UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Social, Économie... - Page 73

  • L'Ayraultport de Notre-Dame-des-Landes ? Non, non et non...

     

    Pour ou contre l'aéroport de Notre-Dame des Landes ? Ce Grain de sel est contre. Résolument contre. L'affaire est d'importance. Importance régionale et, en un sens, sociétale. Mais faut-il en cette matière particulière avoir une position arrêtée ? Il serait intéressant d'en débattre.  LFAR 

     

    Mur-bleu gds.jpgNous sommes opposés à l'aberrant projet de bétonisation qu'impliquerait la construction de l'inutile et ruineux aéroport de Notre-Dame-des-Landes, en plus du désastre écologique qu'il signifierait. Nous sommes donc favorables à toute manifestation ou opposition intelligente et efficace à ce projet insensé.

    Le problème est que l'état d'esprit de certains des opposants, leur façon d'agir et l'essence même de certaines de leurs actions ne peuvent que nous être étrangères.

    Nous dirons donc de l'opposition à l'Ayraultport de Notre-Dame-des-Landes ce que nous avons dit des propos du FLNC aux terroristes islamistes, lors de « l'affaire de Sisco », en Corse.

    Le 1er août 2016, Lafautearousseau écrivait ceci :

    « Non, nous ne soutenons pas l'indépendantisme corse, ni le FLNC. Face au terrorisme, il y a pourtant des choses qui, en certaines circonstances, sont bonnes à dire, qui avertissent les tueurs, qui leur signifient la détermination d'un peuple à se défendre, à répliquer aux agressions. Après tout, peut-être la mise en garde des Corses, dont on sait qu'elle doit être prise au sérieux, évitera-t-elle les drames que nous avons connus, sur le continent. Ou quelques-uns d'entre eux. Cela sera sans-doute plus efficace que les larmes, les fleurs, les bougies et les hommages dont les médias organisent systématiquement et continûment le concert, pour empêcher toute réaction populaire digne de ce nom. »

    On pourrait paraphraser cette prise de position : non, le boboïsme et la violence gratuite de casseurs extrémistes de gauche ne nous conviennent pas; et nous ne les appuyons pas, ne les acceptons pas. Ces groupes ne font plus de la Politique mais ont sombré depuis longtemps dans la voyoucratie, la délinquance et le terrorisme : cet aspect-là des manifestations, non merci ! Très peu pour nous !

    Par contre, la saine révolte et le soulèvement bienvenu de tous ceux qui sont attachés à la Terre - à « leur » terre... - et qui refusent que pour des questions de profits et de gains financiers (qui restent, de toute façon, à prouver, mais c'est une autre histoire...), on bétonne encore et toujours, encore plus et toujours plus la terre de France : cette saine révolte-là, nous la comprenons, nous la partageons, nous l'appuyons...

  • Traités de libre-échange : bienvenue dans le monde d'Orwell

     

    Par Jean-Michel Quatrepoint

    Le Comité Orwell a organisé le 27 septembre un colloque autour des traités de libre-échange. Jean-Michel Quatrepoint dénonce cette nouvelle forme de guerre économique que mènent les Etats-Unis contre l'Europe [Figarovox - 23.09]. L'analyse que Jean-Michel Quatrepoint fait ici - comme toujours, lucide et réaliste - intéresse les patriotes français et, dans notre cas, les royalistes.  LFAR

     

    4163199303.jpgNous sommes en guerre ! On pense, bien sûr, à Daech et au terrorisme islamiste. Mais il y a aussi une autre guerre, plus sournoise, plus vicieuse, puisqu'elle nous oppose à des amis, des alliés. Je veux parler de la guerre avec les États-Unis, de la guerre entre l'Europe et les États-Unis, de la guerre aussi entre le modèle culturel anglo-saxon, un modèle communautariste, et notre modèle républicain, laïc. Cette guerre a un champ de bataille : le marché, l'économie. Avec un objectif pour les États-Unis, ou plutôt pour les multinationales, en très grande majorité anglo-saxonnes : assurer un nouvel ordre mondial, où le rôle des États est réduit à la portion congrue, où les citoyens sont cantonnés à un rôle de consommateurs, où la politique s'efface devant les impératifs du marché et d'un libre-échange total, absolu.

    Cette bataille, elle se joue aussi sur les traités commerciaux, à travers le TAFTA, le TPP pour le Pacifique, le TISA pour les données. Sans oublier le traité entre l'Europe et le Canada qui a servi en quelque sorte de matrice aux négociations transatlantiques sur le TAFTA. Cette offensive américaine se déroule comme à la parade. Dans un premier temps, les autorités judiciaires d'outre-Atlantique ont mis en place un arsenal juridique pour imposer peu à peu l'extraterritorialité du droit américain. C'est ainsi qu'on a vu se multiplier, depuis des années, les amendes colossales contre les groupes européens. Amendes pour avoir obtenu des contrats dans divers pays du Tiers Monde avec des commissions. On pense, bien sûr à Alstom. Amendes pour avoir financé des opérations commerciales avec des pays frappés d'embargo par les États-Unis. On pense, bien sûr, à BNP Paribas. Amendes pour avoir bidouillé, comme Volkswagen, les moteurs Diesel vendus sur le marché américain, etc. À chaque fois ce sont des montants considérables. Des milliards, voire des dizaines de milliards de dollars.

    Pis, ces menaces pèsent sur le système bancaire européen qui n'ose plus financer les investissements des entreprises, françaises et autres, dans des pays sensibles. Ainsi, les banques françaises sont très frileuses sur l'Iran, sur la Russie. Nos entreprises ratent des contrats. Pour le plus grand profit… des Américains. Bref, tout se passe comme si cette menace subliminale que fait peser la justice américaine et Washington sur les banques et entreprises européennes était destinée à les paralyser, à les tétaniser. Parallèlement, le capitalisme américain a déployé sur une très grande échelle une forme moderne de corruption : l'influence, le trafic d'influence. Plus besoin de verser des bakchichs, il suffit d'offrir aux dirigeants politiques, aux élites européennes de belles et rémunératrices fins de carrière, ou de faciliter l'accès de leurs progénitures aux cercles restreints du pouvoir des multinationales.

    Aujourd'hui, les masques tombent. C'est un ancien président de la Commission européenne dont on savait qu'il était très proche des Américains qui pantoufle chez Goldmann Sachs. On découvre qu'une ancienne commissaire à la concurrence avait pris systématiquement des décisions nuisibles aux intérêts industriels européens tout en étant administrateur d'un fonds off shore aux Bahamas. Cerise sur le gâteau : elle a intégré Bank of America et, au printemps dernier, le groupe américain… Uber. Un autre commissaire, négociateur et thuriféraire de l'accord TAFTA, a, lui, rejoint les conseils d'administration de CVC Partners, un fonds américain et Merit Capital. Bref, les Américains savent remercier ceux qui ont œuvré pour eux. Mais ceux qui rechignent à intégrer ce nouvel ordre mondial sont frappés. Volkswagen, mais aussi Deutsche Bank et maintenant Airbus que l'on menace de dizaines de milliards d'amende, parce que le groupe aurait bénéficié de subventions européennes. Mais comment Boeing s'est-il développé sinon avec l'argent du département de la Défense ? Comment la Silicon Valley est-elle devenue ce qu'elle est sinon avec les subsides sous diverses formes de l'État américain ? Comment les GAFAM et autres NATU (Netflix, Airbnb, Tesla et Uber) prospèrent-ils sinon en optimisant fiscalement aux États-Unis (les multinationales américaines ont exporté plus de 2 000 milliards de dollars dans les paradis fiscaux) et en ne payant pratiquement pas d'impôt en Europe ? Et lorsque une commissaire européenne ose s'élever contre les avantages exorbitants accordés par l'Irlande à Apple, c'est le président Obama et 250 patrons américains qui volent au secours de la firme et somment l'Europe d'abandonner ses poursuites.

    Trop, c'est trop! Ou les Européens se couchent et nous allons collectivement basculer dans un monde où quelques monopoles régneront sur notre vie de tous les jours, géreront nos données… un monde digne de Big Brother. Ou l'Europe se réveille, refuse ces diktats, renvoie les accords TAFTA aux calendes grecques. On ne négocie pas dans une position de vassal. Voilà pourquoi la bataille du TAFTA est symbolique. Voilà pourquoi si nous voulons défendre nos valeurs, une certaine idée de la géopolitique, il faut dire non au TAFTA, relancer l'idée de la préférence communautaire, défendre nos banques et nos grandes entreprises. À condition, bien sûr, qu'elles veuillent être défendues et qu'elles n'aient pas déjà pactisé avec l'Oncle Sam… pour un plat de lentilles.   

    Jean-Michel Quatrepoint est journaliste économique et vice-président du Comité Orwell.

  • Comment Hollande pourrait-il encore se représenter ?

     

    « Le mois dernier, la France a enregistré 52.400 nouvelles inscriptions au chômage en catégorie A dont 50.200 en métropole. Une vraie douche froide, glacée même.» Marc Landré - Le Figaro, 26.09 à 19h09 

  • Le vrai problème d'Alstom ? La faiblesse de notre « puissance publique », de la classe politique, du Système...

     

    Mur-bleu gds.jpgQuand Alstom gagne des marchés aux Etats-Unis, en Inde, dans la péninsule arabique ou en Extrême-Orient, c'est son « savoir-faire » et la « qualité France » qu'elle vend. Et c'est très bien. Mais les autorités de ces pays exigent que les machines soient construites sur place, donnant du travail aux ouvriers et entreprises locales.

    La France, elle, quand elle « passe commande », respecte les procédures légales d'appel d'offres, et peut, parfois, « acheter étranger » : il y a des cas où cela peut se justifier. Mais pourquoi, lorsque la SNCF achète 44 locomotives de manœuvre à l’Allemand Vossloh, les Pouvoirs Publics n'exigent-ils pas ce qu'exigent les Etats-Uniens, les Indiens, les Arabes, les Orientaux ? A savoir, que les locomotives soient construites sur place. En l'occurrence, chez et par Alstom ?

    Cherchez l'erreur...

    L'économiste Elie Cohen rappelle cette évidence de bon sens : pour des entreprises fortes, donc une économie saine, il faut une stratégie, donc une volonté politique, et donc, aussi menée sur le long terme. Or, depuis ses origines, le Système - étant  devenu sa propre fin - ne cesse de glisser vers le court-termisme, et se préoccupe surtout de lui-même, de préparer les élections, et plus de soutenir notre Economie, nos entreprises. Des exemples ? Après avoir follement « laissé partir », il y a longtemps déjà, Péchiney, puis Alcatel, on commence à démanteler Areva, et on vient de vendre aux USA l'activité « Turbines » d'Alstom...

    Pourquoi s'étonner, alors ?

    Le baron Louis disait à Louis XVIII : « Faites-moi de [la] bonne politique, je vous ferai de bonnes finances... » C'est pareil aujourd'hui : faisons - ou refaisons - un bon régime politique, et on pourra faire de la bonne Economie ... 

     

  • Société • Natacha Polony : « le zombie festif en son royaume »

    Le projet fou de méga complexe porté par Auchan mêle équipements commerciaux, de loisirs et culturels. Implanté à Gonesse dans le Nord de Paris, son ouverture est envisagée en 2024. - Crédits photo : EuropaCity

     

    Par Natacha Polony

    Dans cette chronique sans concessions, Natacha Polony expose et dénonce le projet de construction en Île-de-France d'un complexe gigantesque de loisir et de commerce, véritable temple à la gloire du consumérisme, qui parachève le bétonnage de la région [Figarovox - 16.09]. Sa critique ne porte pas simplement sur ce projet en tant que tel - ce qui aurait déjà son importance - mais, bien plus essentiellement, sur le cadre, les méthodes, l'idéologie, la visée à long terme dans lequel il s'inscrit : « venir à bout des résidus des temps anciens »; poursuivre le passage au monde orwellien en cours de construction voire d'achèvement. Cette critique est nôtre, et, même si, selon nous, ce n'est pas toujours le cas, Natacha Polony, en l'espèce, a mille fois raison. LFAR    

     

    805164319.2.jpgConnaissez-vous EuropaCity ? Non ? C'est normal. Les élus et les promoteurs tremblent à l'idée que ce projet d'un gigantesque complexe de loisirs et de commerce au nord-est de Paris ne devienne un « nouveau Notre-Dame-des-Landes ». Alors que font-ils? Ils font vivre la démocratie locale pour éviter les procès en illégitimité futurs ? Non. Ils avancent en silence. Ils imposent le projet en espérant atteindre sans heurts le point de non-retour, le moment où l'on se dit qu'après tout, puisque les bulldozers sont déjà là… Cette semaine a été présenté le compte rendu du débat public tenu depuis mars 2015. Enfin, public… le moins possible. Mais il fallait bien concéder cela à quelques associations. Résultat : un modèle d'équilibrisme qui va permettre au projet de se poursuivre après « quelques amendements ». Et ce constat sublime : « Le projet EuropaCity porte une vision de l'évolution de la société qui n'a pas fait l'unanimité. »

    Résumons donc. La richesse maraîchère de l'Ile-de-France n'est plus depuis longtemps qu'un folklore d'ouvrages culinaires. Qui se souvient encore des asperges d'Argenteuil ? Pourtant, les terres entourant Paris étaient les plus fertiles. Vergers, maraîchage… Il y avait là de quoi nourrir l'innombrable plèbe urbaine. Mais il n'en reste presque plus rien. Peu à peu, les dernières fermes ont été vendues, les dernières terres agricoles recouvertes de goudron, de supermarchés et de parkings aménagés. Ah, si, il reste quelques champs du côté de Gonesse. Aussi de grands esprits ont-ils décidé de venir à bout de ces résidus des temps anciens.

    Un génie, dans le groupe Auchan, a imaginé de bâtir là un complexe pharaonique. Hôtels, restaurants, cinémas, centres commerciaux… Allez, soyons fous, on vous met aussi une piste de ski - pardon, un « snowpark » pour « freestylers ». Et puis, est-ce pur cynisme ou bien faut-il y voir le stade ultime de la stupidité progressiste et de son art de transformer le vrai en faux, on ajoutera même une « ferme pédagogique ». On présente le projet à Jean-Paul Huchon, alors président de la région Ile-de-France, qui trouve ça formidable. Manuel Valls, Nicolas Sarkozy, tout le monde est emballé. Les maires aussi. Il faut dire qu'Immochan, la filiale immobilière du groupe Auchan, sait trouver les arguments : 30 millions de visiteurs par an, dont 6 millions de touristes, 12 000 emplois créés. Le nirvana de l'élu local. Avec l'argumentaire directement issu du cerveau de marketeurs drogués à la boursouflure langagière : une «expérience à 360°» avec « show-émotion », « sun-émotion », « Xtrm-émotion » (traduction pour les ploucs et les plus de 25 ans : « émotion extrême »). Bien entendu, le projet est « écoresponsable ». D'ailleurs, le groupe invite les Franciliens à le « coconstruire ». Comme le précise le sociologue payé pour l'occasion, EuropaCity « anticipe des formes possibles de rupture dans nos modes de vivre » (sic). Bienvenue dans le cauchemar orwellien.

    Toute personne à peu près saine d'esprit serait saisie d'un doute. On prétend donc que 30 millions de personnes, 6 millions de touristes par an, se transformeront en ces « déambulateurs approbatifs » que moquait Philippe Muray, et viendront dépenser l'argent qu'ils n'ont pas (pour ce qui est des Français) et se pâmer devant ce qu'ils auront pu voir à Dubaï ou n'importe où ailleurs. Quintessence du consumérisme festif, Disneyland sans le prétexte de la souris à grandes oreilles. Les zombies contemporains s'ennuient, ils ont besoin de distraction.

    Il a fallu attendre la toute fin du débat public pour que soit produite une étude contradictoire mesurant le nombre d'emplois détruits dans l'ensemble des centres commerciaux existant déjà alentours. Résultat : de 12 000, on passe à 1 200 emplois créés. Au mieux. Peu importe. La région Ile-de-France, désormais présidée par Valérie Pécresse, a rendu en juillet un avis favorable au projet EuropaCity. Pardon, un « feu vert conditionnel ». Traduction : on a compris que tout cela est une aberration environnementale, une promesse de saturation des axes routiers (pas grave, on bétonnera encore pour élargir les routes) et un mensonge pur et simple en matière économique, on a compris mais on le fera quand même. Parce que c'est moderne. Parce qu'on est « tourné vers l'avenir ».

    Une fois que tous les élus auront validé dans l'indifférence médiatique, on sera tout étonné que des citoyens contestent leur décision. Remettre en cause la démocratie représentative et ses merveilleux rouages ? Quel populisme ! La révolte des derniers humains qui refusent le destin de zombies consuméristes infantilisés leur semblera violente. Elle n'est pourtant qu'une trace de vie. 

    Ce projet d'un gigantesque complexe de loisirs et de commerce 

    Natacha Polony           

  • Société • La mondialisation malheureuse ou le règne de l'oligarchie

     

    Par Alexandre Devecchio    

    A l'occasion de la sortie de son essai « La Mondialisation malheureuse », le politologue Thomas Guénolé a accordé un entretien au FigaroVox [14.09] pour éclairer les rouages d'un système planétaire selon lui moins libéral qu'oligarchique.  

     

    Le-politologue-Thomas-Guenole_max1024x768.jpgLe titre de votre nouveau livre, La Mondialisation malheureuse, sonne comme une réponse à La Mondialisation heureuse d'Alain Minc. Est-ce le cas ?

    Oui. Plus largement, mon livre déconstruit brique par brique l'argumentation destinée à nous vendre la mondialisation actuelle comme étant « heureuse », le meilleur système possible ; alors qu'elle est objectivement malheureuse, c'est-à-dire inéquitable et inhumaine.

    Prenons un exemple. On nous dit que la mondialisation a toujours existé, ou au minimum qu'elle est vieille de plusieurs siècles. Donc, critiquer la mondialisation, cela reviendrait à critiquer le cours naturel de l'humanité. C'est faux : la grande interconnexion planétaire des hommes, des économies et des cultures progresse effectivement, malgré des cassures et des stagnations, depuis des siècles ; mais la mondialisation actuelle, que j'appelle malheureuse, ce n'est qu'une façon possible parmi d'autres d'organiser cette grande interconnexion. Du reste, les avocats de la mondialisation malheureuse ont beaucoup tendance à transformer « il n'y a pas d'alternative aujourd'hui » - ce qui est vrai - en « il ne peut pas y avoir d'alternative », ce qui est faux.

    Prenons un autre exemple. On nous dit que la mondialisation sous sa forme actuelle est le meilleur système possible pour faire reculer la pauvreté : c'est l'argument du « bilan globalement positif ». Or, cette théorie est indéfendable en raison des 36 millions de victimes de l'esclavage « moderne » ; notamment pour confectionner nos vêtements à prix cassés.

    Ceci, sans même parler des 3 millions d'enfants de moins de 5 ans qui meurent de la faim chaque année, alors qu'il y a encore plus de nourriture que ce dont nous avons besoin pour nourrir toute la population mondiale. C'est donc un problème de prédation et de gaspillage ; et non pas un problème de manque de nourriture.

    Vous soutenez que la mondialisation actuelle n'est ni libérale, ni néolibérale. Pourquoi ?

    D'une part, les politiques économiques que la mondialisation actuelle impose aux pays qu'elle touche consistent surtout à démanteler l'Etat-providence et à déposséder l'Etat-actionnaire. Puisque c'est donc un grand bond en arrière de la place de l'Etat dans l'économie et le social, le préfixe « néo- » est inapproprié. D'autre part, le vrai libéralisme économique est résolument hostile à toute rente de situation, à tout privilège, et à toute entente entre une poignée de grands groupes pour contrôler un marché. Prétendre que cette mondialisation est libérale alors qu'elle fabrique partout de grands oligopoles, c'est donc une usurpation.

    En réalité, puisque quelle que soit l'échelle retenue, son modèle économique et social consiste systématiquement à privilégier une minorité en précarisant une majorité, la mondialisation malheureuse est « oligarchiste » ; quant à ses grands bénéficiaires, les 0.1%, ce sont des « oligarques ». Par parenthèse, laisser les oligarchistes usurper le masque trompeur du libéralisme, c'est une énorme erreur : car cela leur permet de se prétendre mensongèrement les défenseurs de la liberté dans l'économie, alors qu'ils sont juste des défenseurs des intérêts des oligarques et des classes supérieures.

    Un défenseur de cette mondialisation vous objecterait qu'en laissant les très riches s'enrichir, on fait baisser la pauvreté…

    C'est l'argument de la « théorie du ruissellement ». Problème : il est faux. Dans ce livre, j'ai calculé le coefficient de détermination entre l'évolution des inégalités et celle de la pauvreté, pour une sélection de pays des cinq continents. Si l'aggravation des inégalités au profit des 0.1% était la cause de la baisse mondiale de la pauvreté, ce coefficient devrait être élevé, proche de 1. Or, au contraire, il est quasi-nul. CQFD: cette fameuse «théorie du ruissellement» est erronée.

    Vous appelez « pyramide globale » la société fabriquée par la mondialisation. Que trouve-t-on à ses différents étages ?

    En m'inspirant des travaux de Robert Reich, j'ai observé que la mondialisation malheureuse nous fait graduellement évoluer vers le retour des sociétés de castes. J'en compte neuf.

    Les oligarques sont ces 0.1% qui accumulent une fortune titanesque à force de prédations : par exemple, celle de l'oligarque espagnol Amancio Ortega, propriétaire de Zara, pèse 16 millions de fois la somme annuelle avec laquelle les quelque 3 millions d'Espagnols pauvres doivent survivre. Les ploutocrates sont les 10% les plus riches des différents pays : ils font partie des riches, mais ils sont aux oligarques ce que la petite Mars est à l'immense Jupiter. Les apparatchiks sortent d'un très petit nombre d'écoles véhiculant l'idéologie de la mondialisation malheureuse : ils sont tantôt cadres dirigeants de grandes firmes mondialisées, tantôt hauts fonctionnaires, et naviguent couramment d'un univers à l'autre. C'est par exemple Mario Draghi, tantôt vice-président de Goldman Sachs pour l'Europe, tantôt président de la Banque centrale européenne.

    Les prêcheurs essayent quant à eux de faire passer l'idéologie de la mondialisation malheureuse, comme naguère leurs équivalents médiévaux, pour l'expression de la Vérité révélée. Ce sont surtout des économistes, qui tendent d'ailleurs à marginaliser dans le système universitaire les économistes qui ne pensent pas comme eux, comme jadis on pratiquait l'excommunication. C'est par exemple l'économiste Jean Tirole : d'un côté il prêche la précarisation des salariés en invoquant le libre jeu de la concurrence ; mais de l'autre côté, il a exigé du gouvernement que soit empêchée la création d'une seconde section d'économie dans l'université française, qui aurait fait concurrence à la sienne.

    Les nomades sont les héritiers de ceux que l'écrivain Upton Sinclair appelait les « cols blancs » dans les années 30. Ils sont très diplômés, ils font des tâches de « manipulateurs de symboles », ils ne risquent guère le chômage, ils parlent couramment le « globish », ils vivent au cœur des grandes mégapoles, et l'expatriation leur est familière. Les précaires sont les héritiers, eux, des « cols bleus ». Ils appartiennent à la couche sociale que le sociologue Guy Standing appelle le « précariat »: ils sont chômeurs ou travailleurs pauvres, ils ont des contrats fragiles et incertains, ils ont des débuts de mois difficiles, et leur visibilité sur leur avenir est quasi-nulle.

    Les fonctionnaires sont une caste hybride : certains sont « manipulateurs de symboles » comme les nomades, d'autres sont plus proches des « cols bleus », mais tous sont protégés et sédentaires. Les laissés-pour-compte sont, dans les pays du Nord, les jeunes « NEET » - ni emploi ni éducation ni formation - éjectés très tôt de l'économie ; et dans les pays du Sud, surtout des paysans sans terres. Enfin, la neuvième caste, tout en bas, celle dont on ne parle jamais, ce sont les esclaves. Par exemple, les usines de la firme chinoise Foxconn, qui produit 40% des biens électroniques du monde pour Apple, pour Nokia et pour d'autres, sont qualifiées de camps de travail par des universitaires chinois eux-mêmes.

    Vous décrivez dans votre livre une mécanique de pillage des Etats et des populations par la mondialisation, mécanique dont la matrice est selon vous le système financier globalisé. Pouvez-vous nous restituer les grands traits de cette mécanique ?

    Dans les années 1930, pour faire face au Grand Krach de 1929, le président états-unien Franklin D. Roosevelt a imposé des réformes draconiennes afin d'enfermer la finance-casino dans une camisole de fer. Pour que les cours des monnaies ne déstabilisent pas l'économie, il a inspiré la mise en place, peu après sa mort, d'un système rénové de taux de change fixes. Pour que l'écroulement des banques qui jouent en bourse ne puisse plus contaminer l'économie réelle, il a séparé les activités des banques d'affaires et des banques de détail. Pour que l'économie réelle ne soit plus essorée par les dynamiques prédatrices de grandes firmes, que ce soit envers les richesses ou envers les habitants, il a érigé une économie mixte public-privé où l'Etat est puissant, ainsi que de solides protections des droits des salariés.

    A partir des années 1970 en revanche, ce « système rooseveltien » a été méthodiquement détruit, sous l'influence d'idéologies anti-Etat et anti-protections sociales, pour revenir aux règles, ou plutôt au manque de règles, de l'avant-1929. Les monnaies sont devenues cotées en bourse, avec toute l'instabilité qui en découle. La séparation des banques a été progressivement abolie, faisant ressurgir des mastodontes dans la banque et l'assurance. Il s'est ensuivi l'accumulation des krachs financiers et économiques, par exemple en 1979, jusqu'à la grande catastrophe de 2007-2009. A cet égard, à l'origine des printemps arabes il y a les émeutes de la faim ; à l'origine des émeutes il y a l'explosion des prix des denrées alimentaires de base ; et à l'origine de cette explosion des prix, il y a la libre spéculation des grandes firmes bancaires sur les cotations boursières de ces denrées.

    Nos basculements récurrents dans la récession ou la stagnation ne sont que la gueule de bois de ces ivresses répétées, monumentales, d'un système financier se comportant tel un noceur qui ne sait pas boire. Et pourtant, contre toute logique, la réponse politique à ces catastrophes consiste systématiquement à vendre à la découpe nos biens collectifs et nos entreprises publiques, tout en rabotant sans cesse les protections des populations. Un peu comme si, pris en flagrant délit d'ivresse sur la voie publique, un noceur réagissait en dépouillant et le gendarme, et le passant, au motif qu'en réalité ce serait de leur faute…

    Vous faites beaucoup de préconisations dans votre livre: des taxes anti-dumping protectionnistes ; une relance écologique de l'économie par des grands travaux d'Etat et des petits travaux des ménages ; le revenu de base pour résorber la grande pauvreté ; des campagnes de «name and shame » contre les grandes marques qui pratiquent l'esclavage ; la redistribution des terres dans les pays du Sud… Sur le plan de l'orientation politique, diriez-vous que votre livre est plutôt de gauche, de droite, ou ‘‘autre'' ?

    Le système de la mondialisation malheureuse est condamné à l'effondrement économique, parce que les oligarques et leurs grandes firmes, en particulier financières, sont incapables d'autorégulation. Ils provoquent donc des catastrophes de plus en plus graves au fil de leurs ivresses immaîtrisables. Il est aussi condamné à l'effondrement politique, parce qu'il sape lui-même son socle sociologique de soutien en précarisant de plus en plus les «cols blancs», qui donc rejoignent de plus en plus les électorats contestataires : le Brexit est un bon exemple. Et il est condamné à l'effondrement écologique, parce qu'à force d'accélérer le détraquement de l'écosystème, il met en danger la survie de l'espèce humaine.

    Vouloir changer ce système n'est donc pas une position particulièrement de droite, de gauche, écologiste, du centre, d'extrême droite ou d'extrême gauche : c'est simplement de la légitime défense. Autrement dit c'est un enjeu transpartisan. La très large majorité de l'humanité étant perdante dans ce système, elle doit s'organiser, à la fois par l'engagement politique, syndical et associatif, pour le remplacer par un système conforme à l'intérêt du plus grand nombre et à la préservation de l'équilibre écosystémique. J'appelle cela: préparer « l'altersystème ».

    Pensez-vous vraiment que le passage de la «mondialisation malheureuse» à « l'altersystème » soit possible ? Si oui, peut-il être proche ?

    A l'issue de mes recherches pour ce livre, je suis convaincu que le basculement de la mondialisation malheureuse à l'altersystème est à la fois possible, souhaitable, et relativement proche. Le point de rupture en sera, je pense, le basculement d'une grande puissance dans l'altersystème, servant d'avant-garde et de point d'appui. Ma seule véritable interrogation est de savoir si l'écroulement du système de la mondialisation malheureuse inclura une transition violente ; par exemple une grande guerre. 

    « Le système de la mondialisation malheureuse est condamné à l'effondrement économique, parce que les oligarques sont incapables d'autorégulation. »

    41I3mfSbhkL._SX309_BO1,204,203,200_.jpg

    Thomas Guénolé est politologue, maître de conférences à Sciences Po et docteur en Science politique (CEVIPOF). Il est l'auteur de Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants ? (Édition le bord de l'eau, 2015) et vient de publier La mondialisation malheureuse chez First. 

    Alexandre Devecchio           

  • Malgré le Brexit, tout va très bien au royaume de Sa Majesté

     

    UNE INTERESSANTE CHRONIQUE D'ÉRIC ZEMMOUR [Figarovox - 9.09] -

    Le Brexit n'est pas d'abord une question économique. Mais une question politique et juridique. Sortis de l'Union, les Anglais pourront se débarrasser de la tutelle pesante de la Cour européenne des droits de l'homme et maîtriser à leur guise les flux migratoires venus d'Europe et du reste du monde.  

    XVM46b79742-8908-11e5-8758-aadd64fa74f8.jpgLes oracles de jadis lisaient dans les entrailles d'animaux; ceux d'aujourd'hui lisent dans les entrailles chiffrées des ordinateurs. Mais leur capacité à prédire l'avenir ne s'est guère améliorée.

    Au soir du Brexit, les experts du monde entier avaient pris des mines de circonstance pour annoncer aux Anglais que le ciel allait leur tomber sur la tête. Un été plus tard, tout va très bien au royaume de Sa Majesté : la livre sterling a chuté, mais c'est bon pour le tourisme et les exportations; la Bourse va très bien, merci, et l'investissement aussi. Tous les indicateurs sont au vert, comme disait naguère un premier ministre français : seul le prix de l'immobilier londonien baisse; il était tellement haut que cela permettra peut-être à quelques Anglais de revenir se loger dans leur capitale.

    Mais les experts n'en démordent pas : ce n'est que partie remise. La catastrophe arrivera… un jour. C'est que leurs arguments scientifiques ne sont en fait que des a priori idéologiques. Pour eux, il n'y a pas d'issue en dehors de l'Europe : une nation « moyenne » ne peut aujourd'hui être souveraine; un pays ne peut s'en sortir seul.

    Sans le grand marché européen, les exportateurs anglais sont orphelins. Mais ces apôtres de l'Union européenne connaissent mal l'objet de leur adulation. Bruxelles se veut le meilleur élève de la mondialisation. Le monde entier a accès au marché européen. La logique libre-échangiste est le moteur idéologique et économique de la Commission. Même lorsqu'un pays (la France) veut interrompre les négociations avec les États-Unis pour le traité de libre-échange, la Commission les poursuit quand même.

    Les Anglais ont eu la grande habileté d'éviter les grandes catastrophes continentales qu'ont été l'euro et Schengen. Ils ont conservé leurs frontières (les Calaisiens en savent quelque chose) et utilisé leur monnaie pour reconstruire une industrie après la crise de 2008 (au contraire des Français et des Italiens qui ont achevé la destruction de leur industrie avec l'euro). En revanche, ils ne peuvent pas échapper à leur situation géographique périphérique par rapport au cœur économique du grand marché européen : la zone rhénane. Ce qui les oblige à des politiques de rigueur budgétaire sans avoir signé le traité de Maastricht.

    119935078.jpgLe Brexit n'est donc pas d'abord une question économique. Mais une question politique et juridique. Sortis de l'Union, les Anglais pourront se débarrasser de la tutelle pesante de la Cour européenne des droits de l'homme, et maîtriser à leur guise les flux migratoires venus d'Europe et du reste du monde. Encore faut-il que leurs élites, politiques et financières, le veuillent vraiment et acceptent de se soumettre sincèrement à la volonté de leur peuple. Mais cette question n'est pas seulement britannique. 

    Eric Zemmour           

  • Fessenheim - Les boues rouges : la contradiction grotesque de Manuel Valls

     

    Mur-bleu gds.jpgOn aurait vraiment envie de partir d'un grand éclat de rire, si ce n'était la France qui en faisait les frais.

    Manuel Valls a doctement expliqué - après un éclat violent entre lui et Ségolène Royal - qu'il avait décidé d'autoriser l'usine Alteo à poursuivre ses déversements de « boues rouges » dans les eaux bleues du Parc des calanques. « C'est pour soutenir l'emploi » a-t-il déclaré, sans rire, aux journalistes.

    Aucun de ces journalistes ne lui ayant fait remarquer l'énorme contradiction dans laquelle il s'enferrait, nous allons le faire pour eux : comment, il prétend qu'il veut soutenir l'emploi en Provence (environ 400 salariés chez Alteo), mais il veut ou il va fermer la centrale de Fessenheim, et détruire un nombre d'emplois bien supérieur en Alsace (environ 5.000).

    La contradiction ne le gêne pas; les journalistes non plus; nous, oui... 

  • Toujours plus d'impôts, et toujours plus d'accueil organisé pour les migrants : ça finira mal...

    Essonne : le futur centre d'accueil pour migrants incendié [Le Point, 6.09]

     

    1219142391.jpgLe Système joue avec le feu, et provoque directement les français.

    Dans le même « journal », donc en moins de quinze minutes, BFM/TV a donné - sans le vouloir, certainement... - une juste explication de l'exaspération des Français.

    D'abord, le toujours excellent Nicolas Doze (le chroniqueur économie de la chaîne) explique que le matraquage fiscal ne s'est pas arrêté, en réalité, pendant le quinquennat, du moins pour les ménages. Si les entreprises ont bénéficié de mesures d'une relative importance, la pression sur les ménages (aux revenus moyens et élevés) n'a cessé de croître, et croît encore. Nicolas Doze reprend le fameux  « Trop d'impôts tue l'impôt » et même le vieux jeu de mots « les hauts taux tuent les totaux » (de l'impôt récolté), l'un et l'autre étant totalement vérifiés dans les faits, chose connue depuis longtemps. Sauf, semble-t-il, par nos - mauvais - gouvernants... Et il conclut sa chronique en rappelant que, si l'ajustement de notre économie avec les autres économies d'Europe n'est pas obtenu au moyen d'une baisse des impôts, elle l'est par... le chômage !

    Mais, juste après, on apprend la nouvelle de l'incendie - volontaire - du local destiné à accueillir une soixantaine de migrants de Calais à Forges-les-Bains (Essonne). Ce local, cette population, les riverains n'en veulent pas, et, depuis des mois, le font savoir, en vain, à des autorités qui préfèrent s'occuper des migrants que des Français. Après un Nicolas Doze pédagogue et clair, on a donc vu apparaître deux furies : Anne Hidalgo, disant que ceux qui ont fait cela devraient avoir honte; et Emmanuelle Cosse, l'air fermé, méchant et cassant, disant que, de toutes façons, « cela se ferait », donc que le foyer verrait le jour. Elle n'a pas dit qu'elle enverrait un missile intercontinental sur les habitants de Forges-les-Bains, mais c'était presque ça.

    On pensait Emmanuelle Cosse plus occupée à régler les problèmes juridiques et autres posées par les « mains baladeuses » de son  « coquin » de mari, Denis Baupin, vous savez, celui dont lesdites mains ont une fâcheuse tendance à se retrouver sur les fesses (ou ailleurs...) des femmes qui ont le malheur d'être obligées de travailler avec lui. Ou alors c'est peut-être cela qui la rend si agressive, et sa hargne « pro-migrants » est peut-être pour elle un exutoire ? Il ne s'agit pas, ici, d'attaquer des gens sur leurs défauts personnels ou ceux de leurs proches : mais, au lendemain de l'ouverture du procès Cahuzac, que deux femmes de gauche osent même venir encore nous donner des leçons de morale, et nous dire ce qui est bien ou mal, avec leur prêchi-prêcha à deux balles : merde ! comme dirait Cambronne; ça suffit ! L'arrogance de ces moralisatrices donne la nausée lorsque l'on considère la corruption du milieu politique dans lequel elles évoluent, comme des poissons dans l'eau.

    De toutes façons, ATD/Quart Monde nous le dit : il y a 2,8 milliards de personnes - soit près de la moitié de la population mondiale - qui vivent avec moins de 2 dollars par jour. Veut-on, en haut lieu, qu'une part non négligeable de l'action gouvernementale soit consacrée à l'accueil de ces pauvres ? Et puis, tant qu'on y est, pourquoi ceux-ci et pas d'autres ? Et nos retraités qui vivent avec 400 euros par mois ? Et nos deux paysans qui se suicident chaque jour ? Et nos 6,5 millions de chômeurs, 8 millions de mal-logés, 10 millions de pauvres ?

    En ces temps de rentrée scolaire, on nous permettra, pour conclure, de dédier à ces deux femmes qui défient ouvertement le peuple français la vieille formule latine, le fameux « Caveant consules ne quid detrimenti respublica capiat » : Que les Consuls prennent garde, afin que la République n'éprouve aucun dommage. Et, pour celles et ceux qui, vraiment, feraient exprès de ne pas comprendre,  cela veut dire, en bon français :  « Faites attention, l'exaspération monte ». Ou, comme dirait Bainville : « Ca finira mal ! ».   

  • Périco Légasse : « La crise du lait révèle la violence féodale des multinationales »

     

    Par Alexandre Devecchio

    Un accord a été trouvé entre Lactalis et les producteurs de lait. Mais Périco Légasse démontre dans cet entretien que la situation n'est pas viable. Les éleveurs sont devenus les serfs d'un système agro-alimentaire devenu à la fois féodal et mondialisé [Figarovox 30.08]. De telles féodalités d'argent, mondialisées, concourent en effet à la destruction de nos mœurs et traditions et nous trouvons que Périco Légasse a bien raison. On peut en débattre ... LFAR  

     

    XVM9c1e5dd8-6ee0-11e6-9f91-caf284335945.jpgUn accord a été trouvé mardi sur le prix du lait entre les organisations de producteurs et le géant Lactalis. Il fixe le prix de la tonne de lait à « 290 euros en moyenne », a précisé Sébastien Amand, vice-président de l'Organisation de producteurs Normandie Centre. Cet accord résout-il la crise du lait ou est-il un pis-aller ?

    Ramenons les chiffres à des entités compréhensibles pour le grand public. 290€ la tonne, soit 1000 litres, cela correspond à 29 centimes d'euro du litre de lait. La négociation est partie de 25 centimes du litre, pour monter à 26 puis à 28 centimes. A ce prix là, ça bloquait encore. Un centime de plus ne compensera en rien le manque à gagner des éleveurs, dont le seuil à partir duquel ils commencent à «vivre» est de 39 centimes du litre. A 29, c'est un accord syndical lié à des enjeux politiques. A moins de 32 centimes le litre de lait, les éleveurs les plus en difficulté ne peuvent pas s'en sortir. Il faut dire aussi que la FNSEA a longtemps soutenu le système intensif en expliquant aux éleveurs que produire beaucoup à moindre prix leur ouvrirait le marché mondial. On déplore aujourd'hui plusieurs pendaisons par mois de producteurs ruinés ou désespérés. Il est clair que quelqu'un leur a menti. Espérons que cet accord soit le début d'une vraie harmonisation de la production laitière permettant à chacun de trouver son compte. Disons que c'est un premier pas.

    Comme vous l'expliquez dans votre dernier article publié dans Marianne, Lactalis payait le litre de lait 25 centimes d'euro aux éleveurs, soit 14 centimes au-dessous de son prix de revient. Comment en est-on arrivé là? Qui fixe les prix ?

    Toute la tragédie est dans le mécanisme économique d'un système où c'est le client qui fixe le prix à son fournisseur et ne le paye qu'après avoir vendu la marchandise. Il paraît que nous sommes en économie libérale… Une situation même pas imaginable aux pires périodes de l'Union Soviétique. Qui fixe les prix ? En réalité la grande distribution, qui exige des tarifs chaque jour plus bas pour conquérir des parts de marché sur ses concurrents. Que ce mécanisme engendre un chaos retentissant lui importe peu. Les industriels sont obligés de s'aligner pour conserver leur référencement et imposent eux mêmes une tarification intenable à leurs fournisseurs, en l'occurrence les producteurs laitiers. A chaque échelon la même formule : tu cèdes ou tu dégages. Pour ne pas perdre le marché, transformateurs et producteurs finissent par plier. Au détriment de quoi ? De la qualité, de l'environnement, de la santé du consommateur et du bien être de l'agriculteur. Jusqu'au jour où ils ne peuvent plus tenir et là, ça craque. Et puis il y a le sacro-saint prétexte de la mondialisation, et des parts de marché à conquérir dans des échanges globalisés, avec la bénédiction de Bruxelles, qui a réussi à transformer le principe de « préférence communautaire », base du Marché commun de 1956, en hérésie subversive et anti-libérale. Ici décide la part de marché globalisée ! On voit le résultat, et pas qu'en agriculture. Ainsi la messe est-elle dite. Donc, gentil producteur, ou tu t'alignes sur les tarifs que je t'impose et tu crèves ; ou je vais chercher mon lait en Nouvelle- Zélande et tu crèves quand même. Ceux qui ont vu leurs confrères pendus au bout d'une corde en laissant une famille et une exploitation dans le désastre ont de bonnes raisons de manifester leur indignation et de s'insurger.

    Le consommateur n'a t-il pas aussi un rôle à jouer dans son comportement alimentaire ?

    En effet, et c'est le troisième paramètre. On explique depuis 40 ans au consommateur qu'il doit consacrer le moins de temps et le moins d'argent possible à son alimentation en lui proposant, à grands renforts de campagnes publicitaires, du bas de gamme à moindre prix. La bouteille de lait frais qu'il faut aller chercher une fois par semaine a été évacuée du réfrigérateur au profit de la brique en carton de lait stérilisé UHT à longue conservation que l'on peut acheter par pacs de 12 et stocker sous l'escalier. C'est tellement fatiguant d'aller chercher son lait, et son pain. Donc, on prend tout en grande surface pour le mois. Quelle honte ! Et pour faire quoi de mieux ? Le pain et le lait sont sacrés, on peut quand même faire cet effort minimum. Il ne s'agit pas de prendre son bidon en aluminium et d'aller acheter son lait cru à la ferme, cette époque est révolue (même s'il subsiste ici et là quelques héros), il s'agit de préférer du lait frais vendu sous une marque industrielle que l'on trouve dans la grande distribution. Bien que frais, et non UHT (Ultra Haute température, terrifiant procédé thermique qui aseptise tout pour donner un liquide gris clair et insipide), ce lait n'en est pas moins pasteurisé et peut se conserver sans aucun risque une semaine au frigo. Il coûte entre 0,76€ et 1,20€ du litre selon son origine, c'est quand même pas la ruine ! Même si l'on interpelle à juste titre Emmanuel Besnier, Michel-Edouard Leclerc et Xavier Beulin (président de la Fnsea qui a été obligé de prendre le train de la révolte en marche sous la pression de sa base mais qui incarne le dogme agissant d'une agriculture industrielle) sur l'état dans lequel se trouve nos paysans, il convient aussi d'interpeller le citoyen consommateur sur les responsabilités qui sont les siennes au moment d'accomplir son acte d'achat. En France, il a le choix et l'information, donc, s'il le peut et le décide, les moyens d'agir dans le bon sens.

    Lactalis est le numéro 1 mondial du marché du lait. Ce type de multinationale est-il désormais incontournable dans le secteur agro-alimentaire ?

    Les anciens se souviennent d'André Besnier, qui parcourait les routes de la Mayenne en carriole pour ramasser les fromages. C'était dans les années 1930. Lui succédant en 1955, son fils Michel a donné sa nouvelle dimension à l'empire Besnier, en rachetant une à une des laiteries dans le grand Ouest. Michel Besnier était un tempérament, personnage sans concession, que l'on avait connu au début avec sa camionnette H Citroën et qui finira comme premier industriel du lait en Europe. Défenseur acharné des fromages au lait cru et des appellations d'origine, il en a sauvé quelques unes, notamment le roquefort. Jusqu'au jour ou tout a basculé. De producteurs de fromages et laitages, les Besnier sont devenus des financiers de la globalisation, conservant quelques racines pour la vitrine, comme les camemberts Jort et Moulin de Carel, au demeurant excellents, et consacrant le reste de leur énergie à transformer le lait en parts de marché. Président, Bridel, Lactel, les marques se sont misent à fleurir, Salakis, Galbani, elles sont 56 à travers le monde. En 1999, le groupe Besnier devient Lactalis (ça fait plus consortium), grosse multinationale qui ne va cesser de croître. Michel Besnier décède en 2000 et c'est son fils Emmanuel, né en 1970, qui prend les rennes. Avec un chiffre d'affaires de 17 milliards d'euros, assorti d'un résultat net de 10,5%, cela en fait le premier groupe mondial et la 13e fortune de France, avec un patrimoine familial de 8,6 milliards d'euros. Non, cette vision du monde n'est pas inéluctable, et ne constitue en aucun cas l'avenir de notre agriculture, car si, pour maintenir ses profits, on est contraint de payer 25 centimes du litre de lait aux éleveurs français pour préserver des parts de marché qui, au final, ne profitent pas à la France, alors Lactalis ne peut être considéré comme un partenaire mais comme un adversaire de notre économie. Je le dis avec un profond respect pour les 15 000 salariés français de cette société qui sont fiers pour beaucoup d'en faire partie. Mais ils ne sont pas seuls dans l'univers du lait. Et le jour où il n'y aura plus d'éleveurs, ce pays sera mort. En aucun cas la part de marché ne doit passer avant l'homme, surtout si cet homme est le garant d'une valeur, d'un patrimoine, d'un environnement et d'une façon de vivre.

    Existe-t-il un seuil d'acceptabilité ?

    Par principe, le gigantisme conduit aux excès, car la dimension humaine devient dérisoire et obsolète dans des mécanismes planétaires. La seule chose qui compte, c'est le résultat. Financier pour les uns, humain pour les autres. Cette économie d'échelle grandit-elle l'humanité et protège-t-elle la planète ? Il semble bien que non. Beaucoup de multinationales de l'agro-alimentaire commencent à le comprendre. Echapper à la logique satanique de la baisse des prix pour préserver la ressource planétaire et le potentiel humain, là est l'essentiel. Richard Girardot, PDG de Nestlé-France, et Georges Plassat, PDG de Carrefour, l'ont clairement et courageusement signifié lors d'entretiens accordés au Figaro en 2015. Pour moi le modèle d'avenir n'est pas celui de Lactalis, qui fabrique 250 000 camemberts Président par jour dans son usine de Villedieu les Poêles, avec deux salariés aux manettes, en payant 25 centimes du litre de lait, mais La Société Fromagère de la Brie, à Saint-Siméon, en Seine-et-Marne, qui emploie 70 salariés et paye 40 centimes du litre de lait aux éleveurs. Deux logiques divergentes, avec le même objectif, vendre du fromage. Ce qui les distingue ? L‘une est devenue une banque dont la seule finalité est le profit financier, l'autre est restée une fromagerie. L'une nous conduit à la saturation de la ressource, l'autre nous permet d'envisager un avenir durable et rationnel. Mais pour cela il faut absolument que les modes de consommation évoluent et cela relève d'une prise de conscience citoyenne.

    Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture, a reconnu qu'il n'avait jamais rencontré Emmanuel Besnier, le PDG de Lactalis et qu'il n'avait même pas son portable. Est-ce le symptôme d'une mondialisation devenue folle qui laisse les politiques totalement impuissants ?

    Je me réjouis que Stéphane Le Foll, pour lequel j'ai la plus grande estime en ce sens qu'il est le meilleur ministre de l'Agriculture de l'histoire, et je pèse mes mots, n'ait pas le portable d'Emmanuel Besnier. D'ailleurs le ministre a un répertoire de numéros de portable beaucoup trop chargé et cela lui pourrit la vie. L'aveu du ministre disant qu'il ne peut rien faire est la réalité de notre système économique. C'est triste, mais c'est comme ça. En France, qu'on le déplore ou l'on s'en félicite, les prix ne sont plus fixés par le gouvernement et toutes les majorités parlementaires, avec le soutient actif de la FNSEA, ont accepté, dès 2003, la fin des quotas laitiers, la mesure la plus intelligente jamais prise dans l'Union Européenne. Produire en fonction de ce dont on a besoin pour réguler le marché et la demande tout en garantissant un revenu minimum aux éleveurs, c'était tout simplement génial. Un peu interventionniste, certes, mais tellement efficace. Mais l'école Barroso et la méthode Junker ont sévi. Rendons à Stéphane Le Foll ces outils-là et vous verrez qu'il nous fera des miracles. D'aucuns avaient annoncé le drame à partir de 2015. D'autres le démentait avec conviction: on allait ouvrir le monde aux producteurs de lait enfin libérés des contraintes étatistes d'une Europe enfermée sur elle même. Et vive le libre-échange globalisé, et vive la mondialisation heureuse! Pour l'heure, les seuls qui se soient enrichis sur ce secteur sont les exportateurs de lait en poudre industriel vers la Chine, les fabricants de yaourts néo-zélandais et les marchands de corde à nœuds …

    Peut-on aller jusqu'à parler d'une reféodalisation du monde ?

    Mais le monde est re-féodalisé. Et comme il faut ! Que sont Goldman Sachs et Lehman Brothers sinon des féodaux de la finance mondiale? Quand ils échouent au poker boursier après avoir fixé leurs conditions aux Etats, qui taille-t-on ? Mais le bon peuple, c'est-à-dire le contribuable. Que sont les cinq centrales de grande distribution en France qui se partagent 90% du marché de la consommation sinon des nouveaux féodaux qui imposent leurs tarifs ? Que se passe-t-il quand le serf, c'est à dire le fournisseur, se rebiffe ? Eh bien il est « déréférencé », c'est-à-dire exclu des rayonnages. Aujourd'hui le procédé est plus vicieux : « Désolé, à cause de vos anciens tarifs le système informatique vous a classé code 4 et les commandes ont été annulées. Nous réparerons cela à la prochaine négociation…». Que sont les firmes de la vente de l'eau, de l'électricité et du téléphone sinon les nouveaux féodaux du grand système de tuyauterie générale ? Allez dire au répondeur automatique que vous ne voulez taper ni 1, ni 2, ni 3 mais que vous refusez la énième augmentation directement prélevée sur votre compte bancaire. Eh bien on vous coupe le robinet sans préavis. Ne reste que l'application du droit de cuissage…

    Face à un tel rouleau compresseur, quelles solutions: boycott, circuits courts, protectionnisme ?

    Le boycott est une arme très efficace dans les cas extrêmes. Sans doute ce risque a-t-il pesé pour beaucoup dans la négociation de Laval. S'il y a la jacquerie du croquant, il peut aussi y avoir la révolte du consommateur. Pour ce qui est de la tragédie agricole que notre pays traverse avec sa dose de misères et de souffrances, il serait heureux que les décisions soient prises au niveau de chaque Etat par des gouvernants libérés de contraintes communautaires inadaptées. Il y en avait une de bonne et on l'a tuée. Les gouvernements doivent être garants de l'autosuffisance alimentaire du pays avec priorité à la production nationale, puis communautaire. L'initiative « Produire en France » lancée par Yves Jégo et Arnaud Montebourg est en ce sens exemplaire. Il faut évidemment une protection taxée contre les concurrences déloyales de produits importés qui ruinent notre économie et détruisent nos emplois. On nous dit, gare aux représailles ! Faisons le bilan chaque fois que le cas se présente et il y aura des surprises. Il faut une information parfaite sur les produits alimentaires, avec origine et mode de fabrication. Stéphane Le Foll, encore lui, a réussi une prouesse en imposant la traçabilité sur les plats et produits transformés après le scandale des lasagnes au cheval. Malgré l'hostilité de Bruxelles, le ministre a tenu tête et la mesure sera effective à partir du 1er janvier 2017. Comme quoi, quand un homme politique déterminé se dote des moyens adéquats il parvient à ses fins… Et puis, surtout, il faut éduquer le consommateur, cela a été dit cent fois, depuis l'école, et là nous allons interpeler tous les candidats à la présidentielle sur leur programme. Faire en sorte que le client de demain soit avisé et informé afin qu'il se nourrisse en toute connaissance de cause. Enfin, mobiliser les citoyens dans le sens d'une consommation durable et responsable favorisant les produits français. Le plus grand mensonge du jour est que bien se nourrir coûte cher. C'est faux. Archi faux. La malbouffe ruine et tue, tout le reste est hypothèse. En tout cas ce qui peuvent revoir leurs mœurs alimentaires en ce sens sont des millions en France. A eux d'agir, de dire stop. Payer 1,20 € un litre de lait pour sauver un paysan, protéger un patrimoine et préserver un environnement ce n'est pas cher. Manger c'est voter, alors à table citoyens ! 

    Alexandre Devecchio           

  • Trêve de notations, palmarès et classements !

    Le taureau new-yorkais de Wall-Street

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Pour son centième « coup de dent » sur « le360 », notre chroniqueur a choisi de s’en prendre aux « classements internationaux » - en fait anglo-américains - qui tombent dru à longueur d’année sur les pays d’autres cultures …

     

    peroncel-hugoz 2.jpg« L’agence de notation B.and B. décide de dégrader la France », « le Maroc recule d’un point en matière de développement humain », « les universités françaises perdent une place dans le classement de Pékin », « la Ligue des droits humains met en garde Amman », « Paris recule dans le classement Bertelsmann sur la gouvernance », « l’agence X de Londres pointe la hausse de la dette marocaine », «  le palmarès de Philadelphie (ou de Toronto, ou de Seattle, au choix) déclasse l’Espagne et le Portugal » etc. etc. Sans parler de la Russie ou de la Turquie, ces « cancres » par nature … 

    LES CINQ YEUX

    Chaque jour que Dieu fait, ou presque, les dépêches apportent à la Terre entière leur lot de « mauvaises nouvelles » pour les « vilains élèves » des classements, palmarès et autres notations lancés comme des roquettes contre certaines catégories de pays, et aussitôt, à Madrid, Milan, Athènes, Tunis, Paris, Casablanca, Ankara, Dakar, Abidjan, etc.etc., politiciens, économistes et industriels prennent des mines catastrophées, refont leurs comptes, promettent de « s’amender » mais rien ne change : les gronderies continuent de fuser depuis les Cinq-Yeux, les « Five Eyes » comme ils se nomment eux-mêmes entre Anglo-saxons : Etats-Unis, Angleterre, Canada anglais, Australie, Nouvelle-Zélande. 

    Vous savez, les cinq Etats anglophones qui posent à la « conscience » du monde occidental voire du monde tout court et qui surveillent l’Humanité entière grâce à un système d’écoutes pancontinental. 

    ONG ET FONDATIONS

    Eh ! bien les pauvres pays latins, arabes, africains visés par toutes ces appréciations négatives et qui, du coup en perdent le moral ou le sommeil, ont bien tort de s’en faire et d’abord de prendre au sérieux toutes ces mises en demeure, dégradations et autres notations, lesquelles, en général, si on gratte un peu dessous, proviennent des mêmes jurys, associations, organisations non gouvernementales (le fameux sigle ONG qui fait trembler la moitié de la planète…) et autres fondations privées (type Soros, ce milliardaire international et « bienfaiteur humanitaire » auto-proclamé, qui adore semer le trouble dans les sociétés dont le comportement lui déplaît…).

    Tous ces « tribunaux » auto-érigés sont divinisés par des médias complices, formés de « grandes consciences » en général anglo-américaines, même si pour donner le change, elles s’adjoignent là un Sud-Coréen ou un Finlandais, ailleurs une « experte » (en quoi ?) singapourienne ou un avocat de Papouasie-Nouvelle-Guinée ? 

    FEU LA RESISTANCE GAULLIENNE

    Toute cette engeance « humanitaire », « droitdelhommiste » et ultra « politiquement correcte » ne vise qu’à maintenir en respect les pays du Sud, y compris la rive latine de la Méditerranée, qui fut naguère gaullienne, c’est à dire rétive à toute tutelle extérieure. En France, il ne reste que quelques souvenirs nostalgiques de cette période faste où Paris refusait de suivre Washington dans ses aventures internationales.

    Le discours contre la guerre du Vietnam prononcé par le général de Gaulle, à Phnom-Penh, le 1er septembre 1966, sous les applaudissements du roi Norodom–Sihanouk du Cambodge et de la quasi-totalité du « Tiers-Monde », comme on disait alors pour le Sud, fut le zénith de cette résistance à l’uniformisation de la planète.

    Le discours du ministre français Dominique de Villepin (né au Maroc, dont il se flatte d’être l’ami), aux Nations-Unies, à New-York, le 14 février 2003, refusant d’aller guerroyer en Irak pour les Anglo-Américains, fut le chant du cygne de cette diplomatie indépendante à laquelle renoncèrent ensuite successivement les présidents Chirac, Sarkozy et Hollande, empressés de renfourner la France dans cette alliance de l’Atlantique Nord, pourtant inutile dès lors que le danger communiste s’était évaporé de lui-même, avec la chute définitive du système marxiste soviétique, en 1989. 

    FRENCH YOUNG LEADERS AND FBI

    Des aides multiformes ont été généreusement allouées aux « French Young Leaders » de diverses associations dont l’actuelle « French American Foundation » ; elles avaient dans la plus grande discrétion préparé cette mutation politico-culturelle qui fait qu’à présent la majorité des décideurs français, de droite ou de gauche, sont d’actifs militants de ce « club de l’élite transatlantique » (« Le Figaro » du 10 octobre 2014) : citons entre autres, MM Juppé, Kouchner, Trichet, Moscovici, Minc, Colombani, Joffrin, Montebourg, etc.etc.

    Les dames ne sont pas en reste avec les Lauvergeon, Lagarde, Parisot, la plus « américanomane » de toutes étant une certaine Pécresse, nouvelle présidente sarkozyste de la puissante région Ile-de-France, et qui reçoit toujours la presse devant une affiche de superproduction hollywoodienne, comme un clin d’œil à ses maîtres à penser d’Outre-Atlantique… Quand Mme Pécresse était ministre des Universités du régime Sarkozy, les gens de son cabinet, pourtant triés sur le volet pour leur « correction politique », avaient surnommé leur patronne FBI, c’est-à-dire … Fausse Blonde Infiltrée … 

    CONTINUER SON BONHOMME DE CHEMIN

    Toutes ces notations et gronderies qui ciblent des nations comme le Maroc ou la France, et bien d’autres, il faut les examiner évidemment mais continuer son bonhomme de chemin comme si de rien n’était, jusqu’à que cette « puissance abusive » (Hubert Védrine, ex-ministre socialiste français des Affaires étrangères et ami proclamé du Maroc), s’efface d’elle-même comme tous les empires hypertrophiés, colosses aux pieds d’argile, ainsi que l’Histoire ancienne ou récente l’a montré 100 fois …  

    « ... les empires hypertrophiés, colosses aux pieds d’argile, ainsi que l’Histoire ancienne ou récente l’a montré 100 fois … »  

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 26.08.2016

  • Livres & Humeur • « Lettre à mon président qu'a pas d'bol »

     

    Par Eloïse Lenesley

    François Hollande aurait confié dans Conversations privées avec le président n' « avoir pas eu de bol sur le chômage ». Eloïse Lenesley a écrit une lettre [20.08] à son « président qu'a pas d'bol ».

     

    avatars-000195570204-fwivg9-t500x500.jpgCher Président qu'a pas d'bol,

    Tous les médias et les méchants de droite ne font rien qu'à se moquer de toi depuis deux jours, mais moi, je te soutiens. Pourtant, c'est pas faute de leur avoir expliqué que « le monde, il n'est pas gentil », que « c'est pas facile » d'être président de la République, même quand on se donne un mal fou pour être normal et qu'on a une belle boîte à outils nickel chrome pour faire redémarrer la croissance et inverser cette satanée courbe du chômage.

    Déjà, à peine t'avait-on intronisé à l'Élysée que ton avion s'était mangé la foudre sur l'aile gauche quand tu t'étais rendu à Berlin pour recevoir les directives de madame Merkel. Si ça, c'est pas un signe ! Ensuite, la moindre de tes apparitions publiques déchaîna une pluie battante. Puis les sifflets des électeurs abattus. Puis les deux. Avoue que t'as un peu abusé : le mantra du « ça va mieux », c'était pas une bonne idée. Tu devais bien te douter que l'alignement des planètes - une sacrée aubaine, pour le coup - n'allait pas durer indéfiniment ni te rapporter bézef.

    Faut les comprendre aussi, les sans-dents. Vivre avec moins de 1000 euros par mois, t'imagines ? Dix fois moins que ton coiffeur ! Et ils sont 15% comme ça. Alors forcément, ils s'impatientent. Comme les 6 millions de chômeurs que tu devais sortir de la panade. La moitié touche que dalle, l'autre perçoit 1100 euros bruts en moyenne. Quand tu penses qu'il y a maintenant 1,2 million de chômeurs de longue durée (enfin, si on s'en tient à ceux qui sont toujours inscrits) et qu'ils ont au mieux une chance sur trois de retrouver un job ! Et je te parle même pas des séniors. Ceux-là, dès 45 balais, ils sont bons à jeter. La gérontophobie fait rage. Sauf en politique : regarde Juppé, qui va peut-être bientôt te piquer ta place. Mais je me fais pas trop de souci pour toi ; avec ton esprit de synthèse et ton naturel blagueur, tu arriveras à te recaser facilement.

    Ton copain Macron aux vains plans s'est un peu vautré avec sa loi « pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques ». Déjà, l'intitulé est pompeux, mais passons. Son impact est évalué à 0,05% d'apport au PIB et, pour l'instant, les résultats se font attendre, sauf du côté des autocars, qui ont créé… 1500 emplois. Avec les socialistes, fallait pas s'attendre à du supersonique non plus. Cela dit, t'as vu, Macron prétend maintenant qu'il n'est pas socialiste. Quel scoop ! Ça te rappelle pas la bourde de Jospin quand il avait sorti : « Mon projet n'est pas socialiste » ? On peut pas dire que la formule lui ait refilé la baraka. Tu as vu le rapport du Sénat, qui révèle que le CICE a surtout permis de maintenir 125 000 postes et d'éviter des défaillances de PME-TPE ? Claquer 20 milliards d'euros par an pour ça, admets que c'est pas donné.

    Du coup, je conçois qu'en désespoir de cause, tu aies grugé un chouia pour déjouer ta poisse. Malin comme tu es, tu t'es dit que t'allais faire passer les chômeurs de la catégorie A vers la catégorie D, celle regroupant les inscrits en formation ou en stage, qui sont ainsi zappés des statistiques. Du pur génie ! Le problème, c'est qu'à pôle Emploi, en plus d'être incompétents et de nous coûter les yeux de la tête, ils sont pas très discrets : ils ont laissé traîner des instructions confidentielles de leur direction exigeant qu'un million de chômeurs (500 000 de plus que d'habitude) soient catapultés en formation d'ici à la fin de l'année ! Tu penses que le Canard Enchaîné leur est tombé dessus et a cuisiné les conseillers dans la foulée : « L'an dernier, au bout de six mois, on disait non à presque tout le monde, il n'y avait plus un rond pour financer les formations qui coûtent souvent cher. Maintenant, c'est tapis rouge, on dit oui à tout et sans trop de précautions, la scrupuleuse procédure de validation des stages est abandonnée », nous murmure-t-on. Ça la fout mal. Montant de l'addition : un milliard d'euros. Mais l'inversion de courbe artificielle n'a pas de prix. Avec les radiations à la pelle pour des motifs bizarroïdes ou pour « défaut d'actualisation », et tes 500 000 contrats aidés estimés à deux milliards d'euros, le subterfuge devrait opérer.

    Les attentats et les grèves à répétition, c'était pas de bol non plus : ces galères-là ont le don de te plomber illico une croissance. Dommage, juste au moment où nous avions failli être convaincus que la reprise était enfin de retour, avec + 0,7% au premier trimestre 2016 - même si, entre nous, on sait bien qu'elle est due à la consommation d'énergie des ménages durant l'hiver et aux achats de matériel électronique compatible avec le nouveau standard de diffusion TV. Et voilà que les islamo-terroristes, les Nuit Debout et les casseurs « en marge » des manifestations cégétistes nous font fuir à toutes jambes les badauds et les touristes. Caramba, encore raté ! Croissance nulle au deuxième trimestre. Pas étonnant que tu aies rechigné pendant un an à déclarer l'état d'urgence, c'est très mauvais pour le business.

    Déjà que la France n'avait pas une super bonne image depuis ton arrivée, avec toutes ces guérillas urbaines de-ci, de-là : saccage du Trocadéro par des racailles, brasier insurrectionnel par les gens du voyage à Moirans, mutinerie au centre de détention à Aiton, règlements de comptes entre bandes rivales démolissant la gare de Montargis, nuisances apocalyptiques des migrants à Calais ou ailleurs… Ça n'arrête pas. Non seulement tu n'arrives pas à juguler l'insécurité galopante ni à faire enfermer les djihadistes fichés S qui pullulent dans les cités, mais quand tu décides de faire preuve de mansuétude en graciant partiellement une femme battue qui a tué son mari, la justice refuse sa libération conditionnelle. Dans le genre traqué par la scoumoune, tu te poses là.

    C'est pour ça qu'il vaudrait mieux que tu ne te représentes pas en 2017. T'as pas de bol et, en prime, tu portes la guigne à la France. Cinq ans de malheur, c'est amplement suffisant, surtout pour les précaires. Et les classes populaires. Et les classes moyennes. Et les chefs d'entreprise. En fait, pour tout le monde. Sauf peut-être les communautaristes et les fonctionnaires. Si tu renonçais à rempiler, ça ne manquerait pas de panache ; tu aurais la classe. Pense au plaisir que tu ferais aux Français et à Manuel Valls. Finies, les cotes de popularité calamiteuses. Comme Chirac, tu redeviendrais une coqueluche hexagonale en un rien de temps après avoir été vilipendé tout au long de ton mandat. Tu pourrais passer des heures chez ton coiffeur à te faire une petite coupe. Au bol.   

    Eloïse Lenesley     

    Eloïse Lenesley est journaliste. Elle collabore notamment à Causeur

  • Société • Burgers Five Guys : le coup de gueule de Xavier Denamur contre la (Oba)malbouffe

     

    Par Xavier Denamur           

    HUMEUR - La chaîne de burgers préférée de Barack Obama arrive à Paris. Xavier Denamur - restaurateur et militant contre la malbouffe - est allé tester Five Guys. Verdict : si vous aimez les frites molles, le steak haché hypercuit, la salade en plastique et les champignons en conserve, courrez-y [Figarovox, 11.08]. Quant à nous, nous avons une forte propension à croire qu'il a raison.  LFAR

    Il paraît que les Français mangeront bientôt plus de hamburgers que de Paris beurre. On me dit qu'à part quelques rares résistants qui finiront par succomber au charme grassouillet de ce mets sucré-salé, la moindre gargote que compte la Gaule présente fièrement sur sa carte au moins un hamburger. Certains de mes collègues se vantent même d'en réaliser des versions gastronomiques, allant jusqu'à y introduire du foie gras. Personnellement, depuis que Jacques Borel m'a expliqué dans République de la Malbouffe que le hamburger était un sous-produit du travail des femmes, j'ai décidé de ne jamais inscrire ce plat à la carte de mes bistrots.

    La France terre de prédilection et d'expérimentation de la bonne bouffe aurait donc définitivement succombé à la mauvaise bouffe et serait même en passe de devenir la plus belle terre d'accueil de tous les géants du fast-food. Hors USA, c'est en France que McDonald's réalise son plus gros chiffre d'affaires. Five Guys, le petit poucet du secteur avec seulement 1350 restaurants ne pouvait pas passer à côté de l'eldorado tricolore. Depuis le 1er août, l'enseigne favorite de Barack Obama a pignon sur rue à Bercy Village. Je m'y suis donc rendu, curieux de découvrir ce que l'homme le plus puissant du monde trouve d'extraordinaire aux hamburgers Five Guys.

    Mardi 2 août à 15h , il y a encore une heure d'attente devant l'unique point de vente de la marque qui ouvrira début 2017 les portes de son navire amiral sur les Champs Élysées, avec 1500 mètres carrés, ce Five Guys sera le plus grand du monde, cocorico ! La communication bien huilée du groupe, reprise en boucle sur la plupart des médias fonctionne à plein tube. Les aficionados du « vrai burger », les déçus du Big Mac et les « je me fous de ce que je mange pourvu que ça soit bon » sont là.

    Passé l'attente où on vous fait remplir une fiche avec votre commande que la personne à la caisse balancera à la poubelle, vous pénétrez enfin dans le temple du « vrai hamburger américain ». A peine le seuil passé, vous tombez nez à nez avec une montagne de sacs de pommes de terre Innovator de la marque Terroir d'origine en provenance de Hollande. Ayant entendu que ce nouvel acteur de la restauration rapide se fournissait localement, je suis tout de suite rassuré en me rappelant que vu des USA, acheter local signifie se fournir en Europe.

    Une chose est certaine si le personnel est sympa, normal me direz vous, il vient de commercer, le résultat dans le sac en papier kraft et le gobelet est gras, salé et surtout sucré, loin d'être à la hauteur de la communication maison où tout serait réalisé sur place avec des produits frais.

    Ayant prétexté une allergie à certains stabilisants, conservateurs et autres joyeusetés industrielles qui inondent la malbouffe, on m'a amené le « guide des ingrédients » Five Guys que vous pourrez consulter sur le PDF ci-dessous. Et bien alors que la personne à la caisse m'a garanti mon « milkshake fait maison », à 6€50 on pouvait l'espérer, le responsable du site va venir gentiment me le rembourser. Il est vrai que l'agent de conservation E 202 de la vanille ou l'émulsifiant mono- et diglycérides d'acide gras (E 471) ou l'agent de propulsion oxyde nitreux E492 de la crème fouettée faisaient plus usine que « fait maison » et risquaient de me faire mourir d'un hypothétique œdème de Quincke.

    Alors que les médias rapportaient le 1er août, jour du lancement en grande pompe de la marque dans l'Hexagone, sans vérification, la belle communication maison des hamburgers Five Guys premium réalisés avec des produits frais, mes champignons de « Paris » grillés sortaient d'une boite.

    Si les frites sont visiblement fraîches puisque les sacs de pommes de terre trônent à l'entrée avec des cacahouètes hyper salées en libre service, elles sont surtout hyper grasses, plutôt molles et cerise sur bide, elles sont plongées dans de l'huile de friture d'arachide raffinée avec fameux anti-moussant E900 ou diméthypolysiloxanne, un additif classé possiblement cancérigène par l'Association pour la Recherche Thérapeutique Anti-Cancéreuse (ARTAC).

    Quand le manager m'a appris que la viande hachée « premier choix » fraîche venait d'Irlande, j'aurais souhaité qu'il me communique le pourcentage de matières grasses, m'explique comment elle est conditionnée afin de pouvoir l'utiliser à plus 24h sans être sous atmosphère contrôlée et pourquoi on ne peut pas obtenir saignant son steak. Quand il m'a dit que c'était comme cela que la viande était la meilleure, que c'était la politique de la maison, je me suis souvenu de la séquence du film Fast food nation où Bruce Willis explique pourquoi il faut bien cuire la viande (Bruce Willis « Shit in the meat , Just Cook It » à partir de 8'33).

    Après une bonne dizaine de minutes à essayer de me convaincre de la qualité premium de ses produits, le manager a fini par me renvoyer vers la directrice de clientèle chez Le Public Système PR en charge de la communication du groupe. Cette dernière encore moins au parfum de la réalité des arrière-cuisines de Five Guys m'a servi au téléphone le discours prémâché régurgité sans état d'âme par la plupart des médias. Quand elle m'a raconté que tous les légumes étaient découpés dans la cuisine chaque matin et que les champignons frais étaient livrés par un fournisseur de Rungis, ayant le « guide des ingrédients » Five Guys sous les yeux, elle a failli me faire tomber de ma chaise. Après avoir raccroché, je me suis dit que la vérité était une éventualité plutôt rare de la communication.

    Bref on est très loin du « fait maison » et ce n'est pas demain la veille, contrairement à l'affirmation de la directrice de la communication, que l'on verra affiché le logo officiel (une petite casserole coiffée d'un toit de maison) à l'entrée de cette chaîne de fast-food.

    Résultat des courses :

    Pour 19€ , après une heure d'attente évitée, on m'a servi en 5 minutes dans un sac en papier kraft: une portion de frites molles, un hamburger au pain mou composé de 2 steaks hachés de 65 g environ chacun hyper cuits et pas juteux du tout, d'une tranche de tomate insipide, de 5 feuillettes de salade iceberg, de quelques lamelles de champignons en boîte et d'une sauce sucrée-salée Heinz blindée de sirop de maïs et un milkshake assemblé sur place que l'on me remboursera.

    Verdict : à ce prix, on trouve dans Paris des bistrots qui servent un menu (entrée-plat ou plat-dessert) avec des produits frais qui ont du goût sans ajout de sucre, de sel et de matières grasses traficotées.

    Conseil : pour votre santé et votre porte-monnaie, ce genre d'endroit est autant à éviter que Burger King, Quick, McDo and co. Si vous souhaitez manger un bon hamburger saignant, demandez, si le restaurateur ne l'affiche pas, à voir l'étiquette du lot dont le morceau de viande est issu et si la viande est bien hachée à la commande comme chez votre boucher. Si ce dernier refuse, changez de crémerie et mangez un bon plat du jour dans un bistrot qui affichera le logo « fait maison ».

    Pour la santé des Américains, je recommande à Michelle Obama de dire à son mec d'arrêter de faire de la pub pour cette marque de fast-food qui participe autant que les autres à la dégradation de la santé des consommateurs et de l'environnement. 

    Xavier Denamur          

    a publié Et si on se mettait enfin à table ? (éd. Calmann-Lévy).  

  • François Lenglet : Avec Trump et le Brexit, c'est la mondialisation du protectionnisme !

     

    Par Alexandre Devecchio

    Le libre-échange tous azimuts est le vestige d'un ancien monde, explique ici François Lenglet [Figarovox, 29.07]. Dans les économies d'après la crise de 2008, le protectionnisme soutenu par les « populistes » l'emporte, selon lui, partout, notamment dans le monde anglo-saxon. Nous étions très critiqués jusqu'à récemment - sans-doute le serons-nous encore - lorsque nous disions que le libre-échange, favorable à certains pays, à certaines époques, défavorable à d'autres ou aux mêmes en d'autres époques, ne pouvait être ni considéré ni imposé comme idéologie ou religion ayant valeur universelle. C'est ce que François Lenglet déclare et démontre dans ce très remarquable entretien. Comme il nous est déjà arrivé, nous le dédions à ceux qui croient que les choses vont toujours dans le même sens.  Nous en aurons d'ailleurs de nouveau l'occasion dès demain à propos d'un semblable entretien sur la nouvelle politique de réindustrialisation du Royaume-Uni que Theresa May vient d'annoncer ... On nous excusera d'y insister mais ce qui est souligné dans ces entretiens, ce sont des évolutions ou révolutions d'une grande importance que notre Ecole de pensée active ne peut ni ne doit ignorer. Elles comportent leur dose d'incertitudes mais surtout d'espoir. Ce n'est pas si courant.   Lafautearousseau

     

    Donald Trump multiplie les prises de position protectionnistes, que cela vous inspire t-il ?

    Il témoigne bien de l'esprit des temps qui est à l'oeuvre. Derrière l'outrance et la caricature, c'est une puissante montée du protectionnisme qui est à l'oeuvre. Je note qu'Hillary Clinton elle-même a pris ses distances avec le libre-échange et la négociation de grands accords commerciaux. Quant à Theresa May, le nouveau Premier ministre britannique, elle pointe elle aussi la nécessité de protéger l'industrie nationale, alors que c'est une conservatrice en principe héritière de Thatcher! C'est une révolution idéologique considérable qui se produit dans le monde anglo-saxon, un changement de logiciel qui rompt avec le libéralisme et le libre-échange. Trump, c'est l'anti-Reagan, et May semble devoir être l'anti-Thatcher. Le besoin de protection s'est substitué au désir de liberté, et encore une fois, le monde anglo-saxon est à la pointe de la mode idéologique. Exactement comme le libéralisme dans les années 1980, le protectionnisme est en train de se mondialiser.

    Qu'est-ce qui explique ce retournement ?

    La crise financière, qui a donné le sentiment que les règles de l'économie mondialisée n'étaient pas les mêmes pour les petits et les gros. Le besoin de frontières, après une longue période de forte mondialisation, qui a exacerbé les particularismes, qui a accru les inégalités entre ceux qui profitent de l'ouverture, les plus qualifiés et les plus mobiles, et les autres, qui en ont subi les conséquences en terme de revenu et d'emploi; la critique des élites et de tout ce à quoi ils croient. Et enfin un tout bête effet de balancier, qui fait qu'on brûle les valeurs de l'ancien monde, celle de l'ancienne génération, les baby-boomers, au profit de nouvelle valeurs, celle de la génération montante.

    Ce sont alors les populistes qui vont profiter de cette révolution idéologique ?

    Ce sont toujours les populistes qui repèrent les premiers ces changements dans la demande politique, avant les partis traditionnels. C'était le cas dans les années 1930, et dans les années qui ont suivi le krach de 1873, dans la période dite de «Grande stagnation», consécutive elle aussi à un long cycle libéral, et elle aussi marquée par la réapparition des frontières. Mais en général, les partis traditionnels finissent par comprendre le messages des électeurs, et ils se réapproprient le thème de la protection, avec leurs valeurs humanistes. C'est exactement ce qui se passe au Royaume-Uni, avec la nouvelle orientation des Conservateurs, depuis le Brexit. Ce n'est pas encore le cas en Europe continentale, où la droite et les sociaux-démocrates restent sur leurs options libérales et hostiles aux frontières. C'est pour cela que le populisme continue à marquer des points dans nos pays. Et ce n'est pas fini, en Allemagne particulièrement, où il a une forte marge de progression après les attentats récents.

    Les différents traités de libre-échange comme le TAFTA, qui sont en cours de négociation, ont-ils une chance d'aboutir ?

    Absolument aucune. Tout cela est mort, ce sont les vestiges de l'ancien monde, comme une ville engloutie. A supposer même que le traité soit signé, il faudrait le faire ratifier dans tous les pays concernés, c'est impensable. L'OMC ne parvient plus à conclure ses grands cycles, et même les accords régionaux sont devenus problématiques: l'âge d'or du commerce mondial est derrière nous. J'observe que la part des échanges dans le PIB mondial n'augmente plus, elle diminue même légèrement. Et la Chine, qui était une machine à mondialiser, va être contrainte de recentrer son économie. Cet âge d'or reviendra sans aucun doute un jour, dans 20 ou 30 ans. Il réapparaît à intervalles réguliers depuis la première mondialisation, lors des Grandes Découvertes du 15ème siècle. Et à chaque fois il est éclipsé, à cause des inégalités et des désordres qu'il provoque.

    Sur le fond, le libre-échange est-il meilleur pour l'économie que le protectionnisme ?

    C'est très difficile à dire, chaque situation est particulière, tout comme chaque époque l'est. Lorsque les Britanniques abolissent les Corn Laws, en 1846, qui protégeaient le secteur agricole ce n'est ni par philanthropie ni par amour du libéralisme, c'est par pur intérêt: ils choisissent le libre-échange parce qu'il maximise leurs profits, et ils ont raison. A l'inverse, la Chine moderne s'est développée dans un cadre protectionniste à l'extrême, protégeant son marché intérieur. Elle aussi a choisi le système qui maximisait son avantage, qui était très différent de celui des Britanniques au même stade de développement, parce que le monde n'était pas le même qu'au 19ème. En économie, pour parodier une formule britannique célèbre, il n'y a pas de loi éternelle, mais rien que des intérêts éternels. Et des rapports de forces entre les groupes sociaux et lobbys, plus ou moins bien arbitrés par le politique. Chaque option, protectionnisme ou libre échange, a ses victimes et ses rentiers, aucun n'obtient de victoire définitive.   

    François Lenglet est éditorialiste économique. Le 1er septembre 2016, il publiera Tant pis, nos enfants paieront ! chez Albin Michel.

    picture-2540921-61yhv5dr.jpgEntretien par

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio