelle nouvelle constitution ?

    Dans un tel contexte il était inévitable que la nouvelle constitution soit l'objet de vives critiques. Les opposants estiment qu'elle n'est pas assez représentative du peuple, (coptes et libéraux n'ayant pas participé aux travaux de sa rédaction) et dénoncent son caractère islamique. Pour eux de nombreux passages remettent en question les libertés religieuses et individuelles. Parmi ces passages se trouvent la place de la Charia, la loi islamique. Les auteurs du projet ont conservé la formulation de la précédente Constitution, c'est-à-dire que les principes de la Charia sont les principales sources du Droit. Mais ils ont également précisé que ces principes font l’objet des interprétations de l'institution religieuse sunnite d'Al Azhar. Cela confère à une institution non démocratiquement élue, le pouvoir de définir les lois. De plus, deux clauses limitent la liberté d'expression : la première interdit toute insulte au prophète, et la seconde sanctionne les insultes aux personnes physiques. La liberté de culte n'est assurée qu'aux pratiquants des religions monothéistes. Concernant les droits des femmes, militants des droits de l'homme et opposants déplorent la révision du texte précédent, qui affirmait que l'égalité entre les sexes était garantie, selon la loi islamique. Le nouveau texte lui, reste assez flou en se contentant de déclarer que "tous les citoyens sont égaux devant la loi et égaux en droits et en devoirs sans discrimination". 

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     Le nouveau Président présente la nouvelle Constitution...

    L’Égypte en faillite

    C’est un truisme de dire que la misère est le terreau du sectarisme, du dogmatisme, du fanatisme, de l’obscurantisme. Pour le seul mois d’Avril, la revue de presse française et internationale sur la catastrophe de l’économie égyptienne ne laisse aucun doute sur son état comateux, de quasi mort clinique.

    Elle repose sur cinq sources de recettes qui en font une économie de rentiers : ressources en provenance de travailleurs émigrés, le canal de Suez, pétrole et gaz de la mer Rouge, tourisme, et aide américaine. Cette dernière est chiffrée par l’US.AID à 62 milliards de US$ entre 1977 (Camp David) et 2007, soit autour de 2 milliards US$ annuels, dans lesquels l’armée est la première servie (1,3 milliards US$). Trois de ces piliers sont sensibles aux aléas mondiaux : les rentes du canal de Suez, les transferts d’argent des émigrés, et le tourisme. L’économie égyptienne est fragile et dépendante.

    L’économie du tourisme : en 2010, ce sont 14 millions de voyageurs qui ont visité l’Égypte, et l’activité pesait pour 15% dans le PIB, et 17% du total des emplois. Chiffre tombé à 9 millions en 2011, et le même en 2012, là où le Caire tablait sur 12. 

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    L'Egypte importe 75% de son blé. L’investissement étranger s’est effondré. La monnaie dégringole. Le prix des médicaments s’envole, et une pénurie s’installe.

    Depuis deux ans, une négociation est en cours avec le FMI pour obtenir avec d’autres aides (Banque Africaine de développement, Banque mondiale, Union européenne) les crédits dont le pays a un besoin urgent. Mais aucune réforme n’est programmée qui pourrait susciter la confiance.

    gamal moubarak.jpgLes privatisations du secteur public et l’intégration de l’économie égyptienne dans l’économie mondiale n’ont profité qu’à un petit nombre, alors que le pays a connu un véritable essor économique. La privatisation a permis l'apparition d'une classe bénéficiaire liée à l'appareil d'État. Gamal Moubarak (photo, ndlr), alors à la tête du Parti national démocratique (PND), réforma le système économique. Il misa sur l'entrepreneuriat mais très vite la corruption permit aux clients et hommes d'affaires proches de la famille dirigeante d'amasser d'immenses fortunes. Les produits de la croissance ne sont pas redistribués et les conditions de vie des classes moyennes, de la petite bourgeoisie et des travailleurs se dégradent. Dans le même temps, la population souffre d'un manque d'infrastructures. Les transports sont obsolètes et dépassés, malgré quelques grands projets comme le métro du Caire ou le port de Nuweiba, sur la mer Rouge. Le secteur de la santé est frappé pour le sous-investissement alors que l'éducation ne parvient plus à faire évoluer positivement l'alphabétisation des habitants ruraux.

    Grand pays agricole de la région (grâce aux terres fertiles de la vallée du Nil), l’Égypte est incapable de nourrir sa propre population, la plus nombreuse du monde arabe. Avec la libéralisation économique accélérée sous la présidence Moubarak, le retrait de l’État, la privatisation de l’agriculture au bénéfice d’entreprises tournées vers la seule exportation ont entraîné de graves crises alimentaires se traduisant par des pénuries de pain et de produits de base.

    Pourtant, l'Égypte connaît de véritables avancées. L'équipement des ménages s'est considérablement amélioré depuis 10 ans. Il reflète la hausse du niveau de vie, largement tangible depuis le milieu des années 90. La mortalité infantile, bien qu'élevée, est en recul alors même que l'espérance de vie ne cesse d'augmenter et a dépassé les 70 ans. Enfin, l'Égypte compte plus de 20 millions d'internautes et 40 millions d'utilisateurs de téléphonie mobile.

     

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    Reste que l'économie égyptienne doit, chaque année, intégrer près de 2 millions de nouveaux arrivants sur le marché du travail, ce qui constitue le coeur de la crise sociale. 

    En guise de conclusion.

    Avec ce rapide tour d’horizon de la situation égyptienne en 3.500 mots, que nous espérons fidèle à la réalité, nous vivons ce qu’est l’islam. Qu’il est vain de s’évertuer à présenter comme une religion réformée. Et dont il est vain de parler comme d’un exercice spirituel à côté de la société civile.

    Depuis longtemps, dans son histoire, la France cultive une chaleureuse proximité avec l’Égypte. Ce qui aurait dû nous éclairer sur les turbulences en cours depuis deux ans. Au lieu de la visite précipitée d’un ministre des Affaires étrangères, monsieur Juppé, sur la place Tahrir (Avril 2011). Ce qui montrait à l’évidence qu’il n’avait rien compris à la situation... 

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    C'est une longue et belle histoire - qui se prolonge aujourd'hui... - que celle des relations et de l'amitié franco-égyptienne : de François premier et les "Echelles du Levant", à Champollion, qui a percé le mystère des hiéroglyphes; à Ferdinand de Lesseps, qui a creusé le Canal de Suez; à Boutros Boutros-Ghali, ardent défenseur de la Francophonie...