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  • Société [Economie & Politique ...] • Si Versailles m’était compté

     

    Par Françis Bacque

    L’opération séduction d’Emmanuel Macron auprès des grands patrons étrangers, à grand renfort de symbolisme monarchique, mais aussi d’argent public, a-t-elle été une réussite  ?

    macron_versailles.jpgVersailles, 22 janvier. Au lendemain d’une date si importante pour ce lieu, Emmanuel Macron recevait les grands patrons étrangers en chemin vers le forum de Davos. Que le lecteur se rassure, nous ne crierons pas au blasphème  : ce n’est pas notre genre – et puis, tout ce qui est national est nôtre, y compris en économie. C’est donc au cours d’un dîner de prestige que notre président a vanté les mérites d’une France «  de retour  », pendant trois heures, et intégralement en anglais – si blasphème il devait y avoir, ce serait bien plutôt ici.

    Téléthon économique

    L’objectif était de convaincre cette centaine de grands patrons d’investir en France et de contribuer ainsi à la création d’emplois. Objectif atteint si l’on en croit le Gouvernement et la majorité des médias. Mais cette opération séduction visait aussi – surtout  ? – à séduire les Français. Le dîner de Versailles restera-t-il comme une belle opération d’affaires (pardon, de business) ou comme un coup de com’ savamment orchestré  ? Évidemment, un peu des deux. Côté économie, on recense un montant global d’investissements de 3,5 milliards d’euros sur cinq ans promis par des multinationales telles que SAP, Novartis, Facebook, Google ou Toyota, avec près de deux mille cinq cents emplois à la clé. De quoi réjouir les marcheurs, rassurer les sceptiques et clouer le bec aux réacs. Certains se sont malgré tout émus que le président dépense 600 000 euros de deniers publics pour des «  ultrariches  ». Notons que si deux mille emplois sont réellement créés, cela revient à 300 euros par poste  : c’est tout de même largement moins qu’un contrat aidé. Pourtant, à y bien regarder, l’opération n’est pas si mirobolante  : 3,5 milliards rapportés à deux mille cinq cents emplois sur cinq ans, cela fait aussi plus de 20 000 euros par emploi et par mois. D’une part le chiffre de deux mille cinq cents apparaît vite ridicule lorsque l’on s’y attarde un peu, et que l’on se rappelle que le même jour, Carrefour annonçait la suppression de deux mille quatre cents postes… D’autre part, une partie de ces investissements et emplois avaient déjà été annoncés et ne doivent donc rien à la beauté de Versailles ni au talent de Macron. Bilan assez mitigé donc pour l’aspect économique de l’opération, mais beaucoup plus intéressant vis-à-vis de l’opinion. Le discours, construit sur la base du «  choose France  » (choisissez la France), visait en effet aussi à justifier les récentes (et futures) réformes portant sur la flexibilité du travail et l’attractivité de notre pays. D’ailleurs, Bruno Le Maire et Muriel Pénicaud étaient intervenus l’après-midi même pour expliquer les réformes économiques et sociales, histoire de bien faire comprendre aux Français le lien de cause à effet entre lesdites réformes et le succès de l’opération. Et puis, Emmanuel Macron s’est bien empressé d’ajouter qu’il avait été élu pour cela  : «  J’ai reçu un mandat très clair des Français avec tous les moyens de procéder à des réformes qui ne seront pas remises en cause.  » Puisqu’on vous le dit  !

    La promesse du retour

    L’épisode nous laisse même un goût amer tant il donne l’impression que les entreprises françaises licencient et délocalisent pendant que l’on fait venir les investisseurs étrangers en France. Un drame que corrobore hélas le rapport des emplois créés aux montants investis. Même Christophe Barbier se montre lucide, craignant que le président «  réussisse à redresser l’économie du pays sans régler le problème du chômage  ». Quant à l’attractivité, elle ne se situe pas totalement dans la réforme du Code du travail ou dans les politiques de rémunération. La France, avec son haut niveau de dépense publique, est un marché peu risqué pour les entreprises et les capitaux étrangers. En période de croissance, elles peuvent compter sur un potentiel de consommation important  : niveau de vie, salaire moyen et population en croissance donnent des perspectives solides à moyen terme. En période délicate, l’effet crise est amorti par la dépense publique, ce qui est un élément d’attractivité sans doute plus intéressant que la rupture conventionnelle collective ou le référendum d’entreprise. Toyota sait qu’en 2009 l’État est venu au secours des constructeurs automobiles qui affichent aujourd’hui une forme insolente, et Novartis peut compter sur le système de la Sécurité sociale pour assurer à ses médicaments une commercialisation massive et continue.

    La France de retour  ?

    Loin de nous toutefois l’idée de hurler avec les loups pour se satisfaire d’une critique systématique. Nous ne nous plaindrons jamais que le régime fasse son travail quand il le fait bien, ou à peu près  ; en revanche, nous continuerons inlassablement à en dénoncer l’hypocrisie et les méthodes mercatiques. «  La France est de retour  », a clamé notre président à cette occasion  ; gageons que nous pourrons rapidement en dire autant à notre sujet. Et venant de nous, ce n’est pas une promesse en l’air.  

    L'Action Française 2000 du 1er février 2018

  • Hommage opportun de Jacques Bainville à Charles Maurras

     

    XVM6ccf6ac0-0414-11e8-b81b-18ee966ba3e1.jpgTimon de Phlionte disait de son maître Pyrrhon : « Je l'ai vu simple et sans morgue, affranchi de ces inquiétudes avouées ou secrètes dont la multitude des hommes se laisse accabler en tout lieu par l'opinion et par les lois instituées au hasard.»

    Tel nous voyons chaque jour Charles Maurras et ceux qui auront eu le privilège d'être de ses amis auront connu son coeur intrépide.

    Ils auront connu encore la lumière de son esprit. Comme Cicéron le disait de Carnéade : « Jamais il ne soutint une thèse sans la faire triompher. Jamais il n'attaqua une doctrine sans la détruire. » Ainsi Maurras aura paru pour enseigner son siècle. Ainsi de ses flèches rapides, il aura percé les « nuées ».

    Dur aux erreurs, ce dialecticien invincible est indulgent aux hommes. A tous, son génie prête quelque chose de ses richesses. Leibniz ne méprisait presque rien. Maurras ne méprise personne. Le plus humble s'en va, comme le plus orgueilleux, pénétré de son intelligence et de sa bonté, parce qu'il sait, chez tous, faire jaillir l'étincelle divine. Et par là, il est encore un très grand poète. 

    Quand j'aurai ajouté que nul moins que lui ne tient aux honneurs et aux biens de ce monde et qu'il ne place rien au-dessus des idées, on saura que nous avons parmi nous un sage de la Grèce.  

    J'ai lu beaucoup d'études sur Maurras. Aucune ne m'a satisfait complètement. J'indiquerai seulement aux chercheurs qu'ils n'entendront sa pensée, qu'ils ne la cerneront et ne la pénétreront que s'ils remontent jusqu'à Dante.

    Je ris beaucoup quand je vois traiter Maurras comme un monsieur ordinaire... On est prié de ne pas s'adresser au concierge mais à l'altissime

    Qu'on se rappelle aussi que le désintéressement de Maurras est absolu. C'est une de ses forces. Il ne recherche pas l'argent, pas même la gloire littéraire. Il aurait pu s'assurer une existence tranquille et agréable, et il ne craint pas de s'exposer à la prison. Quand on est un gouvernement, il est incommode d'avoir un homme pareil contre soi. Maurras ne vit que pour ses idées et on n'a aucune prise sur lui; Henri Vaugeois appelait Mauras le noûs, l'esprit pur. C'est sa définition la plus vraie.  

     

    Préface de l'ouvrage collectif Charles Maurras : Études, portraits, documents, biographies. Editions de la revue Le Capitole, Paris, 1925

  • Famille de France • Les vœux du prince Jean, Dauphin de France : le choix de la civilisation plutôt que celui de la barbarie

    La famille royale de France dans les jardins du Domaine royal de Dreux  

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgTrès belle année 2018 à tous !

    Permettez moi, avec un peu de retard, de vous adresser tous mes voeux pour une bonne et heureuse Nouvelle Année, pour vous même, vos familles et vos proches.

    Que 2018 vous apporte d’abord les satisfactions personnelles auxquelles vous aspirez mais aussi dans votre travail qui reste, avec la famille, l’environnement immédiat dans lequel un être humain s’accomplit. Ensuite de façon plus large dans l’espace social où il tisse des relations plus étendues.

    Vous l’aurez compris, l’homme n’est pas un individu isolé qui ne cherche qu’à satisfaire ses désirs, fausse expression de la liberté, comme on aime à nous le faire croire aujourd’hui. La liberté c’est voir le bien, le choisir et ensuite le mettre en oeuvre. Dans la société ce bien à un nom : le bien commun. Vous savez que je suis attaché à la réflexion sur ce thème.

    Je souhaite que notre pays suive cette voie plutôt que celle du repli sur soi égoïste où chacun cherche à satisfaire ses propres lubies, où l’on ne respecte plus rien, ni les enfants, ni les anciens, ni les femmes ni les hommes, ni la nature. Je dirais avec une formule un peu choc : le choix de la civilisation plutôt que celui de la barbarie. En fait, un monde plus humain.    

     

    Jean de France, duc de Vendôme
    Domaine Royal de Dreux le 31 janvier 2018

    Le site officiel du Prince Jean de France

  • Le peuple français acceptera volontiers un Roi-conscience de la Nation ...

     

    Par Pierre Renucci 

    C'est une réflexion particulièrement intéressante - ce que pourrait être une monarchie pour la France d'aujourd'hui - que nous propose ici Pierre Renucci. Certes nous ignorons tout des circonstances dans lesquelles la nécessité de la monarchie pourrait apparaître aux Français ; nous ne savons pas à quelles nécessités, à quels besoins du moment, elle aurait à répondre, ni pour quelles urgences elle serait appelée et donc quelles formes elle pourrait prendre. Mais, fût-ce en se fondant sur les réalités d'aujourd'hui, politiques, sociales et institutionnelles, l'idée monarchique prend corps et crédibilité si l'on tente d'en définir les contours et si l'on expose quel pourrait être le fonctionnement d'une monarchie pour notre temps. C'est ce que fait ici Pierre Renucci suscitant notre réflexion et peut-être le débat. Sa conviction est que, pour peu qu'on lui en expose les réels avantages, le peuple français acceptera volontiers un roi conscience du pays.  LFAR 

     

    IMG_20180129_195658 (002).jpgQuand, au détour d’une conversation avec une personne raisonnablement ouverte d’esprit, je m’aventure à évoquer l’hypothèse du retour du Roi, la réaction immédiate se traduit invariablement par cette question : « Le Roi ? Mais que ferait-il ? » Question qui ne révèle pas d’hostilité de principe, mais un scepticisme non dénué de bon sens. Il faut bien comprendre que le Français a deux images du Roi. L’une, contemporaine, que lui renvoient les monarchies constitutionnelles européennes. L’autre, historique, celle de nos rois absolus de droit divin. Or aucune ne lui convient vraiment. La première lui paraît sympathique, esthétique, utile comme symbole national, voire non dépourvue de quelque influence sur le pouvoir. Mais au Roi-symbole, il préfère son Président-monarque détenteur du pouvoir. La seconde, quoique toute française, ne lui paraît plus adaptée à son époque. Au Roi-monarque héréditaire, il préfère son Président-monarque élu. Bref le Français n’est pas royaliste, il est monarchiste et veut choisir son monarque. Alors, utopie que le retour de la Couronne ? Non point. Sans parler de circonstances gravissimes qui en feraient l’ultime recours, le Roi remplirait une fonction en toute période. Une fonction bien supérieure à la simple représentation symbolique de la Nation, bien supérieure aussi à celui de gouverner. Je le vois comme une conscience active, c’est-à-dire à la fois un modérateur lorsqu’il s’agit de dénoncer un danger et un incitateur lorsqu’il s’agit de provoquer un bienfait. Il serait celui qui introduirait dans la constitution la mixité qui lui manque. Mais précisément, avant de déterminer comment lui donner ce rôle de conscience, il faut expliquer ce qu’est une constitution mixte. Ce préalable est hélas indispensable puisque nos régimes occidentaux n’en connaissent plus, et que l’idée même s’est effacée de nos cerveaux.

    Le concept remonte à l’Antiquité grecque. Aristote l’utilisait déjà, par exemple pour vanter la réforme de Solon qui avait aboli à Athènes la toute-puissance oligarchique « en pratiquant un mélange [‘‘mixanta’’ en grec] constitutionnel heureux ». La mixité consistait ici en ce que l’Aréopage était oligarchique, l’élection des magistrats aristocratique et l’organisation des tribunaux démocratique. Hélas, continue Aristote, Éphialte et Périclès bouleversèrent l’équilibre, notamment en « mutilant les pouvoirs de l’Aréopage » au profit de l’assemblée populaire. Alors on passa de la « démocratie de nos pères », cette démocratie équilibrée par la mixité, à la « démocratie actuelle », celle qui « flatte le peuple comme un tyran ». Retenons donc qu’une constitution mixte mélange des éléments de nature différente afin de ne donner l’omnipotence à aucun. Bien sûr la chimie s’effectue différemment selon le lieu et l’époque, mais toujours avec un élément dominant, qui peut être monarchique, aristocratique, démocratique, oligarchique. L’essentiel est que l’élément dominant –la démocratie dans l’exemple d’Aristote- accepte le garde-fou de la mixité.

    Le plus bel exemple de constitution mixte offert par l’Antiquité reste la république romaine du III° siècle av. J.-C. L’historien grec Polybe écrira au siècle suivant que « personne […] n’aurait pu dire avec certitude si l’ensemble du régime était aristocratique, démocratique ou monarchique […] Car lorsqu’on regardait le pouvoir des consuls, le régime paraissait parfaitement monarchique ; mais d’après le pouvoir du Sénat, c’était cette fois une aristocratie ; et si maintenant on considérait le pouvoir du peuple, cela semblait nettement une démocratie ». Cette mixité permit un équilibre entre les éléments interdépendants. : impossible pour aucun de prédominer à l’excès, car sa tentative serait « contrebalancée et entravée par les autres […]. Tous restent en l’état, réfrénés dans leur élan ou craignant dès le début l’opposition du voisin ».

    Une correction à cette excellente description de Polybe : ce régime était de dominante aristocratique, ce que chacun savait avec certitude et acceptait. La devise même de la République l’atteste : Senatus Populusque Romanus (S.P.Q.R.). Le Sénat aristocratique est nommé avant le Peuple au sens institutionnel (c.-à-d. les assemblées populaires).

    Précision très importante pour ce qui va suivre. Le Sénat ne votait pas les lois, n’élisait pas non plus les magistrats. Il rendait des avis appelés senatus consulta qui ne liaient pas les assemblées populaires en droit ; toutefois leur autorité était suffisamment forte pour qu’un magistrat ne pût leur proposer une loi ou un candidat contraires au souhait des sénateurs. En langage juridique moderne on dirait que le magistrat était lié à l’avis conforme du Sénat. Retenons cela : il n’est pas nécessaire d’avoir le pouvoir pour détenir du pouvoir.

    Avec l’éphémère cité solonienne et la magnifique république romaine, la monarchie française reste le modèle le mieux accompli de la mixité constitutionnelle, celle-là même à laquelle Érasme pensait lorsqu’il écrivait dans son Institution du prince chrétien, « Le prince préfèrera que sa monarchie soit adoucie par des emprunts à l’aristocratie et à la démocratie, afin de ne pas tomber dans la tyrannie ».

    À la même époque, Claude de Seyssel, analysant le régime français dans sa Grant monarchie française discerne trois retenails (freins) à l’absolutisme royal : d’abord la religion qui, si le Roi se fait tyran, permet à « tout prélat […] et à un simple prêcheur de le reprendre et arguer publiquement et en sa barbe » ; ensuite les parlements dont il « n’est en la puissance des roys les déposer sinon par forfaicture » ; enfin la police (c.-à-d. les lois fondamentales), si solide « que les princes n’entreprennent pas d’y déroger, et quand le vouldroient faire, l’on n’obéit point à leurs commandements ». Ces lois ne sont pas seulement ce qu’on nommerait aujourd’hui constitution, elles sont aussi dans l’esprit de Seyssel, celles qui garantissent les libertés des corps intermédiaires (provinces, villes, corporations…) et des individus.

    Laissons le juriste Charles Dumoulin résumer, à la manière d’Aristote et Polybe, la formule politique française : « Royaume de France, c’est monarchie avec un assaisonnement, composition et température d’aristocratie et démocratie des estats ». Telle était le système français bien équilibré que Bossuet rappellera avec force. Il durera jusqu’à Louis XV.

    Aucun des trois systèmes évoqués ne serait viable aujourd’hui. La démocratie solonienne, l’aristocratie républicaine romaine, la monarchie française étaient belles parce qu’en harmonie avec leurs temps. Mais leurs temps sont révolus et leur retour serait anachronique. Ainsi, ne rêvons pas au Roi-monarque : aujourd’hui le pouvoir use trop vite son détenteur pour être viager. En revanche, aurait toute sa place un Roi qui, sans détenir le pouvoir, aurait l’autorité pour le canaliser, le modérer et plus encore, l’orienter et l’inspirer. Mutatis mutandis, un Roi qui jouerait le rôle du Sénat romain…

    Nous en avons grand besoin. Sous le nom de démocratie, ce que nous connaissons aujourd’hui n’est qu’une oligarchie élective. Cette « partitocratie », assise sur une classe politico-médiatique qui se reproduit en vase clos, gouverne sans qu’aucun frein ne la retienne, même quand elle se vend à la ploutocratie mondialisée. Quant à la votation, elle s’y réduit à la légitimation rituelle de l’alternance d’équipes semblables.

    Seul un roi héréditaire, libre de sa parole et disposant d’une autorité garantie par la constitution aurait les moyens de policer cette classe dirigeante. Certes il ne gouvernerait ni ne légiférerait mais, si je puis me permettre cette image, sans avoir la main sur le timon, il aurait l’œil sur le timonier. Pas seulement pour le sermonner, mais pour le conseiller, l’inciter et lui montrer les limites à ne pas dépasser.

    Sur le plan institutionnel, l’idée est simple. La pratique constitutionnelle actuelle est celle d’un régime parlementaire dualiste c.-à-d. un parlementarisme dans lequel le Gouvernement est responsable devant la chambre basse et devant le chef de l’État. Je dis la pratique, parce que la lettre est, elle, moniste : rien en effet dans la constitution n’autorise le Président à démettre le Premier ministre et rien ne l’autorise à gouverner à sa place. Au contraire, d’une part l’art. 20 dispose que le « Gouvernement détermine et conduit la politique de la nation » et qu’« il est responsable devant le Parlement » ; d’autre part l’art. 21 précise que le « Premier ministre dirige l’action du Gouvernement ». Ce n’est qu’en période de cohabitation que la lettre moniste s’appliquait.

    Partant, l’avènement d’un Roi qui ne soit ni un Roi-monarque, ni un Roi-symbole, mais un Roi-conscience, nécessite qu’il s’inscrive dans un parlementarisme qui ne soit ni moniste, ni dualiste. Ni moniste, parce que ce serait en faire un Roi-symbole, ni dualiste parce que ce serait en faire un Roi-monarque. Ce nouveau parlementarisme, appelons-le parlementarisme mixte. Comme le moniste, il donnerait le pouvoir au Premier ministre, et au Parlement seul le droit d’accorder ou non la confiance au Gouvernement. Comme le dualiste, il donnerait au chef de l’État des prérogatives qui en ferait un acteur incontournable.

    Peu d’articles de la constitution de la V° République seraient à modifier pour réaliser ce bouleversement :

    - Art. 18 : L’actuel droit de message du chef de l’État au Parlement doit permettre un authentique discours du Trône annuel. Entendons une déclaration de politique générale dans laquelle le Roi exprime en toute liberté sa vision de l’état de la France et indique les réformes dont il souhaite que le Gouvernement se saisisse. Hormis le discours du Trône, le Roi pourrait adresser ponctuellement des messages sur les sujets de son choix. Bien sûr ce droit de message resterait un pouvoir propre, c.-à-d. non soumis à contreseing.

    - Art. 44 : Le droit d’amendement qui appartient aujourd’hui au Gouvernement et au Parlement sera élargi au Roi. Il pourrait ainsi intervenir dans l’élaboration de la loi en proposant des modifications aux projets ou propositions déposés.

    - Art. 10, al.2 : Ce texte autorise le Président à demander une nouvelle délibération de la loi ou de certains de ses articles. Cette sorte de véto suspensif est toutefois soumise à contreseing. Il conviendra d’en faire un pouvoir propre du Roi, lequel pourra ainsi relancer le débat sur un sujet dont il estime qu’il n’a pas été convenablement traité par le Parlement et le Gouvernement.

    - Art. 11 : Le référendum législatif est aujourd’hui proposé par le Gouvernement ou les deux assemblées au Président, lequel accepte ou refuse (laissons de côté l’initiative populaire qui ne nous intéresse pas directement ici, et reste inutilisée pour l’heure). Dans les faits, la proposition gouvernementale est purement formelle : tous les référendums furent lancés à l’initiative du Président. Afin que le Roi conserve cette liberté, l’article 11 devra mentionner expressément son droit propre d’appeler le peuple à référendum. Ainsi il pourra non seulement proposer directement au peuple une loi qu’il estime nécessaire, mais aussi lui demander de trancher sur un projet de loi, à son avis mauvais, que le Parlement s’apprête à voter.

    - Art. 9 : Le Président préside le conseil des ministres. Cela n’apparaît pas anormal puisqu’il est le véritable chef de la majorité parlementaire et donc le principal décideur politique. Ce n’est que lors des cohabitations, que sa présidence du conseil devenait nominale face au Premier ministre. Le Roi n’aura aucun besoin de cette présidence qui serait, elle, toujours nominale, puisque le nouveau chef de la majorité parlementaire et principal décideur politique sera désormais le Premier ministre. En revanche, le Roi devra assister de droit aux conseils des ministres et participer aux délibérations pour exercer son autorité modératrice et inspiratrice.

    - Art. 12 : La dissolution de l’Assemblée nationale est un pouvoir propre du Président qui l’exerce après simple consultation du Premier ministre et des présidents des assemblées. Dans un régime parlementaire moniste, la dissolution de la Chambre par le Gouvernement est le pendant du renversement du Gouvernement par la Chambre. L’initiative de la dissolution revient donc normalement au Premier ministre, le prononcé de la dissolution par le chef de l’État n’étant que formel. Sous la V° République il n’y eut que cinq dissolutions, dont deux avaient simplement pour but de mettre l’Assemblée en adéquation avec le Président Mitterrand nouvellement élu (1981 & 1988). Les trois autres furent plus typiquement parlementaires et effectuées en accord avec le Premier ministre.

    Pas plus qu’il n’a le droit de renvoyer le Gouvernement, le Roi n’aurait celui de dissoudre la chambre basse. Cela relèvera du seul Premier ministre. En revanche, le Roi pourra le lui proposer officiellement, si les circonstances lui semblent exiger que le Peuple se prononce.

    - Art. 16 : En cas de péril grave, le Président peut décider d’exercer les pleins-pouvoirs, entendons la dictature au sens romain du terme. Cette possibilité doit-elle passer au Roi ? La question est délicate. Un roi-conscience qui ne gouverne pas en période normale, devrait-il gouverner en dictator en période anormale ? D’un point de vue strictement logique, non. Mais n’est-ce pas justement, parce qu’un péril grave voire mortel menace le pays, que le roi-conscience, chef d’État parfaitement libre, sera le mieux à même de le conjurer ? On a envie de répondre oui ; mais le risque serait grand pour le Roi. Le péril grave nécessite des réactions brutales voire sanglantes, qui engageraient sa responsabilité tôt ou tard. Or, le Roi étant constitutionnellement irresponsable, la crise pourrait s’achever avec sa chute.

    Mieux vaudrait alors que le Premier ministre exerce la dictature provisoire, mais avec autorisation expresse du Roi.

    La question du feu nucléaire est en partie liée à l’article 16, puisque c’est à la menace de guerre nucléaire que les constituants songeaient en l’écrivant. Certes le déclenchement nucléaire ne nécessite pas les pleins-pouvoirs. Toutefois on n’imagine mal deux attributaires différents : si le Premier ministre peut faire usage de l’article 16, il doit aussi être détenteur du feu nucléaire. Or aujourd’hui, ce n’est pas la constitution mais un décret qui confie au Président l’usage de la force nucléaire. Il conviendra donc de le modifier pour l’attribuer au Premier ministre. Est-il souhaitable de lui associer le Roi, autrement dit d’instaurer une « double clef » qui nécessiterait l’accord conjoint des deux têtes de l’Exécutif ? Ce serait peut-être la meilleure solution…

    Les autres droits du Président passeraient au Roi, notamment la nomination aux emplois supérieurs de l’État (art. 13, al.2) et la signature des décrets délibérés en conseils des ministres (13, al. 1). Ces deux attributs du chef de l’État sont soumis à contreseing, en sorte que ces nominations et décrets nécessitent l’accord du Premier ministre. Le Roi aura donc dans ces deux domaines essentiels un poids important, puisque le Gouvernement ne pourra rien décider sans lui. La sagesse commandera bien sûr de trouver de bons ajustements avec le Premier ministre qui reste le détenteur du pouvoir réglementaire de droit commun.

    « Les formules politiques, disait Maurras, ne sont pas des gaufriers, et si les lois des nations, comme celles du monde et de l’Hommes, sont immuables, il faut voir que toutes les situations de l’histoire et de la géographie sont originales. Elles ont quelque chose d’unique qui doit être traité comme tel. »

    Les Français aiment être gouvernés par un monarque élu ? Respectons ce choix. Il est une étape de leur histoire. Ce monarque peut ne plus être le Président, mais le Premier ministre d’un régime parlementaire. Le Premier anglais, le Kanzler allemand ont-ils moins de pouvoir que le Président de la V° République ? Non, ils ont comme lui le pouvoir. Cela pour la raison que le parlementarisme n’est rien d’autre que le transfert du pouvoir des mains du Roi à celles du Premier ministre. Le fait que la pratique constitutionnelle de la V° République ait permis au Président de capter ce qui appartient au Chef du Gouvernement ne change fondamentalement rien à cette vérité.

    L’essentiel est que le mode de scrutin permette de dégager une majorité indiscutable, afin qu’en votant pour un député, l’électeur choisisse par transparence le Premier ministre de son choix, autrement dit son monarque. Pourquoi même ne pas imaginer une élection au suffrage universel direct du Premier ministre comme aujourd’hui le Président, suivie d’élections législatives ? Ce serait reproduire le schéma actuel qui assure au Président une Assemblée de sa couleur. Quoi qu’il en soit, si le Peuple français conserve sa prérogative élective, il acceptera volontiers un Roi-conscience. La désaffection – sinon le dégoût - qu’il ressent pour la classe politique et pour le système en général, lui feront comprendre l’avantage de flanquer son Premier ministre-monarque d’un Roi qui ne doit rien à personne et qui n’obéit à aucun autre intérêt que celui de la Nation.

    Encore faut-il le lui expliquer. Mais cela est aussi et surtout affaire de prince…  •

    Pierre Renucci

    Historien du droit, des institutions et des faits sociaux

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  • Affaire Maurras • Philippe Bilger : Plaidoyer en faveur de Madame Nyssen, ministre de la Censure

     

    Par  

     

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    Je suis vraiment fier d’être un citoyen français.

    Beaucoup de pays ne peuvent pas se vanter d’avoir un ministre de la Censure comme le nôtre et je les plains.

    Il faut tout de même avoir le courage de faire partir au pilon tous les exemplaires du Livre des commémorations nationales 2018 parce qu’il convenait de supprimer les pages 154, 155 et 156 consacrées à Charles Maurras – « figure emblématique et controversée » – et rédigées par un historien froid et objectif, Olivier Dard.

    Je ne peux qu’admirer l’audace d’un tel ministre qui, après avoir pris acte sans réagir de la substance de ce livre et rédigé même un avant-propos enthousiaste sur l’intérêt de cette Histoire de France comportant une centaine de personnages avec leur chronologie, n’a pas hésité à se rétracter. Parce que des associations de lutte contre le racisme et le délégué interministériel à la lutte contre le racisme le lui ont demandé et que leur appréciation si nuancée – « auteur antisémite d’extrême droite » – justifie évidemment qu’on leur fasse toute confiance sur les plans historique, philosophique et littéraire.

    J’adore un ministre qui, même avec retard, sait trancher dans le vif et, loin d’être gêné par la complexité des pensées, des choix et des destinées, de leurs ombres et de leurs lumières, gère avec maestria l’ambiguïté d’une partie en abolissant la transparence du tout.

    J’éprouve une vive estime pour un ministre capable de donner toute leur chance aux partisans friands d’interdiction et un tantinet simplistes au détriment de ceux qui avaient le tort de connaître Charles Maurras, sa trajectoire, ses œuvres et son influence décisive à une certaine époque sur plusieurs grands esprits honorables, des politiques comme par exemple Charles de Gaulle ou de grands écrivains tel Marcel Proust. 

    Je ne peux me déprendre d’une sympathie sincère pour un ministre capable de se raviser et de contester, sous emprise, le choix opéré par le Haut Comité pour les commémorations nationales qui, il est vrai, n’était présidé que par l’académicienne Danièle Sallenave entourée de quelques membres aussi peu représentatifs que Jean-Noël Jeanneney, Pascal Ory, Évelyne Lever, Gilles Cantagrel ou l’académicienne Catherine Bréchignac (Le Figaro). 

    Je rends hommage à un ministre qui, ancienne éditrice réputée et très appréciée dans les milieux de la gauche intellectuelle et politique, n’a pas répugné à se sous-estimer en feignant de confondre la commémoration avec la célébration, dont la distinction était pourtant, pour elle, éclatante (Le Monde).

    Je suis infiniment sensible à la volonté d’éradication d’un ministre qui va engager une tâche colossale en cherchant à supprimer de notre histoire ses pages sombres pour que le citoyen ne soit ébloui que par ses moments lumineux. Démarche d’autant plus intrépide que beaucoup de ses soutiens progressistes ne cessent de reprocher à l’Histoire officielle son occultation des séquences noires qui ont également fait et défait la France.

    Je suis heureusement stupéfait par ce ministre qui, dans le gouvernement d’un Premier ministre passionné par la lecture, la littérature et l’ouverture d’esprit, et sous l’égide d’un président de la République dont la culture est le fort, fait preuve d’une telle indépendance et autarcie qu’elle contredit l’un et l’autre, étrangement silencieux pourtant.

    Je mesure l’immense et louable indifférence qu’il convient d’avoir à l’égard de la vérité historique et intellectuelle pour supporter des absurdités telles que constituer Charles Maurras comme directement responsable de l’Holocauste.

    Je ne suis pas à court d’éloges pour ce ministre qu’on nous envie et qui ne nous fait pas regretter une seconde l’absence d’un ministre de la Culture qui risquerait de nous autoriser des débordements de liberté et de pluralisme.

    Je suis vraiment fier d’être un citoyen français à qui on ne laisse pas penser, dire, écrire ou lire n’importe quoi !   

    XVMe46fa484-a8dc-11e7-8c3b-0492b00cca53-77x120.jpgMagistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, Philippe Bilger a été plus de vingt ans avocat général à la Cour d'Assises de Paris. Auteur de très nombreux ouvrages, il tient le blog Justice au singulier et a dernièrement publié Moi, Emmanuel Macron, je me dis... (éd. du Cerf, 2017).

    Justice au Singulier

  • Marcel Proust : Maurras, une cure d'altitude mentale ...

    Portrait par Jacques-Emile Blanche

     

    « Ne pouvant plus lire qu'un journal, je lis, au lieu de ceux d'autrefois, L'Action française. Je peux dire qu'en cela je ne suis pas sans mérite. La pensée de ce qu'un homme pouvait souffrir m'ayant jadis rendu dreyfusard, on peut imaginer que la lecture d'une "feuille" infiniment plus cruelle que Le Figaro ou Les Débats, desquels je me contentais jadis, me donne souvent comme les premières atteintes d'une maladie de cœur.

    Mais dans quel autre journal le portique est-il décoré à fresque par Saint-Simon lui-même, j'entends par Léon Daudet ?

    Plus loin, verticale, unique en son cristal infrangible, me conduit infailliblement à travers le désert de la politique extérieure, la colonne lumineuse de Bainville.

    Que Maurras, qui semble détenir aujourd'hui le record de la hauteur, donne sur Lamartine une indication géniale, et c'est pour nous mieux qu'une promenade en avion, une cure d'altitude mentale. »

     

    Marcel Proust, Notes, 1920

  • Paris ce vendredi 2 février, Jean-Louis Harouel au Cercle de Flore

     Renseignements : cercledeflore@actionfrancaise.net

     

    Calendrier du Cercle de Florecalendrier.png

  • À bientôt

     
     
    Par François Marcilhac

     

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    Être politique, c’est refuser de se laisser submerger par l’émotion. Nul cynisme, en cela, encore moins de l’indifférence, mais la claire conscience que le devoir demeure, par-delà les aléas. Il ne s’agit pas seulement de mon dernier éditorial, ce qui, en soi, n’aurait aucune importance, même si plus de sept années passées à analyser l’actualité politique à la lumière de l’empirisme organisateur, «  selon le principe du Rempart  », aura été une tâche aussi lourde qu’exaltante ; mais, surtout, ce numéro est le dernier de L’Action Française 2000, puisque nous sommes contraints de cesser notre parution en raison de problèmes financiers que nous ne pouvons plus éluder. Cela peut paraître, en un sens, une victoire de l’oligarchie et de ceux pour qui la parole et l’action patriotes doivent absolument disparaître du paysage national. Avec la nation elle-même. Ils ont même remporté une autre victoire, cette semaine, avec le retrait de Maurras du Livre des commémorations nationales de 2018, à la suite d’une polémique qui en dit long sur l’état moral et intellectuel de nos élites autoproclamées, lesquelles font régner leur dictature sur le pays. La mutilation de la mémoire nationale, c’est évidemment celle de notre héritage, et donc de notre compréhension de nous-mêmes et, pour finir, de notre identité. Or, que cela plaise ou non, Maurras en fait pleinement partie.

    L’heure du renouveau

    Pourtant, que l’oligarchie et ses idiots utiles ne se réjouissent pas trop vite de ce qui peut apparaître au premier abord comme un recul de leurs adversaires à la fois les plus résolus et les plus conséquents. Si des raisons financières ne nous permettent plus de continuer de paraître, celles-ci ne disent rien ni de notre développement ininterrompu depuis cinq années, où nous avons vu le nombre des adhérents croître de manière exponentielle, comme en témoigne le succès sans cesse grandissant de notre université d’été et de nos actions militantes sur tout le territoire, ni, surtout, du progrès de nos idées en France, devant la déliquescence d’un régime dont le replâtrage macronien dissimule de plus en plus mal la décomposition – les dernières révélations sur l’affaire Fillon donnent la nausée en confirmant la nature de ce régime. Il nous faut tout simplement repenser notre présence politique pour accompagner notre renouveau. Comment n’entamerions-nous pas cette nouvelle étape avec exaltation l’année du cent cinquantième anniversaire de la naissance de Maurras, alors même que, une fois nettoyée de ses scories historiques – la tradition est critique –, sa doctrine demeure toujours aussi pertinente, voire d’une urgence tragique  ? Chaque jour qui passe confirme, malheureusement, la nécessité d’en finir avec un régime auquel le pays doit, depuis deux siècles, ses principaux malheurs et son érosion lente mais continue.

    Depuis sa naissance, en dépit des accidents de l’histoire, l’Action française a toujours été à la fois un journal et un mouvement politique. Les Camelots du Roi ont toujours été au centre de son action et ceux d’aujourd’hui n’ont en rien démérité de leurs aînés. Que ce soit l’occasion pour toute l’équipe de L’Action Française 2000 de saluer leur courage et leur abnégation. Ils sont le fer de lance de cette royalisation du pays sans laquelle rien ne sera jamais possible. Oui, l’année 2018 sera bien une année maurrassienne, n’en déplaise à tous les censeurs et diffamateurs de la pensée de notre maître. Notre site prend le relais – je vous y retrouverai chaque semaine. Les rédacteurs de La Nation Française, dans leur manifeste publié à la une du premier numéro, le 12 octobre 1955, déclaraient qu’ils s’efforceraient «  de résoudre chaque problème réel en fonction de l’intérêt bien entendu des Français honnêtes gens et efficaces, présents ou à venir, intérêt qui porte finalement le nom d’Intérêt national  », car «  le peuple français, qui travaille et subit le désordre établi, demeure sain dans ses profondeurs  »  ; «  sa décadence est surtout le fait de fausses élites qui l’aveuglent d’un écran de grossiers mensonges et l’étourdissent de modes et de mots  ». Avant d’ajouter  : «  Pour la plupart, les rédacteurs de ce libre journal pensent qu’une monarchie moderne, dessinée par l’expérience, sévère à toute vieillerie, serait la moins coûteuse condition de notre survie. Mais c’est le présent, la nécessité de rendre ce présent raisonnable et de créer enfin un esprit public, qui les a réunis.  » Telle sera toujours notre ambition  : parler au nom de l’intérêt commun, en vue de créer cet esprit public nécessaire à la résurrection de la patrie, tout en travaillant à la royalisation du pays, qui seule pourra donner un sens pérenne à la renaissance d’un esprit public. Comme Maurras en 1899, il nous faut toujours tenter de convaincre les Français, en premier lieu les plus sincèrement patriotes d’entre eux, de la nécessité d’incarner l’esprit public dans la personne du Roi.

    Des devoirs et des tâches

    Car aujourd’hui, assurément, fleurissent, et sont appelées encore à fleurir, ici ou là, des initiatives éditoriales qui vont dans le sens d’une telle renaissance. Nous ne pouvons que nous en réjouir, puisque ces initiatives témoignent, au milieu de la victoire apparente de tous les nihilismes, de cette contre-révolution spontanée en train d’accoucher que Maurras appelait de ses vœux. Toutefois, ces initiatives, pour si sympathiques qu’elles soient, ne vont jamais jusqu’à s’attaquer à la racine même de nos maux  : elles en sont toujours encore, malgré cent cinquante ans de décomposition continue, à chercher les conditions d’une bonne république. Comme si une bonne république n’était pas chose encore plus improbable que la réinstauration du régime qui a fait la France  ! C’est dire combien la présence de l’Action française est nécessaire, sous une forme ou sous une autre.

    «  Il n’y a que des devoirs et des tâches  »  : nous avons fait nôtre ce mot de Boutang au lendemain de la mort de Maurras. Parce que «  qui veut bien quelque chose en veut la condition  » et que «  cette condition préalable, c’est le Roi  »  ; «  pas de Roi, pas de puissance nationale, pas de garantie pour l’indépendance de la nation  »  ; «  pas de Roi, […] pas de résistance à l’étranger de l’intérieur, pas de réformes bien conduites ni sérieusement appliquées  ». Parce que «  c’est en cela précisément que réside le nationalisme intégral  »  ; «  il met en ordre les problèmes français, il permet de les comprendre, et ce qu’ils peuvent offrir de contradictoire sans lui s’accorde en lui parfaitement  »  ; alors, oui, «  la Monarchie est la condition de la paix publique  »  ; «  la Monarchie est la condition de toute renaissance de la tradition et de l’unité dans notre pays  ». Alors oui, «  c’est pour l’amour de cette unité, de cet ordre, que commence aujourd’hui notre guerre quotidienne au principe de la division et du mal, au principe du trouble et du déchirement, au principe républicain  ». Parce que cette déclaration, parue dans le premier numéro de L’Action Française quotidienne, le 21 mars 1908, n’a pas pris une ride, alors oui, nous pouvons conclure comme ses auteurs  : «  À bas la République  ! et, pour que vive la France, vive le Roi  !  » À bientôt  !    

  • Le Figaro : Pourquoi Charles Maurras ne sera pas « commémoré »

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgÀ la suite de la polémique née de la décision du ministère de la Culture de retirer de la liste des commémorations nationales la figure intellectuelle de Maurras, Le Figaro a publié mardi les commentaires et le débat vidéo qui suivent. On sait que les membres du comité avaient ferraillé sur l'opportunité de le retenir.  LFAR

    sans-titre.pngExit Charles Maurras ! Sur décision de Françoise Nyssen, tous les exemplaires du Livre des commémorations nationales 2018 sont partis au pilon. Les pages 154, 155 et 156 vont être supprimées, afin que l'écrivain et polémiste sorte de la liste de la centaine de personnages et de dates. La notice sur Maurras, signée Olivier Dard, professeur d'histoire contemporaine à la Sorbonne, prenait soin de signaler qu'il était une « figure emblématique et controversée ». Ces derniers jours, les associations de lutte contre le racisme et le délégué interministériel à la lutte contre le racisme (DILCRAH) s'élevaient contre cet hommage rendu à un « auteur antisémite d'extrême-droite ». 

     

    C'est Maurice Druon, ministre des Affaires culturelles, qui lança en 1974 l'Association française pour les célébrations nationales, afin « de veiller à la commémoration des événements importants de l'histoire nationale ». En 1998, l'Association se transforme en Haut comité des célébrations nationales, puis en Haut comité pour les commémorations nationales, en 2011, à la suite d'une autre polémique qui concernait, cette fois, Céline.

    Les douze membres du comité sont nommés tous les trois ans par le ministre de la Culture. Présidé par l'académicienne Danièle Sallenave, il est composé entre autres de l'ancien ministre et ancien président de la BNF, Jean-Noël Jeanneney, des historiens Pascal Ory et Evelyne Lever, mais aussi du musicologue Gilles Cantagrel, ou de l'académicienne Catherine Bréchignac. Chaque année, ils établissent la liste des anniversaires à venir commentés par une centaine de spécialistes. « Pour 2018, il nous était apparu impossible de ne pas parler de Maurras l'année des 150 ans de sa naissance (il est né le 20 avril 1868) », souligne la présidente du Haut comité aux commémorations nationales, Danièle Sallenave, en son nom personnel. Même si les discussions ont été vives, les membres du comité ont pris acte que l'écrivain et directeur de L'Action française, soutien du régime de Vichy, condamné pour intelligence avec l'ennemi à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale, a eu une grande influence sur la vie intellectuelle et littéraire française.

    « Connotation positive »

    « C'est certainement le mot commémoration qui pose problème, il y a une connotation proche de l'hommage, positive », explique Danièle Sallenave. Et d'ajouter, comme elle le fera devant la ministre de la Culture qui la reçoit ce mardi après-midi: « Nous devons mener une réflexion sur notre rôle et sur le sens des commémorations. Il est indispensable de trouver un moyen de transmettre, notamment aux jeunes générations, une vision complexe de l'Histoire de France, avec ses hauts faits, sa grandeur, mais aussi ses zones sombres.»

    Déjà dans l'introduction du livre pilonné, l'historien Claude Gauvard, insistait : « Le passé est là, tragique et lourd, aussi bien qu'heureux, voire léger. » Pour 2018, le comité avait retenu entre autres la diffusion du premier épisode des Shadoks, l'attribution du Nobel de la paix à René Cassin ou l'Armistice de 1918.  •

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    Vive Maurras !

    Stéphane Blanchonnet : Commémorons Maurras avec Mme Nyssen ou sans elle !

  • Des ex-musulmans devenus catholiques écrivent au pape François au sujet de son attitude vis-à-vis de l’islam

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgVoici le texte d’une Lettre ouverte au Pape François que des ex-musulmans devenus catholiques, et leurs amis, lui ont adressée le 25 décembre 2017 au sujet de son attitude vis-à-vis de l’islam. Les lecteurs de Lafautearousseau en prendront connaissance avec intérêt et sympathie, y compris si l'on s'en tient au terrain politique et social.  LFAR 

     

    Très Saint Père,

    Plusieurs d’entre nous, à maintes reprises, et depuis plusieurs années, avons cherché à vous contacter, et nous n’avons jamais reçu le moindre accusé de réception de nos lettres ou demandes de rencontre. Vous n’aimez pas les mondanités, et nous non plus, aussi permettez-nous de vous dire très franchement que nous ne comprenons pas votre enseignement au sujet de l’islam, tel que nous le lisons par exemple dans les paragraphes 252 et 253 de Evangelii gaudium, parce qu’il ne rend pas compte du fait que l’islam venant APRÈS le Christ, est, et ne peut être qu’un Antichrist (Cf. 1 Jn 2.22), et l’un des plus dangereux qui soient du fait qu’il se présente comme l’accomplissement de la Révélation (dont Jésus n’aurait été qu’un prophète). Si l’islam est en lui-même une bonne religion, comme vous semblez l’enseigner, pourquoi sommes-nous devenus catholiques ? Vos propos ne remettent-ils pas en cause le bien-fondé du choix que nous avons fait… au péril de notre vie ? L’islam prescrit le meurtre des apostats (Coran 4.89 ; 8.7-11), l’ignorez-vous ? Comment est-il possible de comparer la violence islamique et la prétendue violence chrétienne ? ! « Quel rapport entre le Christ et Satan ? Quelle union entre la lumière et les ténèbres ? Quelle association entre le fidèle et l’infidèle ? (2 Co 6.14-17) » Conformément à Son enseignement (Lc 14.26), nous L’avons préféré, Lui, le Christ, à notre propre vie. Ne sommes-nous pas bien placés pour vous parler de l’islam ?

    En réalité, du moment que l’islam veut que nous soyons son ennemi, nous le sommes, et toutes nos protestations d’amitié n’y pourront rien changer. En bon Antichrist, l’islam n’existe qu’en étant l’ennemi de tous : « Entre nous et vous, c’est l’inimitié et la haine à jamais jusqu’à ce que vous croyez en Allah, seul ! (Coran 60.4) ». Pour le Coran, les chrétiens « ne sont qu’impureté (Coran 9.28) », « les pires de la Création (Coran 98.6) », tous condamnés à l’Enfer (Coran 4.48), aussi Allah doit-il les exterminer (Coran 9.30). Il ne faut pas se laisser abuser par les versets coraniques réputés tolérants, car ils ont tous été abrogés par le verset du Sabre (Coran 9.5). Alors que l’Évangile annonce la bonne nouvelle de Jésus mort et ressuscité pour le salut de tous, accomplissement de l’Alliance initiée dans le peuple hébreu, Allah n’a rien d’autre à proposer que la guerre et le meurtre des « infidèles » en échange de son paradis : « Ils combattent dans le chemin d’Allah, ils tuent et se font tuer. (Coran 9.111) ». Nous ne faisons pas d’amalgame entre islam et musulmans, mais si pour vous le « dialogue » est la voie de la paix, pour l’islam il est une autre façon de faire la guerre. Aussi, comme il l’a été face au nazisme et au communisme, l’angélisme face à l’islam est suicidaire et très dangereux. Comment parler de paix et cautionner l’islam, ainsi que vous semblez le faire : « Arracher de nos cœurs la maladie qui empoisonne nos vies (…) Que ceux qui sont chrétiens le fassent avec la Bible et que ceux qui sont musulmans le fassent avec le Coran. (Rome, 20 janvier 2014) » ? Que le Pape semble proposer le Coran comme voie de salut, n’est-ce pas inquiétant ? Devrions-nous retourner à l’islam ?

    Nous vous supplions de ne pas chercher en l’islam un allié dans le combat que vous menez contre les puissances qui veulent dominer et asservir le monde, car ils sont tous en réalité dans une même logique totalitaire, fondée sur le rejet de la royauté du Christ (Lc 4.7). Nous savons que la Bête de l’Apocalypse cherchant à dévorer la Femme et son Enfant, a plusieurs têtes… Allah défend d’ailleurs de telles alliances (Coran 5.51) ! Et surtout, les prophètes ont toujours reproché à Israël sa volonté d’alliance avec les puissances étrangères, au détriment de la confiance absolue qu’il faut avoir en Dieu. Certes, la tentation est forte de penser que tenir un discours islamophile épargnera un surcroît de souffrances aux chrétiens en pays devenus musulmans, mais outre que Jésus ne nous a jamais indiqué d’autre chemin que celui de la Croix, en sorte que nous devons y trouver notre joie, et non la fuir avec tous les damnés, nous ne doutons pas que seule la proclamation de la Vérité apporte avec le salut, la liberté (Jn 8.32). Notre devoir est de rendre témoignage à la vérité « à temps et à contretemps (2 Tm 4.2) », et notre gloire est de pouvoir dire avec saint Paul : « Je n’ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. (1 Co 2.2) ».

    Corrélativement au discours de Votre Sainteté sur l’islam, et alors même que le Président Erdogan, entre autres, demande à ses compatriotes de ne pas s’intégrer dans leurs pays hôtes, que l’Arabie Saoudite et toutes les pétromonarchies n’accueillent aucun réfugié, expressions parmi d’autres du projet de conquête et d’islamisation de l’Europe, officiellement proclamé par l’OCI et d’autres organisations islamiques depuis des décennies, Très saint Père, vous prêchez l’accueil des migrants sans tenir compte du fait qu’ils sont musulmans, alors que le commandement apostolique l’interdit : « Si quelqu’un vient à vous en refusant l’Évangile, ne le recevez pas chez vous. Quiconque le salue participe à ses œuvres mauvaises. (2 Jn 10-11) » ; « Si quelqu’un vous annonce un évangile différent, qu’il soit maudit ! (Ga 1.8-9) ».

    De même que « J’ai eu faim et vous ne M’avez pas donné à manger. (Mt 25.42) » ne peut pas signifier que Jésus aurait aimé avoir été un parasite, de même « J’étais un étranger et vous M’avez accueilli. » ne peut pas signifier « J’étais un envahisseur et vous M’avez accueilli. », mais « J’ai eu besoin de votre hospitalité, pour un temps, et vous Me l’avez accordée ». Le mot ξένος (Xénos) dans le Nouveau Testament ne renvoie pas seulement au sens d’étranger mais à celui d’hôte (Rm 16.23 ; 1 Co 16.5-6 ; Col 4.10 ; 3 Jn 1.5). Et lorsque YHWH dans l’Ancien Testament commande de bien traiter les étrangers parce que les Hébreux ont eux-mêmes été étrangers en Égypte, c’est à la condition que l’étranger s’assimile si bien au peuple élu qu’il en prenne la religion et en pratique le culte… Jamais il n’est question d’accueillir un étranger qui garderait sa religion et ses coutumes ! Aussi, nous ne comprenons pas que vous plaidiez pour que les musulmans pratiquent leur culte en Europe. Le sens de l’Écriture ne doit pas être donné par les tenants du mondialisme, mais dans la fidélité à la Tradition. Le Bon Berger chasse le loup, il ne le fait pas entrer dans la bergerie.

    Le discours pro-islam de Votre Sainteté nous conduit à déplorer que les musulmans ne soient pas invités à quitter l’islam, que nombre d’ex-musulmans, tel Magdi Allam, quittent l’Église, écœurés par sa lâcheté, blessés par des gestes équivoques, confondus du manque d’évangélisation, scandalisés par l’éloge fait à l’islam… Ainsi les âmes ignorantes sont-elles égarées, et les chrétiens ne se préparent pas à la confrontation avec l’islam, à laquelle les a appelés saint Jean Paul II (Ecclesia in Europa, n°57). N’avez-vous jamais entendu votre confrère Mgr Emile Nona, archevêque catholique chaldéen, exilé, de Mossoul, nous crier : « Nos souffrances actuelles sont le prélude de celles que vous, Européens et chrétiens occidentaux, allez souffrir dans un proche avenir. J’ai perdu mon diocèse. Le siège de mon archevêché et de mon apostolat a été occupé par des islamistes radicaux qui veulent que nous nous convertissions ou que nous mourrions. (…) Vous accueillez dans votre pays un nombre toujours croissant de musulmans. Vous êtes aussi en danger. Vous devez prendre des décisions fortes et courageuses (…). Vous pensez que tous les hommes sont égaux, mais l’Islam ne dit pas que tous les hommes sont égaux. (…) Si vous ne comprenez pas ceci très vite, vous allez devenir les victimes de l’ennemi que vous avez accueilli chez vous. (9 août 2014) ». C’est une question de vie ou de mort, et toute complaisance face à l’islam est une trahison. Nous ne voulons pas que l’Occident continue à s’islamiser, ni que votre action y contribue. Où irions-nous à nouveau chercher refuge ?

    Permettez-nous de demander à Votre Sainteté de convoquer rapidement un synode sur les dangers de l’islam. Que reste-t-il en effet de l’Église là où l’islam s’est installé ? Si elle y a encore droit de cité, c’est en dhimmitude, à condition qu’elle n’évangélise pas, qu’elle doive donc se renier elle-même… Dans un souci de justice et de vérité, l’Église doit montrer au grand jour pourquoi les arguments avancés par l’islam pour blasphémer la foi chrétienne sont faux. Si l’Église a le courage de faire cela, nous ne doutons pas que par millions, des musulmans, et d’autres hommes et femmes cherchant le vrai Dieu, se convertiront. Comme vous l’avez rappelé : « Celui qui ne prie pas le Christ, prie le Diable. (14.03.13) ». Si les gens savaient qu’ils vont en Enfer, ils donneraient leur vie au Christ (Cf. Coran 3.55).

    Avec le plus profond amour pour le Christ qui, par vous, conduit Son Église, nous, chrétiens venus de l’islam, soutenus par nombre de nos frères dans la foi, notamment les chrétiens d’Orient, et par nos amis, nous demandons à Votre Sainteté de confirmer notre conversion à Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, seul Sauveur, par un discours franc et droit sur l’islam, et, Vous assurant de nos prières dans le cœur de l’Immaculée, nous sollicitons votre bénédiction apostolique.  •

    Des ex-musulmans devenus chrétiens, et leurs amis, à Sa Sainteté le pape François, au sujet de son attitude vis-à-vis de l’islam