Mathieu Bock-Côté : « Aux racines de la violence d'ultra-gauche »
Par Mathieu Bock-Côté
CHRONIQUE - Une société qui prend peur devant une bande de fanatiques encagoulés fantasmant sur une utopie anarcho-communiste révèle par effet de contraste sa dévitalisation. [Le Figaro, 22.03]. Au fond, n'est-ce pas cette dévitalisation qui doit être mise en cause et le Système qui en est responsable ? Dans ce cas, les Blacks Blocs ne sont qu'un épiphénomène du désordre établi. LFAR

« ... pour restaurer son autorité perdue et en finir avec sa réputation humiliée, l'État mise sur une répression démesurée, presque vengeresse, seulement rendue nécessaire par sa faiblesse ... »
Il ne sert à rien de critiquer le mouvement des « gilets jaunes » sans rappeler que la révolte des débuts, indéniablement légitime, n'a rien à voir avec la poussée émeutière de samedi dernier. Certes, une frange des premiers insurgés s'est radicalisée et ne sait plus trop comment s'arrêter. Plus encore, une crise qui s'éternise, quelle qu'en soit l'origine, favorise la remontée à la surface de la lie de la société. Les pulsions nihilistes se désinhibent. Les personnalités extrêmes, généralement écartées de la vie sociale, croient leur chance arrivée. Si on parle encore des « gilets jaunes » aujourd'hui, c'est essentiellement parce qu'une minorité militante entretenant un rapport décomplexé à la violence est parvenue à détourner la révolte à son avantage.
La possibilité de la violence est inscrite dans les replis intimes de la nature humaine, et à toutes les époques, elle a séduit une petite minorité qui croit s'accomplir à travers elle. Si la société démocratique parvient généralement à censurer la violence en apaisant les passions, elle n'y parvient jamais complètement. Comme l'avait noté Roger Caillois, c'est dans sa nature même de susciter la révolte des personnalités qui recherchent l'exaltation dans la vie publique, à la manière d'aventure romantique. Bien des jeunes hommes sont portés à ne voir dans la délibération démocratique qu'un vain bavardage et ne rêvent que d'action révolutionnaire. Ce sont alors les sectes politiques, idéologiques et religieuses qui les attirent, et même, qui parviennent à les hypnotiser.
Une civilisation qui refoule le désir de violence et d'aventure sans parvenir à le canaliser vers des institutions servant le bien commun le verra se retourner contre elle. L'histoire nous le confirme, il arrive qu'une idéologie parvienne à s'approprier cette pulsion, comme on l'a vu à l'époque du fascisme. C'est l'ultra-gauche qui canalise aujourd'hui cette violence en Occident. Bien des conversions à l'islamisme relèvent aussi probablement de cette quête d'une existence héroïque accouplée avec une aspiration explicitement sacrificielle. L'ultra-gauche se présente ainsi comme une aristocratie militante, qui prétend paradoxalement se battre pour une société absolument égalitaire.
Ses militants se croient illuminés par une vérité révolutionnaire révélée: derrière les apparences de l'ordre légal se cacherait une société fondamentalement indésirable. Un autre monde est possible à condition de mettre le feu au nôtre. À tout le moins, il faudrait jeter à terre son décor institutionnel pour qu'enfin se dévoilent les intérêts qui s'y affrontent, et que les dominants comme les dominés se voient pour ce qu'ils sont, sans fard idéologique. Mais ce grand dévoilement ne sera possible, jugent les militants d'ultra-gauche, qu'en poussant à leurs extrêmes les grandes contradictions sociales, pour qu'advienne une situation insurrectionnelle où la possibilité du compromis disparaîtra. C'est en allant jusqu'au bord du gouffre qu'on liquidera pour de bon l'illusion réformiste.
Concrètement, il s'agit de créer une situation révolutionnaire évacuant les modérés de la scène publique pour mettre en scène un combat à finir entre l'ultra-gauche insurgée, qui s'imagine réveiller les classes populaires et autres dominés de leur sommeil politique par une violence spectaculaire, et les forces de l'ordre, ramenées au statut de gardiennes d'un système avantageant exclusivement les bourgeois et les banquiers. Cette montée aux extrêmes est théorisée à la manière d'une lutte finale entre le fascisme et l'antifascisme, où tout est permis. L'ultra-gauche conteste le monopole de la violence légitime de l'État, qu'elle réclame désormais pour elle seule.
Stratégie du coucou
Mais l'ultra-gauche n'a pas les moyens politiques de ses ambitions théoriques. Pour arriver à ses fins, elle entend donc profiter des crises qu'elle ne saurait provoquer. C'est ce que nous rappelle Éric Delbecque dans son excellent ouvrage Les Ingouvernables (Grasset) en disant des black blocs qu'ils pratiquent la stratégie du coucou, consistant à faire son nid dans un mouvement social pour le détourner à leur avantage. Ils guettent alors les crises sociales dans l'espoir de les détourner et de les enflammer.
Il faut savoir tenir tête à l'ultra-gauche. Une société qui prend peur devant une bande de fanatiques encagoulés fantasmant sur une utopie anarcho-communiste révèle par effet de contraste sa dévitalisation. Mais quand pour restaurer son autorité perdue et en finir avec sa réputation humiliée, l'État mise sur une répression démesurée, presque vengeresse, seulement rendue nécessaire par sa faiblesse d'hier, qui a laissé dégénérer la situation, il risque d'enfoncer la société dans une crise encore plus grave. Rien n'est moins simple que de restaurer l'ordre dans une société où la tentation du chaos est sortie des marges et qui sent bien que bientôt encore, elle pourrait se faire sentir, sous un visage ou un autre. ■
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur
Ce jeudi 28 mars 2019 - 20 h - à Hinx dans les Landes, Farida Belghoul est invitée à tenir une conférence sur les droits sexuels organisée par l’association « La maison des bambins ».

Avec le Golan, c’est un autre tournant : il s’agit d’une terre syrienne conquise en 1967 lors de la Guerre des six jours puis annexée en 1981. La communauté internationale n’a jamais accepté cette annexion, y compris les Etats-Unis qui, pour le principe, la condamnaient.
Côté arabe ce n’est évidemment pas la même musique. La Syrie a vigoureusement protesté en rappelant habilement le caractère syrien mais aussi arabe du Golan, obligeant ainsi ses voisins à se positionner. C’est ce qu’ils ont dû faire : L’Egypte, la Jordanie et toutes les monarchies du Golfe ont rappelé qu’en effet le Golan était une terre syrienne et arabe.
Mais c’est surtout vers la Cisjordanie que les regards se tournent maintenant. Car ce territoire palestinien destiné à être un futur Etat est progressivement rongé par des colonies israéliennes. Ce processus, contraire lui aussi à tous les traités, est encouragé par Netanyahu.
![images[3].jpg](http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/02/00/1012803449.3.jpg)
Civilisation
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incendié » selon la presse algéroise, début mars 2019, lors d’une des manifestations contre un éventuel cinquième mandat du président Boutéflika.

Donald Trump en a fait l’annonce le 22 mars et Mustafa Bali, porte-parole kurde des FDS [Photo] l’a confirmée par tweet (la grande mode décidemment..) : « Les Forces Démocratiques Syriennes déclarent la totale élimination du soi-disant califat et une défaite territoriale à 100% de l’EI. »
Ensuite, il reste une zone occupée par des islamistes : il s’agit de la province d’Idleb, située à l’opposé, au nord-ouest du pays. Cela n’intéresse pas les Américains car ce n’est pas Daech qui règne. Mais c’est tout de même le Front al-Nosra (devenu Hayat Tahrir al-Cham) qui n’a rien à envier à ses rivaux de l’Etat islamique en matière de sauvagerie. Les Turcs y sont implantés mais leurs milices se sont fait écraser par al-Nosra.
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L’indice PMI pour le secteur manufacturier allemand s’est inscrit à seulement 44,7 en mars, mais ce qui est tout aussi inquiétant, c’est de voir le taux du Bund allemand à dix ans tomber, pour la première fois, en territoire négatif ridicule depuis octobre 2016, entre -0,001 % et 0,005 %, alors que la première hausse de taux d’intérêt de la BCE depuis 2011 a été repoussée à la fin 2020, pour ne pas dire jamais. L’Allemagne va aussi essayer de fusionner deux porteurs de béquilles, le géant Deutsche Bank avec 14 milliards euros d’amendes et 1.800 milliards d’euros d’actifs, et la Commerzbank, sans en faire un « sprinter » pour autant. Au moins 10.000 emplois sont menacés.
Et comme la BCE, la Fed révise à la baisse ses prévisions de croissance, de dépenses des ménages et d’investissement des entreprises en indiquant qu’elle n’augmentera plus ses taux d’intérêt en 2019, qu’elle inversera même en septembre 2019 sa politique de « QE » à l’envers, autrement dit qu’elle cessera de réduire son portefeuille accumulé, depuis 2008, de bons du Trésor. Le déficit commercial américain se creuse malgré les droits de douane de Trump, tandis que la dette privée continue d’augmenter et que la dette publique américaine a explosé de 217 % entre 2007 et 2016. La hausse des actions, depuis le début de l’année, semble donc un simple rebond au sein d’un marché baissier, alors que les cours du pétrole retombent.


En écrivant les paroles de cette chanson, intitulée « Lampedusa », Mme Belkacem (son patronyme de sujette du roi du Maroc) continue donc d’œuvrer pour ce qu’elle appelle « la bonne cause » (toujours cette moraline chère à la militante et politicienne de gauche qu’elle est restée). Il se trouve qu’à peu près au même moment, un Italien d’origine sénégalaise, M. Sy, a tout fait, mais fort heureusement échoué dans sa tentative, pour immoler par le feu, dans le bus scolaire qu’il conduisait, une cinquantaine de collégiens milanais. Lors de son arrestation, M. Sy a affirmé avoir voulu « faire un geste éclatant pour attirer l’attention sur les conséquences des politiques migratoires ». Ce serait donc, selon le bel oxymore de Mme Delarue une sorte de « terrorisme humanitaire » (Boulevard Voltaire). En tout cas, malgré trente ans en Italie, mariage à la clé, rien n’y a fait et la tripe africaine est restée la même, justifiant en quelque sorte
Le pis est que, à défaut de ne pouvoir soutenir franchement M. Sy, certaines têtes de la gauche bien-pensante, comme l’ex-ministre de sensibilité communiste Mme Turco (au nom prédestiné), disent maintenant « comprendre [son] geste », allant jusqu’à mettre nommément en cause M. Salvini « qui a quelques torts en cela ». Peut-être ont-ils tout simplement, en tout cas M. Sy et Mme Turco, écouté les paroles de la chanson écrites par Mme Belkacem, devenue de facto inspiratrice de l’apprenti-assassin.
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En 1830, lors de la conquête française, la Régence turque d’Alger comptait environ 2,5 millions d’habitants et à la fin de la période coloniale, en 1962, les départements français d’Algérie, Sahara inclus, comptaient 10 millions d’habitants dont 9 millions d’autochtones. En 2019, environ la moitié des quelque 10 millions de musulmans présents dans l’Hexagone sont Algériens, de nationalité française ou pas. [A suivre, demain mardi]
« Pendant des siècles, les classes sociales se mélangeaient dans les quartiers, les rues et les immeubles. Nous vivons la fin de cette histoire, regrette notre chroniqueur. » C'est ainsi que Le Figaro présente ce bel article. 
Pendant des siècles, les classes sociales se mélangeaient dans les quartiers, les rues et les immeubles. Les distinctions sociales s'exprimaient dans ce monde sans ascenseur par la hauteur des étages où les pauvres devaient se hisser. L'historien Philippe Ariès [Photo] nous a appris qu'à partir du XIXe siècle, la bourgeoisie, refusant la promiscuité avec les « classes laborieuses, classes dangereuses », avait pris ses quartiers dans les nouveaux immeubles de l'ouest de la ville. Nous vivons la fin de cette histoire : les classes populaires ont été chassées de toute la cité, y compris de l'est de Paris, remplacées par les « bobos » et les immigrés, les « très aisés » et les « très aidés ».
Toutes les métropoles du monde connaissent le même sort. C'est là qu'arrivent les flux de richesses et c'est là que se noue l'alliance entre les « vainqueurs de la mondialisation » et leurs « domestiques », immigrés venus servir les nouveaux maîtres du monde, garder leurs enfants, leur apporter des pizzas, ou travailler dans les cuisines de leurs restaurants, au détriment des peuples occidentaux.






