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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1571

  • Le prix des Impertinents contre l’hostilité médiatique : Entretien avec Jean Sévillia

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    La proclamation du prix des Impertinents 2014 aura lieu le 3 novembre.

     

     

    Vous êtes à l’origine du prix des Impertinents. Depuis combien de temps ce prix existe-t-il, et pourquoi l’avoir créé ?

    Nous avons créé le prix des Impertinents avec quelques amis, en 2009, avec une idée simple. Si la pensée dominante bénéficie du soutien du système médiatique, nombreux sont les francs-tireurs intellectuels qui sont édités sans difficulté – car il existe plus de liberté d’esprit qu’on le croit dans le monde de l’édition – mais dont les livres ont du mal à percer en raison de l’hostilité qu’ils rencontrent sur le plan médiatique.

    Le prix des Impertinents se donne, par conséquent, pour but de soutenir des auteurs et des livres dont la pensée s’inscrit à contre-courant du politiquement correct et des tabous médiatiques. En 2009, notre premier prix a couronné Voyage au bout de la révolution, de Pékin à Sochaux (Fayard), les souvenirs de Claire Brière-Blanchet, une maoïste repentie. En 2010, nous avons donné le prix à Michèle Tribalat, la courageuse démographe, pour Les Yeux grand fermés (Denoël), un essai sur l’immigration. En 2011, un an avant qu’il ne soit la cible d’une campagne de diabolisation, à l’écrivain Richard Millet pour Fatigue du sens (Éditions Pierre-Guillaume de Roux). En 2012 à Denis Tillinac, qu’on ne présente pas, pour Considérations inactuelles (Plon). Et en 2013 à Shmuel Trigano, un universitaire auteur d’un livre qui a été une vraie découverte : La Nouvelle Idéologie dominante (Éditions Hermann).

     

    Qu’est-ce qui différencie ce prix des autres prix littéraires décernés chaque année ?

    Le prix des Impertinents est parfaitement indépendant, et échappe à toutes les combines et arrière-pensées commerciales qui caractérisent trop de prix. Il a surtout valeur de symbole, puisqu’il n’est pas doté. Comment évaluerait-on, d’ailleurs, la liberté d’esprit ? Notre seule aide matérielle vient du Montparnasse 1900, une sympathique brasserie parisienne qui accueille nos débats et nous reçoit chaque année avec le lauréat pour la remise du prix. Le prix des Impertinents est surtout le reflet de la qualité de son jury, que j’ai l’honneur de présider, et qui réunit des écrivains, des essayistes et des journalistes qui ont en commun de ne pas aimer les idées toutes faites, mais qui représentent autant de personnalités diverses, dont les avis peuvent diverger sur de nombreux sujets : Christian Authier, Jean-Marc Bastière, Bruno de Cessole, Jean Clair, Gabrielle Cluzel, Louis Daufresne, Chantal Delsol, Paul-François Paoli, Rémi Soulié, François Taillandier et Éric Zemmour.

     

    Quels sont les essais que vous avez retenus cette année et sur quels critères de sélection fondez-vous votre choix ?

    Chacun des membres du jury peut proposer un ou plusieurs titres qu’il a repérés. Nos avis se recoupent souvent, mais pas toujours. Nous visons à la fois le fond et la forme, en privilégiant quelque peu le fond toutefois, puisque nous récompensons des essais et non des romans. Nous venons d’arrêter notre première sélection. Je ne peux pas la commenter, car je laisserais deviner mes préférences. Je me contenterai donc de vous en donner la liste par ordre alphabétique d’auteur : Nicolas Baverez, Lettres béninoises (Albin Michel) ; François-Xavier Bellamy, Les Déshérités (Plon) ; Christophe Guilluy, La France périphérique (Flammarion) ; Pierre de La Coste, Apocalypse du progrès (Perspectives libres) ; Gabriel Matzneff, Les Nouveaux Émiles de Gab la Rafale (Léo Scheer) ; Denis Moreau, Pour la vie ? Court traité du mariage et des séparations (Seuil) ; Philippe Nemo, Ésthétique de la liberté (PUF). Le 20 octobre, nous arrêterons une liste de trois titres. Et le 3 novembre, ce sera le vote final et la proclamation du prix.  u

     

     

    Entretien réalisé par Gabrielle Cluzel.

    Source : Boulevard Voltaire

     

  • Rire ou sourire un peu ... même s'il n'y a pas vraiment de quoi

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     Chrétiens d'Orient

    Source : Figaro magazine. Signé Nicolas VIAL

     

  • Information ...

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    A lire demain matin, lundi, à ne pas manquer :

    ENQUÊTE AUX PAYS DU LEVANT

    par Louis-Joseph Delanglade.

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  • 12 Octobre 1914 ... C'est à Aristide Briand que l'on attribue l'attitude la plus ferme

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    Aristide Briand (Pastel de Marcel-André Baschet - Paris, musée du Petit-Palais) 

    Un récit que l'on répand et qui prend plus de corps de jour en jour attribue un rôle considérable à l'Angleterre dans le gouvernement des affaires de la France.

    D'abord il se confirme qu'il y a eu, pendant tout le mois d'août, des intrigues nouées entre les financiers et les pacifistes en vue d'amener une paix rapide avec l'Allemagne. Celle-ci se fût contentée de l'entrée de ses troupes à Paris et d'une indemnité, assez lourde sans doute, mais eût peut-être rendu Metz. Nous abandonnions la Belgique et nos alliés. C'était le plan de Joseph Caillaux. Il fut même question, à un moment donné, d'introduire Caillaux dans le ministère pour négocier avec l'Allemagne. Poincaré acceptait s'il ne proposait pas lui-même cette solution.

    Selon les rumeurs que l'on entend, la combinaison aurait échoué pour différents motifs. Selon les uns, le généralissime, plutôt que de laisser entrer les Allemands à Paris sans combattre, aurait offert sa démission. Selon les autres, Joffre aurait obéi aux instructions du gouvernement en reculant jusqu'à la Marne sans combat et n'aurait pris l'offensive que sur l'ordre du gouvernement dont les dispositions avaient changé. Pour l'opinion publique, Joffre est un jour le sauveur de la patrie et, le lendemain, il est tout près de passer pour un traître. Cela est de tous les temps. 

    Ce qui paraît certain, c'est que l'intervention du gouvernement anglais s'est bien produite et s'est fait sentir à un moment donné. L'intervention russe aussi. On affirme que, lorsque l'ambassadeur d'Angleterre fut mis au courant du projet d'entente avec l'Allemagne, il tourna le dos avec mépris. Quant à Isvolski*, il menaça de repartir immédiatement pour la Russie. D'autre part, on assure que non seulement le général French mais encore Lord Kitchener lui-même auraient parlé sévèrement aux membres du gouvernement républicain.

    Enfin c'est à Aristide Briand que l'on attribue l'attitude la plus ferme. C'est lui qui aurait parlé le plus vigoureusement contre la capitulation proposée par la finance et le radicalisme.

    Quant au président Poincaré, il a, dans tous ces récits, le rôle le plus effacé et le plus piteux. Un témoin m'affirme qu'il a été sifflé en entrant l'autre jour à l'Elysée, à son passage à Paris. Où sont les acclamations, où sont les espérances de janvier 1913 !   u  

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    * Alexandre Isvolski (1856-1919), ministre des Affaires étrangères russe de 1906 à 1909, date à laquelle il fut nommé ambassadeur à Paris. Il y demeura toute la guerre, puis après la révolution de 1917, en exil et fut délégué des partis contre-révolutionnaires.

  • ...

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  • Duel d'anthologie Zemmour - Cohn-Bendit : c'est avec Zemmour qu'on n'est pas couché !

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    Le retour d'Eric Zemmour dans l'émission de Laurent Ruquier a donné lieu a un extraodinaire dialogue entre lui-même et Cohn-Bendit. Un grand moment à regarder, à revivre, à ne pas manquer ! On y retrouve la vivacité de certains débats des grandes années d'On n'est pas couché. Mais surtout la perspicacité, désormais largement reconnue et appréciée, des analyses de Zemmour.

    Théophane Le Méné a donné de cette émission, pour Figaro Vox, un récit fidèle, vivant, aux remarques et commentaires d'un ton toujours juste. Vous pourrez le lire ici.

    Eric Zemmour est, depuis la sortie du Suicide français, sur tous les plateaux de télévision, sur toutes les radios, il est de tous les débats, sur toutes les chaînes, sur tous les sites et blogs de la toile, il fait la une des quotidiens, la couverture des hebdomaires, la matière de quantité d'articles. En vérité, il est devenu incontournable. Il est partout invité parce qu'il assure l'audience des émissions auxquelles il participe. Et de ce succès, largement mérité et, sans-doute, pour lui, libérateur, il fait, partout, sans concession, l'usage que l'on sait. Il est en train de devenir une réfrence intellectuelle et d'acquérir une autorité politique indéniables. Et sa politique consiste, en tous points, dans la défense de l'héritage français. On ne peut que lui en savoir gré. Lafautearousseau   u

     

    Tout avait pourtant si bien commencé. Laurent Ruquier arbitrait joyeusement, Léa Salamé et Aymeric Caron s'aimaient, Cécile Duflot performait et Bernard Kouchner s'enthousiasmait sur lui-même en même temps qu'il jouait sa scène de colère habituelle. Ainsi repartait l'émission «On n'est pas couchés» pour une nouvelle saison, dans la joie et la bonne humeur. Elle annonçait une année paisible, loin des tracas quotidiens. Et puis il a fallu qu'Eric Zemmour s'invite samedi dernier et nous ressasse ses vieilles rengaines: le monde, ce vieux rafiot à la dérive, la société postmoderne et ses déclinaisons multiculturelles, multisexuelles. En somme qu'il nous raconte à nouveau que la France se meurt et qu'avant c'était mieux. Une complainte qu'il avait même osé poser sur le papier dans un ouvrage au titre saisissant: «Le suicide français».

    Cette intervention cathodique en aurait laissé plus d'un coi si l'on n'avait pu compter sur la présence salvatrice d'invités de marque, précisément soucieux de se démarquer d'un journaliste coupable de s'obstiner à nommer les choses, surtout quand elles sont déplaisantes. Car c'est bien de ce crime dont on juge Eric Zemmour coupable: ne pas voir dans l'embrasement des banlieues une manifestation festive de la diversité, ne pas voir dans la mort symbolique du père la fin d'une oppression séculaire, ne pas voir dans l'avènement du féminisme et des revendications des minorités la désinfection d'une France moisie.  

    Il fallait du dur pour porter l'estocade. Bien loin de la noblesse du duel à fleuret moucheté, ce fut l'ensemble des invités, sans exception, qui eurent droit à leur petit morceau de Zemmour. Daniel Cohn-Bendit joua de son capital sympathie et gueulard pour acculer dans les cordes celui qui représente son exact contraire: on n'en retint rien. La comédienne québécoise Anne Dorval essaya d'arracher quelques larmes en évoquant l'amour, la condition des femmes et tutti quanti: une engeance qui règne un peu partout comme une mélodie trop écoutée dont on n'arrive plus à se défaire. Même Michel Denisot, dont on connait la propension à ne pas mettre les mains dans le cambouis par une platitude légendaire, hasarda quelques piques en même temps qu'il racontait ses histoires à Avoriaz ou dans la poissonnerie de Gérard Depardieu qui borde la rue des Saint-Père. Puis vint le tour d'Aymeric Caron. Le plus célèbre des végétariens allait enfin pouvoir montrer qu'il avait des crocs et plastronnait, fier comme Artaban de montrer à son prédécesseur qu'il pouvait donner la réplique, malgré une inculture assumée et une hargne qui la mettait en exergue. Alors il attaqua sur les chiffres, les sources, s'attachant bien sûr à ce qu'Eric Zemmour ne puisse répondre. On a beau multiplier quelque chose par zéro, le résultat est toujours nul. Il eut mieux fait de lire le livre. Léa Salamé ne fut pas en reste. Sûrement, celle qui arbitra un temps le débat hebdomadaire entre Domenach et Zemmour, voulait-elle montrer qu'elle entrait dans la cour des grands. En parfaite réductrice, elle en vint à réduire Zemmour à sa judéité non acceptée ; en cause, sa vision de l'histoire de Vichy. Une étudiante en première année de psychologie aurait sûrement fait mieux. Un étudiant d'histoire en première année l'aurait volontiers corrigée.

    La fin de l'émission arriva. Les arbitres de l'élégance retourneraient bientôt à leurs quartiers du boulevard Saint-Germain, rassurés d'avoir pu, ce soir, redonné un coup de rose à la sombre réalité qu'avait osé peindre Eric Zemmour.

    Le sourire bright, le teint bronzé et la verve éloquente, on peut railler ce que dit Eric Zemmour sur les plateaux et s'imaginer que si le peuple pense mal, il faut changer le peuple. Mais l'histoire grecque est là pour nous rappeler ce qu'il en coûte de ne pas écouter certains présages. Eric Zemmour, sans aucun doute, est la Cassandre de notre siècle. Et la guerre de France ne doit pas avoir lieu.

     

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     Par Théophane Le Méné

     

  • A lire ? Antigone, Mauriac ou Edouard Louis : qu'est-ce qu'un rebelle ? L'analyse d'Eugénie Bastié pour Figarovox*

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    Une anthologie publiée au CNRS regroupe les textes des « rebelles » qui ont fait l'histoire. Eugénie Bastié l'a lue et rappelle que la subversion n'est pas toujours où l'on croit.

    En août dernier, Edouard Louis et Geoffroy de Lagasnerie annulaient avec fracas dans les colonnes de Libération leur venue aux rendez-vous de l'histoire de Blois qui avaient pour thème «Les rebelles», au motif de la présence du «réactionnaire» Marcel Gauchet. Ils expliquaient ainsi leur acte de résistance dans une interview aux Inrocks: «Un rebelle est forcément progressiste, il met en question un ordre donné pour plus de désordre et plus de liberté.», ce qui n'était pas le cas de Marcel Gauchet qui avait osé contester la remise en cause de la filiation induite par le «mariage pour tous».

    Cette vision de la rébellion comme une brise qui rejoint le souffle de l'histoire aurait fait le bonheur de Philippe Muray. Lui qui écrivait: «Le nouveau rebelle est très facile à identifier: c'est celui qui dit oui. Oui à Delanoë. Oui aux initiatives qui vont dans le bon sens, aux marchés bio, au tramway nommé désert, aux haltes-garderies, au camp du progrès, aux quartiers qui avancent. Oui à tout.»

    Si les rebellocrates sont faciles à identifier, les rebelles authentiques le sont moins. C'est pourtant le pari qu'a relevé l'anthologie éditée au CNRS sous la direction de Jean-Noël Jeanneney et Grégoire Kauffman intitulée Les rebelles.

    Qu'est-ce qu'un rebelle? C'est, nous dit Jeanneney, celui qui parvient à «secouer la conviction de l'inéluctable et à restituer la plein intensité d'une liberté en face de tous les conservatismes et de toutes les oppressions». De Jean-Jaurès au marquis de Sade, de Voltaire à Bernanos, en passant par Proudhon et Chateaubriand, cette anthologie nous fait voyager de textes en manifestes, de poètes en historiens, dans le pays de la révolte, dont on s'aperçoit -chose étrange- que la gauche n'a pas toujours eu le monopole.

    Ici trônent les grands classiques, les rebelles officiels qui peuplent les manuels d'histoire et les discours de commémoration. Leurs dépouilles reposent sagement sous les dalles froides du Panthéon et leurs exploits sont enseignés dans les écoles: Hugo qui se bat contre l'esclavage ; Voltaire prônant la tolérance lors de l'affaire Calas: Sartre qui fustige la torture en Algérie.

    Moins connus sont les rebelles radicaux. Les purs, les révolutionnaires, les jusque-boutistes. Ceux qui «posent les questions jusqu'au bout». Les nihilistes qui proclament «ni Dieu ni maitre», Louise-Michel qui crie «Vive la commune!» et Proudhon qui écrit «A bas l'autorité!». Brulante rage de l'anarchisme, révolte pure, garantie sans conservatismes, qui a pour elle le mérite de la cohérence, et qui assume les conséquences de son «non» irréductible dans le sang des baïonnettes.

    Les rebelles réactionnaires

    Et puis il y a carrément les rebelles réactionnaires. Ils n'ont pas les cheveux gras de Benjamin Biolay, ni l'insolence périmée de Canal plus. Mais ils ont l'intransigeance, et ce goût suranné pour l'antique morale qui leur fait refuser la modernité et son cortège de totalitarismes. Parmi eux, on trouve les solitaires de Port- Royal, ces Jansénistes qui défendent les droits de la conscience individuelle contre la raison d'Etat, mais aussi les contre-révolutionnaires (De Maistre, Bonald, Maurras) qui se dressent contre l'irréversibilité de l'histoire, ou encore les résistants qui refusent la fatalité de la défaite.

    Dans cette procession, marche, surprenante, la silhouette de François Mauriac. Oui Mauriac, le prélat du Figaro, le bourgeois de province, la grenouille de bénitier, l'académicien! On entend déjà les cris de nos rebelles appointés: Aymeric Caron s'étouffe de rage et Edwy Plenel ricane dans sa moustache. Pourtant, si la culture conservatrice de l'écrivain n'avait rien de révolutionnaire, elle fut le terreau de sa dénonciation de l'argent criminel, des «requins», et sa promotion des valeurs du père de famille contre les valeurs de la spéculation. Mauriac, qui fait l'éloge critique de la bourgeoisie enracinée et met en garde contre l'aveuglement révolutionnaire: «Nous croyons en l'homme ; nous croyons avec tous nos moralistes que l'homme peut être convaincu et persuadé: même ces bourgeois qui enfouissent des cassettes dans leurs massifs de bégonias» écrit-il dans un des Cahiers noirs.

    «Je ne suis nullement un révolté» disait Bernanos: en ces temps d'hesselisation des esprits, où l'indignation permanente a remplacé l'ancien sens de l'honneur, où la rébellion institutionnelle envahit les plateaux télés, l'auteur des «Grands cimetières sous la lune» nous donne la clef de la rébellion authentique, celle qui ne tombe pas dans le romantisme à la petite semaine des insolents médiatiques.

    Le rebelle n'est pas celui qui dit «oui à tout» et fait avancer la marche du Progrès. Mais celui qui dit non, «les dents serrées, le regard lointain». C'est Kaliayev qui refuse dans Les justes de lancer sa bombe car il y a des enfants dans la voiture du Grand duc. C'est Antigone, qui gratte de ses petits poings la terre pour recouvrir le cadavre de son frère, envers et contre toutes les lois des hommes.  u

    Sous la direction de Jean-Noël Jeanneney et Grégoire Kauffmann, Les rebelles, CNRS éditions, 608 pages, 29€ 

     

    * FIGARO VOX Vox Societe  Par Eugénie Bastié   

    Eugénie Bastié est journaliste au Figaro. Elle écrit aussi pour le magazine Causeur.

     

  • 11 Octobre 1914 ... Après la prise d'Anvers

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    La prise d 'Anvers produit l'effet que les Allemands ont vraisemblablement cherché, du moins quant à la France. Leur ténacité, leur acharnement éclatent. On les sent toujours capables de fournir un énorme effort sur un point donné. Toutefois leur offensive, en France, paraît brisée définitivement.

    Plus tard, nous saurons jusqu'à quel point la défense d'Anvers a été paralysée ou affaiblie par les innombrables Allemands qui infestaient la ville. Pour Reims, par exemple, cela n'a pas été douteux. Que se serait-il produit à Paris ?

    Je revois encore la salle du célèbre restaurant Colomb, à Anvers. J'y déjeunais voilà deux ans et la salle était pleine de boursiers dont plus de la moitié parlait allemand. Un navire de guerre français était venu peu de jours auparavant, et au départ une scène pénible avait eu lieu, en raison de la désertion de vingt-trois de nos marins. J'entends encore un Allemand racontant la chose avec complaisance, donnant des détails, répétant le chiffre vingt-trois en insistant : "Drei und zwanzig." Il pensait évidemment : "La France n'existe plus. Nous en ferons ce que nous en voudrons et elle ne sera pas capable de nous empêcher de prendre Anvers et le reste..." Aujourd'hui cet Allemand-là doit être content.

    La prise d'Anvers est surtout un affront pour les Anglais, sinon un danger pour eux : on parle d'une promenade prochaine des Zeppelins au-dessus de Londres.   

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  • Deux points de vue condordants sur la légitimité monarchique : ceux de Pierre-Yves Guilain et de Philippe Delorme

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    Nous n'évoquons que rarement - et, à vrai dire, pas très volontiers - la question dynastique, parce qu'elle a le don de réveiller des discussions, voire des querelles, sans fin, qui, à la plupart de nos lecteurs, semblent ressurgies d'un autre monde. Et qui, de fait, n'ont pas, aujourd'hui, grande réalité. Nous nous contentons de professer que les princes d'Orléans (qui sont des Bourbons ...) sont les héritiers de la légitimité monarchique et, à chaque occasion, nous agissons en conséquence. D'ailleurs, par delà tous arguments historiques et juridiques - qui peuvent très bien perdre, avec le temps, leur pertinence - le simple bon sens politique tranche en faveur des princes d'Orléans, toujours présents sur le sol français (sauf du temps de la loi d'exil !) et toujours liés très étroitement à la vie nationale. A la légitimité dynastique doit s'ajouter, en effet, la légitimité politique qui, elle, se conquiert par des actes et par des services rendus, hic et nunc.  

    Néanmoins, nous avons trouvé intéressantes les deux réflexions parallèles de Pierre-Yves Guilain et Philippe Delorme, toutes deux publiées dans leurs pages Facebook respectives et consacrées, chacune, à un sujet particulier étudié en détails.

    Vous pourrez les lire plus loin. Souhaitons que les discussions qui suivront seront raisonnables, réalistes et sereines. Et plus soucieuses de l'avenir de la France que de juridisme.   Lafautearouseeau   u

     

    UN MYTHE : ALPHONSE XIII, "ALPHONSE Ier DE FRANCE" par Pierre-Yves Guilain

    Dans les généalogies truquées par les pseudo-légitimistes, il y a un personnage qui occupe une place de choix : le roi Alphonse XIII d'Espagne, rebaptisé "Alphonse Ier de France". L'arrière-grand-père de "Louis XX" est devenu l'aîné des Capétiens en 1936, à la mort sans descendants de Don Alfonso Carlos, dernier prétendant carliste. Preuve qu'Alphonse XIII aurait alors revendiqué d'être roi de France de jure : il a alors changé ses armoiries, remplaçant l'écu d'Anjou qui figurait "sur le tout" de celles d'Espagne, par l'écu de France. C'est la thèse défendue par l'un des gourous les plus hystériques de la cause alfonsiste, Hervé Pinoteau.

    Il y a pourtant un os. Pinoteau, qui se fait passer pour un ponte de l'héraldique, est très mal renseigné. S'il s'était un peu documenté, il aurait constaté qu'Alphonse XIII utilisait l'écu de France bien avant 1936, et avant lui son père Alphonse XII, et d'autres princes de la branche espagnole des Bourbons. Juan Carlos a fait de même à plusieurs reprises. Ceci pour une raison bien simple : l'écu sur le tout ne représente pas un royaume sur lequel on règne ou prétend régner, mais l'origine dynastique. Ainsi, sur les armoiries des rois d'Espagne, on voit dans le champ leurs royaumes - Aragon, Castille, Léon, Navarre, Grenade - et sur le tout, Bourbon-Anjou. La plupart des monarques européens font de même : Roumanie (écu de Hohenzollern), Luxembourg (Bourbon-Parme), Grèce (Danemark), et avant la guerre de 14 Grande-Bretagne, Belgique, Bulgarie (Saxe-Cobourg). Il va de soi que les souverains en question ne prétendaient nullement aux trônes d'Allemagne, Parme ou Saxe. Mais le grand héraldiste Pinoteau ignore ce B.A.-BA de l'héraldique. Ou plutôt, il la tripatouille pour les besoins de la cause.

    Autre bidouillage du même Pinoteau, à propos d'Alphonse XIII. Il exhibe une lettre du roi à son cadet le duc de Séville, datée de juin 1940, où "en tant que chef de la maison de Bourbon, il doit [...] faire observer à leurs descendants les prescriptions relatives à leurs ascendants sur les trônes de saint Louis et de saint Ferdinand".

    Primo, si Alphonse XIII se dit effectivement chef de la maison de Bourbon, c'est bien de celle d'Espagne qu'il s'agit et non de l'utopique internationale bourbonienne que prônent les pseudo-légitimistes. Jusqu'à une époque récente, la maison du roi Juan Carlos était dite "Casa de Borbón", c'est maintenant "Casa de S.M. el Rey" pour éviter toute équivoque. On sait d'ailleurs que Juan Carlos affirme clairement la légitimité des d'Orléans dans la succession de la couronne de France. Mais les autres branches de Bourbon font de même : "Casa di Borbone" pour les Parme et les Deux-Siciles, "Familie van Bourbon" pour le duc de Parme aux Pays-Bas où il réside. Ce qui n'implique évidemment aucune prétention au trône de France.

    Secundo, si Pinoteau était de bonne foi, il éplucherait plus attentivement la lettre en question. Le roi remonte les bretelles au duc de Séville parce qu'il entend contracter un mariage "inégal", alors que les infants doivent épouser des princesses de sang royal sous peine de perdre leurs droits dynastiques. C'était effectivement la règle en Espagne jusqu'au roi actuel, alors qu'elle n'a jamais existé chez les rois de France. C'est donc la preuve évidente qu'Alphonse XIII s'exprime en tant que roi d'Espagne et non de France ! 

    Enfin, il faut souligner que si Alphonse XIII s'était réclamé de la couronne de France, il l'aurait dit ou écrit. Prince moderne, homme de communication avant la lettre, il savait très bien faire passer ses messages. Il ne s'attendait certes pas à ce que des hurluberlus, pratiquant fébrilement la réécriture de l'histoire, fassent de lui, après sa mort, un roi de France à l'insu de son plein gré.   u

     

    (Photo : monnaie à l'effigie d'Alphonse XIII enfant, bien avant 1936, avec l'écu de France sur le tout)

    Source : Pierre-Yves Guilain.

     

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  • Jacques Perret : Qu'on le veuille ou non, la France est née royaume ...

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    "Qu'on le veuille ou non, la France est née royaume, elle ne tient que par ses ruines encore debout, et la République y loge non sans malaise : l'héritage lui fait mal, lui fait honte, elle voudrait pouvoir s'en passer, le balancer dans les ténèbres de la préhistoire. Elle en a contracté une espèce de délire contagieux qui nous précipite vers la vérité des autres, n'importe quelle vérité, pourvu qu'elle ne porte pas l'odieux poinçon de la croix et du lys."

     

    Jacques PERRET, Chroniques, Arcadia, 2006

  • 10 Octobre 1914 ... La prise d'Anvers, que l'on pressentait depuis trois jours, est annoncée

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    La prise d'Anvers, que l'on pressentait depuis trois jours, est annoncée. D'autre part, on se bat entre Lille et Dunkerque : l'autre mois, c'était Montmirail; aujourd'hui, c'est la bataille des Dunes* qui recommence. L'histoire est brève !

    Une légère inquiétude se manifeste de nouveau à Paris.

    Et puis l'hiver approche et la guerre s'allonge. Les jeunes gens de 20 ans sont partis. Ceux de 19 ans sont appelés. L'argent commence à se faire rare. La souscription aux Bons du Trésor n'a produit que 265 millions : une misère pour la France. Et puis tant de maisons ont été détruites, tant de ruines ont frappé des familles entières ! Mme F... nous montrait des photographies prises à Revigny (dans la Meuse). Il n'y reste plus une maison entière. Dix départements peut-être sont ravagés à l'égal de la Meuse. On pense au célèbre Daumier, après 1870, au paysan disant devant sa chaumière en ruine : "C'était pourtant pas pour ça que j'avions voté oui !" 

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    * La "bataille des Dunes", en juin 1658, donna les Flandres et Dunkerque à la France sur l'Espagne.

     

  • Libye : Pourquoi pas le roi ? Par Péroncel-Hugoz

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    Pour toutes sortes de raisons anciennes et actuelles, nous sommes heureux de publier ce texte de Péroncel-Hugoz, paru dans le quotidien en ligne marocain indépendant le 360.ma où il tient la chronique "coup de dent" renouvelée chaque jeudi soir. Ce journal qui est le premier media francophone du Maroc toutes catégories confondues, audiovisuel non compris. Merci à Péroncel-Hugoz d’avoir pensé à nous en faire le service. Nous en ferons bon usage ! Lafautearousseau. 

     

    Soumise au rigoureux conformisme du "Politically correct", la "pensée" mondialiste se veut bien sûr "républicaine" et il faudrait mettre ses tenants sur la braise afin qu’ils acceptent (peut-être mais pas certain…) d’examiner, pour la Libye déchirée, la possibilité d’une restauration monarchique.

    La révolution anti-Kadhafi a commencé début 2011 à Benghazi, chef-lieu de Cyrénaïque, par la première exhibition publique, depuis le coup d’Etat militaire de 1969, des couleurs royales libyennes. Aussi, l’émir Si Mohamed El Sénoussi, 50 ans, petit-neveu du dernier monarque et en exil à Londres depuis 1988 (après avoir connu, enfant, les geôles kadhafiennes) a-t-il accompli son devoir, en tant que prétendant au trône, en réclamant d’abord le rétablissement de la Constitution de 1951, supprimée en totale illégalité par les putschistes. Après on verrait à organiser des élections, à réformer si nécessaire ladite Constitution, etc.

    En tout cas, sous l’empire de ce texte, les Libyens avaient vécu tranquillement à l’abri du sceptre absolu mais débonnaire du roi Idriss 1er * (1889-1983, émir de Cyrénaïque en 1946 puis roi de Libye de 1951 à 1969), dans un Etat commençant à peine à profiter de son naphte. Jeune Afrique vantait alors le "gouvernement libyen où dominent des jeunes souhaitant moderniser leur pays." **

    La dynastie-confrérie sénoussie, originaire d’Oranie, opposée à la colonisation italienne en Libye (1911-1943), jouissait d’une double légitimité: politique, et aussi religieuse, car elle alla porter le message coranique jusqu’au cœur de l’Afrique noire -mission que Kadhafi , ironie de l’Histoire, reprendra à son compte…


    Malgré les silences, sauf exception, de la presse occidentale et, autant qu’on sache, l’aide peu abondante des dix-sept dynasties musulmanes régnantes (en comptant les sept principautés formant les Emirats- Arabes-Unis), le tour de l’altesse sénoussie devrait venir si un grain de bon sens arrive à s’insinuer, sur le rivage des Syrtes, entre seigneurs de la guerre, chefs de bandes, islamistes professionnels et ex-flics kadhafistes. Des influences internationales, notamment arabes, pourraient jouer. L’émir Si Mohamed devrait, de son côté, se montrer physiquement plus audacieux, par exemple, en tombant du ciel à Benghazi où se trouvent ses plus fidèles partisans. Son point faible, c’est le traditionnellement maigre attachement dynastique de Tripoli -un peu comme Barcelone, en Espagne, n’a jamais cessé de bouder Sa Majesté catholique, mais sans pour autant l’empêcher de régner … u  


    * Les Marocains, attachés à Mohamed V, n’apprécièrent guère qu’Idriss vînt visiter le sultan illégitime Mohamed Ben Arafa …

    ** Article repris par l’hebdomadaire le 25 août 2003

    Sur la terreur policière du régime républicain instauré en Libye en 1969, lire "Au pays des hommes. Une enfance en Libye" par Hicham Matar, Denoel, Paris, 2007 et 2O11; on peut également consulter le chapitre " Kadhafi contre Septime-Sévére ", dans mon livre "Villes du Sud", Payot, Genève, 1990, chapitre dédié, il y a 25 ans déjà, "aux victimes de Kadhafi" .  

    Source : Péroncel-Hugoz 

    Vétéran des grands reporters du Monde, Péroncel-Hugoz s’est taillé de longue date une réputation en renvoyant les "idées reçues" à leurs expéditeurs, selon les leçons de ses maîtres, Hubert Beuve-Méry et Michel Jobert, à ses risques et périls, car il fut expulsé manu militari d’Égypte pour avoir écrit que l’armée de Sadate était infiltrée par des extrémistes, en attendant d’être refoulé par les dictatures du Soudan, de Syrie ou d’Algérie qu’il avait critiquées.

    Auteur d’une dizaine d’essais sur les pays du Sud, du Radeau de Mahomet ( 1983) à 2000 ans d’histoires marocaines (2014), il a également édité comme directeur de collection, à Paris, puis à Casablanca, une soixantaine de textes sur cette même partie du monde, tels que des extraits d'un travail du futur roi Mohammed VI sur les relations Maroc-Europe ou, plus récemment, un essai politique qui a fait froncer bien des sourcils au Maghreb : Arabes, si vous parliez … par le président tunisien Moncef Marzouki.

    Péroncel-Hugoz prépare maintenant une réédition de l’âme marocaine, fruit, dans les années 1940-1950 des amours du philosophe orientaliste arabisant François Bonjean avec une simple fille des Oudaïas. Il déchiquette 
    à belles dents, sur Le360, chaque semaine, les actualités marocaines et étrangères.

  • Il l'a dit ...

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