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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Ces intellectuels, chercheurs, penseurs... qui s'intéressent à Maurras : Le Colloque Maurrassisme et littérature, partie

             Dans le droit fil de ce qui précède, et comme vous l'avez vu sur le Blog, nous annonçons depuis une bonne semaine le Colloque Maurrassisme et littérature (IVème partie) des Jeudi 20, Vendredi 21 et Samedi 22 octobre à Paris, La Sorbonne.

            Colloque Maurrassisme et littérature.pdf 

            Ce colloque aura lieu à la Maison de la recherche de Paris 3, 4 rue des Irlandais, 75005 Paris (entre le Panthéon et l'ENS). Le programme figure sur le site d'histoire de Sciences-Po...

            Quelle meilleure façon d'illustrer le propos de Boutang ! : Maurras est un penseur comme les autres, il peut et doit être étudié comme les autres. D'ailleurs, il est parfois surprenant de voir qui ne craint pas de parler de Maurras : sans remonter jusqu'à Pompidou, alors président de la République en exercice (excusez- du peu...) expliquant aux étudiants à qui il donnait une conférence que le Kiel et Tanger de Maurras ne quittait pas sa table de chevet, on a entendu, beaucoup plus récemment, Yvan Levaï, qui n'a pas craint d'évoquer lui aussi longuement Maurras, dans sa chronique du samedi matin sur France inter; ou Edgar Morin, qui l'a évoqué, toujours sur France inter, sans la moindre gêne, reconnaissant en lui le chef de file du courant de pensée réactionnaire (mot employé par lui sans nuance péjorative)...

            Juste après la parution de l'annonce du Colloque, nous avons reçu de G.P. le commentaire suivant, qui récapitule et résume en quelque sorte tout ceci. Il nous a semblé que ce texte méritait mieux que de rester dans la Catégorie "Commentaires" et que, dans le droit fil de ce qui vient d'être dit hier et aujourd'hui, il pouvait être "sorti" pour l'illustrer; et que, même, de ce point de vue là, il tombait à point...

            Le voici : 

    "Ce colloque que vous annoncez et qui fait suite aux trois déjà tenus ces trois dernières années, me paraît impressionnant à plusieurs titres :

    . Le nombre d'universitaires qui s'intéressent à l'œuvre de Maurras et à ses corrélations avec d'autres œuvres ou thèmes contemporains,

    . Leur répartition géographique très large, en France et bien au delà, qui témoigne du rayonnement et de l'influence étendue du courant maurrassien,

    . La variété, l'hétérogénéité des sujets traités, qui reflète, au moins en partie, le nombre de personnalités littéraires ou politiques, de sujets, de pays, auxquels Maurras s'est intéressé ou que lui-même a intéressés. Ce que l'on appelle sa "fermeture" serait-elle, au moins en partie, une légende ?

    Trois réflexions complémentaires me viennent encore à l'esprit à l'annonce de ce colloque :

    . La première est que, si Maurras reste "M le Maudit" dans l'univers des grands médias ou de l'Education, partout où l'on s'emploie à perpétuer le règne d'une "pensée unique" de plus en plus "mécanique", de moins en moins vivante, tout ce que nous avons d'esprits libres n'est plus sensible, aujourd'hui, au préjugé anti-maurrassien et se sent tout à fait libre d'en traiter. C'est peut-être parmi les vieux maurrassiens, nés de l'après-guerre, que le complexe "M le Maudit" est, encore, aujourd'hui, paradoxalement, le plus ressenti ... A preuve, Edgar Morin qui, sur France Inter (!) n'hésite pas à ranger la pensée de Maurras aux côtés de celles de Marx et de Tocqueville, comme l’une des trois plus importantes pensées politiques du monde moderne. (Non pas postmoderne, qui n'en a plus). Et d'un autre côté, le militant d'Action française qui interroge Tony Kunter, dans une récente vidéo, sur ses livres à propos de Maurras, profil très bas : "Maurras n'est plus connu, Maurras est rejeté", etc. etc.

    . La deuxième réflexion en est la suite : c'est que, contrairement à ce que l'on se plaît à dire, même dans des milieux qui ont approché la pensée de Maurras, son influence reste considérable. Elle n'est pas achevée; une nouvelle génération peut y puiser de puissants éléments pour sortir, s'il se peut, les sociétés modernes, française en particulier, des impasses où elles se sont placées.

    . La dernière de mes réflexions, et l'on m'excusera peut-être de leur longueur, rejoint, précisément à propos de Maurras, et de ce colloque, la conclusion de la remarquable conférence d’Antoine de Crémiers sur « La Mondialisation, Babel effondrée » :
    « Il est grand temps de redécouvrir les idées traditionnelles, à partir d’une position qui n’est pas de défense mais de révolte, car ce qui est en crise, aujourd’hui, ce sont précisément les principes qui sont au fondement de la critique des idées traditionnelles ». Où mieux que chez Maurras - mais, bien-sûr, pas exclusivement - les trouverait-on, aujourd’hui, ces « idées traditionnelles » dont nous avons besoin ? Dont une nouvelle élite à construire pourrait, elle aussi, très librement, avoir besoin ? C’est aussi, semble-t-il, l'intérêt, précurseur, de ces colloques."

  • Dans notre Éphéméride de ce jour : Maurras condamné, ou : quand les premiers ”collabos” condamnaient les premiers ”résis

    1945 : Maurras condamné...

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    Le 28 janvier 1945, la cour de justice de Lyon déclare Maurras coupable de haute trahison et d'intelligence avec l'ennemi et le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale.

    Pour "Intelligence avec l'ennemi" ! : or, c'est bien  "la seule forme d’intelligence que Maurras n’ait jamais eue", comme l'a si bien dit François Mauriac, qui n’était pourtant pas de ses amis politiques...

    Le Parti communiste étant la plus puissante et la plus structurée des forces constituant, alors, le courant révolutionnaire, c'est lui qui fut le principal meneur de cette "re-Terreur" (comme disait Daudet, parlant de la Commune) que fut la sinistre Épuration.

    Or, L'Action française a été la première à dénoncer "l'énergumène Hitler", "le monstre", "le Minotaure", alors que le Parti communiste s'est plié aux injonctions de Moscou à la signature du Pacte de non agression germano-soviétique (du 23 août 1939 au 22 juin 1941) : Maurice Thorez passa du reste, confortablement, la guerre à Moscou, du 8 novembre 39 à son retour en France, le 24 novembre 44. Ce fut la raison pour laquelle L'Humanité fut interdite en 1939, pendant près de deux ans (voir l'Éphéméride du 25 août et l'Éphéméride du 28 août)

    Le Parti communiste changea, évidemment, d'attitude après l'attaque de l'URSS par Hitler; mais - quand on connaît l'Histoire - on comprend mieux la violence, en 44, de ceux qui avaient tant de choses à faire oublier...

    Condamner Maurras pour "intelligence avec l'ennemi", c'était - et cela reste, tant que la condamnation n'est pas annulée... -  rien moins que faire condamner les premiers "résistants" par les premiers "collabos"...

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    Dans le jardin de sa maison de Martigues, directement apposée sur l'angle de la maison, côté ouest, une stèle - aujourd'hui "disparue... - "répond" "à l'infâme verdict du 27 Janvier 1945".

    Sur la photo ci-dessous, François Davin - fondateur de lafautearousseau - montre deux stèles aux membres d'un groupe auquel il explique et fait visiter la "partie architecturée" du jardin, telle que l'a voulue et réalisée Charles Maurras : la stèle de droite (qu'il montre avec sa main) est toujours en place : c'est celle qui commémore la donation de la Bastide à la Mairie; c'est la stèle de gauche, juste à droite de la porte, qui a disparu...

    La Mairie communiste a-t-elle voulu faire disparaître le témoignage courageux des pêcheurs et du petit peuple de Martigues, qui reconnaissait un "ami" en la personne du grand Maurras ?...

    Bizarre, bizarre...

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    On lit sur cette stèle "la lettre historique écrite, à l'automne de 1944, par le Président du Conseil de nos Prud'hommes Pêcheurs" :

     
    Communauté des Patrons-Pêcheurs de Martigues.

    Martigues, le 16 Octobre 1944.

    Nous, Conseil des Prud'hommes pêcheurs des quartiers maritimes de Martigues, représentant 700 pêcheurs, attestons que notre concitoyen Charles Maurras a, depuis toujours et jusqu'à son incarcération, faisant abstraction de toute opinion politique, fait entendre sa grande voix pour la défense des intérêts de notre corporation.
    Par la presse, il a attaqué les trusts et les autres grands profiteurs, ainsi que certaines administrations qui voulaient nous brimer.

    Pour le Conseil des Prud'hommes, le Président Dimille. 

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    Face au théâtre, la Prudhommie des Pêcheurs de Martigues

     

    Voir - publié sur Boulevard Voltaire - la mise au point éloquente de Laure Fouré, juriste et fonctionnaire au Ministère des finances et d'Éric Zemmour :

    Oui, l'Action française a toujours été anti nazi

     

    Mais c'était le temps de la sinistre Épuration, qui ne fut rien d'autre qu'une vulgaire - mais sanglante - "re-Terreur" (l'expression est de Léon Daudet), qui dénatura et souilla d'une tâche indélébile la libération du territoire national, et dont l'un des grands "maîtres" (!) fut le non moins sinistre Aragon (voir l'Éphéméride du 11 mai, sur la Dévolution des Biens de presse)...

     

    28 janvier,bal des ardents,charles vi,paris,soldat inconnu,arc de triomphe de l'etoile,legion d'honneur,medaille militaire,croix de guerre,stade de france,saint denis,charlemagne,la rochejacqueleinÀ cette inique condamnation, Maurras réagira en Sage, et composera son splendide poème :

     

                            Où suis-je ? 

     

               (voir l'Éphéméride du 3 février)

     

     

  • Sur le site officiel de l'Action française, Bustes pour mairies, l’éditorial de François Marcilhac.

    «  La Confédération générale du Travail est, elle-même, cause seconde et non cause première  ; elle emploie toutes les armes qu’elle possède pour se défendre, mais l’agression ne vient pas d’elle.

    L’agresseur, le coupable, le responsable, c’est le gouvernement de M. Clemenceau  ; avec lui et derrière lui, le régime démocratique, le régime républicain. Vérité que l’ouvrier parisien comprend désormais. La pendaison de Marianne devant la Bourse du travail est l’acte le plus significatif de notre histoire depuis le 14 juillet 1789. Bourgeois conservateurs, le comprendrez-vous ?  »

    françois marcilhac.jpgVoilà ce qu’écrivait Maurras dans L’Action Française du 4 août 1908, en réaction aux émeutes ouvrières de Draveil et de Vigneux et à la répression sanglante de Clemenceau, qui fit arrêter, dès le 1er août, des responsables de la CGT. Puis, commentant le fait que le président du Conseil, toutefois, ne prononce pas la dissolution du syndicat incriminé, il poursuit dans L’AF du 11 août suivant : «  M. Clemenceau ne dissout pas la Confédération parce que cet organisme prolétarien qui lui cause aujourd’hui une gêne cruelle, il compte bien l’utiliser dès qu’il sera sûr de l’avoir en main. […] Convenons-en. C’est la solution éternelle. Transformer les braconniers en gardes-chasses, métamorphoser les chemineaux en soldats, les bandits en soutiens de l’ordre est un des a b c de la politique. Seulement, ici, l’ordre à soutenir est un ordre démocratique et républicain.  »

    Il faudrait être un sot ou un fou pour ne pas comprendre toute l’actualité de ces propos de Maurras en pleine crise politique et sociale, déclenchée à la fois par le projet de loi sur les retraites, des grèves et manifestations impuissantes, avec  le « retenez-moi ou je fais un malheur  » de la CGT et la domestication de la CFDT, jusqu’au recours, par la préfecture de police, à ces auxiliaires du régime que sont devenus les antifâ — «  transformer les bandits en soutien de l’ordre  », comme l’écrivait Maurras  —, un débat pour la forme au Parlement — ainsi le veulent les institutions de la Ve République instaurant le parlementarisme rationalisé, c’est-à-dire impuissant —, enfin,  le recours pitoyable au 49-3 pour débloquer une prétendue obstruction parlementaire — plus de 137 000 amendements avaient été déposés en 2006 sur le projet de loi relatif à l’énergie sans que le gouvernement de l’époque recourût alors à cette arme institutionnelle prévue, aux origines de la Ve République, pour pallier les incertitudes d’une majorité chancelante. 

    Cette actualité, nos militants de la Ville Rose l’ont comprise, qui ont pendu l’effigie de Marianne, samedi, peu avant qu’Edouard Philippe n’annonce le recours au 49.3. Heureuse rencontre des événements ! Qui montre combien l’essentiel est désormais non pas tant dans la déliquescence, réelle, d’institutions arrivées à bout de souffle, que dans les causes de cette déliquescence : un pays légal dont l’illégitimité s’est étendue à l’ensemble des partis et des corps intermédiaires, incapables de sortir du schéma libéral et européiste dont le macronisme est la partie émergée. Les réactions outrées, à l’action symbolique de nos militants, du pays légal, de gauche comme de droite, voire du Rassemblement national, comme des associations subventionnées en dit long sur leur autisme : totalement déconnectés de la réalité sociale et politique actuelle, en dépit du soulèvement des gilets jaunes, dont les braises couvent toujours, ces apôtres de la Liberté demandent des sanctions judiciaires, pour la pendaison d’un poupée de chiffons, eux dont l’héritage est celui, toujours revendiqué, des guillotineurs de la Terreur et des premiers génocidaires de l’histoire contemporaine. Un autisme que nos militants de Nantes dénonçaient, pour leur part, deux jours auparavant, en matière de sécurité — réduite à un «  sentiment  » par nos élites protégées des beaux quartiers. 

    «  Contre un régime instable, irresponsable, à court terme et qui divise, contre une république centralisatrice soumise aux lobbies qui sacrifie le bien commun aux intérêts particuliers et à la démagogie, vite la Monarchie  ! Pour que vive la France, vive le roi  !  » Ainsi se sont exprimés nos militants, sur le pont franchissant la Garonne, tandis que, Marianne se balançait au-dessus de l’eau : «  Qu’on la pende pour voir un peu dinguer en croix / Sa vie horizontale et sa mort verticale !  », chantait Verlaine, dans son poème Bustes pour mairies… Du reste, les réactions politiques et la couverture de cette action n’ont pas manqué de faire réagir nos camarades  : «  Il est honteux et inquiétant que notre action potache d’hier ait davantage retenu l’attention des médias et élus républicains que notre action du 30 novembre dernier, qui visait à alerter sur le rachat américain de Latécoère, entreprise française, fleuron stratégique  », peut-on lire sur le compte d’Action française – Toulouse. Cela prouve «  que la République est trop faible pour défendre les intérêts de la France et préfère défendre aveuglément ses symboles et ses valeurs abstraites, au détriment des Français et du bien commun  ».

    Qu’ajouter, sinon que nos militants, partout en France, sont la  voix du pays réel. Un semblant d’opposition s’organise contre le passage constitutionnel en force du texte sur les retraites, que Macron veut voir adopté en première lecture avant les municipales…  Ce projet de loi impopulaire sera-t-il la goutte d’eau qui fait déborder le vase — sans compter l’incidence éventuelle de l’épidémie de coronavirus, pour le cas où le gouvernement ne se montrerait pas à la hauteur, ou en profiterait pour repousser des élections qui seront catastrophiques pour lui, en  dépit de l’alliance objective de LR — l’opposition Canada Dry —, comme au Havre où se présente Philippe ? 

    Les fondements de la société n’ont jamais été aussi attaqués, notre peuple n’a jamais été aussi menacé dans son unité même — politique, culturelle —, son identité et son honneur sont battus en brèche par des élites à l’écoute des forces de dissolution instaurant une préférence étrangère s’accompagnant de discours de haine à l’encontre de la France. Le socle économique s’effondre, tandis qu’on promet aux Français toujours davantage de sacrifices sous prétexte qu’ils ne travailleraient pas suffisamment ou vivraient au-dessus de leurs moyens — à moins que ce ne soit plutôt nos élites qui vivent au-dessus des moyens du pays réel. Chacun sent que cela ne peut plus durer ainsi encore longtemps. 

    L’Histoire est évidemment à la porte, mais nul ne sait encore quand elle frappera, ou plutôt, à quelle occasion elle frappera. C’est la raison pour laquelle il faut se tenir prêt. C’est la raison pour laquelle le comte de Paris, lui aussi, se tient prêt. Lui seul est disponible à relever le drapeau national car lui seul est légitime pour le faire. Il n’y a pas de «  en même temps  » en royauté. La légitimité ne se divise ni ne se multiplie. Elle est une. En ce centième anniversaire de la canonisation de Jeanne d’Arc et de la création de sa fête nationale — Jeanne qui sut ne se confier qu’au seul et unique Prince légitime pour redresser la France —, la confiance dans les ressorts du pays doit être notre seule boussole.

  • Grandes ”Une” de L'Action française : Quand il est mort, le poète... Mistral (2/2)

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

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    Après Maurras, le lendemain de la mort de Mistral, c'est Daudet qui rend hommage au poète, le surlendemain, dans un très bel et très émouvant article, qui occupe l'intégralité de la première colonne de gauche et les premières lignes de la deuxième, et intitulé "Mistral est mort" :

    "... Un voile noir est tendu sur la Provence, sur la France entière, sur la haute culture, sur la poésie sublime et vraie... Le glas sonne à Saint Trophime, à tous les clochers de la vallée du Rhône, et je sais des bergers de Camargue qui pleurent auprès de leurs troupeaux. Le fleuve impétueux qu'il a célébré, de Condrieu à Saint-Louis, gémit en courant le long de ses rives. Il n'est pas un métier, pas un usage, pas une coiffure, pas un instrument aratoire, pas une cérémonie de fête ou de larmes qui ne perde en Mistral un maître et un ami. Aux Saintes-Maries-de-la-Mer, tendant ses bras si purs à l'immensité bleue, la fine Mireille, dont sont épris tous les coeurs lyriques, expire une seconde fois... 

    ...Son oeuvre poétique est un monument. Son dictionnaire franco-prevençal en est un autre. Son Musée en est un troisième... Le mistralisme - c'est-à-dire l'ensemble de ses doctrines - peut être considéré comme le bréviaire des nations opprimées, désireuses de na pas périr...

    Ses yeux sont fermés à jamais, mais leur vision nous éblouit."

    En quatrième colonne, on trouve quelques lignes, un extrait d'une lettre adressée à Madame Léon Daudet (surnommée affectueusement "Pampille", à l'AF) par Madame Boissière, née Thérèse Roumanille, un nom et une famille qui comptent dans l'histoire du Félibrige : "Un dernier portrait de Mistral"

    • En "Une", première colonne de gauche, l'article de Daudet "Mistral est mort" :

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    • Tout en haut de la quatrième colonne, ces quelques lignes émouvantes :

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    Et, pour terminer cet hommage de ses amis d'AF au grand Frédéric Mistral, voici les deux liens qui vous permettront de lire les deux très beaux textes que lui a consacré Jacques Bainville, tous les deux tirés de notre Catégorie "Lire Jacques Bainville" :

    • Lire Jacques Bainville...(XVI) : La Provence en deuil...

    • Lire Jacques Bainville...(XV) : "C'était du temps que Mistral vivait..."

    Ces deux textes ont également été publiés dans L'Action française, mais un peu plus tard pour le premier (le 30 mars) et le 7 mai, pour le second. Ils ne sont pas signés "Jacques Bainville" mais - nous ignorons pourquoi - "Léonce Beaujeu"; et l'un et l'autre paraissent sous le "titre" (?) bizarre "Au jour le jour" (avec un ajout : "Courrier de la semaine" pour celui du 30 mars...)

     

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    Voici le lien, pour lire la "Une" du 27 mars 1914 : en bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à droite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite... :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k758307d/f1.image.zoom

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  • Idées • Maurras tel qu'en lui-même : Pour en finir avec le temps où les Français ne s'aimaient pas ...

    D'illustres admirateurs et quelques grands amis ...

     

    3717013392.jpgIl y a cent-cinquante ans - un siècle et demi ! - que Maurras est né à Martigues, en Provence [1868] « au bord des eaux de lumière fleuries » [1|

    Il y a plus d'un siècle qu'il a inauguré son royalisme militant en publiant son Enquête sur la monarchie (1900). Et il y a presque 70 ans - une vie d'homme - qu'il est mort à Saint-Symphorien les Tours [1952]. Mais les passions qu'il a si souvent suscitées de son vivant - qu'elles fussent d'admiration ou de détestation, l'une et l'autre souvent extrêmes - ne semblent pas s'être émoussées avec le temps. Prêtes toujours à s'élancer. Comme pour attester une forme paradoxale et performative de présence de sa pensée et de son action.

    On sait que la décision d'exclusion du ministre de la Culture, Mme Nyssen, a fini par susciter une vague d'indignations assez générale qui s'est retournée contre son auteur. Mme Nyssen ne savait pas ou avait oublié que depuis notre Gaule ancestrale ou le lointain Moyen-Âge, énorme et délicat, les Français détestent les interdictions. Et les Hauts Comités les démentis du Pouvoir.

    Mais cette réprobation n'empêche pas à propos de Maurras l'inévitable mention, dogmatiquement prononcée, des « zones d’ombre ». Expression d'une notable imprécision, lourde de mystérieux et inquiétants sous-entendus et le plus souvent inexpliquée ... À propos de Maurras, on réprouve l'interdit - en bref, on veut benoîtement la liberté d'expression - mais on accuse le fond. 

    « Zones d’ombre » est porteur d'opprobre. De quoi s'agit-il ? Qu'a donc fait ce Maurras qu'admiraient Proust, Péguy, Malraux et le général De Gaulle ; qui fut l'ami de Bainville et de Daniel Halévy, de Bernanos et de Joseph Kessel, de Barrès et d'Anatole France, d'Apollinaire et de Thibon, de Gaxotte et de Boutang ? Qui fut académicien français. Que consultait Poincaré au cœur de la Grande Guerre, que citait Pompidou dans une conférence demeurée célèbre à Science-Po Paris. « Zones d'ombre » ? Fût-ce brièvement, il nous faut bien tenter de dire le fond des choses, de quitter l'allusion sans courage et sans nuances.

    Quatre grands reproches sont faits à Maurras : son antirépublicanisme, son nationalisme, son antisémitisme et son soutien à Vichy. 

    LA CONTRE-REVOLUTION

    Le premier - le plus fondamental - est d'avoir été un penseur contre-révolutionnaire ; d’être le maître incontesté de la Contre-Révolution au XXe siècle ; d'avoir combattu la République et la démocratie, du moins sous sa forme révolutionnaire à la française ; enfin d'être royaliste. Options infamantes ? En France, oui. Mais en France seulement. Et pour la doxa dominante. La Révolution ni la République n'aiment qu'on rappelle leurs propres zones d'ombre. Leurs origines sanglantes, la Terreur, la rupture jamais cicatrisée avec notre passé monarchique, avec l'ancienne France, qu'elles ont imposée. « Soleil cou coupé » ... écrira Apollinaire (2). Et, à la suite, à travers de terribles épreuves et quelques drames, toute l'histoire d'un long déclin français, d'un inexorable affaissement de notre civilisation, que Zemmour a qualifié de suicide et dont nous-mêmes, aujourd'hui, vivons encore l'actualité. Faut-il rappeler qu'au début des années soixante (1960), De Gaulle, monarchiste, avait envisagé que le Comte de Paris lui succède ? Que François Mitterrand dans sa jeunesse était monarchiste et que, comme en atteste, plus tard, sa relation constante avec le comte de Paris, il l'était sans-doute resté ? Quant à l'actuel président de le Réplique, on connaît ses déclarations sur le roi qui manque à la France ... Sur sa conviction que les Français n'ont pas voulu la mort de Louis XVI, la mort du roi ... (3) Faut-il reprocher à De Gaulle, Mitterrand ou Macron telle « zone d’ombre » ? Comme à Maurras ? Ce dernier voulut simplement, à la différence de ces derniers grands-hommes, que ce qu'il savait nécessaire pour la France devînt réalité. Il y consacra sa vie et y sacrifia sa liberté. 

    LE NATIONALISME

    Le nationalisme, autre « zone d’ombre » ? Être nationaliste, un motif d'opprobre, de rejet moral ? Non, s'il s'agit d'un nationalisme quelconque à travers le monde. Oui - pour la bien-pensance - s'il s'agit du nationalisme français. Maurras l'avait défini comme « une douloureuse obligation » dont la cause et le contexte sont historiques, bien plus qu’idéologiques : l'humiliante défaite de 1870 et l'affrontement franco-allemand qui ne cessera jamais vraiment entre 1870 et 1945. « Douloureuse obligation » créée aussi par l'absence de roi, laissant la France aux mains, pour ne pas dire à la merci, d'un régime faible divisé et imprévoyant, qui la plaçait en situation d'infériorité face à l'Allemagne impériale. Plus tard, face à l'Allemagne nazie. Au cours de chacune des deux avant-guerres, Maurras avait vécu dans l'angoisse de l'impréparation où nous maintenait l'État républicain, laquelle devait rendre la guerre à la fois inévitable et terriblement meurtrière. Avant 1914, il avait eu la vision tragique de ce qui se préparait : « Au bas mot, en termes concrets, 500 000 jeunes français couchés froids et sanglants sur leur terre mal défendue » (4). On sait ce qu'il en fut, qui fut bien pis. Entre 1935 et 1939, l'on eut la reproduction du même scénario. La trahison de Blum refusant d'armer la France face au nazisme en même temps qu'il menait une politique étrangère belliciste irresponsable, les agissements du Parti Communiste, aux ordres de Moscou, comme Blum l'était de la IIème Internationale, allaient rendre le futur conflit mondial inévitable. « Pourquoi faut-il de tels retours ? « écrira alors Maurras. Dans la douleur, nous dit Boutang. On sait qu'il vécut cette période dans la certitude de la guerre et de la guerre perdue. Le « miracle de la Marne » qui avait sauvé la France en 1914, ne se renouvellerait pas ... Tel fut, au-delà du simple patriotisme, le nationalisme maurrassien. Nationalisme non de conquête ou d'expansion mais de défense d'un pays menacé. Menacé de l'extérieur et de l'intérieur, car le danger allemand n'était pas le seul qui pesât sur la France. Son désarmement mental, social, politique et culturel, ses divisions, étaient à l'œuvre comme elles peuvent l'être encore aujourd'hui pour diverses raisons supplémentaires dont certaines - comme l'invasion migratoire ou le mondialisme - que Maurras n'eut pas à connaître. Elles justifient, elles aussi, la persistance de la « douloureuse obligation » d’un nationalisme français.

    L'ANTISEMITISME

    L'antisémitisme est un autre des grands griefs faits à Maurras. Il n'est pas un thème central dans son œuvre et dans sa pensée - comme il le fut pour Edouard Drumont dont l'influence avait été considérable à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. C'est pourtant à l'antisémitisme que l'on réduit souvent Maurras dans les débats d'aujourd'hui. 

    Une évidence s'impose ici : on ne comprendra rien à l'antisémitisme de Maurras, celui de son temps, très répandu en tous milieux, si, par paresse d'esprit ou inculture, l'on se contente de le considérer et de le juger avec des yeux qui ont vu, des mémoires qui savent, ce que vécurent les Juifs d'Europe entre 1930 et 1945, ce qu'était devenu l'antisémitisme en une époque barbare.  Dans la jeunesse de Charles Maurras et encore longtemps après, l'antisémitisme fut une opposition politique, culturelle et si l'on veut philosophique à l'influence excessive que leur communautarisme natif - singulièrement apte à « coloniser » - conférait aux Juifs de France. À propos de cet antisémitisme politique de Maurras, Éric Zemmour propose une comparaison tirée de l'Histoire : « Son antisémitisme était un antisémitisme d'État, qui reprochait aux Juifs un pouvoir excessif en tant que groupe constitué, à la manière de Richelieu luttant contre « l'État dans l'État » huguenot. » (5) Avant la seconde guerre mondiale, il n'y avait pas là motif à rupture personnelle ou sociale, ni même un motif d'inimitié. Le jeune Maurras est lié à Anatole France. Il fréquente le salon de l'égérie de France, Madame Arman de Cavaillet, née Lippmann ; il est l'ami de Marcel Proust, plus qu'à demi Juif (sa mère est née Weil). Ils resteront amis, quoique Proust ait été dreyfusard, jusqu'à la mort de l'auteur de la Recherche. Proust l'a écrit, aussi bien que son admiration pour Maurras, Bainville et Daudet.  On se souvient que Léon Daudet, disciple de Drumont bien davantage que Maurras ne le sera jamais, fit obtenir à Proust le prix Goncourt pour A l'ombre des jeunes-filles en fleur, en 1919 ... L'un des plus vifs admirateurs de Charles Maurras et son ami jusqu'à sa mort après la Seconde Guerre mondiale (1962, dix ans après Maurras), sera l'un des Juifs les plus éminents du XXe siècle, Daniel Halévy, dont, pour la petite histoire, mais pas tout à fait, la fille épousera Louis Joxe, résistant, ministre du général De Gaulle, et père de Pierre Joxe. De Daniel Halévy, l’auteur d’Essai sur l'accélération de l'HistoireJean Guitton écrira : « Il avait un culte pour Charles Maurras qui était pour lui le type de l'athlète portant le poids d'un univers en décadence. » (6)

    L'antisémitisme politique de Maurras, au temps de sa pleine gloire, ne le sépara pas des grandes amitiés que nous avons citées et de l'admiration que lui portèrent, de Malraux à Bernanos, les plus illustres personnalités de son temps. Maurras eut-il le tort de ne pas comprendre que la persécution des Juifs au temps du nazisme rendait toute manifestation d'antisémitisme contestable ou même fautive ? Impardonnable ? On peut le penser, comme Éric Zemmour. C'est ignorer toutefois deux points essentiels : 1. ce que souffrirent les Juifs lors du conflit mondial ne fut vraiment connu dans toute son ampleur qu'après-guerre, 2. Peut-être est-il triste ou cruel de le rappeler mais le sort des Juifs ne fut pas le souci principal ni même accessoire, des alliés pendant la guerre.  Ni Staline, lui-même antisémite, ni Roosevelt, ni Churchill, ni De Gaulle, ne s'en préoccupèrent vraiment et n'engagèrent d'action pour leur venir en aide, nonobstant leurs appels au secours.  Le souci premier de Charles Maurras était la survie de la France et son avenir. S’il s’en prit nommément à des personnalités juives bien déterminées pendant l’Occupation (comme à nombre d'autres), c’est qu’elles lui semblaient conduire des actions selon lui dangereuses et contraires aux intérêts de la France en guerre. 

    L'antisémitisme moderne, sans remonter à ses sources chrétiennes, pourtant réelles, trouve de fait son origine et son fondement dans les Lumières et l'Encyclopédie. L'on aurait bien du mal à exclure de la mémoire nationale toutes les personnalités illustres, françaises et autres, qui l'ont professé. Dont, en effet, Charles Maurras qui louait Voltaire de participer du « génie antisémitique de l’Occident ». Ce génie était de résistance intellectuelle et politique. Il n'était pas exterminateur. L'évidence est que les événements du XXe siècle ont jeté une tache sans-doute indélébile sur toute forme - même fort différente - d'antisémitisme. Cela est-il une raison pour reconnaître aux communautés juives de France ou d'ailleurs plus de droits d’influence qu’au commun des mortels ? Deux des présidents de la Ve république ne l'ont pas cru et ont parfois été taxés d'antisémitisme : le général De Gaulle, après sa conférence de presse de 1965 et ses considérations à propos d'Israël ; mais aussi François Mitterrand refusant obstinément – et en quels termes ! - de céder aux pressions des organisations juives de France, qu’il trouvait tout à fait excessives, pour qu’il présente les excuses de la France à propos de la déportation des Juifs sous l'Occupation (7). Ce que feront ses successeurs …

    LE SOUTIEN A VICHY

    Dernier des grands reproches adressés à Maurras : son soutien à Vichy. Nous n'avons pas l'intention de traiter longuement de ce sujet. Est-il encore pertinent ? Vichy est sans postérité. Il ne laisse ni héritage ni héritiers et n'est qu'un épisode tragique de notre histoire, conséquence incise du plus grand désastre national que la France moderne ait connu et qui aurait pu la tuer.

    Il est absurde de définir Maurras comme « pétainiste ». Il était royaliste et contre-révolutionnaire. Qu'il ait pratiqué l'Union Sacrée en 1914-1918 ne le faisait pas républicain. Pas plus que son soutien au vieux maréchal ne fera de lui un pétainiste. Maurras ne fut pas davantage un « collabo » ; il détestait les Allemands qui le traitèrent en ennemi. Il refusa d’approuver la politique de collaboration. Il fut la cible des plus violentes attaques de la presse collaborationniste de Paris. 

    Entre la politique de Vichy - analogue à celle de la

  • Action française Vendée : manifestation contre le pass sanitaire et la tyrannie républicaine.

    L'action française Vendée était présente lors de la mobilisation contre le pass sanitaire samedi à 14h à la Roche sur Yon
    "Les libertés ne s'octroient pas elles se prennent " Charles Maurras

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  • Sur le Blog de l'Action française : Humanisme et politique, l'éditorial de François Marcilhac.

    En ce début d’année, com­ment ne pas tout d’abord nous tour­ner vers la famille qui incarne l’espérance fran­çaise ? Oui, que tous nos vœux accom­pagnent le comte de Paris, Madame, le jeune dau­phin Gas­ton, ain­si que ses frère et sœurs.

    françois marcilhac.jpgS’il est vrai qu’une cité est une famille de familles, alors, qui mieux que la Famille de France peut repré­sen­ter notre pays, son uni­té, sa tra­di­tion natio­nale et son avenir ?

    SAVOIR DISTINGUER LES ORDRES SANS LES OPPOSER

    En ce sens, on peut dire que la monar­chie royale, mieux que tout autre régime poli­tique, pour un vieux pays comme la France, fon­dé et lit­té­ra­le­ment fait par une dynas­tie natio­nale, tra­duit, au plan poli­tique, cette éco­lo­gie humaine, à savoir l’alliance de la loi natu­relle et de la loi his­to­rique, sans laquelle il n’est pas de cité viable, ni même sou­hai­table. En ce sens aus­si, il ne sert de rien de sépa­rer l’humanisme de la poli­tique, dans un rela­ti­visme éthique, voire un radi­ca­lisme eth­nique, contraires à la civi­li­sa­tion fran­çaise. Car ce n’est pas parce que la glo­ba­li­sa­tion pros­ti­tue la notion même d’universalité et le mon­dia­lisme ins­tru­men­ta­lise la fra­ter­ni­té humaine en rédui­sant l’homme à son uti­li­té immé­diate visant un néo-escla­va­gisme, qu’il fau­drait reje­ter nos prin­cipes au pré­texte d’une légi­time aspi­ra­tion à pro­té­ger, voire à recou­vrer notre iden­ti­té. Le natio­na­lisme maur­ras­sien fut tou­jours ouvert sur l’universel, à tel point que l’Action fran­çaise regret­ta le sur­gis­se­ment, à la fin du moyen âge, du fait natio­nal lui-même, bri­sant ce que Maur­ras appe­lait, après Renan, pour la louer, la Répu­blique chré­tienne. C’est en 1917, en plein conflit avec l’Allemagne et l’Empire aus­tro-hon­grois, qu’il écrit : « C’est le mal­heur des siècles et la suite funeste de nos révo­lu­tions qui ont vou­lu que de nos jours les nations deviennent des inter­mé­diaires inévi­tables pour ces rap­ports humains qui, sans elles, s’effondreraient. Il n’en a pas tou­jours été ain­si. Il fut un temps où l’Internationale ne dépen­dait pas des nations, mais les pré­si­dait et les com­man­dait. » Ajou­tant, en 1926 : « Au point de vue humain, la divi­sion de l’Europe en nations indé­pen­dantes, affran­chies de toute com­mu­nau­té, plus vastes et pro­mises par là à une riva­li­té sans frein, n’est cer­tai­ne­ment pas un pro­grès ». Puis, en 1937, saluant l’engagement anti­na­zi de Pie XI : « L’é­toile d’un espoir nou­veau vient de se mon­trer, je ne dis pas sur le ciel de la poli­tique inter­na­tio­nale, mais sur un plan supé­rieur, plus qu’in­ter­na­tio­nal, spi­ri­tuel, celui de la Civi­li­sa­tion. » C’est pour­quoi Maur­ras ne tran­si­gea jamais, et ne tran­si­ge­rait pas davan­tage aujourd’hui, sur la défi­ni­tion de l’Église comme « la seule inter­na­tio­nale qui tienne », ni sur celle du pape comme père com­mun de l’humanité. Évo­quant la neu­tra­li­té de Pie X en 1914, il sou­li­gnait : « Le bon et géné­reux Véni­tien qui mou­rut de la guerre par sa pitié du Genre humain trai­ta tous les Euro­péens en lutte avec l’égalité d’un père, comme ses propres et légi­times enfants, selon la loi de sa fonc­tion universelle. »

    C’est pour­quoi, même si, par­fois, en tant que natio­na­listes fran­çais, nous avons, ce qui est notre droit, du mal à approu­ver cer­tains dis­cours du pape actuel, s’agissant notam­ment de l’immigration, en revanche, nous n’avons jamais à sor­tir de notre devoir de réserve, que fonde pré­ci­sé­ment notre refus de confondre les ordres. Notre oppo­si­tion légi­time à tout laxisme en matière de poli­tique migra­toire comme notre volon­té tout aus­si légi­time de pré­ser­ver l’autonomie du domaine poli­tique, ne sau­raient être le pré­texte à un quel­conque néo-gal­li­ca­nisme, aus­si ridi­cule que vain, et qui ne fut jamais dans la tra­di­tion de l’Action fran­çaise. C’est vers l’avenir que nous regar­dons, non vers des oppo­si­tions sté­riles appar­te­nant au passé.

    L’ACTION FRANÇAISE : LE PARTI DES POLITIQUES

    Car tel est le sens, à l’aube de 2021, de ces rap­pels appa­rem­ment his­to­riques : à l’heure où, sur fond, bien com­mode, de pan­dé­mie, les nuages s’amoncellent, rien ne serait pire que de se trom­per de com­bat. À l’heure où Macron ins­tru­men­ta­lise le patrio­tisme, voire le nom de Maur­ras, pour mieux dis­soudre la nation fran­çaise dans une pseu­do-sou­ve­rai­ne­té euro­péenne, qui n’est que le prête-nom du mon­dia­lisme ; à l’heure où, ce fai­sant, il cherche par tous les moyens, même légaux, à réduire, au nom de cette même pan­dé­mie, nos liber­tés publiques ; à l’heure où, se ser­vant des dan­gers réels du com­mu­nau­ta­risme isla­miste, il vise à dis­soudre la nation fran­çaise dans un concep­tion kaléi­do­sco­pique de son iden­ti­té ; à l’heure où, sous pré­texte d’être moderne, il menace, à coups de lois socié­tales, l’identité même de la famille et de l’être humain, rien ne serait plus pré­ju­di­ciable à notre com­bat pour la nation, qui est aus­si un com­bat pour l’homme, que de ne pas savoir défi­nir les prio­ri­tés, voire les menaces.

    L’Action fran­çaise se conçut expli­ci­te­ment dès l’origine comme le par­ti des poli­tiques, à l’image de celui qui se consti­tua à la fin du XVIe siècle pour mettre fin à la guerre des reli­gions. Comme l’écrit Maur­ras dans La Poli­tique de Ron­sard, celui-ci, en 1581, s’est « ral­lié à ce groupe d’es­prits réflé­chis qui devait, douze ans plus tard, se défi­nir dans la Satire Ménip­pée ; à ce par­ti, com­po­sé avant tout de patriotes, pro­tes­tants ou catho­liques, qui, déses­pé­rés de voir le pays se déchi­rer pour des ques­tions de dogme et de dis­ci­pline, fraya le che­min du trône à Hen­ri IV, res­tau­ra­teur de la Patrie. » C’est la rai­son pour laquelle Maur­ras pen­sa, sur le modèle du par­ti des poli­tiques, l’Action fran­çaise comme un « com­pro­mis laïc », fon­dé sur un empi­risme orga­ni­sa­teur per­met­tant, par-delà les dis­putes méta­phy­siques sur le vrai et le beau, de retrou­ver les condi­tions de la péren­ni­té et de la pros­pé­ri­té de la nation et de la socié­té fran­çaises. Un com­pro­mis laïc dont devraient s’inspirer nos élites aujourd’hui, plu­tôt que de fomen­ter des lois visant à lut­ter contre le sépa­ra­tisme isla­miste mais qui, en igno­rant les fon­de­ments de la nation fran­çaise, au nom d’une laï­ci­té hai­neuse conçue pour extir­per les racines chré­tiennes de la France, ne feront au mieux que man­quer leur objet, au pire que favo­ri­ser ce même séparatisme.

    LE CRITÈRE INSUFFISANT DE L’UTILITÉ SOCIALE

    En effet, qu’on ne se méprenne pas : ce com­pro­mis laïc ne fut jamais pré­texte à quelque rela­ti­visme que ce soit, s’agissant notam­ment des fon­de­ments éthiques des choix poli­tiques et sociaux. Au contraire, Maur­ras admi­rait com­ment, par des che­mins   dif­fé­rents, l’enseignement tra­di­tion­nel de l’Église, en matière sociale et poli­tique, était confir­mé par l’empirisme orga­ni­sa­teur. Il rejoi­gnait ain­si d’avance Benoît XVI dans son dis­cours du 7 sep­tembre 2010 de West­min­ter Hall : « La tra­di­tion catho­lique sou­tient que les normes objec­tives qui dirigent une action droite sont acces­sibles à la rai­son, même sans le conte­nu de la Révé­la­tion. » Les inter­dits en matière poli­tique et sociale ne sau­raient donc être réduits à de simples a prio­ri reli­gieux, qu’il fau­drait être croyant pour accepter.

    C’est pour­quoi l’Action fran­çaise insiste tant, au sein même de son com­bat, sur les lois socié­tales en cours, qu’il s’agisse de la défense de la famille, « base de la nation », ou de celle de l’homme indi­vi­duel, de sa concep­tion à sa mort natu­relles — nous met­tons « natu­relles » au plu­riel, puisque désor­mais le mode même de sa concep­tion se trouve mena­cé d’artificialisation par les nou­velles lois en cours de dis­cus­sion. L’ « uti­li­té sociale », en effet, ne sau­rait suf­fire à elle seule à fon­der le com­bat de l’Action fran­çaise. Comble du para­doxe : l’Action fran­çaise se retrou­ve­rait alors dans le camp pro­gres­siste de l’utilitarisme, fruit de l’idéologie des lumières (l’anglais Ben­tham), et dont les héri­tiers jus­ti­fient aujourd’hui toutes les mons­truo­si­tés anthro­po­lo­giques au nom de la réduc­tion de l’homme à son « uti­li­té » sociale — PMA, GPA, avor­te­ment, néo-nati­cide, éli­mi­na­tion des vieillards impro­duc­tifs ou des han­di­ca­pés phy­siques ou men­taux — c’est expli­ci­te­ment au nom de l’utilité sociale que les nazis com­men­cèrent d’éliminer ces der­niers —, eutha­na­sie, trans­hu­ma­nisme, le tout sur fond d’antispécisme : il n’est que de se repor­ter aux tra­vaux du phi­lo­sophe uti­li­ta­riste aus­tra­lien Peter Singer.

    Au contraire, l’enseignement de l’Action fran­çaise et son com­bat pour la monar­chie royale trans­cendent une notion aus­si étroite et fina­le­ment incer­taine, si elle n’est pas trans­cen­dée par celle du Bien com­mun. Car elle nie alors la spé­ci­fi­ci­té de la civi­li­sa­tion fran­çaise et, fina­le­ment, de l’homme lui-même. Maur­ras nous a appris que l’humanisme et le poli­tique doivent voguer de conserve. Plus même : dans la grande tra­di­tion tho­miste, que le second était au ser­vice du pre­mier, sans qu’il y ait d’opposition pos­sible, sinon conjonc­tu­relle, puisque l’homme a été conçu, pour les chré­tiens, et se trouve être, selon les lois déga­gées par l’empirisme orga­ni­sa­teur, un être poli­tique, au sein duquel la Per­sonne aspire au spi­ri­tuel le plus pur. En ce sens, la Poli­tique natu­relle ouvre sur un huma­nisme inté­gral. L’inquiétude légi­time devant les menaces qui se pré­cisent, voire, déjà, se concré­tisent, ne doit jamais nous conduire à oublier notre aspi­ra­tion à voir, grâce au retour de son roi, pen­sant en prince chré­tien et agis­sant en prince fran­çais, la France, « Fille aînée de l’Église et édu­ca­trice des peuples » (Jean-Paul II), rede­ve­nir « la civi­li­sa­trice et l’institutrice du monde » (Maur­ras).

    Fran­çois Marcilhac

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Drapeaux, insignes, emblèmes, objets d'Action française : en acquérir pour les faire re-servir...

    Photo : Action française/Camelots du roi. État : Brassard du service d'ordre
     
     
     
    Nous sommes un certain nombre - membres, amis, militants de l'Union Royaliste Provençale -  qui voulons partager notre goût et notre intérêt pour un réel patrimoine historique, affectif et militant, afin d'acquérir des objets du "grand mouvement"; et en acquérir, à chaque fois que cela sera possible (notamment au moyen des ventes sur E Bay), surtout pas pour faire un Musée, mais pour les remettre en circulation et les faire à nouveau servir à ce pourquoi ils ont été créés...

     Vous voyez ici notre premier "achat en vue" : ce brassard du Service d'ordre, en bon état, réservé 150 euros.
    Nous continuerons à chercher d'autres témoins du mouvement, en fonction de ce qui sera proposé, mais vous vous doutez bien que si l'on veut arriver à une vraie collection, de qualité et d'importance, il faudra réunir des fonds.
     
    Précision : cette sorte d'Amicale est totalement informelle, libre de toute structure, de toute lourdeur ou contingence administrative : il s'agit simplement de membres, amis, militants de l'Union Royaliste Provençale, qui seront ravis si des amis, dans toute la France, se joignent à eux : soit pour donner un objet, soit pour en signaler un en vente, soit pour contribuer financièrement à son acquisition...
     
    Si donc, vous voulez vous joindre à nous, nous aider, il vous suffira de répondre aux appels qui seront lancés sur lafautearousseau, en spécifiant bien sur vos dons (Paypal ou chèque) : "pour le drapeau" ou "pour le brassard"...

    drapeau.jpg

    Je vous parle ici des drapeaux car nos deux témoins historiques (ci dessus, celui de la Section de Marseille de l'AF et, ci dessous, celui de l'Association Marius Plateau) sont vraiment "fatigués", et il est urgent d'intervenir; mais une restauration est impossible. Le tissu porteur des lettres est trop élimé, et l'entreprise la plus sérieuse dans ce genre de restauration nous propose de découper les lettres, et de les reposer sur un fond tricolore neuf : nous sommes tous convenus que cela était impossible, car c'est bien entendu l'ensemble du drapeau, "dans son jus", même abîmé, qui est un monument historique.

    drapeau plateau.jpg

    Il a donc été décidé que nous les couvririons d'une protection souple, qui aura l'avantage d'arrêter leur dégradation mais, en même temps, de leur permettre de continuer à servir, ce qui est leur rôle et leur fonction : je vous rappelle que Charles Maurras et Léon Daudet ont parlé devant le drapeau de notre Section de Marseille, et que celui-ci a orné chaque année la tribune de notre trentaine de Rassemblements royalistes, et a donc vu passer aussi Gustave Thibon,  Pierre Debray, Pierre Boutang, Vladimir Volkoff et autres ...
    Renseignements pris, leur protection devrait revenir à environ mille euros pour les deux.
     
    Nous ferons ce qu'il faut, et si nous avons des amis qui nous aident, tant mieux !
    Nous nous en remettons à eux...
     
    François Davin, au nom du groupe des mainteneurs de nos symboles...
    lafautearousseau
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    Nous sommes un certain nombre - membres, amis, militants de l'Union Royaliste Provençale -  qui voulons partager notre goût et notre intérêt pour un réel patrimoine historique, affectif et militant, afin d'acquérir des objets du "grand mouvement"; et en acquérir, à chaque fois que cela sera possible (notamment au moyen des ventes sur E Bay), surtout pas pour faire un Musée, mais pour les remettre en circulation et les faire à nouveau servir à ce pourquoi ils ont été créés...

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    Nous continuerons à chercher d'autres témoins du mouvement, en fonction de ce qui sera proposé, mais vous vous doutez bien que si l'on veut arriver à une vraie collection, de qualité et d'importance, il faudra réunir des fonds.
     
    Précision : cette sorte d'Amicale est totalement informelle, libre de toute structure, de toute lourdeur ou contingence administrative : il s'agit simplement de membres, amis, militants de l'Union Royaliste Provençale, qui seront ravis si des amis, dans toute la France, se joignent à eux : soit pour donner un objet, soit pour en signaler un en vente, soit pour contribuer financièrement à son acquisition...
     
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    Il a donc été décidé que nous les couvririons d'une protection souple, qui aura l'avantage d'arrêter leur dégradation mais, en même temps, de leur permettre de continuer à servir, ce qui est leur rôle et leur fonction : je vous rappelle que Charles Maurras et Léon Daudet ont parlé devant le drapeau de notre Section de Marseille, et que celui-ci a orné chaque année la tribune de notre trentaine de Rassemblements royalistes, et a donc vu passer aussi Gustave Thibon,  Pierre Debray, Pierre Boutang, Vladimir Volkoff et autres ...
    Renseignements pris, leur protection devrait revenir à environ mille euros pour les deux.
     
    Nous ferons ce qu'il faut, et si nous avons des amis qui nous aident, tant mieux !
    Nous nous en remettons à eux...
     
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  • Action Française • Le Bien commun, un nouveau mensuel ... « Soyons Charlie » ! Soyons Français !

     

    Fichier 5.jpgPour le bien commun 

    Le Bien Commun ?
    Parce qu’il est ce qui manque le plus aux Français et ce à quoi ils aspirent le plus.

    Il est ce qui manque le plus aux Français, à l’heure où le semble-État, au service d’intérêts oligarchiques ennemis de l’intérêt national, est devenu la proie d’élites dénationalisées ; à l’heure aussi où le régime républicain, fidèle à sa tradition, les oppose comme jamais les uns aux autres en divisant la nation en autant de factions rivales.

    Mais il est aussi ce à quoi les Français aspirent le plus, lorsqu’ils refusent la logique mortifère de la dépossession de soi dans lequel le régime les a installés afin de les contraindre à accepter un changement de civilisation qui signera leur mort en tant que peuple libre. Négation des racines chrétiennes de la France, destruction jumelle des repères anthropologiques et de la famille, immigration galopante, insécurité, zones de non-droit devenues le foyer de la barbarie islamiste, négation de la culture française, précarité économique, perte de toute souveraineté politique, financière et juridique au profit d’un pays légal supranational, tels sont les multiples visages de Gorgones de cette dépossession. Ne nous laissons pas pétrifier par la peur de les combattre !

    Le Bien Commun, donc, parce qu’il faut nous opposer à cette œuvre de mort et parier pour la pérennité d’un miracle français auréolé de quinze siècles d’histoire. Parce que nous pensons que, par-delà leur légitime diversité, les Français partagent un héritage vivant, appelé à féconder leur avenir. Parce que, tout simplement, nous croyons à l’existence d’un peuple français.

    Le Bien Commun, parce que ce qui nous réunit est plus important que ce qui nous divise, parce que nous refusons «  le désordre établi  » et que nous pensons que l’apparente décadence du peuple français « est surtout le fait de fausses élites qui l’aveuglent d’un écran de grossiers mensonges et l’étourdissent de modes et de mots »*.

    Le Bien Commun, parce que nous adressant, comme nos aînés, « au Peuple français tout entier », nous « prenons ce qu’il y a de commun entre nous et nous demandons au lecteur de se placer au même point de vue fraternel ». Parce que « nous savons qu’il y a partout du patriotisme et que la raison peut se faire entendre partout »**. Parce que nous voulons être les porte-paroles des gens qui ne sont rien, les porte-paroles du pays réel.

    Le Bien Commun, en un mot, parce que, résolument patriotes et héritiers critiques d’une longue tradition au service du seul intérêt national, il nous faut promouvoir un nationalisme pour le XXIe siècle. Parce que, résolument patriotes et résolument nationalistes, nous sommes résolument d’Action française. Parce que, résolument d’Action française, nous sommes résolument royalistes et réaffirmons, contre tous les facteurs de dissolution et de mort, notre confiance inébranlable dans les fils d’Hugues Capet pour restituer la France aux Français.  

    Le Bureau politique de l’Action française
    François Bel-Ker, Stéphane Blanchonnet, Charles du Geai, Pierre Marchand, François Marcilhac, Philippe Mesnard

    *  Manifeste de L’Action Française – 21 mars 1908
    ** Manifeste de La Nation Française – 12 octobre 1955
     
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  • ”Maurras: le chaos et l'ordre”, de Stéphane Giocanti.

                On nous demande d'où (et de qui...) vient l'expression Maurras est un "continent"....

                Il s'agit d'une expression -fort heureuse au demeurant- employée par Stéphane Giocanti, auteur du volumineux Maurras : le chaos et l'ordre (Flammarion, 575 pages, 26 euros).

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                En guise de réponse à votre question, nous vous avons préparé une sorte de mini dossier, contenant:
                - le résumé qu'en donne l'éditeur;
                - l'enregistrement des 27 minutes (consultable sur Dailymotion) pendant les quelles Stéphane Giocanti parle de Maurras et de son ouvrage, sur France inter;
                - une note de lecture, par Olivier Tort.

    1) Résumé de l'éditeur :

     

                      En 1932, Jean Paulhan écrit qu'un jeune homme désireux de s'engager politiquement n'a de véritable choix qu'entre Karl Marx et Charles Maurras : alternative inconcevable aujourd'hui, tant Maurras incarne à nos yeux une France du passé, haineuse et coupable. Comment, pourtant, occulter la vie et l'oeuvre de cet homme, sans lesquelles le XXe siècle demeure largement incompréhensible ? Il y a le Provençal monté tout jeune à Paris, dont les idées fédéralistes sont saluées à gauche comme à droite; il y a le héraut du royalisme, fondateur de l'Action française au tournant du siècle, défenseur du catholicisme, mais agnostique lui-même; il y a le journaliste polémiste antisémite et antidreyfusard, hostile au nazisme dès 1923; il y a le critique littéraire, qui salua en Proust, auteur inconnu des "Plaisirs et des Jours", un écrivain exceptionnel; il y a le poète et prosateur, que Gide, Colette, Valéry et tant d'autres mettaient au pinacle de la littérature française... Il y a aussi, bien moins connu, un Maurras bon vivant, épris des femmes et nourri de culture antique.

     

    2) Stéphane Giocanti sur France Inter (27 minutes):

                       http://www.dailymotion.com/video/xpeyh_charles-maurras_news

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    Stéphane Giocanti

     

    3) La note de lecture d'Olivier Tort :

    L’importance de Maurras dans la vie politique et intellectuelle du XXe siècle français n’est plus à démontrer, et l’abondante production qui continue à lui être consacrée un demi-siècle après sa mort en témoigne. À la suite de Pierre Boutang, Yves Chiron, Jean Madiran ou encore Bruno Goyet, Stéphane Giocanti livre à son tour sa vision de l’homme Maurras.

    L’auteur, de formation et de culture littéraire, avait déjà fait connaître au public en 1995 sa thèse sur l’implication de Charles Maurras dans le mouvement félibrige. Après une étude consacrée à l’écrivain T.S. Eliot, il revient ici à son premier objet et tente cette fois de livrer un portrait total du « Maître » provençal dans une biographie construite en sept parties, selon un plan chronologique qui retrace toutes les étapes de la vie maurrassienne. 

    L’approche littéraire confère à cette biographie des qualités propres : l’analyse de la production en prose et en vers de Maurras est finement exposée, de même que les relations tissées au fil des ans par le chef de l’Action française dans le monde des lettres et de la culture. L’ouvrage constitue de ce point de vue un hommage réussi à l’écrivain et au critique reconnu que fut Maurras, héraut de la culture provençale - participant aux célèbres félibrées de Sceaux -, puis défenseur d’un néo-classicisme éclairé et original, ayant exercé une influence décisive sur des personnalités aussi différentes que Philippe Ariès, Georges Dumézil ou Maurice Blanchot.

    S’agissant des idées de Maurras, l’influence primordiale du courant positiviste de Comte, Taine et Renan est évoquée en détail. En revanche, il apparaît au fil des pages que la filiation traditionaliste et contre-révolutionnaire héritée d’un Maistre et d’un Bonald n’est que seconde chez Maurras, tant chronologiquement que philosophiquement, étant en outre fortement infléchie par la médiation préalable de Le Play ; une telle interprétation, qui accentue la modernité du royalisme maurrassien, apparaît convaincante, même s’il aurait été bon de rappeler l’existence d’un débat historiographique toujours vivant sur cette question. Stéphane Giocanti note également au passage la grande méfiance qu’inspire Chateaubriand à Maurras, exprimée avec éclat dans son essai Trois idées politiques (1898).

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    À l’inverse, on peut relever tout au long de l’existence maurrassienne la fréquentation de personnalités issues de vieilles familles s’étant jadis illustrées au service de la Restauration, depuis l’écrivain provençal Joseph d’Arbaud jusqu’au maréchal de France Louis Franchet d’Esperey ; cette imprégnation légitimiste n’altère pas au demeurant la loyauté de Maurras à l’égard des prétendants orléanistes successifs, en dépit des tensions récurrentes, puis de la rupture du comte de Paris avec l’Action française, définitive à compter de 1937. La brouille antérieure entre le duc d’Orléans et Maurras en 1910-1911 apparaît quant à elle minimisée et interprétée de manière un peu étroite par l’auteur.

    Les positions diplomatiques de Maurras sont longuement évoquées. L’ouvrage rend notamment compte de la germanophobie compulsive de Maurras (héritée semble-t-il d’un traumatisme remontant à la petite enfance), de l’espoir longtemps entretenu de brouiller Hitler et Mussolini, ou encore de la fascination pleine d’illusions à l’égard de Franco. Le biographe rappelle également l’abandon du bellicisme va-t-en guerre à l’égard de l’Allemagne dans la seconde moitié des années 1930, motivé par le retard pris par la France dans son réarmement ; la réaction de Maurras aux accords de Munich n’est toutefois pas explicitement mentionnée.

    En ce qui concerne l’analyse de Maurras comme acteur de la vie politique intérieure, l’ouvrage s’avère plus décevant, se situant nettement en retrait par rapport aux études sur l’Action française d’Eugen Weber et de Victor Nguyen, ou à la biographie d’Yves Chiron, dont l’érudition factuelle n’est ici pas égalée. Les polémiques de Maurras vis-à-vis des protestants, des francs-maçons et des étrangers auraient pu faire l’objet de développements plus substantiels. Surtout, les polémiques maurrassiennes à l’encontre des partis et mouvements politiques républicains donnent lieu à des évocations qui apparaissent relativement floues, sommaires ou schématiques, le biographe se contentant ici de narrer les épisodes les plus fameux ; le tournant important de 1919, qui voit l’Action française se jeter dans la lutte électorale, est néanmoins correctement rappelé et interprété.

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    Léon Daudet, Député de Paris de 1919 à 1924

    Le point de vue adopté par Stéphane Giocanti à l’égard de son personnage constitue un autre élément pouvant être sujet à discussion. On doit reconnaître à l’auteur le mérite de présenter un portrait apparemment pondéré et équilibré de Maurras, ce qui est à coup sûr délicat, s’agissant d’une personnalité aussi polémique. De manière plus nette que les précédents biographes (parfois disciples directs du « Maître » comme Boutang ou Madiran), Stéphane Giocanti prend très ostensiblement ses distances avec les aspects les plus sulfureux de Maurras, déplorant à maintes reprises son antisémitisme virulent, puis aussi l’attitude anti-résistante adoptée pendant l’Occupation, qui voisine avec une hostilité tout aussi vive à l’égard des collaborationnistes de Paris.

    Mais aux yeux de l’auteur, ces dérives ne constituent qu’une facette sombre, en partie aggravée par la sénescence, venant en contrepoint d’une existence et d’une œuvre créatrice admirables l’une et l’autre; l’ouvrage prend du coup fréquemment la forme d’un plaidoyer, potentiellement agaçant pour qui ne partage pas l’admiration du biographe. À l’en croire, les maurrassiens engagés dans la Résistance, assez nombreux, incarneraient par leur choix une fidélité à l’idéal légué, dont s’éloignerait le Maître déclinant; interprétation possible et séduisante, mais que pourront contester aussi bien les « purs » maurrassiens que les divers adversaires du maurrassisme.

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    Si la fidélité à l’héritage maurrassien apparaît de ce fait complexe et problématique, l’ouvrage donne aussi à réfléchir inversement sur l’image noire de Maurras, en suggérant de manière incidente des liens troubles entre le discours républicain de dénonciation et les règlements de compte internes à l’extrême droite. Ainsi est-il rappelé que le poème provençal composé par Maurras le 6 février 1934, périodiquement mentionné par l’historiographie républicaine comme le symbole d’un ridicule manque de sens politique de l’intéressé, est une anecdote montée en épingle au départ par Rebatet, déçu par la passivité du Maître. Plus encore, la mise en exergue récurrente de la fameuse « divine surprise » exprimée par Maurras dans un article de 1941, apparaît tributaire de l’interprétation préalable et biaisée de Marcel Déat, désireux de discréditer en pleine Occupation un rival politique abhorré.

    En suggérant ainsi la complexité et les zones d’ombre de chaque camp, maurrassien et anti-maurrassien, cette biographie amène opportunément à dépasser les commodités des clivages manichéens, et à approfondir son jugement, favorable ou hostile, à l’égard de cette figure intellectuelle marquante. En dépit de ses limites précédemment évoquées, l’ouvrage pourra donc être lu avec profit par l’historien du politique.

  • Avec le progressisme : mère sur option révocable, par Rémy Mahoudeaux.

    L’ est glauque et se passe au Québec. Deux lesbiennes se rencontrent en 2010, se marient très vite. L’accélération de l’horloge biologique de l’une d’elles pour des raisons pathologiques précipite les choses : la maternité, c’est maintenant ou jamais. Elle obtient d’un ami, peu soucieux de , du sperme et donne naissance à un enfant. Leur mariage fait que la filiation est légalement établie avec ces deux femmes. Le couple se sépare en 2012. 

    6.jpgEn 2019, celle qui n’a pas porté l’enfant entame une action pour désavouer sa « maternité ». Plus âgée et mère, par ailleurs, de deux enfants, elle ne se considère que comme l’épouse de la mère au moment de la grossesse et de la naissance, même si elle a activement participé aux soins du bébé. Le juge refuse d’accéder à cette demande. Dans Le Journal de Québec, Alain Roy, professeur de droit familial à l’université de Montréal, raccroche les wagons : « Le projet parental, c’est l’équivalent conceptuel du sang pour la procréation naturelle. »

    La filiation traditionnelle au sein du mariage n’est pas exempte de bricolages et d’hypocrisies, elle non plus. La présomption de paternité peut être battue en brèche par l’adultère connu ou caché, et l’ plénière d’un enfant orphelin est une fiction juridique établie dans l’intérêt de l’enfant. Mais, au moins, la fiction de l’adoption tente de se doter d’une vraisemblance biologique minimale.

    Les aspirations à l’engendrement et à l’éducation d’enfants sont naturelles, elles sont à la fois individuelles et le fait de couples. Des enfants sont souhaités et attendus par des couples qui ont effectivement ce que des cuistres appellent un « projet parental ». Ou par des couples lesbiens qui auront recours à un tiers donneur occasionnel ou à une PMA à l’étranger. Ou des femmes seules qui ont envie d’un enfant sans pour autant s’encombrer d’un mari. Ou par des couples d’homosexuels qui casseront leur tirelire pour acheter des ovocytes et sous-traiter une maternité dans un pays où c’est permis.

    La stérilité voue parfois à l’échec certains projets parentaux. Cela peut conduire à des drames personnels, à des naufrages de couples. Mais quand le couple ou la personne seule ne peut en aucun cas être naturellement fécond, le désir d’enfant ne devient-il pas un caprice, une exigence obstinée et irréductible ? Quelques slogans des marches lesbiennes (des dissidences de la marche des fiertés ?) tenues ce week-end le laissent supposer.

    Notre langage courant est peut-être un brin pervers. Nous disons d’un couple qu’il a des enfants, avec le même verbe « avoir » qui sera utilisé pour leur appartement, leur voiture, leur téléviseur et leur compte en banque. L’ usera d’une locution plus pertinente : l’accueil des enfants imparti aux couples qui se marient. Il n’est pas de droit à l’engendrement opposable à Dieu pour un couple, mais la paternité et la maternité créent des responsabilités dont des adultes ne devraient pas tenter de s’exonérer. Qu’il serait utile et pertinent de dispenser une vraie formation à la parentalité à tous. Sans occulter, bien sûr, le besoin d’une cellule familiale aussi stable que possible dans le temps.

    Le projet de révision de la loi de pourrait, bien sûr, redémarrer son cheminement parlementaire et instituer la PMA sans père à brève échéance. Pour voir la responsabilité s’effacer encore plus derrière l’assouvissement du désir ? Et nous osons nous gargariser du grand mot « fraternité » quand nous refuserions à certains une paternité !

     

    Rémy Mahoudeaux

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

  • GRANDS TEXTES (2) : L'inoxydable 24ème chapitre de ”Kiel et Tanger”, de Charles Maurras

    De "Kiel et Tanger", Boutang a dit qu'il était "un acquis pour la suite des temps"...

    Nous avons choisi d'en reproduire in extenso le fameux chapitre XXIV, intitulé "Que la France pourrait manoeuvrer et grandir". Son actualité laisse rêveur...

    De nombreuses personnalités de tout premier plan - Georges Pompidou, alors Président de la République en exercice, pour ne prendre qu'un seul exemple... - n'ont pas caché l'intérêt qu'elles portaient à cet ouvrage, ni l'influence que le livre en général, et ce chapitre XXIV en particulier, avaient exercé sur elles : on les comprend, quand on le (re)lit...

    Mais, d'abord, un petit rappel historique : 18 juin 1895, Gabriel Hanoteaux - Ministre des Affaires étrangères - se rapproche de l'Allemagne et cultive l'alliance russe : les escadres allemande, russe et française se rencontrent et paradent devant le canal de Kiel, en mer Baltique. Presque dix ans plus tard, les radicaux ayant pris le pouvoir en France, Delcassé inverse cette politique extérieure, et parvient à l'Entente cordiale avec l'Angleterre.

    En guise de représailles et d'avertissement à la France, Guillaume II débarque à Tanger, le 31 mars 1905, pour manifester sa puissance et contrecarrer les visées françaises dans la région...

    Maurras en tire la conclusion que la République française n'a pas de politique extérieure, entre autres choses parce que ses institutions ne le lui permettent pas...

     

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    Chapitre XXIV : Que la France pourrait manœuvrer et grandir.

     

    Alors, pour n'avoir pas à désespérer de la République, bien des républicains se sont résignés à un désespoir qui a dû leur être fort douloureux : ils se sont mis à désespérer de la France. Résistance, vigueur, avenir, ils nous contestent tout. Ce pays est peut-être absolument épuisé, disent-ils. Sa dégression militaire et maritime n'exprime-t-elle pas un état d'anémie et d'aboulie sociales profondes ? Sans parler des mutilations que nous avons souffertes, n'avons-nous pas diminué du seul fait des progrès de l'Univers ?

    La population de l'Europe s'est accrue. L'Amérique s'est colonisée et civilisée. Nos vingt-cinq millions d'habitants à la fin du XVIIIème siècle représentaient la plus forte agglomération politique du monde civilisé. Aujourd'hui, cinq ou six grands peuples prennent sur nous des avances qui iront bientôt au double et au triple. La terre tend à devenir anglo-saxonne pour une part, germaine pour une autre. Slaves du Nord, Slaves du Sud finiront par se donner la main. L'Islam renaît, le monde jaune s'éveille : à l'un l'Asie, l'Afrique à l'autre.

    Que pourra faire la petite France entre tous ces géants ? Barbares ou sauvages, à plus forte raison si elles sont civilisées, ces grandes unités ne paraissent-elles pas chargées de la dépecer ou de l'absorber par infiltrations graduelles ? Peut-elle avoir un autre sort que celui de la Grèce antique ?

     

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    D'immense Empire macédonien sous Alexandre (ci dessus),
    la Grèce antique est devenue par la suite
    une minuscule portion de l'immense Empire romain (ci dessous) :
     
    un sort de ce type attend-il la France ?...
     
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    Ceux qui font ce raisonnement oublient trop que, des grandes agglomérations nationales qui nous menacent, les unes, comme l'Italie et l'Allemagne, ne sont pas nées de leur simple élan naturel, mais très précisément de notre politique révolutionnaire, et les autres ne sont devenues possibles qu'en l'absence d'une action vigoureuse de Paris. En général, elles sont nées extérieurement à nous, des mouvements nationalistes que notre politique nationale n'a pas été en état de combattre ou même qu'elle a sottement servis et favorisés. Nous avons favorisé l'unification des peuples européens, nous avons laissé faire l'empire britannique.

    L'Amérique avait été séparée par Louis XVI de l'Angleterre, et son histoire ultérieure eût été un peu différente si Louis XVI avait eu quatre ou cinq successeurs réguliers, c'est-à-dire aussi versés dans l'art de pratiquer des sécessions chez les voisins que de maintenir entre les Français l'unité, la paix et l'union…louis xvi independance etats unis.jpg

    L'Amérique avait été séparée de l'Angleterre par Louis XVI...
    (Traité de Versailles, 1783)
     
     
     

    Notre natalité a baissé ? Mais il n'est pas prouvé que cette baisse soit indépendante de nos lois politiques, ces chefs-d'œuvre de volonté égalisante et destructive qui tendent à rompre l'unité des familles et à favoriser l'exode vers les villes des travailleurs des champs. Il n'est pas prouvé davantage qu'on ne puisse y remédier, directement et sûrement, par un certain ensemble de réformes profondes doublées d'exemples venus de haut. Une politique nationale eût changé bien des choses, du seul fait qu'elle eût existé. Elle en changerait d'autres, si elle profitait des réalités favorables qu'une diplomatie républicaine, condamnée à l'inexistence ou à la démence, ne peut que laisser échapper.

    Plus d'une circonstance très propice semble nous sourire aujourd'hui. Il suffirait de voir, de savoir, de prévoir. C'est nous qui manquons à la fortune, nous n'avons pas le droit de dire que l'occasion fera défaut. On se trompe beaucoup en affirmant que l'évolution du monde moderne ne peut tendre qu'à former de grands empires unitaires. Sans doute une partie de l'univers s'unifie, mais une autre tend à se diviser, et ces phénomènes de désintégration, comme dirait Herbert Spencer, sont très nombreux. Les virtualités de discorde, les causes éventuelles de morcellement, les principes de guerres de climats et de guerres de races existent, par exemple, aux États-Unis ; ils y sont moins visibles que l'impérialisme, mais le temps, les heurts du chemin et des brèches adroites pratiquées de main d'homme les feraient apparaître facilement un jour.

    Une foule de petites nations séparées se sont déjà formées au XIXe siècle en Europe, comme en peut témoigner la mosaïque des Balkans, dont nous n'avons su tirer aucun parti pour la France. La Norvège et la Suède ont divorcé. La Hongrie semble parfois vouloir rompre avec l'Autriche, qui elle-même est travaillée des revendications croates et roumaines. Cela fait entrevoir beaucoup de possibles nouveaux.

     
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    L'URSS : création, expansion..., disparition !
     
     
     
     

    Ce serait une erreur profonde que de penser que tout petit peuple récemment constitué doive fatalement se référer, en qualité de satellite, à l'attraction du grand État qui sera son plus proche parent, ou son plus proche voisin, ou le plus disposé à exercer sur lui, par exemple, la tutelle affectueuse de l'Empire britannique sur le Portugal.

    Les Slaves du Sud ne sont pas devenus aussi complètement vassaux de Saint-Pétersbourg que l'indiquaient leurs dispositions d'autrefois. Le tzar blanc les recherche ; il leur arrive d'accepter ses bienfaits comme vient de le faire le nouveau roi des Bulgares. Mais les Slaves sont repoussés par une crainte autant qu'attirés par un intérêt : la monarchie austro-hongroise peut les grouper. À supposer que Budapest devienne indépendante, de sérieux problèmes de vie et de liberté se posent pour les Magyars placés entre le Hohenzollern de Berlin et celui de Bucarest. On soutient que, dans cette hypothèse, le Habsbourg serait vivement dépouillé par le roi de Prusse. C'est bientôt dit. D'autres solutions sont possibles, qui seraient plus conformes au nationalisme farouche des États secondaires, celle-ci notamment : l'addition fédérale ou confédérale de tous ces États moyens tendant et même aboutissant à former un puissant contrepoids aux empires. Il n'y faudrait qu'une condition : cet ensemble ayant besoin d'être organisé, il resterait à trouver l'organisateur, ou, si l'on veut, le fédérateur, car rien ne se forme tout seul.

    Le choc des grands empires, remarquons-le, pourra multiplier le nombre de ces menues puissances qui aspireront ainsi à devenir des neutres. Chaque empire éprouvera une difficulté croissante à maintenir son influence et sa protection sans partage sur la clientèle des nationalités subalternes. La liberté de celles-ci finira par être partiellement défendue par le grave danger de guerre générale qui résultera de toute tentative d'asservir l'une d'elles ou d'en influencer une autre trop puissamment.

    Le monde aura donc chance de se présenter pour longtemps, non comme une aire plane et découverte, abandonnée à la dispute de trois ou quatre dominateurs, non davantage comme un damier de moyens et de petits États, mais plutôt comme le composé de ces deux systèmes : plusieurs empires, avec un certain nombre de nationalités, petites ou moyennes, dans les entre-deux.

     

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    Caricature américaine des années 50 sur l'équilibre de la terreur.

    Sur les missiles est inscrit : "Ne doivent en aucun cas être utilisé, l'ennemi pourrait répliquer."

     

               

    Un monde ainsi formé ne sera pas des plus tranquilles. Les faibles y seront trop faibles, les puissants trop puissants et la paix des uns et des autres ne reposera guère que sur la terreur qu'auront su s'inspirer réciproquement les colosses. Société d'épouvantement mutuel, compagnie d'intimidation alternante, cannibalisme organisé !

    Cette jeune Amérique et cette jeune Allemagne, sans oublier cette vieille Autriche et cette vieille Angleterre qui rajeunissent d'un quart de siècle tous les cent ans, auront des relations de moins en moins conciliantes et faciles. Peu d'alliances fermes, mais un plexus de traités et partant de litiges. La rivalité industrielle entre les empires est déjà très âpre ; il serait utopique de chercher de nos jours leur principe d'accord, ni comment cet accord pourra durer entre eux.

    Quantum ferrum ! On ne voit au loin que ce fer. La civilisation occidentale a fait la faute immense d'armer les barbares, l'Abyssinie contre l'Italie, le Japon contre la Russie. Erreurs qui ne peuvent manquer d'engendrer à la longue de nouvelles suites d'erreurs. On a salué dans Guillaume II le prince généreux qui voulut grouper l'Europe contre les Jaunes. Et c'est lui qui arme les multitudes sauvages de l'Asie blanche et de l'Afrique noire contre l'Angleterre et la France.

    Mais, s'il est le coadjuteur de la Porte et le protecteur de l'Islam, il ne lui serait pas facile de ne pas l'être : les empires contemporains subissent de plus en plus cette loi de travailler contre leur commune racine, la chrétienté et la civilisation. C'est un des résultats de leur progrès matériel. À ne regarder que les intérêts, l'intérêt de la seule métallurgie en Allemagne, en Angleterre et en Amérique suffit à rendre chimérique toute union des civilisés, tout pacte civilisateur. Concurrence : d'où tremblement universel.

     

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    Rivalités industrielles, guerres économiques...
     
     

               

    Eh bien ! dans cet état de choses, entre les éléments ainsi définis, ce tremblement et cette concurrence fourniraient justement le terrain favorable et le juste champ d'élection sur lequel une France pourrait manœuvrer, avec facilité et franchise, du seul fait qu'elle se trouverait, par sa taille et par sa structure, très heureusement établie à égale distance des empires géants et de la poussière des petites nations jalouses de leur indépendance.

    Les circonstances sont propices à l'interposition d'un État de grandeur moyenne, de constitution robuste et ferme comme la nôtre.

  • A la découverte de l'homme Maurras : La deuxième stèle du jardin, consacrée ”aux grandes amitiés” de la vie de Maurras..

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Aujourd'hui : La deuxième stèle du jardin, consacrée "aux grandes amitiés" de la vie de Maurras...(3)

    Après le salut à Frédéric Mistral, la deuxième stèle du jardin salue les grandes amitiés de la vie de Maurras :


    "Après Maurice Barrès, les fondateurs de l'Action Française dont Léon Daudet, Jacques Bainville, Lucien Moreau, Robert de Boisfleury, Maurice Pujo furent reçus dans ce jardin par Madame Maurras et par ses deux fils".

    Le deuxième fils dont il est question (on l'a vu précédemment) est Joseph, médecin militaire, qui mourut à Saïgon en 1924. Les parents de Maurras n'eurent pas de fille, mais trois garçons, dont l'un - François - mourut peu après sa naissance. Et la mère de Maurras mourut, elle, en 1922 (vous pouvez consulter notre Ephéméride du 5 novembre...) 

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    Maurras rencontrera Jacques Bainville alors que celui-ci n'avait que vingt ans; puis Léon Daudet lorsque celui-ci en avait trente-six (en 1904): que trois hommes aussi différents et, chacun, d'une personnalité aussi affirmée aient pu durant toute leur vie - à partir du moment où ils se sont rencontrés - être et rester amis au quotidien, dans le même mouvement et les mêmes locaux, sans la moindre "dispute" notable, voilà qui constitue une exception remarquable dans l'histoire politique...

    Lorsqu'on parle de Charles Maurras, de Léon Daudet et de Jacques Bainville, c'est  peut-être la première chose qu'il convient de signaler (voir l'Ephéméride du 9 février - naissance et mort de Jacques Bainville; l'Ephéméride du 20 avril - naissance de Charles Maurras; l'Ephéméride du 1er juillet - mort de Léon Daudet; et l'Ephéméride du 16 novembre - naissance de Léon Daudet et mort de Charles Maurras)...

    Ce cas unique d'amitié a été magnifiquement évoquée par Jacques Bainville dans les quelques mots de remerciements qu'il prononça au siège du journal, à l'occasion de son élection à l'Académie française :

    Vertu de l'amitié

    lafautearousseau

  • L'Action Française dans la Grande Guerre [6] Guerre totale contre lʼEurope

     Film Au revoir là-haut 

     

    Guerre totale contre l'Europe  

    Si lʼon sʼessaye à prendre de la hauteur, on en vient vite à partager le point de vue du pape Benoît XV qui voyait dans la Première Guerre mondiale un « suicide de lʼEurope ». Or, ne peut-on pas même aller plus loin en se demandant sʼil sʼagit plutôt dʼun meurtre contre lʼEurope ? Ce qui implique que lʼAction Française, pourtant dirigée par de fins esprits, à-qui-on-ne-la-fait-pas, aurait été dupée par ceux qui auraient prémédité ce meurtre de, pardonnez du peu, dizaines de millions dʼâmes. 

    « Homicide » volontaire des peuples européens 

    Un tel angle dʼattaque reprend peu ou prou les réflexions de lʼhistorien américain dʼorigine luxembourgeoise Arno Mayer, réflexions quʼil développe dans son ouvrage Political origins of the New Diplomacy, publié en 1959. Sa thèse est la suivante : le « Grand Capital », craignant une crise internationale gravissime, aurait favorisé la guerre pour écraser le prolétariat.      

    Deux films récents sont imprégnés par cette vision des choses. Au revoir là-haut, réalisé par Albert Dupontel et qui est sorti en 2017, montre la difficulté de la « sortie de guerre » pour les Poilus, cʼest-à-dire du retour à la vie civile pour les anciens combattants, tout en pointant du doigt les profiteurs de guerre, des marchands de canons aux politicards stipendiés, tous rouages essentiels de la « Bancocratie », en passant par les margoulins de la pire espèce, qui sʼengraissent par le truchement du tas encore chaud des cadavres en mal de sépulture digne. 

    105595.jpgLe second est plus ancien. Il sʼagit du film Les enfants du marais de Jean Becker (1999), qui commence au moment de la démobilisation, et dépeint les différentes strates de la société française de lʼentre-deux-guerres. À la dérobée, le spectateur apprend au détour dʼune conversation entre gens de bonne compagnie, à lʼintérieur du salon richement décoré dʼun capitaine dʼindustrie, que lʼélite capitaliste nʼen a pas eu assez avec la boucherie de 14-18. Craignant, à la manière dʼun Ortega y Gasset, lʼirruption dʼune révolte des masses, le bon bourgeois lâche : « Il nous faudrait une bonne guerre ». 

    En nous appuyant sur ce quʼenseigne la sociologie réticulaire, lʼon en parvient, visant le but de déterminer les mécanismes profonds sur lesquels repose le fonctionnement du capitalisme – comment, en somme, sʼarticule sa dynamique indomptable et féroce –, à la conclusion selon laquelle la franc-maçonnerie joue un rôle décisif dans ce déploiement. Des personnes aussi différentes, pour ne pas dire antagonistes, que Karl Marx et Léon Trotsky dʼune part, et Henri Delassus et Ernest Jouin dʼautre part, en sont arrivés à une telle affirmation.      

    La franc-maçonnerie, que Charles Maurras décrivait comme un « quartier » du pays légal, autrement dit lʼun des quatre états confédérés dressés contre la France de Clovis, de Jeanne dʼArc et de Saint Louis, constitue le réseau interne de coordination de la mécanique capitaliste, sa courroie de transmission occulte. Des éléments factuels vérifiables mettent en lumière que la Grande Guerre a résulté de la volonté de la coterie maçonnique. Celle-ci est la vraie responsable de la Première Guerre mondiale, et non le nationalisme, nʼen déplaise à MM. Mitterrand et Macron. 

    Dans la revue LʼUnivers du 12 novembre 1882, on peut lire : « Les plans de subversion universelle, les projets abominables qui tendent à couvrir lʼEurope de ruines et de sang en vue de substituer partout la République aux monarchies, lʼidéal matérialiste et révolutionnaire à lʼidéal spiritualiste et chrétien, sortent aussi des ateliers et des convents maçonniques. »      

    1711052148.jpgDe surcroît, à lʼoccasion dʼune visite, le 23 juin 1916, de lʼempereur Guillaume II (photo) à lʼabbaye de Maredret, en Belgique, celui-ci pose cette question à lʼabbesse son hôte, Mère Cécile de Hemptinne : « Savez-vous une des grandes causes de la guerre ? » Elle lui répond par la négative. Et le kaiser Hohenzollern de lui répartir : « Les franc-maçons ».      

    À la fin du conflit, en 1918, le Grand Orient de France prononce cette sentence : « La guerre actuelle est profondément révolutionnaire. Elle prépare un ordre nouveau ». Il suffit, pour se convaincre de la véracité de ces faits, de consulter la plateforme Gallica, où la Bibliothèque nationale de France (B.N.F.) publie en ligne une pléthorique documentation historique numérisée[1]

    Outre la Première Guerre mondiale, la franc-maçonnerie fut à lʼorigine de l’instauration de la République dite française. Justement, une initiative était vue comme très menaçante aux yeux des républicains à lʼorée de la Grande Guerre.   (A suivre)  ■ 

    [1]  Cf. lʼinterview de Thierry Maquet publiée par LafauteàRousseau le 17 novembre 2018.

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