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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1362

  • Toulon : Ce mercredi 27 juillet au Café Histoire, visite de l'église du port de Toulon

    Le Café Histoire de Toulon propose une visite commentée de l'église du port de Toulon, le mercredi 27 juillet 2016. Cette visite, sera conduite par Alain Vignal, agrégé et docteur en Histoire, membre de l'Académie du Var.

    A l'issue de cette visite gratuite, on pourra se procurer (au profit de la paroisse) la belle brochure d'Alain Vignal : Saint-François-de-Paule - L'Eglise du port de Toulon, Histoire et patrimoine, préfacée par l'abbé Fabrice Loiseau (24 pages).

    Ouverte à tous, la soirée pourra se poursuivre autour d’une pizza (participation aux frais) au Graal, Pub associatif des Missionnaires de la Miséricorde Divine.

    En plus de cette visite estivale, le recteur de la confrérie des Pénitents noirs de Toulon envisage de réaliser une seconde visite de cette même église lors de la journée du Patrimoine au mois de septembre 2016.

    La prochaine causerie du mercredi  28 septembre 2016 devant les Amis du Pub Le Graal, portera sur le thème : « Guerres au Proche Orient, russes et américains face à face ».  Elle sera animée par Antoine de  Lacoste.

    Le Graal, Pub associatif des missionnaires de la Miséricorde (adhésion 1 €)
    377 avenue de la République , 83000 Toulon
    Contact : cafehistoiredetoulon@gmail.com

    Café Histoire deToulon Programme 2016 des causeries du Grall

     

  • Ran Halevi : « Trump, par-delà la démagogie, l'expression d'une aspiration politique »

     

    Par Ran Halevi

    L'élection de Donald Trump comme candidat du Parti Républicain à l'élection présidentielle américaine est un événement politique de première importance.  Par ce qu'elle révèle de l'actuelle aspiration politique des peuples. Laquelle ? Ce que Régis Debray appelle « un ressourcement identitaire »*. Nous ne disons pas, ici, autre chose. [Cet article est paru sur Figarovox le 24.07]  LFAR

     

    C'est une première dans l'histoire de la démocratie américaine. Le Parti républicain vient d'introniser comme candidat à l'élection présidentielle de novembre un homme dépourvu de toute expérience politique, qui n'avait jamais figuré dans ses rangs, ne partageait pas son credo conservateur, le désavouait même publiquement pour en faire le ressort de son succès : il a tourné les électeurs républicains contre leurs élus, emporté 37 primaires et rallié 14 millions de voix, un record, en dégommant ses 16 concurrents et en ébranlant au passage les fondations du parti qui aujourd'hui le couronne.

    La nomination de Donald Trump est un événement politique de première importance, par ce qu'elle révèle des procédés, des passions, mais aussi des défaillances qui affectent aujourd'hui la marche de nos démocraties. Elle consacre le populisme d'un type nouveau, très mobilisateur et… passablement dépolitisé, où l'ignorance politique semble constituer un atout électoral. Voici un cas d'école sur l'efficacité des rhétoriques incendiaires, de l'aplomb démagogique, des outrances verbales, des mystifications et des promesses extravagantes, acclamées non parce qu'on les croit réalisables mais parce qu'on se plaît à les entendre exprimer.

    M. Trump ne s'embarrasse pas d'exhiber son ignorance encyclopédique, y compris de la Constitution des États-Unis, que, dans l'hypothèse de sa victoire, il prêtera serment de « préserver, protéger et défendre ». Le rapport très libre qu'il entretient avec la vérité, désormais abondamment documenté, est facilité par son indifférence assumée aux frontières qui séparent le vrai du faux - on ne compte plus les entreprises, au cours de sa longue carrière, qui n'aient entraîné des inculpations en raison d'engagements piétinés, de combinaisons frauduleuses, de manquements et de dérobades.

    La convention qui vient de s'achever à Cleveland aura été bien à son image. Improvisations, chahuts, fronde d'une minorité de délégués vite étouffée, huées à l'adresse des orateurs rétifs à clamer publiquement leur soutien, dissentiments sur des questions essentielles entre le candidatet son colistier… - le tout rythmé par une parade continue de narcissisme. Cette kermesse, boudée par deux anciens présidents, des ex-candidats à la Maison-Blanche et une brochette de gouverneurs, de sénateurs, de représentants, a vu, faute de mieux, défiler à la tribune ceux de la tribu Trump susceptibles de prononcer un discours. Celui de l'épouse ayant révélé quelques surprenantes similitudes avec l'allocution de Mme Obama à la convention démocrate de 2008, le conseiller en chef de M. Trump criait au complot, aussitôt attribué à… Hillary Clinton.

    Le prodigieux exploit de Donald Trump représente un défi vivant à la science politique. À sa devise conquérante - « rétablir la grandeur de l'Amérique » - répond en écho le tableau apocalyptique d'un pays cassé, sapé par l'immigration, rongé par le crime et assiégé de périls. L'Amérique d'aujourd'hui est plus prospère et paisible qu'elle n'a jamais été : la Bourse bat des records, le chômage baisse, les violences urbaines reculent même si elles restent spectaculaires, les salaires modestes commencent à décoller… Pourtant, les Américains sont comme happés par une morosité nationale - le pressentiment d'une perte de repères, d'une dérive des institutions, de menaces imminentes, qu'entretient et aggrave une polarisation politique endémique.

    Ce malaise, qui ne se limite pas à la seule Amérique, renvoie, on le sait, aux sentiments de précarité économique et de dépossession identitaire produits par la mondialisation et les mouvements migratoires incontrôlés. Mais il s'alimente à d'autres sources encore. Nos démocraties sont devenues le théâtre d'un vent insurrectionnel, démultiplié par les réseaux sociaux, contre les autorités traditionnelles. L'usure et le discrédit des « élites » tendent à exacerber une forme de nihilisme politique, fait de rage, de frustrations, de peurs, dont M. Trump est à la fois le symptôme et le bénéficiaire.

    Le vrai ressort de cette insurrection est un puissant besoin de nation, si obstinément nié, tenu en suspicion, ringardisé - cette idée, pourtant triviale, longtemps abandonnée aux tribuns populistes, qu'une communauté nationale a le droit, et le devoir,de mettre en avant les intérêts et les valeurs des siens et de préserver l'intégrité culturelle de son être ensemble.

    Donald Trump l'avait compris avec un instinct infaillible. « Les gens veulent apercevoir des frontières », a-t-il récemment déclaré. Toute sa campagne, aussi incohérente qu'elle ait été par ailleurs, exploitait sans vergogne la question nationale, pendant que les caciques du Parti républicain continuaient à dénoncer l'« obamacare », le trop d'État, la protection sociale, en voyant les primaires leur échapper régulièrement. Ils paient aujourd'hui le prix des chimères idéologiques que leur propre électorat a congédié dans les urnes. Les voici contraints soit à soutenir cet encombrant intrus soit à le désavouer, deux manières d'attester le naufrage d'un parti aujourd'hui fracturé et exsangue.

    La seule chose qui lie M. Trump à l'establishment républicain est une hostilité partagée envers Hillary Clinton. Ce n'est pas, certes, un programme électoral, mais les sondages les plus récents les portent, à défaut de s'entendre, à tout miser sur cette cible : la cote de Mme Clinton continue de baisser et l'avance qu'elle conserve sur son adversaire républicain est trop ténue pour autoriser un pronostic.

    Quant à savoir ce que peut donner l'accession d'un Donald Trumpà la magistrature suprême du plus puissant État de la planète, personne ne peut prétendre en avoir une idée claire, à commencer par l'intéressé. 

    Ran Halevi

    Ran Halevi est directeur de recherche au CNRS et professeur au Centre de recherches politiques Raymond-Aron.

    * A voir dans Lafautearousseau ...

       Régis Debray est il réactionnaire ? Débat avec Alain Finkielkraut

  • Attentats multiples en Allemagne : plus que l’islamisation, c’est l’immigration qui tue

     

    par Aristide Leucate
     
     
    3266751844.jpgDepuis la semaine dernière, l’Allemagne est en proie à des attentats d’une particulière violence. Les attaques meurtrières se multiplient… et se ressemblent, quoi qu’on dise.

    Ainsi, le 18 juillet, un demandeur d’asile afghan de 17 ans blesse cinq personnes à bord d’un train régional allemand, à Wurtzbourg, en les attaquant à la hache et au couteau, avant d’être abattu par la police.

    Le 22, un « Germano-Iranien » de 18 ans abat neuf personnes dans un centre commercial de Munich et se supprime ensuite.

    La journée du 24 fut doublement ensanglantée, d’abord à Reutlingen, où un réfugié syrien tue une femme et blesse deux autres personnes avec une machette, puis à Ansbach, où un autre réfugié syrien se fait exploser aux abords d’un festival de musique et occasionne un mort et douze blessés.

    La série noire avait pourtant débuté dès février 2015, lorsqu’une adolescente de 15 ans s’en était prise à un policier à la gare de Hanovre, en l’attaquant au couteau. Quelques mois plus tard, en juin, un projet d’attentat impliquant des Syriens et visant le centre de Düsseldorf était déjoué de peu. En septembre, ce fut au tour d’un Irakien de 41 ans, bénéficiant d’une liberté conditionnelle après avoir été condamné à une peine de prison ferme pour appartenance à une organisation terroriste, de blesser une policière à l’arme blanche à Berlin.

    La prudence de Sioux dont font montre les médias « mainstream » est, à cet égard, exemplaire, parce que singulièrement grotesque. France Info avait même annoncé un « attentat présumé » s’agissant de l’attaque d’Ansbach. Et l’ensemble des médias, dans une semblable démarche mimétique pavlovienne, de parler de « violences », à la rigueur d’« attaques terroristes », mais sans jamais désigner quiconque.

    Et, systématiquement, les mêmes éléments de langage aseptisés qui décrivent le tueur comme un « forcené », un « déséquilibré », un « voisin sans histoire », voire un musulman « non pratiquant » (ineptie, quand on sait que l’islam, à la différence du catholicisme, par exemple, ne se réduit nullement à une religion et à des rites mais est foncièrement juridico-politique, l’appartenance de chaque mahométan à l’Oumma lui conférant aussi bien une « citoyenneté » qu’une « nationalité »).

    Le summum de la malhonnêteté est, cependant, atteint quand ces « mutins » de Panurge font état d’un séjour de l’assassin en « hôpital psychiatrique », confondant, à dessein, l’isolement de l’aliéné associé à une éventuelle camisole chimique avec le simple repos d’un dépressif ayant désespérément attenté à ses jours.

    Mais surtout s’agit-il, dans tous les cas, de Charlie Hebdo au Bataclan, de Nice à Munich, d’éviter « les amalgames » avec les musulmans d’ici ou les immigrants de l’autre côté du Rhin.

    Pourtant – sauf à vouloir délibérément prendre les gens pour des imbéciles (bien qu’ils soient, effectivement, légion) -, si tous les attentats précités ne furent pas revendiqués par Daech, l’ombre blafarde de ce dernier plane néanmoins, attendu que ceux qui s’en réclament, fût-ce par pure opportunité pour justifier a posteriori leurs forfaits, sont, curieusement, loin, très loin d’être des Bavarois ou des Niçois de souche. Rappelons qu’en 2015, plus d’un million d’allogènes extra-européens candidats à l’asile foulèrent le sol germanique…

    À cette aune, force est bien d’admettre que, davantage que l’islamisation de nos pays, c’est leur submersion migratoire continue, encouragée et planifiée depuis 40 ans, qui apparaît comme le fléau majeur devant lequel nos élites mondialisées sectaires se voilent criminellement la face par pure idéologie. 

    Docteur en droit, journaliste et essayiste
  • Dédié aux gens qui croient que les choses vont toujours dans le même sens ...

     

    ... Et Atlantico précise : « D'après une étude publiée par le Journal of Democracy (voir ici), 72% des Américains nés avant la Seconde Guerre Mondiale jugent essentiel de vivre dans une démocratie. Chez les millenials (nés entre les années 1980 et 2000), ce chiffre tombe à 30%. Comment expliquer cette perte d'attachement à la démocratie en quelques décennies ? S'agit-il réellement d'une défiance vis-à-vis de la démocratie elle-même, ou est-ce plutôt la conséquence d'un sentiment d'uniformisation, de standardisation de l'offre politique ? » A méditer, n'est-ce pas ?  •

  • Elisabeth Lévy : « Le peuple, voilà l'ennemi ! »

     

    Par Vincent Tremolet de Villers  

    A l'occasion de la parution du dernier numéro de Causeur, Elisabeth Lévy a donné un long entretien à FigaroVox [24.07]. Exceptionnellement, vous le lirez en entier en cliquant sur Lire la suite. Elle y décrypte les ravages de l'opposition entre le peuple et les élites sur fond de Brexit et d'attentats. En beaucoup de points, nous partageons ses analyses, évidemment pertinentes. Y-a--t-il des sujets de désaccord ? Sans doute. Nous laissons au lecteur le soin de les déceler. Mais sur l'essentiel, quel talent ! Quelle lucidité et quel bon sens ! LFAR

     

    627969587.jpgDans votre (savoureux) éditorial vous reprochez à Anne Hidalgo d'avoir rétabli les octrois. Quelques pages plus loin, vous félicitez le prolo anglais d'avoir voté contre « les élites » London-bruxelloises. Vous virez populiste ?

    Merci pour savoureux ! Vous avez raison, l'interdiction des vieilles voitures à Paris et le fanatisme européiste sont deux expressions du mépris prononcé des élites pour le populo qui pense mal, vote mal, vit mal et qui, en prime, sent mauvais. Au mieux des grands enfants qui ne savent pas ce qui est bon pour eux, au pire des barbares qui, avec leurs tas de ferraille pourris, menacent les bronches délicates de nos chérubins élevés bio. Je précise que je suis contre les maladies respiratoires et pour la paix entre les peuples, mais dans les deux cas, Brexit et pseudo mesures anti-pollution, c'est une idéologie qui est à l'œuvre, et cette idéologie s'emploie à détruire tout résidu du passé, qu'il s'agisse des nations ou des bagnoles ! Alors vous qualifiez ma critique ironique de « populiste », dernière insulte à la mode. C'est marrant, autrefois, défendre les intérêts du populo (alors appelé classe ouvrière), c'était le comble du progressisme. Aujourd'hui, cela signe votre appartenance à la réaction, allez comprendre. En réalité, « populisme » est le nom que la gauche donne au peuple quand le peuple lui déplait. Dans notre émission « L'Esprit de l'Escalier » sur RCJ, Alain Finkielkraut a eu la bonne idée d'exhumer le fameux poème de Brecht qu'on cite sans le connaître. Brecht, qui est pourtant communiste, l'écrit pendant la répression de la grève ouvrière de 1953 à Berlin-Est. Il trouve un tract du Parti qui déclare que « le peuple a perdu la confiance du Gouvernement ». Et Brecht conseille ironiquement à ce dernier de « dissoudre le peuple et d'en élire un nouveau ». Et c'est exactement ce que la gauche essaie de faire depuis trente ans. Le peuple vote mal ? Changeons de peuple ! Le peuple ne veut pas la poursuite de l'immigration massive ? Changeons de peuple ! Le peuple a peur de l'islam ? Changeons de peuple ! Le peuple veut rester un peuple ? Changeons de peuple ! Autrement dit, la gauche, représentante autoproclamée du peuple, ne se demande jamais comment répondre à ses aspirations ou inquiétudes mais comment lui faire entendre raison, enfin c'est une façon de parler, car elle utilise plutôt le prêchi-prêcha, l'invective et le chantage. Dans le cas du Brexit on aura tout eu : si vous votez « oui » vous irez en enfer ; puis, ce sont les vieux, les bouseux alcooliques (et les consanguins, non?) qui ont voté Brexit ; et enfin, ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient, la preuve ils ont changé d'avis. Quand un peuple dit « non », c'est « oui », on connaît la musique….

    « Le peuple n'a pas toujours raison » a dit Daniel Cohn-Bendit au sujet du Brexit…

    Quel aveu ! Désolée, mais si, en démocratie, le moins pire des systèmes comme on le sait, le peuple a par principe raison. Voilà pourquoi la destruction de l'école, sous de fallacieux prétextes égalitaires, est dangereuse : si le peuple a raison, il vaut mieux qu'il soit éclairé et capable de se forger une opinion autonome, on sait ça depuis Condorcet. Au passage, puisque c'est toujours cet exemple que Cohn-Bendit et les autres sont prêts à abattre sur la tête de l'électeur récalcitrant, si le peuple décide démocratiquement d'amener Hitler au pouvoir, il est déjà trop tard. Du reste, ce n'est pas ce qui s'est passé en 1933, d'abord parce qu'Hitler n'a pas obtenu la majorité, ensuite parce que l'atmosphère pré-terroriste de la campagne était tout sauf démocratique. Rappelons cependant que le peuple britannique n'a pas voté pour l'arrivée de Hitler au pouvoir, ni même pour « sortir de l'Europe » comme l'a annoncé Le Monde, mais pour quitter l'Union européenne. Alors revenons sur terre. Il me semble à moi que ce que l'histoire a fait, l'histoire doit pouvoir le défaire et qu'il ne faut peut-être pas en faire un tel plat. Du reste, avez-vous remarqué comme depuis l'attentat de Nice, le Brexit apparaît comme beaucoup moins cataclysmique ? Seulement, pour Cohn-Bendit et pour un certain nombre de mes confrères, la construction européenne n'est pas un fait historique, c'est une religion. Le vote britannique aura au moins eu le mérite de leur faire avouer qu'ils ne sont pas démocrates. C'est leur droit. Mais quand on se rappelle que les mêmes, quelques semaines plus tôt, rivalisaient dans l‘attendrissement et l'admiration pour Nuit debout et ses merveilleuses logorrhées citoyennes, on peut au moins exploser de rire. Leurs contorsions pour expliquer que, finalement, la démocratie participative c'est chouette mais qu'il ne faut pas en abuser, m'ont fait passer quelques bons moments.

     

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  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Société • Face au terrorisme islamiste, osons une riposte culturelle

     

    Par Louis Manaranche

    Les terroristes peuvent être à la fois des déséquilibrés et des islamistes, estime Louis Manaranche. Face à eux, une riposte culturelle est nécessaire. pour laquelle l'expérience des Chrétiens peut être essentielle.[Figarovox 20.07]

     

    Qui sont ces terroristes ? La réponse n'est jamais évidente et elle l'est encore moins dans le cas de Nice. Sur les réseaux sociaux, on s'écharpe pour savoir s'il s'agit d'un simple déséquilibré ou d'un authentique islamiste radical répondant aux mots d'ordre de Daech. Quelques voix, comme celle de Jean-Pierre Denis, se sont fait entendre avec raison pour souligner que les deux options n'étaient pas exclusives.

    La propagande de Daech, la fascination autour de sa vision totalisante et morbide de l'islam, troublent des esprits fragiles et leur donnent une forme et une modalité de passage à l'acte, sublimant celui-ci. La caricature d'identité religieuse qu'offre Daech vient répondre, tragiquement, au vide identitaire et aux fragilités humaines et sociales de personnes qui peuvent être aussi bien des Irakiens ou des Syriens que nos voisins de pallier. En France, Daech est devenu le miroir inversé de la société contemporaine. À la sécularisation répond un dieu tout-puissant vengeur, à l'émancipation féminine répond l'assujettissement, à un certain irénisme humaniste répond le culte de la guerre et de la violence.

    Mais que l'on ne s'y méprenne pas: il ne s'agit pas d'une «réaction» ordinaire. Les vidéos diffusées reprennent des codes connus des jeunes par le cinéma et les jeux vidéos, les technologies utilisées sont dernier cri, les pulsions exploitées sont les mêmes que dans les films gores ou pornographiques. Daech est une radicalisation résolument moderne. Qu'il s'agisse de l'hypertrophie de l'individu - l'ego des terroristes, prompts à faire des selfies macabres et à se faire connaître par les chaînes d'actualité est d'un narcissisme remarquable -, qu'il s'agisse de la fascination pour l'image ou encore de la sollicitation de la libido, tout est fait pour séduire une jeunesse ancrée dans son époque. En ce sens, Daech joue la carte de la séduction et non de la conversion authentique. Ce n'est pas avant tout ma vie qui doit changer, même pour se conformer à des règles rigoureuses qu'on est libre d'apprécier à sa guise, c'est un acte criminel qui vient, enfin, donner un sens à toute ma vie, souvent petite et décevante, parfois peu conforme, comme à Nice, aux principes censés la régir.

    Qu'il y ait, dans un certain ordre, une réponse militaire à cette vague de folie meurtrière qui déstabilise le monde entier et frappe particulièrement la France est une chose importante. Toutefois, une autre réponse est nécessaire. Il s'agit de la riposte culturelle. Que l'on ne croie pas que j'aie la naïveté d'imaginer qu'amener des jeunes en quête identitaire au TNP ou à l'Opéra soit la solution à tous nos problèmes. Non, la culture a un sens bien plus profond ; c'est une manière d'incarner l'humanité et d'habiter la terre, qui embrasse les dimensions politique et spirituelle. L'honorer passe par la transmission passionnée de notre patrimoine innervé par Athènes, Rome et Jérusalem, pour ce qu'il a d'éminemment vivant et non comme un étendard encombrant. Cela passe par l'éveil du sens critique et interprétatif au contact du livre et de l'oeuvre d'art, antidotes à l'image éphémère... La tension et la possible réconciliation entre la foi et la raison, l'articulation entre l'individu et la communauté, la question de la dignité égale de l'homme et de la femme sont autant de problématiques qui émergent alors, avec d'autant plus de pertinence qu'on les a saisies dans leur histoire.

    Dans ce contexte, les chrétiens ont, je crois, un rôle particulier à jouer, évidemment sans exclusive. À eux, d'abord, de montrer qu'une foi religieuse authentiquement vécue n'a rien à voir avec la radicalité islamiste violente. L'annonce de leur foi dans le Christ passe par ce premier témoignage. Une Église qui vit de la foi, de l'espérance et de la charité, si elle rayonne, rend encore plus hideux Daech et ses sbires. Mais il y a plus que cela. Avec les tenants d'autres traditions philosophiques et spirituelles, en refusant radicalement le quant à soi, les chrétiens ont la mission de montrer comment ils ont lentement co-élaboré un dialogue entre la foi et la raison, entre le spirituel et le temporel, entre le religieux et le culturel, qui n'est pas une compromission. La densité de cette réflexion et l'exigence de la quête de sagesse qu'elle permet, si on les prend au sérieux, devraient rendre inconcevable que l'on cherche le sens et l'ouverture transcendante de son existence chez les fondamentalistes barbares 2.0.

    Transmettre notre culture et en donner le goût, ne pas repousser hors du champ public la question spirituelle, offrir cet enracinement intelligent partout par l'éducation, telle est la condition du réarmement moral auquel on appelle. La tâche est ardue mais la petite espérance chantée par Péguy ne fait jamais défaut dans « la République, notre royaume de France »...

    Louis Manaranche

    Louis Manaranche est agrégé d'histoire et président du laboratoire d'idées Fonder demain. Son livre Retrouver l'histoire est paru en 2015 aux éditions du Cerf.

  • Un débat en Occident qui ne sent pas très bon ...

    Un débat absurde venu d’Amérique © Copyright : dr

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Notre confrère Péroncel-Hugoz, qui séjourne actuellement en Europe, y a recueilli quelques échos d’un débat surréaliste agitant les milieux branchés …  Défense de rire !

     

    peroncel-hugoz 2.jpgLes Etats-Unis d’Amérique se déchirent entre les trompettants partisans de Trump d’un côté, et les partisans pas très hilarants d’Hillary de l’autre côté ; l’Europe occidentale, elle, est en pleine confusion avec le tour que les Britanniques viennent de lui jouer. Ajoutons que partout, à Bruxelles, Francfort, Marseille, Milan, Boston, Vancouver, etc. On s’attend, en toute impuissance, à de nouveaux carnages djihadistes. 

    Et savez-vous de quoi s’occupent, par ces temps d’anxiété généralisée, des «élites» politiques et intellectuelles de l’Occident ? Du statut des cabinets publics, des toilettes bref les WC … Les «transgenres», variété sexuelle nouvelle, surgie au grand jour à la fin du XXe siècle en Amérique du Nord et en Europe occidentale, devront-ils satisfaire leurs besoins naturels chez les hommes ou chez les femmes ? Ou bien faudra-t-il que les Etats créent des lieux d’aisance du troisième type pour que les «transgenres» puissent se soulager en toute bonne conscience, et en tout confort ? ... 

    Il paraît que cette gravissime question a même été agitée début juillet lors de la réception par le président François Hollande, de représentants des «minorités sexuelles» françaises. On s’attend même que le chef de l’Etat français, connu sous le surnom de «Monsieur Petites-Blagues», en forge une, bien salée, sur cet important problème marquant la dernière année de son quinquennat … On croit rêver mais on en est là. 

    Aux Etats-Unis, au moins, la question devrait être résolue puisque les deux candidats à la Maison-Blanche, Mme Hillary et M. Donald, sont pour une fois d’accord : « Il faut laisser les trans se soulager là où ils veulent ». Mais qu’en pensent vrais hommes et vraies femmes, peu soucieux, peut-être, de devoir côtoyer, en de tels lieux, des créatures indéterminées … On n’a encore vu sortir aucun sondage à ce sujet. N’ayons crainte, ça va venir ! Les sondages, ça rapporte… 

    En attendant, malgré la désapprobation du président Obama, qui a fait savoir sa sacro-sainte opposition à toute forme de « discrimination », la ville états-unienne de Charlotte, en Caroline-du-Nord a décrété que les trans devraient se comporter  «en toutes circonstances» en fonction du sexe qui leur est « attribué par leur carte nationale d’identité et non selon leur choix personnel » … 

    Aussitôt, protestations, pétitions de bonnes âmes, un peu partout aux Etats-Unis puis en Europe, continent jamais en retard pour imiter les tendances les plus absurdes venues d’Outre-Atlantique. La polémique s’est même emparée à présent des établissements scolaires où, selon certaines associations, chaque élève «doit pouvoir choisir son sexe lui-même et donc son lieu d’aisance » ! Même des enfants sont ainsi embarqués dans ce tourbillon ridicule. 

    Au moins au Maroc on est à l’abri de faux débats de ce type ! Ouf !  •

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 15.07.2016

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Société • Pokémon Go : quand l'Empire du Rien contre-attaque

     

    Par François-Xavier Ajavon     

    Le lancement du nouveau jeu géolocalisé de Nintendo connaît une ampleur planétaire. Pour François-Xavier Ajavon [Figarovox, 13.07], quand des multitudes se mettent à chasser frénétiquement des Pokémon virtuels, une réalité s'impose : le Rien a triomphé. Un rien démocratique ? LFAR 

        

    ajavon.jpgA quelques encablures du chassé-croisé des juilletistes et des aoûtiens, en pleine torpeur estivale, tandis que les Français dilapident leurs congés payés sur des plages surpeuplées pleines de touristes allemands en short, alors qu'un ennui palpable gagne toutes les rédactions, une information de premier plan est tombée sur les téléscripteurs du monde entier : l'humain vient enfin d'accéder à un plein accomplissement intellectuel grâce à un jeu : Pokémon Go. A l'heure où j'écris ces lignes seuls le Pape François, Elvis Presley et Michel Rocard ne se sont pas encore exprimés sur cette révolution dans la mutation de l'humain, créature animale déjà élaborée, vers encore plus de sophistication. La plupart de ceux qui ont une certaine mémoire des choses de la vie se souviennent de la précédente vague de Pokémon-mania qui avait envahi les cours de récréation hexagonale ; cette résurgence ne peut que nous rappeler les heures les plus sombres de notre Histoire. Alors de quoi s'agit-il ? D'une application ludique développée par Nintendo pour les Smartphones, exploitant leurs capacités de géolocalisation et leurs caméras intégrées, permettant d'incruster les Pokémons dans l'environnement des joueurs. Le but est, comme à l'époque de leur lancement il y a 20 ans, sous Alain Juppé, de les capturer et de les dresser. Au fil de leurs déambulations dans la ville, téléphones en mains, les joueurs se livrent donc à une « chasse » aux Pokémons virtuels. Il n'en fallait pas moins pour que des titres terrifiants surgissent dans la presse, avec des mots du type : « engouement planétaire », « folie », « buzz », « fureur », « frénésie », l'action Nintendo « s'envole » et bien entendu l'imparable « phénomène de société »… On a demandé leur avis à des psychologues, des sociologues, des experts de toute sorte. Hollywood songe à faire un film sur le sujet. Et naturellement on a tiré le signal d'alarme sur les périls auxquels s'exposent les joueurs, on a fait jouer le principe de précaution… A l'instar de la pratique de la perche à selfies, la chasse aux Pokémon n'est pas sans risque : elle peut en effet entraîner les participants le long de routes ou de voies ferrées, et la presse américaine signale déjà des cas de blessés. La radio-télévision belge a solennellement mis en garde la population du royaume au sujet des risques que présente la traque des Pokémons en voiture. Les autorités françaises n'ont pas tardé à se saisir officiellement du dossier ; face au risque de bousculade, de mouvement de foule, d'émeute, de Nuit debout ou de tout autre débordement, un rassemblement qui devait regrouper plus de 3000 personnes au Jardin du Luxembourg a été interdit par la Préfecture de Police de Paris. Et comme le moderne vit dans une société sans Histoire, plusieurs points de rencontre de chasseurs de Pokémons se sont trouvés dans le mémorial de l'Holocauste, à Washington. « Il est inapproprié de jouer à Pokémon GO dans ce musée, qui est un mémorial aux victimes du nazisme », a déclaré l'un des responsables des lieux. Des zombies, portables en mains, arpentent - le regard hébété - musées, lieux de culte, et hôpitaux. On sait encore peu de choses de leur vie intérieure. On ne sait pas vraiment s'ils sont heureux. L'histoire dira s'ils finiront eux-mêmes par devenir aussi virtuels que le monde qu'ils adulent. Ils auront, quoi qu'il en soit, occupé leur temps. Un bel exercice pour l'examen d'entrée à l'ENA serait de faire écrire aux futurs élèves une note expliquant ce prodigieux progrès de l'humanité - l'un des plus décisifs après le moteur à explosion et le Gin tonic - au Préfet Poubelle par exemple, ou à un quelconque type né au XIXème siècle.

    Résumons la situation : la fin de l'Euro de football a laissé un tel vide que l'actualité s'en trouve ainsi dominée par Emmanuel Macron, Jean-Marc Morandini, le coiffeur de François Hollande et les Pokémons. (Quatre noms désignant d'ailleurs la même chose : le grand Rien). C'est triste. Vivement le siècle prochain. 

    François-Xavier Ajavon 

    François-Xavier Ajavon est docteur en philosophie, chroniqueur dans Causeur        

  • Histoire • Il y a 70 ans le général Mihailović, héros de la résistance monarchiste serbe, était fusillé

     

    Par Jean-Christophe Buisson    

    Il y a exactement 70 ans, le 17 juillet 1946, le général Draža Mihailović, héros de la résistance monarchiste serbe au nazisme et au communisme, était fusillé sur ordre de Tito. Son biographe français, Jean-Christophe Buisson, appelle les Français à honorer dignement la mémoire du « De Gaulle serbe ». Une tribune dont l'esprit nous est proche, parue dans Figarovox le 17.07.

     

    PHOace7ebf0-cac5-11e3-ae1d-fb39e4002cc5-300x200.jpgTandis que certains nostalgiques de la dictature robespierriste réclament des rues de Paris au nom de l'artisan de la Grande Terreur révolutionnaire, la France pèche toujours par l'absence de la moindre statuette, la moindre venelle, le moindre édifice au nom du général Mihailović. Cette indifférence relève d'une grande injustice dont l'écrivain français Michel Déon s'émouvait déjà il y a 70 ans, le jour même de l'exécution à Belgrade du résistant antinazi et anticommuniste serbe, le 17 juillet 1946 : « On peut penser ce qu'on veut de celui qui fut le premier des maquisards, mais l'ignoble est précisément que personne n'en pense rien. (…) Le monde s'en fout. Eh bien, moi je me fous de ce monde ».

    Drôle de monde, en effet, qui hier comme aujourd'hui, prête si peu d'attention à l'homme ayant constitué le premier en Europe occupée une guérilla antiallemande d'envergure tandis que la France vivait à l'heure de Pétain ou de la Wehrmacht, que l'Angleterre se protégeait comme elle le pouvait du Blitz, que l'Amérique attendait le moment opportun pour entrer dans le conflit et que l'URSS se refusait encore à revenir sur son alliance signée avec Hitler en août 1939. Drôle de monde que celui qui refuse d'honorer la mémoire de cet officier serbe qui, à la fin du mois d'avril 1941, à un paysan des bords de la Drina lui demandant s'il savait quelque chose à propos de la capitulation de l'armée yougoslave répondit, sublime : « Capitulation ? Je ne connais pas ce mot. Je sers dans l'armée yougoslave depuis de nombreuses années, mais je n'ai jamais entendu ce mot ».

    Paroles magnifiques immédiatement suivies d'actes. Avec quelques dizaines d'hommes, Draža Mihailović, alors colonel, rejoint le 9 mai 1941, la montagne de Ravna Gora, au sud de la Serbie, et proclame la naissance de l'Armée yougoslave dans la Patrie qui, désormais, au nom du roi Pierre II, exilé à Londres, mènera la vie dure aux Allemands, aux Italiens et aux collaborateurs locaux. Faut-il le préciser: à cette date, le Parti communiste yougoslave et son chef, Josip Broz, dit Tito, se gardent bien de manifester la moindre velléité de résistance à l'occupant, pacte germano-soviétique oblige. Dans le journal communiste yougoslave, Le Prolétaire on peut lire qu'il n'est pas question de se battre au profit « des banquiers français et des lords anglais ». En échange, aucun membre du squelettique PCY n'est arrêté ni pourchassé par les autorités nazies. Et quand est sue l'apparition d'un mouvement de résistance monarchiste, on appelle « le peuple à résister hardiment à ces bandes qui s'organisent pour verser le sang et empêcher les ouvriers et les paysans de former, quand sonnera l'heure, le pouvoir des soviets ouvriers et paysans en s'appuyant sur la grande et fraternelle Union soviétique ».

    Pendant ce temps, Mihailović et ses fidèles tchetniks lancent leurs premières attaques contre les troupes allemandes. Elles seront décisives dans l'issue de la Seconde Guerre mondiale pour deux raisons principales. Avant de partir à l'assaut de l'URSS, Hitler veut à tout prix nettoyer le flanc sud-est de son empire. Il envoie plusieurs divisions en Yougoslavie. Elles mettront cinq semaines à chasser les résistants monarchistes de Serbie, qui se réfugient momentanément en Bosnie. Ce temps perdu se révélera fatal : déclenchée le 22 juin 1941, l'opération Barbarossa a pris du retard et les Panzer ne parviendront aux portes de Moscou qu'en décembre. Trop tard : le général Hiver est déjà arrivé. De même, les nombreuses opérations de sabotage des routes et des lignes ferroviaires reliant le centre de l'Europe et Salonique empêcheront les troupes de Rommel de recevoir à temps suffisamment de renforts et de matériel pour faire face aux contre-offensives en Afrique en 1942.

    Ces faits d'armes glorieux furent salués en leur temps par le général de Gaulle. En novembre 1942, le chef de la France libre déclare que « la résistance yougoslave et l'action du général Mihailovic sont pour le peuple français un réconfort ». En février 1943, il cite à l'ordre de la France combattante l'autre homme qui a dit « non », ce Mihailović qu'il qualifie de « héros légendaire, symbole du patriotisme le plus pur et des vertus militaires yougoslaves les plus grandes ». A ces déclarations, on pourrait ajouter celles d'Anthony Eden, ministre des Affaires étrangères britanniques ou du président américain Franklin Delano Roosevelt : elles sont à peine moins élogieuses. Du moins jusqu'à la fin de l'année 1943. En novembre de cette année-là, à Téhéran, Churchill signe avec Tito un pacte moral diabolique : abusé par un réseau d'espions communistes ayant infiltré les services de renseignements britanniques, gonflé d'un cynisme teinté de naïveté qui lui fait espérer que son nouvel ami, quoique communiste, accordera un peu de place à Albion dans la Yougoslavie d'après-guerre, le Premier ministre britannique choisit, au nom de ce honteux partage de l'Europe qui sera avalisé à Yalta en 1945, d'abandonner Mihailović au profit du chef des Partisans. Le « chouan des Balkans », le « Robin des Bois serbe » est devenu un paria, accusé de collaborer - c'est un comble! -, avec les Allemands ou les Italiens. Quand Tito entrera dans Belgrade libérée par les chars de l'Armée rouge, un an plus tard, l'Occident, trop occupé à en finir avec les Allemands sur le front occidental, se désintéressera du sort de ce petit pays d'Europe du sud-est qui avait pourtant le premier levé l'étendard de la résistance antinazie. Et encore plus du général Mihailović.

    Retourné dans ses chères forêts, le général serbe tint tête aux services policiers et militaires communistes durant un an et demi. Capturé en mars 1946, sans doute après avoir été trahi, il fut condamné à mort au terme d'une parodie de procès au cours duquel aucun Occidental ne fut autorisé à témoigner : de nombreux pilotes d'avion américains sauvés par les tchetniks des griffes allemandes après avoir été abattus dans le ciel yougoslave l'avaient pourtant réclamé. Le 17 juillet 1946, il est fusillé par un peloton d'exécution sur l'île d'Ada Cigalija, qui émerge de la Save, en plein Belgrade. Son corps est jeté dans une fosse et recouvert de chaux. On ignore toujours à quel endroit exactement - les autorités craignaient qu'une sépulture de Mihailović ne devienne l'objet de pèlerinage.

    Aujourd'hui, la Serbie a fait en partie la paix avec cette histoire-là. Après un demi-siècle d'une chape de plomb historiographique à la gloire de Tito, la figure du « De Gaulle serbe » a été officiellement réhabilitée : à la fois par les autorités politiques, les historiens locaux et la Cour de Justice de Serbie. On envisage de bâtir à son nom un pont sur la rivière longeant la capitale serbe. Au regard de ce que la Résistance européenne (donc française) lui doit, comme de ce que pensait « l'homme du 18 juin » de lui, honorer la mémoire de Draža Mihailović en France paraît plus que la réparation d'une injustice morale et historique : un geste nécessaire.  

    Jean-Christophe Buisson 

    Directeur adjoint de la rédaction du Figaro Magazine, spécialiste des Balkans, Jean-Christophe Buisson est l'auteur notamment de Mihailović et Histoire de Belgrade (éd. Tempus).           

  • Littérature • Amouretti, fédéraliste, provençal et meilleur ami de jeunesse de Charles Maurras

    Un rarissime dessin montrant le Félibrige de Paris ou félibres fédéralistes réunis autour de Frédéric Mistral ... Maurras est en face de lui, à l'âge de vingt ans  

     

    Repris des éphémérides de Lafautearousseau au 18 juillet. Actualisé le 22.07 

     

    Frédéric Amouretti est né le 18 juillet 1863 à Toulon, et mort le 29 août 1903, tout juste âgé de 40 ans...  Qui était-il ?

    S’il est vrai que la pensée régionaliste trouva son véritable maître en Charles Maurras, de nombreux auteurs en bâtirent les premières fondations : des plus connus comme Frédéric Mistral à de plus méconnus comme Frédéric Amouretti, ces auteurs ont, apporté les premières pierres essentielles à l’édification de la véritable pensée régionaliste.

    Parti à Paris pour décrocher sa licence ès lettre Amouretti rencontra à Paris Frédéric Mistral et fut reçu félibre en 1882. Revenu en Provence, il entama une carrière de journaliste et de publiciste. Dès 1890, à peine âgé de 27 ans, il lança son premier journal avec son ami Bérenger, Le réveil du Provençal : Organe des revendications autonomistes de la Provence.

    Prônant le fédéralisme et luttant résolument contre le jacobinisme républicain, Amouretti écrira, près de 30 ans avant l’Idée de Décentralisation de Maurras : 

    « En adoptant le plan de Sieyès, et en découpant la France comme matière inerte en départements tracés arbitrairement sur la carte, la Convention a anéanti ces admirables cadres historiques où les hommes, unis par l’identité des souvenirs, de la langue, des mœurs, des intérêts pouvaient bien s’entendre pour s’occuper de tout ce qui les touchait de près...». 

    Pour Amouretti, au contraire, et pour les « fédéralistes », il faut respecter la liberté des communes reliées entre elles selon « sis enclin istouri, ecounoumi, naturau...», ce qui passe par la suppression des départements au profit des anciennes provinces avec à leur tête « uno assemblado soubeirano, a Bourdèus, Toulouso, à Mount-Pelié, a Marsiho o a-z-Ais ». Ces assemblées devant jouir d'une autonomie complète en ce qui concerne l'administration, la justice, l'enseignement, les travaux publics…

    1728246235.jpgL'engagement régionaliste d'Amouretti se concrétisa davantage avec la Déclaration des Félibres Fédéralistes du 22 février 1892, co-rédigée avec le jeune Charles Maurras, Amouretti pouvant être considéré, à bon droit, comme « lou paire e lou redatour de la declaracioun », les deux amis se lançant donc face à l’ennemi républicain et jacobin. Face aux multiples reproches de séparatisme ou d’anarchisme, Amouretti répondait : 

    « Quelle erreur ! C’est l’unitarisme au contraire qui mène la France au séparatisme. La fusion, c'est-à-dire l’anéantissement des nationalités particulières où vivent et se distinguent les citoyens en une nationalité abstraite que l’on ne respire ni ne connaît plus, voilà l’unité. Le fédéralisme au contraire, respectant les diversités ethniques et favorisant le libre développement de chaque région, est le plus grand ennemi du séparatisme en le rendant inutile ».  

    Amouretti avait compris que seule la voie monarchique et la présence d'un Roi au sommet de l'Etat pourrait permettre cette fédération :  

    « Il faut rétablir les provinces, leur rendre la gestion des intérêts provinciaux, surtout en matière de travaux publics, et rétablir les assemblées provinciales avec une compétence assez étendue pour qu’elles aient des sessions fréquentes, longues, fécondes, de nature à attirer l’attention, le respect, la vue. » 

     

    Rappelons encore que dans les années 1890, en leur tout jeune âge, Frédéric Amouretti est le meilleur ami de Charles Maurras. Ils se rencontrent, notamment à Martigues, et Maurras, dans sa longue et belle préface, lui dédie son premier livre, Le Chemin de Paradis. Les passionnés d'études maurrasiennes, écouteront ici, Hilaire de Crémiers en parler en fin connaisseur de l'ouvre et de la pensée de Charles Maurras. [35 minutes] LFAR