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  • La sauvegarde du patrimoine, un enjeu français

    Le château de Josselin, dans le Morbihan 

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

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    Le Loto du patrimoine se déroule cette semaine et devrait rapporter environ 15 à 20 millions d'euros pour participer à la restauration de 270 sites en péril : cela peut sembler dérisoire au regard des enjeux et de l'importance de ce qui fait nos paysages historiques et l'identité de la France tout autant que sa mémoire vive.

    Mais, même si les sommes restent beaucoup trop modestes, c'est toujours mieux que rien et, surtout, c'est l'occasion de mettre en valeur quelques éléments de la richesse française et de sa civilisation bimillénaire, et de rappeler à nos contemporains que nous sommes des héritiers, que nous le voulions ou non. 

    glise stjacques.jpgCette opération intervient au moment où le Brésil pleure son patrimoine détruit lors de l'incendie de l'ancien palais impérial devenu Musée national à Rio de Janeiro. « Créé en 1818 par le roi portugais João VI, il abritait notamment le squelette de Luzia, plus ancien humain découvert dans le pays, datant d'environ 11.000 ans », rapporte Le Pélerin dans son édition du 6 septembre, et environ 20 millions de pièces conservées en cet endroit ont disparu en une seule nuit, n'en laissant que cendres et regrets, colère aussi. Les raisons qui expliquent, non pas l'incendie mais son ampleur et ses conséquences dévastatrices, sont éminemment politiques, comme « les coupes budgétaires décidées par le gouvernement libéral et affectant, entre autres, l'entretien du bâtiment ». Cela doit nous alerter sur la précarité de ce qui est face aux événements toujours possibles de l'incendie, du vandalisme ou du vol, et nous inciter à prendre quelques précautions et quelques initiatives pour préserver, entretenir et, surtout, valoriser ce que nous possédons comme patrimoine physique, mais sans jamais négliger « l'esprit des choses », ce patrimoine immatériel et symbolique qui donne du sens aux monuments et aux objets d'hier et d'avant-hier. 

    Dans cette période de mondialisation qui tend à uniformiser les pensées et à dénier les identités particulières des États pour imposer un modèle à la fois mondial (société de consommation ; libre-échange ; primat de l'économie ; multiculturalisme ; etc.) et communautariste (religieux ou ethnique), la préservation du patrimoine français va bien au-delà de la seule protection des vieilles pierres ou des ensembles admirables : il s'agit de sauvegarder et d'entretenir ce qui nous mène de la terre au ciel, nos racines, variées, familiales et provinciales, et ce tronc commun qui se nourrit de toutes et les réunit toutes, la nation française, lui même décoré et enrichi d'influences diverses et parfois extérieures, au fil d'une histoire qui n'est pas finie. 

    Il y a un « devoir de patrimoine », qui doit permettre à la mémoire de se perpétuer sans être un carcan mais bien plutôt « la possibilité d'un destin ». Si chacun de nous, et aussi tous les amoureux de la France et de ses mille couleurs, de la Bretagne à l'Alsace, de la Provence au pays d'Ouche, de Paris à Lancieux, peuvent être les gardiens attentifs et attentionnés de ce riche patrimoine, il appartient à l’État de jouer son rôle historique et politique qui est de garantir sa bonne santé et sa transmission aux générations futures, non en organisant tout et en intervenant partout mais en mobilisant les énergies disponibles et en appelant les capitaux et le mécénat là où c'est possible, et en n'hésitant pas à mettre la main à la poche quand cela est nécessaire, comme le firent les rois qui se sont succédé depuis François Ier, puis les quelques présidents soucieux d'art et de mémoire, comme MM. de Gaulle et Pompidou, entre autres. M. Macron, qui inaugura son règne quinquennal dans la cour du Louvre royal, ne doit pas oublier que le décor de sa victoire doit aussi à ce lointain passé qui, en définitive, n'est jamais complètement dépassé, source d'une mémoire active et encore vive d'une réflexion politique qui pose le temps comme un élément fondateur de toute puissance pérenne et visible. 

    louvre.jpgL’État ne doit pas être un simple organe d'administration économique, comme le souhaiteraient les adeptes d'un libéralisme oublieux du Bien commun et partagé ; il se doit d'être le protecteur des arts et des pierres qui fondent la nation, avant que d'en être le financier ultime si besoin est. Cela implique aussi de ne pas laisser le passé nous commander mais d'en préserver les fondations solides sans lesquelles il n'est pas d'avenir souverain possible: la France n'est pas, ne doit pas être un musée. Mais elle doit être elle-même, libre, dans une logique permanente de « tradition critique » et de « fidélité créatrice ». Le bon usage de notre riche patrimoine peut en être une illustration utile et, en tout cas, nécessaire : oublier cela serait, non seulement un risque pour la pérennité de ce qui est, mais un péril pour ce que nous sommes au regard du monde et de l'histoire...     

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

    A lire sur Lafautearousseau ...

    Un coup de chapeau à Stéphane Bern pour son courage dans la défense du patrimoine !

  • Maurras et le Fascisme [9]

    Drieu la Rochelle - Mussolini 

    Par Pierre Debray

    Nouveau Microsoft Publisher Document.jpgC'est une étude historique, idéologique et politique, importante et profonde, que nous publions ici depuis quelques jours. Elle est de Pierre Debray et date de 1960. Tout y reste parfaitement actuel, sauf les références au communisme - russe, français ou mondial - qui s'est effondré. L'assimilation de l'Action française et du maurrassisme au fascisme reste un fantasme fort répandu des journalistes et de la doxa. Quant au fascisme en soi-même, si l'on commet l'erreur de le décontextualiser de sa stricte identité italienne, il reste pour certains une tentation, notamment parmi les jeunes. On ne le connaît pas sérieusement. Mais il peut-être pour quelques-uns comme une sorte d'idéal rêvé. Cette étude de Pierre Debray dissipe ces rêveries. Elle s'est étalée sur une dizaine de jours. Ceux qui en auront fait ou en feront la lecture - car elle restera disponible - en ressortiront tout simplement politiquement plus compétents. LFAR

     

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    Le fascisme français (suite)  

    Déat et ses amis s’inspiraient du « plan de travail » élaboré, vers le même moment, par Henri de Man, qui venait de s’emparer de la direction du parti ouvrier belge. Henri de Man préconisait la nationalisation du crédit et des monopoles de fait, la rationalisation et l’élargissement des marchés intérieurs. 

    Néanmoins, la petite et la moyenne industrie, l’artisanat et, bien entendu, l’agriculture demeureraient sous le contrôle de l’initiative privée. 

    Lui aussi soutenait que ces réformes exigeaient un État fort. Dès 1929, Paul Henri Spaak et lui-même parlaient déjà de la nécessité d’une « démocratie autoritaire ». L’Assemblée nationale, en particulier, devrait être assistée de « conseils consultatifs dont les membres seraient choisis en partie en dehors du parlement, en raison de leur compétence reconnue ». Ce qui revenait à légaliser les brain-trusts d’inspiration technocratique, qui, toujours à la même époque faisaient leur apparition dans l’Amérique de Roosevelt. 

    Par la suite, Henri de Man, dans Après coup, donnera une assez bonne définition des objectifs qu’il poursuivait. Il s’agissait de substituer à la lutte des classes de style marxiste, qu’il estimait périmée, « le front commun des couches sociales productrices contre les puissances d’argent parasitaire ». Ce qui n’était rien d’autre que le programme même de Mussolini.

    1329043862_Mounier.jpgLe Duce, à l’époque, était d’ailleurs fort loin de faire figure, dans les milieux de gauche, de réprouvé. C’est ainsi que, dans la revue Esprit qu’il venait de fonder afin de renouveler, de l’intérieur, la démocratie chrétienne, Emmanuel Mounier (photo) traitait de l’expérience italienne avec une sympathie qu’il ne songeait pas à déguiser. Il en condamnait certes l’aspect totalitaire, mais il n’hésitait pas à se montrer dans les congrès aux côtés des jeunes dirigeants du syndicalisme fasciste. 

    La grande crise de 1929 faisait plutôt apparaître Mussolini comme une manière de précurseur. En effet, nous mesurons mal à distance l’ébranlement prodigieux provoqué par le grand krach boursier et la vague de chômage qui déferla à sa suite comme un mascaret et faillit bien emporter le capitalisme. 

    Les remèdes classiques empruntés à la pharmacopée du libéralisme se révélèrent non seulement inefficaces, mais nocifs. C’est que les économistes libéraux continuaient de raisonner comme si l’ouvrier continuait d’être uniquement un producteur. Effectivement, au XIXe siècle, il ne consommait qu’une fraction négligeable des produits de l’industrie, l’essentiel de son salaire étant absorbé par l’alimentation. Depuis, cependant, il s’était organisé, et, grâce à la lutte syndicale, il était parvenu à élever son niveau de vie, si bien qu’il n’était plus exclusivement, pour la grande industrie, un producteur, mais aussi un consommateur, dont elle ne pouvait plus se passer. Le premier, l’Américain Ford, avait pris conscience de ce phénomène nouveau. Il en avait déduit la nécessité, pour le patronat, de pratiquer désormais une politique de haut salaire. 

    On se rendit compte qu’on ne sortirait de la crise qu’à l’unique condition de fournir aux chômeurs, fût-ce artificiellement, le pouvoir d’achat qui leur manquait. Il est remarquable que l’Allemagne d’Hitler et l’Amérique de Roosevelt s’engagèrent simultanément dans la même voie. Les chômeurs furent employés par l’État à des grands travaux « improductifs » (ainsi les autoroutes allemandes). Ce qui supposait l’abandon de l’étalon or et de la conception traditionnelle de la monnaie. Dans sa célèbre « théorie générale », l’Anglais Keynes s’efforça de fonder en doctrine ce renversement de l’économie classique. L’Italie fasciste, où le chômage sévissait à l’état endémique, depuis la fin de la guerre mondiale, avait la première montré l’exemple, en utilisant son surcroît de main-d’œuvre à l’assèchement des marais pontins. 

    Si bien qu’elle fut, avec la Russie stalinienne, le seul pays que la grande crise de 1929 ne bouleversa pas. On comprend, dans ces conditions, l’incontestable prestige qu’en retira le Duce.

    Ceux des contemporains qui étaient imprégnés d’idéologie socialiste et démocratique, en tirèrent deux conséquences. D’une part, que la révolution économique qui s’opérait s’accomplissait dans le cadre national. D’autre part, qu’elle n’avait pas été réalisée par le bas, grâce à une pression des masses, mais par le haut, grâce à l’initiative gouvernementale. Ce n’étaient ni les lois universelles de l’économie, ni l’insurrection généralisée du prolétariat mondial qui avaient contraint le capitalisme à s’organiser en dehors du libéralisme, mais les décisions de l’État, et, qui plus est, d’un État national, utilisant des méthodes de police économique. 

    AVT_Pierre-Drieu-La-Rochelle_1276.jpgEn France, il n’y eut sans doute que Drieu la Rochelle (photo) pour aller jusqu’au bout de l’analyse. Cherchant à fonder la doctrine d’un « socialisme fasciste », il expliquait qu’il s’agissait d’une « adaptation à la révolution industrielle ». 

    Selon lui, le régime parlementaire correspondait à la libre concurrence du premier âge capitaliste. Au XIXe siècle, il y avait une libre concurrence des idées, comme une libre concurrence des produits. Désormais cependant, l’économie se trouvait contrainte de s’organiser, de se discipliner. Elle n’y pourrait parvenir qu’à condition d’être soumise à une « police de la production » et donc indirectement de la répartition des biens. Cette police, remarquait Drieu, n’était susceptible de s’exercer que par les moyens éternels de la police. 

    Incapables de s’organiser et de se discipliner eux-mêmes, les capitalistes se voyaient obligés de confier ce soin à l’État, même si la fiction de la propriété privée était conservée. Ainsi le parti unique de style fasciste représentait l’agent de police de l’économie. 

    Selon Drieu, « une nouvelle élite de gouvernement apparaît et alentour se forme une nouvelle classe d’appui et de profit » qui est formée « d’éléments empruntés à toutes les classes ». Elle comprend en effet la bureaucratie politique des militants du parti unique, qui constitue l’appareil d’État, la bureaucratie syndicale chargée de ob_e701dc_six-fevrier-4.jpgl’encadrement des masses et aussi bien les bureaucrates de l’économie, car « les propriétaires se transforment en de gros fonctionnaires, non pas tant héréditaires que se recrutant par cooptation – et partageant le prestige et l’influence avec leurs surveillants étatistes ». On remarquera que le livre de Drieu date de 1932 – c’est-à-dire de ce moment crucial qui précède le 6 février (photo). 

    Drieu disait du fascisme mussolinien qu’il était un demi socialisme et du communisme stalinien qu’il était un demi fascisme. Sur ce point, il était bon prophète. Il s’agit effectivement de deux régimes qui vont à la rencontre l’un de l’autre, parce qu’ils recouvrent, en définitive, une réalisation sociale assez semblable. Le régime que préconise Drieu en 1932 ne recouvre-t-il pas exactement celui que décrit l’ancien compagnon de Tito, Djilas, dans son livre La Nouvelle Classe, publié à New-York, il y a quelques années ?    (A suivre)

    Illustration ci-dessus : Pierre Debray au rassemblement royaliste des Baux de Provence [1973-2005]

    Lire les article précédents ...

    Maurras et le Fascisme  [1]  [2]  [3]  [4]  [5]  [6]  [7]  [8]

  • Où Zemmour évoque Voltaire ... Les 300 rats dont il est question sont aujourd'hui au pouvoir ... en pire

    Le lever de Voltaire de Jean Huber (vers 1768-1772) Voltaire enfile sa culotte en dictant une lettre

     
    « Voltaire est libéral mais pas démocrate :

     "J'aime mieux obéir à un seul tyran qu'à 300 rats de mon espèce". »

    Voltaire, de Funès et Rousseau

    Voltaire est un de Funès lettré, un de Funès en majesté ; un de Funès en robe de chambre et perruque coiffée d'un bonnet de patriarche. Le personnage incarné par Louis de Funès, avec un génie comique incomparable, traduisait l'avènement, dans la France pompidolienne du milieu du XXe siècle, d'une nouvelle bourgeoisie, avide et brutale, amorale et cynique, pressée de faire fortune et de parvenir. Voltaire incarne, avec un génie littéraire incomparable, l'avènement, dans la France de Louis XV du milieu du XVIIIe siècle, d'une nouvelle bourgeoisie, avide et brutale, amorale et cynique, pressée de faire fortune et de parvenir. La même soif de reconnaissance. Le même arrivisme. Le même mépris de classe. Le même darwinisme libéral. La même cruauté sociale. Le même règne de l'argent…

    Voltaire est libéral mais pas démocrate : « J'aime mieux obéir à un seul tyran qu'à 300 rats de mon espèce. » Son régime idéal est le despotisme éclairé… Il inaugure une nouvelle race d'écrivains, qu'on appellera un siècle plus tard «intellectuels», qui ont pour caractéristique commune d'aduler les despotes, mais seulement quand ils sont étrangers: allemands, italiens, russes, algériens, égyptiens, africains, vietnamiens et même chinois. Encore plus loués et louangés et flattés lorsqu'ils sont les ennemis de la France… Seul Rousseau, une fois encore, a compris ce qui se trame ; seul Rousseau a dénoncé l'entourloupe: « Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher au loin dans leurs livres des devoirs qu'ils dédaignent de remplir autour d'eux ; tel philosophe aime les Tartares pour être dispensé d'aimer ses voisins »  

    Extrait de son dernier livre - qui vient de paraître

    Destin français, d'Eric Zemmour, Albin Michel, 569 p., 24, 50 € 

  • Difficile rentrée

     

    Par Hilaire de Crémiers 

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    À quoi sert le remaniement ministériel ? 

    Tout était nouveau ; tout devait être beau, facile, agréable. C’était il y a un an. La France ne pouvait que sortir du marasme et les Français que retrouver leur enthousiasme. L’illusion n’a pas duré le temps d’une année. Macron s’est cru un cas unique ; il ressemble de plus en plus à ses prédécesseurs : même chute de popularité, même déception, même recherche désespérée dans toutes les directions d’électorats divers et variés pour regarnir sa gibecière vidée, et jusqu’aux chasseurs ! Cet exercice le force à des contradictions insurmontables qu’aucun « en même temps » ne résoudra.

    le-ministre-de-la-transition-ecologique-et-solidaire-nicolas-hulot-ici-le-27-juin-2018-a-paris_6080750.jpgNicolas Hulot a quitté le gouvernement. C’était prévisible. Il l’a fait sans ménagement ; il a démissionné sans se présenter devant le chef de l’État ni devant le chef du gouvernement. Il s’est cru insulté ; il a insulté en retour ! Il avait le sentiment d’être un pantin, ce qui était évident. Le ministre de la Transition écologique ne peut être qu’une sorte de caution morale dans un gouvernement de techniciens, pour ne pas dire de technocrates, chargé de faire adopter des mesures économiques commandées par Bruxelles et sous la pression d’une conjoncture de moins en moins favorable. L’écologie politique n’est qu’un discours. Arrêter le nucléaire est impossible et serait suicidaire ; construire des éoliennes sur tous les horizons commence à indisposer les Français qui se sentent violenter. Le reste ne peut être que des mesurettes entre l’absurde, l’inutile, le superflu qui coûte toujours cher. Hulot n’est pas à plaindre ; il retournera à cette écologie profitable qui est sa marque de fabrique et qui lui donne de solides revenus. Son discours se vendra d’autant plus cher.

    À l’heure où s’imprime ce numéro de Politique magazine, le successeur n’est pas encore connu. Il suffit de savoir que Daniel Cohn-Bendit a été, un moment, pressenti pour comprendre que Macron n’a pas changé de stratégie. Le prochain titulaire, quel qu’il soit, sera donc nécessairement un sous-Cohn-Bendit et un sous-Hulot ! Un choix pour la com’ et un choix par défaut !

    Le chef de l’État ne sait pas ce qu’est la France. Il joue avec des notoriétés médiatiques, des équilibres d’influence. Sa politique dite d’ouverture s’enferme sur elle-même ; elle s’enroule inéluctablement dans un cercle fermé de connivences qui ne tournent qu’autour de sa personne. À quoi sert le remaniement ?

    80c3ac97e4ec9fa251766baab9fb79a5-patrimoine-je-ne-veux-pas-etre-un-cache-misere-stephane-bern-menace-de-quitter-sa-mission.jpgC’est si vrai que Stéphane Bern fait savoir aussi son mécontentement. Et, lui, il sait de quoi il parle : le patrimoine français, il le connaît et vraiment : villages, villes, clochers, châteaux. Il a vu, commenté, apprécié ; il défend et promeut avec sincérité, s’étant lui-même personnellement mis à la tâche. Il ne fait pas de politique : il cherche à sauver des monuments ; il essaye de trouver de l’argent ; il travaille ; il fixe des priorités. Le ministère de la Culture est dirigé n’importe comment ; y a sévi jusqu’à aujourd’hui une dame qui est en froid avec la justice, qui, enivrée par son poste, s’est crue arrivée et qui est incapable d’assurer les directions de son ministère dont plusieurs sont privées de titulaire. Le ministère ne vient pas en aide à une personnalité comme Stéphane Bern ; il dépense son maigre argent à tout-va pour des questions de prestige et sur les choix idéologiques et capricieux de Madame. Sa sotte suffisance a déjà fait démissionner la commission chargée des commémorations nationales. Maintenant, elle a décidé, pour faire plaisir aux gens d’argent – telle est la macronie –, d’écarter des décisions concernant le patrimoine les architectes des bâtiments de France : ces hauts fonctionnaires d’une remarquable culture – nous en avons encore – sont les vrais gardiens de notre patrimoine. Stéphane Bern menace de démissionner lui aussi ; il ne veut pas être condamné à jouer les utilités. Alors qui, demain, au ministère de la Culture ?

    La macronie est-elle capable d’offrir un candidat de valeur ? Et Macron est-il capable de choisir en dehors de ses calculs personnels. À quoi sert le remaniement ?

    À prendre tous les ministères, les uns après les autres, y compris les régaliens, les mêmes problèmes se posent partout : la Justice, l’Intérieur, la Défense, les Affaires étrangères, l’Économie et le Budget. Ni la sécurité intérieure, ni la sécurité extérieure ne sont assurées ; la France est envahie et n’est pas défendue. Les migrants sont livrés aux passeurs et aux marchands de sommeil. Et les Français doivent payer et toujours payer…Et ne parlons pas de Madame Schiappa qui a soulevé l’indignation de toutes les associations de défense des enfants mineurs pour son refus de fixer un âge minimum de protection légale de l’enfance face aux prédateurs sexuels. À croire que… Mais elle est connue pour sa propre littérature et son soutien personnel à toutes les déviances ! C’est qu’on est en macronie.

    40321010_762783734060210_4002064566660890624_o.jpgLes Français se sont trompés d’homme fort : une fois de plus ! Il faudrait un gouvernement resserré et rassemblé avec de fortes personnalités, toutes vouées au seul service de la France. Car, après tout, c’est pour cet unique but qu’il existe un État français. Les Français sont lassés des discours ; ils sont indignés d’un chef de l’État qui passe sont temps à l’Étranger à les insulter. Et qui pense qu’il n’existe pas plus de Français que de Danois ! Macron lutte contre « le nationalisme », c’est sa ligne électorale, tout en étant obligé de constater que le « nationalisme » renaît partout. Concrètement, il alimente celui des autres pendant qu’il ne cesse d’affaiblir politiquement, économiquement, socialement, ce qui peut rester encore de forces françaises.

    Cet homme n’aime pas la France, il s’aime lui-même. À quoi sert le remaniement ?    

    Hilaire de Crémiers

    A lire sur Lafautearousseau ...

    Un coup de chapeau à Stéphane Bern pour son courage dans la défense du patrimoine !

    La démission de Nicolas Hulot une catastrophe nationale ? Faut rire !

  • Maurras et le Fascisme [8]

    Blum versus Mussolini 

    Par Pierre Debray

    Nouveau Microsoft Publisher Document.jpgC'est une étude historique, idéologique et politique, importante et profonde, que nous publions ici en quelques jours. Elle est de Pierre Debray et date de 1960. Tout y reste parfaitement actuel, sauf les références au communisme - russe, français ou mondial - qui s'est effondré. L'assimilation de l'Action française et du maurrassisme au fascisme reste un fantasme fort répandu des journalistes et de la doxa. Quant au fascisme en soi-même, si l'on commet l'erreur de le décontextualiser de sa stricte identité italienne, il reste pour certains une tentation, notamment parmi les jeunes. On ne le connaît pas sérieusement. Mais il peut-être pour quelques-uns comme une sorte d'idéal rêvé. Cette étude de Pierre Debray dissipe ces rêveries. Elle s'étalera sur une dizaine de jours. Ceux qui en feront la lecture en ressortiront tout simplement politiquement plus compétents. LFAR

     

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    Le fascisme français 

    L’essai de M. Paul Sérant, parce qu’il se borne à l’étude des réactions, d’ailleurs plus passionnelles que concertées, d’écrivains, risque d’accréditer la légende selon laquelle le fascisme serait un phénomène politique de droite. En fait, les auteurs dont il traite ont tous, à l’exception de Céline, plus ou moins fleureté avec les milieux nationalistes. 

    À la vérité, il ne saurait y avoir de fascisme français que jacobin. Marcel Déat devait en apporter, sous l’Occupation, une démonstration irréfutable. Il n’avait pas de peine à découvrir dans Le Contrat social de Jean-Jacques Rousseau, les fondations idéologiques de l’État totalitaire. « Il y a eu, écrivait-il, tout au long des cent cinquante années, une école démocratique autoritaire », qu’il suffirait de prolonger pour retrouver, sous une forme authentiquement nationale, l’inspiration même du fascisme italien et du national-socialisme allemand. Selon lui, « la révolution française comme la révolution allemande* sont pour une large part des mouvements nationaux, une affirmation unitaire irrésistible. Voilà qui entraîne quelques conséquences et permet quelques rapprochements. C’est par là que s’explique l’esprit totalitaire du jacobinisme, par là que se manifeste le rôle de l’État, c’est de là que part l’incontestable socialisme montagnard ». On ne saurait mieux dire. 

    Sans doute, s’est-il trouvé, dans la droite française, quelques esprits faibles que troublaient les succès de Mussolini, et qui prétendaient fabriquer un fascisme français tout d’imitation, en se contentant de reprendre les uniformes et les rites des lig10.jpgfaisceaux de combat, c’est-à-dire l’aspect purement extérieur, et contingent (photo). Le premier en date d’entre eux fut Georges Valois, qui devait d’ailleurs finir communiste après quelques péripéties intellectuelles assez pitoyables. Il est troublant que cet exemple malheureux ait eu quelque pouvoir de fascination sur un journaliste qui, plus récemment, prétendait lui aussi « recommencer Maurras », en attendant de finir comme bas agent de M. De Gaulle. Ce qui est du reste une fin plus logique qu’il pourrait sembler au premier abord. 

    Et dépit du soutien de cette haute finance qu’il insultait publiquement, tout en la courtisant en secret, Valois n’a guère duré plus d’une saison. Son fascisme n’était en réalité qu’une diversion, simple tentative pour diviser l’Action française dont le pouvoir craignait les menaces. Quant aux Ligues, comme les « Jeunesses patriotes », il leur arriva sans doute d’utiliser certaines des techniques d’action de propagande du fascisme, mais elles ne faisaient que continuer le vieux courant, plébiscitaire et boulangiste, plus puissant d’ailleurs à Paris que dans les provinces, que l’on ne saurait ni socialement, ni idéologiquement, confondre avec le fascisme. 

    Les seules tentatives sérieuses furent conduites par des éléments socialistes ou socialisants. L’histoire des mois fiévreux qui précédèrent le 6 février 1934, reste sans doute à faire. On ne saurait trop souhaiter que les témoins, et je pense en particulier à Georges Calzant, apportent à cet épisode mal connu de notre histoire nationale, l’irremplaçable contribution de leurs souvenirs.

    Qu’il suffise d’évoquer les conciliabules entre journalistes de droite et politiciens de gauche, comme Eugène Frot, ou ce « Plan du 9 juillet », préfacé par Jules Romains qui préconisait – assez voisin de celui mis en place plus tard par Charles De Gaulle : renforcement de l’exécutif, vote de défiance contre le ministère entraînant la dissolution automatique, Sénat ne pouvant ni renverser le gouvernement, ni être dissous. Ce sont les promoteurs du « Plan du 9 juillet » qui avancèrent les premiers l’idée d’une école polytechnique d’administration, véritable séminaire technocratique pour hauts fonctionnaires. On sait que Jean Zay, ministre de Léon Blum, la fera sienne et que M. Michel Debré la réalisera en 1945, par l’installation de l’École Nationale d’Administration. On trouvait d’ailleurs, dans l’aréopage du Plan du 9 juillet, à côté de jeunes socialistes comme P. O. Lapie, des hommes comme Philippe Boegner et Louis Vallon, dont on n’ignore pas le rôle qu’ils devaient jouer par la suite dans l’entourage du gaullisme.

    Néanmoins, c’est lors du trentième congrès du parti S.F.I.O., réuni à partir du 14 juillet 1933 à la Mutualité, qu’on vit éclater une révolte qui pouvait faire penser à celle qui avait dressé, à la veille de la première guerre mondiale, Mussolini contre les « officiels » du socialisme. Le congrès, en principe, était chargé de régler un obscur différend entre la commission exécutive du parti et le groupe parlementaire, accusé d’avoir soutenu un « gouvernement bourgeois ». Bientôt, il apparut que cet incident servait de prétexte à une offensive en règle conduite par Max Bonnafous, Adrien Marquet, député-maire de Bordeaux et surtout Marcel Déat. Lorsque 738_discours_de_leon_blum_au_congres_socialiste_1932_2_wiki.jpgMarquet déclara que la France entrait « dans la phase qui préparera et permettra la réalisation des idéologies du XIXe siècle, chaque nation constituant, dans son cadre intérieur, un pouvoir fort qui se substituera à la bourgeoisie défaillante », Léon Blum s’écria (photo) : « je suis épouvanté ». De même il murmura, dit-on, « c’est presque du fascisme » en entendant le jeune Charles Lussy soutenir que « c’est par le gouvernement qu’on peut faire la révolution ». 

    Les hérétiques furent d’ailleurs battus, très largement, en dépit des succès de 106500240-612x612.jpgtribunes que Déat surtout avait remportés (photo), car Léon Blum tenait solidement l’appareil du Parti. Quelques semaines plus tard, ils quittèrent la S.F.I.O., qui perdit à cette occasion quelque chose comme vingt mille adhérents. Néanmoins, ceux que l’on nommait désormais les néo-socialistes ne parvinrent pas à conquérir une base militante. Ils se trouvèrent réduits à s’amalgamer à quelques autres groupuscules pour constituer, sous la houlette de Paul-Boncour, « l’union socialiste et républicaine », qui n’eut jamais d’importance que dans l’arithmétique parlementaire. 

    Les néo-socialistes s’opposaient à Léon Blum sur deux points essentiels. D’une part, ils répudiaient la fiction de l’internationalisme prolétarien, soutenant que « c’est autour de l’axe national que gravite aujourd’hui toute l’action économique réelle ». D’autre part, ils entendaient s’appuyer sur les classes moyennes, qui, menacées selon eux de prolétarisation par l’action du capitalisme financier, devenaient révolutionnaires.

    Il est remarquable qu’à l’époque, Léon Blum voyait lui aussi dans le stalinisme et le fascisme des « formes intermédiaires entre le capitalisme et le socialisme ». Les néo-socialistes en profitaient pour lui opposer la nécessité de créer, également en France, l’une de ces formes intermédiaires plutôt que de poursuivre indéfiniment la réalisation d’un « socialisme pur » pour l’heure utopique.    (A suivre)

    *Celle d’Hitler

    Illustration ci-dessus : Pierre Debray au rassemblement royaliste des Baux de Provence [1973-2005]

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    Maurras et le Fascisme  [1]  [2]  [3]  [4]  [5]  [6]  [7]

  • Euro : Au bord du précipice

     

    Par Antoine DUPERTUIS

    Royaliste numero 1150_Page_01.jpgL’écrasante majorité des Français - responsables politiques et dirigeants économiques inclus - croient à tort que l’euro est une monnaie unique. Nous avons relevé cette courte mais intéressante chronique dans la dernière livraison de Royaliste*. Elle informe, explique, instruit. Évite que nos positions en matière européenne se réduisent à des caricatures et à des slogans, comme elles le font trop souvent dans le camp eurosceptique, dont nous sommes  LFAR  

    En réalité, les banques centrales nationales n’ont pas été supprimées. L’euro est un système de monnaies nationales (euro-franc, euro-mark, euro-peseta, etc.), toutes dénommées « euro » et liées entre elles par un taux de change fixe et perpétuel de 1 pour 1. De plus, l’euro n’est pas une créance sur la BCE mais sur l’Eurosystème, qui comprend la BCE et les 19 banques centrales nationales participantes. Cette architecture monétaire s’appuie sur le dispositif Target-2, un système de paiement interne à l’Eurosystème entre banques centrales de la zone euro qui permet aux banques commerciales de transférer des fonds en temps réel par-delà les frontières des Etats membres. Les soldes Target-2 permettent d’identifier les pays créanciers et débiteurs vis-à-vis de tous les autres.

    C’est un baromètre des flux de capitaux internes et de la fragmentation financière au sein de l’Union économique et monétaire. Par exemple, lorsqu’un agent économique italien achète un bien à une contrepartie allemande, la transaction apparait comme une créance de la Banque centrale allemande (Bundesbank) envers l’Eurosystème et comme une dette de la Banque centrale d’Italie. La Banque centrale allemande crée au taux de 1 pour 1, en contrepartie d’une créance en euro-lires détenue dans son bilan (monnaie douteuse), des euro-marks (bonne monnaie) qui seront crédités sur le compte bancaire de la contrepartie allemande.
    Or, les divergences de compétitivité entre les pays de la même zone monétaire provoquent avec Target-2 une dégradation continuelle de la solidité de la Bundesbank par le gonflement important des créances douteuses de cette dernière sur les Banques centrales nationales des pays déficitaires. Par ce mécanisme, la Bundesbank, dont le bilan total n’était que de 250 milliards au début de l’euro, va prochainement détenir une position créditrice vis-à-vis de l’Eurosystème de 1000 milliards d’euros, pendant que l’Italie en est déjà à une position débitrice de plus de 460 milliards d’euros !

    En cas de sortie de la zone euro d’un pays déficitaire, les créances de la Bundesbank sur celui-ci seront exigibles et non remboursables au vu des montants en jeu. Il s’agit d’un risque d’appauvrissement considérable pour l’Allemagne, qui l’emporte nettement sur ses excédents commerciaux. Rien d’étonnant alors à ce que pas moins de 154 économistes allemands de haut niveau, dans une tribune publiée par le Frankfurter Allgemeine Zeitung en mai dernier, aient recommandé une procédure de sortie de l’euro…L’Allemagne, première nation à sortir de cette monnaie funeste ?  ■ 

    * 10 - 23 septembre 2018

  • Le nationalisme c’est la vie

     

  • Maurras et le Fascisme [7]

    Mussolini, 1923 

    Par Pierre Debray

    Nouveau Microsoft Publisher Document.jpgC'est une étude historique, idéologique et politique, importante et profonde, que nous publions ici en quelques jours. Elle est de Pierre Debray et date de 1960. Tout y reste parfaitement actuel, sauf les références au communisme - russe, français ou mondial - qui s'est effondré. L'assimilation de l'Action française et du maurrassisme au fascisme reste un fantasme fort répandu des journalistes et de la doxa. Quant au fascisme en soi-même, si l'on commet l'erreur de le décontextualiser de sa stricte identité italienne, il reste pour certains une tentation, notamment parmi les jeunes. On ne le connaît pas sérieusement. Mais il peut-être pour quelques-uns comme une sorte d'idéal rêvé. Cette étude de Pierre Debray dissipe ces rêveries. Elle s'étalera sur une dizaine de jours. Ceux qui en feront la lecture en ressortiront tout simplement politiquement plus compétents. LFAR

     

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    De nombreux paysans de la plaine de Pô désiraient passer de la condition d’ouvrier agricole à celle de propriétaire. Ils se heurtèrent aux ligues, qui s’opposèrent à l’achat, n’acceptant qu’une location collective. Mussolini prit hardiment le parti des aspirants propriétaires, lançant le mot d’ordre « la terre à ceux qui la travaillent ». En d’autres termes, tout comme Lénine en Russie, il fondait son action sur le mot d’ordre le plus apte à entraîner les paysans pauvres. Ceux-ci rejoignirent les faisceaux à l’appel de deux vieux militants syndicalistes, Umberto Pasella, futur secrétaire Michele_Bianchi_Portrait.jpggénéral des faisceaux, et Michele Bianchi (photo), qui sera l’un des quadriumvirs de la marche sur Rome. Michele Bianchi, en particulier, était très populaire pour avoir mené dans toute l’Émilie les grèves agricoles entre 1907 et 1913. 

    Dans la plaine du Pô la bataille entre les ligues social-démocrates et les faisceaux fut rude, mais l’appui de la majorité de la petite paysannerie permit à Mussolini de sortir victorieux du conflit. Les socialistes officiels et les communistes commirent l’erreur de tenter de se venger en assassinant des fascistes. Les faisceaux ripostèrent par des expéditions punitives. Tous ceux qui se rendaient compte que l’agitation maximaliste jetait l’Italie dans un chaos dont rien ne sortirait rejoignirent Mussolini. Les statistiques datant de novembre 1912 donnent une image assez exacte de l’origine sociale des fascistes : 15% d’ouvriers des villes, 24% d’ouvriers agricoles, 12% de paysans propriétaires, 13% d’étudiants, 10% d’employés, 10% de commerçants, 3% d’industriels, 10% d’enseignants, 5% de fonctionnaires, etc. 

    Les faisceaux constituaient de simples groupements de combat. Mussolini eut le plus grand mal à les transformer en un parti. Il faillit même perdre le contrôle de son organisation. Pourtant, il parvint à franchir le passage toujours délicat de l’action violente à la conquête politique des masses. Ce qui lui donna le Pouvoir. En réalité, il ne disposait que d’un instrument fragile, d’autant que les deux seuls militants de grande valeur dont il disposait moururent prématurément, l’un, Corrodini à la guerre, l’autre, Michele Bianchi, d’épuisement après la prise du pouvoir, dont il avait été l’un des grands artisans. Le parti national fasciste insuffisamment trempé à l’inverse du parti bolchevique de Lénine, s’embourgeoisa rapidement. Mussolini resta toute sa vie un homme seul. Par ailleurs, il lui avait fallu composer d’une part avec la Maison de Savoie, qui conservait la fidélité de l’armée, d’autre part avec l’Église, si bien que le socialisme fasciste dégénéra, à son tour, en mouvement réformiste. 

    À la vérité, l’Italie n’était pas la Russie. Elle manquait des ressources en hommes et en matières premières dont a besoin un pays de vocation mondiale. L’impérialisme fasciste dut prendre un caractère territorial plutôt qu’idéologique. Il se heurta à la Grande-Bretagne. On sait ce qui s’ensuivit et comment l’Italie fut entraînée aux côtés de l’Allemagne dans la Seconde Guerre mondiale, ce qui provoqua l’effondrement sans gloire du régime.

    Donc le fascisme constitue un mouvement révolutionnaire qui a avorté, non pas de la faute de Mussolini, mais du fait des circonstances contraires. Il est permis de se demander pourquoi un tel mouvement est apparu à la plupart des contemporains comme situé à droite et non pas à gauche ? Il y a deux raisons : d’une part, Mussolini s’est présenté comme un défenseur de l’autorité, d’autre part, comme un adversaire du régime parlementaire. L’autorité, pour quoi faire ? Elle peut être destinée à restaurer un ordre traditionnel ou au contraire à rendre plus efficace une entreprise de subversion. On ne saurait prétendre que l’Union Soviétique soit un pays où l’autorité fasse défaut. L’hostilité au parlementarisme ? Rien que de commun aux révolutionnaires et aux contre-révolutionnaires. Lénine critique la démocratie « libérale » avec autant de violence que Charles Maurras. Le socialisme révolutionnaire auquel appartient Mussolini a toujours affirmé son mépris des députés.

    L’équivoque de l’autorité et de l’antiparlementarisme, a été utilisée plus récemment par un autre homme de gauche, Charles De Gaulle, afin de piper l’opinion nationale, de la même manière que Mussolini. Le césarisme, fasciste ou gaulliste, conduit à l’aventure militaire et finalement au désastre, par le mouvement propre au le-romantisme-des-ecrivains-fascistes-français-1.jpgjacobinisme en action. On comprend ainsi l’erreur intellectuelle de ces hommes dont Paul Sérant décrit l’itinéraire politique, qui passèrent de l’Action française ou de ses marges au fascisme sans même se rendre compte qu’ils allaient de la contre-révolution à son contraire (photo). 

    Maintenant que nous avons situé les situations respectives de Mussolini et de Maurras, en montrant à quel point elles furent antagonistes, nous pouvons porter un jugement motivé sur un Brasillach, un Drieu la Rochelle, un Abel Bonnard pour ne pas parler d’un autre, dont le cas relève de la morale et non de la politique.    (A suivre)

    Illustration ci-dessus : Pierre Debray au rassemblement royaliste des Baux de Provence [1973-2005]

    Lire les article précédents ...

    Maurras et le Fascisme  [1]  [2]  [3]  [4]  [5]  [6]

  • Politique magazine numéro d'été : « Macron face aux Gaulois réfractaires »

     

    Au sommaire de ce nouveau numéro :

    UN DOSSIER :  Le coup d’État judiciaire

    ÉGLISE Sortir de l'ambiguïté  

    GÉOPOLITIQUE L’Europe en état de décomposition avancée

    Et aussi dans ce numéro…  54 pages d’actualité et de culture !

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    Sommaire du mois

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  • Poutine, Erdogan et Rohani négocient l’offensive sur Idleb.

     

    Par Antoine de Lacoste

     

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    La Conférence de Téhéran s’est déroulée le vendredi 7 septembre. Le Président iranien Rohani y a accueilli Poutine et Erdogan. Aucun autre invité : ce sont ces trois-là qui ont l’avenir de la Syrie entre leurs mains.

    Mais les divergences sont réelles et la Conférence, sans être inutile, n’a pas permis de les aplanir.

    Russes et Iraniens sont à peu près d’accord à court terme : il faut lancer une offensive générale sur la province d’Idleb, occupée à 60% par le groupe islamiste Hayat tahrir al-Cham (HTC), l’ex Front al-Nosra dont tous les cadres viennent d’al-Qaïda.

    HTC et Daech ne sont que les deux faces de la même pièce, comme le rappellent 5b890800dd99a715688b4568.jpgles autres groupes insurgés sunnites (photo), qui tiennent 40% du territoire et qui ont eu des accrochages sanglants avec HTC.

    Le problème, ce sont justement ces 40% restants : ils sont tenus par des islamistes à la solde des Turcs qui ont d’ailleurs plusieurs postes militaires au cœur même de la province.

    Erdogan n’a pas envie de lâcher ses alliés et surtout il ne veut pas que ce soit ensuite l’occasion pour les Kurdes de se réinstaller près de sa frontière, notamment à Affrin, d’où il les a chassés il y a quelques mois.

    Il a pourtant fait une concession importante en qualifiant Hayat tahrir al-Cham de « groupe terroriste ». C’est une première mais il n’est pas allé plus loin : son objectif était d’obtenir qu’un nouveau cessez le feu soit établi et que le mot figure dans le communiqué final. Il n’a pas eu gain de cause. Poutine, sous le regard amusé de Rohani, a déclaré : « Je pense que, globalement, le Président turc a raison : ce serait une bonne chose. Mais nous ne pouvons pas assurer à leur place qu’ils (les islamistes) arrêteront de tirer ou d’utiliser des drones armés. »

    Rappelons à ce sujet que les bases russes installées non loin d’Idleb font régulièrement l’objet d’attaques de drones armés et Poutine ne peut évidemment accepter que cette situation se prolonge indéfiniment.

    Les Iraniens veulent en découdre comme toujours : en face, ce sont des sunnites et, pour la grande puissance chiite, aucune discussion n’est envisageable.

    Pour les Russes, moins concernés par ces divisions internes à l’islam, il s’agit d’un problème stratégique crucial : il est hors de question de laisser 10 000 combattants islamistes administrer une province sur le territoire syrien.

    L’assaut aura donc lieu, mais ce sera une opération délicate : il ne faut pas se fâcher avec Erdogan et donc éviter de lui tuer ses alliés et que faire si Erdogan envoie des renforts, comme l’armée syrienne est en train de le faire ?

    Les occidentaux eux, sont pathétiquement inutiles : les Américains rappellent tous les trois jours qu’une attaque chimique entraînerait une riposte massive de leur part, ce qui est une façon de laisser faire Poutine tout en laissant la porte ouverte à une nouvelle manipulation. La France et l’Angleterre ont confirmé, comme il se doit.

    Les Russes, de ce fait, ont renforcé leur présence navale au large de la Syrie.

    En attendant l’offensive terrestre, les bombardements russes et syriens ont repris. Leur intensité et le choix des cibles (exclusivement des positions tenues par HTC), montrent que le compte à rebours a commencé.  ■ 

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • Maurras et le Fascisme [6]

    Mussolini, 1923 

    Par Pierre Debray

    Nouveau Microsoft Publisher Document.jpgC'est une étude historique, idéologique et politique, importante et profonde, que nous publions ici en quelques jours. Elle est de Pierre Debray et date de 1960. Tout y reste parfaitement actuel, sauf les références au communisme - russe, français ou mondial - qui s'est effondré. L'assimilation de l'Action française et du maurrassisme au fascisme reste un fantasme fort répandu des journalistes et de la doxa. Quant au fascisme en soi-même, si l'on commet l'erreur de le décontextualiser de sa stricte identité italienne, il reste pour certains une tentation, notamment parmi les jeunes. On ne le connaît pas sérieusement. Mais il peut-être pour quelques-uns comme une sorte d'idéal rêvé. Cette étude de Pierre Debray dissipe ces rêveries. Elle s'étalera sur une dizaine de jours. Ceux qui en feront la lecture en ressortiront tout simplement politiquement plus compétents. LFAR

     

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    Mussolini a justifié son attitude par un article prophétique, quand on songe qu’il date de 1915 : « Notre intervention a un double but : national et international... Elle signifie : contribution à la désagrégation de l’empire austro-hongrois, peut-être révolution en Allemagne et par un contrecoup inévitable, révolution en Russie. Elle signifie, en somme, un pas en avant pour la cause de la liberté et de la révolution...» Et le 12 juin 1914 déjà : « Nous comprenons les craintes du réformiste et de la démocratie devant une telle situation. » 

    Après la victoire, il pourra affirmer : « Nous, les partisans de l’intervention, nous sommes les seuls à avoir le droit de parler de révolution en Italie. » Et il explique Prima-Guerra-Mondiale1-800x400-800x400.jpgque « la guerre a appelé les masses prolétariennes au premier plan. Elle a brisé leurs chaînes. Elle les a extrêmement valorisées. Une guerre de masse se conclut par le triomphe des masses. Si la révolution de 1789 - qui fut en même temps révolution et guerre - ouvrit les portes et les voies du monde à la bourgeoisie, la révolution actuelle qui est aussi une guerre, paraît devoir ouvrir les portes de l’avenir aux masses qui ont fait leur dur noviciat du sang et de la mort dans les tranchées. » 

    Le Mussolini de 1919 qui reconstitue ses faisceaux se donne un programme anarcho-syndicaliste. À la fin de l’année de 1919, il envoie d’ailleurs son « salut cordial » au chef anarchiste Malatesta. Que réclament les faisceaux ? Le suffrage universel avec vote des femmes, la suppression du sénat, vieille revendication de la gauche ; la journée de huit heures avec retraite à 65 ans ; la création de conseils ouvriers pour « perfectionner les démocraties politiques » et permettre la participation du travail à la gestion de l’économie ; le remplacement de l’armée permanente par une milice nationale « purement défensive » avec de courtes périodes d’instruction. Il est remarquable que lors du congrès de Vérone, du 17 novembre 1943, Mussolini, libéré par les Allemands de sa prison, reprendra son programme originel. 

    320px-Fasces_lictoriae.jpgLe mot de faisceau n’a du reste pas été forgé par lui. Il est apparu pour la première fois en Sicile aux alentours de 1890, où il désignait des groupes d’anarcho-syndicalistes, qui s’attaquaient aux féodaux. Ainsi que l’écrit M. Prelot, les premiers fascistes « sortis du socialisme par la porte de gauche, celle du syndicalisme révolutionnaire, ces soréliens, ces blanquistes reprochent surtout aux “ officiels ” d’être des révolutionnaires pour rire qui dissertent et palabrent toujours sur le grand soir, sans se décider jamais à agir... » 

    Certes, l’événement justifiait Mussolini. « Mai 1915 a été, affirmait-il, le premier épisode de la révolution, son commencement. » Effectivement, l’entrée en guerre de l’Italie avait provoqué un rapide développement de l’industrie lourde et la constitution de masses prolétariennes. La fin du conflit trouvera l’Italie dans un état d’épuisement financier qui rendra impossible la reconversion de l’économie de guerre. D’où le chômage, générateur de convulsions sociales. Mussolini n’en aura cependant pas le profit. Les sociaux-démocrates joueront contre lui du pacifisme populaire. En 1919, il essuiera à Milan un terrible échec électoral, n’obtenant que 4 657 voix contre 70 000 aux socialistes orthodoxes. Il écrira dans un mouvement de découragement : « À nous qui sommes les morituri de l’individualisme, il ne reste pour le présent obscur et le lendemain ténébreux que la religion désormais absurde, mais toujours consolante de l’anarchie. » 

    Le 3 décembre 1919, c’est la grève générale. Les mouvements populaires se continueront tout au long de l’année 1920 par des occupations d’usine et des révoltes agraires. L’historien fasciste Valsecchi écrira plus tard que « le parti socialiste n’avait qu’à tendre la main vers le pouvoir d’État pour s’en emparer, mais il eut peur de le faire et montra son impuissance ». En réalité, la social-démocratie était partagée en trois tendances : réformiste qui craignait l’action violente, maximaliste, qui au contraire y poussait sans savoir l’organiser, communiste repliée sur un sectarisme que Lénine leur reprochera durement. Sa défaite ne s’explique cependant pas uniquement par sa division. Il manquait aux travailleurs en lutte un appui militaire. L’armée régulière maintenue dans une stricte discipline et les anciens combattants voyaient avec mépris et colère le désordre s’installer sans que le gouvernement semblât désireux de lutter.

    Mussolini comprit que le socialisme n’aboutirait pas sans l’union des producteurs et des soldats. Là-dessus il était d’accord avec Lénine. Les soviets de 1917 ne s’intitulent-ils pas soviets d’ouvriers et de soldats ? Les fascistes avaient commencé par encourager les occupations d’usine et même ils avaient tenté de les transformer en expropriations. Le 17 mars, la maison Franchi Grigorini de Dalminé ayant refusé un relèvement de salaire, ils s’étaient emparés de l’usine et l’avaient fait fonctionner sans le patron. Cependant les cinq premiers fascistes, pour la plupart socialistes interventionnistes et intellectuels d’avant-garde, étaient rejoints par de nombreux « arditi », anciens membres des corps francs, l’équivalent de nos parachutistes, qui ne voulaient plus du vieil ordre bourgeois, tout en se montrant écœurés par le pacifisme des socialistes officiels. L’interventionnisme de Mussolini qui l’avait isolé dans le premier temps, commençait à le servir. Il en tira les conséquences. Il lui fallait fondre les deux clientèles. Il y parvint sans rompre avec la tradition du socialisme révolutionnaire. Il engagea, en effet, la bataille contre les socialistes officiels, non pas dans les grandes villes, mais en Émilie. Cette région paysanne était l’une des plus rouges d’Italie. Les ouvriers agricoles étaient organisés en ligues qui avaient acquis un véritable monopole de l’emploi. Nul ne pouvait travailler la terre sans leur permission.     (A suivre)

    Illustration ci-dessus : Pierre Debray au rassemblement royaliste des Baux de Provence [1973-2005]

    Lire les article précédents ...

    Maurras et le Fascisme  [1]  [2]  [3]  [4]  [5]

  • Après Chemnitz, nouveau drame à Köthen en Saxe ... La réaction allemande s'étend, s'amplifie

     

    Nouveau Microsoft Publisher Document.jpgLFAR avec AFP. Nouvelle manifestation antimigrants hier dimanche, au soir, dans l'est de Allemagne à la suite de la mort d'un jeune homme dans une bagarre avec deux Afghans.

    Après Chemnitz, Köthen ? Dans cette petite ville de Saxe-Anhalt de 26.000 habitants, l'annonce du décès d'un Allemand de 22 ans, tué par deux afghans  dans la nuit de samedi à dimanche a aussitôt provoqué des réactions analogues à celles auxquelles l'on avait assisté il y a deux semaines à Chemnitz après un meurtre commis par deux migrants ... 

    DmrCmvGXgAEOjfI.jpgHier soir, dimanche, une « marche » a été organisée à Köthen sous haute surveillance policière. Plus de deux mille personnes se sont rassemblées pour dire leur colère contre la politique d'asile en Allemagne. Les deux suspects ont été arrêtés, l'un d'eux fait l'objet d'une procédure d'expulsion. 

    La politique de Merkel contestée

    En Allemagne, s'installe donc un climat antimigrants que le drame de Köthen ne fait que renforcer. « Combien (de morts) encore ? », a tweeté Alice Weidel, leader de l'AfD en réclamant un « tournant » dans la politique d'asile « maintenant ». Elle a ironisé sur le prochain « concert d'extrême gauche » qui pourrait être organisé en Saxe-Anhalt, comme il l'avait été à Chemnitz.. 

    La personnalité d'Angela Merkel figurait hier encore en première ligne des récriminations des manifestants. Trois ans presque jour pour jour après sa décision d'ouvrir les frontières de l'Allemagne à un afflux massif de « réfugiés », la politique de la chancelière se révèle de plus en plus contestée. Pour 50% des Allemands, l'accueil des réfugiés n'a « pas réussi », selon un sondage Infratest Dimap pour l'ARD. Pour 69% d'entre eux, « l'intégration des migrants » a échoué ainsi que « la prévention de la criminalité ». Globalement, seulement 31% des personnes interrogées se disent « satisfaites » du travail du gouvernement. Angela Merkel, qui a annoncé son intention de se rendre à Chemnitz en octobre à la rencontre des habitants, aura du mal à restaurer la confiance !   

    A lire dans Lafautearousseau... 

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    Chemnitz : « L’OPA hostile » de l'Islam qui occupe et mobilise les peuples d’Europe

  • Culture • Loisirs • Traditions

    Ce visuel est destiné à marquer l'unité des articles du samedi et du dimanche, publiés à la suite ; articles surtout culturels, historiques, littéraires ou de société. On dirait, aujourd'hui, métapolitiques. Ce qui ne signifie pas qu’ils aient une moindre importance.  LFAR