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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1490

  • Jacques Myard : « Oui, il y a un risque de guerre civile en Corse et ailleurs »

     

    L'attaque violente d'un camion de pompiers à Ajaccio a provoqué de fortes tensions sur l'Île de Beauté. Pour Jacques Myard*, dans Le Figaro, la crise corse préfigure des évènements similaires partout en France. Nous trouvons son analyse de la situation parfaitement juste et équilibrée. Simplement nous ne croyons en la capacité de la République, en sa forme actuelle, ni pour ce sursaut de l'autorité que Jacques Myard réclame à juste titre, ni pour régler ensuite les problèmes de fond qu'il analyse pourtant avec pertinence. Le régime des partis, qui a miné les Institutions de la Vème République, l'idéologie droit-de-l'hommiste et laïcarde, la négation de nos racines au profit de prétendues valeurs abstraites et universalistes, nous paraissent, en effet, par essence incapables de vraiment répondre aux défis que Jacques Myard, avec beaucoup de lucidité, voit monter en France. Les Corses sont une communauté organique, ce qui fait leur force. La France doit se donner les moyens d'en redevenir une si elle a la volonté de survivre. Ce qui ne nous paraît pas être au programme du Système, droite et gauche confondues. LFAR    

     

    Ukraine-gardons-notre-calme-reclame-Jacques-Myard.jpgAprès l'agression de pompiers dans le quartier des Jardins de l'Empereur à Ajaccio, la Corse a connu plusieurs jours de tension...

    Jacques Myard : Les violences en Corse ne sont malheureusement pas une surprise. Les caillassages et les agressions contre les pompiers et les forces de l'ordre se produisent dans toutes les banlieues de France et sont presque devenus une accoutumance à laquelle on ne peut pas s'habituer. Les réactions de la population d'Ajaccio montrent à l'évidence que le ras-le-bol est atteint . La population a voulu réagir face à la défaillance de l'État en se faisant justice elle-même. Dans un cas comme dans l'autre, aucun responsable politique ne peut admettre ce qui s'est passé. Il n'en demeure pas moins que nous devons dépasser la réaction épidermique que l'on peut avoir face à ces évènements.

    N'y-a-t-il pas également une dérive nationaliste ?

    Il y a une spécificité corse : c'est une évidence et personne ne le nie. De tous temps, les Corses ont toujours réagi face à ce qu'ils estimaient inadmissible. C'est la richesse de la nation française. Cependant, c'est parce qu'il y a eu faillite de l'État en matière de maintien de l'ordre et de sécurité que la population s'est révoltée. En voulant se faire justice eux-mêmes, les Corses n'ont fait que pallier l'absence de l'Etat. C'est un phénomène qui à mon sens risque de se répéter partout en France. Il y a une véritable colère face à la montée de cette « injustice » ou de cette « ajustice », c'est à dire l'absence de sanction face à des caïds qui de manière répétée font régner leurs lois. Il y a en France des zones de non droit. Face à cette situation, il est particulièrement osé de parler de racisme ordinaire. Il s'agit d'une polémique alibi qui masque de la part de ceux qui emploient ces termes une cécité totale sur les phénomènes qui sont en train de naître en France.

    Que faut-il faire ?

    L'alternative est très simple, l'Etat assure la première de ses missions, la sécurité de citoyens ou il s'installe dans la démission et il sera vite remplacé par la justice populaire. La sécurité plus encore que la politique a horreur du vide, alors l'heure n'est plus aux condamnations morales mais à la nécessité absolue de la tolérance zéro face aux caïds des banlieues. Le gouvernement et plus particulièrement la garde des Sceaux au lieu de fustiger le racisme des Français, véritable alibi de leur propre faillite, devrait se souvenir de la phrase prémonitoire d'un noble de la cour au Roi à la veille de la révolution : « Sire ce peuple est terrible ». Ils l'apprendront à leurs dépens ! La crise corse est prémonitoire et pourrait se propager sur le continent.

    Manuel Valls a récemment évoqué le risque de « guerre civile »...

    Il est évident que si il n'y a pas un sursaut de l'autorité, nous allons vers des évènements graves partout car nous savons bien qu'aujourd'hui les Français en ont assez de cette insécurité grandissante. De la même manière, ils ne peuvent pas admettre que des Français viennent assassiner d'autres Français à cause de leur religion. Il faut pour maintenir la paix civile être extrêmement ferme. Si on laisse dériver le communautarisme, oui il y a un risque fort de guerre civile en France ... Nous sommes ouverts sur le monde et la France subit directement toutes les dérives de la planète, notamment ce qui se passe au Proche et Moyen-Orient. C'est une évidence. Le nier, c'est jouer la politique de l'autruche. 

    Jacques Myard est député-maire de Maisons-Laffitte (Yvelines). Il est également président du Cercle Nation et République.

    Entretien réalisé par Alexandre Devecchio  [28.12.2015]          

     

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

     

    MAGISTRO : Adossée à des fondamentaux politiques avérés, Magistro, une tribune critique de bon sens, raisonnée et libre, d'information civique et politique.

    A tout un chacun

    Etienne de MONTETY  Journaliste, écrivain   Avoir raison avec Sartre…      

    Roland HUREAUX  Essayiste  Pour une crèche œcuménique

    Du côté des 'élites'  

    « L'ambition dont on n'a pas les talents est un crime » Chateaubriand (Lettre à Madame Récamier)

    Ivan RIOUFOL  Journaliste politique  La classe politique, liée à son mauvais rôle

    Christine SOURGINS  Historienne de l'art, Essayiste  Le petit Noël de l'art contemporain

    En France

    Jacques BICHOT  Economiste, Professeur émérite à l'Université Lyon 3  Comment réduire le nombre de fonctionnaires ?

    De par le monde

     Charles GAVE Economiste financier  2016 : Le Mur de Berlin va-t-il tomber à nouveau ?   

    Au-delà        

     Hervé GROSJEAN  Prêtre, Curé de la paroisse de Saint-Cyr l'Ecole  Noël après le 13 novembre                                                   

    Transmettez, faites suivre, partagez ...

     

  • Que faire face à l’État islamique ?

     

    par Georges-Henri Soutou

    Les attentats du 13 novembre ont ouvert les yeux de ceux qui refusaient encore de le voir : la France est engagée dans une guerre, à la fois intérieure et extérieure, contre l’État islamique. Reste une question : que faire ?

    Les attentats du 13 novembre à Paris l’ont démontré : la France est désormais totalement impliquée dans la crise géopolitique provoquée par l’État islamique (EI). Plus encore, du fait de la présence d’une considérable population d’origine musulmane sur notre territoire, la paix civile et les structures mêmes de notre pays sont directement visées par cette forme nouvelle de terrorisme international.

    L’EI n’est sans doute qu’un proto-état, mais il administre un territoire. Et il contrôle des terroristes à l’extérieur de ses frontières : comme l’affirme un rapport émanant des services du procureur général de la Confédération helvétique, récemment publié dans la presse suisse, certains des auteurs des attaques contre Paris venaient de Syrie. Ses moyens financiers, considérables, lui viennent du racket local, de la vente du pétrole, du trafic d’œuvres d’art. Son stock d’armes, d’origine irakienne, n’a rien à envier à celui des états voisins et le risque serait qu’il puisse un jour se doter d’armes chimiques. Le but de l’EI est d’établir un « califat », d’abord sur le Moyen-Orient puis élargi à l’ensemble des pays musulmans.

    Certes, ses troupes ont subi récemment des revers sur le terrain, face aux forces kurdes et irakiennes en particulier. Mais il poursuit de toute évidence une double stratégie. Une stratégie offensive d’expansion territoriale, qui s’exerce actuellement en direction de la Libye et qui, à terme, vise l’Arabie saoudite, fragile et à la position ambiguë. Et une stratégie défensive, destinée à empêcher toute intervention extérieure sur son territoire. Cette dernière s’est d’abord traduite par une guerre « asymétrique », à l’origine de l’État islamique, menée par d’anciens militaires irakiens sunnites entrés en révolte après l’occupation américaine et britannique. Guerre victorieuse puisqu’elle a largement réussi à faire échouer les projets de Washington en Irak, la quasi-totalité des troupes américaines quittant le pays avant sa stabilisation politique.

    Un terrorisme multiforme

    Le terrorisme international est ensuite devenu l’autre forme de cette guerre « asymétrique ». L’attentat à la gare d’Atocha (190 morts), à Madrid, en 2004, a précipité la défaite électorale du conservateur Aznar… et le retrait des troupes espagnoles d’Irak. Quant aux attentats du 13 novembre à Paris, ils ont isolé la France au sein d’une Union européenne où beaucoup pensent que Paris aurait été mieux inspiré de ne pas aller bombarder les positions de l’EI. C’est précisément l’objectif recherché : faire pression sur Paris pour qu’il renonce à intervenir. à cela s’ajoute le fait que l’EI ne peut que tirer profit d’une sidération de l’Europe face à la crise des migrants et à la radicalisation de certains jeunes musulmans européens qui vont grossir les bataillons de Daech.
    Ce terrorisme est donc multiforme : autochtone, il puise ses forces vives dans nos banlieues ; international, il pratique avec Daech un terrorisme d’« État flou » qui consiste à isoler les dirigeants des pays visés en terrorisant leurs opinions publiques, à dialectiser les différentes composantes de l’adversaire et à provoquer, par le cycle attentats-répression, des réactions de solidarité de certaines populations avec les terroristes.

    Que faire ?

    Face à l’État islamique, deux priorités doivent guider l’action de la France : la sécurité chez nous et la stabilisation du Proche-Orient, mais aussi de l’Afrique du Nord et du Sahel. Car c’est bien l’immense monde sunnite qui est en jeu et qu’il faut considérer dans son ensemble. La situation s’est tellement aggravée que l’attitude d’abstention prônée par certain – qui était sans doute la bonne en Irak en 2003 et l’eût été sans aucun doute en Libye en 2011 –, n’est plus suffisante face à l’EI.

    Il s’agit donc de concentrer ses forces et de diviser celles des adversaires. Du point de vue français, l’urgence est à la recherche d’alliés. Force est de constater qu’actuellement nos intérêts stratégiques convergent avec ceux de la Russie et de l’égypte mais sont opposés à ceux de l’Arabie saoudite et de la Turquie et différents de ceux des États-Unis qui considèrent toujours que leurs adversaires principaux dans la région sont les Russes et les Iraniens.

    Au Sahel, la France ne peut pas faire l’impasse sur une coopération avec l’Algérie, même si les relations sont complexes. Le danger serait de refaire l’erreur de la guerre froide en subsumant tout sous le conflit contre l’EI. Il y a des oppositions locales à exploiter, entre sunnites, ou à propos des Kurdes. La situation doit s’apprécier de façon rigoureusement objective.

    Action extérieure et action intérieure

    La nouveauté du conflit implique une coordination précise entre action extérieure et action intérieure. à l’extérieur, il faut se concentrer sur l’adversaire principal – qui n’est pas Assad ! – et diviser les autres. Premièrement : viser les ressources vulnérables de l’État islamique (transports de pétrole, trafics d’œuvres d’art, flux financiers internationaux). Deuxièmement : s’appuyer sur les éléments chiites de la région pour le refouler sur le terrain car les Kurdes refuseront d’intervenir au-delà des limites de leur territoire. De plus, ces derniers compliquent encore les relations de l’Occident avec la Turquie, puissance sunnite et de plus en plus « ottomane ».

    A l’intérieur, une politique antiterroriste, dure mais chirurgicale, s’impose : elle doit éviter de solidariser les musulmans avec les extrémistes tout en intégrant les deux directions stratégiques, intérieure et extérieure. Dans l’immédiat, Paris peut agir sur des problèmes particuliers : cesser l’opposition systématique à Assad (discrètement, nous avons déjà commencé) ou réexaminer la question touarégue qui préexiste au problème islamiste au Mali.

    Une politique d’équilibre

    A plus long terme, quelle pourrait être l’évolution de la situation ? On sait la volonté des Etats-Unis et de leurs alliés, en particulier l’Arabie saoudite, de créer un grand ensemble sunnite. En face, l’Iran, allié à la Russie, l’Irak et des groupes chiites comme le Hezbollah libanais, entendent constituer un ensemble chiite, géographiquement d’ailleurs beaucoup moins étendu que celui de leurs rivaux. En effet, les ambitions iraniennes sont régionales alors que le sunnisme s’étend de l’Atlantique à l’Asie centrale.

    Viser à l’équilibre entre ces deux grands groupes est l’intérêt de la France, même si, comme c’est probable, les frontières héritées de la Première Guerre mondiale et de la fin de l’Empire ottoman ne survivent pas à la crise actuelle. En outre, avec l’aide de la Russie et de l’Égypte, le deuxième volet de cette stratégie différenciée viserait à permettre aux minorités religieuses – notamment chrétiennes, druzes, alaouites – de se maintenir le long de la Méditerranée, à portée d’intervention aéronavale, dans des états, comme le Liban ou la Syrie, encouragés à leur faire un sort correct. Quant aux États-Unis, ils continueront à garantir en dernier recours la sécurité d’Israël. Mais tant que Jérusalem n’aura pas accepté une solution étatique à la question palestinienne, toute tentative de reconstruction et de stabilisation du Moyen-Orient échouera tôt ou tard.

    En ce qui concerne la menace déjà actuelle sur la Libye, qui grandit de jour en jour, la solution pour notre pays est la même qu’au Sahel : coopérer avec l’Égypte et les pays d’Afrique du Nord dont les dirigeants sont directement concernés par la menace islamiste. Le chemin sera long et difficile. Il implique de plus de revoir notre organisation de défense et de sécurité. En admettant enfin la notion si discutée d’un continuum sécurité-défense. 

    de l'Institut. Historien

  • Éric Zemmour : « NKM se croit moderne, alors qu’elle est ringarde »

     

    Nathalie Kosciusko-Morizet a perdu son poste de numéro 2 des Républicains. Cette décision, prise par Nicolas Sarkozy, suscite des remous au sein de la droite.

     

     

    « C’est un déluge de larmes, de larmes de crocodile », lance Éric Zemmour à propos de Nathalie Kosciusko-Morizet, ex-numéro deux des Républicains. « Raffarin, Juppé et les autres pleurent celle qu’ils font mine de regretter », poursuit le journaliste. Éviction, purge, stalinien : autant de grand mots qui révèlent, à ses yeux, une « grandiloquence ridicule qui va comme un gant à celle qui n’aime rien tant que paraître et surjouer ». Il rappelle qu'elle « n’est même pas exclue du parti mais perd seulement la place éminente qu’elle occupait dans un parti dont elle contestait systématiquement les choix et options ».

    « L’erreur de Nicolas Sarkozy n’est pas de l’avoir dégradée, mais de lui avoir tout donné sur un plateau d’argent. L’erreur de Sarkozy n’est pas de s’en débarrasser, mais d’avoir tant tardé à le faire », insiste Éric Zemmour. À ses yeux, « NKM est dans la lignée de Michèle Barzach à Rama Yade : adulée par les journalistes, mais ignorée par les électeurs ». Il se montre encore plus sévère quand il affirme qu'« elle se croit moderne, alors qu’elle est ringarde » ou qu'« elle se voit un destin alors qu’elle peine tant à avoir une carrière ».

    Ce n'est pas de la grande politique, pas de la grande Histoire; c'est, néanmoins, du bon Zemmour.

     

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Natacha Polony : Tirer les leçons de 2015… ou pas

     

    « Après les carnages, après l'horreur, l'année qui se referme nous a fait basculer dans un monde nouveau », qui doit pousser la France à « reprendre en main son destin », écrit Natacha Polony dans une chronique du Figaro, parue le jour de Noël. Sans-doute faudra-t-il aller plus loin qu'elle ne le fait dans la remise en cause des idées, des pratiques et des hommes qui nous ont conduits à la situation présente qu'elle dénonce avec le talent que l'on sait. Il n'empêche : les lignes bougent et, selon toute apparence, leur mouvement ne fait que commencer.  LFAR

    Bien sûr, il y a les familles rassemblées, les enfants ravis, les festins, même modestes. Une fin d'année comme les autres, avec ses images de père Noël et son ambiance de plus en plus écœurante de grande fête de la consommation. À peine a-t-on ressenti les tensions de plus en plus grandes autour de ces crèches que certains maires veulent absolument au cœur de leur mairie comme un nouvel argument électoral. Mais cette fin d'année 2015 a comme un goût étrange.

    L'an dernier, à la même période, les chaînes d'information continue ressassaient en boucle des commentaires vides sur trois fous armés de couteaux ou d'une voiture bélier qui avaient tenté de semer la panique au cri de « Allah Akbar ! ». Et l'on nous expliquait que, bien entendu, ces hommes étaient des cas isolés de déséquilibre psychiatrique. On brassait un discours officiel lénifiant à souhait, destiné à ne fâcher personne, et surtout pas les autoproclamés représentants de la générosité et de « l'ouverture à l'autre ». L'an dernier, la France poursuivait tranquillement son invisible transformation. Le résultat de trente ans de déni. Trente ans à décréter que la France n'avait pas à se perpétuer, que l'idée même d'une identité française était fasciste, que nous devrions expier jusqu'à la dissolution ces « heures les plus sombres…». Aux oubliettes, l'humanisme, les Lumières… La France n'était comptable que du pire, de ce racisme latent qui justifiait la frustration et la rancœur que l'on instillait au cœur de ses enfants nouveaux venus.

    Après les carnages, après l'horreur, l'année qui se referme nous a fait basculer dans un monde nouveau.Un monde dans lequel chacun de nous doit avoir au fond de lui cette infime inquiétude, ce sentiment diffus qu'il peut « arriver quelque chose » à ceux qu'il aime. Un monde dans lequel nous ne serons plus en paix.

    Oh, certes, elle va résister en nous, cette paix. Il y a si longtemps qu'elle s'est installée qu'elle va tenter de nous faire oublier novembre comme elle nous a fait oublier janvier. Mieux, on se paye le luxe d'un pas de deux sur les promesses solennelles lancées par le chef de l'État au lendemain du 13 novembre. Ces annonces censées rassurer les Français, leur montrer qu'enfin on allait agir, ces annonces sont donc contredites par rien de moins que le secrétaire général du Parti socialiste, et, mieux encore, la ministre de la Justice elle-même. « Pas une idée de gauche », la déchéance de nationalité, pourtant mise en place il y a soixante-dix-sept ans par Édouard Daladier en 1938. La pantalonnade d'une ministre de la Justice décrédibilisant un peu plus encore la politique de son propre gouvernement achève de démontrer que cette gauche-là a une conception bien étrange des valeurs autrefois portées par Jaurès ou Blum. Elle nous prouve surtout que les forces qui nous ont conduits au bord de l'abîme sont toujours à l'œuvre.

    Cette déchéance de nationalité serait inutile parce qu'elle ne concerne qu'un nombre infime de cas ? C'était le même argument pour expliquer que 2000 femmes portant le voile intégral, ça ne vaut pas une loi. Et quelques jeunes filles (même poussées par des associations pilotées de l'étranger) qui refusaient d'ôter leur foulard pour entrer au collège, on n'allait pas non plus en faire toute une histoire. Et quelques imams prêchant l'enfermement des femmes ou l'enfer pour les mécréants (sur un mode quiétiste, donc totalement inoffensif, comme persistent à le prétendre certains sociologues), mais voyons, c'est anecdotique ! Tout ce qui remettait en cause la laïcité et le pacte social en découlant, tout ce qui attaquait l'intégration et la possibilité pour des jeunes gens aux origines diverses de se sentir français, tout ce qui aurait pu atténuer les effets délétères d'une crise brutale et d'un chômage ravageur, tout cela a été cultivé avec la plus parfaite bonne conscience. Défendre la France contre des assaillants extérieurs qui instrumentalisent nos faiblesses, punir, même symboliquement, ceux qui renient notre pays et clament leur haine de nous, ce n'est « pas une idée de gauche ». Et si l'on daigne maintenant parler de « patrie », c'est en insistant bien : rien à voir avec celle qu'évoquaient les Cassandre qui ont eu le tort d'avoir raison trop tôt…

    Et cette année 2015 se referme sur des atermoiements qui nous laissent craindre que tout cela n'ait pas suffi. Elle nous enseigne pourtant qu'il est plus que temps de reprendre en main notre destin et de comprendre que dans un monde devenu violent nous devrons notre survie non pas seulement à la qualité de nos services de renseignements ou au déploiement de nos armées (même si leur préservation eût pu intervenir un peu plus tôt) mais à notre capacité à nous repenser comme une nation, une collectivité appuyant son avenir sur un passé et des valeurs transmis à tous, qui donneraient sens à l'idée de nationalité française, comme à l'idée de sa perte. 

    Natacha Polony

     

  • Patrimoine • Lancement du projet de reconstruction de la flèche de Saint-Denis

     

    Les projets de reconstruction sont nombreux. Peu se réalisent, beaucoup tardent à le faire. Tous sont intéressants, méritent d'être signalés et témoignent, en tout cas, de l'attachement persistant de la société française à son patrimoine historique. LFAR 

    En cette année 2015, la façade de la basilique vient d'être rénovée : elle a retrouvé la blancheur de ses pierres, ses inscriptions dorées et sa très originale horloge dont les aiguilles sont en forme de serpent. Mais, depuis un siècle et demi, il manque à la basilique sa tour nord, surmontée d'une flèche (croquis ci dessous).

    st denis 2.jpgJusqu'au XIXème siècle, les deux éléments culminaient à 86 mètres au-dessus du parvis. Frappés par la foudre puis déstabilisés par une tornade, ils avaient dû être démontés en 1846. Une intervention - pense-t-on à l'époque - provisoire... 

    Fin 2015, un Comité de parrainage du projet de reconstruction de la tour nord et de sa flèche, présidé par l'académicien Erik Orsenna se crée, appuyé par la mairie : "Cette basilique fait partie de notre histoire. Elle est inscrite dans les gènes d'une ville qui s'est édifiée autour d'elle. C'est l'une de nos grandes fiertés, et il est temps de lui redonner le visage qu'elle a eu pendant des siècles." (Didier Paillard, le maire PCF de Saint-Denis)  

    L'idée portée par la municipalité et les parrains du projet est d'installer un chantier médiéval en pleine ville, le visiteur étant ainsi plongé dans les techniques de l'époque, tout à côté de la cathédrale, découvrant comment sont façonnés les éléments de la tour, observant le travail des artisans (tailleurs de pierre, forgerons, charpentiers...), découvrant les méthodes de transport de l'époque, exactement comme ce la se passe au château de Guédelon, édifice construit aujourd'hui selon les méthodes utilisées au Moyen-Âge... 

    st denis 3.jpg

     

     

    L’horloge de la Basilique est une superbe rosace de 4,50 mètres de diamètre, restituée avec ses très curieuses - et très originales... - aiguilles en forme de serpent...

  • BD • Quelques BD pour les vacances de Noël

     

    par CS

     

    Le Papyrus de César

    Difficile de passer à côté de la dernière production des éditions Albert René et des célébrissimes aventures d’Astérix et Obélix. Pour cette 36e aventure des irréductibles gaulois, les dignes héritiers de René Goscinny et Albert Uderzo nous emmènent à Rome, dans le Palais de César. Promoplus, le conseiller en communication de l’empereur romain sous les traits duquel se cache Jacques Séguéla, lui promet un « grand succès » avec son ouvrage sur la Guerre des Gaules. Seulement, ce manuscrit recèle un défaut : le chapitre XXIV intitulé « Revers subis face aux irréductibles gaulois d’Armorique ». Le plus simple serait de le supprimer suggère Promoplus quand César s’insurge : « Tu suggères à César de travestir la vérité ? ».
    Finalement César accepte de supprimer cette « tache sur son curriculum vitae ». Mais l’un des scribes de César, Bigdatha parvient à faire passer ce chapitre manquant à Doublepolémix, avatar de Julian Assange que les auteurs auraient pu (et dû ?) appeler Wikilix…

    Deux ans après Astérix chez les Pictes, qui a servi de transition entre les albums d’Uderzo en solo et la mise en place du duo Ferri-Conrad, on retrouve l’esprit des premiers albums avec ses caricatures, ses jeux de mots, quelques expressions latines, et son esprit potache. Le sujet assez grave puisqu’il s’agit du pouvoir de l’information est traité avec autant de légèreté que de finesse. Et si le scénario manque parfois d’originalité et peut pécher par classicisme, les dessins de Conrad restent dynamiques, virevoltants et totalement fidèles à l’esprit de la série. D’ailleurs, la meilleure critique est venue d’Albert Uderzo, en personne, qui a dit aux auteurs : « Bravo les p’tits gars ! ». Inutile de dire que cet album aura encore le succès qu’il mérite. Tiré à 4,2 millions d’exemplaires dont deux millions pour la France, Le Papyrus de César devrait vite s’imposer comme la meilleure vente de l’année.

    Le Papyrus de César – Jean-Yves Ferri et Didier Conrad – Editions Albert René – 48 pages – 9,95 euros.

     

    La Guerre des Amants

    Guerre-des-Amants-T3.jpgBerlin. Vendredi 13 juillet 1945 en zone américaine. Des soldats américains parmi lesquels le Capitaine Walter entrent dans une cave et y découvrent des civils allemands qui tentent de survivre dans le chaos de cette fin de guerre. Au milieu des femmes et des enfants, les soldats qui font partie du Monument, fine arts and archive program (MFAA) aussi appelé « Monument Men », découvrent un superbe Fragonard. Quelques semaines plus tard, le capitaine Walter, accompagné de son chauffeur, Harry, se retrouvent devant la porte de Brandebourg et s’engagent dans la zone soviétique. Des losanges bleus, des points rouges guident les deux hommes à travers les ruines de la capitale allemande. Ils recherchent naturellement toutes les œuvres qu’Hitler a pillées au cours de ses conquêtes en vue de créer un musée à sa gloire, mais surtout, ils veulent mettre la main sur le Graal des peintures : le retable de l’Agneau Mystique de Van Eyck. Un retable du XVe s. que les Russes convoitent également. Mais le capitaine Walter ignore que c’est Natalia, son ancien amour russe croisée dans l’école d’art du Bauhaus de Weimar (http://www.politiquemagazine.fr/trois_nouveautes_chez_glenat/), qui dirige la « Mission trophée » pour le compte de Staline.

    Avec Jaune Berlin, Jack Manini et Olivier Mangin signent la fin de cette belle trilogie aussi intéressant que palpitante. En fin d’ouvrage, l’historienne Emmanuelle Polack revient, dans un cahier de huit pages, sur la véritable histoire des Monuments men, entre protection des collections publiques et spoliation des collections privées.

    La guerre des amants – Tome 3 – Jaune Berlin – Jack Manini et Olivier Mangin – Editions Glénat – 56 pages – 14,50 euros.

     

    Saladin, conquérant de Jérusalem

    Saladin.jpgL’histoire que nous content Mathieu Mariolle, Julien Loiseau et Roberto Neli commence à la victoire de Saladin aux cornes de Hattin en 1187 contre les chevaliers francs de Guy de Lusignan juste avant la troisième Croisade (1189-1192). Ces derniers sont presque tous capturés et ne doivent la vie qu’en échange d’une rançon (ce que ne raconte malheureusement pas l’ouvrage). Le décor est néanmoins planté. La mort a toujours chevauché aux côtés de Saladin, dès son enfance. Flashback en 1148, à Damas. Saladin Al-Nasir a dix ans. Nous sommes en pleine deuxième Croisade. Son frère aîné vient de mourir dans son djihad pour défendre l’actuelle capitale syrienne. Saladin dont le prénom signifie « rectitude de la foi » annonce à son père qu’il prend la suite avec l’émir d’Alep, Nur Al-Din. Pour ce faire, les arabes doivent s’unifier. Ces alliances commencent à se nouer quatre ans plus tard quand Saladin, accompagné de son oncle Shirkûh vont rencontrer Nur Al-Din. La reconquête des lieux saints, en priorité Jérusalem, est en marche…

    Le nom de Saladin qui fonde la dynastie ayyoubide qui elle-même va régner pendant presque deux cents ans de la Tunisie aux portes de la Turquie, reste toujours associé à celui de Richard Cœur de Lion, avec qui il finit par négocier. . Il pemet que Jérusalem reste sous suzeraineté islamique avec l’autorisation pour les Francs de s’y rendre en pèlerinage. Son prestigieux nom reste aussi associé à la prise de Jérusalem en 1187 aux mains des Chrétiens depuis 1099. Et quand il meurt en 1193 à l’âge de 55 ans, Saladin dont le nom An-Nasir signifie « celui qui reçoit la victoire de Dieu », Jérusalem restera longtemps entre les mains musulmanes.

    Les auteurs parviennent à retranscrire avec justesse l’atmosphère de l’époque et à reproduire les batailles qui ont émaillé la vie d’une des figures les plus emblématiques du monde arabe.

    Saladin – R. Meli, M. Mariolle et J. Loiseau – Editions Glénat – 56 pages – 14,50 euros.

     

    Catherine de Médicis, reine imprévue

    Catherine-de-Médicis.jpgReine de France pendant douze ans, régente du Royaume pendant plus de deux ans et demi, Catherine de Médicis a marqué son époque, celle de la Renaissance, sans doute l’une des plus riches de l’Histoire de France. Titrée Duchesse d’Urbino à la mort de ses parents, elle est beau parti financier puisqu’elle hérite de la richesse de son père, Laurent de Médicis et de sa mère, Madeleine de la Tour d’Auvergne qui lui laisse de nombreuses terres. Mariée à Henri d’Orléans (futur Henri II) à qui elle donne dix enfants en quinze ans, elle devient une bru très appréciée de François 1er qui voit en elle une femme de caractère sur qui le Dauphin peut et pourra s’appuyer quand il deviendra roi. Mais après douze ans de règne, celui-ci meurt dans un tournoi d’un malheureux coup de lance.. Commencent pour elle, deux ères : l’un où son rôle, ses conseils, son influence seront déterminants ; l’autre où le tragique

    A travers cette bande-dessinée, les auteurs veulent tordre le cou à la légende noire qui entoure ce personnage emblématique. Ils démontrent bien comment Catherine de Médicis, qui n’était, de par sa condition de femme, destinée à devenir qu’un pion entre les hommes de pouvoirs (papes, rois, …) a su admirablement tirer son épingle du jeu. Car rien ne prédestinait cette Italienne à régner en France. Pourtant, dans cette période troublée des Guerres de Religion, elle a mis toute son énergie pour apaiser les tensions, chercher le dialogue, tout en tenant ses positions de fervente catholique. Elle ne peut éviter le massacre de la Saint-Barthélemy. Malgré un scénario dense et complexe, le lecteur parvient à se forger une image réelle de cette reine totalement atypique et très politique pour l’époque. Le cahier final permet d’en savoir plus sur ce personnage encore énigmatique pour nombre de Français.

    Catherine de Médicis – M. Gabella, R. Villard, P. Martinello – Editions Glénat – 56 pages – 14,50 euros

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Justice & Société • Philippe Bilger : « La sécurité est enfin une priorité »

     

    par Grégoire Arnould

    Ancien avocat général, Philippe Bilger est aujourd’hui magistrat honoraire et président de l’Institut de la parole. Pour lui, les événements tragiques du 13 novembre ont enfin sonné le réveil du gouvernement socialiste sur les questions de sécurité.

    La loi sur le Renseignement a été présentée comme une mesure-phare contre le terrorisme. Manuel Valls a même dit, en juillet, que « la France a désormais un cadre sécurisé contre le terrorisme et respectueux des libertés ». Est-ce un mauvais procès de dire qu’elle n’a pas permis d’empêcher les événements du 13 novembre ?  
    Même le pays le mieux armé ne peut échapper aux réalités criminelles. En ce domaine, le risque zéro est une vue de l’esprit. Dans la mesure où le pouvoir socialiste a découvert la nécessité de la lutte contre le terrorisme et qu’il lui a apporté les moyens nécessaires, je ne peux qu’approuver cette loi sur le renseignement même s’il aurait été naïf d’imaginer qu’elle allait tout régler. Depuis l’affaire Merah, si on avait bien voulu examiner le détail de tous les dysfonctionnements liés à la prévention contre le terrorisme, on aurait pu constater des carences dans la surveillance et une négligence dans le contrôle. Si l’on avait été exemplaire sur le plan des pratiques, une telle loi n’aurait peut-être pas été nécessaire.

    L’arsenal juridique actuel vous semble-t-il satisfaisant pour lutter efficacement contre le terrorisme ?
    Je ne vais pas critiquer une juridiction qui se montre de plus en plus vigilante. La voie législative est empruntée pour lutter contre le terrorisme. Cela dit, cette démarche n’a de sens que si les comportements des différentes administrations chargés de la mettre en œuvre sont exemplaires. Les services de renseignements eux-mêmes ont besoin d’une compétence et d’une rectitude qui leur permettront de donner toute sa vigueur à l’outil législatif.

    L’accent n’aurait-il pas dû être mis sur la correction des défaillances des services de renseignement ?
    Toutes les mesures ne peuvent pas être prises en même temps. Mais il faut désormais être exigeant : à partir du moment où l’on donne les moyens de travailler aux différents services, on ne doit plus tolérer les « imperceptions » et les négligences coupables. Il me semble que, depuis le 13 novembre, l’appareil d’état a pris conscience de la gravité de la situation : par exemple, depuis deux mois, 1 000 personnes jugées indésirables n’ont pas pu rentrer en France. Le processus pour atteindre un niveau de sécurité efficient se met en œuvre.

    Le garde des sceaux, Christiane Taubira, ne devrait-il pas être au front en raison des derniers événements ?
    Christiane Taubira est complètement en décalage par rapport à cette prise de conscience socialiste de la nécessité d’une politique sécuritaire renforcée. Je n’aime pas le terme « sécuritaire » mais force est de constater que la priorité est enfin donnée à l’exigence de sûreté contre le terrorisme. Il faut espérer que, dans un futur proche, on applique ces règles de rigueur, de cohérence et de sévérité à la criminalité et à la délinquance ordinaire. Ce qui serait suivre une action exactement inverse à celle menée par Christiane Taubira depuis qu’elle est au ministère. D’autant plus que la porosité entre le crime et le terrorisme n’est plus à démontrer : voyez les parcours personnels des assassins du 13 novembre.

    Pour vous, l’action de François Hollande et du gouvernement semblent aller dans le bon sens…
    L’attitude du président de la République sur la révision constitutionnelle est pertinente. à mon avis, il est suffisamment lucide pour comprendre qu’on ne peut plus se permettre de créer des niveaux supplémentaires de lutte contre le terrorisme à chaque fois que notre pays est attaqué. à un moment donné, le seuil maximum législatif sera atteint. En modifiant la Constitution, notamment par la prolongation de l’état d’urgence, on se donne les moyens de lutter de manière décisive contre le terrorisme, quel que soit le visage qu’il présentera à l’avenir. Cela coupe court au risque d’une escalade législative.

    Autre mesure-phare proposée par le gouvernement : la déchéance de nationalité. Elle ne fait pas l’unanimité chez les socialistes…
    Imaginez la portée, pour cette gauche dogmatique, de telles décisions ! Après avoir découvert le réalisme économique et financier, François Hollande découvre l’exigence de sécurité avec des mesures que la droite n’aurait jamais osé mettre en œuvre… La gauche sectaire, bien sûr, s’en indigne. De fait, le locataire de l’élysée illustre le zèle des nouveaux convertis. Quand ils découvrent la réalité, ces derniers basculent dans une forme de radicalité avec un élan d’une vigueur stupéfiante pour les gens « raisonnables ». Pour ma part, je m’en réjouis !

    En tant qu’ancien magistrat, quelle est votre opinion sur la campagne menée pour le retour du juge Marc Trévidic au pôle antiterroriste ?
    Marc Trévidic est un juge remarquable, qui a accompli un travail exceptionnel à l’antiterrorisme. Il est d’ailleurs le seul magistrat à être intervenu dans les médias depuis l’affaire Merah. C’est logique. Ceux qui sont actuellement en poste à l’antiterrorisme doivent respecter un devoir de réserve. Je regrette néanmoins l’impression qui est donnée d’une connivence entre les médias et le juge Trévidic. Comme si les 9, et bientôt 10, juges du pôle parisien ne faisaient rien de leurs journées et que le départ d’un homme, aussi remarquable soit-il, mettait à mal tout le système. On ne peut pas laisser penser de telles choses. Marc Trévidic doit tenir compte du fait qu’il faut renvoyer la balle à ceux qui sont désormais à sa place.

    N’est-il pas regrettable pourtant qu’un magistrat compétent ne puisse rester en place plus de dix ans ?
    Peut-être qu’un jour ce principe sera révoqué. Il n’en reste pas moins qu’il est gênant, comme l’ont fait les députés Les Républicains, de demander la révision d’une loi pour un seul homme alors que les mêmes pourfendaient, à juste titre, les lois de circonstances votées contre Hersant ou pour Tapie… Cette volonté de recourir à un homme providentiel traduit l’angoisse qui a saisi la population française. Cependant, pour faire face à la réalité judiciaire quotidienne de l’antiterrorisme, il est indispensable de mobiliser les magistrats en place et de ne pas tenir pour rien ce qu’ils réalisent. Souvenez-vous de la campagne de promotion autour d’Eva Joly, alors juge d’instruction. On s’est aperçu à quel point elle était catastrophique. Certes, les circonstances sont différentes mais le processus est identique. 

     

  • Culture • Un Prince artiste

     

    par Hilaire de Crémiers

     

    157e493dd19d0d2ee135205f081739f9_Hilaire.jpgLe Prince Henri d’Orléans – c’est sa signature d’artiste – expose à l’atelier Visconti de Xavier et Sigrid de Montrond des œuvres encres de Chine sur papier qui ne peuvent manquer d’émouvoir.

    La finesse du trait comme l’application sobre et ouatée y relève les sujets d’une poésie tendre et rêveuse. Il s’en dégage une atmosphère de nostalgie et de mélancolie qui attarde le regard sur quelques moments de contemplation fugitive où la création s’essaye à délivrer, dans l’éphémère instant, un message d’éternité. Des oiseaux migrateurs, des colibris alignés, un aigle qui prend son essor, un vol de vautour, un ballet de cygnes, une buse pensive, des colombes qui s’aiment d’amour tendre, un faucon attentif jettent l’émoi dans l’âme en attente d’une révélation mystérieuse. L’horizon est lointain, le pont ne relie que des songes, le château se perd dans le ciel noir, la tempête soulève la mer, abat les arbres et terrorise la terre, la barque ne peut être que solitaire ou se fondre dans les flots déchaînés, les chevaux hennissants sont parqués, Moscou brûle mais peu importe, car la Russie est éternelle. Reste à sortir des sous-bois et des bosquets d’yeuses, des fleurs du mal et du pays des insectes ravageurs, pour tenter de passer au-delà du voile de l’horizon.

    C’est tout en retenue que s’exprime une sensibilité trop exquise pour accepter la seule vanité des êtres. Cette exposition donne à saisir quelque esquisse intime des méditations d’une âme aussi princière que doucement et fortement humaine.

    Exposition jusqu’au 16 janvier des œuvres encres de Chine sur papier du Comte de Paris, Atelier Visconti, 5 rue Visconti – 75006 Paris. Ouvert du mardi au samedi de 14h à 19h. Téléphones : 01 43 25 44 48 – 06 11 16 98 89.

  • Joyeux Noël !

     

    Noël à Saint-Pierre de Rome

  • La France entre guerre et fête

    Grand magasin parisien illuminé pour les fêtes de Noël © Copyright : DR

     

    par Péroncel-Hugoz

    Toujours fidèle à l'adage « Qui aime bien châtie bien ! », Peroncel-Hugoz, de retour en France, n'hésite pas à donner un coup de dent à ce qui lui paraît clocher en son pays …

     

    peroncel-hugoz 2.jpg« Joyeuses fêtes ! », « Les marrons glacés sont arrivés », « Grand choix de fruits confits », « Venez réveillonner ! ». Le gouvernement socialiste français a fait exception à sa propre loi sur l'état d'urgence, malgré les risques d'agression, pour permettre les très mercantiles « marchés de Noël ! ».

    En néon dans le ciel hivernal ou en écriteau dans les vitrines illuminées, la France urbaine, rurbaine ou rurale, affiche partout, comme d'habitude, les slogans festifs et commerciaux préludant à Noël, le 25 décembre, et à la Saint-Sylvestre, le 31 décembre. Deux grande dates chrétiennes plus que millénaires mais qui, ces dernières décennies, ont peu à peu perdu presque tout caractère religieux pour devenir, sauf exception, une fête de la bouffe, des cadeaux (on en fait même maintenant aux animaux domestiques!) et des nuits blanches avec musiques afro-américaines.

    Cependant la même France se dit et se veut « en guerre » ; les dirigeants socialistes et autres, du chef de l’État au dernier sous-préfet, qui au grand dam de l'écrivain algérien francophone anti-islamiste Boualem Sansal, n'osaient même pas, malgré les attentats parisiens de janvier 2015, parler de « djihadisme » ou d' « islamisme », usent à présent d'un langage carrément belliqueux, et cela depuis les plus gros attentats parisiens de novembre 2015. En avant les bombardements sur les installations de Daech en Syrie et Irak ! Sans aucun résultat tangible pour le moment, ce que constatent nombre de Français inquiets de voir leur pays, endetté et en partie désarmé (les crédits militaires n'ont cessé de diminuer qu'en 2015), guerroyer dans ce Levant où, comme aurait dit le général de Gaulle « la France n'a plus d'intérêts nationaux directs à défendre ». Les actions militaires françaises au Mali et en Centrafrique paraissent plus légitimes à l'opinion publique car, en Afrique noire, Paris a des ressortissants et des intérêts à protéger. Dix jeunes soldats français sont d'ailleurs tombés déjà, à ce jour, au Mali et cela n'a fait que de très modestes entrefilets ou annonces dans les médias français, comme si on voulait ne pas trop voir ces drames.

    Un peu de retenue et de pudeur

    Malgré les deuils, il ne s'agit évidemment pas d’empêcher les familles françaises de dresser chez elles un sapin de Noël et de festoyer ensemble mais, quitte à faire un peu grincer les dents de traiteurs et confiseurs toujours avides de plus de recettes, un peu de discrétion, un peu de pudeur, de retenue dans les illuminations et les publicités ne seraient pas déplacées dans un pays, situé entre fête et guerre, et où, qu'on le veuille ou non, vient de commencer un long et incertain combat contre le terrorisme djihadiste. Un fléau qui n'a pas encore conduit toutes les librairies de l’Hexagone, y compris les rayons Livres de certains supermarchés, à retirer de leurs étals toute une littérature idéologique en français, imprimée à Lyon, Beyrouth, le Caire ou Alger et faisant l'éloge de l'élimination par le fer des « croisés » et autres « mécréants » (koufar). Cette même littérature a été trouvée, au milieu d'armes de guerre, dans plusieurs planques djihadistes en France, en Belgique et en Italie.

    Dans « Décomposition française » (Fayard, 2015), Malika Sorel, une Française de souche algérienne, dénonce sans fard le laxisme des autorités françaises actuelles face aux appels au meurtre des « mécréants » par livres interposés. Quant à l'imam marocain de Bordeaux Tarik Oubrou (choyé par le maire chiraquiste Alain Juppé qui l'a fait décorer de la Légion d'honneur), il craint, lui, que la situation actuelle en France ne conduise Daech et compagnie à y cibler des « musulmans modérés » : « Demain ou après-demain, il y aura un truc ici, la prochaine cible [pour Daech] ce sont des mosquées en France », a pronostiqué cet imam essayiste dont les écrits, en général, évitent le catastrophisme. Avertissement sans frais ?...   

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 18.12.2015

     

  • COP21 : Le monde a sauvé la planète !

     

    par François Reloujac

    L’accord de Paris obtenu le 12 décembre 2015, à l’issue de treize jours de négociation dans le cadre de la COP21, a été salué comme un triomphe. Mais qu’en est-il exactement ? Quel est le véritable contenu de l’accord ? Ne faut-il pas, hélas, penser avec Alain de Benoist que le texte de l’accord est simplement schizophrène ? « D’un, côté les pays signataires veulent réagir au réchauffement climatique – souci louable. De l’autre, ils adhèrent dans leur immense majorité aux thèses des économistes libéraux qui veulent augmenter sans cesse la production industrielle et les échanges commerciaux, encourager le tourisme de masse, fonder les économies sur les « avantages comparatifs » de chaque pays, etc. (…) D’un côté ils veulent « sauver la planète », et de l’autre conserver ce qui la détruit ». C’est ce constat qui conduit le philosophe à conclure : « la véritable question qui se pose n’est pas de savoir si la planète peut être « sauvée », mais si la civilisation peut survivre à sa rencontre avec les limites que lui impose la nature » .

    En fait, l’accord de Paris est un simple trompe-l’œil. Il ne s’attaque officiellement qu’aux seuls gaz à effet de serre considérés comme les uniques responsables d’un réchauffement climatique qui serait avéré et oublie toute autre source de pollution. Il est fondé sur une analyse biaisée de la situation, car, « si l’on fait un vrai bilan carbone des différents modes de production d’énergie, incluant toutes les émissions dues à leur mise en œuvre, distribution, rendements, coûts, durée de vie, etc., on se rend compte qu’ils diffèrent peu entre eux. La grande question, c’est la quantité d’énergie croissante que continue d’exiger notre mode de fonctionnement économique » .

    La quantité d’énergie, bien sûr, mais aussi son mode de production. C’est ainsi que, par exemple, une mesure importante n’a pas été évoquée au cours de la Conférence de Paris : pour diminuer la production de gaz carbonique, on pourrait limiter la production chinoise d’aluminium. En effet, pour produire une tonne d’aluminium, il faut, outre la bauxite (dont la France est pourvue), beaucoup d’électricité. La France dispose et de la matière première et de l’électricité nécessaire. Or, sa production s’est effondrée au profit de la production chinoise. En quelques années – depuis son adhésion à l’OMC – la Chine est devenue le premier producteur d’aluminium au monde (avec 58 % de la production mondiale), réduisant au chômage de nombreuses personnes dans les autres pays, y compris la France. Du coup, elle a multiplié par 20 sa consommation de charbon et, en proportion, ses émissions de « gaz à effet de serre ». Mais, l’absence de régime social et la faiblesse du yuan par rapport à l’euro aidant, l’électricité produite à partir du charbon chinois revient moins chère que l’électricité produite à partir du nucléaire ou encore plus à partir des énergies renouvelables, comme l’énergie hydraulique. Du coup un aluminium « destructeur de la planète » est préféré à un aluminium « respectueux de l’environnement ». Il est vrai que la seule façon de lutter aujourd’hui contre cette source de pollution est de rétablir les droits de douane, ce qui n’est pas à l’ordre du jour. Et, il ne s’agit là que d’un exemple parmi d’autres.

    Hélas, là n’est pas le plus important. L’accord de Paris a été présenté comme étant contraignant… sauf qu’il n’y a aucun calendrier précis, aucune mesure concrète et aucune sanction. La contrainte résulterait essentiellement de la « transparence » et donc de la pression de l’opinion publique !

    On aurait pu espérer que son contenu soit nouveau et fort. Il n’en est rien. Il repose sur un vœu : celui de maintenir l’augmentation de la température moyenne du globe à 1°5 C par rapport à l’année 1880, considérée comme la dernière de l’ère pré-industrielle (mieux que les 2° prévus auparavant). Or, cet objectif est présenté comme atteignable uniquement en prônant des mesures qui limitent la production d’énergie obtenue directement à partir des seules « énergies fossiles ». Et encore, ces mesures n’entreront en application qu’en 2020 et à condition que 55 % des États membres, représentant 55 % des émissions de gaz à effet de serre ne les ratifient d’ici à 2017 ! Ajoutons que l’ensemble des mesures préconisées – y compris « l’engagement » des pays riches à verser 100 milliards de dollars aux pays en voie de développement pour ne pas utiliser les énergies fossiles pour leur développement – sont rédigées au conditionnel (pour la dernière rédaction de l’accord, le verbe « devront » a été remplacé 33 fois par « devraient », sous la pression des Américains et des Chinois). Et, ce n’est pas la seule différence entre le projet initial et la rédaction finale. Ainsi, par exemple, le projet d’accord prévoyait une réduction de 40 à 70 % de l’émission de gaz à effet de serre d’ici à 2050 et le texte final ne prévoit que les Etats visent « un pic des émissions (…) dès que possible » !

    Si l’on pousse un peu plus loin l’observation, l’on constate que toutes ces mesures étaient déjà plus ou moins contenues dans les accords précédents, sauf une.

    Cette seule nouveauté est la création d’un « Groupe de travail spécial de l’Accord de Paris », dont le principal rôle est « d’identifier les sources de données pour le bilan mondial » (considérant 100) que devront (devraient ?) utiliser les autres groupes de travail. Il vient renforcer le Groupe d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat (le fameux GIEC), le Comité de l’adaptation, le Groupe d’experts des pays les moins avancés, le Comité exécutif du Mécanisme international de Varsovie, le Comité exécutif de la technologie, le Comité des technologies climatiques, etc. En réalité, puisqu’une innovation peut toujours en cacher une autre, le paragraphe 72 des « considérants », prévoit aussi la création d’un Comité de Paris sur le renforcement des capacités. Quand on ne sait pas quoi faire, c’est bien connu, on crée une commission.

    Parmi les éléments importants de l’accord, il est demandé aux parties signataires du Protocole de Kyoto (c’est-à-dire, en particulier, que cela ne concerne pas les États-Unis qui ne l’ont pas signé, ni le Canada qui, après l’avoir signé, en est sorti) de « ratifier » d’une part et d’« appliquer » (sic) d’autre part « l’amendement de Doha » et aux parties signataires des accords de Cancùn de prendre des engagements conformément à ces accords « et de les respecter » (sic).

    Si l’on entre dans le détail de la rédaction de l’accord, la surprise est encore plus grande. Ainsi le début de l’article 3 est rédigé de la façon suivante : « A titre de contributions déterminées au niveau national à la riposte (sic) mondiale aux changements climatiques… »… Tous les hommes sont donc agressés par les changements climatiques !

    Il est inutile d’aller plus loin, concernant un Accord qui ne comprend que des vœux à un horizon au-delà de cinq ans et dont la ratification n’est pas demandée avant 18 mois.

    Pour la petite histoire, signalons cependant encore que l’un des « chefs étoilés » retenus pour soigner les participants à la Conférence de Paris, a été condamné le 18 décembre 2015, pour atteinte à l’environnement.