Grandes "Une" de L'Action française : 15 Avril 1912, le naufrage du Titanic...
(retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")
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Le Titanic coule le dimanche 14 avril, à 23h40. Les toutes premières nouvelles ne sont donc connues en Europe que le lundi 15, dans la stupéfaction générale. L'Action française ne parle pas de l'évènement ce lundi, et publie, le mardi 16, en page deux, un court communiqué, qui rend bien compte de la lenteur de transmission des nouvelles, puisque ce communiqué, écrit à partir des informations de l'Agence Havas, reprises par le journal, précise "tous les passagers du Titanic sont sauvés" (sic !)
Le journal "corrige le tir" dès le lendemain, mercredi 17, en publiant, en première page, en bas des deux colonnes de droite le communiqué suivant, bien plus alarmiste et proche de la réalité; ce communiqué s'achève par vingt-quatre lignes en page deux, tout en haut de la première colonne; on y lit :
"...Pour expliquer ces nouvelles contradictoires reçues coup sur coup, on suppose que le commandant du Titanic ne croyait pas à l'imminence de la catastrophe, comme tendrait à le prouver le télégramme suivant expédié par M. Philip, l'opérateur de la télégraphie sans fil du littoral, à ses parents : "Avançons lentement vers Halifax. Navire pratiquement insubmersible. Ne vous inquiétez pas.". Ce télégramme avait été envoyé à minuit, et le Titanic sombrait deux heures après." (fin de "l'article").
C'est donc le 18, quatre jours après la catastrophe, que L'Action française consacra une bonne part de sa "Une" à l'évènement.
• Voici la "Une" de L'Action française du Jeudi 18 Avril 1912 :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k757609t/f1.item.zoom
On y trouve évidemment Maurras et Daudet, et aussi Maurice Pujo. Bainville y est, bien entendu, mais pas sous son nom : comme pour la mort de Mistral, son article, en première page, est signé "Léonce Beaujeu". Pourquoi, et d'où vient ce pseudonyme ? Nous l'ignorons...
• Maurras occupe les deux premières colonnes de la "Une", avec un long article intitulé "Nouveautés électorales", qui pourrait aujourd'hui encore servir utilement dans un Cercle d'études et de formation, sur les "joyeusetés" et la malfaisance intrinsèque du Système, avec tous les tripatouillages qu'il permet...
• Daudet, lui, écrit déjà sur la catastrophe du Titanic : un article assez court, en bas de la deuxième colonne et en haut de la troisième, intitulé "Les enfants d'Archimède", dans lequel il rend hommage au courage de ceux qui ont péri en restant à leur poste :
• Maurice Pujo, lui, avec "Notre Triduum", dans la demi colonne quatre, partie inférieure, parle des trois réunions qui seront organisées "les 19, 23 et 26 avril, sous la présidence de Charles Maurras, de notre éminent maître et ami Jules Lemaître, et de Bernard de Vesins..." avec, aussi De Roux, Vesins, Daudet, Lasserre, Vaugeois, Valois...
• Et Bainville, là-dedans ? Il est là, et bien là, à sa place habituelle (la ou les deux colonnes de droite) et il propose un article pertinent, intitulé "Le naufrage", dans lequel il revient sur l'incroyable naïveté des hommes, du moins de certains, et la confiance illimitée accordée - à tort ! - au "progrès", et à sa réputation d'infaillibilité...
Juste en-dessous de son article, que l'on verra après, se trouve un gros "pavé", qui se prolonge en page deux, sur toute la colonne de gauche et en haut de la deuxième :
Venons-en donc maintenant, pour clôturer cette "Une" consacrée en bonne part au Titanic, à l'article de Bainville. Comme il le fera deux ans plus tard, dans ses deux articles consacrés à la mort de Mistral (voir les Grandes "Une" 1 et 2) - nous l'avons dit - Bainville écrit son court article, sobrement intitulé "Le naufrage", à la fois sous le pseudonyme de Léonce Beaujeu et aussi dans une sorte de rubrique intitulée "Au jour le jour"... :
Enfin, pour aller un peu plus loin sur le sujet, voici ce que nous avons placé dans notre Éphéméride du 15 avril; vous y trouvez le lien vous permettant de lire l'article de Bainville, sous une forme plus "habituelle" !... :
1912 : Roger-Marie Bricoux, violoncelliste de l'Orchestre du Titanic, périt dans le naufrage
L'orchestre continua de jouer jusqu'à la fin (Image : Titanic, de James Cameron, 1997)
Les témoignages sont unanimes : s'ils varient quelque peu sur le dernier morceau joué par l'Orchestre (pour la grande majorité des survivants, il s'agit du cantique "Plus près de toi, mon Dieu...") tous les rescapés s'accordent à dire que, jusqu'aux derniers instants, l'Orchestre des huit musiciens a joué, comme si de rien n'était. Donnant ainsi un exemple rare de courage personnel et de noblesse de coeur.
Roger-Marie Bricoux était le violoncelliste du groupe... Il était né le 1er juin 1891 à Cosne-sur-Loire, sa famille se fixant ensuite à Monaco.
Sur le Titanic, il était passager de seconde classe : il n'avait pas 21 ans...
Il y avait 48 Français à bord du Titanic : ils formèrent une association, "Les Français du Titanic", et rédigèrent collectivement l'histoire du naufrage, dans un livre qui porte ce même nom...
"Le Naufrage" a inspiré à Jacques Bainville un célèbre article, paru trois jours après la catastrophe, dans L'Action française du 18 avril 1912 : voir, dans notre Catégorie "Lire Jacques Bainville", l'article XI, Le Titanic ? Insubmersible ! Ou : réflexion sur la crédulité, d'hier, d'aujourd'hui, de toujours.
L'orchestre du Titanic au grand complet : de gauche à droite et de haut en bas : George Krins, Wallace Hartley, Roger Bricoux, Theodore Brailey, Percy Taylor, Wes Woodward, John Clarke et John Hume.
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