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Feuilleton : "Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu"... : Léon Daudet ! (5)

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 (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

Aujourd'hui : Provençal, "provençalisant", mais de Paris (1/3)...

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ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

 

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De Paris Vécu, 1ème Série, Rive droite, premières lignes du premier chapitre, "Du Marais au Père Lachaise", pages 11/12 :

"Je suis né au Marais et j'y ai passé mon enfance heureuse, lumineuse, sans un pli, où je n'aperçois aucune mauvaise pensée, aucune contrariété, si ce n'est quand mon père, jeune marié, et qui avait gardé des habitudes de café, rentrait en retard pour le dîner.
Ma mère, qui a formé mon enfance au labeur régulier et à la franchise, ne lui faisait aucun reproche, mais son regard, dirigé alternativement sur lui et sur moi, refoulant mes larmes et reniflant, était une leçon suffisante.
Alors Alphonse Daudet, pour faire diversion, racontait une histoire de Paul Arène, ou de Bénassis, ou d'André Gill, qui, peu à peu, nous déridait.
Plus tard, je demandais à mon père : "Quel diable d'agrément pouvais-tu trouver au café ? Il n'y a rien de plus maussade." Il me répondait : "C'était l'habitude de mon temps."
Un de ces paradis était, je crois, le café de Suède, sur le boulevard, près des Variétés. Arène, grand découvreur de telles merveilles, et qui tarabustait son estomac à coups d'apéritifs - d'où son impuissance à achever - avait dégotté une petite brasserie de la rue Blondel, voie étroite et noire du même Marais. Mon père et lui rapportaient de là des petits pains salés, craquants et recourbés en 8 de chiffre, dits "parachtel".
Nous habitions 24, rue Pavée, au Marais l'hôtel Lamoignon, ancienne demeure du dix-septième siècle, de somptueuse apparence, divisée en plusieurs appartements, amusants, comme on dit, mais malcommodes. Nous occupions l'un de ces appartements. Là se réunissaient le mercredi soir, presque chaque semaine, dans notre modeste salle à manger, Flaubert, Zola, Tourguenieff, Edmond de Goncourt, que j'appelais "les géants" à cause de la haute taille de Flaubert et de Goncourt ! "Maman, est-ce le jour des géants ?"
Flaubert et mon père animaient tout de leurs blagues, de leurs rires, de leurs récits. Régulièrement, dès l'arrivée, Flaubert disait à mon père : "Bonjour, Alphonse, comment me trouves-tu ?... Toujours jeune, n'est-ce pas ?"
Ce "toujours jeune" précipitait "les géants" dans des cascades de rigolade, auxquelles je m'associais de toute mon âme.
Ma mère m'avait fait apprendre par coeur le début de Salâmmbo : "C'était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar." Je récitais cette belle prose à son auteur, qui me saisissait et m'élevait dans ses bras solides, et je voyais de tout près alors sa moustache à la Vercingétorix, et ses joues larges et luisantes..."

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