Dans notre Éphéméride de ce jour : Maurras condamné, ou : quand les premiers "collabos" condamnaient les premiers "résistants" !
1945 : Maurras condamné...
Le 28 janvier 1945, la cour de justice de Lyon déclare Maurras coupable de haute trahison et d'intelligence avec l'ennemi et le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale.
Pour "Intelligence avec l'ennemi" ! : or, c'est bien "la seule forme d’intelligence que Maurras n’ait jamais eue", comme l'a si bien dit François Mauriac, qui n’était pourtant pas de ses amis politiques...
Le Parti communiste étant la plus puissante et la plus structurée des forces constituant, alors, le courant révolutionnaire, c'est lui qui fut le principal meneur de cette "re-Terreur" (comme disait Daudet, parlant de la Commune) que fut la sinistre Épuration.
Or, L'Action française a été la première à dénoncer "l'énergumène Hitler", "le monstre", "le Minotaure", alors que le Parti communiste s'est plié aux injonctions de Moscou à la signature du Pacte de non agression germano-soviétique (du 23 août 1939 au 22 juin 1941) : Maurice Thorez passa du reste, confortablement, la guerre à Moscou, du 8 novembre 39 à son retour en France, le 24 novembre 44. Ce fut la raison pour laquelle L'Humanité fut interdite en 1939, pendant près de deux ans (voir l'Éphéméride du 25 août et l'Éphéméride du 28 août)
Le Parti communiste changea, évidemment, d'attitude après l'attaque de l'URSS par Hitler; mais - quand on connaît l'Histoire - on comprend mieux la violence, en 44, de ceux qui avaient tant de choses à faire oublier...
Condamner Maurras pour "intelligence avec l'ennemi", c'était - et cela reste, tant que la condamnation n'est pas annulée... - rien moins que faire condamner les premiers "résistants" par les premiers "collabos"...
Dans le jardin de sa maison de Martigues, directement apposée sur l'angle de la maison, côté ouest, une stèle - aujourd'hui "disparue... - "répond" "à l'infâme verdict du 27 Janvier 1945".
Sur la photo ci-dessous, François Davin - fondateur de lafautearousseau - montre deux stèles aux membres d'un groupe auquel il explique et fait visiter la "partie architecturée" du jardin, telle que l'a voulue et réalisée Charles Maurras : la stèle de droite (qu'il montre avec sa main) est toujours en place : c'est celle qui commémore la donation de la Bastide à la Mairie; c'est la stèle de gauche, juste à droite de la porte, qui a disparu...
La Mairie communiste a-t-elle voulu faire disparaître le témoignage courageux des pêcheurs et du petit peuple de Martigues, qui reconnaissait un "ami" en la personne du grand Maurras ?...
Bizarre, bizarre...
On lit sur cette stèle "la lettre historique écrite, à l'automne de 1944, par le Président du Conseil de nos Prud'hommes Pêcheurs" :
Communauté des Patrons-Pêcheurs de Martigues.
Martigues, le 16 Octobre 1944.
Nous, Conseil des Prud'hommes pêcheurs des quartiers maritimes de Martigues, représentant 700 pêcheurs, attestons que notre concitoyen Charles Maurras a, depuis toujours et jusqu'à son incarcération, faisant abstraction de toute opinion politique, fait entendre sa grande voix pour la défense des intérêts de notre corporation.
Par la presse, il a attaqué les trusts et les autres grands profiteurs, ainsi que certaines administrations qui voulaient nous brimer.
Pour le Conseil des Prud'hommes, le Président Dimille.
Face au théâtre, la Prudhommie des Pêcheurs de Martigues
Voir - publié sur Boulevard Voltaire - la mise au point éloquente de Laure Fouré, juriste et fonctionnaire au Ministère des finances et d'Éric Zemmour :
Oui, l'Action française a toujours été anti nazi
Mais c'était le temps de la sinistre Épuration, qui ne fut rien d'autre qu'une vulgaire - mais sanglante - "re-Terreur" (l'expression est de Léon Daudet), qui dénatura et souilla d'une tâche indélébile la libération du territoire national, et dont l'un des grands "maîtres" (!) fut le non moins sinistre Aragon (voir l'Éphéméride du 11 mai, sur la Dévolution des Biens de presse)...
À cette inique condamnation, Maurras réagira en Sage, et composera son splendide poème :
Où suis-je ?
(voir l'Éphéméride du 3 février)