Sur le site officiel de l'Action française, Bustes pour mairies, l’éditorial de François Marcilhac.
« La Confédération générale du Travail est, elle-même, cause seconde et non cause première ; elle emploie toutes les armes qu’elle possède pour se défendre, mais l’agression ne vient pas d’elle.
L’agresseur, le coupable, le responsable, c’est le gouvernement de M. Clemenceau ; avec lui et derrière lui, le régime démocratique, le régime républicain. Vérité que l’ouvrier parisien comprend désormais. La pendaison de Marianne devant la Bourse du travail est l’acte le plus significatif de notre histoire depuis le 14 juillet 1789. Bourgeois conservateurs, le comprendrez-vous ? »
Voilà ce qu’écrivait Maurras dans L’Action Française du 4 août 1908, en réaction aux émeutes ouvrières de Draveil et de Vigneux et à la répression sanglante de Clemenceau, qui fit arrêter, dès le 1er août, des responsables de la CGT. Puis, commentant le fait que le président du Conseil, toutefois, ne prononce pas la dissolution du syndicat incriminé, il poursuit dans L’AF du 11 août suivant : « M. Clemenceau ne dissout pas la Confédération parce que cet organisme prolétarien qui lui cause aujourd’hui une gêne cruelle, il compte bien l’utiliser dès qu’il sera sûr de l’avoir en main. […] Convenons-en. C’est la solution éternelle. Transformer les braconniers en gardes-chasses, métamorphoser les chemineaux en soldats, les bandits en soutiens de l’ordre est un des a b c de la politique. Seulement, ici, l’ordre à soutenir est un ordre démocratique et républicain. »
Il faudrait être un sot ou un fou pour ne pas comprendre toute l’actualité de ces propos de Maurras en pleine crise politique et sociale, déclenchée à la fois par le projet de loi sur les retraites, des grèves et manifestations impuissantes, avec le « retenez-moi ou je fais un malheur » de la CGT et la domestication de la CFDT, jusqu’au recours, par la préfecture de police, à ces auxiliaires du régime que sont devenus les antifâ — « transformer les bandits en soutien de l’ordre », comme l’écrivait Maurras —, un débat pour la forme au Parlement — ainsi le veulent les institutions de la Ve République instaurant le parlementarisme rationalisé, c’est-à-dire impuissant —, enfin, le recours pitoyable au 49-3 pour débloquer une prétendue obstruction parlementaire — plus de 137 000 amendements avaient été déposés en 2006 sur le projet de loi relatif à l’énergie sans que le gouvernement de l’époque recourût alors à cette arme institutionnelle prévue, aux origines de la Ve République, pour pallier les incertitudes d’une majorité chancelante.
Cette actualité, nos militants de la Ville Rose l’ont comprise, qui ont pendu l’effigie de Marianne, samedi, peu avant qu’Edouard Philippe n’annonce le recours au 49.3. Heureuse rencontre des événements ! Qui montre combien l’essentiel est désormais non pas tant dans la déliquescence, réelle, d’institutions arrivées à bout de souffle, que dans les causes de cette déliquescence : un pays légal dont l’illégitimité s’est étendue à l’ensemble des partis et des corps intermédiaires, incapables de sortir du schéma libéral et européiste dont le macronisme est la partie émergée. Les réactions outrées, à l’action symbolique de nos militants, du pays légal, de gauche comme de droite, voire du Rassemblement national, comme des associations subventionnées en dit long sur leur autisme : totalement déconnectés de la réalité sociale et politique actuelle, en dépit du soulèvement des gilets jaunes, dont les braises couvent toujours, ces apôtres de la Liberté demandent des sanctions judiciaires, pour la pendaison d’un poupée de chiffons, eux dont l’héritage est celui, toujours revendiqué, des guillotineurs de la Terreur et des premiers génocidaires de l’histoire contemporaine. Un autisme que nos militants de Nantes dénonçaient, pour leur part, deux jours auparavant, en matière de sécurité — réduite à un « sentiment » par nos élites protégées des beaux quartiers.
« Contre un régime instable, irresponsable, à court terme et qui divise, contre une république centralisatrice soumise aux lobbies qui sacrifie le bien commun aux intérêts particuliers et à la démagogie, vite la Monarchie ! Pour que vive la France, vive le roi ! » Ainsi se sont exprimés nos militants, sur le pont franchissant la Garonne, tandis que, Marianne se balançait au-dessus de l’eau : « Qu’on la pende pour voir un peu dinguer en croix / Sa vie horizontale et sa mort verticale ! », chantait Verlaine, dans son poème Bustes pour mairies… Du reste, les réactions politiques et la couverture de cette action n’ont pas manqué de faire réagir nos camarades : « Il est honteux et inquiétant que notre action potache d’hier ait davantage retenu l’attention des médias et élus républicains que notre action du 30 novembre dernier, qui visait à alerter sur le rachat américain de Latécoère, entreprise française, fleuron stratégique », peut-on lire sur le compte d’Action française – Toulouse. Cela prouve « que la République est trop faible pour défendre les intérêts de la France et préfère défendre aveuglément ses symboles et ses valeurs abstraites, au détriment des Français et du bien commun ».
Qu’ajouter, sinon que nos militants, partout en France, sont la voix du pays réel. Un semblant d’opposition s’organise contre le passage constitutionnel en force du texte sur les retraites, que Macron veut voir adopté en première lecture avant les municipales… Ce projet de loi impopulaire sera-t-il la goutte d’eau qui fait déborder le vase — sans compter l’incidence éventuelle de l’épidémie de coronavirus, pour le cas où le gouvernement ne se montrerait pas à la hauteur, ou en profiterait pour repousser des élections qui seront catastrophiques pour lui, en dépit de l’alliance objective de LR — l’opposition Canada Dry —, comme au Havre où se présente Philippe ?
Les fondements de la société n’ont jamais été aussi attaqués, notre peuple n’a jamais été aussi menacé dans son unité même — politique, culturelle —, son identité et son honneur sont battus en brèche par des élites à l’écoute des forces de dissolution instaurant une préférence étrangère s’accompagnant de discours de haine à l’encontre de la France. Le socle économique s’effondre, tandis qu’on promet aux Français toujours davantage de sacrifices sous prétexte qu’ils ne travailleraient pas suffisamment ou vivraient au-dessus de leurs moyens — à moins que ce ne soit plutôt nos élites qui vivent au-dessus des moyens du pays réel. Chacun sent que cela ne peut plus durer ainsi encore longtemps.
L’Histoire est évidemment à la porte, mais nul ne sait encore quand elle frappera, ou plutôt, à quelle occasion elle frappera. C’est la raison pour laquelle il faut se tenir prêt. C’est la raison pour laquelle le comte de Paris, lui aussi, se tient prêt. Lui seul est disponible à relever le drapeau national car lui seul est légitime pour le faire. Il n’y a pas de « en même temps » en royauté. La légitimité ne se divise ni ne se multiplie. Elle est une. En ce centième anniversaire de la canonisation de Jeanne d’Arc et de la création de sa fête nationale — Jeanne qui sut ne se confier qu’au seul et unique Prince légitime pour redresser la France —, la confiance dans les ressorts du pays doit être notre seule boussole.