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Feuilleton : "Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu"... : Léon Daudet ! (6)

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 (retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

Aujourd'hui : Provençal, "provençalisant", mais de Paris (2/3)...

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ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...

 

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Hotel de Lamoignon, plaque commémorative

 

De Paris Vécu, 1ème Série, Rive droite, pages 12/13/14 :

"...Voici un de mes bons souvenirs d'enfance. Mon père dit à ma mère : "Je vais voir où en est mon bouquin." Ce bouquin c'était précisément "Fromont".
Il me prend par la main, nous suivons la rue de Rivoli, qui était notre débouché, à nous villageois du Marais, sur le vaste univers, et nous arrivons sur les quais, à la librairie Charpentier d'alors, près d'un marchand d'oiseaux, qui n'a jamais bougé.
Georges Charpentier, extasié, jeune, brillant, moustachu, ouvre la porte de son cabinet : "C'est un immense succès; mon ami ! Nous avons retiré déjà deux fois, nous retirons une troisième, et c'est parti pour au moins vingt mille."
Mon père était ravi. Il demanda, ce qui aujourd'hui semble fantastique, à être payé en or. Ses poches gonflées, nous revînmes à la maison. On grimpa les escaliers de pierre quatre à quatre. Ma mère travaillait à son petit bureau, proche de celui de mon père, dans son cabinet de travail.
Alphonse Daudet entre en dansant et jetant des louis sur le tapis, où ils roulaient et crépitaient en trébuchements étincelants. Dans les annales de la famille, cela s'appela "le pas de l'or".

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Pièce de 20 francs or, de l'époque...

 


Charpentier était un éditeur comme on en voit peu. Devant l'immense succès, il déchira le traité et en refit un autre, quatre fois plus avantageux pour l'auteur.
Une autre fois mon père m'emmena avec lui au Bien Public, situé rue Coq-Héron, près des Halles, afin de se faire payer, par une caisse récalcitrante (parce que vide) le prix d'un feuilleton.
La rue Coquillière, aujourd'hui coupée en deux par la rue du Louvre, offre une partie alimentaire et claire - celle qui regarde les Hallles - et un tronçon commerçant et sombre, celui qui mène à la Banque de France et au dédale de rues animées et sales, aboutissant au sanctuaire le plus impressionnant et efficace de Paris, "Notre-Dame-des-Victoires". Le Bien Public était situé dans l'obscur tronçon. Les bureaux du journal, minables et noirs, étaient au second. Quand nous entrâmes, un garçon de bureau somnolait entre un saucisson et un coffre-fort que l'on devinait vide, et qui devint celui de Passajon, dans "Le Nabab".
- Ces Messieurs sont en conseil... dit cet homme, montrant une porte à tambour, dont le cuir, crevassé, pendait.
- Justement, dit mon père... Et à moi "reste là".
Il entra délibérément, réclama son dû - "touxondu" comme disait Millerand après la Grande guerre, - et, comme il avait une certaine autorité gaillarde, en dépit de son monocle et de ses cheveux longs, il se fit payer, par "ces messieurs" ébaubis, séance tenante : "Rappelle-toi, ajouta-t-il en descendant le colimaçon gluant, qu'il faut toujours réclamer le paiement de son travail"
Je me suis souvenu de cette leçon..."

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