Patrimoine cinématographique • Beaumarchais, l’insolent
Par Pierre Builly
Beaumarchais, l'insolent d'Édouard Molinaro (1996)
La vie en tourbillon
Quelquefois le culot paye et le public suit.
À moins de considérer que ce qui fut possible en 1996 ne serait pas concevable aujourd'hui, où les progrès de la massification, de l'inculture et des blockbusters ne permettraient pas de parier un kopeck sur le succès au Box-Office d'un film français intelligent, brillant, consacré à un auteur qu'on ne joue plus guère et à une période historique peu connue.
En tout cas Édouard Molinaro, en adaptant avec Jean-Claude Brisville (auteur, puis cinéaste du remarquable Souper) une pièce de 1950 de Sacha Guitry, a eu la main singulièrement heureuse et a donné à Fabrice Luchini ce qui est sans doute, à ce jour, son meilleur rôle de premier plan au cinéma.
Là une parenthèse : comment ne pas se désoler qu'un acteur aussi immense, de l'importance d'un Jouvet ou d'un Raimu, qui peut tenir des salles entières sous le charme en lisant une fable de La Fontaine, une page de Louis-Ferdinand Céline, un extrait du philosophe réactionnaire Philippe Muray, n’ait pas trouvé un rôle à sa mesure, comment ne pas se désoler qu'aucun grand réalisateur n'ait pu l'employer pour un film majeur ? Qu'est-ce qu'on mettrait en exergue si, par malheur, il disparaissait demain ? La discrète de Christian Vincent, Confidences trop intimes de Patrice Leconte, Alceste à bicyclette de Philippe Le Guay... quelques bons films paisibles ; et puis des apparitions ici et là, souvent brillantes, chez Éric Rohmer ou François Ozon... Rien qui marque durablement.
Mais qu'il est bon dans Beaumarchais, un rôle fait pour lui, tout de légèreté, de brio, d'élégance, de désinvolture, de talent... Peut-être parce que, finalement, comme son personnage il privilégie la qualité de sa vie à la qualité de son œuvre...
Le film reprend avec une grande fidélité les péripéties dignes d'un roman feuilleton de la vie de Pierre Caron de Beaumarchais entre 1773 et 1780, marquées par le succès des deux pièces qui l'ont immortalisé (Le barbier de Séville et Le mariage de Figaro) et donc ses démêlés avec les Parlements et les financiers (il était néanmoins lui-même à la tête d'une fortune considérable), mais aussi par ses activités d'agent secret au service de la Couronne, son action en faveur des Insurgents d'Amérique et par la faveur des Rois, Louis XV puis Louis XVI, agacés devant un esprit aussi rétif mais admiratifs de son énergie et de son inventivité. Je m'étonne et me réjouis qu'un récit historique qui exige un minimum de connaissances sur cette période complexe des dernières années d'Ancien Régime ait pu remporter un grand succès public, mais je ne suis pas certain que tout le monde ait bien compris la subtilité de plusieurs passages.
En tout cas Molinaro, qui a disposé de moyens techniques et financiers importants (voir l'intéressant making off du bonus) a filmé cela avec esprit et dans l'esprit de Guitry : on s'amuse d'ailleurs beaucoup de voir, au fil des séquences, comme chez le Maître, dans ses grandes machines historiques (Si Versailles etc.), surgir des visages d'acteurs connus venir jouer des rôles de quelques lignes et c'est un bonheur que de les reconnaître au passage (Michel Serrault en Louis XV, mais aussi Jean-Claude Brialy, Jean Yanne, Guy Marchand, François Morel, José Garcia et bien d'autres...)
Et mention spéciale pour le choix des demoiselles : Claire Nebout prête sa beauté androgyne au Chevalier d'Éon (on ne saurait faire meilleur choix), Isabelle Carré, Florence Thomassin sont de ravissantes soubrettes de théâtre, Sandrine Kiberlain interprète la troisième (et dernière) épouse de l'auteur avec le grand talent qu'on lui connaît.
Et Fabrice Luchini, donc, impeccable, rieur, allègre, spirituel. Le monde danse sur un volcan et, depuis que les Parlements, les Jansénistes, la haute noblesse et les Gallicans, coalition improbable et suicidaire, ont eu la peau de la réforme Maupeou, rien ne peut empêcher l'Ancien Régime de courir à sa perte. Il n'est pas certain que Beaumarchais s'en réjouisse, loin de là ; mais que peut-il devant l'aveuglement ? ■

DVD autour de 5 € .

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Chantons (donc) sous la pluie et éblouissons nous de ces danses, de ces claquettes et de ces cascades qui n'ont rien à envier aux effets spéciaux de notre époque.
« Les obsèques de Monseigneur le comte de Paris seront célébrées le samedi 2 février 2019 à 15 heures, en la chapelle royale Saint-Louis de Dreux. 





L'histoire de notre pays est remplie de Benallas, féminins ou masculins, favoris ou favorites, que le peuple détestait dans la mesure où il avait l'impression qu'ils - ou elles - lui volaient leur Roi. Car le Roi est donné au royaume et ses infidélités sont insupportables au peuple de ce royaume. On lui passe des maîtresses et des jeux de dés à condition qu'on le sache occupé au bonheur de ses sujets. « La violente amour que je porte à mes sujets » disait Henri IV, « m'a fait trouver, pour eux, tout agréable ». En réponse, la violente amour que le peuple portait au bon roi Henri l'a rendu très indulgent, voire complice, voire admiratif pour ses incartades conjugales.
La Justice veut un certain apparat, pour elle-même d'abord, afin de ne pas perdre de vue la hauteur de sa fonction. Au sommet, cet apparat se résume à saint Louis sous un chêne, à Vincennes, accueillant « les plaids des justiciables ». Il faut être saint Louis pour se permettre cette bonhomie et cette simplicité. La pauvreté est le seul luxe qui convient à Dieu et à ses saints. Pour les autres, les convenances sont nécessaires.


Participants nombreux, salle pleine, ambiance chaleureuse ; assistance captivée par un André Bercorff au parler vrai, direct, nature, informé de tout, plein d'humour et même de drôlerie ; un débat sur la situation explosive de la France et du monde nourri par de nombreuses questions, une excellente organisation de la soirée, un riche buffet où les conversations se sont multipliées, pour clôturer la rencontre ... Nous n'en dirons pas davantage sur cet événement qu'une vidéo mise en ligne dans les prochains jours fera revivre intégralement, notamment pour nos lecteurs qui souhaiteront la regarder en France et ailleurs. Voilà de la bonne besogne, à l'honneur de l'Action Française. 






* L'Union Royaliste Provençale est la fédération régionale du Centre Royaliste d'Action Française, 10 rue Croix-des-Petits-Champs 75001 PARIS
Le Prince Jean de France a fait l'annonce officielle du décès du Comte de Paris en ces termes simples que voici :