LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1574
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Le cinéma, quel roman ! Deux romans de la rentrée explorent les coulisses, par Frédéric Rouvillois*
« À la fin, les noctambules se retrouvent sur la plage. Les pêcheurs hissent un filet où ne se débat déjà presque plus le monstre marin qu’ils viennent d’attraper. Après avoir longuement contemplé l’oeil glauque de la bête, Marcello entend la voix d’une jeune fille qui l’appelle. Il la connaît, elle incarne l’innocence, la pureté. Séparé d’elle par l’embouchure d’une petite rivière, il feint de ne pas comprendre et rejoint le groupe de fêtards qui l’attend ». La dernière scène de la Dolce Vita laisserait-elle entrevoir le sens véritable du cinéma qui, comme métaphore de la vie moderne, ne serait pas une quête, mais un renoncement -renoncement mélancolique mais sans appel à la pureté et à l’innocence ? C’est ce que suggèrent ces jours-ci deux beaux romans au titre plus jovial que leur contenu, Pas ce soir, Joséphine, d’Éric Alter, et Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive, de Christophe Donner.
Ce dernier s’attaque, sur le mode décidément efficace de la non fiction, à un célébrissime inconnu, Jean-Pierre Rassam, étoile montante puis filante de la production cinématographique française, retrouvé mort à 43 ans au domicile de sa compagne Carole Bouquet. Le voyage au bout de la nuit américaine commence par un suicide – le 31 décembre 1966, celui d’un autre producteur mythique, Raoul Lévy, le découvreur de Brigitte Bardot, qui se tue d’un coup de fusil dans le bas-ventre à la porte, close, de sa maîtresse. Et le voyage se poursuit autour de Rassam, dilettante génial qui, un peu par hasard, parce que sa sœur adorée devient la femme de Claude Berri dont la sœur adorée est devenue la maîtresse de Maurice Pialat, va se lancer dans la production sans trop savoir pourquoi, fort de son goût de la fête, de sa prodigieuse énergie vitale, de son charisme et de l’immense fortune paternelle. « Produire, produire, il adore le mot produire ». Mais il lit à peine les scénarios des films qu’il lance, en condottiere mésopotamien, à la face d’une France qui s’ennuie. Pialat et Nous ne vieillirons pas ensemble, Jean Yanne, dont il produit Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (énorme succès) puis Les Chinois à Paris (énorme four), ou Marco Ferreri et sa Grande bouffe, qui fleure bon la révolution – mais celle du nihilisme. Et puis Godard, Bresson, Polanski. Pourtant, que faire après ça, alors que dans l’hexagone, ce sont les Charlots qui remplissent les salles obscures ? Joueur compulsif, drogué jusqu’à l’os, Rassam se voit en Napoléon des toiles. Il n’a que trente-trois lorsqu’il tente – pourquoi pas, au fond ?- de mettre la main sur la Gaumont, mais il se fait rafler la mise par son associé, et sombre définitivement. Dans le tunnel de l’échec, de l’ombre et des substances illicites, jusqu’à son suicide un jour de janvier 1985.
Acteur de seconde zone mais observateur désabusé, le destin de Norman, le narrateur de Pas ce soir Joséphine, n’est pas beaucoup plus guilleret. C’est d’ailleurs lui qui racontait la scène finale de la Dolce Vita, comme un précipité de la sienne. Celle d’un comédien qui attend, dans une grande ville de la Côte d’Azur, le retour de la vedette qui s’est cassé une dent avant de venir en glissant sur une marche de piscine. Celle d’un type qui tourne en rond -autre façon de voyager au bout de la nuit-, d’une manière qui rappelle irrésistiblement Houellebecq, incontournable prophète de notre époque. Le film où Norman doit jouer est un remake de Certains l’aiment chaud, et lui-même n’y a qu’un rôle modeste : les filles qu’il rencontre sur le tournage et qui se déshabillent dans sa chambre déclarent qu’il est « un peu célèbre », ce qui achève de le déprimer. « Si ça continue, je vais devenir un acteur fantôme. Au générique, personne ne saura qui je suis (…). Mon nom fera fureur dans les jeux concours. La question qui me concernera vaudra au moins 1 million d’euros ». Du moins y a-t-il des filles qui se déshabillent dans sa loge : il est juste assez célèbre pour cela. Mais en fait, non, même pas. Et ces amours furtives, si jeunes et jolies soient-elles, ne sont pas grand-chose d’autre qu’un remake : pas étonnant que la plus désirable de ses maîtresses rappelle à un amour de collège, et qu’elle écrive un mémoire de fin d’études sur les fantômes au cinéma. Le miroir aux alouettes n’est pas une promesse de bonheur, ça se saurait, et en fin de compte, chacun repart de son côte essayer de réaliser son propre petit rêve. Comme le Marcello de la Dolce vita, regardant avec un sourire gêné celle qui lui offrait la rédemption avant de hocher la tête, de feindre l’incompréhension, et de tourner les talons pour rejoindre sa bande, vers la nuit. ♦
Eric Alter, Pas ce soir, Joséphine, Pierre-Guillaume de Roux, 2014
Christophe Donner, Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive, Grasset, 2014
* Source : Causeur.fr/le-cinema-quel-roman
L'auteur
Frédéric Rouvillois est né en 1964. Il est professeur de droit public à l’université Paris Descartes, où il enseigne le droit constitutionnel et s’intéresse tout particulièrement à l’histoire des idées et des mentalités. Après avoir travaillé sur l’utopie et l’idée de progrès (L’invention du progrès, CNRS éditions, 2010), il a publié une Histoire de la politesse (2006), une Histoire du snobisme (2008) et plus récemment, Une histoire des best-sellers (élu par la rédaction du magazine Lire Meilleur livre d’histoire littéraire de l’année 2011).
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De l’Association Reconstruisons Saint-Cloud...
Nous avons souvent évoqué dans Lafautearousseau ce beau projet de reconstruction du château de Saint-Cloud. Projet qui fait rêver, alors que la France souffre de déclinisme.
Un très beau FILM DE SYNTHÈSE montrant tout l'EXTÉRIEUR DU CHÂTEAU de SAINT-CLOUD vient d'être réalisé à la demande de l'association "Reconstruisons Saint-Cloud !".
Nous vous invitons à le découvrir (avec sa bande son). ♦
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1er Novembre 2014 ... Ainsi le roi de Prusse aurait fait battre l'empereur d'Allemagne.
Rencontré par grand hasard Henry de Cardonne* dans son centre de Blois, il recueille bien des échos qui n'arrivent pas jusqu'à Paris. C'est ainsi qu'il m'apprend que Joffre et Casttelnau ont, depuis les premiers jours de la guerre, mis en réforme, pour incapacité constatée, éprouvée, soixante-dix-sept officiers généraux et officiers supérieurs qui sont à Limoges, où ils observent comme des arrêts.
D'après des renseignements fournis par un officier d'état-major, la victoire de la Marne aurait été rendue possible par le fait que Guillaume II avait retiré 200.000 hommes à l'armée d'invasion de l'Ouest pour les envoyer en Prusse orientale contre les Russes qui menaçaient Koenigsberg, la capitale sacrée, la Moscou des Hohenzollern. Ainsi le roi de Prusse aurait fait battre l'empereur d'Allemagne.
Aujourd'hui encore, le transfert rapide de troupes d'un front à l'autre paraît être un des moyens d'action de l'Allemagne. En ce moment, ils semblent ramener vers la France, et surtout vers Nieuport-Dixmude une grande quantité d'hommes et vouloir se tenir sur la défensive vis-à-vis des Russes. Ce procédé peut aussi bien achever leur perte. La trop grande perfection même de leur appareil de guerre et les facilités qu'il leur fournit les incitent à commettre des imprudences.
Cependant nous n'avons pas encore partie gagnée. Le quatrième mois de la guerre est commencé. Les Allemands sont encore en territoire français et ils attaquent encore, nous sommes toujours en réalité sur la défensive, comme en fait foi cette lettre datée du 28 octobre que je reçois du front et où je lis : "Ne soyons pas trop optimistes. La machine de guerre allemande est formidable. Je crois seulement qu'elle finit de donner son plus grand effort... J'espère que bientôt les Allemands seront immobilisés (ils sont donc encore "mobiles") et que bientôt aussi nous les verrons reculer..."
On se plaint que les renforts anglais n'arrivent qu'au compte-gouttes. "Le million d'hommes promis par Lord Kitchener viendra, nous n'en doutons pas, me dit quelqu'un. Mais en combien de temps ?" D'autre part, il se confirme que le gouvernement de la République a éprouvé les plus grandes difficultés dans ses rapports avec l'Angleterre. Il en éprouvera encore. Lorsqu'il voulait conclure la paix avec l'Allemagne, après la défaite de Charleroi (où 9.000 Anglais s'étaient fait hacher), on raconte que Sir Francis Bertie fit savoir que, la France se faisant par cette paix ignominieuse l'auxiliaire de l'Allemagne, le gouvernement de Sa Majesté britannique lui déclarerait sur-le-champ la guerre... Vraie ou fausse, l'anecdote a le mérite de montrer à quel point, entre l'Allemagne et l'Angleterre, la situation de la France est inconfortable. C'est Charybde et Scylla - Fachoda et Tanger.
On apprend que la Turquie entre en mouvement. Nous voilà en guerre non pas avec le Grand Turc, mais avec les Jeunes Turcs, libéraux et quasi-républicains, fils de 1789 et admirateurs de notre Révolution, arrivés au pouvoir il y a six ans et dont la niaiserie démocratique en France se promettait les félicités d'une alliance éternelle. Quelle pitié ! Il y a huit mois, le gouvernement permettait à la Turquie d'emprunter 400 millions à notre épargne. Quelle ignorance ! Quel aveuglement ! Tout fait craindre que cet évènement ne soit la fin de notre influence en Orient. A cette guerre absurde et qui n'est pas si maladroitement machinée, quoi qu'on en dise, de la part de l'Allemagne, gagnerons-nous au moins la Syrie, que nous promet Gustave Hervé ?... ♦
* Henry de Cardonne, journaliste royaliste à L'Avenir du Loir-et-Cher.
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La faillite c'est lui ! Mais c'est surtout la faillite du Régime, la faillite du Système !
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Sergent-chef Thomas Dupuy : un jeune-homme qui, lui, est mort pour la France
Naturellement, cette nouvelle retentit moins dans l’espace médiatique que celle du jeune Rémi Fraisse, victime d’une grenade offensive lors d’une manifestation d’écolo-anarchistes. D'un côté, l’un n’a fait que son devoir et, pour les médias, il ne mérite rien (ou presque). L’autre, au contraire, s’est opposé de toutes ses forces à une retenue d’eau, s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Mais il a droit à tous les honneurs et tous les couplets laudateurs, dithyrambiques et naturellement polémiques ! Henri Saint-Amand, Boulevard Voltaire ♦
Engagé dans une opération visant le camp d’un groupe jihadiste dans le massif de Tigharghar, dans le nord du Mali, le sergent-chef Thomas Dupuy, du Commando Parachutiste de l’Air n°10, a mortellement été touché au cours des combats.
Né en 1982 à Toulouse, Thomas Dupuy a 23 ans quand il s’engage en qualité d’élève sous-officier au sein de l’armée de l’Air.
Nommé sergent à l’issue de sa scolarité à l’École des sous-officiers de l’armée de l’air de Rochefort, il rejoint l’Escadron des fusiliers commando de l’Air, à Dijon, pour y suivre sa formation spécialisée. Le 9 octobre 2006, il est affecté au CPA n°30 de Bordeaux-Mérignac, où il sert au groupe Rapace puis à la cellule MASA (mesures actives de sûreté aérienne) en qualité de tireur d’élite. Il intègre ensuite un module « Personnel Recovery » (Récupération de personnel).
Au début de l’année 2007, il effectue une mission au Togo et assume les responsabilité de chef de poste de commandement de la protection. Deux ans plus tard, il est affecté au CPA n°10 d’Orléans et rejoint le groupe 12C en tant que chuteur opérationnel. Après un déploiement à Djibouti, il est engagé, en 2011, sur alerte dans la bande sahélo-saharienne (BSS) en qualité d’équipier groupe action.
« Il s’est particulièrement distingué en apportant un soutien sans faille à son chef, dans la préparation à l’engagement du groupe, lors d’un saut opérationnel à grande hauteur sur une zone d’opération tenue par des preneurs d’otages, tout cela dans des conditions difficiles et dans des délais extrêmement réduits », souligne le Sirpa Air.
Grâce à ses qualités de combattant et son comportement toujours exemplaire, il est cité en exemple et reçoit la Croix de la Valeur Militaire avec étoile de bronze. Toujours en 2011, le jeune sous-officier s’est une nouvelle fois distingué en Afghanistan. Une fois, pris à partie par des insurgés au cours d’une mission d’infiltration en territoire hostile, il a pu appuyer efficacement le désengagement « d’éléments amis ». Plus tard, il rispostera efficacement alors que son groupe est pris sous le feu des rebelles. Il sera toutefois blessé par des éclats de roquette. Son comportement, encore exemplaire, lui vaudra ’attribution de la Croix de la Valeur militaire avec étoile d’argent.
Promu sergent-chef en juillet 2013, il avait rejoint le Mali depuis le 2 août dernier. Comme l’indiquait le communiqué du ministre de la Défense, il était « un spécialiste reconnu dans des domaines aussi variés que l’appui aérien, les transmissions opérationnelles et le saut à ouverture très grande hauteur ». D’après sa hiérarchie, il était aussi un « élément incontournable de son groupe » et un « camarade apprécié de tous ».
Le sergent–chef Thomas Dupuy était titulaire de la Croix de la Valeur militaire avec étoile d’argent et étoile de bronze, de la médaille d’outre-mer agrafe Sahel et République de Côte d’Ivoire, de la médaille d’argent de la défense nationale et la médaille des blessés. ♦
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Péguy, l'enseignement et la société moderne ... une société qui ne s'estime pas ! Un texte comme d'aujourd'hui ...
« La crise de l’enseignement n’est pas une crise de l’enseignement; il n’y a pas de crise de l’enseignement; il n’y a jamais eu de crise de l’enseignement; les crises de l’enseignement ne sont pas des crises de l’enseignement; elles sont des crises de vie; elles dénoncent, elles représentent des crises de vie et sont des crises de vie elles-mêmes elles sont des crises de vie partielles, éminentes, qui annoncent et accusent des crises de la vie générales; ou, si l’on veut, les crises de vie générales, les crises de vie sociales, s’aggravent, se ramassent, culminent, en crises de l’enseignement qui semblent particulières ou partielles, mais qui, en réalité, sont totales, parce qu’elles représentent le tout de la vie sociale. C’est en effet à l’enseignement que les épreuves éternelles attendent, pour ainsi dire, les changeantes humanités; le reste d’une société peut passer, truqué, maquillé; l’enseignement ne passe point… Quand une société ne peut pas enseigner, ce n’est point qu’elle manque accidentellement d’un appareil ou d’une industrie quand la société ne peut pas enseigner, c’est que cette société ne peut pas s’enseigner; c’est qu’elle a honte, c’est qu’elle a peur de s’enseigner elle-même; pour toute humanité, enseigner, au fond, c’est s’enseigner; une société qui n’enseigne pas est une société qui ne s’aime pas; qui ne s’estime pas; et tel est précisément le cas de la société moderne ». ♦
Charles Péguy
Pour la rentrée (1904), Œuvres en prose complètes, I, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque de La Pléiade, pp. 1390-1392.
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31 Octobre 1914 ... où peut-on être mieux qu'au fond d'une tranchée, en automne, en attendant les canons qui n'arrivent pas ?
Le troisième mois de la guerre s'achève sur une impression favorable. Les Allemands font des efforts violents et régulièrement infructueux pour percer les lignes des alliés. Leurs efforts dans la direction de Dunkerque et de Calais paraissent avoir définitivement échoué. Le soulagement est immense, mais le sentiment général, c'est que nous l'avons échappé belle, qu'il est miraculeux que la France s'en soit tirée avec l'invasion de sept ou huit départements et surtout que Paris ait été épargnée. L'état de non-préparation du pays à la guerre saute aux yeux. Le Temps a publié sur ce sujet (en s'attachant principalement à l'insuffisance des munitions de notre artillerie, insuffisance venue d'économies démocratiques) un article que la censure a fort mutilé. Par contre une lettre de notre ami X..., officier d'artillerie, dans L'Action française, sur la même question, n'a pas eu une seule ligne retranchée.
En somme, il va devenir clair que l'électeur a payé de son sang et de sa chair, pendant ces trois mois, de longues années d'appropriation du "mieux-être". Où peut-on "être mieux" qu'au fond d'une tranchée, en automne, en attendant les canons qui n'arrivent pas et qui n'ont pas assez de mitraille pour arroser l'ennemi ?... ♦
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Bainville : Lorsque la puissance de l'Or faiblit, il apparaît que la première valeur de toutes, c'est la Sang. Péguy ne penserait pas autrement !
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La France ne sait que faire de son Nobel d’économie. Par François Thalloy*
L’attribution, le 13 octobre, du prix Nobel d’économie à un Français est une plaisante ironie du sort. Non que le choix de la Banque royale de Suède soit le moins du monde contestable : Jean Tirole figurait depuis une dizaine d’années sur la liste des possibles récipiendaires. Son influence dans le monde universitaire s’explique par l’intérêt qu’il a toujours porté à l’économie industrielle, alors même qu’une majorité de chercheurs se consacrait à la théorie des marchés financiers. En cela, il incarne une tradition typiquement française de la pensée économique, liée au développement des grands opérateurs de réseaux (énergie, transports, communication). Fidèle à cette tradition, Jean Tirole a consacré l’essentiel de ses travaux à la compréhension des oligopoles : comment, dans un secteur nécessitant des investissements colossaux, éviter que quelques mastodontes dominant le marché ne rançonnent le consommateur ? Comment, à l’inverse, s’assurer que les règles qui leur sont imposées ne les empêchent pas de se développer et d’investir ?
Mais cela va plus loin : par son parcours même, Jean Tirole résume un pan de notre histoire intellectuelle récente. Polytechnicien et ingénieur des Ponts, il a très tôt quitté la France pour les États-Unis. C’est au Massachusets Institute of Technology qu’il soutint sa thèse et mena la première partie de sa carrière d’enseignant. Tout comme lui, nombre de Français ayant reçu une formation mathématique poussée se sont expatriés aux États-Unis pour devenir économistes. Contrairement à Gérard Debreu (prix Nobel 1983) qui ne quitta jamais sa chaire de Berkeley, Jean Tirole a fini par revenir en France pour diriger l’école d’économie de Toulouse (Toulouse School of Economics, en bon français), qui est aujourd'hui reconnue comme un des meilleurs centres de recherche au monde. Avant ce retour, il avait largement contribué à attirer dans les universités américaines toute une génération de jeunes économistes particulièrement prometteurs (Thomas Piketty, avant sa métamorphose en prophète auteur de best-sellers, était du nombre). C’est là que se révèle toute l’ironie de l’histoire : si notre récent Prix Nobel n’a jamais affirmé de préférences politiques, la quasi-totalité de ces brillants cerveaux sont catalogués comme étant « de gauche ».
Pour un esprit formaté par les faux débats que notre presse produit en série, il y a là un mystère inexplicable. Un économiste – à plus forte raison s’il enseigne et publie avec succès aux États-Unis – ne peut être qu’un infâme libéral. Avec un chauvinisme que l’on croyait réservé aux commentaires sportifs, les médias français se sont d’abord félicités de voir nos immenses mérites enfin reconnus, mais le réflexe pavlovien ne s’est guère fait attendre. Bien forcés de lui laisser un peu la parole, ils ont été forcés de constater que Jean Tirole professait des opinions peu conformes à la doxa. Rappelant, avec la candeur du savant véritable, que la situation du marché de l’emploi dans notre pays est « assez catastrophique » (on appréciera la nuance), notre prix Nobel a ainsi réitéré sa proposition de fusionner CDI et CDD en un contrat de travail unique. Sa conclusion : « à force de trop protéger les salariés, on ne les protège plus du tout ». On se réjouit de voir les chaînes d’équations justifier les conclusions du gros bon sens.
Si le jury du prix Nobel d’économie avait été composé de Français, Jean Tirole aurait dû attendre sa récompense encore longtemps. ♦
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A lire demain ... A ne pas manquer !
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30 Octobre 1914 ... Bombardement au château de Tilloloy ...
Des hommes courageux sont restés en très grand nombre dans les pays envahis et ont attendu l'ennemi de pied ferme. Leur courage n'a pas toujours eu la récompense qu'il eût mérité. M. d'Hinnisdal, demeuré avec ses filles dans son château de Tilloloy, dut se mettre, au sous-sol, à l'abri d'un bombardement dirigé par l'artillerie allemande. Quand il devint possible de sortir, il se trouva en tête à tête avec des soldats à nous qui avaient cru inhabité ce château assailli par des rafales de feu et à qui le propriétaire, qu'ils regardaient d'un air soupçonneux, eut toutes les peines du monde à faire reconnaître son identité. M. de Resnes, à Beaumetz-lès-Loges, a vu son château devenir le centre d'une véritable bataille et il a dû se retirer avec Mme de Resnes, laissant tout en flammes, meubles, tableaux, papiers, archives. D'autre part, le Dr Lesage apprend que son beau-frère, ingénieur à Lille, a été fait prisonnier (bien qu'il fût civil) par les Allemands, et enrôlé dans l'armée allemande sous menace de mort. Ces faits sont soigneusement cachés au public, ainsi que toutes les atrocités et toutes les violations du droit de la guerre que les Allemands commettent depuis leur entrée en France. On ne sait rien de ce qui se passe à Lille, Valenciennes, Maubeuge et dans toutes les parties du territoire encore envahies. ♦
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Nouvelles activités, nouvelles annonces
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Nouvelles annonces :
AIX-EN-PROVENCE : Mardi 4 novembre, Café Actualités, QUE FAIRE ? Par Antoine de Crémiers.FEDERATION D'ILE DE FRANCE (Restauration nationale)u. Mardi 14 octobre, 20h, conférence de rentrée du Cercle Histoire, Culture et Patrimoine, salle Henry de Seilhac de l’A.S.I.E.M. 6, rue Albert de Lapparent, Paris 7ème. Béatrice Bourges, porte-parole du Printemps français et du collectif Pour l’Enfant parlera de : Après la Manif pour tous du 5 octobre : Que faire ?
u. Samedi 1er novembre, 10h, au cimetière de Vaugirard, 320 rue Lecourbe, Paris 15ème, à l'invitation de la Restauration Nationale, l’association Marius Plateau et le Centre Royaliste d’Action Française cérémonie du souvenir des morts de l’Action française, des Camelots du roi et de la Restauration Nationale.
u. Vendredi 14 novembre, à 19 heures, à l'invitation de la Restauration Nationale et de l’association Marius Plateau, messe aux intentions de Charles Maurras, en l’église Saint-Eugène Sainte Cécile, 4bis, rue Sainte-Cécile, Paris 9ème. Messe suivie de l’assemblée générale annuelle de la Fédération Royaliste d’Ile-de-France.
u. Mardi 18 novembre, 20, conférence mensuelle du Cercle Histoire, Culture et Patrimoine, salle Henry de Seilhac de l’l’A.S.I.E.M, Paris 7ème : « Nouvelle guerre froide », par Gilles Varange, journaliste et écrivain.
PARIS : le 6 décembre, colloque du Cercle Vauban. Nous donnerons dans les tout prochains jours des informations détaillées sur ce colloque qui s'annonce important : lieu, thèmes, horaires, intervenants, etc.
Suivez ces informations, qui sont régulièrement mises à jour. Pensez à nous transmettre les annonces de vos activités importantes. Cette rubrique est destinée à les faire connaître ! u -
La Dizaine de Magistro, une tribune d'information civique et politique
Par-delà les appareils et les discours dits de droite, dits de gauche ou d'ailleurs, ... attention aux fondamentaux et que vive l'esprit critique pour expliquer et comprendre ...
♦ Maxime TANDONNET, Haut fonctionnaire :
L'esprit de destruction
♦ Christine SOURGINS, Historienne de l'art :
"The Tree" - L'affaire McCarthy
♦ François JOURDIER, Officier, contre amiral :
L'imprécateur
♦ Sophie de MENTHON, Présidente d'ETHIC, Membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE) :
Foire♦ Eric Zemmour, Journaliste politique :
Place aux vieux !
♦ Françoise THIBAUT, Professeur des Universités :
Mélopée militaire
♦ Jacques BICHOT, Economiste, Professeur émérite à l'Université Lyon 3 :
Allocations familiales : ne nous trompons pas de débat
♦ Hubert de GEVIGNEY, Officier, contre amiral :
Où va l'Occident ?
♦ Arnaud TEYSSIER, Haut fonctionnaire, historien :
Richelieu
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QUESTIONS-REPONSES SUR LA MONARCHIE (3), par Jean-Philippe Chauvin
Jean-Philippe Chauvin continue de nous faire partager sa suite de courtes vidéos intitulées sobrement Questions-réponses sur la monarchie. Elles ont néanmoins pour superbes cadre et décor les jardins du château de Versailles... Chacune se compose de cinq questions et des réponses qui leur correspondent. (Durée environ 9'). Nous avons mis en ligne les vidéos n°1 et 2 les dimanches 29 juin et 6 juillet. Vous pouvez vous y reporter. Mais voici la vidéo n°3. "Profitez-en, précise Jean-Philippe Chauvin, pour vous exprimer et posez vos propres questions, éventuellement vos arguments, vos critiques, etc.". N'oubliez pas que vous pouvez regarder nos vidéos en plein écran ! Cliquer sur l'icône rectangle, au bas de l'écran, à droite ! ♦