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Retour sur la disparition d’Hélie de Saint Marc, avec Jean Sévillia

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Jean Sévillia a publié, dans Boulevard Voltaire, le 27 août, un très bel hommage à Hélie de Saint Marc, hommage auquel nous n'avons pas grand chose à ajouter. Nous le reproduisons intégralement.

Nous dirons simplement qu'Hélie de Saint Marc, par tradition familiale et sympathie personnelle, était très proche de l'Action française et des royalistes. Les Provençaux se souviendront qu'il était venu, une année, au rassemblement royaliste des Baux de Provence et qu'il y avait signé un de ses livres qui venait de paraître. Il n'avait pas souhaité y intervenir, y faire "un discours". Mais il avait saisi le micro qu'on lui tendait pour dire, très simplement, son amitié aux nombreux présents. Il nous semble bien que ses paroles, plusieurs fois répétées, avaient été : " Je vous aime". C'était, cela aussi, tout Hélie de Saint Marc. Et cette amitié, nous ne l'oublierons pas.

Lafautearousseau s'associe à ce deuil et à l'hommage de Jean Sévillia que l'on pourra découvrir en lisant la suite.

L’honneur d’Hélie de Saint Marc

par Jean Sévillia * 

Nous le savions lentement aspiré par l’âge et la maladie, mais comme les vieux chênes, tant qu’il vivait et durait, il était là. Et puis est venu ce matin d’été où Hélie de Saint Marc est parti, et nous sommes nombreux, si nombreux, à être tristes. Et pourtant il n’aurait pas aimé notre tristesse, lui qui avait appris à surmonter les épreuves, toutes les épreuves que la vie lui avait infligées.

Quelle image retenir de lui, tant elles se bousculent dans la mémoire ? Enfance bordelaise et périgourdine, milieu de hobereaux désargentés. Sur une cheminée de la demeure familiale trône un buste de Marie-Antoinette. Le père, avocat, lit Charles Maurras mais veille, en 1942, à saluer dans les rues de Bordeaux les passants qui portent l’étoile jaune. Déjà un héritage de fidélité et d’esprit rebelle. Le jeune Hélie est membre d’un réseau de Résistance. En 1943, cherchant à rejoindre les forces combattantes d’Afrique du Nord, il est dénoncé, arrêté. Prison, Compiègne, Buchenwald, puis le camp satellite de Langenstein… Saint Marc en réchappe grâce à un communiste letton qui l’a pris sous sa protection. Quand il est libéré par les Américains, il pèse 42 kilos et ne se rappelle plus son nom.

Ayant frôlé la mort, il n’a plus peur. À 23 ans, il est élève à Saint-Cyr. Avec la Légion, ce sont ensuite deux séjours en Indochine, et cette scène qui le hantera jusqu’à la fin de ses jours : sur ordre du commandement, au cours d’une opération de repli à la frontière de Chine, il devra abandonner des villageois qui avaient fait confiance à l’armée française.

Ce sera ensuite la guerre en Algérie, sous la direction du général Massu, puis le putsch de 1961 dans lequel, commandant par intérim du 1er REP, il entraîne son régiment. Lors de son procès, le soldat perdu expliquera n’avoir pas voulu revivre ce qu’il avait subi en Indochine : trahir la parole donnée.

Condamné à dix ans de réclusion criminelle, gracié en 1966, il entame une carrière civile et mène enfin une vie de famille. Deux décennies d’activité professionnelle où il ressemble – en apparence – à un cadre tel que l’industrie française en emploie des milliers, mais où il mûrit en réalité une réflexion qui s’exprimera, à partir des années 1990, dans ses livres et ses conférences. Témoin et acteur d’événements tragiques, Hélie de Saint Marc devient alors un personnage public, qui raconte et commente ce qu’il a vu. Mais il ne le fait pas comme un ancien combattant ; soit dit avec le respect qu’on doit aux anciens combattants…

Ancien déporté, ancien officier ayant servi dans des guerres perdues, ancien prisonnier, ancien proscrit, Hélie de Saint Marc, quand il se racontait, ne ressassait pas ses malheurs. Au contraire, sans renier ses engagements, il sublimait sa propre histoire, parvenant à une sagesse lucide sur la destinée humaine. Ceux qui avaient l’honneur d’être reçus par lui, à Lyon ou à l’ombre de ses oliviers, dans la Drôme, le constataient : le présent et l’avenir le passionnaient plus encore que le passé.

La foi, la fidélité, l’honneur, le patriotisme, le courage, le don de soi, le service, telles étaient les valeurs qu’il prêchait, avec son profond regard et sa voix sûre, mais calme. « Il faut croire à la grandeur de l’aventure humaine », écrivait-il dans sa Lettre à un jeune de vingt ans. Adieu donc, cher Hélie de Saint Marc, à la douce pitié de Dieu. Vous aussi, à votre manière, vous étiez un Veilleur.

Jean Sévillia
Journaliste et essayiste.
Rédacteur en chef adjoint au Figaro Magazine, membre du comité scientifique du Figaro Histoire, et auteur de biographies et d’essais historiques.

Commentaires

  • Un merci très ému à Lafautearousseau et à Jean Sévilla pour cet hommage à un gentilhomme de France que nous admirions tous énormément.
    Et puis, n'oublions pas les larmes de Jeannette Bougrab lors de la remise des insignes de Grand Croix de la Légion d'honneur à ce héros le 28 novembre 2011 par le président Sarkozy ; elle reconnaissait ainsi la fidélité et l'honneur de cet officier.

  • Bien sûr merci à Jean Sévilla de nous rappeler les facettes de la vie d'Hélie de Saint Marc et tout ce qu'il a dû affronter. Oui, merci à lui et bien sûr nous serons en union de prières à son enterrement

  • Oui bien sûr les hommages de grande qualité abondent. Aujourd’hui encore, Régine Deforges dans le Fig. Et le texte de Denis Lensel dans http://www.france-catholique.fr/Helie-de-Saint-Marc-un-mystique-de.html#forum13539
    Cependant rien de mieux que de lire la demi douzaine d’ouvrages de sa main. Fascinante densité.

  • C'est un Grand Monsieur, un Grand Français qui nous quitte.Il fit passer l'honneur avant sa carrière et sa vie. Quelle différence avec nos politiciens!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  • Que dire à un jeune de vingt ans ?

    http://amicale2rima.fr/images/stories/histoire_militaire/que_dire.pdf

Les commentaires sont fermés.