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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1490

  • Irreal politik

     

    D'utiles réflexions de Bertrand Renouvin

     

    Renouvin.jpgReal politik : être contre. Tel est l’un des principaux critères du bien-penser. Il s’accompagne d’ordinaire de la condamnation de la politique gaullienne. Par une fine dialectique, le refus hautain de la real politik se fit au nom de la réalité qui convenait à la classe dirigeante : celle d’une France toute petite, qui avait vécu « au-dessus de ses moyens ».

    Valéry Giscard d’Estaing lança cette thématique ; elle fut reprise par une gauche qui voulait recycler son internationalisme et son pacifisme dans l’Europe des traités. La gent socialiste  broda sur « l’Etat modeste », les droits de l’homme, le droit d’ingérence humanitaire contre « l’égoïsme national » – sans oublier « l’Europe qui doit parler d’une seule voix ». C’est cet assemblage de sous-produits idéologiques qui tient lieu de doctrine dans les relations avec l’étranger. L’oligarchie française s’est imprégnée de la religiosité étatsunienne, de la « guerre morale » du Bien contre le Mal, en vue de la démocratie par l’économie de marché. L’échec est total : les conséquences de l’irreal politik ont été cent fois pires que les froids compromis de la real politik.

    Après l’opposition à la croisade américaine en Irak clairement exprimée par Jacques Chirac et Dominique de Villepin en 2003, les gouvernements français n’ont plus rien empêché et ont fini par tout admettre. Le dénigrement de la Russie est une activité officielle.  Après avoir stupidement participé à la « guerre morale » pour le Kosovo, la France n’a plus eu de politique dans les Balkans livrés aux potentats locaux, aux proconsuls occidentaux et à la corruption endémique. Nous venons d’abandonner l’Afghanistan à son épouvantable sort.  Avec l’Arabie saoudite et le Qatar, les principes moraux et démocratiques ont été sacrifiés sans l’ombre d’un scrupule à des accords commerciaux rentables et à des pactes infâmes dont les historiens nous livreront le détail. En Syrie, François Hollande et Laurent Fabius ont levé l’étendard de la lutte contre le despotisme et fourni des armes au Front al-Nosra, succursale d’Al-Qaida, contre le dictateur de Damas. Lorsque le projet de frappes sur Damas a été bloqué par le vote du Congrès des Etats-Unis, des interrogations majeures auraient dû surgir. Tel n’a pas été le cas. L’aviation française bombarde Daech en Irak de manière supplétive et sans effets marquants. Nous décidons de bombardements en Syrie, au mépris du droit international, tout en continuant de militer pour le départ de Bachar el-Assad ; François Hollande ne voit pas que les Etats-Unis vont s’entendre avec la Russie et s’accommoder du régime syrien faute de solution alternative.

    Si la France veut retrouver son rang dans le monde, les gouvernements à venir devront abandonner le mélange de discours moralisateurs, d’affairisme cynique, de corruption manifeste et pour finir de reddition humiliante aux diktats étatsuniens ou allemands. Il faut en revenir aux principes qui orientaient, en ses meilleurs moments, la diplomatie française.

    Les Etats donnent la priorité à leurs intérêts nationaux sur les affinités idéologiques et les solidarités religieuses. Les rois de France et de Castille eurent un projet d’alliance contre les Ottomans avec Tamerlan ; les rois de France se sont alliés avec la Sublime Porte contre Vienne ; les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France combattante se sont alliés avec l’Union soviétique contre l’Allemagne.

    Les Etats nouent des relations avec les Etats, non avec des régimes politiques. Ce sont les constantes et les évolutions géopolitiques qui priment sur les sympathies et les antipathies, dans la recherche de compromis assurant le retour ou le maintien de la paix.

    La France n’a pas d’amis. Elle choisit des alliances qui peuvent changer. L’Allemagne de l’Ouest servit de glacis à la France pendant la Guerre froide. Il s’agit aujourd’hui d’en finir avec la domination allemande. En Europe continentale, l’alliance avec la Russie s’impose et le recul de l’influence étatsunienne est hautement souhaitable. Au Proche-Orient, une solution politique de très long terme doit être trouvée en concertation avec les Russes, les Iraniens et les Etats qui subsistent dans la région – en évitant que les Etats-Unis soient maîtres du jeu.

    La France ne retrouvera sa puissance que si elle développe ses capacités militaires, ses échanges économiques et ses échanges culturels. Pas de puissance retrouvée sans souveraineté réaffirmée. 

    Bertrand RENOUVIN

  • Qui les États-Unis visent-ils en Irak et en Syrie ?

     

    par Louis Vick 

    Nous publions le témoignage éloquent d’un expatrié français présent dans la partie kurde de l’Irak. La vidéo qui accompagne le témoignage fait actuellement fureur en Irak et en Syrie. Elle pourrait éclairer d’un jour nouveau l’inhabituelle discrétion des Américains quant à leur intervention militaire au Moyen-Orient.

    « (…) Je vais manger un kebab et faire des courses au supermarché. Sur le retour, je vois dans une petite rue adjacente des vieux armés de kalachnikovs. Ce sont d’anciens peshmergas qui font maintenant office de policiers gardant un bâtiment. Je les salue, ils me font signe de venir et on boit un thé assis sur des chaises dans la rue.

    L’un d’entre eux bredouille quelques mots d’anglais mais la discussion tourne vite en rond quand le sujet vient sur l’Etat Islamique. Je dis « peshmerga very good » mimant les combattants kurdes tirant sur Daech. Puis on fait le tour des pays… Je mime un avion russe en Syrie assorti d’un « very good », parole accueillie avec approbation.
    Turquie : mine de dégoût de mes interlocuteurs, « no good ». Nous mimons tous l’argent et les armes donnés par la Turquie à l’EI. Même chose pour l’Arabie saoudite.

    Puis l’un d’entre eux me demande : « America ? » Je fais la même imitation, ce qu’approuve l’un de mes petits vieux armés. Et là, il me mime un truc que j’ai immédiatement compris (comme quoi ça sert de connaître les nouvelles géopolitiques) : il place un sucre par terre et dit « Daech », puis sa main (« America ») représente un avion US qui balance quelque chose, puis Daech qui va fouiller. Ca a fait tilt immédiatement dans ma tête !

    Il faut savoir qu’il y a en ce moment une vidéo sur les réseaux sociaux irakiens, et qui est passée à la télé, que tout le monde commente. J’ai aussi réussi à la trouver sur youtube :

     

     

    C’est un commandant de l’armée irakienne qui a repris à l’EI une raffinerie. On le voit montrer des affaires par terre : « ça, c’est un parachute américain, ça aussi, là aussi, regardez ». Autrement dit, au lieu de balancer des bombes sur l’EI, la coalition américaine leur parachuterait des armes et des vivres.

    Vrai ou faux, je ne saurais dire… C’est en tout cas quelque chose qui est présent à l’esprit des Irakiens en ce moment : ils n’ont aucune confiance en les Américains et appellent de leurs voeux les Russes qui, eux, ne jouent pas double jeu ». • 

     - Politique magazine

  • Annonce d'un colloque d'Action Française, samedi 21 novembre à Paris : le sujet en est crucial !

     

    Le Centre Royaliste d’Action Française annonce ce colloque sans trop de détails, pour l'instant.

    Il est précisé que « de nombreux intervenants apporteront un éclairage pertinent sur la question de l’immigration. » On attend d'en savoir plus avec intérêt. 

    Le Centre Royaliste d’Action Française conseille de réserver son après-midi du samedi 21 novembre, de participer, de partager l'information autour de soi ! 

  • ZEMMOUR : MERKEL CONFRONTÉE À L'ÉPREUVE DE LA RÉALITÉ

     

    Angela Merkel est le sujet de ces derniers temps. Et elle est devenue sujet d'interrogation pour ceux que séduisaient sa rigueur, son style de gouvernance. Ou de réprobation pour qui s'inquiétait de son impérialisme européen. Ou encore, à l'inverse, sujet de reproches lorsqu'on la trouve totalement inféodée à la politique américaine. Comme si ce n'était pas une constante de la politique extérieure allemande, y compris au temps de De Gaulle, Adenauer et du traité de l'Elysée, y compris encore vingt-cinq ans après l'extinction de la menace soviétique qui pouvait alors justifier l'Alliance Atlantique mais ne la justifie plus ...  Il y a encore ceux - ils pourraient bien avoir raison - qui sont d'avis qu'Angela Merkel n'est pas vraiment le grand dirigeant que l'on a cru, qui pensent qu'on l'a créditée de trop de qualités, qu'elle est trop soumise à l'émotion, qu'elle varie au rythme des fluctuations de l'opinion, qu'elle est pétrie d'idéologie. Que grosso modo, elle se situe dans la même médiocrité moyenne que ses homologues dits occidentaux. Son comportement assez irresponsable à l'origine de l'invasion migratoire en cours tend à accréditer ces derniers points de vue. D'où l'intérêt de la brillante analyse que fait ici Eric Zemmour. Qu'il a publiée dans la dernière livraison du Figaro magazine.  LFAR 

     

    ZemmourOK - Copie.jpg« Jusqu'à l'été, les réfugiés étaient reconnaissants d'être chez nous. Ils demandaient où était la police, où était le centre d'enregistrement, où ils devaient aller. Aujourd'hui, ils quittent les .centres d'accueil, ils commandent un taxi et disposent étonnamment de l'argent nécessaire pour parcourir des centaines de kilomètres à travers l'Allemagne. Ils font la grève parce que leur logement ne leur convient pas, ils font des histoires car ils n'aiment pas la nourriture. » 

    Thomas de Maizière est le ministre de l'Intérieur allemand. Il a d'abord approuvé la politique des bras ouverts décidée par Angela Merkel. Depuis, la chancelière lui a ôté la gestion de ce dossier. Dans les camps, des réfugiés musulmans agressent les chrétiens. Les services secrets allemands, affolés, alertent leurs autorités au sujet de la présence de nombreux agents dormants de l'Etat islamique parmi les « réfugiés » accueillis avec des fleurs par la population. Le ministre-président de la Bavière, pourtant allié CSU de la chrétienne-démocrate Merkel, a reçu triomphalement Viktor Orbàn à Munich, alors même que le Premier ministre hongrois est le premier opposant à la politique allemande de répartition des « migrants » dans l'Union européenne. Les militants du mouvement anti-islam Pegida retrouvent de la voix à Dresde. Affichent le portrait d'Angela Merkel en Mère Teresa qui a fait la une du Spiegel avec cette légende : « Mutter (mère) Terrorresia », tandis que certains manifestants rappellent avec une rare cruauté qu'« Angela Merkel n'a pas d'enfants ». Après elle, le déluge. La chancelière allemande n'en a cure. Elle continue de répéter en boucle : « Nous y arriverons. » Il y a cinq ans, elle affirmait, tout aussi péremptoire : « Le multi-culturalisme, ça ne marche pas. »

    Une majorité d'Allemands est désormais inquiète ; la cote de popularité de la chancelière s'affaisse. La population allemande se réveille de son rêve pour reprendre pied avec la réalité. Comme si, par un étonnant retournement historique, la rationalité était devenue l'apanage du peuple, tandis que les élites restaient confinées dans l'univers de l'émotion, alliant, en Allemagne, le calcul économique du patronat, avide de main-d'œuvre pas chère, et le tourment de la culpabilité du nazisme.

    Les immigrants venus de Syrie, d'Irak, mais aussi d'Afghanistan ou d'Erythrée, et tous ceux, du Maghreb ou du Kosovo, qui profitent de l'aubaine pour se fondre dans leur flot, ne tarit pas : 800 000, I million, 1,5 million sont successivement annoncés. Deux millions attendent dans les camps turcs. Merkel se précipite à Ankara chez Erdogan pour qu'il n'ouvre pas les vannes en grand. Angela Merkel a paru enivrée des acclamations universelles qu'a suscitées son choix généreux ; le temps est venu de la gueule de bois. 

  • TV : Dr Dray est de retour

     

    par Grégoire Arnould

    Il avait disparu du paysage politique depuis quelques années. Julien Dray fut pourtant de tous les combats de la gauche depuis quarante ans. L’actuel vice-président de la région Ile-de-France a d’abord été trotskiste avant de rejoindre la LCR pour ensuite devenir membre fondateur de SOS Racisme et membre éminent de l’Unef. Un parcours sans faute, couronné par une adhésion au Parti socialiste et aux prébendes qui accompagnent le statut d’apparatchik de l’appareil.

    Valérie Trierweiler, l’une des meilleures ennemies, partie il y a de longs mois, les affaires judiciaires enterrées, Julien Dray est de retour depuis le mois de juin, comme pour mieux confirmer l’adage : « En politique, on n’est jamais mort ». Au début de l’été, l’homme revenait en qualité de conseiller de l’ombre, de consigliere à qui mission était donnée de réunir la « grande famille » de gauche. Ou, du moins, de limiter la casse dans la perspective des prochaines élections régionales. Il se murmure que son amitié de longue date avec François Hollande n’a rien d’anodin dans ce retour. Les défaites électorales, la bérézina annoncée en décembre prochain, ont, sans doute, accéléré les événements. Julien Dray reprend du service et monte désormais un peu plus au front. Il est même tête de liste pour les régionales dans le Val-de-Marne.

    C’est pour toutes ces raisons qu’il était l’invité-phare de l’émission « Supplément », diffusée sur Canal + dimanche 18 octobre. Face à Ali Baddou, nouvel animateur de ce programme depuis la rentrée, il est apparu tel qu’on le connaît : roublard et fin connaisseur de la cuisine électorale. Celle qui permet de remporter un scrutin. Au jeu des question-réponses, Julien Dray s’en est tiré avec habileté. Sauf, comme tous les élus de gauche, sur le bilan de la présidence Hollande. Lorsque l’animateur passa une séquence tirée de l’émission de Bourdin où l’on voit Mélenchon appeler à un renouvellement des actions violentes contre le patronat, Dray s’emporta, qualifiant de dangereuse et d’inconséquente la tirade du fondateur du Front de gauche.

    Une réaction qui n’est pas passée inaperçue. Quelques heures après la diffusion de l’émission, Alexis Corbière, secrétaire national du Front de gauche, s’en allait de sa petite vengeance. Sur son blog, il diffusait un enregistrement « pirate », non sourcé et non daté, dans lequel Julien Dray tacle sèchement Claude Bartolone et Jean-Christophe Cambadélis en les décrivant comme « manipulateurs » et « fainéants » et expliquant qu’avec eux « c’est à chaque fois une catastrophe » !

    Une potion dure à avaler pour « Dr Dray », comme le surnomme ses proches qui seront peut-être un peu moins nombreux dans les prochains jours. Dans la même émission, un reportage montrait Julien Dray, lors d’un déplacement en Ile-de-France, distillant ses conseils à celui qui convoite cette région : l’actuel président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone… En politique, on n’est jamais mort. En politique, on ne se refait pas. 

      - Politique magazine

     

  • Philippe de Villiers au Figaro : « Le pouvoir n'a plus de pouvoir : c'est une clownerie »

     

    Entretien Philippe de Villiers - Le Figaro publié le 15.10.2015

    Quelques phrases choisies :

    « La France est en train de mourir parce qu'elle est en même temps submergée de l'extérieur et effondrée de l'intérieur. »

    « A grand renfort d'intellectuels de la trempe de BHL, la France est devenue le seul pays au monde que nous n'avons pas le droit d'aimer. »

    « Le projet véritable de l'UE était d'abolir les nations pour installer en leur lieu et place un marché planétaire de masse qui viendrait un jour faire la jonction avec le marché américain : c'était l'idée de Jean Monnet. »

    « Aujourd'hui, les voies d'eau se multiplient sur le Titanic des eurocrates. »

    « Ils savourent avec un plaisir de gourmets l'idée exotique selon laquelle la France pourrait devenir la fille aînée de l'islam. » 

     

  • Alain de Benoist : « François Hollande aurait fait un très bon marchand des quatre-saisons »

     

    Cet entretien qu'Alain de Benoist a donné à Boulevard Voltaire est d'une rare qualité. Qu'il explique ne pas parvenir à détester François Hollande comme homme quelconque est prétexte ici à réflexion, précisément sur ce qui distingue l'homme quelconque de l'homme d'Etat et, plus encore, de celui qui est investi du Pouvoir. Et de Benoist de définir à sa façon qui n'est pas celle de Boutang mais finit pas y ressembler, en quoi consiste un Pouvoir légitime : Sacralité - même en un sens laïque - assentiment populaire, incarnation de la souveraineté et du destin d'un peuple, d'une nation, singularisés par l'Histoire ... Et pour réaliser une telle incarnation, il ne faut pas être un homme quelconque, il faut être en surplomb... Il n'y a peut-être aujourd'hui plus beaucoup de sujets sur lesquels nous soyons en désaccord avec Alain de Benoist. En tout cas, celui dont il est question ici en est un exemple.  LFAR     

     

    1530443371.jpgC’est devenu un gag récurrent : chaque nouveau Président parvient à nous faire regretter son prédécesseur. Avec François Hollande, on a atteint le fond, non ?

    Contrairement aux commentateurs qui le couvrent d’injures (se défouler en éructant est le meilleur moyen de faire savoir qu’on n’a rien à dire), je ne parviens pas à détester François Hollande. Je me désole de le voir occuper le poste qui est le sien, mais sur le personnage lui-même, je n’ai rien à dire. Il aurait sans doute pu faire un convenable receveur des postes, un directeur de succursale d’une société d’assurances, un marchand des quatre saisons. En tant que premier secrétaire du PS, il n’a pas été pire qu’un autre : dans les magouilles et les petites blagues, il a toujours été à son affaire. Le seul problème est que ce personnage insignifiant est président de la République.

    Depuis Pompidou, Mitterrand excepté, la fonction de chef de l’État n’a cessé de se dégrader. Il n’y a plus de chefs, et il n’y a guère plus d’État. La comparaison est certes facile, mais on imagine évidemment mal le général de Gaulle aller faire du jogging en suant à grosses gouttes sous un tee-shirt aux armes de la police new-yorkaise, ou partant en scooter pour aller rejoindre sous la couette une pom-pom girl du show-business. Un chef de l’État doit avoir conscience qu’il n’est pas seulement lui-même, mais qu’il incarne une fonction. Qu’il se discrédite lui-même passe encore, qu’il rabaisse sa fonction est impardonnable. L’homme et sa fonction sont deux choses différentes, et c’est la fonction qui doit l’emporter.

    Cela pose la question de savoir ce que l’on est en droit d’attendre de la part d’un chef de l’État.

    Dans ce domaine, qu’on soit en monarchie ou en république, on en revient toujours à Ernst Kantorowicz et à sa célèbre thèse sur Les Deux Corps du roi. Bien sûr, on n’attend plus du chef de l’État qu’il guérisse les écrouelles, mais au moins qu’il soit conscient de ce qu’il incarne, à savoir cette fonction souveraine qui le met en position de diriger une nation, c’est-à-dire un peuple singularisé par son histoire. Quand on incarne une telle fonction, on ne va pas parler à la télévision dans des émissions de « divertissement », on ne joue pas au « type sympa » et on apprend à nouer sa cravate ! On respecte la fonction qu’on incarne, et on s’applique à la faire respecter. Or, le pouvoir n’est respecté que s’il garde une dimension de sacralité. Même dans une république laïque, même dans une société sortie de la religion, il reste une appétence pour le sacré, d’abord parce que tous les grands thèmes politiques modernes sont d’anciens thèmes religieux qui ont été rabattus sur la sphère profane, ensuite parce que les hommes obéissent à tout sauf à des choix rationnels. La sacralité du pouvoir est, au même titre que le suffrage populaire, le fondement de la légitimité.

    Mais cette dégradation est allée significativement de pair avec le déclin du politique. Cerné par l’économie, par la morale des droits de l’homme, par les diktats de l’expertocratie, le politique décline. Et c’est l’impolitique qui règne. François Hollande n’est pas seulement un homme inculte, qui n’est même pas capable d’articuler une phrase en français correct, c’est un homme qui ignore aussi ce qu’est la politique. Il l’ignore parce que les notions de mythe collectif, de marche du monde, de sens historique, lui sont étrangères. Tout comme ses prédécesseurs, il ne sait pas que la politique est tragique. Ou plutôt qu’elle l’était. Car la politique est aujourd’hui devenue comique. La grande erreur des politiques est de croire qu’ils seront d’autant plus populaires qu’ils apparaîtront « comme tout le monde », alors que c’est exactement l’inverse. Ce n’est pas la proximité qui rend populaire, c’est la hauteur et la grandeur. Ce n’est même pas d’être aimé, c’est d’être admiré. Pour être admiré, il faut faire de grandes choses. Et pour faire de grandes choses, il faut être en surplomb.

    C’est-à-dire ?

    Dans l’entretien exclusif qu’il vient d’accorder à la revue Éléments, Patrick Buisson dit à merveille ce dont il s’agit quand il se moque de « Hollande disant : si le chômage ne recule pas, je ne me représenterai pas. La belle affaire ! Il montre par là qu’il n’a rien compris à ce qu’est la puissance politique du mythe dans l’Histoire […] Les mythes sont les agents de l’Histoire, ils font l’élection. Pas l’économie. »

    Régis Debray rappelait récemment que « la conscience historique, c’est l’essence de toute grande politique ». Mais cette notion même de grande politique est totalement étrangère à la classe politique au pouvoir, qui ne connaît que la météorologie électorale, la politicaille et les « petites phrases » qui font du buzz, et qui ne raisonne plus qu’en termes de « communication » et d’« image » parce qu’elle croit qu’on peut remplacer l’autorité par la séduction. « Chacun sait, ajoutait Debray, que nos décideurs ne décident plus rien, que nos élus n’ont plus de prise sur le cours des choses, que l’art de gouverner consiste à faire semblant […] La fin du politique est ce qui fait époque en Europe. » La politique, ce n’est pas la discussion sur les 35 heures ou sur le statut des fonctionnaires, ce n’est même pas la croissance ou le chômage. La politique, c’est le regard perçant et l’esprit de décision, les grands projets collectifs, le sens du moment historique, la claire perception d’un sujet historique. La politique, ce n’est pas l’avenir, c’est le destin. Allez parler de « destin d’un peuple » à François Hollande ! Tous les hommes politiques sont aujourd’hui des intermittents du spectacle. 

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    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier - Boulevard Voltaire

  • Trois leçons d’économie du pape François

     

    par François Reloujac

    Le discours prononcé par le pape François à la tribune des Nations Unies le 25 septembre a donné lieu à de nombreux commentaires. Entre ceux qui se sont réjouis d’entendre le pape donner un satisfecit à l’ONU et ceux qui regrettent que le discours fut trop « moraliste » et pas assez « politique », beaucoup a été dit. Mais peu de commentateurs se sont penchés sur les trois leçons d’économie que contenait ce discours fort riche. Ces trois leçons ont trait au fonctionnement des organismes financiers internationaux, à la façon de mesurer les performances économiques et au rôle des États.

    Le fonctionnement des Organismes financiers internationaux

    Il est nécessaire, a dit le pape, d’accorder à tous les peuples de participer aux décisions des « corps dotés d’une capacité d’exécution effective, comme c’est le cas (…) des Organismes Financiers et des groupes ou mécanismes spécialement créés pour affronter les crises économiques ». Si l’on peut d’abord penser au Fonds Monétaire International (FMI), on ne peut pas écarter le cas de la Banque Centrale Européenne (BCE) ni celui du Mécanisme Européen de Stabilité (MES). Aucun de ces organismes, selon ce que nous dit le pape ne peut donc « imposer » à un État quel qu’il soit une décision que celui-ci ne pourrait pas accepter. Le pape a ajouté que « les Organismes Financiers internationaux doivent veiller au développement durable des pays, à ce qu’ils ne soient pas soumis, de façon asphyxiante, à des systèmes de crédits qui, loin de promouvoir le progrès, assujettissent les populations à des mécanismes de plus grande pauvreté, d’exclusion et de dépendance ». Certes, en prononçant cette phrase, le pape avait surtout à l’esprit le cas des « pays en voie de développement ». Mais, comment un Européen peut-il entendre cette recommandation sans penser en premier lieu à la Grèce et au diktat qui lui a été imposé par la « troïka » (FMI, Union européenne, BCE) ?

    La mesure des performances économiques

    Sur ce point, le pape commence par reconnaître que « la multiplicité et la complexité des problèmes exigent de compter sur des instruments techniques de mesure ». Ces instruments ne sont donc pas simplement utiles, ils sont nécessaires. Mais le pape ajoute que leur usage, à force de banalisation, peut conduire à deux dérives graves : une priorité absolue donnée au « travail bureaucratique » qui conduit à multiplier les normes, les processus et les contrôles au détriment de l’action proprement dite ; une confiance aveugle dans les constructions théoriques et a priori qui conduisent à se couper du réel. Car, nous rappelle le pape, une action économique n’est efficace que « lorsqu’on l’entend comme une activité prudentielle, guidée par un concept immuable de justice, et qui ne perd de vue, à aucun moment, qu’avant et au-delà des plans comme des programmes, il y a des femmes et des hommes concrets… ».

    Le rôle de l’État en matière économique

    Les gouvernants, nous dit le pape, « doivent faire tout le possible » pour permettre à chacun de vivre décemment. Et le minimum qu’ils doivent donner pour cela s’articule autour de trois besoins qu’il est impératif de combler : donner un « logement personnel » ; donner un « travail digne et convenablement rémunéré » ; donner accès à une « alimentation adéquate » et à une « eau potable ».

    Il convient ici de ne faire aucun contre-sens. Les pouvoirs publics n’ont pas à mettre en œuvre des politiques de faux-semblants, comme ils savent si bien le faire. Donner à chacun l’accès à un logement personnel ne signifie pas obligatoirement qu’il faille accorder une « aide à la pierre », ni venir au secours du secteur du bâtiment. Le choix des mesures à prendre est affaire de circonstance et telle mesure qui paraît opportune à un moment peut fort bien ne plus l’être ultérieurement. Les questions économiques relèvent du domaine prudentiel et les mesures circonstancielles doivent toujours être adaptées aux situations concrètes. Celles qui ne sont plus adaptées doivent donc toujours être rapportées. Mais il ne faut pas non plus se tromper sur le but premier poursuivi et, en l’occurrence nous dit le pape, les pouvoirs publics doivent veiller à ce que chacun puisse bénéficier d’un logement personnel où il puisse accueillir sa famille.

    Deuxième priorité : tous doivent pouvoir avoir accès à un « travail digne et convenablement rémunéré ». Dans son encyclique Laudato Si’, le pape avait rappelé de façon très concrète que « la création de postes de travail [par toute entreprise] est une partie incontournable de son service du bien commun » (§ 129). Mais créer un poste de travail n’est pas suffisant ; celui-ci doit être « digne », c’est-à-dire ne pas faire courir, même indirectement, à la personne qui l’occupe un danger moral, psychologique ou spirituel autant que physique. De plus, il doit être convenablement rémunéré, c’est-à-dire qu’il doit permettre à celui qui l’occupe de vivre normalement avec sa famille, selon son état. Si cela ne conduit à aucune course à l’échalote, cela suppose aussi que la famille ne doit pas être condamnée, pour vivre normalement, à suppléer le manque de rémunération par un crédit à la consommation. Mais être convenablement rémunéré ne signifie pas non plus que tout le monde soit en droit d’exiger de son employeur une rémunération qui lui permette de satisfaire tous les désirs artificiels entretenus et développés par une publicité agressive qui ne peut conduire qu’au surendettement.

    Troisième priorité : l’accès à une « alimentation adéquate » et à l’« eau potable ». Là encore, le pape fait clairement référence à son encyclique Laudato Si’. Sans entrer dans le détail, il convient de remarquer qu’une « alimentation adéquate » est celle qui correspond aux besoins physiologiques de chacun et qui varie donc en fonction de l’âge de la personne, de la nature de ses activités et du climat de son pays (de la saison). Si une « alimentation adéquate » sous-entend une certaine diversité, elle ne signifie pas que certains peuvent s’arroger le droit de manger de tout en toute saison, en faisant venir à grands frais (et en gaspillant de l’énergie fossile) des produits qui pourraient manquer à ceux qui les produisent ou les conduire à produire des produits inutiles ou nocifs – pavot par exemple – destinés à l’exportation en lieu et place de cultures vivrières indispensables à l’échelon local.

    Dans son discours à la tribune des Nations Unies, le pape n’a pas développé ces analyses qui, d’ailleurs, n’épuisent pas le sujet. Il s’est contenté de rappeler « le minimum absolu » auquel chacun doit avoir accès pour exercer sa dignité, « comme pour fonder et entretenir une famille qui est la base de tout développement social. Ce minimum absolu a, sur le plan matériel, trois noms : toit, travail et terre ; et un nom sur le plan spirituel : la liberté de penser, qui comprend la liberté religieuse, le droit à l’éducation et tous les autres droits civiques ». Il a donc mis chacun en garde contre toute « mauvaise gestion irresponsable de l’économie mondiale, guidée seulement par l’ambition du profit et du pouvoir ».   

     

  • Remise des képis blancs de la Légion à Béziers : L'allocution de Robert Ménard est à lire ...

     

    Un très beau symbole, la Légion avait choisi Béziers pour une remise de képis blancs, le 30 septembre dernier.

    Le lieutenant-colonel Nicolas Dufour avait en effet choisi Béziers pour cette cérémonie de remise des képis blancs aux légionnaires de la compagnie d'engagés volontaires du 4ème régiment étranger.

    A cette occasion, Robert Ménard, maire de Béziers, a prononcé, en honneur de la Légion étrangère, l'allocution qui suit.

    « Bonjour à tous,

    Je suis très heureux de partager avec vous ce moment exceptionnel pour vous tous, qui coiffez désormais ce képi blanc chargé de tant de symboles !

    Oui, c'est un jour où votre vie bascule. Avec ce képi blanc, ce képi tant acclamé par les foules, ce képi que vous avez su mériter, vous entrez dans un corps légendaire. Et je n'oublie pas qu'on n'entre pas comme ça dans la Légion. À rebours d'une société où certains voudraient que tout se vaut, ici, seuls les meilleurs sont récompensés. La sélection est rude, un candidat sur huit seulement est reçu dans cette élite militaire, dans cette élite de l’armée.

    Et ce n'est pas un hasard, car depuis bientôt deux siècles, la Légion étrangère écrit une histoire faite de sueur, de sang et d'honneur ! À travers ses exploits, à travers la bravoure absolue de ses hommes, la France est honorée... et redoutée partout dans le monde. Par vos sacrifices, le Drapeau flotte haut et fort dans le ciel de nos combats. Les ennemis qui doivent affronter la Légion savent que le prix à payer sera lourd, extrêmement lourd.

    Mais, loin des champs de bataille, la Légion remplit une autre mission pas moins glorieuse : elle est l'un des derniers lieux où l'on fabrique encore des Français ! De vrais Français.

    En effet, à l'heure où le verbe fatigué des politiciens ne sait plus dissimuler leur échec, chez vous, l'intégration se porte à merveille ! Sous l'uniforme légionnaire, Français de souche et Français de cœur se retrouvent unis comme les doigts de la main pour défendre nos couleurs.

    Dans votre institution, pas de débat, pas de causeries sans issue sur la Nation. Vous l'aimez, un point c'est tout. Vous la défendez, jusqu'au bout de vous-mêmes. Sans broncher, même face au vent contraire. L'auteur du Mémorial de Sainte Hélène, Las Cases, pourtant espagnol d'origine, disait se sentir « fanatiquement français ». Vous comprenez, vous partagez – je le sais - ce sentiment.

    Par le sang versé, les nombreux étrangers qui composent vos troupes peuvent devenir pleinement Français au regard de la loi. On est loin des bouts de papiers qui rendent automatiquement français certains de nos pires ennemis ! Vous, la France coule dans vos veines, la France brille dans vos regards.

    Nouveaux légionnaires, j'espère que vous en avez conscience, vous êtes les soldats de l'immuable, les soldats de la tradition. Véritable baromètre de l'histoire du monde, votre grande famille accueille parfois des réprouvés. »   

    Transmis par Marc Rousset

    www.marcrousset.over-blog.com

  • Idées reçues et sens commun

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Les récentes statistiques de lInsee sur les migrations ont tout de suite été exploitées par une certaine presse soucieuse de dénoncer le « fantasme dune subversion migratoire » véhiculé par les tenants du « Grand Remplacement ». Les titres sont éloquents : « LInsee bouscule les idées reçues sur limmigration » (Le Monde), « Les immigrés quittent de plus en plus la France » (Libération), etc. On veut donc maintenant nous convaincre, graphiques à lappui, que limmigration nest au fond quun phénomène marginal et en régression. M. Hollande déclare ainsi que « ceux qui prétendent que nous serions envahis sont des manipulateurs, des falsificateurs, qui le font pour des raisons purement politiques, pour faire peur » : il parle, en loccurrence à juste titre, des vingt-quatre mille Syriens mais il sait bien, en bon politicien madré, que ses propos auront une portée plus large.

     

    Or, les statistiques de lInsee ne prennent pas en compte lintégralité du phénomène migratoire en France. On ne peut faire abstraction de ces dizaines (ces centaines ?) de milliers de clandestins qui entrent et restent en France avec la bénédiction conjointe des églises, du patronat et de la gauche. On doit aussi intégrer le fait que limmigration a changé de nature il y a une quarantaine dannées. Cest en effet en 1976 que le regroupement familial fut rendu légal (chef de lEtat : M. Giscard dEstaing, Premier ministre M. Chirac), lequel regroupement familial, conjugué au droit du sol, a transformé une immigration post-coloniale jusque-là quantitativement raisonnable, et par là comparable à celles qui lavaient précédée, en une déferlante. Les clandestins et les conséquences démographiques du regroupement familial, ce nest pas une « idée reçue », cest la réalité.

     

    Le même Insee avait dailleurs déjà publié des statistiques concernant « les descendants dimmigrés ». On sen doutait  : ceux-ci seraient « plus nombreux que les immigrés » et rencontreraient des « difficultés sur les chemins de lintégration » pour des raisons sociales et « des particularités reliées aux origines ». On comprend bien que cette analyse concerne surtout une certaine immigration, la plus importante dailleursLe vrai problème est que, même minoritaires, beaucoup de ceux que la France a accueillis en en faisant des compatriotes sont des sortes de « malgré eux » qui refusent toute forme dassimilation ou dintégration, le plus souvent pour des raisons religieuses. Du coup les voilà plus proches dimmigrés aux mêmes origines, formant de fait avec eux un peuple à part. Ce communautarisme auto-stigmatisant a pour conséquence au mieux une insupportable arabo-africanisation de trop de nos villes et quartiers, au pis une empathie latente avec les dérives terroristes que lon connaît. Cela, ce nest pas une « idée reçue », cest la réalité.

     

    Si lattachement aux origines est légitime, il est vite insupportable quand il revêt une forme ostentatoire, vite hostile. M. Gaudin a su dire à une certaine époque : « ça ne nous plaît pas ». Aucune « idée reçue » là-dedans, mais plutôt ce que lon appelle le « sens commun »

     

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