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Social, Économie... - Page 75

  • Ça va mieux

     

    par Ph. Delelis

     

    Cette petite phrase présidentielle est désapprouvée par 73% des Français selon OpinionWay. Sont-ils tous des « grincheux », comme l’auteur du « ça va mieux » le pense ? Indépendamment du fond, c’est-à-dire de l’amélioration indiscutable de certains indicateurs macroéconomiques (pour des raisons largement extérieures à toute politique économique nationale : prix du pétrole, taux de change, taux d’intérêt, demande étrangère etc.), il faut s’interroger sur ce sujet de perception d’une réalité contraire par une très vaste majorité de Français. Sans doute sont-ils assez convaincus par la Loi de Murphy laquelle peut s’exprimer sous sa forme la plus simple par : « Tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera nécessairement mal », ou, appliquée à l’action humaine, notamment politique : « S’il existe au moins deux façons de faire quelque chose et qu’au moins l’une de ces façons peut entraîner une catastrophe, il se trouvera forcément quelqu’un quelque part pour emprunter cette voie. » Les décisions des dirigeants français montrent assez la surprenante véracité de ces axiomes. Par exemple, la dissolution de l’Assemblée Nationale par le Président Chirac en 1997 reste dans toutes les mémoires comme la plus grande bêtise constitutionnelle jamais commise. Mais on pourrait multiplier les exemples de décisions étonnantes qui expliquent aujourd’hui la situation de la zone euro, de l’emploi, des comptes publics, du Moyen-Orient, des migrants, etc. Sans nécessairement connaître Edward A. Murphy Jr. et son œuvre, tous les Français ont inconsciemment intégré ses conclusions compte tenu de ce qu’ils ont constaté au fil du temps : le pire est toujours certain. D’où leur incompréhension quand ils sont confrontés à un responsable imprégné, quant à lui, de l’œuvre de Émile Coué de la Châtaigneraie (1857-1926), psychologue et pharmacien français, théoricien de la prophétie autoréalisatrice. Convaincu que l’imagination, plus que la volonté, guidait nos actes, Coué considérait que toute idée qui se gravait dans notre esprit tendait à devenir une réalité dans l’ordre du possible. Il répétait sans cesse : « Si étant malade, nous nous imaginons que la guérison va se produire, celle-ci se produira si elle est possible. Si elle ne l’est pas, nous obtiendrons le maximum d’améliorations qu’il est possible d’obtenir ». La méthode de M. Coué supposait une forte adhésion des sujets. Dans leur lit, ils devaient répéter comme une litanie : « Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux », en s’aidant d’une cordelette à 20 nœuds qui était une sorte de chapelet laïc auto-guérisseur. C’est sans doute l’accessoire qui manque dans la communication officielle contemporaine afin de persuader les adeptes de Murphy de se convertir à la pensée positive. Peut-être aurait-il fallu profiter de l’envoi des déclarations d’impôts pour y joindre la cordelette (avec un mode d’emploi approprié de façon à éviter un néfaste détournement d’usage) ? Mais, ce débat est vain. Reconnaissons avec Tristan Bernard que : « les optimistes et les pessimistes ont un grand défaut qui leur est commun : ils ont peur de la vérité. ». 

  • Jacques Myard à propos du TAFTA : « L'Europe ne doit plus être à la botte des Etats-Unis »

     

    François Hollande a rencontré Barack Obama, Angela Merkel, Matteo Renzi et David Cameron lundi 25 avril, à Hanovre, sur fond de tensions en Europe au sujet du traité transatlantique. Pour Jacques Myard, l'opacité des négociations est anti-démocratique [Figarovox 25.04]. Il est surtout d'avis - et nous le sommes aussi - que les conditions dans lesquelles ce traité se négocie sont contraires à notre souveraineté et qu'à son stade actuel l'appliquer serait contraire à nos intérêts. Jacques Myard a raison  LFAR

     

    904710507.jpgLe président des Etats-Unis a exprimé le souhait que les négociations concernant le TAFTA soient terminées d'ici la fin de l'année 2016. Que cela vous inspire-t-il ?

    A ce jour, nous n'avons aucune idée précise et tangible de ce que contient ce traité de partenariat transatlantique. Ces négociations s'orchestrent en l'absence totale de transparence.

    En commission des affaires européennes j'avais vivement protesté contre les conditions scandaleuses dans lesquelles les parlementaires français ont la possibilité de consulter l'état des négociations entre les Etats-Unis et la Commission européenne :

    Cette consultation se passe dans une salle sécurisée au secrétariat des Affaires européennes du gouvernement français. Les députés ont l'interdiction de prendre des documents avec clé USB, et demeurent sous la surveillance permanente d'un fonctionnaire, dans un temps limité, et au passage, exclusivement en anglais. Ce ne sont donc plus les États qui mandatent la Commission mais la Commission qui soumet les États à sa botte… elle-même aux ordres de Washington.

    Il n'y a donc aucune nécessité à précipiter les choses, quoiqu'en dise Barack Obama. La France n'a pas à redorer le blason pâlissant d'un président américain en fin de mandat.

    D'autre part nous savons pertinemment que le commerce mondial se développe très bien indépendamment de ce type d'accords ; hors crise, il croit de 7 % par an sans traité de ce type… C'est pourquoi je suis très réticent à accélérer le processus et fort sceptique quant à la nécessité finale d'un tel accord.

    En quoi les élus français pourraient-ils avoir une influence sur les négociations ?

    Je demande à ce que ce traité soit soumis au parlement français, et pas seulement au niveau européen. Il est largement question de la souveraineté de la nation. La Commission est en train de prendre des positions qui outrepassent son mandat.

    Sur la question des clauses d'arbitrage, de la création d'une cour indépendante d'arbitrage public, il est fondamental que l'Etat français se positionne. Pour être au minimum démocratique, cet accord devra impérativement être soumis à ratification ou approbation des parlements nationaux.

    Barack Obama affirme que cet accord permettra un relèvement des normes, et non son abaissement. Cette promesse vous paraît-elle crédible ?

    Les normes sanitaires américaines mettront en péril la qualité des nourritures venant des Etats-Unis en Europe. Notre pays met l'accent sur la qualité de la nourriture, à l'opposé de leurs méthodes de lavage des poulets au chlore ou de bœuf aux hormones…

    D'autre part, si l'accord n'est pas approuvé par une majorité qualifiée du congrès, les États fédérés des Etats-Unis ne l'appliqueront pas. Tant que nous n'aurons pas la garantie que l'accord sera appliqué côté américain, inutile de le signer. La réciprocité est le gage essentiel de la loyauté d'un accord.

    Ce sujet, comme l'extraterritorialité du droit américain doit être abordé franchement avec les Etats-Unis. Ce pays a trop tendance à outrepasser ses compétences juridictionnelles pour imposer des sanctions aux sociétés étrangères, dont françaises, au seul motif qu'elles ont utilisé le dollar…

    François Hollande rencontre Angela Merkel, Barack Obama, David Cameron et Matteo Renzi à Hanovre, pour évoquer les «grands sujets internationaux». Le président a précisé qu'il n'évoquerait pas le sujet du TAFTA car il est «trop impopulaire»…

    Ce sujet est une preuve supplémentaire du fait que M. Hollande refuse d'agir en chef d'Etat. Il ne veut pas se résoudre à parler franchement, droit dans les yeux aux Américains. Il est pourtant devenu plus que nécessaire de poser des limites à leur hubris et à leur volonté de puissance démesurée… 

    Jacques Myard est député-maire de Maisons-Laffitte (Yvelines). Il est également président du Cercle Nation et République.

    Entretien réalisé par Eléonore de Vulpillières

  • Enfumages et paradis fiscaux

    Crocodile panaméen géant  © Copyright dr

    Par Peroncel-Hugoz  

    Très perplexe devant les « Papiers de Panama », notre confrère plante ses crocs cette semaine dans ce qu’il estime être « les vrais centres mondiaux de la finance douteuse ».

     

    peroncel-hugoz 2.jpgDepuis plus d’un quart de siècle, l’opinion mondiale ( et singulièrement en Occident où, selon une idée reçue bien ancrée, « la presse est la plus libre du monde »), est régulièrement abreuvée d’annonces tonitruantes, de la part de ses plus hauts dirigeants politiques, proclamant la fin « immédiate » ou « prochaine », « progressive » ou « définitive » des paradis fiscaux et autres lieux où l’on cache des fortunes bien ou mal acquises, de l’argent demandant une bonne lessive pour être présentable et autres faits du même acabit … 

    La plus péremptoire, la plus spectaculaire de ces déclarations a sans doute été, le 23 septembre 2009, celle du président Nicolas Sarkozy, claironnant, quelques mois après le Sommet G20 de Londres qui avait, dit-on, planché « sérieusement » sur le sujet : « les paradis fiscaux, le secret bancaire, la fraude organisée, c’est TER-MI-NÉ ! ». Il n’y eut guère alors, à travers la planète, à part peut-être quelques obscurs journalistes, que deux institutions en vue pour proclamer haut et clair leur scepticisme : le Comité catholique contre la faim et l’ONG anglo-saxonne OXFAM qui passent toutes deux pour échapper aux influences de Washington et Londres. 

    Tout récemment nous avons eu droit aux « révélations » contenues dans les Papiers panaméens qui, si elles sont exactes, même partiellement, réduisent en miettes les propos sarkozyens de 2009. Les grands quotidiens européens y sont allés alors, une nouvelle fois, de leurs listes exotiques, de leurs cartes des cinq continents, égrenant les endroits où se cachent l’ « argent sale », l’ « argent détourné », l’ « argent fuyant les taxes », etc.  Une fois de plus ont défilé devant nos yeux blasés les noms déjà archiconnus en la matière des Iles anglo-normandes, du Sultanat de Bruneï, des Principautés du Liechtensteïn, d’Andorre ou de Monaco, des Antilles hollandaises, de l’archipel de Vanuatu, que sais-je encore ? 

    Une fois de plus le brave peuple, érigé à son corps défendant en « opinion mondiale », est grugé car tous ces noms sonores jetés en pâture au public, coupables ou non, ne sont que très-très-très faiblement détenteurs des trésors cachés. Les milieux bancaires internationaux vraiment informés — et donc toujours muets — savent eux, de toute éternité, qu’on amuse ainsi la galerie tandis que les trois principaux centres mondiaux de l’argent malpropre ou propre, dissimulé ou placé secrètement sont, par ordre d’importance : 

    —  La City de Londres

    —  Le minuscule Etat américain du Delaware

    —  Des banques israéliennes 

    Rassurez-vous, le prochain G20, ce printemps, promet de s’attaquer enfin pour de bon aux « paradis fiscaux » et d’en publier une liste « complète et définitive » … Je doute fort que les trois « centres » cités supra figurent sur la nouvelle liste promise …

    Encore un mot quand même : s’il y a des « paradis fiscaux », c’est qu’il y a aussi des « enfers fiscaux » … dont les lois confiscatoires sont en partie responsables de l’existence de « refuges », de « tax-haven », comme disent eux-mêmes les Anglo-américains. Vous voulez savoir ce que sont des lois confiscatoires ? Eh ! bien, consultez le code des impôts de la République française ou, pis, celui du Royaume de Danemark ! Vous serez édifiés. Quant au code fiscal marocain, il figure, lui, parmi les plus bénins, les plus libéraux des cinq continents.  

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 22.04.2016

  • « M. le Maudit » ? Non, Maurras contemporain capital

     


    2242691526.jpgAu jour anniversaire de sa naissance - 20 avril 1868 - Maurras est cité, honoré dans Le Réveil du Vivarais, le journal d’Annonay et du Nord-Ardèche.

    La citation reprise par ce média régional est d'une singulière actualité. Maurras est bien, selon l'expression d'Olivier Dard, un contemporain capital.

    Maudit seulement en apparence...  Présent en réalité. 

  • « La France va mieux » ... Ah bon ?

     

    par Jean-Philippe CHAUVIN

     

    arton8470-7b8cd.jpgLe président Hollande est un éternel optimiste : « la France va mieux », déclare-t-il à la télévision devant un auditoire restreint et peu réceptif, au moment même où quelques centaines de manifestants s'en prennent à des vitrines et à des voitures sans pouvoir atteindre l’Élysée, centre illusoire d'un Pouvoir qui ne l'est pas moins devenu. 

    Cela prêterait évidemment à sourire si la situation n'était pas si grave : le chômage, dans sa version dure, touche près de 4 millions de personnes directement mais bien plus si l'on s'intéresse aux familles et aux communes affectées ; les paysages de France sont chaque jour un peu plus dévastés, dans les campagnes, sur les littoraux (et cela malgré les lois de protection du littoral qui, parfois, semblent peu appliquées quand de gros enjeux financiers sont en jeu), mais aussi autour et au centre des villes, comme à Rennes, de plus en plus livrée à certains promoteurs immobiliers sans grands scrupules ; l'agriculture française est considérée par les politiques comme un problème quand elle devrait être vue, d'abord, comme une grande chance pour la France, pour se nourrir et aménager les territoires, et non pour remembrer ou « violer la nature » comme le fait le productivisme actuel ; le monde, par une mondialisation incontrôlée, est devenue, en de multiples lieux et jusqu'au cœur de nos vies, une véritable poudrière... 

    Aussi, dire que « la France va mieux » relève de la langue de bois ou de l'aveuglement, ou des deux à la fois, ce qui n'est guère rassurant : en paraphrasant André Pousse, « le déni, à ce point-là, ça devient gênant »... Il est vrai que la campagne présidentielle de 2017 a déjà commencé et que l'actuel locataire de l’Élysée se verrait bien entamer un second bail de cinq ans, quitte à tordre un peu le bras aux réalités en espérant, malgré les mauvais sondages (mais « sondage n'est pas suffrage », dit-on), apparaître comme le recours face à Marine Le Pen, donnée comme forcément qualifiée pour la phase finale de la présidentielle. 

    M. Hollande ment, bien sûr, mais je ne me réjouis ni de ce mensonge ni de la réalité : je souhaite de tout mon cœur que la France aille mieux et que la phrase du président, malheureuse aujourd'hui, devienne une nouvelle réalité. Encore faudrait-il en prendre les moyens et ne pas se perdre en rodomontades idéologiques et ridicules : mais, et c'est le vice de cette République qui se veut la cinquième, la magistrature suprême de son État reste prisonnière des féodalités qui la font et, désormais, la fondent, par le biais d'une compétition présidentielle aux mains des grands partis et des puissances d'argent, adoubées par l'Union européenne malgré nombre de scandales et « d'alertes citoyennes », vite enterrées sous le flux des informations suivantes... 

    En cette année électorale, il faudra bien, en définitive, poser la question, la grande question de l’État et de son sens, de sa magistrature suprême : bien sûr, les royalistes devront se faire entendre dans un concert qui ne leur est pas ouvert, et cela « par tous les moyens, même légaux ». 

    Car il ne se fera rien de grand ni de juste en politique si l'on laisse l'éternel jeu de rôles de la République et de son élection-reine étouffer toute alternative - et toute parole dissidente - à ce qui constitue, encore et toujours, le « désordre établi » : la France mérite mieux, décidément, que la République... Elle mérite et elle nécessite mieux que la République pour que l'on puisse dire, le plus rapidement et le plus heureusement possible : « la France va mieux » !   

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • La CGT en chute libre se radicalise ... Philippe Martinez se voit-il en petit père des peuples ?

     

    La représentativité des syndicats français est aussi nulle que celle de la représentation parlementaire. Mais on fait comme si ... Le roi est nu, mais il règne ou fait semblant. Combien de temps pourront durer les simulacres ? Croit-on que la crise institutionnelle, économique et sociale en cours sera résolue par les gauchistes plus ou moins paumés de Nuit debout ? LFAR

     

  • Jérôme Leroy : Macron m’inquiète ... Le prendre au sérieux avant qu’il ne soit trop tard…

     

    Qui est vraiment Emmanuel Macron, que pense-t-il, au fond; que veut-il, quelle serait sa politique ? Telle est la question que Jérôme Leroy s'est posée dans Causeur et à laquelle il tente de répondre. Avec son talent habituel... Macron avait surpris et intrigué - notamment les royalistes - par ses déclarations de l'an dernier où il exposait, entre autres choses, qu'il manque un roi à la France, du fait de l'incomplétude de la démocratie ... Déclarations plus réfléchies qu'il n'y paraît si l'on veut bien les relire attentivement. Mais ses quelques prises de position politiques - peu nombreuses, il est vrai - semblent confirmer les hypothèses que Jérôme Leroy hasarde ici à propos d'Emmanuel Macron. Sans-doute est-il un acteur politique encore non-identifié. Restant à définir. On verra ce qu'en pense Jérôme Leroy, avec, malheureusement, d'assez bonnes chances de ne pas se tromper ... LFAR

     

    Pour tout dire, Emmanuel Macron m’inquiète. Je sais bien que l’ami Desgouilles a finement analysé le but de la manip quand le ministre de l’Economie a créé En marche !, à savoir qu’il s’agissait d’un moyen pour Hollande de griller Valls qui se retrouve triangulé sur son créneau social-libéral ou qu’Adrian Dambrine le réduit à une arnaque intelligente d’un ambitieux conscient du vide intersidéral de la politique française. Et pourtant il m’inquiète parce qu’il dispose de deux atouts dont sont dépourvus ses adversaires : il est sincère et il est désinhibé.

    Sa sincérité transparaît dans le moindre de ses discours, sans doute parce qu’il a un fonds idéologique très cohérent. Macron est le fils naturel de Jacques Attali et d’Alain Minc. Macron est sincèrement convaincu que non seulement la mondialisation est inévitable mais que de toute façon, elle est un bienfait, l’aboutissement d’un processus historique qui nous fera enfin sortir… de l’Histoire ! Cette sortie de l’Histoire, ce désir de sortie est d’abord manifeste chez lui dans ce ni droite ni gauche qu’il professe, ou plutôt dans ce et de droite et de gauche. Il n’est pas le premier à dire que ces catégories sont obsolètes, archaïques, que les Français n’y croient plus. Seulement, lui, il le pense vraiment.

    L’économie au-dessus de tout

    On lui a fait le mauvais procès de reprendre un vieux slogan du FN lui même repris de l’extrême droite doriotiste des années 30. Sauf que dans le cas du FN, il ne s’agit pas de nier l’existence de la droite et de la gauche, bien au contraire, mais de les dépasser de trouver une synthèse qui s’appellerait la patrie. On se souvient de Le Pen père en 2002 : « Je suis économiquement de droite, socialement de gauche, nationalement de France ». Macron, évidemment, lui ne songe même plus à dépasser la droite et la gauche, à unir les républicains des deux rives, voire à la façon de Giddens, le théoricien de Blair, à trouver une voie médiane entre le marché et le plan, et à réguler a minima le libéralisme.

    Pour lui, la droite et la gauche n’existent simplement plus parce que la politique n’existe plus. Le primat de l’économique est total, l’Etat est une survivance archaïque, la nation est la responsable des guerres et des crispations nationalistes. La communauté trouve grâce à ses yeux dans la mesure où elle est gérable et digérable par le marché, voire lui sert de débouchés et de moteur.

    A-t-on entendu Macron s’indigner sur les marques de prêt-à-porter converties, si je puis dire, à la mode islamique ? Et pourquoi donc le ferait-il ? Dans la logique d’un Macron et des libéraux pur jus dont il fait partie, la seule loi qui existe, c’est celle de l’offre et de la demande. Si H&M, Uniqlo ou encore Marks & Spencer griffent des hijabs, ce n’est pas parce qu’ils collaborent avec l’envahisseur, c’est juste parce qu’il y a de l’argent à se faire et ceux qui attendent de marques, quelles qu’elles soient, d’être le rempart de la civilisation chrétienne ou de la laïcité se font des illusions. Ce qui compte, c’est de vendre, y compris des armes à l’Arabie saoudite, notre allié et néanmoins berceau de l’Etat islamique.

     

    Le marché, son horizon indépassable

    Macron, lui, est « en marche ». En ne se prononçant pas sur ces vieilles questions (à peine une opposition discrète à la déchéance de la nationalité qui ne lui coûte rien puisque la nationalité est devenu quelque chose de très secondaire pour lui), il évite les hypocrisies et les incohérences de Valls qui s’oppose à la salafisation des esprits en France mais continue de dealer sur le plan international avec Riyad ou le Qatar.

    Elle est là, la cohérence dangereuse de Macron : le marché est un horizon indépassable qui n’a même pas vraiment besoin de la démocratie telle qu’on la connaissait. N’a-t-il pas déclaré à plusieurs reprises qu’être élu est « un cursus honorum d’un temps ancien » ? Ce qui signifie que le pouvoir est ailleurs désormais et que le seul poste qui vaudrait encore le coup, tant que la Vème République existe, c’est la présidence, un poste clé pour faire sauter les derniers tabous, forcer les derniers verrous.

    Et qu’a-t-il en face de lui ? Précisément une droite libérale qui ne veut pas aller jusqu’au bout de sa logique parce que son électorat reste conservateur sur les questions de société et qu’il devient très compliqué d’expliquer qu’il ne faut rien interdire en économie mais ne pas vouloir que les gays se marient, que les ventres des femmes se louent à l’année pour porter des bébés ou que le shit soit en vente libre. Et de l’autre côté, si l’on peut dire, une gauche radicale qui se radicalise sans jamais poser la question de l’immigration comme armée de réserve du capitalisme,  la question de l’Union européenne comme cadre indépassable des politiques austéritaires qui ne sera jamais cette union fraternelle et égalitaire dont continuent de rêver les internationalistes, contre toute évidence. On pourra lire à ce titre les analyses d’Aurélien Bernier dans le dernier numéro de Causeur.

    Macron lui n’a plus ces vieilles pudeurs, ces vieilles contradictions : il a déjà vu à quoi ressemblait le futur parce que, et je dis ça sans ironie, il est visionnaire : un monde pacifié, dématérialisé, où des nomades hyperconnectés échangeront à l’infini des données dans la grande paix bleue d’une utopie sans fin. Ca ne vous fait pas envie ? Vous avez tort, encore un effort et vous serez en marche…  

    Jérôme Leroy
    Ecrivain et rédacteur en chef culture de Causeur.

  • Emmanuel Macron, « en marche » vers l’Elysée ?

     

    par Olivier Pichon

    De Pompidou, il a le passé professionnel dans la banque ; de Lecanuet, le sourire enjôleur ; de Giscard, le profil du social démocrate venu de la gauche… même si ce dernier était issu de la droite. Pour l’heure, créature de Hollande, c’est le ministre de l’Économie qui semble tirer « les Macron du feu » pour le plus grand dépit de Manuel Valls.

    D’aucuns se délectent de la nouveauté de son initiative. Pourtant, rien n’est plus inexact comme nous allons le voir.

    Macron social libéral ?

    Quel est le sens de « social-libéral » ? On veut signifier, par-là, que l’homme veut abandonner les vieilles lunes du socialisme : appropriation collective des moyens de production, rôle massif de l’État et l’arsenal bien connu des socialistes de droite et de gauche. Ces oripeaux, la gauche française a toujours eu du mal à s’en défaire, car la France est le pays de l’idéologie des… idéologies et le dernier pays communiste d’Europe.

    Son dérivé, le terme longtemps employé de « social-démocratie », fut une insulte pendant des années. J’ai souvenir qu’à l’université, dans les années 70, se faire traiter de « social-démocrate » était infamant, attestant le caractère « communiste » de l’université. A dire vrai, et c’est là qu’il n’y a pas nouveauté, ce concept est le fait des Allemands à la fin du XIX siècle. S’étant aperçu que le capitalisme permettait la redistribution, les socialistes allemands ne voulurent pas tuer la poule aux œufs d’or, d’autant que, pendant ce temps-là, Bismarck, le dirigeant le plus conservateur de l’Europe de la fin du XIXe siècle, inventait « l’État providence » en se basant sur les théories de l’économiste Adolphe Wagner.

    Il fallait financer retraite, chômage et couverture maladie… financements qui vinrent beaucoup plus tard en France. C’est la troisième Internationale qui donna quelque poids au socialisme « réel » (entendez désormais communisme). Fondée à Moscou, en 1919, elle refusait tout compromis avec le capitalisme. En France, malgré le congrès de Tours, en 1920, (séparation entre socialistes et communiste), la gauche aura beaucoup de mal à ne pas être communiste…

    Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands, encore eux, poussent à fond la logique de la « Soziale Marktwirtschaft » (économie sociale de marché) tandis que la gauche française, jusqu’au programme commun, restera profondément anti social-démocrate et dotée d’un parti communiste puissant.

    Macron fait son congrès de Tours

    Au fond, Macron nous fait son congrès de Tours. Rien de neuf sous le soleil ! La bonne nouvelle et, à dire vrai, la seule nouveauté, tient dans la mort du socialisme rêvé par les socialistes français. Certes, il reste l’extrême gauche. Mais la perspective d’une « gauche unie », dont Mitterrand se servit comme d’un marchepied, paraît impossible. On voit mal Macron jouer les Florentins. Le ministre de l’Économie enterre donc le socialisme et l’union de la gauche, ce qui fait beaucoup pour un seul homme. Certains lui feront payer ses actes.

    Tous sociaux libéraux !

    En réalité, toute la classe politique est plus ou moins social-libérale. Depuis des décennies, Keynes aidant, les politiques ont su saigner la bête capitaliste suffisamment pour qu’elle continue de vivre et de prospérer. La symbiose est totale depuis longtemps et les capitalistes, de leur côté, ont su se servir au mieux du pouvoir politique pour leur intérêt. Le système redistributif qui en découle est, d’ailleurs, aujourd’hui le problème et non plus tout à fait la solution : même le fameux modèle allemand souffre. La réponse est désormais de faire maigrir non le capitalisme – encore que – mais bien l’État, compte tenu de son endettement et de son poids excessif dans l’économie.

    La vraie question : le modèle français face à la mondialisation

    Le problème, pour Macron, est d’affronter un pays profondément conservateur et pas dans le meilleur sens du terme. Le tout dans un contexte complexifié par la grande mondialisation – qu’illustre, par exemple, le Tafta – et par la petite mondialisation, en Europe, dont il est partisan. La tâche sera rude et la rhétorique du « ni droite, ni gauche », qu’on retrouve aussi au FN, s’explique ainsi. Face aux 35 heures, au statut de la fonction publique, au rôle de l’État dans l’économie, il aura contre lui une partie de la gauche mais aussi une partie de la droite et de l’extrême droite. La véritable question est donc la suivante : peut-on être mondialiste et toujours français ?

    Une tactique pas une stratégie

    Pour l’heure, la logique Macron permettra de maintenir une partie du PS dans les sphères du pouvoir sans le socialisme, mais avec les prébendes qui vont avec. Tactique, encore, lorsqu’il s’agit de doubler un Valls sur le même créneau modernisateur, mais en version autoritaire.

    En attendant le joker du président le plus démonétisé de la Ve république , s’il parvenait à lui succéder, sera-t-il condamné à nous refaire, sous couvert de social-libéralisme et de gouverner au centre, le coup de Giscard ? Celui-ci, au final, augmenta les prélèvements obligatoires et fit, en fait de « libéralisme avancé », avancer le socialisme. Tout changer pour que rien ne change ! 

  • Société • Il faut dire adieu à Simone de Beauvoir

     

    Adieu mademoiselle, la défaite des femmes est un brûlot antiféministe qui se place sous la tutelle protectrice de la compagne de Jean-Paul Sartre. Audacieux, mais non dénué de contradiction, selon Zemmour, qui oppose à Eugénie Bastié, sa propre analyse. Laquelle n'est pas non plus dénuée de justes arguments [Figarovox du 6.04]. Controverse ? Pourquoi pas ? Une raison de plus de lire au plus tôt le livre d'Eugénie Bastié !  LFAR 

     

    ZemmourOK - Copie.jpgTout a été déjà écrit. Chaque nouvelle génération doit affronter cette loi d'airain. Et il faut un mélange d'audace et de présomption pour ajouter quand même son propre texte sur la pile. Eugénie Bastié ne manque ni de l'une ni de l'autre. Cette jeune femme a donc choisi d'inscrire son nom sur la liste - déjà longue - des féministes critiques. La tâche est aisée : les femmes peuvent seules critiquer le féminisme - mais la voie est encombrée : de l'inconvénient d'être née à la fin du XXe siècle.

    Bastié rejette les Femen, la théorie du genre, Judith Butler et Éric Fassin, le mariage pour tous, la PMA, la GPA. Elle dénonce un « féminisme dévoyé » dont « l'horizon n'est plus l'égalité des droits, mais l'interchangeabilité des êtres », qui planifie la « déconstruction des identités » et pense « la différence comme une discrimination ». Cet ancien « garçon manqué » chante la joie d'être une « fille réussie ». Elle écrit ses plus belles pages pour repousser l'existence d'un « droit à l'avortement ». Elle s'inscrit dans la lignée des Élisabeth Badinter ou Sylviane Agacinski, auxquelles elle ajoute une pincée bienvenue de christianisme. Elle retrouve la pertinence de leurs analyses mais n'évite nullement l'écueil de leurs contradictions.

    Elle ouvre son livre sur un hommage appuyé à Simone de Beauvoir. Notre auteur fait allégeance à l'icône : « Le lecteur sera-t-il tenté de jeter le bébé féministe avec l'eau de ce néoféminisme dévoyé. Il aurait tort de céder à cette mauvaise tentation… Est-il encore possible, en 2016, de se dire féministe en Occident ? L'ambition du présent essai est de montrer pourquoi et comment on peut répondre par la positive à chacune de ces questions. »

    Sauf qu'elle n'y parvient pas. Elle fait avec le féminisme ce que les apôtres du « padamalgam » font avec l'islam, et ce que les compagnons de route du communisme ont fait avec le marxisme. Et c'est le même échec. Comme tout l'islam est dans le Coran, et tout le communisme dans Marx, tout le féminisme est dans Beauvoir, bon ou mauvais. Beauvoir est à Butler ce que Lénine fut à Staline, ou le Mahomet de La Mecque au Mahomet de Médine : un paravent rhétorique, un rideau de fumée, un pieux mensonge. Eugénie Bastié elle-même passe son temps à nous en fournir les preuves les plus accablantes. Tout le monde connaît le célèbre « On ne naît pas femme, on le devient » ; mais on évoque moins le « Je rêvais d'être ma propre cause et ma propre fin ». Et pourtant, ces deux phrases fondent la théorie du genre et autres queer theory de Judith Butler. Si on devient femme, comment ne pas le devenir ? Étape suivante, logique, irrécusable. Et déjà prévue par Beauvoir elle-même, qui avait bien compris que la spécificité féminine - celle dont tout découlait - était bien sûr la maternité : « son malheur, disait-elle en parlant de la femme, c'est d'avoir été biologiquement vouée à répéter la vie ». C'est pour cette raison qu'elle refusa d'avoir un enfant et n'a jamais caché son mépris pour « les pondeuses ».

    Tout le reste est aussi dans Beauvoir : l'alliance des féministes avec les mouvements antiracistes naît dans la fascination de la compagne de Sartre pour le FLN et les Noirs américains. Une fascination qui a amené ces héritières au déni de Cologne! C'est le mâle blanc hétérosexuel qui est leur ennemi commun. Leur cible à abattre. Qui fut aussi le fondement de l'autre alliance décisive, celle des années 1970, entre les mouvements féministes et homosexuels. Et qui finira de la même façon en piège intégral, comme s'en lamente notre auteur : « Objectivement, femmes et homosexuels n'ont pas les mêmes intérêts… En faisant de la maîtrise des corps le critère de la libération, il (le féminisme) a désigné le corps féminin comme terrain d'expérimentation et futur cobaye. » Mais qui a défilé en criant « mon corps m'appartient » ? Qui s'est battu pour le droit au divorce, considéré comme une liberté pour les femmes ? « Les femmes sont les premières victimes de la dislocation de la famille occidentale. Ce sont les pères qui fuient. Ce sont elles qui restent seules à éduquer les enfants. Le droit a comme un arrière-goût amer. » Un goût de répudiation.

    Un faux progrès qui se paye cher

    C'était écrit d'avance. Le féminisme est un libéralisme qui ramène la gauche à ses sources. Il exalte l'individu et le contrat, au détriment de la famille et de la nation. C'est un faux progrès qui se paye cher. Par les femmes et les hommes. N'en déplaise à notre auteur, c'est Houellebecq qui a raison : la conversion à l'islam a pour source première la volonté des jeunes hommes de retrouver une virilité et une domination ruinées par quarante ans de féminisme. Au contraire de ce que pense Eugénie Bastié, nous subissons une féminisation de la société, qui s'affirme dans ses valeurs les plus sacrées : pacifisme, principe de précaution, négociation, consultation, psychologisation, hiérarchie délégitimée. Et dans les comportements de ces hommes occidentaux qui refusent de se battre, assument leurs sentiments et laissent couler leurs larmes, et préfèrent allumer des bougies et « refuser la haine » plutôt que de venger leurs femmes ou leurs enfants massacrés par les djihadistes.

    2258380137.pngNotre auteur touche juste lorsqu'elle pointe: « Le féminisme est devenu le refuge du nouvel ordre moral » ; mais elle ignore qu'il en a toujours été ainsi. Elle vante la féministe à l'ancienne George Sand ; mais on lui rappellera ce qu'en disait Baudelaire : « La femme Sand est le Prudhomme de l'immoralité. Elle a toujours été moraliste. Seulement elle faisait autrefois de la contre-morale. » Elle compare les obsessions grammaticales des féministes à la « novlangue » dans 1984 d'Orwell ; mais les femmes savantes de Molière contrôlaient déjà le langage de ces malotrus de mâles. « J'entends le rire de Beauvoir, et c'est à lui que je dédie ces pages », nous avait-elle lancé en guise de défi au début de son livre. À la fin, malgré ses tentatives talentueuses et culottées, elle a perdu son pari ; et j'entends le rire de Molière, le rire de Baudelaire, le rire de Bossuet, et son fameux rire de Dieu qui rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ; et c'est à eux que je dédie cet article. 

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    Adieu mademoiselle, la défaite des femmes, Eugénie Bastié, Éditions du Cerf, 220 p., 19 €.

    Eric Zemmour           

     

  • Sport & Société • Football : PSG-Qatar vs City-Abou Dabi

     

    Non au match du déracinement, vive Leicester ! C'est du moins ce qu'écrit notre confrère et blogger David Desgouilles, avant même que la compétition en question ne se joue. Les sportifs seront-ils d'accord ? En tout cas, sa dénonciation de l'océan de fric qui recouvre le sport mondialisé d'aujourd'hui, comme du déracinement corrélatif  qui l'envahit, nous l'approuvons. Evidemment.  LFAR  

    6 Avril 2016

    sans-titre.pngCe soir, l’amoureux de football que je suis ne regardera pas le match opposant Paris à Manchester City en quart de finale de la Ligue des champions. Il se trouve que la résiliation de mon abonnement à Canal + ne m’a pas incité à basculer vers la chaîne qatarie BeInSport qui retransmettra le match. Il arrive un moment où il faut mettre ses actes en conformité avec ses convictions. Le football mondialisé de mercenaires que j’exècre repose essentiellement sur les droits télés, et donc sur les abonnements aux chaînes à péage.

    Ce match est justement emblématique de ce football-là. Le Paris SG appartient depuis quelques années au fond souverain de l’Etat qatari ; Manchester City l’avait précédé en devenant la propriété d’un dignitaire richissime d’Abou Dabi. Ces deux clubs, qui n’ont jamais gagné cette compétition, dépensent des sommes folles depuis l’arrivée de leurs propriétaires actuels afin de rattraper les autres géants européens, Bayern de Munich, Barcelone et Real Madrid. Certes, Abou Dabi a été bien plus dépensier que le Qatar, mais au match du déracinement, c’est bien le PSG qui a déjà gagné le match. Son adversaire joue la continuité avec son histoire ancienne alors que le club français préfère faire du passé table rase ; City souhaite miser sur la formation et aligne davantage de joueurs anglais que Paris de joueurs français ; le club britannique maintient un lien avec ses supporteurs alors que le PSG les remplace petit à petit par des spectateurs friqués. Bref, si on devait avoir une préférence entre ces deux clubs mondialisés, elle irait vers celui de la perfide Albion, ce à quoi il est impossible de me résoudre, aussi je préfère ignorer le match.

     

    Puisque nous en venons au football du pays de Sa Gracieuse Majesté, terminons sur une note d’espoir. De l’autre côté du Channel, c’est actuellement Leicester City, un club au budget lilliputien par rapport aux géants de la Premier League, qui domine le championnat le plus réputé et le plus dépensier du monde. Emmené par le jeune français N’Golo Kanté qui a ébloui le match Pays-Bas-France de son talent, ce petit poucet a aujourd’hui de bonnes chances de remporter le titre. Un peu d’air frais, enfin, dans cet océan de fric. 

    David Desgouilles

  • Retour sur André Bercoff et « ma cabane au Panama...»

     

    Par Jean-Louis Faure

    Repris des commentaires [7.04] à propos de l'article d'André Bercoff, publié dans Lafautearousseau, hier, jeudi, 7 avril.

     

    Un peu de technique

    La masse de documents qui a été « pompée » des ordinateurs de Mossack Fonseca signe une opération demandant de très gros moyens informatiques. Si d’origine privée, nécessairement financée, mais plus probablement décidée par les Services d’un Etat, ou peut être les deux en collaboration. Autre signature, l’informatique de Mossack Fonseca est ultra sécurisée, il faut donc des moyens d’attaque très sophistiqués, sachant que la protection chez ces « avocats » a été installée par des entreprises étrangères …

    Un peu de géographie

    Quand on va se promener à Panama, on est dans une colonie américaine. Un côté très émouvant pour des Français : le cimetière en bordure du canal où reposent nos compatriotes qui ont laissé leur vie dans le projet irréalisable de monsieur de Lesseps (construire un canal à niveau des deux océans).

    Un peu de politique

    Quand on traite des affaires à Panama, on découvre très vite que la finance et le courant d’affaires sont entre les mains de la communauté de monsieur Soros …

    Un peu de bon sens

    La maison Mossack Fonseca est très connue de tous les services juridiques et financiers des grandes entreprises de par le monde, il n’y a donc aucun scoop. Contrairement aux vociférations organisées par l’immonde, ils offrent avant tout un service de domiciliation visant à masquer les opérateurs réels dans des négociations où ils ne veulent pas apparaître. La fuite fiscale est assez secondaire.

    Un peu d’histoire

    Rien d’illicite. Avec des adresses aux iles Tortola pour être encore plus étanche. Très utilisé par tous les Services spéciaux du monde, assurant une coupure nette entre un pays commanditaire et un coup tordu. Que faisait le trésorier de la campagne de Hollande, Jean Jacques AUGIER, aux iles Caïmans ?

    Des écrans off-shore furent la technique de voyous utilisée par le Crédit Lyonnais pour flouer Tapie dans la vente d’Adidas (voir un excellent résumé dans Wikipédia : Bernard Tapie charge le Crédit lyonnais de vendre Adidas ; la banque se livre à une expertise minutieuse de l'affaire, et réalise que sa valeur est certainement bien supérieure au prix minimum demandé par Bernard Tapie dans son mandat (plus de deux milliards de francs). L'état-major de la banque conçoit donc un plan : se porter acquéreur d'Adidas, au prix minimum demandé par Bernard Tapie, et revendre la société au prix fort et à son seul profit par la suite, via des sociétés offshore (iles Caïmans) pour préserver l’anonymat des opérations.

    Si l’enquête sur les affaires de Cahuzac n’avait pas été bâclée (le même couple Van Ruymbeke – Jean Veil qui a œuvré contre Kerviel), on aurait trouvé que l’ami Jérôme a corrompu toute l’administration de la Santé au profit des plus grands labos français.

    Nous rejoignons André Bercoff sur la consternante niaiserie au sommet de notre pauvre pays.

    Sur ce sujet comme sur tellement d’autres, la communauté journalistique est absolument au dessous de tout.

  • André Bercoff : « Ma cabane au Panama...»

     

    Par André Bercoff

    HUMEUR - André Bercoff s'amuse de la réaction de François Hollande au scandale Panama Papers. « Est-il normal que le chef de l'Etat découvre le pot aux roses après sa divulgation ? », s'interroge-t-il [Figarovox, 5.04]. Il constate surtout « l'étendue illimitée des inégalités » au coeur d'un Système qui prétend pourtant les avoir abolies ... Il y a 227 ans déjà, une nuit d'août 1789. Bien-sûr, il n'en était rien. On n'abolit pas la nature humaine. On ne peut y substituer que des leurres. LFAR 

     

    photo.jpgQue j'aime le son des boîtes de Pandore ouvertes au bout des clés USB. Ma cabane au Panama est désormais exposée à tous vents. En neuf mois, des centaines de journalistes regroupés dans une association financée notamment par Georges Soros et autres philanthropes, ont accouché d'une montagne de documents et de noms plus ou moins propres : optimisation ou fraude fiscale, telle n'est plus la question. Chefs d'Etats et hommes politiques, artistes et modèles, sportifs et bureaucrates, princes et émirs, dictateurs et démocrates, ils sont des milliers à avoir fui les législations de leurs pays respectifs pour les rivages ensoleillés des océans protecteurs et des îles miraculeuses, afin de garder la plus grosse part de leur magot. La démarche en forme d'évasion était connue depuis fort longtemps, mais en l'absence d'une gouvernance mondiale qui relève encore de l'utopie, force est de reconnaître que la nature humaine ayant horreur du vide, surtout financier, elle a inventé les paradis fiscaux, substituts sonnants et trébuchants quand on n'est pas sûr de sa propre survie dans l'au-delà du Paradis céleste. Ce qui est nouveau, c'est le coup de fouet du numérique et des hautes technologies, qui ont donné une sacrée accélération à la transparence dans tous les domaines. Julian Assange et Edward Snowden, parmi d'autres, ont déjà démontré qu'il suffisait de la bonne manipulation d'un simple employé, pour dévoiler des dizaines de milliers d'informations ultra confidentielles. Puissance et abîmes de l'Internet.

    Mais l'un des bonheurs de cette nouvelle et massive exposition du blanchiment mondial, est, comme d'habitude, la réaction de François Hollande. Le président de la République n'a pas attendu longtemps pour signifier sa satisfaction quant à la publication de ces bonnes nouvelles. Cela va nous permettre, a-t-il dit en substance, de poursuivre et condamner les fraudeurs, et partant, faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat qui, comme chacun sait, en a bien besoin. Et de conclure l'exercice de satisfaction par un hommage appuyé à ceux qui ont soulevé le couvercle de la machine à laver: « Il faut protéger les lanceurs d'alertes ; ils font un travail utile et prennent des risques ».

    L'intervention hollandaise appelle plusieurs remarques. La première, c'est qu'il est pour le moins étonnant qu'un chef d'Etat découvre le pot aux roses après la divulgation. N'a-t-on pas eu, aux cimes de l'Elysée, les moyens de savoir ce qui se passait, quelques jours au moins avant le scoop ? Deuxièmement: faut-il à chaque fois se précipiter pour faire un commentaire, quitte à mélanger une fois de plus les fonctions présidentielles et simplement chroniqueuses ? Enfin, comment l'exécutif se permet-il de donner des ordres au judiciaire, en annonçant que des poursuites sont d'ores et déjà engagées ? Nous qui croyions naïvement à la séparation des pouvoirs, en sommes, comme d'habitude, pour nos frais.

    Porochenko l'Ukrainien et Salman le Saoudien, Cahuzac et Platini, des Syriens et des Russes, le Premier ministre islandais et un cadre du Front National, sans compter les centaines d'identités à venir : cet inventaire à la Prévert ne devrait tout de même pas être la forêt panaméenne qui cache l'arbre européen. A deux pas de chez nous, la Belgique et le Luxembourg demeurent des paradis tout à fait convenables. A l'intérieur de l'Hexagone, les avantages fiscaux prodigués à des corporations diverses et variées montrent encore l'étendue illimitée des inégalités. Avant de rejoindre le chœur des vierges de l'indignation à bons comptes secrets, balayons vigoureusement devant notre porte. 

    André Bercoff           

    André Bercoff est journaliste et écrivain. Son dernier livre Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi est paru en octobre 2014 chez First.

  • Europe se déshabille

     

    Par Jean-Louis Faure 

     

    Revenons sur une information économique* passée quasiment inaperçue.

    L’électronique de Défense d’Airbus est rachetée par le fond d’investissement américain KKR.

    Le périmètre de cette activité, qui génère 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires environ par an, inclut les capteurs militaires, la guerre électronique, l'avionique et l'optronique, bref tout ce que l’on appelle du terme générique de Haute Technologie ou Techniques Avancées. Domaine où la France est en tête de classement mondial.

    On imagine un instant une opération financière similaire pour acheter des activités aussi stratégiques et sensibles dans l’industrie américaine, et ce que serait la réaction de l’administration : tout serait immédiatement bloqué au nom de la protection du savoir, du secret de Défense Nationale, ou plus largement des intérêts américains.

    Et pour montrer à quel point, notre haute administration et notre monde politique sont déboussolés, souvenons nous des hurlements quand le PDG d’Alstom a dévoilé que la division turbines de son groupe allait être vendue à General Electric. Montebourg à la tribune de l’AN, cette activité transférée chez les Américains signait la fin du monde … C’est le genre de tintamarre qui me parait toujours suspect. Surtout quand se joignent aux roulements de tambours une cohorte d’officines « d’intelligence économique », agitant des arguments peu documentés et peu sérieux. Il s’agissait manifestement d’avoir la peau de Patrick Kron, comme ledit Montebourg s’en était pris à la famille Peugeot. En l’espèce, les liens de GE avec la France sont anciens et d’une grande complicité, quand on connaît la part de cette entreprise américaine dans l’électronique médicale ultramoderne, et aussi dans le co-dévellopement avec SAFRAN (ex-SNECMA) des plus beaux moteurs d’avions gros porteurs, très en avance sur ses concurrents dans le monde.

    Rien de tel ici. KKR n’est rien d’autre qu’un fond d’investissement agissant en prédateur international au profit du complexe militaro-industriel de son pays, les États-Unis d’Amérique. Il faut avoir perdu tout bon sens pour laisser partir ainsi un fleuron de notre haute technologie. Les Allemands sont décidément de plus en plus décevants; mais à leur décharge nous n’avons plus les organisations crédibles en France qui permettraient de sérieusement « leur tirer les oreilles ». Notre ami le député maire souverainiste de Maisons-Laffitte, Jacques Myard vient d’interpeller par question écrite à l’AN, le ministre de la Défense. Que va-t-il répondre entre deux réunions dans sa région ? On espère qu’il est informé … 

    * http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/airbus-vend-son-electronique-de-defense-au-fonds-kkr-558125.html

  • Alain de Benoist : Face au prochain krach financier, les États seront impuissants

     

    Alain de Benoist donne ici son analyse de la situation actuelle, économique et financière, de notre univers postmoderne [Boulevard Voltaire - 24.03]. Elle le conduit à envisager la perspective d'un krach voire d'une catastrophe mondiale prévisibles à plus ou moins court terme. Analyse qui concorde parfaitement avec la nôtre, développée depuis plusieurs années dans Lafautearousseau, notamment à travers la réflexion menée par Hilaire de Crémiers dans Politique magazine, ou par Antoine de Crémiers dans différents articles, conférences ou cafés politiques. Conférences et cafés politiques auxquels on pourra se reporter en consultant nos vidéos. LFAR    

     

    1530443371.jpgAucune autorité politique ou financière ne semble avoir tiré les leçons de la grande crise de 2008, qui a failli faire s’écrouler toute l’économie mondiale. Un nouveau krach est-il possible ?

    Il est même probable. Nombre d’économistes s’attendent à une récession générale, à une avalanche de faillites, à un krach obligataire, voire à immense crise d’insolvabilité résultant de l’explosion des dettes accumulées. Certains n’hésitent pas à prédire l’effondrement du dollar, sur fond de retour à la guerre des monnaies et de fragilité grandissante d’un système monétaire dépourvu de tout ancrage extérieur depuis 1971. D’autres n’hésitent pas à parler de désastre historique ou de catastrophe planétaire. L’idée générale est qu’on est assis sur un baril de poudre, la seule question étant de savoir quel sera le détonateur.

    Les signaux d’alarme ne manquent pas : chute du cours des matières premières, ralentissement de l’économie chinoise, effondrement des actions de la Deutsche Bank, pertes enregistrées par les valeurs technologiques, faillites de plusieurs banques régionales italiennes, effondrement de l’industrie manufacturière, etc. Les créances douteuses sont évaluées à mille milliards d’euros dans la seule zone euro. Quant aux produits dérivés, par lesquels s’était propagée la crise des subprimes, ils pèsent aujourd’hui deux millions de milliards de dollars, soit plus de vingt fois le PIB mondial ! Les financiers, qui sont incorrigibles, ont en outre mis au point de nouveaux moyens de contourner les règles qui les gênent (comme le « shadow banking » ou le « trading haute fréquence »). Le krach est en vue, mais tout le monde se goinfre.

    Et cette fois-ci, les États surendettés n’auront plus le moyen de sauver les banques comme ils l’avaient fait il y a huit ans. La dette mondiale atteint aujourd’hui 223.000 milliards de dollars (contre 157.000 en 2008). La dette française, qui a augmenté de plus de 600 milliards d’euros sous Sarkozy, frôle les 100 % du PIB. Il n’y a plus désormais de croissance sans croissance exponentielle de la dette (on paie les dettes au moyen de nouvelles dettes). La spirale de l’endettement crée une économie qui vit au profit exclusif de ceux qui créent la monnaie de la dette.

    Les banques centrales ne sont pourtant pas restées inactives ?

    Pour stimuler l’économie, les banques centrales ont essentiellement eu recours à deux outils : l’assouplissement qualitatif (quantitative easing, QE) et la baisse des taux d’intérêt. Cette stratégie s’est soldée par un échec.

    Les politiques d’assouplissement quantitatif, auxquelles la BCE s’est ralliée fin 2014, ont pour but d’alimenter les institutions financières et les banques en liquidités sous la forme d’achats d’une certaine quantité d’obligations (dettes financières, titres de créances) et d’actifs de long terme, notamment de titres d’État. L’argent ainsi créé est censé contrer les tendances déflationnistes de l’économie. Or, cela n’a pas marché. Les liquidités supplémentaires, loin d’atteindre et d’irriguer l’économie réelle, sont restées circonscrites dans le secteur bancaire et n’ont profité qu’aux détenteurs d’actifs financiers, qui s’en sont servis pour spéculer, ce qui a entraîné la formation de nouvelles bulles (financières, boursières, obligataires et immobilières) représentant autant de menaces.

    L’abaissement des taux d’intérêt, allant jusqu’à l’adoption de taux zéro, voire parfois de taux négatif – ce qui signifie que les banques centrales payent pour prêter aux banques dans l’espoir d’inciter les acteurs économiques à faire circuler l’argent (signalons au passage que, depuis août 2014, la France emprunte elle-même à des taux négatifs) -, n’a pas eu de meilleurs résultats. Il a même paradoxalement abouti à un rationnement du crédit, au détriment notamment des PME, qui représentent près de 60 % de la croissance de la valeur ajoutée dans l’Union européenne. Les taux négatifs sont en outre très défavorables à l’épargne (ils impliquent que sa valeur diminue régulièrement).

    La combinaison de liquidités abondantes et de taux extrêmement bas encourage en fait les États à s’endetter encore plus et suscite une recherche frénétique de profit de la part des investisseurs. Comme la demande d’actifs bien rémunérés dépasse l’offre, le prix du risque baisse. Au moindre incident, les investisseurs ont tendance à vendre en catastrophe. L’effondrement du prix des actifs fait alors boule de neige, contaminant ainsi tous les marchés.

    Le capitalisme mondialisé est-il devenu conjoncturellement fou, ou l’était-il structurellement dès l’origine ?

    Nous sommes devant une crise systémique. Elle vient de ce que la dynamique d’accumulation du capital fonctionne sur des bases fictives de plus en plus précaires, du fait de ses contradictions internes (entre le travail marchandise et le capital marchandise, les forces productives et les moyens de production, le capital variable et le capital constant). Le capitalisme est un mode de production doté de deux formes de richesse : la richesse matérielle et la richesse abstraite (« valeur »), aujourd’hui dominante, qui est exprimée par l’argent et qui repose sur la force de travail. La valorisation du capital a pour but de multiplier cette seconde richesse. Or, ces deux formes de richesse s’écartent toujours davantage l’une de l’autre à mesure qu’augmente la productivité, qui expulse le travail du procès de production (on produit toujours plus avec toujours moins d’hommes), détruisant ainsi sa propre assise.

    La dévalorisation générale de l’argent n’est dès lors plus qu’une question de temps. À terme, c’est tout le problème de la déconnexion progressive du système capitaliste et de la vie humaine qui est posé.  •

    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

    Intellectuel, philosophe et politologue 

    Revue Eléments

     
  • Question naïve : le chômage - comme la dette - peut-il croître indéniniment ?

     

    38 900 chômeurs de plus en février : la nouvelle est tombée hier soir. Drôle de perspectives pour la prochaine présidentielle et surtout triste situation pour la population française. Où va la République ? LFAR