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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1487

  • Libye, Syrie, Ukraine : le Waterloo de la diplomatie française

    La bataille de Waterloo, 18 juin 1815 - Clément-Auguste Andrieux

     

    L'analyse de Jean-Michel Quatrepoint

    Alors que Nicolas Sarkozy vient de rendre visite à Vladimir Poutine, Jean-Michel Quatrepoint compare, pour Le Figaro deux diplomaties, la française et la russe. Il déplore l'absence de vision de la France sur le dossier syrien. Son analyse, comme toujours parfaitement renseignée, éclaire et corrobore la position qui est la nôtre sur ces sujets, en effet compliqués, comme l'est l'Orient, mais où les intérêts de la France ne sont plus défendus. LFAR. 

     

    PHO1159e20e-cc52-11e3-a4f2-b373f3cdeec9-150x100.jpgNicolas Sarkozy a rendu visite à Vladimir Poutine dans sa datcha proche de Moscou, jeudi 29 octobre, et a prôné le dialogue entre la France et la Russie. Ce virage de celui qui a fait rentrer la France dans le commandement intégré de l'OTAN en 2007 vous surprend-elle ? 

    L'ancien président de la République devrait commencer par reconnaître ses deux erreurs. La première est la guerre de Libye : il est responsable de sa déstabilisation. Deuxièmement, c'est sous son quinquennat que son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, et le Quai d'Orsay, ont tout fait pour faire partir Bachar el-Assad. Par la suite, François Hollande, Laurent Fabius et le Quai ont aggravé cet échec diplomatique. Ceci dit, Nicolas Sarkozy peut se féliciter de ses relations anciennes avec Vladimir Poutine. Lors de la crise géorgienne, il avait su maintenir le contact avec celui qui était alors Premier ministre, n'hésitant pas, déjà, à se rendre à Moscou. 

    Comment qualifier l'attitude de la France en Syrie ? 

    C'est le Waterloo de la diplomatie française. Nous avons été exclus des dernières négociations. Les autres puissances se moquent de la voix de la France. Nous disposons, au même titre que l'Union européenne, l'Allemagne et l'Italie, d'un strapontin à la conférence de Vienne sur la Syrie ce vendredi. Les vrais décideurs sont en réalité la Russie et les Etats-Unis. Avec la réinsertion de cet Iran que la diplomatie française a tant ostracisé. Car le problème est bien plus complexe que la désignation des bons et des méchants. Si Assad est un dirigeant peu fréquentable, il est loin d'être le seul… 

    D'autres pays avec lesquels la France entretient d'excellentes relations sont également dirigés par des « infréquentables ». Dans cet Orient compliqué, prendre parti unilatéralement avec des idées simplistes comme nous l'avons fait était une erreur. Toute la diplomatie française s'est retrouvée en porte-à-faux ; sa tradition était de parler avec tout le monde et d'être un entre-deux, un médiateur qui facilite la résolution des problèmes de façon équitable. Là, nous avons choisi le camp le plus extrême qui soit puisque nous avons choisi comme alliés l'Arabie saoudite et le Qatar. On a adopté sans nuances la cause qatarie et saoudienne contre l'Iran et la Syrie. Aujourd'hui, l'Arabie saoudite, réaliste, s'asseoit à la même table que les Iraniens et discute avec les gens de Bachar. Nous sommes les dindons de cette farce tragique. 

    Quel bilan dresser de l'action diplomatique de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères ? 

    Laurent Fabius a tout fait pour faire échouer les négociations sur le nucléaire iranien. Il a une part de responsabilité dans la crise ukrainienne. Il n'a pas veillé à ce que l'accord signé à Maïdan entre les Russes et les Ukrainiens soit respecté. On peut critiquer Fabius, mais la responsabilité incombe largement au Quai d'Orsay. La diplomatie gaullo-mitterandienne a connu son chant du cygne, en 2003, avec Dominique de Villepin. Beaucoup des diplomates du Quai, largement imprégnés par le courant néo-conservateur américain, n'ont pas apprécié le discours du Premier ministre à l'ONU sur la guerre d'Irak. En ce moment, ceux qui sont à la manœuvre sont les néo-conservateurs, qui ont dépassé leurs modèles américains! À vouloir imiter et servir les Américains et les Saoudiens, ils ne se font jamais respecter. 

    Il est par ailleurs absurde de privilégier une relation avec un pays aussi petit sur le plan démographique et culturel que le Qatar, au détriment d'un pays de 80 millions d'habitants tel que l'Iran. Le développement économique de l'Iran comparé à celui du Qatar est sans commune mesure. 

    Il se murmure que Laurent Fabius pourrait être nommé président du Conseil constitutionnel. Ségolène Royal est pressentie pour le remplacer. Ce choix paraît-il approprié ? 

    Mais il y a aujourd'hui un autre candidat pour le Conseil constitutionnel, Lionel Jospin. Et des négociations sont en cours en ce moment entre François Hollande et Jean-Louis Debré. Ségolène Royal était à Moscou en même temps que Nicolas Sarkozy, même si elle n'a pas été reçue par Vladimir Poutine à qui elle portait une invitation pour la Cop21… 

    En réalité, le problème n'est pas le ministre des Affaires étrangères, mais l'administration qui le soutient et le président de la République. C'est ce dernier qui donne l'impulsion diplomatique. Il a choisi de nommer un ambassadeur à Moscou qui, bien que membre de la promotion Voltaire à l'ENA, n'est ni russophone ni russophile. 

    La politique étrangère française se réduit-elle aujourd'hui à la diplomatie du climat ? 

    On a abandonné la diplomatie des droits de l'Homme puisque on a bien vu que tous les pays auxquels nous avons tenté d'apporter la démocratie ont été ravagés (Libye, Syrie…). Et qu'en Egypte, le maréchal Sissi a sauvé le pays des Frères musulmans en faisant peu de cas des droits de l'homme. Il a tout simplement appliqué le principe : pas de liberté pour les ennemis de la liberté. On a l'impression qu'après les droits de l'homme on s'est rabattu sur la diplomatie du développement durable. Il s'agit certes d'un enjeu important, mais on ne saurait limiter notre diplomatie à ce seul aspect des choses. Quant à la politique énergétique, on ferait mieux de valoriser ce qui reste un de nos points forts : le nucléaire. Et de relancer les recherches sur les futures générations de centrales. 

    Quelle est la stratégie de la Russie en Syrie ? 

    La diplomatie russe emmenée par Sergueï Lavrov est réelle, réaliste et réfléchie. Après la crise ukrainienne qui les a mis en difficulté, les Russes ont réussi à se repositionner avec habileté sur la Syrie. 

    À la fin du printemps, les Russes se sont rendu compte que l'armée d'Assad était exsangue. Des 300 000 soldats du départ, il n'en restait plus que 150 000. Cette armée a été minée par les désertions des sunnites, passés dans les rangs de Daech, al Nosra ou de l'Armée syrienne libre, et les morts. Les 250 000 morts dont on nous parle sont dans tous les camps : l'armée régulière, les groupes djihadistes et les civils. Le flux migratoire que l'on connaît en Europe s'est accéléré à partir de juin 2015. Une partie des Syriens favorable au régime craignant alors que Bachar el-Assad soit défait, a choisi de s'exiler. 

    Les Russes ont choisi de ne pas lâcher Assad pour plusieurs raisons. Dans les rangs de Daech, il y a 5 000 Tchétchènes, peuple musulman qui vit au Sud-Ouest de la Russie aux tendances séparatistes et islamistes. Si l'État islamique installe son califat, il y un risque majeur de déstabilisation de tout le Caucase. Ensuite, les Russes perdraient la base navale de Tartous qui leur est essentielle pour assurer leur présence en Méditerranée. Tout comme il était vital pour eux d'avoir une large ouverture sur la mer Noire. L'annexion de la Crimée visait d'abord à récupérer la base navale de Sébastopol. 

    Mais Moscou venait de resigner une concession de trente ans avec l'Ukraine pour sa base navale… 

    Oui, mais les Russes n'avaient plus confiance. L'évolution en Ukraine, le jeu trouble des États-Unis et de certains États européens leur ont donné à penser que cet accord pouvait être rompu du jour au lendemain. Ils ont donc préféré se servir avant d'être éventuellement mis à la porte. Par cet accès à la mer Noire, les Russes conservent une ouverture sur la mer Méditerranée. Il y a également une explication religieuse au soutien affiché à Assad. Bachar et son père ont protégé les minorités religieuses chrétiennes, orthodoxes, comme Saddam Hussein en Irak. Hussein, qui était sunnite - une minorité sunnite dirigeait d'une main de fer l'Irak, à majorité chiite - a préservé le million de chrétiens irakiens. Son ministre des Affaires étrangères, Tarek Aziz était précisément un chrétien. A contrario en Syrie, une minorité alaouite, variante du chiisme, gouverne, avec l'appui des chrétiens (5% de la population), une majorité de sunnites. Mais les Assad, comme Sadam Hussein, venaient du parti Baas, où les influences socialistes et les liens avec l'URSS étaient importants. La Russie de Poutine ne veut pas être exclue d'un Proche-Orient où l'URSS avait des alliés, au premier rang desquels la Syrie. 

    Comment les Russes ont-ils procédé ? 

    La prise de Palmyre par Daech en mai a accéléré le cours des choses ; même si cette prise est d'une importance stratégique secondaire, le poids symbolique s'est lourdement fait sentir. Le mouvement diplomatique opéré par le Kremlin a consisté à traiter avec les Saoudiens, avec le discret appui de Washington, et à les amener à rediscuter avec le régime syrien. Le 18 juin dernier, Poutine a reçu à Moscou le prince Mohammed ben Salmane, ministre de la Défense et vice-Premier ministre saoudien. Ils se sont mis d'accord sur une reprise du dialogue avec la Syrie. Les Saoudiens ont posé comme condition que la rencontre avec les Syriens se déroule à Riyad. Ces derniers ont accepté et envoyé leur numéro deux, le patron des services de renseignement, Ali Mamlouk, pour rencontrer Ben Salmane à Riyad. Chacun a vidé son sac. Les Syriens ont reproché aux Saoudiens de ne plus privilégier un comportement collectif — comme au temps où Egypte, Syrie et Arabie saoudite étaient les meneurs de la diplomatie du monde arabe -, d'armer leurs opposants et de briser ce lien qui les unissait en leur préférant les Qataris. Les Saoudiens, de leur côté, ont reproché aux Syriens leur proximité avec le régime iranien. Mais ils s'étaient reparlés ce qui était l'essentiel. 

    Les Russes ont ensuite préparé conjointement une habile stratégie diplomatique, pour se garantir un maximum d'alliés, et une offensive militaire dans la région. Leur but était de dégager l'étau qui enserrait Assad. Par conséquent, ils ont frappé d'abord ceux qui étaient directement à son contact, en l'espèce al Qaïda et al Nosra, et non Daech. Il est logique qu'ils aient frappé en premier lieu ceux qui menaçaient directement le régime syrien. Puis dans un deuxième temps, ils se sont plus largement attaqués à Daech. 

    Les Russes ont-ils une solution de rechange s'ils ne parviennent pas à maintenir Assad au pouvoir ? 

    Effectivement, leur idée initiale est de former un bloc uni - États-Unis, Turquie, Arabie saoudite, régime syrien, Iran - contre Daech. À l'évidence, ils ont expliqué à Assad, lors de sa récente visite à Moscou, qu'à terme il devrait quitter le pouvoir, si c'était la condition d'un accord politique, du maintien de l'intégrité du pays et d'un front uni contre Daech. Mais si ce plan A échoue, leur plan B consiste en une création d'un réduit alaouite sur la bordure méditerranéenne, autour de Lattaquié et Tartous, dont ils protègeraient les frontières contre l'EI. Les Russes soutiendraient le réduit alaouite comme les Américains ont soutenu Israël. 

    Ce qu'il faut souligner c'est que les Russes, bien que touchés par la crise économique, sont encore capables de déployer une stratégie diplomatique de grande ampleur. La Russie compte peu économiquement, c'est l'échec de Poutine ; il n'a pas réussi à reconvertir une économie de rente pétrolière et minière en une économie moderne. Mais diplomatiquement, elle a complètement repris pied sur le champ diplomatique depuis la fin de l'URSS.  •

    Jean-Michel Quatrepoint est journaliste économiste. Il a travaillé entre autres au Monde, à La Tribune et au Nouvel Economiste. Il a écrit de nombreux ouvrages, dont La crise globale en 2008 qui annonçait la crise financière à venir.

    Dans son livre, Le Choc des empires .Etats-Unis, Chine, Allemagne: qui dominera l'économie-monde ? (Le Débat, Gallimard, 2014), il analyse la guerre économique que se livrent les trois grands empires qui règnent en maîtres sur la mondialisation.  

    Entretien réalisé par Eléonore de Vulpillières et Alexandre Devecchio

  • Il s'en dit des choses au Parlement Européen ... dont on se gardera bien de parler !

     

    Mercredi 7 octobre 2015, le Parlement Européen accueillait François Hollande et Angela Merkel.

    Martin Schulz donne la parole à Nigel Farage, chef du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP).

     

    Sans préambule, avec une élégance toute britannique et beaucoup de conviction, il va mettre les points sur les « i » sur la situation de l'Union Européenne « totalement dominée par l'Allemagne », selon lui, et sur l’invasion des pays européens par des « migrants » de tout poil !

     

    Cette intervention au parlement européen n’a pas été répercutée par nos médias …

     

    Pourtant, les propos de Nigel Farage étaient aussi radicaux, sinon plus, que ceux de Marine Le Pen et il nous ont semblé beaucoup plus brillants ! Fallait-il occulter que le FN est loin d'être le seul à défendre de telles positions ? Et qu'il n'y a pas qu'en France qu'elles ont cours ? Alors, propos plus dérangeants encore que ceux tenus par la présidente du FN ?

     

    Sans doute. A preuve la tête d'Angela Merckel et celle, constipée, de notre Président …  •  

     

    Transmis par Marc Rousset que nous remercions.

    www.marcrousset.over-blog.com

     

  • Commission européenne et milieux d’affaire : les liens troubles décryptés

     

    par Ludovic Greiling             

    L’évolution des membres de l’ancienne Commission Barroso, qui a laissé sa place il y a un an à la Commission Juncker, montre l’ampleur des liens troubles qui existent entre ceux qui établissent les lois européennes et les instituts d’affaires.

    Ainsi, depuis son départ, l’ex commissaire dédié à la concurrence Nelly Kroes a rejoint Bank of America-Merrill Lynch (la banque américaine qui avait notamment préparé en secret le rachat d’Alstom par General Electric cette année, opération qui avait été approuvée par la Commission).

    L’ancienne commissaire à l’éducation, puis à la culture et enfin à la justice, Viviane Reding, est devenue entre autres membre du conseil d’administration de l’entreprise d’imagerie Agfa Gevaert et de la très puissante fondation mondialiste Bertelsmann.

    (voir le livre de Pierre Hillard sur cette institution http://www.amazon.fr/fondation-Bertelsmann-gouvernance-mondiale/dp/2755403357/ref=asap_bc?ie=UTF8)

    Les étranges postes de Barroso

    Le commissaire Karel de Gucht, qui a lancé discrètement les négociations avec les Etats-Unis pour l’établissement d’un marché transatlantique, a rejoint le conseil d’administration de deux entreprises d’investissement (CVC capital partners et Merit Capital NV) ainsi que celui du géant téléphonique Proximus (ex Belgacom).

    Et l’ancien président de l’exécutif européen José Manuel Barroso, en poste pendant dix ans ? Il a pris pas moins de 22 nouvelles fonctions, dont celles de professeur invité dans un nombre impressionnant d’universités américaines ou d’organisateur des futures réunions du groupe de Bilderberg.

    Il a également pris la présidence de l’Opéra de Madrid ou celle de la fondation des Beaux-Arts de Bruxelles, et il est devenu président de la fondation de l’UEFA pour l’enfance.

    Le monde du football professionnel n’a décidément pas cessé de nous étonner…

    « Les liens étroits entre les commissaires européens et les corporations qu’ils régulent ouvrent grandes les portes à un accaparement par les entreprises et à des conflits d’intérêts », commente Vicky Cann, présidente de Corporate observatory Europe, une association basée à Bruxelles à l’origine de l’étude sur le devenir des anciens commissaires.

    La liste exhaustive et l’évolution des anciens membres de la Commission est disponible ici (en anglais) :

    https://docs.google.com/spreadsheets/d/1unSfaPomgZLlVSumeTv2xxq7eL4QvdwYYy08ng-cPoU/edit#gid=0

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • LITTERATURE & SOCIETE • Princesse de Clèves, Modiano : qui a peur des écrivains ?

     

    Sébastien Lapaque, dans sa dernière tribune du Figaro pointe l'inculture des hommes politiques qui ne prennent plus le temps de lire. Négligence condamnable autant pour les dirigeants de droite que de gauche.

    Les lecteurs de Lafautearousseau savent bien que nous sommes attentifs aux écrits de Sébastien Lapaque, tant pour des raisons déjà anciennes qui nous relient à sa réflexion et nous donnent le sentiment de lui être proches, que pour son souci de fond - et patriotique - touchant au statut dégradé de la culture, de la littérature, des livres eux-mêmes, et à leur marchandisation, dans notre France contemporaine, notre chère et vieille nation, jadis littéraire. Par là, Lapaque rejoint, pour ce qui est de notre aujourd'hui, l'une des obsessions d'Alain Finkielkraut, mais de quelques autres aussi, et, si nous remontons bien plus loin, aux environs de l'année 1900, l'une des thèses les plus prophétiques de Charles Maurras, développée avec minutie dans son Avenir de l'Intelligence. Au fond, le statut aujourd'hui dégradé, lui aussi, des politiques n'est-il pas, au moins pour partie, fonction de l'aggravation de leur inculture ? Et cette dialectique néfaste produit notre abaissement collectif, ce qui est plus grave. En quoi nous rejoignons parfaitement Sébastien Lapaque.  Lafautearousseau     

     

    Sébastien_Lapaque.jpgQuoi qu'on en dise, ce fut une affaire assez stupéfiante. Il est regrettable que certains l'aient si vite oubliée et pardonnée. Le 26 octobre 2014, après l'annonce, par les jurés suédois du prix Nobel de littérature, de leur choix d'honorer Patrick Modiano, Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication, s'est révélée incapable de citer le titre de l'un de ses romans. Quels titres pourtant ! La Place de l'Etoile, Rue des Boutiques obscures, Dans le café de la jeunesse perdue… A ceux qui l'interrogeaient, la ministre expliqua qu'elle n'avait plus le temps de lire depuis deux ans. Une façon de sous-entendre qu'une fonction sérieuse ne s'accordait pas à des futilités telles que la littérature. Elle avait visiblement oublié Charles de Gaulle lisant Lord Jim de Conrad lors d'un voyage en avion et François Mitterrand savourant Chasses subtiles de Jünger avant ses réunions à l'Elysée.  

    Ce qui est effrayant, c'est que dix-sept jours séparaient les aveux de la ministre de la Culture de l'annonce des jurés suédois. Deux semaines n'avaient donc pas suffi à l'exquise Fleur Pellerin pour envoyer l'un de ses collaborateurs à la librairie Delamain (155, rue Saint Honoré à Paris, en face de son ministère), acheter les éditions de poche de Dora Bruder (144 pages), de Voyage de noces (157 pages) ou de Vestiaire de l'enfance (150 pages) afin de les lire de toute urgence et de découvrir un écrivain dont la reconnaissance internationale honore la France — et surtout perpétue l'idée que le monde continue de se faire de la France : une nation littéraire. Cette technicienne, si prompte à parler d'« offres » et de « contenus », n'avait même pas songé à demander à son chauffeur de glisser un disque dans le lecteur de sa Citröen C6 blindée afin d'entrer dans l'univers soyeux de Patrick Modiano par l'intermédiaire d'un livre-audio tandis qu'elle se rendait à l'aéroport dans une ambiance paisible et climatisée. La preuve que la littérature n'a plus la moindre valeur aux yeux de cette femme bardée de diplômes. Ni d'usage, ni d'échange. 

    Dans La Haine de la littérature (Editions de Minuit, 220 p., 19 €), un livre remarquable de savoir, de précision et d'intelligence, William Marx montre à quelles hauteurs s'est élevée cette passion destructrice au cours de l'histoire. Il faut découvrir la réflexion vagabonde de cet ancien élève de l'Ecole normale supérieure, professeur de littératures comparées à Nanterre. Son livre est féroce et souvent très drôle. Sa lecture achevée, une question se pose cependant. Pourquoi l'érudit subtil, doué pour le commerce des classiques, a-t-il cherché une illustration à sa thèse dans « l'affaire de la Princesse de Clèves », longuement commentée, et non pas dans « l'affaire Modiano », si fraîche, si éloquente, mais évoquée de manière allusive et renvoyée en note ? Pourquoi reproche-t-il à la ministre qui ne lit pas Patrick Modiano sa « maladresse », quand il accuse le président qui s'est moqué de Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette, d'être « populiste » ? 

    Une asymétrie nous chagrine dans cette perspective. On peut bien penser que trop d'années furent arrachées du milieu de notre vie par un César inculte venu de la droite. On l'a partout répété ; on s'en est lamenté. Ce qui est étonnant, c'est d'observer, aujourd'hui, qu'aucun des champions de La Princesse de Clèves, gardiens de l'honneur des belles lettres et du statut littéraire de la chère et vieille nation, ne se scandalise de la voir présentement tombée sous le joug d'un César inculte venu de la gauche, qui confesse ne jamais lire de romans et affiche peu de goût pour le théâtre. Une inculture serait-elle à ce point préférable à une autre ? 

    Les écrivains ne font pas peur qu'aux seuls bourgeois des beaux quartiers. La haine de la littérature dont William Marx propose une typologie convaincante — c'est au nom que l'autorité, de la vérité, de la moralité et de la société qu'on a de tout temps pourchassé les doctes, les lettrés, les poètes — n'a pas établi ses campements sur la seule Rive droite. Il est un anti-littérature et un anti-intellectualisme de gauche au moins aussi détestables que l'anti-littérature et l'anti-intellectualisme de droite. 

    Quand ceux-ci consistent à dire : « Nous possédons probablement dans nos bibliothèques de quoi discuter pour les siècles à venir. C'est pourquoi j'aimerais vous dire: assez pensé, assez tergiversé, retroussons tout simplement nos manches » (comme l'expliqua Christine Lagarde, Ministre de l'Economie et des Finances en 2007), ceux-là reviennent à écrire : «Ne dites plus : Monsieur le Professeur, dites : crève salope ! », (comme le firent quelques agités du Quartier latin en 1968). 

    Lorsqu'on aime les livres, l'encre, le papier, le savoir, la pensée, les poètes mélancoliques et les romanciers aventureux, il n'y a aucune raison d'être plus indulgent à l'égard des uns que des autres. Dans l'instant, la haine des livres est de toutes parts, l'inutilité de la littérature dénoncée sur les deux rives de la Seine, l'opulente et la bohème. D'accord avec William Marx pour penser que l'indifférence, l'ironie et la moquerie à l'égard des écrivains de grand style est une tache de sang intellectuelle que « toute l'eau de la mer ne suffirait pas à laver » (pour reprendre une image frappante de Lautréamont), nous nous permettons d'ajouter, afin que nulle méprise ne subsiste : sur la gauche comme sur la droite du visage. 

    Sébastien Lapaque            

  • BD & SOCIETE • Y’a bon Astérix ! Nos ancêtres les racistes

     

    Un commentaire de Jean-Paul Brighelli  en tous points remarquable par son humour et par sa pertinence

    Disons le tout net : nous avons un sujet de désaccord avec Jean-Paul Brighelli. Essentiellement, c'est sur son attachement en quelque sorte intégral aux Lumières que nous divergeons. Nous croyons plutôt comme Houellebecq que les Lumières sont aujourd'hui éteintes ou en voie de l'être et qu'il convient de sauver d'elles seulement ce qui peut l'être. C'est à dire, pour être très brefs, ce qui ressort encore dans les Lumières - souvent avec éclat - de l'ordre, du goût et de la tradition française à l'exclusion de ce qui y inaugure la déconstruction. de cet ordre et de cette tradition. A cette divergence près qu'il est sans doute honnête de signaler, nous partageons le plus souvent les analyses de Jean-Paul Brighelli. En l'occurrence, sa satire de l'antiracisme nous paraît en tous points justifiée et rondement menée ! Lafautearousseau    

     

    985859-1169345.jpgNous avons donc appris cette semaine, grâce à l’Express qui a relayé des critiques éparses dans le Camp du Bien, que le dernier Astérix était raciste.

    Et que d’ailleurs tous les Astérix étaient racistes. Le grand philosophe Liliam Thuram (né en 1972 après J.C.) explique dans une vidéo qu’enfant, il s’identifiait à Astérix, et ne parvenait pas à se voir en noir — c’est le principe du héros, hé, banane ! Surtout les Noirs d’Astérix : dans le dernier opus, qui est un pur « à la manière d’Uderzo », ils ont encore de grosses lèvres et un nez épaté. Et les « scribes numides », les auteurs précisent en Note qu’on les appelle aujourd’hui « nègres littéraires ».

    « Ghostwriters », en anglais. Rappelez-vous ce roman de Philip Roth, la Tache, où le héros, prof de fac, se fait virer de son université pour avoir traité de « spooks » — zombies, mais aussi « nègres » en argot — deux étudiants-fantômes, jamais vus en cours — mais qui se trouvent être noirs, ce qu’il ignorait. Insensibilité, protestations de la NAACP, il est viré, détruit — alors qu’il est lui-même d’origine noire ; c’est le final twist du roman. Finkielkraut en a fait une très belle analyse dans Un cœur intelligent (2009). Roth, qui sait un peu ce qu’est le racisme, a écrit là son plus beau livre.

    Retour à Astérix. Le Noi’ vigie du bateau pi’ate ne p’ononce pas les R, et de su’c’oît il avoue dans ce de’nier opus qu’il ne sait pas lir’e — pas grand monde savait lire au Ier siècle av. J.C.. Cela émeut les antiracistes proclamés, les mêmes qui exigent, comme Louis-Georges Tin, qui a fait de la revendication antiraciste son fonds de commerce, que Tintin au Congo comporte en Europe comme aux Etats-Unis un insert expliquant qu’il s’agit d’une (vilaine) vision coloniale.

    Il est vrai que Tintin au Congo envoyait la dose, surtout dans la première édition — ce qui amène les blogueurs de l’Obs à se demander s’il ne faudrait pas tout bonnement l’interdire. Et les corrections de l’édition couleur sont touchantes, mais tout aussi révélatrices de la pensée coloniale.

    Tout comme les corrections de Tintin au pays de l’or noir, où Hergé a transformé les stéréotypes du racisme anti-juif en stérétotypes du racisme anti-musulman (en vingt ans, entre la première et la seconde édition, les Arabes ont désappris à lire — un comble !). Et alors ? Tout cela, c’est l’histoire des idées. Bombarder les livres d’avertissements en tous genres ne pourrait que contribuer à l’invention d’un racisme à l’envers, dont on ne voit que trop les manifestations immondes — j’en ai parlé ici même il y a quelques mois.

    Quant à savoir ce que vaut ce Papyrus de César, vous trouverez une analyse modérée et compétente ici — et un refus d’affubler un album de BD d’étiquettes qui sont autant de poncifs elles-mêmes, voire les manifestations d’un racisme à rebours. Le Corse que je suis ne s’est jamais offusqué des clichés véhiculés par Astérix en Corse, d’autant qu’ils étaient soulignés comme clichés. Le Corse paresseux, ce n’est jamais qu’un rappel du fait que d’après les Romains, maîtres du langage et de l’idéologie à l’époque, les Corses refusaient d’être esclaves et préféraient mourir que de servir un maître qu’ils ne s’étaient pas choisis. Il en est d’autres, dans d’autres civilisations, qui acceptaient le fait d’autant plus aisément qu’ils avaient été mis en esclavage par leurs frères de couleur ou de religion — but that’s another story. 

    Jean-Paul Brighelli (Causeur)

  • Théâtre • Paris : Avant-scène théâtral

     

    par Bruno Stéphane-Chambon

    Des spectacles rares, parfois confidentiels, peuvent devenir des succès de par leur qualité, et l’engouement qu’ils suscitent. Tout d’abord les représentations sont fréquentées par un « Happy Few» puis, pour le plaisir d’un public de plus en plus nombreux renaissent sur les lieux de leur création ou partent en tournée à la rencontre de nouveaux spectateurs.

    C’est ainsi que nous vous informons que Michael Lonsdale revient au Poche-Montparnasse toujours dans : Péguy/Lonsdale entre ciel et terre. Ce montage poétique, mis en scène par Pierre Fesquet, permet au grand acteur qu’est Michael Lonsdale, dans une recherche toute en intériorité, de nous livrer les extraits de l’œuvre ou de lettres écrites par le grand poète orléanais, juste avant son départ pour le front. Une poésie de la terre qui rejoint la poésie mystique, merveilleusement accompagnée à l’accordéon par Thierry Bretonnet qui sait tirer de cet instrument des sonorités rares et bouleversantes.

    Théâtre de Poche Montparnasse
    75, boulevard du Montparnasse Paris 6ème
    Tél : 01 45 44 50 21
    www.theatredepoche-montparnasse.com
    Tous les lundis à 19h du 2 novembre au 25 janvier 2016 !
    Places : 24 €

    Dans ce même théâtre, débute une nouvelle saison avec entre autres :

    Robert Le Diable
    Hommage à Robert Desnos, conçu par et interprété par Marion Bierry, avec Vincent Heden, Sandrine Molaro et Alexandre Bierry.
    Jusqu’au 18 janvier, les lundis à 20h30
    Places : 24 €

    Le Monte Plat d’Harold Pinter, Prix Nobel de littérature, mise en scène de Christophe Gand Avec Jacques Boudet et Maxime Lombard
    A partir du 10 novembre au 10 janvier, du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 17h30
    Deux tueurs à gages, attendent l’arrivée de leur prochaine victime.
    Place : 16 €

    Madame Bovary de Gustave Flaubert, Adaptation Paul Emond
    Mise en scène Sandrine MOLARO & Gilles-Vincent KAPPS
    Avec Gilles-Vincent Kapps, Félix Kysyl ou Paul Granier, Sandrine Molaro et David Talbot
    À partir du 12 novembre, du mardi au samedi à 19h, le dimanche 17h30
    L’épopée d’Emma Bovary interprétée et chantée par quatre comédiens.
    Place : 35 €

    L’autre de Florian Zeller
    Mise en scène de Thibault Ameline, avec Jeoffrey Bourdenet, Benjamin Jungers et Carolina Jurczak
    A partir du 1er décembre, du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h
    Oscar Wilde disait: « Etre un couple, c’est ne faire qu’un. Oui, mais lequel ? »
    Et si c’était l’autre ?


    DAMIEN LUCE

    DamienLuce

     

    Pianiste, compositeur, romancier, dramaturge, comédien, Damien Luce est un personnage protéiforme de grand talent. Au-delà de ses interprétations pianistiques de compositeurs méconnus, il joue aussi Schumann, Mozart ou Chopin. En tant que comédien, il a abordé les plus grands auteurs, Racine, Claudel, Marivaux, Anouilh, Jules Romains, Edward Albee…

    Son activité théâtrale est dense, on se souvient de sa version clownesque de Cyrano de Bergerac, mais il a aussi monté un spectacle raffiné et de goût consacré à Claude Debussy. Cette dernière pièce nous plonge dans l’intimité du compositeur avec un monologue inspiré par la correspondance de Debussy, entrecoupé de musique pour piano. Cette pièce a donné lieu au troisième livre de Damien Luce La Fille de Debussy, qui nous entraîne dans l’univers romantique d’une jeune fille pas comme les autres, qui fut la joie d’un compositeur de génie. (Editions Héloïse d’Ormesson).

    En compagnie de son frère Renan, il décide de monter un duo musical et en confie la mise en scène à Isabelle Nanty. Evocation et voyage dans le temps à la rencontre des voix des grands noms de la chanson française et des mélodies des comédies musicales américaines

    Mais voyage aussi car ce spectacle part en tournée sous le titre de Bobines.

    Avec leur chariot de Thespis, ils parcourront la Suisse, le Belgique dans les provinces du Brabant et de l’Hainaut, mais aussi les beaux départements des Alpes Maritimes, du Gard, de la Drôme, de la Loire, du Tarn et Garonne, de l’Orne, du Finistère, de la Meuse et de la Moselle, de l’Aisne, avec un passage dans le Nord, dans la Cité de la dentelle, Caudry.

    L’Ile de France est à l’honneur avec Sarcelles, Montgeron, Marly-le-Roi et Versailles.

    L’arrivée du grand Tour se déroulera au Café de la Danse à Paris.

    Tous les lieux et dates sont consultables sur le site de l’artiste : www.damienluce.com

     

    Lou Volt dans les doigts dans la prise

     

    LouVolt

     

    Les auteurs des sketchs : Xavier Thibault (Grand orchestre du Splendid) et Eric Toulis (Les Escrocs). Mise en scène d’Yves Carlevaris et Costumes de Françoise Sauvillé.

    Dans un tout autre genre, mais non le moindre, ce spectacle de cabaret, proche des récitals des chansonniers d’hier et d’aujourd’hui, contient tous les ingrédients de ce type de soirée bien parisienne et impertinente. Seule en scène, Lou Volt, qui s’est déjà produite en solo plus de trois cent fois à l’Olympia et au Casino de Paris, s’amuse à créer une émission en duplex depuis Las Vegas, qui lui permet d’être accompagné en virtuel par l’orchestre du Splendid à laquelle elle appartient depuis de nombreuses années en tant que chanteuse. Ce groupe français, créé en 1977 par Xavier Thibault, fils de l’acteur Jean-Marc Thibault, se veut être le successeur de Ray Ventura et ses collégiens. Il est connu pour avoir repris les succès de Duke Ellington, parodier avec humour de grands noms de la chanson française tels que Charles Trenet ou Joe Dassin ou encore reprendre les classiques des années 40 comme Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?

    On se souvient aussi de leurs créations endiablées dont la fameuse Salsa du Démon. Avec une trentaine de musiciens dont moult saxophonistes et trompettistes le groupe est toujours sur la route notamment avec la tournée « Âge tendre et tête de bois ».

    Lou Volt, durant ce récital, nous offre de nombreux sketchs et chansons satiriques, loufoques, coquines et parfois salées. Yves Carlevaris, metteur en scène chevronné, à la formation classique mais aussi, très impliqué dans le Music Hall et les spectacles de chansonniers, il fut aussi Directeur du Théâtre de Dix Heures, impose à l’actrice, un rythme soutenu, ponctué de ruptures drolatiques. L’actrice, dotée d’un réel talent et d’un métier qu’elle maîtrise à perfection, joue sans discontinuer dans un feu d’artifice électrique. Si les textes, paraissent un peu osés et sont émaillés d’expressions parfois graveleuses, il ne faut pas s’en offusquer, car ce répertoire, se révèle en filigrane, fortement moraliste et à contrecourant. Tout y passe : le ridicule de la famille recomposée, l’omniprésence de l’ex, la ringardise du porno et l’inanité des personnages politiques, avec en final une diatribe redoutable sur la télévision et l’information, sources d’abrutissement et de cécité face à la vie réelle. Un spectacle jubilatoire, insolent mais plein d’humour et d’énergie.

    Théâtre L’Archipel
    17 Boulevard de Strasbourg – Paris 10ème
    Tel : 01 73 54 79 79
    billetterie@larchipel.net
    Le jeudi, vendredi et samedi à 19h30 en Salle Bleue
    Places : 12 €/ 17 € / 22 €
    Jusqu’au 2 janvier 2016 

  • Art de vivre • Une bonne table en bord de mer, pourquoi pas ?

     

    par Anne Bernet 

     

    anne bernet.pngLa Citadelle, sur le quai du port de pêche, proche de la criée et du mouillage du Marité, dernier terre-neuvier français, a toujours fait partie des bonnes tables granvillaises. Elle est aujourd’hui la meilleure, l’atteste sa nouvelle carte où tradition et innovation, classicisme et audace se marient pour proposer des plats revisités par son jeune chef avec un incontestable brio.

    Parmi les entrées, variées, toutes intéressantes, il faut spécialement signaler le dos de bonite aux deux sésames et crevettes grises en vinaigrette d’épices (15 €) petit miracle d’équilibre des parfums, et une terrine de poisson et poivrons rouges marinés à la crème crue (12 €), qui renouvelle une recette souvent insipide.

    Très beau choix, bien sûr, de coquillages et crustacés d’une irréprochable qualité, dont le fameux homard de Chausey (12 € les 100 g, 104 € s’il accompagne le plateau de fruits de mer pour deux ) mais aussi admirable choix de poissons qui mérite à lui seul le détour. L’aile de raie façon meunière au velours de citron (19 €) est mémorable, le filet de dorade à la plancha et beurre blanc à l’orange (19 €) excellent. Les amateurs de poissons fins apprécieront les médaillons de lotte gratinés à l’aïoli ou le bar cuit à l’unilatérale en écailles de chorizo ibérique. (23€). Il serait toutefois dommage de dédaigner une magnifique choucroute de la mer sauce crémeuse ou un fish and chips revisité tout en légèreté.

    Si vous préférez la viande, la copieuse côte de bœuf sauce teriyaki (25 €), le tournedos de coche à la crème de roquette (16 €), le carré d’agneau rôti au miel et au jus de romarin (22 €), la côtelette de canard sauce framboise acidulée (19 €) satisferont les plus difficiles. Pour finir, après un beau plateau de fromages normands, vous vous laisserez tenter par des desserts aux parfums subtils : carpaccio d’ananas infusé au poivre timut (8 €), baba au rhum légèreté vanillée (8 €), nougat glacé aux fruits confits (8 €), mille feuilles aux fruits rouges de saison (9,90€).

    Le personnel est courtois, prompt à satisfaire le client, le décor agréable, l’accueil parfait, les assiettes copieuses. Si, en haute saison, le service, parfois, se révèle un peu lent, les mises en bouche offertes avec générosité aident à passer le temps. Honorable carte des vins avec entre autres un beau Gewurztraminer 2013. Menus à 21, 29, 35 et 70 €. 

    La Citadelle, 34 rue du Port 50400 Granville. Réservation recommandée au 02 44 10 11 31. Fermeture annuelle en janvier. 

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Famille de France • Le Duc de Vendôme invité par la National Monuments Foundation of Georgia

    Dîner au millenium Gate

     

    Le Site officiel du prince Jean de France a publié, le 19 octobre, une information sur la récente visite du Prince aux Etats-Unis et quelques unes des photographies parues dans les médias américains à l'occasion de cet événement. Lafautearousseau vous les présente à son tour. 

    Les 8,9,10 et 11 septembre dernier, le prince Jean était invité par la National Monuments Foundation of Georgia pour représenter la nation française aux commémorations du Traité d’Alliance Franco-Américain qui avait engagé, 240 ans plus tôt, la France aux cotés de l’Amérique dans le long processus vers l’indépendance.

    Plusieurs jours de festivités avec deux moments phares : une journée organisée à Savannah autour de la bataille de Savannah de 1779 et de la visite de Lafayette quelques années plus tard et une autre à Atlanta où le Prince recevait du Millenium Gate Museum le prix de la Justice au nom du rôle joué par la Famille de France dans l’indépendance américaine.

    Le Prince qui connaissait Atlanta a découvert Savannah et été très sensible à l’affection non feinte des géorgiens pour leurs « frères » français. 

     

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    Reconstruction de la bataille de Savannah de 1770. Arrivée des insurgés

     

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    Thomas House. Lafayette y a été reçu en 1825

     

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    Thomas House

     

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    Millenium Gate Cocktail. Le Duc de Vendôme avec le Consul Général de France

     

  • SOCIETE • Les nouveaux dogmes…

     

    Par Camille Pascal  

    Camille Pascal dit son point de vue dans Valeurs actuelles sur le sujet qu'on va découvrir et il nous paraît bon qu'il l'ait fait. Qui plus est en temps opportun. Il est un littéraire et un politique. Pas un de ces scientifiques auxquels, par accroc, il se réfère ici. Mais, après tout, le simple bon sens surclasse parfois les hypothèses de la science. Et, par ailleurs, Claude Allègre qui est, lui, un pur scientifique, ne nous semble pas penser autrement que Camille Pascal sur ce sujet controversé où, souvent, se déploie et s'impose un conformisme plutôt irritant. Parfois même suspect. Nous aurons tendance comme Camille Pascal à ne pas y succomber. LFAR   

    Gare à qui s’avise de remettre en cause le catastrophisme climatique. Témoin le tollé médiatique contre le livre de Philippe Verdier.

    Camille%20Pascal_22222222222222.pngLe dogme de l’Immaculée Conception, défini par le pape Pie IX en 1854, fut longtemps la cible de toutes les railleries anticléricales. Les catholiques ont cru et baissé la tête sous le regard ironique des libres-penseurs, mais, à ma connaissance, personne n’a été condamné ni même inquiété en France pour avoir contesté ce dogme tardif de l’Église catholique. Il semble qu’il n’en soit pas de même aujourd’hui pour ceux qui ont le malheur de remettre en cause la réalité, ou tout simplement la portée réelle, du réchauffement climatique.

    C’est ce qui vient d’arriver à un certain Philippe Verdier, présentateur météo de France 2, dont l’ouvrage intitulé Climat investigation a tenté de démontrer que, loin des prévisions apocalyptiques que l’on nous présente comme autant de vérités révélées, le réchauffement climatique pourrait avoir des effets relativement bénéfiques pour les sociétés occidentales. Que n’avait-il pas dit là à quelques semaines de la conférence de Paris qui doit, nous promet-on, annoncer d’immenses choses pour la sauvegarde de la planète ? En l’espace de quelques heures, ce livre, très anodin sur le fond, était dénoncé du haut de toutes les chaires médiatiques comme blasphématoire et sacrilège, l’auteur déclaré “climatosceptique” — entendez par là incroyant — et frappé immédiatement d’excommunication télévisuelle.

    Pour tenter de sauver son âme et son poste, le malheureux a expliqué qu’il n’avait pas remis en question le dogme sacro-saint mais simplement cherché à “relativiser” la portée du discours millénariste de ces nouveaux anachorètes qui prêchent la fin du monde depuis des palaces internationaux. Relativiser, là est le crime impardonnable car aucune religion, surtout lorsqu’elle est toute neuve, ne tolère le relativisme. Ainsi, en quelques décennies, une poignée de ces prédicateurs est parvenue à imposer une nouvelle religion vaguement teintée de spinozisme qui assimile Dieu à la nature. L’homme porte désormais un nouveau péché originel, et il doit pour cela expier dans la décroissance, la marche à pied et les patates “bio”.

    Un historien comme Emmanuel Le Roy Ladurie a pourtant démontré, archives à l’appui, qu’à l’échelle de l’histoire humaine le climat avait connu de fortes variations sans aucun lien avec l’activité des hommes. L’histoire géologique, quant à elle, est une succession de bouleversements climatiques bien antérieurs à l’apparition de l’espèce humaine… Enfin, pour abdiquer sa liberté de raisonnement face à un discours scientifique, il faudrait avoir perdu toute lucidité. Le Club de Rome nous annonçait déjà, il y a un demi-siècle, l’épuisement des ressources non renouvelables avant 2010. Ces éminents scientifiques avaient tout simplement oublié de prévoir la découverte de nouveaux champs pétrolifères et l’essor du gaz de schiste. Il est bien possible que le malheureux Philippe Verdier — on a les Galilée que l’on peut — vienne à résipiscence devant le tribunal de la nouvelle inquisition écologiste pour reconnaître que la Terre est menacée, mais nous serons toujours quelques-uns à penser : et pourtant, elle continue de tourner…   

     

    Camille Pascal

     

     

     

  • HUMOUR & SOCIETE • Quand Bouvard dégaine... Mortel !

     

    sans-titre.pngC'est la désolante saga d'un fromage d'abord appelé Hollande et fabriqué avec la crème des grandes écoles puis rebaptisé Président avant de se liquéfier peu à peu, en dépit de sa graisse personnelle, jusqu'à s'identifier au yaourt à 0%. 

    Le refus de prendre ses distances avec la crèmerie sous prétexte qu'un bail, récusé aujourd'hui par presque tous les signataires, lui assure encore deux ans et demi de pas-de porte, semble avoir fait définitivement tourner le bon lait de la tendresse électorale. 

    L'amour pour ma patrie étant plus fort que l'amour-propre, j'en arrive à regretter d'avoir, dès le début de l'année de disgrâce 2012 et en basculant déjà dans l'opposition, tout prévu des malheurs qui allaient fondre sur nous. 

    A savoir l'incompétence gouvernementale d'un cacique de province propulsé directement de la direction du département le plus endetté du pays à la tête de la cinquième puissance mondiale. Une incapacité à rallumer les fours de la croissance, beaucoup plus angoissante que celle d'un réparateur de chaudière connaissant mal son métier. 

    L'entêtement idéologique, le défaut de pragmatisme et le manque de charisme ont abouti à ce que, élu voilà trente mois avec 52% des voix, Hollande ne disposerait même pas aujourd'hui d'une majorité au conseil municipal de Tulle. 

    Certains remarqueront qu'on ne doit pas plus apprendre l'arithmétique que l'orthographe à l'ENA. D'autres dresseront la liste des bons sentiments tombés en quenouille, des promesses non tenues parce qu'intenables et des formules pompeuses vidées de leur sens par les réalités. Emplois d'avenir devenus jobs sans lendemain. Soi-disant pactes impliquant l'accord de tous mais rejetés la semaine suivant leur annonce. Suppression des impôts mais pour ceux qui n'auraient jamais dû en payer. 

    Le pouvoir devient une impasse lorsque le peuple descend dans la rue. La mosaïque formée par les déçus, mécontents, protestataires qui recouvre toutes les régions, toutes les générations, toutes les professions.

    Les policiers se suicident. Les paysans sont désespérés.

    Les médecins ferment leurs cabinets. Les avocats retirent leur robe.

    Les huissiers sont tout saisis.

    Pour la première fois, les enseignants, les parents et les enfants éprouvent le même ras-le bol.

    Les mensonges d'Etat s'érigent en système de communication.

    Le remplacement des 16 « Moi Président », qui ont fait, paraît-il, la victoire contre le seul "sans-dents » qui consomme la défaite. 

    Les braves gens ne comprennent pas qu'on puisse terminer un quinquennat alors qu'ils n'ont pas de quoi finir le mois. 

    521358.jpgUn endettement galopant dont on n'ose même plus préciser le montant. Un chef des armées faisant tomber nos soldats un à un dans des pays improbables, s'immisçant dans des luttes tribales et des guerres de religion au nom d'un passé révolu. 

    Un va-t-en-guerre menaçant de ses canons un tyran syrien mais ne réussissant à faire fuir que vers Bruxelles ou vers Londres les riches de son propre pays. Sans oublier le summum de l'irresponsabilité : la fausse nouvelle de la libération - jamais intervenue à la suite de tractations jamais amorcées - des 250 jeunes filles nigérianes mariées de force à leurs ravisseurs. 

    Et que dire l'image véhiculée par des médias moins friands de séductions que de ridicules ? Un personnage mal fagoté, affublé par son tailleur, déguisé par son chemisier, abandonné par ses amis, décrié par ses femmes, mal entouré, mal conseillé, mal dans une peau tavelée par les coups reçus de toutes parts. 

    Une vie privée vaudevillesque jalonnée par l'octroi d'un ministère plutôt que d'un pacs à la mère de ses quatre enfants, poursuivie par la répudiation publique en dix-huit mots d'une femme aimée pendant sept ans et achevée par l'édition d'un livre de secrets d'alcôve griffonnés au saut du lit. 

    Pour l'heure, les appartements, désormais moins privés, de l'Elysée verraient débarquer chaque soir et repartir chaque matin, une comédienne dont il faudrait vérifier que les horaires tardifs et la régularité des prestations n'enfreignent pas la législation du travail de nuit. 

    Non seulement, je n'envie pas sa place mais je le plains de s'y accrocher, car je n'ose imaginer cette marionnette pathétique ne tenant plus qu'à un fil, errant dans le triste palais-bureau déserté par les courtisans, lorsqu'une secrétaire embarrassée prétend que par suite d'une grève de la distribution affectant seulement le 55 rue du Faubourg Saint-honoré, les odieux quotidiens et les méchants magazines ne sont pas arrivés. 

    « Le pauvre homme », comme disait Orgon dans Tartuffe.

    Un père de la Nation en l'honneur duquel les enfants n'agitent plus de petits drapeaux qu'à Bamako et qui ne peut plus parcourir l'Hexagone sans se faire huer.

    A Hollande qui lui faisait remarquer, en le décorant pour six mois de cohabitation, qu'on pouvait réussir sa vie sans devenir président de la République, Valls aurait eu beau jeu de rétorquer qu'on peut tout rater en le devenant.                                                          

    Plus besoin de posséder la science des conjectures pour prévoir la catastrophe.                                                         

    Elle est déjà là. 

    PHILIPPE BOUVARD 

    Block-notes du Fig-Mag

  • LIVRE • Etonnant Benoît Rayski

     

    par Anne Bernet

    Nous avons aimé cette excellente recension d'Anne Bernet. Nous préciserons simplement que Benoît Rayski est aujourd'hui collaborateur régulier de Causeur. LFAR

     

    anne bernet.pngVoici l’un des livres les plus inattendus, et les plus réconfortants, de cet automne.

    Fils d’Adam Rayski, responsable des MOI, mouvement communiste regroupant les immigrés, pendant l’Occupation, journaliste de gauche, Benoît Rayski, et il n’y a aucune raison de le lui reprocher, a assumé toute sa vie ses origines juives et polonaises, ainsi que ses engagements rouges. Il les a assumés avec « bonheur », « vanité ». Ces choix entraînaient le rejet d’une France « réactionnaire », catholique, nostalgique de son passé royal, avec laquelle il ne se prétendait aucun lien. Il n’y avait pas de raison que cela change.

    Jusqu’au jour où Benoît Rayski a découvert que l’antisémitisme qu’il n’avait cessé de combattre refleurissait effectivement en France, mais pas dans ces milieux dits d’extrême droite qu’il avait appris à détester. Et que cet antisémitisme-là ne devait sous aucun prétexte être dénoncé ni stigmatisé, quelles que fussent les atrocités dont il se rendait coupable. Alors, parce que, par tempérament, il est de ceux qui se battent au lieu de ramper, une saine et sainte colère l’a envahi devant les hypocrisies, les mensonges, les calculs, les lâchetés et les veuleries du pouvoir, des intellectuels, des médias, de tous ceux qui s’étaient appropriés les rênes du pays depuis des années et désormais baissaient la tête, déjà soumis, face à un Islam de plus en plus menaçant. Et soudain, Rayski a découvert ce qu’il se cachait depuis son enfance : il aimait la France, celle de Brocéliande et de Viviane, de Rocamadour et de la Vierge Marie, de tous ces lieux où souffle l’esprit, et il la défendrait.

    Il faut du courage pour confesser ses erreurs, ses fourvoiements, avouer une admiration trop longtemps tue pour les bâtisseurs de cathédrales, Jeanne d’Arc, Louis XIV, Barrès, Maurras, Venner, tendre la main à ceux qu’hier, l’on prenait pour des adversaires irréconciliables. Du courage, Rayski n’en manque pas, d’intelligence non plus. Face au péril commun, il va à l’essentiel, dans une langue superbe, parfois imprécatoire. Son livre lui vaudra des ennemis implacables parmi ses compagnons de route d’hier, mais, en le refermant, ému, l’on a envie, du fond du cœur, de lui dire merci. 

    Comment je suis devenu un sale Français, de Benoît Rayski, Le Rocher, 160p., 16,90 euros.