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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1157

  • Les libertés ne s’octroient pas !

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    Sauf le pouvoir et les médias, personne ne confond les Gilets jaunes avec les casseurs, la racaille et les pillards dont chacun sait qui ils sont ...!

    Logo_site_transp.pngLa mobilisation des Gilets Jaunes est un succès impressionnant que le gouvernement refuse de voir en s’abritant, comme d’habitude, derrière des querelles de chiffres et en tentant d’assimiler ce mouvement populaire à une nébuleuse d’extrême-droite dont la seule évocation suffirait à faire fuir les gens de goût et rire les gens intelligents.

    Dans les faits, c’est-à-dire dans le réel et non pas dans l’espace médiatique où Castaner et Macron caracolent à la tête de leurs troupes réduites, les Gilets Jaunes ont réussi, depuis plus d’une semaine, à mobiliser des dizaines et même des centaines de milliers de Français, à organiser des blocages de routes, d’autoroutes, de centres administratifs et des mises hors d’usage de radars.

    Ils l’ont réussi au prix de leurs vies et de leur santé, les anti-bloqueurs, soigneusement avertis par la propagande officielle, ayant bien compris que toute violence exercée à l’encontre des Gilets Jaunes serait considérée comme légitime. Car les Gilets Jaunes n’étant ni un parti ni un syndicat ni, donc, un « partenaire social”, les Gilets Jaunes n’étant en fait que le peuple… n’ont, en démocratie représentative et partisane, aucune valeur et aucune légitimité, quelles que soient leurs revendications, leurs régions, leur niveaux de revenus, leurs professions et leurs difficultés.

    Alors que la pression fiscale a atteint des niveaux inédits en même temps que les services publics (hôpitaux, gendarmerie, tribunaux, maternités, administrations diverses, transports…) se sont dégradés à un point tout aussi inédit, l’État jacobin continue à imposer des lois, des règlements, des taxes qui empoisonnent la vie des Français sans pour autant permettre au pays de réduire son endettement, de diminuer le chômage, de préserver sa souveraineté. Macron poursuit un rêve européen auquel il est seul à croire, et il le fait en insultant régulièrement depuis l’étranger les Français, ces Gaulois réfractaires, ces nationalistes lépreux, ces conservateurs haineux qui ne comprennent rien au rêve mirifique que le Premier des Premiers de Cordée et ses fidèles et vertueux lieutenants (Ferrand et Castaner en tête) font miroiter : une France enfin fondue dans l’Europe, des Français aussi pauvres que les Allemands et aussi asservis au Capital que les Grecs.

    Si Macron a honte de ces Français qui ne sont pas à ses ordres, nous avons honte de ces partis qui n’ont jamais su, tous autant qu’ils sont, mesurer et prendre en compte la misère et la détresse des Français. Nous avons honte de cet État centralisateur qui spolie les citoyens et détruit les corps intermédiaires. Nous admirons en revanche les Gilets Jaunes, dont la spontanéité et le courage témoignent d’une résistance des consciences face au rouleau compresseur étatique. Qu’ils continuent leur lutte, par tous les moyens : les libertés ne s’octroient pas, elles se prennent !  

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  • Culture • Loisirs • Traditions

    Ce visuel est destiné à marquer l'unité des articles du samedi et du dimanche, publiés à la suite ; articles surtout culturels, historiques, littéraires ou de société. On dirait, aujourd'hui, métapolitiques. Ce qui ne signifie pas qu’ils aient une moindre importance.  LFAR

  • Patrimoine cinématographique • La révolution française

    Le procès du Roi 

    Par Pierre Builly

    La révolution française de Robert Enrico et de Richard T. Heffron (1989)

    20525593_1529036520490493_4184281983923317414_n.jpgLes buveurs de sang 

    C’est la Mission de commémoration officielle de 1789 qui, deux siècles après La révolution française a commandé à deux réalisateurs, le français Robert Enrico (Les aventuriers, Le vieux fusil) et plus bizarrement à un Étasunien, Richard T. Heffron une longue fresque en deux époques, Les années lumière et Les années terribles. 

    71MtHt8N3SL._SY445_.jpgCraignant que le film soit un panégyrique bêlant, je ne l’avais pas vu à l’époque. Je l’ai enregistré un jour par hasard sur une chaîne de télévision et, le regardant, j’ai été tout de suite heureusement surpris. Mais – malédiction ! - mon enregistrement s’arrêtait malencontreusement au milieu des Années terribles avec le départ de la Reine vers l’échafaud le 16 octobre 1793. Autant dire que je n’avais pu voir, après cette immolation, ce qui m’aurait fait plaisir : le découpage sur ce même échafaud de toutes les canailles dont trop de nos places et nos rues portent le nom. Car il y a, en France des rues Danton, Robespierre et même Marat (oui, des rues Marat : à Ivry sur Seine et à Decines, dans la banlieue lyonnaise ; pourquoi pas des rues Alfred Goebbels ou Heinrich Himmler du côté de Stuttgart et de Munich ?)… 

    Heureusement, le DVD existe qui permet de rattraper les balourdises et de découvrir un film de six heures qui, sans être une œuvre de propagande me paraît montrer assez bien la logique implacable du déroulement des événements, de l'entraînement vers la Terreur des apprentis sorciers. Sans doute le film, qui aurait dû alors s’enfler dans des dimensions trop importantes, ne peut naturellement pas évoquer les vingt dernières années de l'Ancien régime, marquées par l'effort désespéré de briser les rigidités et les blocages du pays (réformes Maupéou de 1771) et la coalition contre nature de la bourgeoisie, classe montante et de la noblesse, classe figée. (On voit bien avec le regard d’aujourd’hui que réformer la France a toujours été aussi compliqué). C'est dommage, d'une certaine façon, parce que la Révolution paraît surgir ex nihilo d'un mécontentement presque conjoncturel (les très mauvaises récoltes des années 87/88/89), alors qu'elle émerge des fariboles idéologiques des Encyclopédistes et de l'avidité des marchands. 

    Dès la mise à sac des Tuileries, en août 1792 et le carnage de la garde suisse, on voit bien qu'il y a de la part des Révolutionnaires une course effrénée vers l'effusion de la plus grande quantité de sang : Faites tomber 100.000 têtes, et la Révolution sera sauvée comme dit plaisamment Marat (Vittorio Mezzogiorno). 

    desmoulins_robespierre.jpgLe deuxième segment du film montre de façon très convaincante l'engloutissement, la course à l'abîme de tous ces fous furieux qui ont déchaîné les enfers et qui seront tous, ou presque, avalés par leur folie. Si la terreur cesse, tout ce que nous avons construit s'écroulera ! assène Robespierre (Andrzej Seweryn) à Camille Desmoulins (François Cluzet) (photo) qui commence - bien tard ! - à s'inquiéter des flots de sang versés. Et Desmoulins, brusquement conscient, éveillé du cauchemar Peut-être n'avons-nous rien construit : c'est juste un rêve... 

    Un rêve d'épouvante : horreur des Massacres de septembre, des prisonniers égorgés, éventrés, poignardés, saignés dans les cellules qui en portent encore aujourd'hui la marque comme à la prison des Carmes, rue de Vaugirard à Paris ; horreur des exécutions publiques place de la Concorde, de l'échafaud en perpétuel fonctionnement devant la foule avide, béate d'admiration devant le spectacle (ne noircissons pas trop le tableau : je gage qu'elle le serait à nouveau, ravie et complaisante, si ces holocaustes étaient à nouveau pratiqués).

    revolution-francaise-1989-15-g.jpgHorreur du sang, horreur de la haine : le chef des Enragés, Hébert (Georges Corraface) tentant d'accuser la reine Marie-Antoinette (Jane Seymour) d'avoir perverti et pollué le Dauphin Louis-Charles (Sean Flynn)... Abomination de ces gens... Au fait je lis sur Wikipédia que Dans les années 1980, la municipalité (alors socialiste) d'Alençon (...) a discrètement nommé en l'honneur de Hébert une cour piétonnière donnant accès à un groupe de maisons anciennes rénovées au centre du vieil Alençon, entre la Grande-Rue, la rue des Granges et la rue de Sarthe. Cette cour Jacques-René Hébert n'est signalée sur aucun plan de la ville. Il y a des canailles qui n'ont pas le courage de leurs immondes fiertés. 

    Des apprentis sorciers, donc. Des envieux et des aveugles qui ouvrent la boîte de Pandore et, pour le bonheur d'un peuple mythique (ce brave populo qui marche à tout et qui se fera consciencieusement massacrer pendant les guerres sanglantes de l'Empire) inventent, à la fin du siècle le plus civilisé de notre histoire, la loi des suspects et le premier génocide systématique, celui des Vendéens. 

    original-12598-1434028659-6.jpgLa révolution française fait malheureusement un peu l'impasse sur ce dernier point et ne l'évoque qu'allusivement, ce qui est bien dommage. Mais comment ne pas se féliciter de voir enfin évoqués les massacres de Septembre (92) leur sauvagerie, les bandes de canailles et de poissardes assassinant des prisonniers et demandant toujours plus de sang, le procès du Roi, ses dernières paroles d'apaisement couvertes par le roulement des tambours ordonné par l'infernal Santerre (Marc de Jonge), encore une de ces canailles dont une rue de Paris porte le nom ; et la merveilleuse, lumineuse idée d'avoir confié à Christopher Lee (photo) le rôle de Sanson ! Qui d'autre pouvait mieux incarner le bourreau que le plus grand des buveurs de sang du cinéma, immortel Dracula ? 

    Au fait, comment ne pas s'interroger sur l'esprit de cette Révolution française, financée dans les cadres du bicentenaire de 1789 ? Manifestement, compte tenu de l'éclat et de la qualité de la distribution, les moyens n'ont pas manqué à Robert Enrico et Richard T. Heffron (au fait, pourquoi cet inconnu ?). Et personne, au sommet de l'État, n'a lu le scénario, si manifestement contre-révolutionnaire ? 

    À moins que le président François Mitterrand, dont la jeunesse fut proche de L'Action française et qui avait pour la monarchie l'inclination de tous ceux qui connaissent un peu notre Histoire, n'ait voulu, en pied-de-nez qui lui ressemblerait assez, montrer le peu de goût qu'il avait pour l'affreuse période de la Terreur…   

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    Le coffret DVD est d'un prix abordable, autour de 20 € et il vaut la peine de le posséder, de le diffuser, de le recommander, de le prêter pour que chacun puisse voir les affreuses origines de notre bel aujourd'hui, les crimes sur quoi il s'est constitué et les impostures sanglantes qui le fondent.......

    Retrouvez l'ensemble des chroniques hebdomadaires de Pierre Builly sur notre patrimoine cinématographique, publiées en principe le dimanche, dans notre catégorie Culture et Civilisation.
  • Patrimoine • Versailles ou le Soleil à la fête [III]

    Pierre Paul Rubens (1577-1640), La Chute de Phaéton, c. 1604-1608 

     

    « Les plaisirs ont choisi pour asile, ce séjour agréable et tranquille » : l’apparition d’une spécificité culturelle

    La cour de la seconde moitié du XVIIe siècle voit plusieurs expressions artistiques bien à elle se développer, parmi lesquelles le ballet pour la danse, et la tragédie classique pour le théâtre et les arts lyriques quand elle est mise en musique. Le spectacle a dès lors une vocation : une mise en ordre symbolique, s’effectuant par le biais de constructions savantes et complexes, d’ordre artistique, esthétique et idéologique.

    L’opéra français résulte des premières tentatives de Mazarin d’importer les opéras italiens à la cour. Pour le jeune Louis, il fait jouer La finta pazza de Francesco Sacrati, précurseur de l’opéra-ballet. En avril 1659, la Pastorale d’Issy, comédie française en musique, est jouée dans la maison de campagne de René de la Haye, sieur de Vaudetart, orfèvre du roi. Elle est composée sur un livret de Cambert d’après les Poèmes de Perin. Son succès est tel qu’il permet, un peu plus de dix ans plus tard, la fondation de l’Académie d’opéra qui deviendra, en 1669, l’Académie royale de musique. Après quoi, le genre est saisi par les grands maîtres déjà en grâce à l’intendance des plaisirs du roi. À Versailles, les représentations données sont le fruit d’une étroite collaboration entre Lully et Molière, composant entre autres Le Mariage forcé, George Dandin, Monsieur de Pourceaugnac, Le Sicilien ou l’Amour peintre… On s’efforce d’y inscrire des moments musicaux et chorégraphiques dont l’exemple le plus célèbre est celui du ballet turc du « grand mamamouchi » dans Le Bourgeois gentilhomme. En 1673, naît Cadmus et Hermione, tragédie lyrique de Jean-Baptiste Lully composée sur un livret de Philippe Quinault. La première est jouée en présence du roi qui, selon la chronique, s’est « montré extraordinairement satisfait de ce superbe spectacle. » Dès lors, de nombreux « opéras à la française » puis « tragédies en musique » sont composés : Alceste, Atys et Armide deviennent les pièces maîtresses étalons de la musique du roi, synthèses des genres précédents que sont le ballet de cour et la comédie-ballet. On chante l’action dramatique suivant le modèle de la tragédie classique : cinq actes d’une intrigue suivie et d’un ton soutenu. Le récit y prend une place capitale, dramatisé par la musique de la déclamation tragique de Corneille et Racine. Le spectaculaire se renforce d’autant plus à l’heure des ballets qui entrecoupent les actes pour y adjoindre leur part de festivité.

    Issu du balletto italien, c’est en France que le ballet gagne ses lettres de noblesses. Le Ballet comique de la reine, chorégraphié par Balthazar de Beaujoyeulx, est présenté à Paris en 1581 et inaugure la tradition du ballet de cour qui donnera, au XVIIe siècle, les opéras-ballets et les comédies-ballets de Lully et Molière. Le ballet, comme la musique ou le théâtre, répond au service d’un message politique. Dans le Ballet royal de la nuit, sont liées thématiques astrologiques et astronomiques, parées des vertus et des insignes du pouvoir, gravitant autour du Soleil. La danse permet alors, par le mouvement et contrairement aux arts plastiques, d’incarner véritablement, de manière organique, l’astre qui luit. En 1661, l’un des premiers actes de gouvernement de Louis XIV est la fondation de l’Académie royale de danse, où l’on forme les danseurs et codifie l’art chorégraphique. Pierre Beauchamp, danseur et chorégraphe à la cour, codifie les cinq positions classiques et met au point un système de notation de la danse. Il s’agit de développer une pédagogie du langage des images compréhensible et reproductible. Le jésuite Claude-François Ménestrier, qui rédige deux ouvrages d’anthologie entre 1681 et 1682 sur la question : Des représentations en musique anciennes et modernes puis Des ballets anciens et modernes selon les règles du théâtre, pose ainsi cette réflexion : « Les spectacles publics font une partie de la Philosophie des Images que je me suis proposée comme la fin de mes études. »
    Ces médias artistiques entrecroisés s’expliquent en partie par la recherche d’un art total, mêlant musique instrumentale, vocale, poésie, danse, décors et images, issu de l’humanisme de la Renaissance, à l’heure où érudits et artistes redécouvrent l’Antiquité.

    La fondation d’une mythologie française

    Le Grand Siècle brille par la volonté de Louis XIV à faire de la France une nouvelle Rome. Avec Phaéton, tiré des Métamorphoses d’Ovide, le dieu Jupiter endosse son soc fleurdelisé et déploie les « vertus alliées de la force » pour reprendre saint Thomas : Magnificence et Magnanimité, apanages des grands monarques, face à l’orgueil démesuré de Phaéton qui, désireux de s’approcher du soleil, se brûle les ailes. La première est donnée sur une scène éphémère, dans la Salle des Manèges. Les machines absentes sont compensées par l’abondance et le luxe des costumes dessinés et conçus par Bérain. Les sujets développés après Phaéton tels que ceux d’Amadis, de Roland ou d’Armide, abandonnent progressivement les thématiques ayant trait aux dieux pour représenter des héros à visage humain. Après l’Antiquité, force est donnée aux légendes médiévales et à leurs mythes chevaleresques. À travers son répertoire mêlant sujets à l’Antique et hauts faits baroques, Louis XIV domine le temps et l’espace. Dans Amadis, composé en 1684, l’intérêt est porté au héros du même nom très en vogue dans la littérature du XVIIe siècle. Plus encore, on appelle cet Amadis de Gaule « la Bible du Roy » sous Henri IV. Dans ses Chroniques secrètes et galantes, Georges Touchard-Lafosse écrit : « Le roi se croyait quasi auteur du poème ; l’incitation de l’amour propre domina quelque peu chez lui le sentiment de la bienséance : un poète par métier n’eût pas fait plus. La pièce était remplie d’allusions à la louange de Sa Majesté, et Lully fit chanter, le mieux qu’il put, ce panégyrique obligé. » [1] D’abord issu de la littérature portugaise, de l’auteur Garci Rodriguez de Montalvo, Louis XIV s’approprie cette histoire d’amour mettant en scène Amadis, chevalier courageux surmontant mille obstacles pour Oriane, fille de Lisuarte, roi de Bretagne. L’épopée retrace la conquête de ce héros baroque à travers l’Europe, triomphant tour à tour en Bohème, en Allemagne, en Italie et en Grèce. La figure du roi est désormais une figure bien humaine, capable de dépasser sa faiblesse et de conquérir le monde malgré son être mortel.

    Roland, dont le thème est emprunté à l’Arioste, est joué à Versailles le lundi 9 janvier 1690. Comme pour Amadis, la trame est au sujet guerrier. Le Prologue est chanté par Démorgon, roi des fées, chantant les louanges de Louis XIV sur son trône car « le plus grand des héros » a ramené la paix. Pour Philippe Beaussant, « avec ces œuvres qui abandonnent la mythologie et les images traditionnellement chargées de transmettre la symbolique royale, nous sommes plus près que jamais de la personne et de l’esprit du roi. » Ce goût du roi consiste en cette appropriation transversale de légendes, de contes et de mythes européens, forgeant l’être-même du souverain comme image inaliénable destinée à sa descendance et à la postérité. Louis XIV est résolument ce « maître absolu de cent peuples divers » que chante la Sagesse dans le Prologue d’Armide. Un sauveur, à l’instar du Renaud de la tragédie, libérant peuples comme amours de la barbarie par la « douceur de ses lois. »

    Epilogue

    Au fil des années, les deuils qui frappent la famille royale, l’âge du roi, le déficit des caisses de l’Etat et les guerres imposent des divertissements plus intimes. Au crépuscule de sa vie, Louis XIV réserve le faste aux baptêmes et aux mariages princiers, avec le souci toujours prégnant d’impressionner ambassadeurs et souverains en visite officielle. Les jardins achevés, ils ne peuvent plus accueillir les grands dispositifs éphémères qui ont marqué la vie des bassins, des parterres et des bosquets. Pour autant, l’héritage qu’il a légué à la France s’incarne toujours avec vivacité dans les pages des tragédies que l’on continue de mettre en scène et de la musique que l’on continue de jouer. Louis XIV, en monarque soucieux de léguer à sa descendance un royaume en plus bel état qu’il ne l’avait trouvé, a également transmis sa passion des fêtes toute française à l’ensemble de ses sujets d’aujourd’hui. Mieux encore : au monde entier, que le mythe du Roi-Soleil fascine et continuera de fasciner pour la révolution culturelle qu’il lui a donné. Si Louis XIV vit encore derrière chaque vers de Molière ou Corneille déclamé, chaque note de Jean-Baptiste Lully ou de Marc-Antoine Charpentier pincée, l’on pourrait aisément pasticher le mot fameux : « Je m’en vais, mais la fête demeurera toujours. » (FIN)   

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    Les Quatre Vertus, Balet comique de la Royne, faict aux nopces de Monsieur le Duc de Joyeuse & madamoyselle de Vaudemont sa sœur. Par Baltasar de Beaujoyeulx, valet de chambre du Roy, & de la Royne sa mere, Gallica, p. 40  

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    Le Rouge et le Noir

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  • Société • Gérard Leclerc : Les gilets jaunes, c’est la France profonde

     

    par Gérard Leclerc
     

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    Décidément, impossible de lâcher notre actualité nationale et le conflit des gilets jaunes. Car il s’agit d’une crise extrêmement profonde, qui n’est pas près de s’éteindre.

    La scène symbolique des Champs-Élysées a pu déchaîner les passions, mais il faut bien prendre conscience que ce qui compte, ce n’est pas la violence qui s’y est exercée mais le caractère hautement représentatif de ce qui s’y est joué et va sans doute encore se jouer samedi prochain. Car c’est l’ensemble du territoire national qui est en quelque sorte représenté par les quelques milliers de gilets jaunes qui ont pris possession du cœur civique de la France, là où le 11 novembre dernier étaient réunis les chefs d’État du monde entier. Un ami me téléphone depuis le Limousin et m’informe d’un phénomène nouveau. La solidarité avec les gilets jaunes s’affirme de plus en plus ouvertement avec une majorité de voitures qui exhibent ledit gilet sur leur pare-brise.

    Par ailleurs, la sécheresse met dans une situation extrêmement critique les paysans qui ne parviennent pas à acheter de la paille pour faire la soudure et dont les troupeaux s’achètent à vil prix. Bien sûr, Emmanuel Macron n’est pour rien dans ce phénomène qui se rattache d’ailleurs au réchauffement climatique, par lequel il justifie sa politique fiscale. Mais le monde agricole avec la France périphérique n’est pas prêt à accepter cette politique, qui ne fait qu’ajouter à son tracas. En janvier prochain, la fronde risque de s’enflammer dans des proportions nouvelles, notamment avec les entreprises de travaux public dont les coûts vont exploser. Leur colère peut s’exprimer cette fois par la paralysie de la circulation, bien au-delà des barrages filtrants des dernières semaines.

    Emmanuel Macron, pourtant, semble conscient du formidable défi qu’il affronte. N’a-t-il pas déclaré mardi : «  Le Brexit, c’est le même sujet. Ce sont des citoyens britanniques qui disent juste “le monde que vous nous proposez, il n’est plus pour nous. On ne s’y retrouve pas”. Toutes les sociétés démocratiques contemporaines ont ce défi que nous avons devant nous. » Face à ce défi, l’affirmation d’un progressisme triomphant aggravera le mal plutôt que le conjurer. Comment réparer la fracture sociale ? Comment rétablir les conditions du dialogue ? Comment élaborer une stratégie d’ensemble qui réconciliera les classes à nouveau en guerre ? Convaincre et non contraindre, disait déjà François Mitterrand. ■ 

    Gérard Leclerc
    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 29 novembre 2018
  • Année des 150 ans de Charles Maurras • Discours de Michel Déon, de l'Académie française, à Martigues, le 27.09.1997

     
    Par Michel Déon
    de l'Académie française

    C'est un document émouvant, un superbe témoignage, que nous vous donnons à lire aujourd'hui, grâce au concours de Mme Nicole Maurras, et qui n'a probablement jamais été publié ailleurs à ce jour.

    Il s'agit du discours prononcé par Michel Déon dans le jardin de la maison de Maurras, lorsque les clés en furent remises par Jacques Maurras au maire de Martigues, Paul Lombard, le 27 septembre 1997. Nous publierons un jour prochain un récit de cette cérémonie, l'intervention de Jacques Maurras, la réponse du maire, etc.

    La Municipalité de Martigues ayant arbitrairement décidé de fermer la maison de Charles Maurras aux visites, il est d'autant plus important de rappeler dans quelles circonstances elle en devint propriétaire. Des circonstances qui obligent.  Nous y reviendrons. Écoutons Déon ! Lafautearousseau.

       

    gettyimages-538943220-1024x1024.jpgPermettez-moi d'évoquer un souvenir qui a déjà près d'un demi-siècle.

    C'était à Tours, un matin affreusement grisâtre, sous un ciel si bas qu'il écrasait la ville. Toute la nuit, il avait neigé et le cortège qui accompagnait Charles Maurras à son dernier voyage pataugeait, transi, dans la boue. Le vieil et indomptable lutteur nous quittait, mais nous savions bien les uns et les autres qu'il n'était déjà plus avec nous. Certes, grande avait dû être sa tristesse de nous abandonner à nos tourments.

    725228852.jpgMais à la seconde où ses yeux se fermaient pour toujours, quelle joie avait dû s'emparer de son âme envolée à tire d'ailes vers la lumière de Martigues dont les servitudes de la vie l'avaient si souvent éloigné. Il n'était pas là dans ce triste cercueil, dans le froid et la neige, il était retourné à ses origines, à son étang de Berre qui, écrivait-il dans sa belle adresse aux félibres de Paris, le matin blanchit et le soir s'azure, qui de ses mille langues vertes lèche amoureusement le sable des calanques et ronge les rochers où l'on pêche le rouget*. 

    La France avait été sa grande patrie aimée d'un amour si passionné qu'il s'autorisait à la rudoyer, la tancer de n'être pas toujours à la hauteur de ce qu'il attendait d'elle, mais la petite patrie, à laquelle il appartenait plus qu'à toute autre, n'avait connu de lui que les douceurs d'une pure piété filiale. Là, pour lui, s'arrêtaient les querelles des hommes. L'allée conduisant à sa bastide ne s'appelle-t-elle pas Le Chemin de Paradis, titre de son premier livre ? Cette minute où l'âme est enfin délivrée de ses colères et de ses joies terrestres, il ne l'avait jamais mieux exprimée que dans un poème écrit en prison**, publié sous le pseudonyme de Léon Rameau, ce rameau d'olivier tendu en signe de paix : 

    Lorsque, enfin déliés d'une chair qui les voile
    Les bons, les bienfaisants bienheureux, les élus
    Auront joint le nocher sur la mer des étoiles,
    Le sourire du Dieu ne leur manquera plus. 

    Mais sur les pauvres os confiés à la terre
    L'épaisseur de la nuit, le poids du monument,
    La sèche nudité de l'adieu lapidaire
    Font-ils la solitude et l'épouvantement ? 

    Une œuvre, une action, un chant ne s'éteignent pas avec leur créateur quand ils ont ce serein espoir. Ils éclairent les générations à venir. Encore faut-il que ce qui n'a pas été gravé dans le marbre soit conservé. Dans ses dernières lettres de prison, Charles Maurras n'avait cessé de se préoccuper du sort de ses livres, des documents et des lettres qui avaient accompagné sa vie intellectuelle, sa quête de la vérité tout au long de l'histoire de France en ce terrible XXème siècle, le plus sanglant de l'histoire du monde. Il y avait là un trésor à classer, déchiffrer, commenter. La justice des hommes, si faillible, peut croire qu'une condamnation sans appel rayera de notre patrimoine une pensée fût-elle controversée ou exaltée. Vaine prétention ! La pensée est comme l'arbre de vie : elle a ses racines dans la terre et tend ses branches vers le ciel. Dans l'histoire des civilisations, elle est le maillon d'une chaîne qui ne s'interrompra qu'avec la fin de l'humanité.

    1361709957.JPGLe temps voile ses erreurs passionnelles pour n'en conserver que l'essence. En sauvant les murs de la maison de Charles Maurras, en l'ouvrant à des chercheurs venus de tous les horizons politiques et humains, la Municipalité de Martigues exauce les vœux derniers d'un homme sur qui l'on voudrait faire croire que tout a été dit alors que tout reste à découvrir et à méditer. 

    Succédant à Charles Maurras au seizième fauteuil de notre Académie française, cette Académie que Maurras appelait avec respect « sa mère », le duc de Lévis-Mirepoix terminait l'éloge de son prédécesseur par ces mots : Comme Socrate, il a encouru la colère de la Cité. Oui, mais pas la colère de sa Cité de Martigues. Soyez-en remercié, vous qui au nom de la liberté de penser, au nom de la poésie, avez su vous élever au-dessus des querelles de notre temps et reconnaître en cet homme debout un des grands philosophes politiques de notre temps, et un grand, un très grand poète. 

    * Les trente beautés de Martigues
    ** Ainsi soit-il !
  • Cinéma • Le grand bain

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    A l’affiche : Le grand bain, un film de Gilles Lellouche, avec Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde, Philippe Katerine, Virginie Efira, Marina Foïs, et Leïla Bekhti. 


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    Ce casting aussi long que ce très long-métrage ne m’inspirait pas… C’est généralement mauvais signe… et cette bande d’hommes en maillots de bain me rebutait…

    Sans l’avis amusé de ma charmante voisine, je ne serais donc pas allé me plonger dans ce grand bain… et j’aurais mieux fait.

    LeGrandBain-Banniere-800x445.jpgMême si j’ai pu rire une fois ou deux, je me suis surtout ennuyé en nageant d’une scène à l’autre dans ce film décousu à la fin duquel, sans qu’on sache pourquoi, une équipe de manchots triomphe aux jeux du cirque.

    Le vocabulaire est d’une pauvreté crasse, vulgaire et ordurière avec en tête de gondole l’actrice de service.

    Bref, un film à jeter avec l’eau du bain.    

    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et plusieurs dizaines d’autres sur mon blog Je ciné mate.

  • « Rébellion cachée » à Marseille : Merci à tous les présents à la projection de jeudi soir !

     

    rebellion_cachee.jpgMerci à l'assistance réunie en nombre à l'initiative de Jean Gugliotta, président de l'Union Royaliste Provençale et de Lafautearousseau, votre blog quotidien.

    Jean Gugliotta en a assuré la présentation en termes excellents.

    Daniel Rabourdin, le réalisateur du documentaire, en a exposé l'esprit et la genèse, sans négliger le dialogue très animé avec la salle.

    (Photo ci-dessous) 

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    Entre Daniel Rabourdin et l'assistance, le dialogue n'a pas manqué 

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    La jeunesse royaliste présente aussi pour se souvenir du massacre des Vendéens  

     

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    Le président de l'Union Royaliste Provençale avait aussi veillé à ce qu'un vin chaud et quelques accompagnements soient servis à la sortie pour terminer une fraîche soirée d'automne réussie.

    Merci à tous. Lafautearousseau.  

  • Aux lecteurs & aux soutiens de Lafautearousseau ... Pensez à Lafautearousseau avant les vacances !

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgRégulièrement, nous sollicitons votre soutien, vos dons. Il s'agit, dans cette période où la France continue de courir de grands risques, de développer Lafautearousseau.

    L'équipe qui réalise ce site depuis plus de douze ans, est entièrement bénévole. Elle y consacre beaucoup de temps, beaucoup d'efforts. Elle vous offre chaque jour des publications nouvelles - analyses, prises de position, annonces, rubriques culturelles - dignes de votre intérêt. Sans compter un riche fond d'archives consultables par tous. Mais le simple maintien du site occasionne des frais et, si nous voulons grandir, différents investissements sont indispensables.

    Nous avons toujours voulu, d'autre part, que Lafautearousseau reste un site gratuit, sans parties payantes ; qu'il soit libre d'accès pour tous, notamment pour les plus jeunes qui y viennent nombreux aujourd'hui.

    C'est pourquoi nous avons fait appel à des dons volontaires, bénévoles, toujours facultatifs. Et nous en avons fixé le minimum à 5 €.

    Ce sont des remerciements que nous voulons adresser ici à tous ceux qui ont répondu à notre appel, en nous envoyant de 5 à 100€, selon leurs possibilités. Et nous le faisons aujourd'hui de grand cœur, collectivement. 

    C'est d'une centaine de villes et localités, réparties dans toute la France - métropolitaine ou d'Outre-mer - et, parfois, de l'étranger, que vos contributions nous sont arrivées, confirmant l'audience étendue de Lafautearousseau et l'attachement qui lui est porté. Les petits mots de soutien et d'encouragement qui ont accompagné ces envois le confirment aussi.  

    Comme vous tous, nous sommes aujourd'hui inquiets pour la France, pour l'Europe, pour notre civilisation. Sans-doute en sommes-nous arrivés à un point où de nouvelles épreuves seront inévitables. Et, dans ce contexte qu'il n'est pas exagéré de dire grave, nous pensons avoir, parmi d'autres, notre utilité ...

    Merci donc à tous ceux qui nous ont adressé leurs dons généreux. Merci de grand cœur.

    Et merci à tous ceux qui ne l'auraient pas encore fait, et le pourraient, de nous adresser leur contribution dès que possible, pour soutenir notre effort commun.

    Lafautearousseau

  • Ardisson sur Macron et le Système : critique dure, critique juste !

     

    En direct sur RMC [émission du 17 novembre 2018] Thierry Ardisson s'exprime sans mâcher ses mots sur les gilets jaunes Macron et le Système. Ici, tout est juste, fort, lucide, intelligent et politique. À écouter d'office !  LFAR 

     Merci à J.Ph.S. pour sa transmission.

  • D'accord avec Alain de Benoist : « Les gilets jaunes ? La revanche des ploucs émissaires ! »

      

    Par Alain de Benoist

    Alain de Benoist a donné à Boulevard Voltaire cet entretien auquel nous n'avons rien à ajouter sinon notre accord. [27.11]. Lisez !  LFAR 

     

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    La France, depuis une dizaine de jours, vit à l’heure des gilets jaunes, et les commentaires sont déjà nombreux. Feu de paille ou vague de fond ? Nouvelle fronde ? Nouvelle jacquerie ? Quel est votre sentiment ?

    Il y a cinq ans, presque jour pour jour, le 23 novembre 2013, vous m’aviez interrogé sur le mouvement des bonnets rouges. J’avais alors attiré votre attention sur le fait que « tous les mouvements de protestation ou de révolte d’une certaine ampleur auxquels nous assistons aujourd’hui naissent en marge ou à l’écart des partis et des syndicats, lesquels ne sont de toute évidence plus capables d’incarner ou de relayer les aspirations du peuple ». Ma conclusion était celle-ci : « Un seul mot d’ordre : des bonnets rouges partout ! » Eh bien, nous y sommes : les gilets jaunes, ce sont les bonnets rouges partout. Après des années et des années d’humiliation, de paupérisation, d’exclusion sociale et culturelle, c’est tout simplement le peuple de France qui reprend la parole. Et qui passe à l’action avec une colère et une détermination (déjà deux morts et 800 blessés, plus qu’en mai 68 !) qui en disent long.

    Même si les classes populaires et les classes moyennes inférieures en sont l’élément moteur – ce qui donne au mouvement une extraordinaire dimension de classe –, les gilets jaunes proviennent de milieux différents, ils réunissent des jeunes et des vieux, des paysans et des chefs d’entreprise, des employés, des ouvriers et des cadres. Des femmes autant que des hommes (je pense à ces retraitées septuagénaires qui n’hésitent pas, malgré le froid, à dormir dans leur voiture pour que les barrages puissent être tenus nuit et jour). Des gens qui ne se soucient ni de la droite ni de la gauche, et qui pour la plupart ne sont même jamais intervenus en politique, mais qui se battent sur la base de ce qui leur est commun : le sentiment d’être traités en citoyens de seconde zone par la caste médiatique, d’être considérés comme taillables et exploitables à merci par l’oligarchie prédatrice des riches et des puissants, de n’être jamais consultés, mais toujours trompés, d’être les « ploucs émissaires » (François Bousquet) de la France d’en bas, cette « France périphérique » qui est sans doute ce qu’il y a aujourd’hui de plus français en France, mais qu’on abandonne à son sort, d’être victimes du chômage, de la baisse des revenus, de la précarité, des délocalisations, de l’immigration, et qui après des années de patience et de souffrances, ont fini par dire : « Ça suffit ! » Voilà ce qu’est le mouvement des gilets jaunes. Honneur à lui, honneur à eux !

    Qu’est-ce qui vous frappe le plus, dans ce mouvement ?

    Deux choses. La première, la plus importante, c’est le caractère spontané de ce mouvement, car c’est ce qui affole le plus les pouvoirs publics, qui se retrouvent sans interlocuteurs, mais aussi les partis et les syndicats, qui découvrent avec stupeur que près d’un million d’hommes et de femmes peuvent se mobiliser et déclencher un mouvement de solidarité comme on en a rarement vu (70 à 80 % de soutiens dans l’opinion) sans que l’on ait même songé à faire appel à eux. Les gilets jaunes, exemple achevé d’auto-organisation populaire. Pas de chefs petits ou grands, ni césars ni tribuns, le peuple seulement. Le populisme à l’état pur. Pas le populisme des partis ou des mouvements qui revendiquent cette étiquette, mais ce que Vincent Coussedière a appelé le « populisme du peuple ». Frondeurs, sans-culottes, communards, peu importe sous quel patronage on veut les placer. Le peuple des gilets jaunes n’a confié à personne le soin de parler à sa place, il s’est imposé de lui-même comme sujet historique, et pour cela aussi, il doit être approuvé et soutenu.

    L’autre point qui m’a frappé, c’est l’incroyable discours de haine dirigé contre les gilets jaunes par les porteurs de l’idéologie dominante, la triste alliance des petits marquis au pouvoir, des précieuses ridicules et des marchés financiers. « Beaufs », « abrutis », « ringards » sont les mots qui reviennent le plus souvent (pour ne rien dire des « chemises brunes » !). Lisez le courrier des lecteurs du Monde, écoutez la gauche morale – la gauche kérosène – et la droite bien élevée. Jusqu’ici, ils se retenaient la bride, mais plus maintenant. Ils se lâchent de la manière la plus obscène pour exprimer leur morgue et leur mépris de classe, mais aussi leur peur panique de se voir bientôt destitués par les gueux. Depuis la formidable manifestation de Paris, ils n’ont plus le cœur de rétorquer à ceux qui se plaignent du prix de l’essence qu’ils n’ont qu’à s’acheter une voiture électrique (version moderne du « Qu’ils mangent donc de la brioche ! »). Quand le peuple se répand dans les rues de la capitale, ils font relever les pont-levis ! S’ils expriment sans fard leur haine de cette France populaire – la France de Johnny, celle qui « fume des clopes et roule au diesel » –, de cette France pas assez métissée, trop française en quelque sorte, de ces gens que Macron a tour à tour décrits comme des illettrés, des flemmards qui veulent « foutre le bordel », bref, comme des gens de peu, c’est qu’ils savent que leurs jours sont comptés.

    On voit bien comment le mouvement a commencé, mais pas très bien comment il peut finir, à supposer, d’ailleurs, qu’il doive finir. Les éléments sont-ils réunis pour que cette révolte puisse se traduire de manière plus politique ?

    Ce n’est pas en ces termes que se pose le problème. Nous sommes devant une vague de fond qui n’est pas près de faiblir, parce qu’elle est le résultat objectif d’une situation historique qui est, elle-même, appelée à durer. La question des carburants n’a évidemment été que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, ou plutôt la goutte d’essence qui a fait exploser le bidon. Le vrai slogan a tout de suite été : « Macron démission ! » Dans l’immédiat, le gouvernement va user des manœuvres habituelles : réprimer, diffamer, discréditer, diviser et attendre que ça s’effiloche. Ça s’effilochera peut-être, mais les causes seront toujours là. Avec les gilets jaunes, la France se trouve déjà en état pré-insurrectionnel. S’ils se radicalisent encore, ce sera tant mieux. Sinon, l’avertissement aura été majeur. Il aura valeur de répétition. En Italie, le mouvement Cinq étoiles, né d’une « journée de colère » lui aussi, est aujourd’hui au pouvoir. Chez nous, la déflagration définitive surviendra dans moins de dix ans. 

    Intellectuel, philosophe et politologue
     Revue Eléments
     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier 
  • L'Action Française dans la Grande Guerre [10] LʼArmistice et ses suites. Une paix à la Pyrrhus

    La SDN - Genève  

     

    Un nouvel ordre mondial 

    De surcroît, le projet de S.D.N. est lʼobjet de la part de Maurras dʼun jugement sévère. Dʼaprès lui, ça nʼétait quʼun machin, pour reprendre le vocable que de Gaulle aimait employer à propos de l’ONU. Dans son éditorial du 25 mars 1917, le « Maître de Martigues » soutient que le projet de S.D.N. est une « jeune vieillerie déjà périmée » et quʼil « peut faire naître des illusions pleine de périls dans les intelligences mal défendues. » 

    Il écrit en outre : « La ʽʽsociété des nationsʼʼ nʼappartient ni au présent ni à lʼavenir : cʼest une survivance des formulaires du passé. On ne la trouve pas en avant, mais en arrière. Nous nʼy allons pas, nous en venons. […] On fera une société des nations, autrement quʼen paroles creuses, quand on possédera une communauté de pensée et de sentiment, ce que le Moyen Âge appelait une unité de foi, ce que les modernes ont appelé une unité de conscience. » 

    Lʼordre qui sʼinstaure après lʼarmistice est clairement wilsonien, et plus largement anglo-américain. Au détriment des intérêts français, comme le souligne lʼhistorien Jean-Baptiste Duroselle : 

    HerbertClarkHoover.jpg« La France va-t-elle faire triompher ses idées ? […] On le croyait encore au moment de lʼarmistice. Et pourtant, tout allait sʼeffondrer, du fait dʼune politique américaine financièrement toute-puissante et fortement inspirée par un partisan sans condition de la liberté (à lʼintérieur) contre le dirigisme, Herbert Hoover (photo), le ʽʽgrand ingénieurʼʼ que Wilson avait nommé ʽʽFood Administratorʼʼ, cʼest-à-dire directeur du ravitaillement. […] Les Anglais se déclarèrent initialement dʼaccord avec les thèses françaises. Lorsquʼils comprirent que les États-Unis allaient dénoncer et lʼarme économique (pourquoi des armes dans la paix ?) et le dirigisme interallié, ils abandonnèrent les thèses françaises. Hoover, appuyé par la grande majorité des ʽʽbusinessmenʼʼ, lʼemporta au début de 1919 – les organisations interalliés furent dissoutes –, et la France nʼobtint à peu près aucune garantie pour ses approvisionnements en matières premières. 

    Lorsque, dans les années 1960, le général de Gaulle appellera constamment ʽʽAnglo-Saxonsʼʼ les Américains et les Britanniques réunis, les deux peuples sʼen irriteront. Pour la Société des Nations de la guerre et de lʼaprès-guerre, lʼexpression est parfaite. Alors que les Français comptent, pour lʼavenir, sur le désarmement de lʼAllemagne, sur le maintien de lʼʽʽéquilibre européenʼʼ, sur les alliances, lʼidée de Wilson, dans sa ʽʽnew diplomacyʼʼ, condamne lʼéquilibre européen et les alliances comme des causes essentielles de la guerre – avec lʼappui du ʽʽmilitarisme prussienʼʼ. Il est convaincu que les puissances centrales sont comptables de la guerre, non le peuple allemand. Sa ʽʽNew diplomacyʼʼ a pour fondement essentiel une Société, ou plutôt une ʽʽLeagueʼʼmondiale où lʼEurope et son équilibre disparaissent, mais où la paix serait assurée par la majorité des États pacifiques, tous égaux en droits, grands et petits, au sein de la ʽʽSociété des Nationsʼʼ, composée en principe de démocraties et qui assurerait la sécurité. »[1]     

    file____C__Users_Gérard_Desktop_Scan Affiche & Manifeste_.jpgCette League of Nations, qui siégera à Genève, indique Scott G. Blair dans sa thèse de doctorat rédigée sous la direction de Maurice Vaïsse intitulée La France et la Société des Nations (1991), eut pour pères fondateurs, outre Wilson et le Britannique Robert Cecil, les Américains David Hunter Miller, le colonel House et Cecil Hurst. 

    Du caractère polémogène de lʼâge démocratique 

    Et Bainville, le 1er janvier 1918, de railler lʼesprit démocratique et droit-de-lʼhommiste qui sous-tend la fondation de la S.D.N, esprit se situant dans le sillage de la logique de la tabula rasa chère à René Descartes, des Lumières et des valeurs de 1789 : « Le propre des régimes démocratiques, cʼest de croire que le monde nʼexistait pas avant eux, cʼest dʼignorer lʼexistence du passé ou dʼen faire fi comme si elle ne leur était pas applicable. La ʽʽguerre des démocratiesʼʼ nʼa pas manqué à cette règle. »[2]  

    Journal_1901-1918___par_Jacques_[...]Bainville_Jacques_bpt6k34125784.jpgBainville reproche aux chantres de la démocratie dʼêtre aveugles au passé, dʼêtre atteints par le syndrome dʼOrphée[3]. Et il considère que le principe des nationalités, qui est au fond lʼapplication de lʼesprit démocratique aux relations internationales, nʼest que de la poudre aux yeux. Il ne voit pas en quoi le droit des peuples à disposer dʼeux-mêmes rompt avec ce qui est un impondérable de la politique mondiale, à savoir le rapport de force. Le 13 février 1918 Bainville compose ces lignes : « Du moment que ce droit des peuples est reconnu, nous nous demandons ce quʼil y aura de changé »[4]

    Effectivement, cʼest au nom du droit des Übermench quʼHitler, dont lʼascension fulgurante se fit grâce à la légitimité née des urnes (légale-rationnelle – sic – dirait Max Weber ), revendiqua une Pax Germanica qui supposait notamment les annexions de la Pologne, des Sudètes et de lʼAutriche, ainsi quʼune colonisation des territoires slaves et quʼune expulsion-neutralisation de la Bürgergesellschaft (société civile bourgeoise) des « nomades » et marginaux, comme les Juifs, les Tziganes et les homosexuels.   

    images.jpgCe principe des affaires internationales qui triompha après la Première Guerre mondiale, comme lʼavait parfaitement remarqué Carl Schmitt dans Le Nomos de la Terre, se plaignant de la substitution de la morale à la politique quʼil entérinait, ne fut nullement un frein à la volonté de puissance – ou même hybris – du national-socialisme allemand, mais même un catalyseur. La démocratie, ainsi, nʼest pas pacificatrice, mais polémogène. On lʼa vu, récemment, avec la Révolution « orangée » dʼUkraine et les Printemps arabes. Finalement, la démocratie cʼest la guerre. (FIN)  ■ 

    [1]  Jean-Baptiste Duroselle, La Grande Guerre des Français, Paris, Perrin, 2002, p. 308-309.
    [2]  Jacques Bainville, idem.
    [3]  Jean-Claude Michéa, Le complexe dʼOrphée, Paris, Flammarion, 2014.
    [4]  Jacques Bainville, ibid., p. 206.

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    Dossier - L'Action française dans la Grande Guerre
     

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  • Salle comble hier soir à Marseille pour « La Rébellion cachée »

     

    rebellion_cachee.jpgPrésenté par Jean Gugliotta, le président de l'Union Royaliste Provençale, et Daniel Rabourdin, son réalisateur (photo ci-dessus), le documentaire « La Rébellion cachée » a passionné une assistance attentive qui s'est prêtée activement au débat et aux échanges.

    Ce qui a été montré et dit c'est la vérité sur le génocide vendéen, matrice de tous les génocides modernes et du totalitarisme révolutionnaire.

    Une soirée réussie !