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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1363

  • Café Histoire de Toulon, ce mercredi 31 mai : « Toulon 1789-1795, les soubresauts d'une ville sous la Révolution »

     

    Dans une période de dilution de l'identité provençale, cette causerie sera l'occasion de renouer avec l'histoire trop oubliée de Toulon. L'on pourra découvrir pourquoi nos anciens se révoltèrent contre la Convention républicaine ; comment ils reconnurent le malheureux petit prisonnier de la tour du Temple comme Roi de France sous le nom de Louis XVII ; pourquoi ils durent demander l'aide des coalisés espagnols et anglais ; comment - renouant avec leurs racines chrétiennes - les toulonnais se tournèrent vers la Vierge Marie... C'est a un véritable et nécessaire exercice de recouvrance de notre mémoire locale auquel le professeur Alain Vignal fera participer ses auditeurs 

    Le Grall, Pub associatif des missionnaires de la Miséricorde (adhésion 1 €)
    377 avenue de la République , 83000 Toulon
    La soirée pourra se poursuivre autour d’une pizza (Participation aux frais)
    Contact : cafehistoiredetoulon@gmail.com

  • « J’en appelle à toutes les mères »

    Procès de Marie-Antoinette - Pierre Bouillon (1776-1831) Musée Carnavalet

     

    Par Juliette Mondon

    Comme nous le faisons toujours lorsqu'il s'agit de la Famille de France, nous plaçons cet article en tête de notre parution de ce jour. Publié hier dans Boulevard Voltaire à l'occasion de la Fête des Mères, il nous a paru avoir ici toute sa place, malgré son apparente inactualité. Apparente seulement,  comme on le verra, et particulièrement bienvenu dans un média royaliste, venant d'un site qui - quoique ami - ne l'est pas. Royaliste, en l'occurrence, prend ici tout son sens à proprement parler contre-révolutionnaire. Merci à l'auteur et à nos confrères de Boulevard Voltaire d'avoir publié ces vérités. LFAR

     

    dfeb92a26cd7c2cd2725e0fed7ac6eb2.jpeg.jpgCes mots prononcés par Marie-Antoinette, face au tribunal qui l’accuse, résonnent en cette fête des Mères d’une façon à la fois tragique et prophétique.

    Voici une femme, une mère présentée face à cette cour de justice improvisée, exposée à la vindicte populaire, face à ces révolutionnaires, qui se sont autoproclamés juges et tribuns et bourreaux. Ces délateurs auront réussi, après avoir assassiné le roi, après avoir séparé chacun des membres de la famille, arraché l’enfant des bras de sa mère, à ourdir un complot machiavélique destiné à faire mourir la mère sous l’accusation de son propre fils. Un enfant de huit ans.

    Ainsi cette femme, qui se tient debout devant ses délateurs sanguinaires, ce n’est plus la reine. C’est d’abord la mère. Cette mère que la folie collective a voulu transformer en femme incestueuse, en putain, en sorcière. Comme l’opinion est prompte à se laisser emporter par la rumeur et la calomnie !

    Lancée par quelques-uns, voici que cette rumeur grandit, s’étend et se transforme en images maudites, en peurs irrationnelles, en folie destructrice.

    Cette mère est accusée de tous les maux, dont le plus ignoble : l’inceste. Car à travers cette accusation, c’est finalement, symboliquement, la mère que l’on tue. Ou plutôt le lien mère-enfant. Certes, il y a la monarchie de droit divin que l’on veut anéantir, comme si la mort des uns permettait la vie des autres, comme si l’on pouvait anéantir le sens du sacré, par la mort de ses témoins.

    Mais il y a quelque chose d’encore plus radical, d’encore plus pernicieux. C’est qu’en faisant mourir le père, la mère et son enfant, on brise aussi symboliquement, et non pas seulement comme un effet collatéral, le lien sacré de la famille. En séparant le père de sa femme, le fils de sa mère, on commence par briser symboliquement le lien charnel existant entre chacun de ses membres.

    Et puis, comme on pensait qu’en tuant le roi et la reine, on supprimerait la monarchie de droit divin, qu’on tuerait le sacré, qu’on anéantirait Dieu lui-même, on les a assassinés. Tous.

    Tragique erreur commise que de croire qu’en supprimant une personne, on peut supprimer aussi la dimension sacrée de sa vie. Qu’en broyant une famille, on parvient à briser toute famille. 

    La République est née du meurtre d’une mère, du meurtre d’une famille. Voilà ce qui m’apparaît, aujourd’hui, comme une prise de conscience. La République a voulu naître dans le sang d’une famille. Réaliser cela est horrible, pour la mère que je suis. Et cela éclaire d’un jour nouveau ce que nous vivons aujourd’hui.

    Et cela me fait brutalement prendre en horreur cette « République » que l’on sert à toutes les sauces comme ultime rempart contre les intégrismes. 

    Car comment accepter que ce système, que nous honorons dans les institutions d’aujourd’hui, se soit rendu coupable de la mort « par omission » d’un enfant de huit ans, muré et abandonné dans la prison du Temple après l’assassinat de ses parents ? Comment accepter une telle violence, une telle injustice ?

    Qu’un idéal, quel qu’il soit, ait pu conduire à une telle folie, à une telle barbarie, qu’une volonté d’affranchissement ait pu à ce point s’aveugler sur le sens du sacré, sur la « mort du sacré », me révolte. Quel est donc le socle de cette devise républicaine, sur la liberté, la fraternité et la solidarité, si la « liberté » et cette « fraternité » se sont écrites dans le sang d’un innocent ? Aucun système ne peut fonder son existence sur le meurtre d’un innocent.

    « Ô liberté, que de crimes on commet en ton nom ! » aurait crié Madame Roland avant d’être guillotinée.

    « J’en appelle à toutes les mères. »

    Cette phrase désespérée lancée par une mère à toutes les mères de France résonne en moi d’une façon poignante. Car je lis une continuité entre la décapitation de la famille de Louis XVI et ce que nous vivons aujourd’hui. Et surtout entre cet appel de Marie Antoinette et l’appel que nous, les mères, devons lancer à toutes les mères de ce pays simplement pour que survive notre humanité.

    Que reste-t-il des valeurs de cette humanité dans une société qui n’a de cesse de saper, ruiner, détruire la famille ? Il n’en reste pas. Je constate tous les jours que la haine n’est pas morte.

    J’en veux pour preuve l’autisme de notre société, qui n’accepte plus que nous rappelions la plus simple des évidences : simplement de penser qu’un enfant a besoin d’un père et d’une mère pour exister. Oui, ne vous en déplaise, Messieurs les fossoyeurs : la première famille d’un enfant est d’abord celle qui lui donne la vie.

    Les révolutionnaires ont cru décapiter le sacré… mais le sacré ne meurt jamais. Les lobbies LGBT ont cru décapiter la famille… mais la famille ne meurt pas. Et elle ne mourra jamais. 

  • Macron et Poutine : les enjeux de Versailles

    par Jacques Sapir-

     

    874684168.jpgLa visite que Vladimir Poutine doit faire en France le lundi 29 mai excite beaucoup l’imagination des journalistes et du personnel politique. Le fait qu’il sera reçu au château de Versailles, avec un decorum tout à fait singulier est l’une des causes de cette excitation. Elle montre surtout que les enjeux, que ce soit pour Vladimir Poutine ou pour Emmanuel Macron de cette visite ne sont pas entièrement perçus. Il est en effet hautement symbolique que Vladimir Poutine soit le premier dirigeant reçu par le nouveau Président de la République. 

    Les enjeux pour Emmanuel Macron

    Dans quel contexte cette visite aura-t-elle lieu ? À l’heure actuelle, les relations bilatérales entre la France et Russie sont sévèrement contraintes par la politique de l’Union européenne à l’égard de la Russie. Ces contraintes dépassent la simple question des sanctions, dont l’importance, hors les sanctions financières, a été plus symbolique que réel. L’Union européenne a développé depuis 2014, qu’on l’approuve ou qu’on le réprouve, une véritable politique d’hostilité vis-à-vis de la Russie. Ce sera donc un test pour savoir si le Président Macron veut alléger la contrainte de l’UE et mettre en œuvre une politique plus française, plus tournée vers les intérêts de la France, envers la Russie ou s’il place la politique étrangère française sous le cadre de l’UE.

    Le fait qu’il souhaite que cette visite ait lieu avec un décorum tout particulier à Versailles ne doit pas être considéré comme une indication quant à la réussite ou non de cette visite. Cela traduit uniquement l’importance que revêt cette visite. Elle constitue, il est vrai, pour Emmanuel Macron, son véritable baptême du feu en politique internationale. De plus, Emmanuel Macron sait très bien que cette visite sera scrutée à la fois par ses opposants comme par ses soutiens. Son action envers la Russie et Vladimir Poutine sera donc observé avec un grand intérêts à la fois par ses opposants (le parti des « Républicains », mais aussi la gauche radicale de M. Melenchon et le Front national de Marine le Pen sont tous en faveur d’une amélioration des relations franco-russes) et par ses partisans (qu’il s’agisse du MODEM de François Bayrou, du Parti socialiste ou de son propre parti maintenant appelé LREM). Si cette visite devait se conclure par une annonce dramatique quant à l’amélioration des relations bilatérales, il serait fortement critiqué par ses propres amis. Si la visite est un échec, ses adversaires cette fois le critiqueront. On peut donc penser que cette visite débouchera sur certaines améliorations dans les relations bilatérales, mais rien de particulièrement spectaculaire. Mais cela ne signifie pas qu’un processus général d’amélioration n’aura pu être lancé par cette visite, un processus qui se déroulera dans les prochains mois.

    Emmanuel Macron, en tant que nouveau président français, doit montrer d’abord qu’il a à l’esprit les intérêts français (quelque chose qui avait un peu manqué à François Hollande). Il doit, ensuite, montrer qu’il défend des principes (mais nous devons voir quel principe viendra en premier). Enfin il est clair qu’il cherchera à user de cette visite à son avantage politique. Il a été fortement attaqué lors de la campagne présidentielle pour son manque d’expérience dans le traitement des affaires internationales. Il essaiera donc de montrer que ces attaques n’étaient pas fondées. Dans une certaine mesure, les enjeux sont très élevés pour lui, car c’est sa première expérience dans la diplomatie mondiale et il a désespérément besoin de faire une impression durable ou l’image d’un «gamin inexpérimenté» lui collera à la peau.

    Emmanuel Macron a explicitement déclaré qu’il voulait des «bonnes relations» avec la Russie. Il est définitivement un homme pragmatique, et non pas quelqu’un dont la pensée internationale est profondément chargé d’idéologie, tout comme le furent M. François Hollande, l’ancien président, ou encore les ministres des Affaires étrangères de ce même François Hollande, qu’ils s’agissent de Laurent Fabius ou de Jean-Marc Ayrault. Dans ce contexte, il n’est donc pas si surprenant que le premier chef d’Etat étranger à être invité à Paris soit M. Poutine. Soit dit en passant, il existe maintenant une concurrence au sein de l’Union européenne, et plus précisément entre la France, l’Allemagne et l’Italie pour améliorer les relations avec la Russie et particulièrement les relations économiques. Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de divergences entre la France et la Russie, soit au Moyen-Orient, soit à l’Ukraine. Mais ces différences et divergences ne sont pas considérées comme un obstacle à l’amélioration des relations avec la Russie. 

    Les enjeux pour Vladimir Poutine

    De même, cette visite présente des enjeux importants pour Vladimir Poutine. D’une part, elle met fin à la tentative des pays de l’UE pour « isoler » la Russie. Cette politique n’avait guère de sens, et elle s’est traduit dans les fait par un resserrement des relations entre la Russie et la Chine, mais aussi par une montée en puissance de l’Organisation de Coopération et de Sécurité, ce que l’on appelle « l’organisation de Shanghai ». Le fait que l’Inde et le Pakistan aient décidé formellement de rejoindre l’OCS est bien la preuve que cette politique d’isolement était d’une grande futilité. Mais, elle a provoqué des dommages importants aux relations entre les pays de l’Union européenne et la Russie et, de ce point de vue, la visite à Versailles de Vladimir Poutine peut marquer le début d’une nouvelle période, plus empreinte de pragmatisme.

    D’autre part, Vladimir Poutine entend bien concrétiser lors de cette visite de nouvelles avancées dans le domaine économique. Il faut ici comprendre la logique des relations économiques entre la Russie et les pays de l’UE à travers deux prismes. Le premier est celui de l’évolution actuelle de l’économie russe. Cette dernière est sortie de la crise dans laquelle l’avait plongée l’effondrement des prix du pétrole. Mais, la reprise pourrait être insuffisante eu égard aux objectifs politiques du gouvernement russe. Le second est celui des développement de l’Union Eurasienne, qui s’avère chaque jour un projet de plus en plus important. Dans le développement de cette Union Eurasienne, la question de l’équilibre des relations entre la Chine et la Russie apparaît comme fondamentale. Qu’il s’agisse du projet de la « Route de la Soie » ou qu’il s’agisse des relations triangulaires entre la Russie, la Chine et le Kazakhstan, le fait que la Russie ne puisse s’adosser à de bonnes relations avec les pays de l’Union européenne est un problème.

    La Russie, en effet, a tout intérêt à se présenter comme un « pont » entre l’Union Eurasienne et les pays d’Europe occidentale. De bonnes relations avec ces derniers auront des répercussions très favorables au sein même de l’Union Eurasienne. On comprend ainsi tout l’intérêt, pour Vladimir Poutine, que cette visite se conclue, comme on l’a dit, non pas sur des résultats immédiatement spectaculaires, mais sur un processus de normalisation progressive des relations avec les pays de l’Union européenne. Tel est donc l’enjeu pour Vladimir Poutine de cette rencontre de Versailles.

    Il est peu douteux qu’il ne soit sensible à l’attention d’Emmanuel Macron qui le reçoit dans un cadre fastueux. Mais il est tout aussi peu douteux qu’il se laisse aveugler par les ors que l’on déploiera pour lui. Vladimir Poutine est avant tout un réaliste ; c’est aussi un pragmatique, une caractéristique qu’il partage donc avec Emmanuel Macron. 

    Voici donc ce que cachent les ors de Versailles. Les deux Présidents, qu’il s’agisse d’Emmanuel Macron ou de Vladimir Poutine, ont donc un intérêt commun à ce que cette visite se passe bien. Mais, Emmanuel Macron se tromperait lourdement s’il se figure recevoir un Président Russe affaibli ou en difficulté. Les problèmes actuels de l’économie russe sont parfaitement solvables avec les moyens de la politique économique russe. Quant à Vladimir Poutine, il doit lui aussi comprendre que les enjeux pour son pays d’une issue favorable de cette visite sont importants. Il prendrait un gros risque, et ferait certainement une grave erreur, en traitant Emmanuel Macron comme un « gamin inexpérimenté ». Ces deux dirigeants doivent tirer un trait sur le dogmatisme qui imprégnait les relations franco-russes du temps de François Hollande. Le fait que l’un et l’autre soient des pragmatiques est plutôt de bonne augure. 

    Le blog de Jacques Sapir RussEurope

  • Poutine est revenu ! Le Tsar chez Louis XIV...

     

    Mur-bleu gds.jpgUn bon moment de vraie, de belle et bonne télé information, ce lundi 29 mai, avec les excellents commentaires de Pascal Boniface, sur BFM/TV, qui nous a fait vivre, en direct, l'arrivée de Vladimir Poutine à Versailles. Pascal Boniface nous a changés, l'espace de quelques dizaines de minutes, de la médiocrité affligeante, de l'ignorance crasse, de la partialité révoltante de journaleux qui confondent en permanence carte de presse et carte de parti (n'importe lequel, pourvu qu'il soit de gauche et politiquement correct). Merci à lui, et bravo, puisque la dureté des temps fait que, maintenant, quand quelqu'un fait normalement son travail, on est amené à le féliciter pour ce simple fait ! 

    Car l'événement est d'importance  : après les cinq années calamiteuses du pitoyable nain qui nous a servi de lamentable semble-président, le nouveau Chef de l'Etat, faisant acte de realpolitik, a invité Vladimir Poutine en France. Mais les relations s'étaient terriblement - et stupidement - dégradées entre nos deux pays frères - frères en Europe et en chrétienté, au moment où l'Islam, pour la troisième fois, attaque l'Europe.

    Il n'était donc pas facile de sortir, par le haut, de l'impasse dans laquelle le sous-préfet aux champs, vous savez, ce pauvre François « normal », nous avait engagés, en ce qui concerne nos rapports avec un pays objectivement allié, dans les grandes difficultés du moment présent.  

    C'est là que Louis XIV intervint ! Eh ! oui, Louis XIV ! Pascal Boniface a eu l’ « intelligence historique » ; il a su élever sa réflexion, et ses commentaires, au niveau qui convenait ; et il a très clairement expliqué que, au point calamiteux où les choses en étaient arrivées, un banal rendez-vous, une simple invitation, fût-elle d'Etat, ne pouvaient pas « recoller les morceaux ».

    XVM204f74b2-212d-11e7-834a-2675150b5d1e.jpgIl a donc fallu, d'abord, trouver un prétexte pour tendre la main à celui que l'on a sottement humilié hier (« sanctions »  débiles et contre productives, puisqu'elles nous pénalisent autant, sinon plus, que la Russie ; affaire des Mistral, qui a entamé notre crédibilité sur le marché très couru de la vente de matériel militaire; critiques de toute façon inopérantes sur l'affaire de la Crimée etc.) : la célébration des trois cents ans de la visite à Versailles de Pierre le Grand, en 1717, a fait l'affaire. Le tsar, à l'époque, voulait moderniser la Russie, il « importait » Versailles à Peterhof, comme tous les princes de cette époque, où la France dominait le monde. Dominait, non par la force brute mais par l'éclatant et magnifique visage de sa civilisation, aimable et aimée, par ses architectes, ses écrivains, ses peintres, ses savants, elle qui était, par ailleurs, « la Grande nation », la Chine de l'Europe, du point de vue démographique... 

    Certes, cette visite se déroula deux ans après la mort du Roi-soleil, en 1717, et c'est l'enfant-roi Louis XV que Pierre le Grand, en un geste de surprenante bonhomie - surprenante, mais de bon aloi - éleva dans ses bras, bousculant étiquette, protocole et gens guindés de tout poil (on dirait, aujourd'hui, « coincés »).

    Mais le palais, lui, reste bien le palais-temple du Roi-soleil, qui attire toujours les foules du monde entier, trois siècles après, tellement il symbolise, représente et, osons-le mot, personnifie le génie français, à l'instar de nos cathédrales, du Mont Saint-Michel ou des châteaux de la Loire.

    Et Poutine ne serait pas venu, même à l'Elysée, comme l'a très bien expliqué Pascal Boniface. Les affronts avaient été trop nombreux ; ils avaient duré trop longtemps ; trop de paroles démentes avaient été dites (songeons aux propos honteux d'un Laurent Fabius, qui commence décidément à être bien fatigué...). Le prétexte trouvé, il fallait un lieu qui fût à la hauteur de l'événement, qui exaltât le moment, qui symbolisât qu'une page se tournait, enfin. Un simple palais, fût-ce l'Elysée, ne pouvait convenir, parce qu'il avait été terni pendant cinq ans par un petit sous-préfet aux champs, benêt de surcroît, et parce que c'est de là qu'étaient parties toutes ces attaques aussi grotesques qu'inconsidérées contre notre allié naturel d'aujourd'hui.

    L'endroit s'imposait donc de lui-même : les ors de Versailles, la magnificence de Louis-le-Grand-en-tout, comme l'appelait l'immense Pierre Puget.

    On songe, alors, au quatrain fameux de Guitry :

    On nous dit que nos Rois dépensaient sans compter,

    Qu'ils prenaient notre argent sans prendre nos conseils ;

    Mais, quand ils construisaient de semblables merveilles,

    Ne nous mettaient-ils pas notre argent de côté ?

    Oui, Guitry a raison, évidemment. Mais son propos va bien au-delà du simple argent, du simple matériel : Versailles « fonctionne » encore, tel que l'a voulu Louis XIV, pour ce pour quoi il a été imaginé, puis réalisé. Comme un outil de gouvernement, un lieu de pouvoir, un lieu de ce pouvoir royal qui mena une authentique politique de civilisation, qui a "étonné le monde", selon le joli mot de Jean Dutourd. Comme le siège du rayonnement français. Comme l'exemple insurpassable, et du reste insurpassé, du génie national français. 

    Si l'hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu, l'invitation faite au tsar d'aujourd'hui par notre Chef de l'Etat est un bel hommage rendu par cette pauvre république idéologique, à bout de souffle, à notre Royauté traditionnelle, qui nous a emmenés si loin, si haut, qu'elle en impose encore aujourd'hui !  

  • Du bon usage de M. Trump

    Taormine : Sous l'Etna, un G7 autour du volcan Trump 

     

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

     

    M. Trump peut sembler tout à fait imprévisible et sa politique quelque peu erratique. 

    Et pourtant son récent voyage au Proche-Orient aura eu pour objet de rappeler et conforter, après la mise entre parenthèses par M. Obama, les deux alliances essentielles des Etats-Unis d’Amérique dans la région : avec l’Arabie séoudite et avec Israël, deux pays dont Washington se pose en garant et protecteur, celui-ci pour les raisons morales, culturelles et religieuses qui ont présidé à sa création (mai 1948), celui-là pour des raisons économiques et financières qui remontent au pacte du Quincy (février 1945). D’ailleurs, le voyage de Ryad aura été un succès commercial (contrats de quelque quatre cents milliards de dollars) et diplomatique (sommet islamo-étatsunien réunissant une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement).

     

    Il y a une certaine cohérence dans cette approche, Israël et l’Arabie séoudite étant en quelque sorte des alliés objectifs que rapproche leur commune hostilité à l’Iran. Ce dernier, ardemment chiite et violemment anti-israélien, les déteste et en est détesté. On comprend moins que M. Trump puisse ressusciter un « axe du mal » incluant Iran et Etat islamique, pourtant ennemis inconciliables. C’est en effet du Golfe qu’est diffusée et financée l’idéologie mortifère, née de la rencontre entre wahhabisme et salafisme, que véhicule l’Islam sunnite. L’Iran chiite a pu participer dans le passé à des actions à caractère terroriste mais il est aujourd'hui tout entier investi dans une politique régionale laissant la pratique de la terreur internationale aux sunnites d’« Al Qaïda » et/ou de « Daesh ».

     

    On sait que la diplomatie française est devenue inaudible dans la région pendant le quinquennat de M. Hollande du fait d’un engagement exclusivement idéologique. Les manoeuvres de M. Trump lui offrent peut-être une opportunité, celle de ré-exister. En stigmatisant l’Iran (et ses alliés), en prenant parti dans le conflit religieux inter-islamique, en semblant négliger les deux acteurs essentiels que sont la Turquie et la Russie, M. Trump laisse à un pays comme la France une marge certaine de manoeuvre.

     

    On verra bien si MM. Macron et Le Drian sauront en profiter. Suggérons quelques pistes : ne pas pratiquer la politique du pire en favorisant l’explosion de la région par Kurdes interposés, distinguer explicitement Etat islamique (organisation terroriste idéologique à détruire) et Iran (avatar de l’ancienne Perse avec qui il faut collaborer dans toute la mesure du possible), se rapprocher de la Russie qui ne constitue aucune menace pour nous, etc. Il ne s’agit pas de rompre avec nos alliés américains, ni d’avoir de mauvaises relations avec les monarchies du Golfe. Il convient d’affirmer, par une diplomatie active, la singularité de la France - ce qui est une des conditions de notre existence nationale. 

  • Manchester : Après l’horreur radicale

    « Il faut dire que les Occidentaux sont tentés par un pacifisme démissionnaire. On les attaque? Ils répondent en allumant des bougies, en déposant des fleurs. »

     

    Par Mathieu Bock-Côté

    Billet - toujours profond et pertinent, sans détours  - paru sur son blog le 25.05. On peut, d'ailleurs, s'y reporter, lire ses livres ...  LFAR

     

    2760774407.2.jpgL’attentat de Manchester nous a rappelé, même si personne ne l’avait oublié, que le terrorisme islamiste fait désormais partie de nos vies en Occident.

    Il prend plusieurs visages.

    Un jour, on abat la rédaction d’un journal. C’est l’histoire de Charlie Hebdo. Ou alors, on mitraille en terrasse. C’est l’histoire du Bataclan. Un autre jour, on fonce avec un camion dans une foule pour faucher le maximum de personnes. C’est l’histoire de Nice, de Londres et de Berlin.

    Et tout cela sans compter les agressions multiples à plus petite échelle. Pensons à Paris en avril.

    Sadisme

    Mais ce qui s’est passé lundi à Manchester a repoussé les limites de l’horreur, histoire de frapper encore une fois notre imagination. L’islamisme a voulu nous faire comprendre qu’il fera tout pour nous abattre.

    Un islamiste fanatique a visé un concert rassemblant de jeunes ados autour de leur idole.

    Il s’agissait clairement de tuer de très jeunes personnes. En revendiquant l’attentat, l’État islamique a célébré la mise à mort de croisés rassemblés dans un lieu de débauche.

    On voit là tout l’imaginaire du fanatisme islamiste, qui assimile à la fois l’Occident à la chrétienté et à une perversion qu’il faudrait absolument châtier.

    Il mène contre le monde occidental une guerre totale pour le soumettre.

    Tout le monde peut être abattu. Le soldat en uniforme. La fillette qui assiste au spectacle de son idole. Lundi, des êtres humains revendiquaient fièrement le carnage des gamines.

    La formule rituelle, dans de telles circonstances, c’est d’affirmer qu’on luttera avec encore plus d’énergie contre le terrorisme.

    Mais le terrorisme n’est qu’un moyen, aussi détestable soit-il. Ce moyen est au service d’une cause: l’islamisme. Il faut le redire, car la tentation de nos dirigeants, trop souvent, consiste à ne pas le nommer.

    Il faut dire que les Occidentaux sont tentés par un pacifisme démissionnaire. On les attaque? Ils répondent en allumant des bougies, en déposant des fleurs.

    Ils se replient sur un slogan débile: «vous n’aurez pas ma haine». Les islamistes pourraient-ils au moins avoir droit à notre colère? Une vraie colère. Une colère juste. Une puissante colère.

    Est-ce que devant l’islamisme meurtrier, la seule vocation de l’homme occidental consiste à comprendre pourquoi on le charcute, pourquoi on le tue, ainsi que ses enfants?

    Patriotisme

    La lutte contre l’islamisme repose sur le travail des services de renseignement et des policiers. Ils sont les seuls à pouvoir attraper à temps un assassin résolu à se faire exploser dans une discothèque ou à mitrailler une garderie.

    Mais on ne pourra se contenter d’une politique sécuritaire contre l’islamisme. Il faudra aussi lutter idéologiquement contre lui.

    Cela implique de reprendre confiance dans la valeur de notre civilisation.

    Racisme, sexisme, xénophobie, homophobie, notre civilisation aime s’accuser des pires méfaits.

    Nous ne gagnerons à terme la guerre contre l’islamisme qu’en développant un vrai patriotisme occidental.

    Mais cette guerre prendra du temps. Et le sang coulera encore souvent. 

    Mathieu Bock-Côté     

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.

  • Éric Zemmour : « Ce quartier de la Porte de la Chapelle où les femmes n'ont plus droit de cité…»

     

    Dans une chronique donnée au Figaro le 26.05, Eric Zemmour démontre comment le harcèlement de rue dans le quartier Chapelle-Pajol, à Paris, est « un moyen efficace pour occuper l'espace public, le conquérir, ­l'islamiser, le purifier de sa mécréance ». 

    Nous nous contenterons de reprendre ici les quatre courts extraits significatifs suivants :

     

    XVM14f65c8c-408d-11e7-a87f-0e95404dcfa0.jpg« C'est sans doute le hasard. Mais après la présidentielle. Cette histoire de femmes chassées des rues dans le quartier Chapelle-Pajol, à Paris, dans le XVIIIe arrondissement, a attendu sagement son tour. Pendant la campagne présidentielle, les femmes étaient les bienvenues ; depuis, elles sont maltraitées. C'est beau, le hasard. »

    « La campagne est terminée. Le réel est de nouveau autorisé à montrer son vilain visage. Mais strictement encadré par la sémantique appropriée. »

    « Si vous rappelez qu'une des grandes différences entre les patriarcats islamique et chrétien, c'est justement l'enfermement des femmes, vous êtes islamophobe. »

    « Ne comptez pas sur la droite pour en parler. Elle tient un bien meilleur thème de campagne : la hausse de la CSG. Il paraît que les chefs de la droite sont gaullistes : ils ont, comme le Général, une certaine idée de la France… Ne comptez pas sur le nouveau pouvoir non plus : Macron a été élu par ceux qui ont les moyens d'ignorer ce genre de désagréments. Leurs femmes et leurs enfants ne se rendent jamais Porte de la Chapelle. Et les ministres, de Philippe à Collomb, ont une conception « bienveillante » de la laïcité. C'est-à-dire qu'ils y ont renoncé. »  

    Éric Zemmour : « Ce quartier de la Porte de la Chapelle où les femmes n'ont plus droit de cité…»    (Pour les abonnés au Figaro Premium)

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Histoire • Qui se souvient du sinistre Bergeret ?

    Les Tuileries (aujourd'hui disparues, "restituées" ici en rouge)

     

    Pourtant, son mauvais « génie », sa misérable mentalité de terroriste sont toujours parmi nous.

    1871 : Bergeret, « incendiaire en chef » des Tuileries, commence sa sinistre besogne...  

    Dans deux jours, la plupart des monuments de Paris aux mains des Communards seront en flammes (voir l'éphéméride du 24 mai), conformément à la sinistre prédiction de Louise Michel : « Paris sera à nous ou n'existera plus » (voir l'éphéméride du 17 mai)...

    Une Louise Michel qui ne faisait que s'inscrire dans la « grande » (!) tradition révolutionnaire : Carrier n'avait-il pas dit « Nous ferons de la France un cimetière plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière », durant cette monstrueuse Révolution qui proclama « du passé faisons table rase ! » et durant laquelle Robespierre déclarait « Périsse la France entière plutôt qu'un seul principe !»

    Dès le 26 mars 1871, le château palais, complètement pillé, restait vide. Durant la Semaine sanglante (voir l'éphéméride du 21 mai), un trio de tristes sires : le sergent de ville Boudin, le garçon boucher Bénot et le général (!) Bergeret - aidés d'une trentaine d'autres criminels de leur espèce, comme Dardelle ou Mabeuf... -  préparèrent méthodiquement leur forfait contre l'Art, contre la France dans son patrimoine culturel, contre l'humanité...

    441588615.jpgFidèle suiveur de Louise Michel, Bergeret déclara : « Quand je quitterai les Tuileries, les Tuileries seront en cendres ». Les 22 et 23 mai, les acolytes incendiaires firent passer dans la cour cinq fourgons chargés de barils de poudre, bonbonnes de pétrole, goudron liquide et essence de térébenthine, qu'ils rangèrent sous le péristyle du pavillon central. Le 23, une trentaine de fédérés parcourut tous les appartements du palais et aspergea murs et planchers à pleins seaux de pétrole. Un baril de poudre fut placé dans le vestibule du pavillon de l'Horloge, trois en bas de l'escalier d'honneur, tandis qu'un amas de matières inflammables était stocké dans le salon des Maréchaux. Ils enduisirent de goudron l'autel et l'orgue de la chapelle et les boiseries du théâtre. Le feu fut allumé par Benet et l'incendie embrasa immédiatement tout l'édifice. Peu avant 9 heures du soir, l'horloge du palais s'arrêta sous l'action du feu. Vers 11 heures, une explosion secoua le pavillon central, laissant le dôme s'abîmer dans une gerbe de flammes. Le palais brûla pendant trois jours, fondant les bronzes, réduisant les marbres en poussière. Bergeret et ses hommes, ayant commandé un repas froid, soupèrent sur la terrasse du Louvre en contemplant l'incendie.

    Le 27 mai, il ne restait plus de la merveille des Tuileries que des pans de murs noircis...

  • Islam & Société • Le danger djihadiste

     

    par Gérard Leclerc

     

    rubon9-071ca.jpgLe danger djihadiste qui hante en ce moment tous les pays d’Europe, et que vient de ranimer l’odieux attentat de Manchester, a-t-il une portée civilisationnelle ? Cela prête à controverse dans le monde intellectuel. Alain Finkielkraut et Régis Debray se sont opposés sur le sujet. L’opinion du second, que nous citions déjà hier à propos de l’orchestration médiatique des attentats, est formelle : « Une menace sécuritaire ne constitue pas une offre civilisationnelle crédible, et l’islamisme n’en a aucune à proposer. Il peut causer des désordres, non constituer un ordre de rechange ; mettre à mal ici et là la civilité, non mettre en pièce une civilisation. » La démonstration qui suit est éloquente. L’islamisme extrémiste est fort de son fanatisme et de ses coups d’éclat, mais il est dans l’incapacité d’organiser un ordre, un empire. Ses succès sont momentanés, et il ne dispose d’aucun des moyens scientifiques, industriels, culturels, capables de substituer son mode de vie au nôtre.

    La réplique intervient du côté des contradicteurs qui prient l’habitant du quartier latin de franchir la Seine, pour se rendre compte de ce qui se passe dans d’autres secteurs de Paris. Il y a un scandale dénoncé, ces jours-ci, dans le quartier Chapelle-Pajol, où les femmes n’ont plus droit de cité, insultées quotidiennement, lorsqu’elles s’avisent de sortir dans la rue : « Désormais, témoignent des gens du secteur au Parisien, notre quartier est abandonné aux seuls hommes : plus une femme dans les cafés. Pas un enfant dans le square Louise de Marillac. Certaines d’entre-nous se terrent chez elles. » N’est-ce pas le président François Hollande lui-même qui déclarait que certaines zones de banlieues avaient fait sécession d’avec le pays et que la puissance publique se trouvait paralysée, incapable de réagir efficacement ? N’est-ce pas par le biais démographique, agent du « grand remplacement », que peut se produire la mutation de civilisation ? Et même, si on ne va pas jusque-là, n’est-ce pas notre société qui est en risque de désagrégation, ajoute Alain Finkielkraut. Régis Debray n’est pas convaincu. Malgré son importance, il croit le phénomène limité. « L’islam préoccupation, oui, obnubilation, non. » La discussion se poursuivra, elle n’est pas prête de se clore ! 

    France catholique

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 25 mai 2017.

  • Religion & Société • Barbarin: taper sur les cathos, c’est amusant et sans danger

     Le cardinal Barbarin à Lyon, septembre 2016. SIPA

     

    L’ascension du cirque médiatico-judiciaire

    Par Régis de Castelnau

    On sera globalement d'accord avec cet intéressant et courageux billet de Régis de Castelnau [Causeur, 25.05]. L'indécente campagne, tous médias confondus, contre le cardinal Barbarin, rappelle, toutes proportions gardées, les immenses campagnes de même provenance menées naguère contre le pape Benoît XVI. Du Ralliement à la République autoritairement imposé aux Français par Léon XIII [1892], aux sanctions vaticanes contre l'Action française [1926], jusqu'à son immigrationnisme et son mondialisme actuels, l'Eglise Catholique est pourtant allée - sans en tirer aucun profit - de concession en concession au monde moderne, ou postmoderne. Jusqu'à, semble-t-il, avoir tiré un trait sur l'Europe chrétienne, réputée perdue, y compris en haut-lieu par les autorités catholiques les plus conservatrices. Pourquoi attaque-t-on ou défend-on encore l'Eglise ? Sans-doute parce qu'elle est consubstantielle de ce que fut l'Europe chrétienne qu'elle a largement contribué à former et de ce qu'il en reste ; en raison de son ordre interne, qui demeure en grande part étranger au démocratisme, au subjectivisme, au relativisme régnants ; à cause des principes d'ordre moral qu'elle continue d'affirmer à l'opposé de la doxa, parfois avec quelque courage. Sans compter ce qui la définit de supérieur et de transcendant qui fait qu'elle ne peut - sans reniement radical - se prosterner devant le mercantilisme absolu et les idoles matérialistes de la société marchande mondialisée. Celle-là même, pour revenir au cardinal Barbarin, qui n'hésite pas à traîner dans la boue les meilleurs serviteurs de l'Eglise.  LFAR  

     

    DzuWvVmc.jpgLe cardinal Barbarin, prélat pénible, avait fait l’objet l’année dernière d’un joli lynchage, mais qui, surprise, ne fut que médiatique. Parce que la Justice refusa de se laisser instrumentaliser et intimider. Et appliqua le droit. Oui oui, ça arrive. D’où un ferme classement sans suite des plaintes fantaisistes, après une enquête préliminaire fouillée. Malgré les interventions intempestives de membres du gouvernement socialiste, en particulier Manuel Valls, et une campagne de presse acharnée. L’objectif n’était pas de poursuivre et de faire condamner les prêtres ayant commis des abus sexuels. Mais bien de faire un carton sur une autorité ecclésiastique.

    Comme d’habitude, j’étais intervenu pour ma classique dénonciation de ces lynchages médiatico-judiciaires que je n’aime pas trop. Pour être qualifié « d’avocat catholique bien connu », sur Canal+, ce dont je ne me lasse pas.

    On nous annonce aujourd’hui que les « victimes » remettent le couvert, en choisissant, comme par hasard, la procédure de « citation directe » à l’initiative de particuliers. Normalement, c’est le parquet qui diligente les poursuites, mais il existe une particularité en droit pénal français, celle qui « délègue » aux particuliers qui se prétendent victimes la possibilité d’engager des poursuites. C’est une procédure assez rare. En effet la voie normale, après le classement sans suite du parquet, pour ceux qui voulaient continuer à s’acharner, aurait été de saisir un juge d’instruction par le biais d’une plainte avec constitution de partie civile.

    Ainsi ne soit-il pas

    Ah oui, mais non, plutôt que de tomber sur un nouveau bec après une instruction contradictoire, c’est beaucoup plus intéressant d’aller directement à l’audience, de convoquer les médias, de citer des vedettes peoples : en clair, organiser un cirque pour le journal télé et la presse gourmande. Il est probable qu’on y verra, entre autre Flavie Flament chargée par le gouvernement socialiste d’un rapport sur la prescription en matière d’abus sexuels. Sur le plan juridique tout cela ne devrait normalement aller nulle part, et déboucher sur des relaxes. Mais on ne sait jamais, avec une bonne pression médiatique, et comme c’est déjà arrivé, la rigueur juridique pourrait partir en vacances. Et puis de toute façon on va se régaler de voir les mitrés sur le banc d’infamie. Ce qui est quand même l’objectif premier.

     

    Déjà la presse s’est mise au diapason et nous annonce : «Pédophilie: le cardinal Barbarin cité à comparaître en septembre ». Joli, non ? Cela laisse penser tranquillement que monseigneur Barbarin est poursuivi (par le parquet bien sûr) devant le tribunal pour pédophilie. C’est un mensonge, mais si on respecte la déontologie journalistique dans la titraille, on ne va pas s’en sortir. Il y a du papier à vendre et des clics à compter.

    Allez, continuons à taper sur les cathos, c’est amusant, et en plus c’est sans danger. 

    Régis de Castelnau
    avocat

  • République ou Royauté • L’historien Georges Dumézil à propos des avantages du principe monarchique

     

    Le célèbre historien et anthropologue français, Georges Dumézil, affirmait dans le journal « L’Express » de septembre 1986  : 

    « Le principe monarchique garantissait contre la dictature des partis, les ambitions individuelles ».

    Georges Dumézil

    Source : La Couronne

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Histoire • Rois de France, de Balzac : Les erreurs de Louis XVI face à la Révolution [III]

     

    C'est en 1837 que Balzac publia Rois de France, un ouvrage concis fort intéressant, consacré aux six derniers « Louis » rois de France, de Louis XIII à Louis XVIII. Malheureusement peu réédité par la suite, cet ouvrage était devenu, de ce fait, indisponible, depuis 1950.

    Notre confrère Péroncel-Hugoz a pris l'heureuse initiative de faire rééditer Rois de France, au Maroc, par les Editions Afrique Orient. Nos lecteurs peuvent d’ailleurs lire Péroncel-Hugoz ici-même, régulièrement, puisqu’il nous fait l’amitié de sa participation – très appréciée – à Lafautearousseau.

    Nous donnerons quatre extraits de Rois de France - des « bonnes feuilles » - dans nos parutions du week-end. 

     

    415470906.jpgExtrait 2 : Les erreurs de Louis XVI face à la Révolution [intégralité du chapitre, pages 83 à 95]

    Louis XVI, né à Versailles le 23 août 1754, troisième fils du dauphin, fils unique de Louis XV et de Marie-Josèphe de Saxe, était âgé seulement de vingt ans lorsqu'il succéda au roi Louis XV. Depuis quatre ans déjà, il avait épousé Marie-Antoinette d'Autriche, fille de l'impératrice Marie-Thérèse, alliance qu'il est inutile de qualifier d'impolitique. De grandes démonstrations de joie, qui allèrent jusqu'à l'indécence, accueillirent son avènement au trône. Le jeune prince n'y répondit que par un silence froid et digne ; mais il ne s'en crut pas moins obligé de céder à la voix publique et de bannir du gouvernement les hommes qui l'avaient occupé pendant les dernières années du règne précédent, et parmi lesquels il s'en trouvait que l'on eût dû conserver peut-être, la connaissance parfaite qu'ils possédaient de la situation délabrée des affaires les rendant seuls capables d'y appliquer les remèdes nécessaires. Ils furent remplacés par les hommes désignés par l'opinion populaire qui, dans les temps de corruption et de désorganisation sociale, ne devrait jamais faire loi. 

    Quand une nation est en voie de prospérité et d'agrandissement, on peut faire droit à ses exigences, car elle ne demande que des choses utiles au but où elle tend ; mais lorsqu'elle aspire à une révolution et à sa ruine, lorsque le vertige s'est emparé d'elle, la sagesse ne peut conseiller de céder à tous ses caprices maladifs et pernicieux. Le roi Louis XVI était trop jeune pour savoir faire cette distinction, et le comte de Maurepas, sur les conseils duquel il se guidait, n'était rien moins que l'incarnation de la sagesse politique. On vit donc apparaître successivement aux affaires l'encyclopédiste Turgot, homme de chiffres et non de gouvernement ; le philosophe Malesherbes, en qui le mélange de sentiments monarchiques individuels et d'idées réformatrices prouve au moins quelque absence de logique ; le cardinal de Loménie, athée en chapeau rouge ; Saint-Germain, autre matérialiste nobiliaire, et enfin le banquier protestant Necker, véritable type de l'aristocratie d'argent. 

    Ainsi, toutes les nuances du parti novateur eurent successivement des représentants au ministère. La monarchie était désormais à la discrétion de ses ennemis, qui n'eurent plus besoin de mettre dans leurs manœuvres un hypocrite ménagement. Les parlements furent rétablis sur leurs anciennes bases, sans que l'on prît aucune précaution contre leur esprit d'opposition, encore aiguisé par la vengeance et par le triomphe qu'ils obtenaient. On ne tarda pas à retrouver les membres de cette compagnie toujours prêts à favoriser les factieux et à compliquer les difficultés où la couronne était engagée. La première faute du gouvernement de Louis XVI, faute capitale, et d'où dérive directement la catastrophe qui le termina, fut de s'égarer dans une foule de réformes, ou, pour mieux dire, de changements partiels, avant d'avoir ressaisi l'autorité souveraine et rétabli la bonne administration du Royaume. On ne faisait par-là qu'encourager les prétentions des conspirateurs, sans s'être assuré les moyens de les réprimer. L'énergie n'était point d'ailleurs une qualité du caractère du roi Louis XVI. Tout concourait donc à exagérer l'audace des révolutionnaires, qui déjà succédaient aux philosophes, dont ils ne faisaient au reste qu'appliquer les doctrines. Poussés tour à tour par cette opinion publique dont Louis XVI s'était imposé de suivre toutes les phases, les ministres, qui apparaissaient sur la scène des affaires pour en descendre au bout de quelques mois, apportaient chacun leur petite réforme, suivant la direction de leur esprit ; mais tous encourageaient l'effervescence démocratique de la nation.

    Tandis que l'on changeait le mode de perception des impôts, que la royauté renonçait aux lettres de cachet, arme qui eût été utile contre les chefs de faction; que l'on détruisait la Maison du roi, dont la loyauté faisait contraste avec l'esprit de beaucoup d'autres corps; tandis que l'on méditait la ruine du clergé français,  cet antique et magnifique monument, si monarchique et si national à la fois; tandis que l'on abolissait la torture, tombée depuis longtemps en désuétude, et qu'on s'amusait à rechercher les vestiges de corvées et de servitudes qui existaient encore, afin de les effacer, on laissait aux écrivains et aux parleurs liberté entière d'imprimer et de colporter les principes les plus immoraux et les plus subversifs. On les laissait préconiser le culte de la raison (nous répétons cette expression philosophique, sans vouloir l'expliquer), poser comme base de leur système politique l'égalité (nous ne faisons encore que répéter), et arriver à mettre les faits à la place du droit. La royauté en était venue à se déchirer elle-même les entrailles : on vit paraître une déclaration royale portant qu'une colonie, pour s'affranchir de tout tribut vis-à-vis de la métropole, n'avait besoin que de se déclarer indépendante. Cette déclaration fut proclamée à propos de la guerre de l'Amérique et de l'Angleterre. Dans cette guerre, la France, fidèle à son nouveau principe de guerroyer sans but, épuisa ses finances, et prodigua le sang de sa jeune noblesse pour s'acquérir la haine redoutable de l'Angleterre et l'amitié, assez équivoque et fort inutile, des Américains. 

    L'honneur d'avoir combattu victorieusement ne pouvait d'ailleurs compenser le mal que devait causer en France l'importation des idées républicaines. Les jeunes seigneurs, compagnons de Washington, durent préconiser à leur retour ce qui était en quelque sorte l'âme de leur gloire. Le dogme de la souveraineté du peuple sortit naturellement de ces faits et de cette conduite. On ne doit plus s'étonner lorsqu'on voit une autre déclaration royale, provoquée par le cardinal de Loménie, appeler les gens de Lettres à proposer le meilleur mode pour la convocation des Etats généraux. On se plaçait ainsi dans le lit même du torrent. C'est encore le parlement qui poussa le gouvernement à convoquer les Etats généraux, mesure formidable, que l'on ne devait peut-être employer qu'à des époques de crise extérieure, et lorsqu'un intérêt commun et évident ralliait la nation autour du trône, mais non pas, certes, lorsque les institutions de la monarchie auraient eu besoin d'une protection dictatoriale. Le ministre des Finances, Calonne, avait au préalable assemblé les notables ; mais les factieux parvinrent, par leurs manœuvres, à neutraliser l'effet qu'eût pu produire cette assemblée, composée en grande partie de membres du clergé et de la noblesse, et il n'en résulta que la divulgation de la faiblesse du pouvoir et du désordre des affaires. 

    Ce fut alors que les parlements, qui s'étaient jetés à la tête du parti réformateur, intriguèrent pour faire rassembler les Etats généraux, où ils espéraient dominer par la connaissance de la jurisprudence et l'habitude de la parole. Cette mesure était présentée comme le seul moyen de satisfaire la nation et de tirer la royauté des difficultés où elle se perdait. Elle fut adoptée, comme nous venons de le dire. La monarchie n'allait point à sa perte pas à pas, elle semblait n'y pouvoir arriver assez vite. En convoquant les Etats généraux suivant les formes anciennement usitées, on eût encore excité des troubles, mais en donnant aux Tiers Etat un nombre de représentants égal à celui des représentants du Clergé et de la Noblesse réunis on rendait un bouleversement général inévitable. Les princes du sang protestèrent en vain contre cette innovation. La première assemblée des Etats eut lieu le 5 mai 1789. Les députés du Tiers Etat, laissant bien en arrière toutes les prétentions des parlements, se constituèrent tout d'abord en assemblée nationale, et l’évolution commença. Le pouvoir ne sut prendre d'autre mesure contre cette déclaration plus que menaçante que de faire suspendre les séances et fermer la salle où elles se tenaient. Le Tiers Etat répondit à cette dérisoire répression par le serment du Jeu de paume. On ne peut comprendre que cette éclatante rébellion n'ait pas enfin dessillé les yeux du monarque ; qu'il n'ait pas vu à ce moment qu'il n'y avait plus d'accommodement possible, et qu'il ne se soit pas résolu à défendre ses droits à force ouverte. Son malheur fut de ne pas comprendre que le bonheur de la nation dépendait du maintien des institutions monarchiques, et de croire que le roi peut gouverner ses sujets sous leur propre tutelle.

    Après une lutte de quelques jours, soutenue d'une part avec une modérisation déplorable et des concessions ruineuses, de l'autre avec une insolence sans bornes et des exigences impitoyables, l'Assemblée prétendue nationale resta maîtresse du terrain. Le Clergé et la Noblesse reçurent ordre de se réunir au Tiers Etat. Louis XVI déclara qu'il ne voulait pas qu'un seul homme pérît pour sa querelle. Et c'était le sort de dix générations peut-être qu'il compromettait par son aveugle faiblesse ! L'ancien mode de délibération par ordre fut rejeté bien loin : il n'y eut dans l'assemblée d'autre division que celle des partis, qui, partagés par des vues d'ambition et d'intérêt personnel, se réunissaient pour le renversement des anciennes institutions. Les faibles étaient entraînés, les bons étaient écrasés par la véhémence des factieux. La déclaration des Droits de l'Homme, rejetée dans les bureaux, fut adoptée par l'assemblée réunie. Tandis que l'anarchie régnait parmi les gouvernants, il était difficile que l'ordre se conservât parmi les masses. Tandis qu'on abolissait à l'Assemblée nationale la Constitution monarchique, il était difficile que le peuple conservât pour le monarque et pour les Grands le respect qui leur était dû. A la vue des périls matériels qui menaçaient la France, Louis XVI eut une dernière velléité d'énergie : le maréchal de Broglie, qui était à la tête de quarante mille hommes de bonnes troupes, fut mandé à Paris. La populace de Paris n'eut besoin, pour faire retirer cette mesure, que de se soulever, de s'emparer de la Bastille, de piller les arsenaux et de massacrer quelques citoyens fidèles. A partir de ce moment, Louis XVI se prépara au martyre, et ne songea sans doute plus à se montrer en roi. Il se prêta à tout ce qu'on exigea de lui, se mit complètement à la merci des constituants, se laissa mener en triomphe à Paris, dépouiller de ses gardes et décorer de la cocarde aux trois couleurs, signe de ralliement des factieux. Le président de l'Assemblée nationale lui adressa par forme de compliment ces paroles : « Henri IV, votre aïeul, avait conquis son peuple ; c'est le peuple aujourd'hui qui a conquis son roi ».

    Peu de mois après, un soulèvement des Parisiens alla de nouveau l'arracher au palais de Versailles : il fut ramené à Paris avec toute sa famille et emprisonné dans le palais des Tuileries. Les circonstances les plus hideuses accompagnèrent cet enlèvement. L'Assemblée nationale, comme un essaim de vautours acharnés sur leur proie, se transporta à Paris à la suite du malheureux roi. Dès lors, on ne sait plus ce dont on doit le plus s'étonner, ou de la résignation du monarque, ou de la fureur de ses ennemis. Celui-là n'était jamais las de faire des concessions nouvelles, espérant dans son aveuglement épargner le sang de ses sujets, en sacrifiant les lois qui les protégeaient ; ceux-ci, cependant, retenus par des considérations extérieures et par une habitude de respect héréditaire, n'osaient encore abolir complètement la royauté, et s'en dédommageaient par le supplice continuel auquel ils avaient voué le roi. Le trône était en effet tout ce qu'il restait du Royaume de France. Les parlements, le Clergé, la Noblesse, la législation, l'armée, les finances, le système de la propriété, tout le reste était anéanti, et, par une dérision amère, on demandait au roi, pour tous les décrets, une approbation qu'il ne pouvait refuser.

    Nous ne parlerons pas des divers ministères qui se succédèrent à cette époque aux affaires, et qui tous n'étaient que des reflets de l'Assemblée constituante. Ce terrible pouvoir émané de lui-même, et ne relevant de rien ni de personne, ne pouvait être de longue durée ; il éprouva la réaction du mouvement destructeur qu'il avait opéré en France ; il fut obligé de s'effacer et de faire place à une Assemblée législative qui devait rétablir un autre état de choses à la place de celui qu'on avait renversé, mais qui ne pouvait en réalité que continuer l'œuvre inachevée de la Révolution et sanctionner la souveraineté de l'anarchie. Des princes avaient depuis longtemps quitté la France ; ils avaient pris ce parti à la prière du roi lui-même : beaucoup de membres de la noblesse et des classes de la société qui s'y rattachaient avaient aussi émigré. Les partisans de la monarchie n'avaient de choix à faire qu'entre la fuite et le martyre. La résistance était impossible. Le roi la défendait absolument. Il s'y opposait de tout le pouvoir qui lui restait ; et lorsque l'autorité royale était ainsi méconnue et attaquée, il était difficile aux citoyens fidèles de refuser au roi leur obéissance, fût-ce même dans son propre intérêt. Ce fut alors que l'on put voir combien en nivelant la noblesse Richelieu et Louis XIV avaient affaibli la monarchie. Les grands seigneurs s'étaient appauvris et corrompus dans l'existence oisive et luxueuse de la cour. Au lieu de s'endurcir les bras et d'aguerrir leur esprit comme leurs pères, dans les périls, dans les révoltes et les conspirations quand la guerre manquait, ils se rapetissaient et s'amollissaient en des intrigues mesquines. Au lieu d'avoir des partisans et de marcher entourés de jeunes gentilshommes, ils portaient des broderies et des diamants, ils avaient des voitures et des laquais dorés. Si la France n'eût été composée que de nobles, c'eût été merveille ; mais derrière eux se trouvait le peuple, qui, dressant la tête par-dessus la noblesse à mesure qu'elle s'affaiblissait, devait tôt ou tard être saisi d'une de ces fureurs qu'il puise dans l'ignorance de son impuissance morale, et qui se résolvent par le massacre et la dévastation.

    Quand la nouvelle jacquerie éclata, on n'avait plus pour l'arrêter à sa naissance ces escadrons de chevaliers puissants par leurs armes, plus puissants encore par l'esprit commun qui les animait. Beaucoup de seigneurs de la cour, de ceux-là même pour qui les Bourbons avaient le plus fait, abdiquèrent leur qualité et se confondirent dans les rangs des démagogues.

    La noblesse de province, demeurée pour la plupart fidèle, ne trouva aucun grand nom pour lui servir de drapeau et de signal de réunion ; ce grand corps qui comptait dans son sein quatre-vingt mille familles, s'écroula sans opposer de résistance, faute de point d'appui. L'armée de Condé et de Quiberon appartiennent aux corps d'officiers de terre et de mer. L'héroïque protestation de la Vendée appartient à l'esprit religieux et au peuple. La noblesse n'existait plus comme corps politique ; ce fait, lentement accompli, s'était seulement révélé quand une commotion avait assailli l'Etat. Les gentilshommes ne se devaient plus, dès lors, de comptes qu'à eux-mêmes. Ceux qui ne désespéraient pas de l'avenir allaient dans l'exil attendre des jours meilleurs, gardant précieusement dans leur sein le souvenir d'une patrie qui ne devait offrir désormais qu'un tombeau aux plus heureux d'entre eux. Les autres, ceux qui pensèrent que tout était fini, et qui voulaient s'ensevelir sous les ruines de la monarchie, après avoir vu leurs châteaux réduits en cendres, montaient sur les échafauds, jetaient sur la foule un regard tranquille, dédaigneux et laissaient prendre leur tête au bourreau. C'était ainsi qu'ils mouraient ! L'assassinat ne les prenait pas plus au dépourvu qu'une exécution publique.

    Quant à ceux qui se jetèrent dans le parti révolutionnaire, il nous est difficile de trouver dans ce fait une tradition des anciennes révoltes nobiliaires, des guerres de la Ligue ou de la Fronde, dans lesquelles la noblesse agissait collectivement et ne combattait l'autorité royale qu'à son profit, tandis qu'à l'époque de la Révolution de 1789, les Noailles, les La Rochefoucauld, les Montesquiou, les Lauzun, enfin tous les seigneurs qui se réunirent au Tiers-Etat, ayant renoncé à leurs titres et à leurs privilèges, n'étaient mus que par l'intérêt de la nation, sinon par des vues d'ambition personnelle. Ils furent au moins coupables d'impéritie. Le moment arriva où les assassins organisés qui campaient dans Paris, dignes satellites de ceux qui gouvernaient la France, se sentirent assez aguerris au crime pour attenter à la personne du roi. Quand on voit vingt-mille hommes armés envahir les Tuileries dans un but meurtrier, briser les portes avec la hache, traîner des canons dans les appartements, et s'arrêter devant la majesté royale, toute dépouillée qu'elle leur apparaisse, on peut conclure de là que le respect, l'autorité et le nom du roi s'étaient progressivement acquis en France, et quels longs souvenirs de bienfaits et de gloire s'y rattachaient.

    C'est le 20 juin 1792 qu'eut lieu cette attaque, organisée par ceux qui disposaient du pouvoir, et qui, ayant manqué son but, demeura impunie. Deux mois ne s'étaient pas écoulés qu'un nouveau soulèvement plus formidable encore se rua sur le palais des Tuileries. Un combat s'engagea entre les hordes des factieux et quelques bataillons de la garde nationale et des gardes suisses, que conduisaient des serviteurs fidèles. Le succès dans cette circonstance ne pouvait sans doute réparer tous les maux causés par la faiblesse du prince : mais il était de son devoir de s'attacher à la moindre chance de salut. Alors, comme auparavant, Louis XVI ne jugea point ainsi. La clémence absorbait en lui toutes les facultés royales. Il alla lui-même rassurer les députés qui tremblaient sur leurs bancs en entendant les coups de fusil retentir et qui craignaient que les soldats, vainqueurs des sicaires, ne voulussent aussi en finir avec les chefs. Le roi envoya l'ordre à ses défenseurs de cesser le combat. L'Assemblée reconnut cet acte de bonté en prononçant trois jours après la déchéance du monarque, qui fut conduit avec sa famille à la prison du Temple.

    C'en était assez pour l'Assemblée législative, qui céda la place à la Convention. La Constituante avait dépouillé la royauté du cortège d'institutions qui la soutenaient : la Législative l'avait anéantie. Il fallut une troisième assemblée pour sceller du meurtre du roi l'abolissement du pouvoir royal. On s'est étonné et indigné de l'attitude passive que conserva toute l'Europe en présence de cette grande perturbation. Les gouvernements furent effrayés de l'énergie que déployait la nation française ; ils la laissaient s'épuiser et se déchirer elle-même, confondant cette révolution avec les révolutions accidentelles, attendant le moment favorable pour une invasion, et rêvant le partage de notre territoire. Ils ne se crurent point intéressés dans la question, et ne purent déplorer bien sincèrement la chute d'une Maison royale qui avait arraché quelques fleurons à presque toute les couronnes de l'Europe. Les faibles tentatives de la Prusse pour venir au secours de Louis XVI ne firent que servir de prétexte aux bourreaux de ce malheureux prince. Déclaré en état d'accusation comme coupable d'attentat à la sûreté du peuple français, il fut mandé à la barre de la Convention, dont il ne récusa pas la compétence. Chose étrange ! La Convention accueillit avidement cette suprême concession de Louis XVI. Nous ne donnerons point de détails sur ce procès, nous ne le qualifierons point, nous ne discuterons pas non plus (à Dieu ne plaise !) la compétence d'une nation à juger son chef : les résultats de ce fait en ont suffisamment démontré l'iniquité.

    C'est le 17 janvier 1793 que fut prononcée cette sentence de mort qui couvait depuis si longtemps dans le cœur des juges. Elle fut exécutée le 21 janvier. Le roi se montra en présence du supplice ce qu'il avait toujours été au milieu des hurlements d'une multitude furieuse et sous les outrages de son emprisonnement. Il fut sublime de calme, de résignation et de courage. Sa fermeté auguste ne l'abandonna ni pendant ses adieux à la reine et à ses enfants, ni sur le faîte de l'échafaud. Il protesta de son innocence et pria Dieu de ne point faire retomber son sang sur la France. Mais sa voix n'arrivait qu'aux oreilles endurcies des soldats qui de toutes parts entouraient l'échafaud. Le bruit des tambours la couvrit bientôt. La tête de Louis XVI tomba, et fut présenté à la foule par la main du bourreau.

    Des cris de Vive la République ! s'élevèrent alors du sein du morne silence qu'avait gardé le peuple pendant l'exécution. On put croire qu'il cherchait à s'étourdir et qu'il invoquait l'avenir pour oublier le passé. »  

    A lire dans Lafautearousseau … 

    Histoire • Rois de France, de Balzac : La « secte » des Encyclopédistes, la décomposition morale - élites et société - au XVIIIe siècle [II]

    Histoire • Rois de France, de Balzac, republié par Péroncel-Hugoz : Présentation [I]

    Sortie au Maroc de « ROIS DE FRANCE suivi de NAPOLEON » , essai de Balzac paru en 1837 et indisponible depuis 1950