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Religion & Société • Où Michel De Jaeghere montre commrent Rémi Brague pulvérise les dogmes relativistes
Par Michel De Jaeghere
Rémi Brague explore le sophisme qui tend à confondre toutes les religions dans une même réprobation en projetant sur elles la violence de l'islamisme. Michel De Jaeghere donne ici une excellente recension du dernier essai de Rémi Brague, Sur la religion LFAR
Rémi Brague n'a pas de chance, et il doit lui arriver de ressentir comme une fatalité sa situation. Philosophe, servi par une érudition immense, une acuité dans l'analyse que colore un regard d'une humanité profonde, il s'efforce depuis quarante ans d'affiner de manière toujours plus juste et plus subtile nos connaissances sur l'interaction de la métaphysique et de la culture, la place des traditions religieuses dans l'essor des civilisations, l'actualité de la pensée antique et médiévale, les dangers que représentent les ruptures de la modernité. Venu trop tard dans un monde trop vieux, il doit confronter sa pensée avec les slogans, les idées toutes faites que répandent à foison des leaders d'opinion peu curieux de ces subtilités.
La nocivité générale du « fait religieux », sa propension à susciter intolérance, guerre et persécutions, à maintenir dans l'obscurantisme des peuples qui ne demanderaient, sans lui, qu'à s'épanouir au soleil de la raison pure et au paradis de la consommation de masse, fait partie de ces évidences indéfiniment ressassées. C'est à elle qu'il s'attaque dans Sur la religion, son dernier essai, en montrant qu'elle relève de la paresse intellectuelle ou de l'ignorance, quand elle ne sert pas de paravent à notre lâcheté: « Pour fuir la peur que [l'islam] suscite, remarque-t-il, une tactique commode, mais magique, consiste à ne pas le nommer, et à parler, au pluriel, des religions. C'est de la même façon que, il y a quelques dizaines d'années, on préférait, y compris dans le milieu clérical, évoquer les dangers que représentaient “les idéologies” pour ne pas avoir à nommer le marxisme-léninisme.»
Que d'autres religions que l'islam aient été parfois associées à la violence, Rémi Brague se garde certes de le nier. Que le meurtre et la guerre soient les inévitables conséquences de la croyance en un Dieu créateur auquel on rende un culte et qu'on s'efforce de prier dans l'espérance d'un salut qui dépasse notre condition mortelle, voilà qui demande des distinctions plus exigeantes. Explorant les relations de ceux que l'on désigne, non sans ambiguïtés, comme les trois grands monothéismes - le judaïsme, le christianisme et l'islam - avec la raison, la violence et la liberté, scrutant les textes saints et les fondements du droit, évaluant les pratiques (le crime d'un adepte n'engage pas nécessairement sa croyance, s'il l'a commis pour d'autres motifs, ou des motifs mêlés, ou en violation manifeste de la morale qu'induit la religion injustement incriminée), il montre au prix de quels amalgames on est parvenu à jeter le discrédit sur une aspiration qui est au fond de l'âme humaine et dont on a le témoignage depuis quelque trois cent mille ans.
Dans la multiplicité des pistes de réflexion ouvertes par ce livre provocateur - au meilleur sens du terme -, l'une des plus fécondes se trouve sans doute dans la comparaison qu'il risque, après Benoît XVI, des relations entre foi et raison dans le christianisme et l'islam. Le premier, souligne-t-il, admet avec Pascal que si la raison permet de pressentir l'existence d'un Dieu créateur, elle est, seule, incapable d'accéder à des vérités qui la dépassent. Il lui faut le secours de la grâce : ce qu'on appelle la foi. Mais le chrétien peut et doit ensuite faire usage de sa raison pour ce qui relève de son ordre : la connaissance des choses et le choix des actions conformes à la justice, à l'accomplissement de sa nature, sous le regard de sa conscience. Pour le musulman, nous dit-il, c'est l'inverse. L'existence de Dieu a le caractère d'une évidence, que la raison devrait suffire à attester : cela rend inexcusable l'incrédulité. La raison est en revanche impuissante à découvrir par elle-même les comportements que ce Dieu transcendant, muet, inatteignable attend de sa créature. Elle devra dès lors s'en remettre aveuglément à la loi qu'Il a lui-même dictée à son prophète dans le Livre où a été recueillie une parole incréée, irréformable, indiscutable. La première conception fonde le droit naturel, clé de voûte de notre liberté face à l'arbitraire, dans la mesure où il déduit, de notre condition de fils de Dieu, les droits et les devoirs qui s'attachent à la créature. La seconde justifie l'application - toujours et partout - de règles de comportement conçues pour des Bédouins illettrés dans l'Arabie du VIIe siècle : la charia.
La facilité qui conduit trop souvent, sous couvert de neutralité, intellectuels et responsables à traiter des différentes religions comme d'un phénomène interchangeable et, après en avoir utilisé les dérives pour disqualifier le christianisme, à se les représenter avec ses catégories pour plaquer sur l'islam des caractères qui lui sont profondément étrangers ne se révèle plus seulement, à la lecture de ce livre, comme une manifestation de pusillanimité : bien plutôt comme une utopie mortifère. •
Sur la religion, de Rémi Brague, Flammarion, 256 pages, 19 €.
Directeur du Figaro Histoire et du Figaro Hors-Série.
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Cinéma • La Douleur
Par Guilhem de Tarlé
La Douleur, un drame d’Emmanuel Finkiel, avec Mélanie Thierry, Benoît Magimel et Benjamin Biolay, d’après le roman de Marguerite Duras.
Il y avait un silence de mort dans la salle au moment du générique final, une atmosphère lourde de spectateurs se sentant sans doute « coupables » des camps de concentration et d'extermination nazis. Heureusement, nous dit-on en filigrane, les communistes étaient là pour libérer la France ! et dans la liesse populaire, à Paris, le chant de L'internationale couvrait La Marseillaise !
Oui le film est bon, et je n'y ai même pas ressenti - une fois n'est pas coutume - les longueurs qui ont ennuyé mon épouse.
Le film est bon, et même intéressant qui nous incite à revisiter les icônes, mais précisément j'en ai marre de cette cinématographie univoque, cette hagiographie récurrente des intellectuels de gauche (pléonasme) quand en même temps La Pléiade renonce à publier les pamphlets de Céline, et le ministre de la Culture exclut des célébrations 2018 le cent cinquantenaire de la naissance de Maurras.
Un peu de pudeur MM. les réalisateurs : faisant fi du pacte germano-soviétique et des sabotages du début de la guerre, les résistants Marguerite et Robert Antelme ont adhéré au PC « F » en 44-45 alors que Staline dictaturait en Union soviétique et construisait le rideau de fer.
N'est-ce pas un comble que les mêmes qui ne cessent de se vanter de la résistance d'hier nous invitent aujourd'hui à collaborer au Grand Remplacement ? •
PS : Je vous propose mon blog Je ciné mate avec déjà une quarantaine de films. Vous pouvez vous y abonner (en bas à droite) pour recevoir automatiquement les mises à jour et surtout y retrouver d’anciennes notices grâce au bouton Recherche (je continuerai de le compléter progressivement, à votre demande, de mes « critiques » 2016 et 2017). Merci, outre vos commentaires éventuels, de m’indiquer les difficultés que vous rencontrez, les corrections nécessaires ou les améliorations à apporter à ce blog. https://jecinemat.wordpress.com
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Un reportage sur la maison de Charles Maurras à Martigues aujourd'hui, dimanche sur C8. A ne pas manquer !
Retrouvez ce dimanche 11 février à 19:05 dans l'émission Les Terriens du Dimanche sur C8, un reportage sur la maison de Charles Maurras à Martigues.
Notre porte-parole en Provence, Luc Compain, était invité à s'exprimer sur ce sujet ! •
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Culture • Loisirs • Traditions
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Famille de France • Prince Jean : « Un moment de répit dans une année bien entamée »
2018 a démarré à toute allure.
Après l’enterrement de mon frère le Prince François et la réponse aux condoléances et aux voeux qui se poursuivent encore, il y a eu à l’Institut la remise des prix de la Fondation Stéphane Bern. Stéphane Bern que je retrouvais chez nous à Dreux, pour une partie du tournage d’un « Secrets d’Histoire » consacré au Roi Louis-Philippe, qui passera sur nos écrans sans doute au printemps.
Puis avec Gens de France, la reprise des visites pour des élèves des écoles de Dreux et d’autres groupes, malgré la pluie incessante et le vent que nous avons de façon quasi continue depuis le début de l’année. La Sainte Geneviève célébrée dans notre chère Chapelle Royale avec la Compagnie de gendarmerie de Dreux, suivie lors de la réception d’un échange de discours sur les perspectives sécuritaires de Dreux et de sa région. Enfin les vœux du Maire avec de beaux projets comme la fête des plantes début avril et le départ de la 8ème étape du tour de France le 14 juillet.
Dans les nouvelles nationales, c’est l’histoire des « fausses nouvelles » qui a retenu mon attention. Là où il y a information, il y a désinformation et ce qu’on appelle désinformation peut se révéler être de l’information comme ce qu’on appelle information peut tout à fait se révéler être de la désinformation … vous me suivez ? Dans un monde de la bien-pensance comme le nôtre, difficile de faire la distinction, à moins d’avoir une tête bien faite et un jugement libre. Et de toute façon, pour le chrétien que je suis, il n’existe qu’une seule Bonne Nouvelle.
Pour terminer sur une note moins solennelle, il a neigé aujourd’hui. Le domaine s’est couvert de sa blanche parure qu’il sort pour certaines occasions. Les « petits princes » en ont bien profité. Un moment de répit dans une année bien entamée. •
Jean de France, duc de Vendôme
Domaine Royal de Dreux le 5 février 2018 -
Culture • Il était une fois la lecture
Par Mathieu Bock-Côté
Dans cette tribune du Journal de Montréal [3.02] Mathieu Bock-Côté exalte - avec quelque prudence pour ne pas « braquer » la sensibilité postmoderne - les vertus de la lecture. Vertus au service de la culture, naturellement, mais aussi, si l'on peut dire, vertus anthropologiques. Pour contrecarrer ce que Jean-François Mattéi appelait notre barbarie intérieure. Et pour édifier ou préserver la civilisation. LFAR
La lecture a longtemps disposé d’un statut particulier dans notre monde. Elle était associée à la culture, à la connaissance, à la méditation. L’homme savant lisait, et l’homme qui lisait était réputé un peu plus savant que les autres. On ne saurait dire que ce prestige est complètement éteint. La lecture conserve ce qu’on pourrait appeler un vieux charme. Mais c’est désormais, il faut bien en convenir, pour peu qu’on regarde autour de soi, une passion spécialisée. La lecture ne s’impose plus comme une activité absolument recommandable au-delà du petit cercle de ceux qui l’aiment vraiment. Et ceux qui ne lisent pas, ou lisent peu, ont moins mauvaise conscience qu’auparavant. Ils n’ont plus l’impression de manquer quelque chose d’essentiel. Je ne l’écris pas à la manière d’un reproche, ou du moins, pas d’abord comme tel, mais à la manière d’une observation sur nos contemporains. Comment se cultivent-ils, lorsqu’ils veulent se cultiver ? On nous répondra peut-être que telle n’est pas la question et qu’il faudrait maintenant parler du divertissement. C’est peut-être pour cela que ceux qui lisaient des romans se consacrent désormais aux séries télés, d’autant qu’il y en a d’excellentes, ce que personne ne contredira. Elles offrent désormais la matière de la culture commune. Elles sont néanmoins chronophages et en viennent à monopoliser au quotidien tout le temps disponible pour la culture.
Même l’école n’accorde plus nécessairement un privilège à la lecture. Lors d’une entrevue que je menais il y a quelques mois à Radio VM avec le directeur d’une école privée qui se présente comme un laboratoire de l’innovation pédagogique, ce dernier m’expliquait qu’il y avait aujourd’hui plusieurs manières de s’informer et de se cultiver, et que la lecture ne devait pas avoir un statut privilégié. On peut y voir un symptôme de plus de la radicalisation de la logique égalitariste, qui nivèle tout et a la tentation d’abolir ce qui relève de l’ancienne hiérarchie de la connaissance. On peut y voir aussi le révélateur d’une pédagogie qui flatte la paresse naturelle de l’élève en l’enfermant dans une culture du son et de l’image – autrement dit, dans une culture de l’écran. Cela dit, lorsque l’école elle-même renonce à sacraliser la lecture, et pire encore, à sacraliser d’une manière ou d’une autre les classiques de la littérature, elle renonce à ce qu’on pourrait appeler une mission de civilisation. D’autant que le culte du silence qui accompagne celui de la lecture est une condition de la vie intérieure, et que c’est justement cette dernière qu’il nous faut redécouvrir et protéger, tout à la fois, si on veut résister à l’aliénation propre à une société massifiée qui nous conditionne à suivre les mouvements de foule tout en nous laissant croire à notre singularité.
On aurait tort, pourtant, de désespérer. Ou du moins, de désespérer intégralement. Car on constatera, par exemple, que la bibliothèque personnelle conserve quelque chose comme un pouvoir d’envoûtement. Celui qui entre dans une pièce remplie de livres, et encore mieux, de livres lus, est souvent intimidé. Comment ne pas s’en réjouir secrètement ? Car l’intimidé du moment avoue alors qu’il respecte là un univers auquel il reconnaît une valeur en soi, et qu’il se sent mal d’y participer insuffisamment. Le libraire Bruno Lalonde, une des figures essentielles de la culture du livre à Montréal, a défendu à de nombreuses reprises l’importance de se construire une bibliothèque personnelle. Habiter la sienne peut même devenir une nécessité physique et spirituelle. J’ai toujours eu grand plaisir à voir de jeunes hommes et de jeunes femmes dans le début de la vingtaine commencer à construire la leur, et s’enorgueillir d’avoir trouvé certains trésors. Ils découvrent là une passion qui illuminera leur vie. On peut rêver et espérer qu’un jour, pas demain mais après-demain, il redeviendra normal d’aménager dans nos maisons et nos appartements un coin réservé à la lecture. Les contraintes de la vie moderne n’y sont pas favorables, le bruit envahit tout, l’agitation est partout. Mais c’est justement pour cela qu’il faudrait réaménager un environnement physique favorable à la lecture, car si on peut lire n’importe où, et dans n’importe quelles circonstances, il existe néanmoins un art de la lecture qui pour s’exercer pleinement, a besoin d’un environnement favorable. La civilisation se construit une bibliothèque à la fois. •
Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).
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Justice • Jacques Trémolet de Villers : Mos Majorum
PAR JACQUES TRÉMOLET DE VILLERS
Le lundi 20 novembre, le barreau de Paris honorait quelques-uns de ses illustres membres dont la réputation méritée se voyait accorder la Médaille du barreau de Paris. Le bâtonnier de Paris, Maître Frédéric Sicard, et le vice-bâtonnier, Maître Basile Ader, présidaient cette cérémonie. Notre ami Jacques Trémolet de Villers était parmi les récipiendaires. C'est justice ; c'est le cas de le dire. Nous lui adressons les félicitations de Politique magazine et de Lafautearousseau ... . À l'heure où l'antique palais de justice va déménager - en partie - porte de Clichy, dans un immeuble de verre et d'acier de 160 mètres de hauteur, notre ami et chroniqueur habituel nous a fait parvenir un billet d'humeur et d'humour.
Le 20 novembre dernier, le Barreau de Paris honorait ses Anciens. J’aurais pu écrire, comme Cicéron, « les Vieillards », mais le terme si rempli d’honneur, il y a quelques deux mille ans, a, aujourd’hui, une connotation péjorative qui entraine l’incompréhension.
Nous étions donc quelques-uns, dans la haute salle de la Bibliothèque de l’Ordre en ce palais de l’Île de la Cité que nous allons quitter, à recevoir, pour nos cinquante et, voire, soixante ans d’exercice, la médaille des vieux travailleurs.
Je n’aime pas beaucoup les décorations. Sans doute est-ce pour cela que je n’en ai aucune. Mais cette médaille du Barreau de Paris, délivrée à l’ancienneté, comme les autres promotions, m’a rempli de doux souvenirs et de sereines méditations.
Parmi les plus anciens – les vrais vieux qui nous dominent d’une décennie –, nous distinguons Henri Leclerc, dont tout le monde sait, en dehors de son talent, son engagement à gauche, et François Gibault, dont l’allure cavalière et aristocratique dit qu’il se situe, de façon quasi génétique, à l’opposé. Mais ces opinions passagères ne comptent pas ici, quand la seule passion de la Défense unit les hommes dont une même robe habille les paroles et les sentiments. À côté des hommes célèbres, de moins connus, de plus obscurs, non pourtant dénués de talent, recevaient aussi le prix de leur persévérance. Et le Barreau de Paris apparaissait ainsi toujours le même dans ses apparentes oppositions. Mais n’est-ce pas notre grâce particulière d’être, à la fois, tous les jours, adversaires et confrères ? L’escrime du procès est notre quotidien et la courtoisie des armes notre façon d’être. Retrouver des confrères, c’est retrouver des contradicteurs. Chaque souvenir est une bataille, gagnée, perdue,… indécise.
Le Bâtonnier, d’une voix forte, a dit à chacun son mérite et, tous ensemble, nous avons posé pour la « photo souvenir », sous les armes du Barreau de Paris « d’un temps qui était moins démocratique que le nôtre », a dit le Chef de notre Ordre, devant ces nuages où les anges portent les fleurs de Lys.
Demain, nous serons dans une tour dont je ne sais combien elle a d’étages, en béton, fer et vitres, aux Batignolles, près du périphérique. Nos salles d’honneur ne s’appelleront plus Saint-Louis, Berryer, d’Aguesseau ou Tronchet, mais Badinter et Simone Veil. Petites anicroches concédées au temps qui passe. Quel temps long durera cette tour de fer et de verre ? Et qui saura, dans deux siècles, qui étaient Robert Badinter et Simone Veil ? Les célébrités de l’instant s’évanouiront avec lui. Le marbre et les pierres conservent plus sûrement les gloires temporelles et si une nouvelle et provisoire Cité judiciaire abritera notre Tribunal parisien, le vrai Palais de Justice, où siègent la Cour d’Appel et la Cour de Cassation, sera toujours au cœur de la Cité.
Paris est une ville royale et notre justice, quand elle fête ses anciens, ne peut pas oublier ses fleurs de lys. Elles sont partout.
Un éphémère Président de la Cour de Cassation avait bien essayé, dans le hall d’entrée de la juridiction qu’il présidait de nous imposer des petites pyramides entourant des obélisques lumineuses. Son successeur a fait rapidement enlever ces objets amusants, mais saugrenus, qui encombraient l’entrée de la Galerie Saint-Louis. Je ne suis pas cependant assez naïf pour ne pas imaginer que l’effort de déchristianisation de nos symboles qui est aussi une œuvre de défrancisation –car les deux vont ensemble, comme pour nous rappeler, si nous l’avions oublié, que France et Chrétienté marchent d’un même pas –, s’arrêtera-là. Nous devrons subir encore d’autres assauts. Mais chaque génération qui arrive revêt la robe, prête serment à la Première chambre de la Cour d’Appel dont la tapisserie montre la gloire de Daniel face aux mauvais juges qui accusaient la chaste Suzanne, et les cérémonies qui les accompagnent ne peuvent pas omettre que c’est à Philippe Auguste et à saint Louis que le Barreau doit d’être ce qu’il est. Les permanences sont d’autant plus ressenties que l’époque les a revêtues d’un aspect presqu’insolite. On ne va plus vers elles seulement par tradition, mais aussi par désir de renaissance. Elles inspirent le respect et peuvent aussi nourrir l’insolence. Les autorités séculaires sont sources de libertés très modernes. Il suffit d’un peu d’histoire pour le savoir.
Ma médaille de vieux travailleur, porte un seul mot gravé « Justitia ». Il est latin et romain, comme l’effigie qui tient la main de justice, assise dans sa chaire curiale.
Au dos, les lauriers forment une couronne.
Ne manque que celui dont la tête à vocation à ceindre la couronne et la main à tenir la justice. •
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Le numéro de février de Politique magazine est paru : « L'homme de Davos »
Et c'est un excellent numéro de Politique magazine, après les livraisons du dernier trimestre 2017. Nous publierons dans les prochains jours les analyses d'Hilaire de Crémiers. LFAR
Au sommaire de ce nouveau numéro :
UN DOSSIER : LACTALIS, pourquoi et comment
L'IMMIGRATION : la vraie question
RELATIONS INTERNATIONALES : le déséquilibre
Et aussi dans ce numéro… 54 pages d’actualité et de culture !
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Phénomène de masse ? Une société de drogués, c’est déjà presque une société de zombies ! D'accord avec de Benoist !
Par Alain de Benoist
Cet entretien donné à Boulevard Voltaire [8.02] pointe avec justesse, lucidité et pertinence un facteur important de désagrégation de nos sociétés dites occidentales. Il a raison de noter que ce phénomène a partie liée avec un certain capitalisme, tel qu'il s'est développé dans le monde moderne ou postmoderne. Les analyses d'Alain de Benoist - que nous partageons en l'espèce - intéressent bien-sur l'intérêt national et européen. LFAR
L’éternel serpent de mer revient avec le débat sur une possible légalisation du cannabis. Certaines régions des États-Unis viennent, d’ailleurs, d’en autoriser la vente à « usage récréatif ». En France, le gouvernement annonce un aménagement des sanctions frappant ses utilisateurs. On se souvient que les Américains n’ont jamais autant bu que sous la prohibition. Le combat est-il perdu d’avance ?
Précisons, d’abord, que la légalisation et la dépénalisation ne sont pas la même chose et qu’en France, les autorités ne s’orientent, pour l’instant, ni vers l’une ni vers l’autre. Selon la législation actuelle, les fumeurs de joints sont, en principe, passibles d’une peine d’un an de prison. Comme on compte environ 700.000 fumeurs quotidiens, si l’on appliquait la loi, il faudrait transformer des villes ou des régions entières en prisons. C’est donc une loi inapplicable – et il n’y a rien de tel, pour discréditer la loi, que de la rendre inapplicable. En rendant l’usage du cannabis justiciable d’une simple contravention, on rend au moins la loi applicable. C’est donc le contraire d’une dépénalisation. (Vous remarquerez que, dans l’immédiat, rien n’est prévu pour les drogués au Nutella.)
Les stupéfiants sont aussi vieux que l’humanité. Il en était fait, autrefois, un usage religieux, chamanique ou divinatoire. Freud était cocaïnomane, Nabokov morphinomane, Rimbaud et Pierre Loti fumeurs d’opium, Antonin Artaud a eu recours à toutes les drogues, Ernst Jünger a essayé le LSD. Le problème ne commence vraiment que lorsque la drogue devient un phénomène de masse : une société de drogués, c’est déjà presque une société de zombies. Quant aux États-Unis, qu’on y légalise maintenant le cannabis (la coke et le crack s’y consommant déjà à la tonne) alors que fumer une cigarette dans la rue suffit presque à vous faire considérer comme un terroriste, disons qu’ils nous surprendront toujours…
C’est en grande partie grâce à l’interdiction des stupéfiants, et donc à leur trafic, que nos « cités sensibles » demeurent relativement « tranquilles ». Si ces substances venaient à se retrouver en vente libre, les mêmes « banlieues » exploseraient pour de bon. Le prix à payer pour cette paix sociale vous paraît-il trop élevé ?
Le principe du racket mafieux, c’est : Tu payes pour ta « protection » ou on casse tout ! La « loi des banlieues », c’est la même chose : Tu laisses faire le trafic ou ce sera l’émeute ! Cela n’a rien à voir avec une éventuelle légalisation du cannabis. Si celle-ci se produisait, les bandits et les voyous se reconvertiraient instantanément dans un autre trafic juteux, et la situation serait la même. Faire reposer la « paix sociale » sur des concessions faites à la pègre, cela revient à reconnaître que c’est elle qui a le pouvoir de décision.
L’INSEE annonce qu’à partir du mois de mai, à la demande de l’Institut européen des statistiques, il va intégrer le trafic de drogue dans le calcul du produit intérieur brut (PIB). Faites-vous partie de ceux qui s’en indignent au motif qu’il est « immoral » de considérer que la drogue fasse partie de la richesse nationale ?
Ceux qui s’en indignent sont des naïfs : ils croient encore que l’économie a quelque chose à voir avec la morale ! Mais ce sont surtout des gens qui n’ont absolument pas compris ce qu’est le PIB. Le PIB ne mesure pas la richesse mais la croissance qui résulte de l’activité économique, sans s’interroger sur les causes de cette croissance ni sur la nature de cette activité. Le PIB ne mesure nullement le bien-être, mais seulement la valeur ajoutée des produits et des services ayant fait l’objet d’une transaction commerciale, quelle que soit la source, positive ou négative, de ces échanges. C’est la raison pour laquelle il comptabilise positivement l’activité économique qui résulte des accidents de la route, des catastrophes naturelles, de certaines pollutions, etc. La tempête de décembre 1999, par exemple, a été comptabilisée comme ayant contribué à une hausse de la croissance de l’ordre de 1,2 %. Le PIB, d’autre part, ne tient aucun compte de la dégradation de l’environnement ni de l’épuisement des ressources naturelles. Ce qui est stupéfiant, ce n’est donc pas qu’il intègre le trafic de drogue ou la prostitution dans ses statistiques, mais qu’il y ait encore des gens pour être en extase devant la croissance mesurée par le PIB.
À l’instar de tous les autres commerces, celui de la drogue est désormais mondialisé. Le criminologue Xavier Raufer se désole que cette « économie grise », représentant près de 15 % du PNB mondial, intéresse assez peu les économistes et les politiques. Qu’est-ce que cela nous dit sur celui de nos sociétés ?
Cela nous dit qu’à l’échelle mondiale, la part de l’illicite ne cesse de croître par rapport à celle des activités licites. Mais cela nous dit surtout, et c’est beaucoup plus grave, que les deux domaines deviennent de plus en plus indiscernables. Il y a belle lurette, en effet, que les profits faramineux des narcotrafiquants sont allés s’investir dans des sociétés industrielles et financières tout à fait légales, ce qui a encore renforcé leur pouvoir. Dérégulation aidant, pratiquement toutes les banques utilisent de l’argent sale, et très peu sont condamnées. Système capitaliste et crime organisé ont, ainsi, peu à peu fusionné. Entre le narcotrafic, le crime, la corruption, la spéculation à haute fréquence (à la vitesse de la nanoseconde), les contrefaçons et les pratiques frauduleuses, ce sont des centaines de milliards de dollars qui se promènent ainsi dans le monde. Lisez, à ce propos, le livre de Jean-François Gayraud sur « Le Nouveau Capitalisme criminel » (Odile Jacob, 2014). Il est éclairant. •
Intellectuel, philosophe et politologue
Entretien réalisé par Nicolas Gauthier -
Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (2)
Nous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000. Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies. LFAR
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Eric Zemmour dénonce le retrait de Maurras du livre des commémorations nationales 2018
Zémmour défend Maurras dans un - quasi - sans fautes ... A écouter ! LFAR
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Une politique pour l'an 2000, de Pierre Debray (1)
Nous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000. Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies. LFAR
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Éric Zemmour : « Après le théorème d'Archimède, voici le théorème d'Hidalgo »
BILLET - La saleté à Paris et la multiplication des rats devient un problème politique pour la maire de Paris. « Et si Anne Hidalgo faisait l'inverse de ce qu'on demande à un édile ? », s'interroge Éric Zemmour. [RTL 1.02]. En quelques mots brefs et lucides, Zemmour dresse d'Anne Hidalgo un portrait exact : « Elle a conservé de son engagement socialiste, un sectarisme idéologique à toute épreuve, d'antiques réflexes de classe ...» A noter que Zemmour dit le maire de Paris - et non la - comme il convient lorsqu'on entend défendre la langue française. LFAR
Résumé RTL par Éric ZemmourOn apprenait jadis à l'école le théorème d'Archimède. On devra désormais y ajouter le théorème d'Hidalgo : « Toute politique conduite par le maire de Paris donne des résultats exactement inverses à l'objectif proclamé.»
Anne Hidalgo défend la pureté de l'air, et les Parisiens ont la pollution. Anne Hidalgo promet la propreté, et les Parisiens ont la saleté et les rats. Anne Hidalgo promet la rigueur de la gestion, et les Parisiens ont l'explosion du nombre des fonctionnaires. -
Jaurès, antisémite célébré !
1er mai 1885 ...
Au lendemain du soulèvement de Constantine, Jean Jaurès publie dans La Dépêche du Midi un article violemment antisémite/
On y lit que « l’opportunisme » … « n’est que la forme politique de l’esprit juif » et que les juifs d’Algérie « sont restés étrangers aux traditions, aux idées et aux lettres de la France… Quand la France socialiste pourra libérer de la dette juive et de toute dette les colons et les indigènes… alors il y aura une belle civilisation algérienne ». Sic !
Et surtout, n'allons pas commémorer Maurras, Madame la ministre de l'Inculture, Françoise Nyssen ! •
Extrait des commentaires de Lafautearousseau, posté par François Davin