UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 4

  • De la légitimité du régime qu'Emmanuel Macron a célébré le 14 juillet

     

    En deux mots.jpgIl faut donner acte à Emmanuel Macron d'avoir déclaré dans son discours du 14 juillet que « l’histoire de la France ne commence pas en 1789 ». Ce qui est la plus simple et la plus évidente vérité mais dont le seul énoncé eût déclenché les foudres des autorités cléricales-républicaines du quinquennat précédent, tels, par exemple, Robert Badinter ou Vincent Peillon. 

    Emmanuel Macron a pourtant affirmé par ailleurs - dans le même discours - que le jour du 14 juillet - dont on ne sait si c'est, en l'espèce, celui de 1789, prise de la Bastille, ou celui de 1790, fête de la Fédération - les Français avaient « montré les idéaux que désormais ils voulaient suivre. » Comprenons : les valeurs républicaines, les droits de l’homme, la liberté, l’égalité et la fraternité et tout ce qui est invoqué communément – et même plus qu’à son tour - comme les fondements quasi dogmatiques du régime. 

    Néanmoins, où et quand Emmanuel Macron a-t-il vu que les Français aient jamais formellement exprimé un tel vœu, auquel il attribue, d’ailleurs, le caractère fort d’une forme de décision ? De quelle façon, lors de quelle consultation, par exemple référendaire ? Quelques milliers de personnes dans la rue – y accomplissant, d’ailleurs, les premiers massacres de la Révolution - suffisent-elles donc à former la volonté du peuple français ? 

    Le nouveau régime s'est fondé sur la nécessaire mort du roi. Or, s'il nous souvient bien, alors qu'il était encore ministre de l'Economie, Emmanuel Macron s'était déclaré convaincu que les Français n’avaient pas voulu l'exécution de Louis XVI. Or, sans cette exécution, il nous semble bien, que le régime républicain n’eût pas été établi en France. 

    D'autre part il est bien évident que ni l'abolition de la monarchie, ni l'instauration de la république, ni l'adoption des fameux idéaux évoqués par Emmanuel Macron sur cette place la Concorde si mal nommée, n'ont été réclamées, encore moins approuvées par une quelconque majorité dûment constituée du peuple Français. Il serait même assez honnête de reconnaître que, s’il avait été demandé au peuple français de voter l'abolition de la monarchie et l'instauration d'une république, le projet aurait été, selon toute vraisemblance, très majoritairement rejeté. 

    S’il est un régime - parfaitement illégitime - qui fut fondé par une infime minorité bourrée de haine et disposée aux plus extrêmes violences, c'est bien celui qu'Emmanuel Macron a célébré place de la Concorde ce 14 juillet 2017. 

  • Défense • Eric Zemmour : « La messe technocratique des coups de rabot »

     

    BILLET - Le gouvernement a annoncé une réduction de 850 millions d'euros du budget de la Défense pour 2017. Un sacré coup de bambou à la veille du 14 juillet. Si l'armée est légitimement aux ordres de l'Etat, ce dernier doit être digne de sa mission nationale. Ce qui se dégage ici du billet d'Eric Zemmour, c'est que le nôtre ne l'est pas. Une brève analyse qui vaut mieux que des protestations. Sous les dehors de la rudesse et de l'autorité, qui eussent été justifiées en d'autres temps, Emmanuel Macron, méconnaissant l'état de nos armées et leurs mérites, n'a pas, en la circonstance, manifesté la dignité de l'Etat dont il est le chef.   LFAR

     

     

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    Dans Les Échos (daté 13 juillet), le chef d'état-major des armées Pierre de Villiers a réagi violemment à l'annonce par le gouvernement d'une réduction du budget de la Défense (il aurait juré qu'il ne se fera pas « baiser » par Bercy). « Les oiseaux de mauvais augure avaient raison. Ils avaient estimé que le départ de Jean-Yves Le Drian, qui avait régné sur le ministère de la Défense pendant tout le quinquennat Hollande, n'était pas une bonne nouvelle », note Éric Zemmour.

    « Entre des militaires, qui ont le devoir de se taire, et leur ministre, qui est contrainte de parler pour ne rien dire, la messe est dite », lâche Eric Zemmour. « Une messe déjà célébrée sous Hollande, sous Sarkozy, et même sous Chirac : la messe technocratique des coups de rabot », poursuit-il. « Une messe des économies budgétaires sur le dos de la Grande Muette, qu'on envoie aux quatre coins du monde - et en particulier de l'Afrique - pour faire parler de soi et faire croire que la France est encore une grande puissance », déplore Éric Zemmour.  

    Éric Zemmour

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Histoire & Actualité • Aux sources du 14 Juillet

     

    Par Jérémy Loisse

    Il est des idées, des analyses, des rappels historiques, et, finalement, des constations, que nous ne sommes plus seuls à exprimer, que nous n'avons même plus la peine d'exprimer, tant elles sont aujourd'hui partagées, diffusées. Il est même bon, voire préférable, que cela soit publié sur d'autres médias que royalistes, d'autres médias que les nôtres. Ainsi de cette excellente réflexion de Jérémy Loisse, parue hier, 15 juillet, sur Boulevard Voltaire. S'étonnera-t-on que nous préférions reprendre ainsi ces vérités dites par d'autres, notamment sur ce que fut la Révolution ? Hé bien, l'on aurait tort. Que l'on y réfléchisse. Bravo à l'auteur ! LFAR    

     

    ba4cf6877969a6350a052b6bf5ac64e2.jpeg.jpgEn ce jour du 14 juillet 2017, il n’est jamais mauvais de rappeler ce que fut cette journée et à quoi elle donna naissance.

    Le 14 juillet 1789, les révolutionnaires prennent la Bastille pour libérer sept détenus qui y étaient emprisonnés :

    Jean Béchade, Bernard Laroche, Jean La Corrège et Jean-Antoine Pujade, quatre faussaires accusés d’avoir falsifié des lettres de change ;

    le comte Hubert de Solages, criminel coupable de deux tentatives d’assassinat sur son frère frère aîné, ainsi que de viol, vol et assassinat sur sa terre de Trévien ;

    Auguste Tavernier, supposé complice de Robert-François Damiens, l’auteur d’une tentative d’assassinat (régicide) sur Louis XV

    le comte de Whyte de Malleville, embastillé pour démence à la demande de sa famille.

    Ces sept détenus sont tous à l’image de cette révolution : entre la démence, la falsification, le meurtre et le régicide. Les révolutionnaires jugeaient sans preuve, condamnaient sans motif, guillotinaient sans pitié. À voir les flots d’émotions que suscitent ces cris de « liberté, égalité, fraternité » et les flots de sang versés par ces mêmes personnes, on ne saurait oublier le proverbe qui dit que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Les meurtres des ecclésiastiques, le saccages des églises, le renversement des mœurs, les massacres de septembre 1792, massacres de la guerre de Vendée et de la Chouannerie, la Terreur, le Tribunal révolutionnaire, Louis XVI et Marie-Antoinette guillotinés après des mascarades de procès auxquels les procès staliniens n’auraient rien à envier, la profanation des tombes de la basilique Saint-Denis, les révolutionnaires jetant les cendres de plus de 170 personnes, dont des rois et reines de France, des princes, des serviteurs du royaume ainsi que des religieux, dans des fosses communes… Voilà ce qu’étaient les actes de cette révolution.

    Comment ne pas trembler à l’écoute des noms de ses sanglants prophètes tels que Robespierre, Saint-Just, Marat ou Fouquier-Tinville ? Des loups maçonniques assoiffés de sang. La Révolution fut un leurre, mais un leurre entaché de crimes, de meurtres d’hommes, de femmes et d’enfants. Voyez ces trois mots mensongers de liberté (qui enchaîna la France), d’égalité (qui mit la France en dessous de toutes les nations) et de fraternité (qui amena les Français dans la période la plus fratricide de toute son Histoire). 

    Je conclurai en citant Alexandre Soljenitsyne : 

    « La Révolution française s’est déroulée au nom d’un slogan intrinsèquement contradictoire et irréalisable : liberté, égalité, fraternité. […] liberté et égalité tendent à s’exclure mutuellement, sont antagoniques l’une de l’autre ! La liberté détruit l’égalité sociale – c’est même là un des rôles de la liberté -, tandis que l’égalité restreint la liberté, car, autrement, on ne saurait y atteindre. Quant à la fraternité, elle n’est pas de leur famille. Ce n’est qu’un aventureux ajout au slogan… » 

     
    Lire aussi dans Lafautearousseau ... 
     
  • Culture • Enquête sur l’édition française (1) : « Sans pensée vivante, toute civilisation finit par mourir »

     

    Il s'agit là d'une intéressante étude réalisée par Francis Vencition pour L'Action Française 2000 sur l'état de l'édition en France. Et, semble-t-il la première d'une série. Elle se construit dans ce souci de l'avenir de l'intelligence qui est l'un des axes de la pensée maurrassienne. L'on pourrait dire l'une des missions de l'école d'Action Française. Y compris sous l'angle de sa stratégie. Il est bon que ce souci soit ici en quelque sorte revivifié.  LFAR    

     

    2355668558.jpgL’Action Française 2000 se penche sur l’état de l’édition en France. Lit-on encore ? Publie-t-on trop ? L’édition électronique a-t-elle un avenir ? Panorama d’une culture en profonde transformation, avec des témoignages d’éditeurs, dans toute leur diversité. Entretien avec Thibault Isabel, responsable des éditions Krisis.

     

    Comment définir votre métier et la vocation des éditions Krisis ?

    Le métier d’éditeur a beaucoup changé, avec le développement de grands groupes d’édition et la mise au premier plan de critères de rentabilité. Nombre de petits éditeurs s’organisent donc, souvent sur une base associative, pour combler les vides laissés par l’édition classique. C’est à cette logique de l’édition indépendante que nous nous rangeons, avec les éditions Krisis, qui publient la revue du même nom, ainsi que des livres de philosophie, de politique et de littérature. Nous publions à la fois des auteurs contemporains, comme Charles Robin ou Xavier Eman, et des rééditions de grands classiques oubliés, comme Les Titans et les Dieux de Friedrich Georg Jünger. Les éditions Krisis sont une petite structure, et nous ne pouvons pas éditer tout ce que nous voudrions, malheureusement. Nous mettons en tout cas l’accent sur les livres de qualité, négligés par la pensée dominante, qui permettent de remettre en cause les clivages habituels et sortent des sentiers battus. Le but d’un éditeur devrait être de privilégier la qualité de ce qu’il publie plutôt que son potentiel commercial. N’oublions pas qu’il y a en France (et partout dans le monde) une crise de la littérature de sciences humaines, liée à la dévalorisation générale de l’écrit et du savoir. Les ventes d’ouvrages de ce genre sont en chute libre, depuis les années 1980, et ont pris un tour abyssal ces dernières années. C’est pourquoi de moins en moins d’éditeurs en publient, et, lorsqu’ils le font malgré tout, privilégient des manuels, des dictionnaires ou des ouvrages de référence plutôt que des livres d’auteur développant une pensée originale, ce qui est toujours plus risqué. Cela conduit, à mon avis, à une crise de civilisation dont nous ne nous relèverons peut-être pas, collectivement. Le public doit prendre conscience du fait que, sans pensée vivante, toute civilisation finit par mourir.

    Pourtant, chaque année, les médias ne nous annoncent-il pas qu’il n’y a jamais autant de livres publiés ?

    C’est vrai. Cela s’explique par une baisse importante des coûts de fabrication. Désormais, grâce à l’impression numérique, il ne coûte plus très cher de faire paraître un ouvrage. D’où une explosion des chiffres de production et une multiplication des petits éditeurs. Mais cette richesse et cette diversité du monde de l’édition ne sont qu’un leurre, sur un plan qualitatif. Les livres d’idées se vendent de moins en moins bien, surtout si l’on fait abstraction des manuels, qui, dans le domaine des sciences sociales, gonflent artificiellement les ventes. Il y a trente ans, on vendait en moyenne cinq mille exemplaires d’un livre de sciences sociales. Aujourd’hui, on en vend trois cents. Donc, si l’on multiplie le nombre de titres édités, c’est d’abord pour limiter les risques commerciaux et rentabiliser en diversifiant la production. Même dans les médias, il n’y a plus guère d’émissions d’idées de qualité. La télévision a vu ces dernières années une multiplication exponentielle des chaînes, mais toutes diffusent les mêmes programmes insipides, stéréotypés. Elles se sont rabattues sur du divertissement ou de l’information en continu. Plus la quantité croît, plus la qualité baisse, là aussi. L’approche quantitative est donc un cache-misère qui dissimule la réalité. Je suis pessimiste. Le temps ou un éditeur était un homme passionné de philosophie ou de littérature, l’époque où il montait une maison d’édition afin d’assouvir son goût pour la culture, tout cela est révolu. La majeure partie des maisons d’édition sont aujourd’hui possédées par de grands groupes, qui ont une vision purement économique du métier. Ils veulent de la rentabilité à court terme et s’adaptent donc aux demandes du public le plus large. Ils ne veulent pas proposer des contenus originaux, mais garantir le succès avec des recettes assurées.

    Les éditeurs les plus exigeants sont-ils condamnés à produire à perte ? Le développement des livres numériques serait-il une solution le cas échéant ?

    S’il y a autant de petits éditeurs, c’est précisément parce qu’ils ne produisent plus à perte. Comme la production numérique est très bon marché, il ne coûte plus grand chose de produire des livres, et les éditeurs associatifs arrivent à avoir des comptes équilibrés. Ce qui leur coûte réellement, ce sont les frais d’envoi. Il reste peu de libraires indépendants, et la vente à distance est le moyen principal de diffusion. Or, la Poste augmente chaque année les frais d’envoi des colis. Les petits éditeurs vont avoir de plus en plus de mal à garder des comptes équilibrés et, lorsqu’ils disparaîtront, ils ne pourront plus compenser la production médiocre des grands groupes d’édition, en lançant avec courage de jeunes auteurs pleins d’avenir. Grâce à l’édition de livres numériques, cependant, nous allons sans doute assister à une démocratisation considérable du monde éditorial. Les éditeurs diffuseront directement via l’internet. Il se produira alors dans l’édition un phénomène comparable à celui qui s’est déjà produit dans la musique. La grande édition sera de moins en moins rentable, car elle sera plus massivement concurrencée par les médias alternatifs. N’importe qui ou presque pourra diffuser un livre et le commercialiser sans être inféodé aux circuits de distribution contrôlés par les poids lourds du secteur. C’est la face positive des choses, de mon point de vue. Mais il y a aussi un côté négatif : on ne lit pas un livre numérique de la même façon qu’un livre papier. Plus on diffuse les livres par le numérique, plus on encourage le zapping. La profusion est une richesse, mais elle implique aussi une forme d’éparpillement. Être et Temps de Martin Heidegger ne trouverait plus aujourd’hui son public. Les gens ne sont plus habitués à des livres d’un tel volume, qui nécessitent une lecture attentive et suivie. Les nouvelles modalités de lecture favorisées par l’internet entretiennent selon moi le déclin de la production intellectuelle dans ce qu’elle a de plus exigeant.

    La diversité des publications va-t-elle aussi ébranler un peu la puissance des mandarins universitaires ?

    En termes de production de livres, oui, indéniablement. Tout travail universitaire pourra éventuellement être publié. Mais il ne suffit pas d’être publié : encore faut-il trouver son public. Or, la profusion, là encore, va avoir un effet d’éparpillement. Le meilleur livre du monde passera inaperçu au milieu de la masse des livres médiocres qui seront présentés. Le pouvoir des médias restera central pour le grand public, et le pouvoir des mandarins restera central également dans le monde universitaire : ce sont eux qui opéreront la sélection entre le bon grain et l’ivraie, ou ce qu’ils perçoivent comme tel. Même si l’internet permet une visibilité accrue de sensibilités autrefois marginalisées, il n’empêche donc pas l’ostracisme.

    Quel est votre plus grande réussite dans le domaine éditorial ? Quel est l’auteur le plus injustement méconnu que vous ayez édité ?

    Je ne pourrai pas isoler une réussite en particulier. C’est au contraire la constance de l’action éditoriale qui est méritoire, sur la durée. La structure éditoriale dont je m’occupe actuellement (Krisis) a existé sous des formes diverses depuis près de cinquante ans. Toujours dans les marges, mais toujours influente malgré tout, et toujours présente. Je suis très fier d’en être l’un des continuateurs, l’un des héritiers. Quant à l’adjectif « méconnu », il ne saurait s’appliquer à Alain de Benoist, mais il est en tout cas l’auteur le plus injustement déconsidéré que nous ayons édité. C’est un homme de très grand talent, qui a longtemps été boudé par la grande édition. Mais les choses commencent à changer, fort heureusement, car la mauvaise réputation qu’on accolait par le passé à Alain de Benoist était profondément ignoble. Il publie maintenant aux éditions de Fallois, chez Pierre-Guillaume de Roux, au Rocher, etc. Le public semble de plus en plus favorable aux pensées alternatives. Au moment où Eric Zemmour caracole en tête des ventes d’essais, les gens comprendraient d’autant plus mal qu’Alain de Benoist soit encore ostracisé. Mais n’oublions pas que, si les possibilités d’expression médiatique sont plus grandes, le traitement médiatique des auteurs sulfureux reste quant à lui partial et orienté. Certains intellectuels iconoclastes passent certes beaucoup de temps dans les médias, comme Zemmour, Onfray ou Finkielkraut. Mais ils sont attaqués sans cesse ! Les lignes bougeront réellement lorsque ce ne sera plus le cas et qu’il sera possible, en France, de proposer des alternatives au libéralo-centrisme dominant.

    Est-ce que l’avenir de l’intelligence ne repose pas en partie sur une internationale des éditeurs et réseaux intellectuels en Europe ?

    C’est important et, très franchement, notre mouvance a particulièrement bien réussi dans ce domaine. Alain de Benoist mobilise un vaste réseau européen, et c’est d’ailleurs en Italie qu’il a le plus grand succès. Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur un large réseau de contacts, que ce soit en Italie, en Espagne, en Belgique, en Allemagne, et même partout dans le monde. Nous avons des correspondants à l’étranger, et nous y connaissons des éditeurs, qui suivent tout ce que nous faisons. Ce sont ces éditeurs étrangers qui traduisent une bonne partie des livres que nous publions en France et assurent notre influence internationale très large. Se développer à l’échelle européenne présente deux intérêts. Le premier est de dépasser les conflits idéologiques franco-français. Secondement, l’élargissement de l’influence intellectuelle permet de traiter certaines questions à l’échelle globale. Nous devons tous constituer un réseau international pour avoir du poids à l’échelle de la société, face à des problématiques elles-mêmes de plus en plus globales : mondialisation, crise écologique, développement de la finance, etc. Car c’est à une authentique crise de la civilisation européenne que nous sommes en train d’assister. Notre peuple ne peut pas se développer sans un rapport au livre qui soit fondé sur l’exigence. Sans rigueur dans la lecture et dans la pensée, la culture se dégrade. L’approche consumériste du livre condamne le peuple français, européen et occidental à une attitude grégaire. C’est l’intelligence qui préserve de la docilité. On n’a pas d’idées rebelles sans avoir tout simplement des idées. Le nivellement de la culture aboutit à un nivellement de l’esprit critique et de l’intelligence. Le philosophe et historien Jacob Burckhardt a déjà développé depuis longtemps cette thèse de la mort de la civilisation en constatant que les moyens de communication modernes allaient certes permettre une diffusion de la culture, mais aussi une commercialisation de la pensée. Je suis convaincu qu’il s’agit du principal défi à relever, et le monde de l’édition y joue un rôle crucial. Aujourd’hui, ce défi ne peut être relevé que de manière associative. Dans un monde où l’argent occupe une place aussi importante, nous devons sortir du culte de la marchandise. Nous devons faire le pari de l’intelligence pour que l’homme soit de nouveau structuré par la culture, plutôt qu’abêti par les médias. 

    Propos recueillis par Francis Venciton

  • Littérature • Et si on (re)lisait Stefan Zweig cet été ?

     

    Par Johan Rivalland

    Article d'une  série, sur Contrepoints, destinée à nous faire découvrir ou redécouvrir l’auteur autrichien Stefan Zweig. Dont toute l'oeuvre, si riche, nous intéresse à bien des titres. Aujourd’hui, présentation de « L'ivresse de la métamorphose ».

     

    GeO1v_zloUlL25W1g1uECL1razY.pngOeuvre posthume, Ivresse de la métamorphose est un roman dont l’écriture a débuté en 1930-1931 et a été poursuivie en 1938-1939. Trois grands temps semblent se succéder, avec une rupture marquante entre les deux derniers, qui coïncide avec la rupture d’écriture, sans qu’il y ait d’incohérence, bien au contraire.

    Les tourments de la guerre

    Le premier temps décrit une peinture de la femme autrichienne, du moins de certaines d’entre elles, celles qui ont souffert de la manière la plus criante des conséquences de la Grande Guerre, à travers ici une toute jeune femme, qui en a vu sa vie bouleversée durablement.
    On trouvait déjà une telle peinture de jeune femme emportée plus directement dans les tourments de la Guerre dans Clarissa (voir notre volet précédent), mais à un âge un tout petit peu plus avancé.

    Ici, d’emblée la peinture est sombre ; on ressent pleinement, au-delà du drame de la guerre elle-même, la destruction qu’elle engendre, jusque dans les longues années qui suivent, pour les populations qui ne pourront jamais vraiment s’en remettre, en raison en particulier de la pauvreté, voire l’état de misère, qu’elle induit.

    Un destin bien sombre

    Puis un second temps ouvre des perspectives vers un autre monde, en flagrant contraste et dont la peinture est, elle aussi, particulièrement riche et évocatrice, décrite avec l’acuité toute particulière de Stefan Zweig, maître hors pair de la psychologie humaine et de l’observation sociologique.

    Elle va trouver son point de rupture et déboucher sur ce troisième temps, très sombre et qui préfigure, de manière grandissante, ce qui va constituer une part du destin de l’auteur lui-même, ne manquant pas de susciter en nous une certaine émotion ou, plus exactement, revêtant une valeur particulière dans cette oeuvre, par l’authenticité de la description de certains faits. Avec aussi, en arrière-fond, une critique très intéressante de l’État, particulièrement en temps de guerre ou après (ici appliqué au cas de l’Autriche), que je ne renierais pas. 

    Un chef d’œuvre de subtilité

    Je reste, bien sûr, volontairement flou dans ce commentaire, pour ne dévoiler en rien l’histoire et tâcher même de brouiller un peu les pistes, mais je n’ai qu’un conseil, pour ceux qui connaissent bien l’auteur et n’ont pas encore lu ce livre-ci : ne pas passer à côté de cette lecture.
    Un roman vrai, un roman fort, un sujet grave et qui mérite toute notre attention. Un chef d’oeuvre de subtilité.  •

    Stefan Zweig, I'vresse de la métamorphose, Le livre de poche, avril 1994, 285 pages. 

    Johan Rivalland 

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Famille de France • Retour au musée de Dreux du portrait du roi Louis-Philippe

       

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpg« Ce mardi 4 juillet, le roi Louis-Philippe retrouvait le chemin du Musée d’art et d’histoire de Dreux.

    Après plusieurs mois de restauration, ce magnifique tableau reprenait sa place dans la salle consacrée aux Orléans, au second étage du musée.

    Je ne connaissais pas le Musée d’Art et d’Histoire de Dreux. « L’appel du grand large » nous fait souvent passer à côté de ce qui est sous nos yeux. Classé premier dans le département et quatrième dans la région, ce musée contient plusieurs chefs-d’œuvre méritant le détour : Granet, Vlaminck ou Monet.

    Ce portrait en pied, probablement de Noyal d’après celui du Baron Gérard exposé à Versailles, superbement restauré retrouvait ainsi tout son éclat, surtout de mon point de vue le bleu de la redingote. On y voit le Roi en uniforme prêtant serment sur la charte de 1830 entouré des symboles de la royauté. Ce tableau est tout simplement superbe.

    Dans une des salles sont aussi exposées les œuvres des enfants qui ont suivi cette année les enseignements au musée, dont ma fille Antoinette. Pour clôturer la journée, nous assistions à la représentation musicale de Gaston au conservatoire de Dreux. »   

     

    Jean de France, duc de Vendôme
    Domaine Royal, le 10 juillet 2017

     

    Le site officiel du Prince Jean de France

  • Histoire & Société • Jean-Christophe Buisson : « 1917 annonce notre époque de plus en plus déshumanisée »

     Un défilé du 14-Juillet marqué par la présence américaine

     

    Le 14 juillet 2017 est l'occasion de se pencher à nouveau sur l'importance de l'année 1917 dans l'histoire : dans un entretien réalisé par Alexandre Devecchio, paru sur Figarovox à l'occasion de la sortie de son ouvrage 1917, l'année qui a changé le monde, Jean-Christophe Buisson explique que cette année cruciale préfigurait notre postmodernité. Les idées, les analyses, sont foisonnantes et toujours intéressantes. Critiques envers notre société. Bienvenues sur ce site ... LFAR 

     

    XVMdf34f3a6-67e2-11e7-8c12-a695e61ec102.jpgDe quelle manière 1917 fut-elle « l'année qui a changé le monde »?

    De toutes les manières, et c'est pour cette raison qu'elle est la seule à pouvoir être ainsi qualifiée. Pour reprendre un adjectif spenglerien, 1917 fut « décisive » sur un plan militaire, d'abord, avec des événements aussi importants dans le déroulement de la Première Guerre mondiale que l'effondrement de la Russie, le débarquement américain, l'arrivée des tanks, la déroute italienne à Caporetto ou la conquête de Bagdad et de Jérusalem par les Britanniques. Mais aussi d'un point de vue politique, diplomatique, social, économique, culturel ou scientifique, Avant ou après, d'autres années ont marqué durablement leur époque mais jamais dans tous ces domaines à la fois. 1815 fut une année cruciale pour la géopolitique de l'Europe et, partant, du monde, mais on serait en peine de trouver des mouvements culturels nés cette année-là qui seraient de l'ampleur de Dada, de l'art conceptuel ou du surréalisme. 1848 fut une année de soubresauts politiques et sociaux majeurs en France et en Europe centrale mais elle ne déboucha pas sur une refondation d'Etats ou la création de structures nationales ou impériales aussi nouvelles que la Russie soviétique ou la Yougoslavie. Plus tard, 1945 verrait la fin d'un monde mais celui qui viendrait après ne s'affirmerait que dans les années suivantes alors que 1917 voit en même temps s'effondrer celui d'hier et émerger celui de demain, c'est-à-dire le nôtre.

    Rédigé sous la forme d'une chronique au jour le jour embrassant tous les continents et tous les domaines, votre livre évoque des centaines d'événements. Quels sont les plus marquants ?

    Tout dépend de votre sensibilité personnelle. Selon que vous êtes un passionné de la chose militaire ou un pacifiste, un conservateur ou un progressiste, un cinéphile ou un sportif, un amateur d'art ou un féru d'exploits aériens, un observateur de la vie politique ou quelqu'un que les destins hors normes fascinent, vous retiendrez l'offensive alliée catastrophique du Chemin des Dames et la bataille d'Ypres ou le mouvement général des mutineries et la chanson de Craonne ; le retour au pouvoir de Clemenceau et de Churchill ou la création du système de délégués d'atelier, ancêtres des délégués du personnel, et les mobilisations des femmes en faveur de meilleurs droits sociaux et citoyens (il est d'ailleurs à noter que le Figaro, sous la plume d'Abel Hermant, n'était alors pas le dernier à militer en faveur du droit de vote et d'éligibilité de ces dames à l'Assemblée nationale…) ; le triomphe de Charlie Chaplin et la projection du premier film d'animation de l'Histoire (argentin!) ou la création de la coupe de France de football (avec quelques clubs ... anglais) ; le ballet « Parade » et les tableaux extraordinaires de Klee, Vallotton, Grosz, Matisse, Kandinsky et Léger ou la disparition tragique de Guynemer et les exploits du « baron rouge » Manfred von Richthofen ; le génie tactique de Lénine et de Trotski réalisant un coup d'Etat qui avait cent fois plus de chances d'échouer que de réussir ou les initiatives si audacieuses de Lawrence d'Arabie et de Gandhi.

    Vous dites que notre monde est le produit de cette année-là. Comment ?

    Prenez les quatre événements internationaux majeurs de 1917. Qui niera que les deux révolutions russes, l'intervention pour la première fois des Etats-Unis sur le sol européen, la déclaration Balfour et la déclaration de Corfou n'ont pas lourdement pesé sur l'histoire du monde au XXe siècle et ce, jusqu'à nos jours ? La chute des Romanov et surtout l'instauration du premier régime totalitaire de l'histoire ont bouleversé le destin de la planète entière, donnant naissance par réaction au fascisme et au nazisme et jetant des peuples entiers dans des chaos et des apocalypses dont on paie encore les conséquences - et pas seulement intellectuelles. En rompant avec leur isolationnisme traditionnel pour venir en aide aux démocraties occidentales et se mêler directement des affaires de l'Europe, les Américains ont inauguré leur leadership mondial et opté pour un statut de « gendarme du monde » qu'ils perpétuent au XXIe siècle - pour le meilleur, parfois ; pour le pire, souvent. En promettant aux Juifs un « foyer national » sur les décombres de l'empire ottoman dont d'autres Britanniques avaient promis les oripeaux aux tribus arabes, le secrétaire au Foreign Office lord Balfour a sans doute, de son côté, participé à la création d'une situation confuse et explosive au Proche-Orient qui n'a jamais semblé plus inextricable qu'aujourd'hui. Enfin, en choisissant d'oeuvrer à la destruction des vieux empires (Autriche-Hongrie et empire ottoman) dans lesquels il vivaient, Serbes Croates, Bosniaques et Slovènes ont opté pour un Etat artificiel commun qui allait s'avérer un tombeau de leurs illusions et un terrain d'horribles massacres dans les années 1940 et les années 1990.

    Ce qui frappe au cours de cette année, c'est aussi l'ampleur prise par le phénomène de mécanisation de la mort...

    Oui et c'est en cela que 1917 sonne véritablement le glas du « monde d'hier » décrit par Stefan Zweig ou Joseph Roth et annonce le XXe siècle, qui sera un temps de progrès, techniciste, rationaliste, déicide, hyperviolent. Naissent ou se développent sur terre, dans les airs et sous les mers, des engins de mort de plus en plus sophistiqués. Au prétexte d'économiser des vies humaines en substituant aux combattants des tanks, des sous-marins et des avions, on industrialise des techniques de tueries de masse. Le gaz moutarde fait son apparition dans les obus allemands. On prépare Auschwitz, Dresde et Hiroshima. N'est-ce pas d'ailleurs encore cette année-là que Ludendorff, numéro deux de l'armée allemande, imagine le concept de « guerre totale » voué à une certaine popularité un quart de siècle plus tard ? A se demander si Cocteau n'avait pas raison en affirmant que « le progrès est peut-être le développement d'une erreur »... Ne pas oublier aussi que moins de deux mois après la révolution d'octobre est mis sur pied la terrible police politique soviétique (la Tchéka) et élaborée, déjà, sous la forme d'un décret de Lénine visant à emprisonner et à envoyer aux travaux forcés « les saboteurs, les fonctionnaires en grève et les spéculateurs », l'idée même de goulag.

    Au milieu de ce contexte aussi brutal émergent pourtant de nombreux mouvements culturels...

    Les deux sont étroitement liés. C'est l'environnement de la guerre, de la brutalisation des êtres, de la mécanisation à outrance qui, justement, provoque cette incroyable effervescence culturelle en 1917. Les artistes se nourrissent de cette monstrueuse boue chaotique pour en faire de l'or pictural, littéraire ou musical. Le premier disque de jazz ne pouvait être enregistré qu'en 1917. Marcel Proust ne pouvait terminer son manuscrit d'« A l'ombre des jeunes filles en fleurs », futur Prix Goncourt, qu'en 1917. Pierre Drieu La Rochelle ne pouvait publier ses premiers poèmes, qui sont à la fois une ode à la force brute, un appel à l'amitié entre les peuples européens jetés dans une atroce « guerre civile » et un long soupir fataliste (bref du fascisme romantico-littéraire avant l'heure) qu'en 1917. Apollinaire ne pouvait inventer le terme de surréalisme qu'en 1917. Freud ne pouvait imaginer le concept du surmoi qu'en 1917. Malevitch ne pouvait peindre ses premiers « carrés blancs sur fond blanc » qu'en 1917.

    Dans votre livre, vous vous attardez aussi sur plusieurs figures qui vont faire le XXe siècle. Quel intérêt de raconter leur vie en 1917 ?

    Parce que 1917 a changé leur vie. Et parfois celle de leurs contemporains. Je pense par exemple à la création du premier centre anticancer par Marie Curie ou aux quatre équations du rayonnement gravitationnel établies par Einstein dans sa chambre glaciale de Berlin dont il ne sort quasiment plus. Quant aux grands leaders politiques du XXe siècle, tous ont vu leur destin s'accélérer cette année-là: convalescent après avoir été blessé au front, Mussolini bascule dans la conviction que les futurs anciens combattants formeront une communauté politique après-guerre et que son pays a besoin d'un homme « qui connaisse le peuple, soit son ami, le dirige et le domine, quitte à lui faire violence » ; Hitler, lui aussi blessé et convalescent, se forge son antisémitisme paranoïaque en constatant qu'il y a, à l'arrière, un « nombre élevé » de Juifs dans les bureaux qu'il met en parallèle avec « leur rareté sur le front » ; Mao Zedong publie son premier article dans une revue pékinoise où il élabore une doctrine visant à établir « un homme nouveau » et un « ordre nouveau » afin de lutter contre «les quatre démons du monde» que sont l'Eglise, l'Etat, le capitalisme et la monarchie ; De Gaulle, prisonnier en Allemagne, tente à plusieurs reprises de s'évader et se jure de plus jamais subir cette humiliation suprême pour un soldat qui est de ne pas pouvoir combattre ; Mac Arthur connaît ses premiers problèmes avec sa hiérarchie ; par son activisme, Gandhi arrache aux Britanniques la promesse de discussions sur une réforme du statut de l'Inde, etc.

    S'il fallait retenir une œuvre qui décrit le mieux 1917 ?

    « 1917: l'initiation d'un homme », de John Dos Passos, immense auteur américain trop souvent sous-évalué en raison de l'ombre de son contemporain et frère d'armes et de plume Ernest Hemingway. Et le tableau de Félix Vallotton que j'ai choisi pour la couverture de mon livre. Presque abstrait, d'un graphisme exceptionnel, il représente un champ de bataille noyé sous des faisceaux lumineux, dans des nuées de gaz, des incendies et des pluies diluviennes. On y voit une nature écrasée et… aucun être vivant. Comme si toute humanité avait été effacée de la surface de la Terre. Il annonce notre époque de plus en plus déshumanisée, où la machine et les robots semblent sur le point de triompher.

    « En rompant avec leur isolationnisme traditionnel pour venir en aide aux démocraties occidentales, les Américains ont inauguré leur leadership mondial et opté pour un statut de gendarme du monde »

    Jean Christophe Buisson est écrivain et directeur adjoint du Figaro Magazine. Il présente l'émission hebdomadaire Historiquement show4 et l'émission bimestrielle L'Histoire immédiate où il reçoit pendant plus d'une heure une grande figure intellectuelle française (Régis Debray, Pierre Manent, Jean-Pierre Le Goff, Marcel Gauchet, etc.). Il est également chroniqueur dans l'émission AcTualiTy sur France 2. Son dernier livre, 1917, l'année qui a changé le monde, vient de paraître aux éditions Perrin.

    XVMe6d08b2a-67e2-11e7-a217-4e3a6d45d0e7-200x240.jpg

    1917, l'année qui a changé le monde de Jean-Christophe Buisson, Perrin, 320 p. et une centaine d'illustrations, 24,90 €.

    Alexandre Devecchio

  • 14 Juillet • Le défilé du 14 Juillet ne saurait masquer l’état de délabrement de notre armée de l’air 

     

    Par Marc Rousset

    Nous retiendrons surtout de cet article les intéressantes données données chiffrées sur l'état de nos armées. Les appréciations politiques peuvent être objet de débat.  LFAR 

     

    f682426fee04086bb84efa58fc9b3d8e.jpeg.jpgL’acteur de théâtre Macron compte faire le beau avec Trump pour le 14 Juillet en lui présentant quelques échantillons de nos forces armées. Mais le rapport présenté à la commission des finances de l’Assemblée nationale le 28 mars 2017 par le député Cornut-Gentille décrit dramatiquement ce qu’il en est quant à l’insuffisance et la vétusté des capacités françaises de transport aérien.

    Macron, malgré ses singeries au bout d’un filin pour être héliporté sur un sous-marin nucléaire, brille pour la communication mais ne passe pas du tout, en réalité, dans le milieu militaire. Macron est un technocrate bancaire allergique au militaire sans aucune conviction patriotique. Macron parle de 2 % du PIB en 2025 pour le budget de la Défense alors qu’il faudrait de façon urgente 3 % du PIB demain matin. Le budget représente aujourd’hui environ 1,6 % du PIB.

    La réalité, c’est que jamais l’effort de Défense n’a été aussi faible depuis plus d’un demi-siècle. Trois exemples illustrent la situation : aucun des avions ravitailleurs, qui ont pourtant plus de cinquante ans, n’a été remplacé ; plus de 50 % des hélicoptères sont indisponibles (par manque d’argent, effort est fait sur les OPEX, mais il n’y a pas assez d’hélicoptères pour l’entraînement en France) ; 15 % des militaires ne reçoivent toujours pas le montant exact de leurs rémunérations plus de six ans après la mise en place du nouveau système informatique LOUVOIS ( LOgiciel Unique à VOcation Interarmées de la Solde).

    La liste exhaustive de nos faiblesses en matière de transport aérien stratégique est trop longue. Selon la Cour des comptes, la France ne peut couvrir au mieux qu’un quart de ses besoins stratégiques. En 2013, année de fortes sollicitations, la capacité est tombée à 7,4 %. L’armée de l’air dispose, par exemple, de deux A340, 22,5 ans d’âge moyen, trois A310, 30,6 ans d’âge moyen, onze C-135 et trois KC-135 (ravitaillement en vol ou 25 tonnes de fret), âge moyen classifié dépassant les cinquante ans. D’où le recours permanent aux flottes étrangères, principalement américaines, notamment pour le soutien OPEX. Il est fait recours aussi d’une façon occulte – ce qui représente un abandon de souveraineté – à plusieurs types d’avion loués à prix d’or à la Russie, à l’Ukraine ou aux États-Unis tels que les Antonov An-124 (100 tonnes), les Boeing 747 de l’US Air Force (70 tonnes) et les Iliouchine II-76 (35 tonnes). 

    En matière de transport aérien tactique, les chiffres sont aussi critiques et lamentables, suite à une usure avancée. Les C-160 Transall, malgré les efforts des mécaniciens de l’armée de l’air, sont à bout de souffle. Il ne restait que 21 Transall C-160 disponibles fin 2016. Le taux de disponibilité de la flotte des C-130, qui était de 72 % en 2011, a chuté en 2016 à 22,5 %. Quant aux CASA, l’acquisition de nouveaux appareils n’a pas permis d’enrayer la baisse du taux de disponibilité, situation préoccupante qui souligne l’hétérogénéité du parc.

    L’A400M dont parlent continuellement les médias a pris un retard considérable suite à de sérieux problèmes techniques. Il faudra attendre au moins 2025 pour disposer des cinquante appareils prévus. Il est loin, le temps du général de Gaulle où la France avait un taux de budget de la Défense de 5,1 % du PIB ! Quarante ans de décadence avec l’UMPS et Macron, Hollande bis, continue sur le même chemin… 

     
    Économiste
  • Beaux-Arts • Exposition « Rubens, portraits princiers »

    Portrait de Louis XIII, huile sur toile de Pierre Paul Rubens, propriété du Norton Simon Museum de Pasadena

     

    A partir du 4 octobre 2017 jusqu’au 14 janvier 2017, le musée du Luxembourg à Paris présentera l’exposition « Rubens, portraits princiers ». En voici le descriptif :

    « Rubens fut, sans doute un peu malgré lui, un immense portraitiste de cour. S’il se voulait d’abord peintre de grands sujets historiques, il excella dans le domaine du portrait d’apparat, visitant les plus brillantes cours d’Europe.

    Prisé pour son érudition et sa conversation, il joua aussi un rôle diplomatique important, jouissant d’une position sociale sans égale chez les artistes de son temps. Autour des portraits de Philippe IV, Louis XIII ou encore Marie de Médicis réalisés par Rubens et par quelques célèbres contemporains (Pourbus, Champaigne, Velázquez, Van Dyck…), l’exposition plonge le visiteur dans une ambiance palatiale au cœur des intrigues diplomatiques du XVIIe siècle. ». 

  • Course contre la montre dans l'Est syrien

    L'E.I. à Mayadin

     

    Par Antoine de Lacoste

     

    2966618915.2.pngLe territoire de l'Etat islamique se rétrécit comme peau de chagrin en Syrie comme en Irak. Raqqa, l'ex capitale du « Califat » est maintenant la pointe avancée au Nord de son territoire. Les Kurdes et les quelques miliciens du FDS, armés et financés par les Américains, en font le siège.

    Cela peut-être long, comme à Mossoul, mais l'issue de la bataille ne fait aucun doute. D'ailleurs, de nombreux responsables de l'EI ont fui, abandonnant leurs hommes, le long de l'Euphrate, vers le Sud-Est. Ils s'installent à Deir-ez-Zor, mais surtout, plus au Sud-Est encore, à Mayadin.

    En effet Deir-ez-Zor n'a jamais été prise totalement par Daesh et plus de la moitié de la ville résiste encore, au prix d'efforts acharnés de l'armée syrienne et des milices fidèles au régime. Un certain nombre de chrétiens y combattent. Le ravitaillement est assuré par les airs car l'aéroport est encore aux mains de l'armée.

    Les récentes offensives islamistes n'ont pu enfoncer les défenseurs de Deir-Ez-Zor qui sont particulièrement motivés compte tenu du sort qui les attend en cas de défaite... Des adolescents ont été mobilisés et toute la population participe à la résistance.

    Il était alors plus commode pour l'Etat islamique de se regrouper dans une ville mieux tenue, d'où le choix de Mayadin dont toute la zone est entre ses mains.

    Pendant que les FDS pro-américains progressent par le Nord, l'armée syrienne progresse, elle, par l'Ouest.

    De violents combats se déroulent en ce moment à l'Est de Homs et l'objectif est de détruire ce dernier saillant de Daesh puis de foncer à travers le désert vers Deir-Ez-Zor et Mayadin. L'armée syrienne n'a d'ailleurs pas attendu que les dernières poches de la province de Homs soient réduites pour entamer ce mouvement.

    Pourquoi une telle hâte alors que de nombreuses zones restent à nettoyer, non seulement des éléments de Daesh, mais aussi des autres combattants islamistes encore très nombreux sur le territoire syrien ?

    Parce que la défaite de l'Etat islamique est inéluctable et que ceux qui occuperont le terrain à ce moment-là seront en position de force pour l'après-guerre.

    Il est donc vital pour l'armée syrienne de reprendre le maximum de territoires possibles afin d'éviter ce que le régime craint le plus : la partition du pays.

    Il peut compter pour cela sur l'appui de la Russie et de l'Iran, ce qui n'est pas rien.

    Les Kurdes quant à eux rêvent toujours d'un Kurdistan autonome au Nord de la Syrie et comptent sur l'appui américain pour imposer cet état de fait. Mais même si Bachar n'a pas la possibilité de l'empêcher, la Turquie ne l'acceptera jamais. En attendant si les Kurdes délivrent Raqqa, cela pèsera dans la balance.

    La grande inconnue demeure l'attitude des Américains. Au delà des divergences entre la CIA, toujours prête à aider les islamistes et à renverser Bachar, et le Pentagone, plus prudent, les déclarations à géométrie variable de Trump déroutent évidemment l'analyse...

    Il va encore se passer beaucoup de choses en Syrie.  

    Retrouver l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans Actualité Monde

  • Annie Laurent : « la conscience d’une identité européenne s’est largement forgée dans la confrontation avec l’islam »

     

    Annie Laurent nous a fait l'amitié de nous signaler l'important entretien qu'elle vient d'accorder au site ami Le Rouge et le Noir. Les lecteurs de Lafautearousseau en prendront connaissance avec grand intérêt. Eventuellement pour le commenter et en débattre.  LFAR 

    Titulaire d’un doctorat d’Etat en sciences politiques, Annie Laurent s’est spécialisée dans les domaines touchant aux questions politiques du Proche-Orient, à l’Islam, aux chrétiens d’Orient et aux relations interreligieuses. Auteur de plusieurs livres sur ces sujets, elle fut aussi nommée experte par le pape Benoît XVI au Synode spécial des Évêques pour le Moyen-Orient qui s’est tenu à Rome en octobre 2010.

    Elle a bien voulu accorder un entretien fleuve au Rouge & le Noir à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage, L’Islam - pour tous ceux qui veulent en parler (mais ne le connaissent pas encore) publié aux éditions Artège en avril 2017. 288 pages.

     

    1435703774.jpgR&N : Quelles sont les principales questions que soulève la présence de l’islam en Europe ?

    Annie Laurent : « Naguère, nous rencontrions des musulmans, aujourd’hui nous rencontrons l’islam ». Cette phrase prononcée par le cardinal Bernard Panafieu, archevêque émérite de Marseille, dans une conférence qu’il donnait il y a une quinzaine d’années, illustre bien le changement de perspective qui s’est opéré, dans notre pays. Après la Seconde Guerre mondiale, les premiers immigrés musulmans étaient pour l’essentiel des hommes qui venaient en célibataires pour des raisons économiques et aspiraient à rentrer dans leurs pays d’origine une fois qu’ils auraient les moyens de faire vivre leurs familles chez eux. Ils n’avaient donc aucune revendication d’ordre religieux ou communautaire. Tout a changé à partir des années 1970 au cours desquelles divers gouvernements ont opté pour le regroupement familial (en France, ce fut en 1974, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing), puis pour des assouplissements en matière de nationalité (droit du sol plutôt que droit du sang) et, enfin, la possibilité accordée aux étrangers de fonder des associations de la loi 1901. Des évolutions de cette nature se sont produites dans la plupart des pays d’Europe, certains optant même officiellement pour le multiculturalisme, comme en Grande-Bretagne.

    Ainsi, peu à peu, le Vieux Continent a eu affaire à une immigration de peuplement, donc définitive. Les musulmans en Europe veulent vivre selon les principes de leur religion et de leur culture. Il faut savoir que l’islam porte un projet qui est aussi social et politique puisqu’il mêle le spirituel et le temporel. Et cette conception repose sur une volonté attribuée à Dieu, à travers le Coran, et sur l’exemplarité de Mahomet, qualifié de « beau modèle » dans ce même Coran (33, 21).

    Or, les fondements de la culture islamique sont étrangers à ceux de la culture européenne, qui repose essentiellement sur le christianisme. Par exemple, l’islam ignore le concept de « personne », qui est d’origine biblique et s’enracine dans la réalité du Dieu trinitaire. La Genèse enseigne en effet que “Dieu créa l’homme à Son image, à l’image de Dieu, Il le créa, Il les créa homme et femme” (Gen 1, 27). Ainsi comprise, la personne humaine est dotée d’une dignité inaliénable et inviolable. Or, le récit coranique de la création occulte cette merveilleuse réalité. Allah reste étranger à l’homme, Il ne partage rien avec lui. Le mot « personne » est d’ailleurs absent du vocabulaire arabe. C’est pourquoi les chrétiens arabisés du Proche-Orient ont conservé l’usage du mot « ouqnoum », qui signifie « personne » en araméen, la langue que parlait le Christ. Dans l’islam, l’individu trouve sa dignité en tant que « soumis » à Dieu et membre de l’Oumma, la communauté des musulmans, éléments qui le privent d’une vraie liberté, notamment dans le domaine de la conscience et de la raison.

    Il s’agit là d’une divergence fondamentale entre le christianisme et l’islam concernant la vision de l’homme et de sa vocation.

    En s’établissant en Europe, les musulmans auraient pu bénéficier de la conception chrétienne en matière d’anthropologie. Mais l’islam s’installe chez nous alors que nous avons perdu de vue les racines de cette vision sur l’homme et de tout ce qui constitue les fondements de notre civilisation, notamment la liberté, dévoyée en libéralisme absolu, et l’égalité, dévoyée en égalitarisme ; alors aussi que nous sommes pervertis par l’athéisme et le laïcisme. Ayant délaissé notre héritage chrétien, nous sommes incapables de transmettre aux musulmans ce que nous avons de meilleur. En outre, ces derniers rejettent notre culture actuelle, alors qu’il y a encore un siècle elle leur paraissait attrayante et digne d’imitation.

    Pour répondre plus précisément à votre question, l’islam en Europe heurte de plein fouet une société décadente qui, non seulement la rend incapable de relever le défi existentiel représenté par cette réalité nouvelle, mais la prépare à se soumettre à un système où Dieu et la loi divine ont la première place. Le problème est donc avant tout spirituel et culturel.

    Quel statut l’islam donne-t-il au texte du Coran ? Comment l’islam accepte-t-il (ou non) la critique littéraire et historique de son texte et de sa formation ?

    Selon une définition dogmatique fixée au IXe siècle, au temps du califat abbasside régnant à Bagdad, le Coran est un Livre « incréé ». Il a Dieu seul pour auteur. Il fait même partie de l’être divin puisque, dans sa forme matérielle, il est la copie conforme d’un original, la « Mère du Livre », conservé auprès d’Allah de toute éternité (Coran 13, 39), donc préexistant à l’histoire. Contrairement à la Bible, qui se présente comme un recueil d’œuvres écrites par des hommes sous la motion de l’Esprit Saint (doctrine de l’inspiration), la créature humaine n’a joué aucun rôle dans l’élaboration et la rédaction du Coran. Pour accréditer cette thèse, les musulmans ont toujours dit que Mahomet était illettré et ils l’ont présenté comme le transmetteur passif.

    A cause de son statut divin, le Coran est intouchable. Il ne peut être soumis à une exégèse faisant appel aux sciences humaines, selon les critères historico-critiques appliqués à la Bible dans l’Église catholique. Il n’est pas interdit de s’interroger sur « les circonstances historiques de la Révélation » ; cette science est reconnue par les écoles qui ne s’en tiennent pas à une lecture littéraliste, mais elle ne peut contredire le caractère éternel du Coran dont le contenu est anhistorique. De même, les savants musulmans admettent le rôle du troisième calife, Othman, dans la composition du Coran tel qu’il existe encore. Mais ils ne s’interrogent pas, par exemple, sur les raisons qui ont motivé l’ordonnancement du texte. Les sourates et les versets ne sont pas classés par ordre chronologique de leur « descente » (mot servant à qualifier la transmission du Coran à Mahomet par l’ange Gabriel) ni par ordre thématique. L’ordre retenu est la longueur décroissante des sourates, la première mise à part, qui est très brève. Si bien que la deuxième est la plus longue tandis que la dernière, la 114è, est la plus courte. S’il en fut ainsi c’est que Dieu l’a voulu. La critique littéraire est également impossible. Le Coran se présente comme ayant été dicté en langue arabe (41, 2-3 et 43, 3). Or, des recherches effectuées par des philologues, malheureusement non musulmans, montrent que ce texte contient des emprunts à d’autres langues sémitiques comme l’araméen et le syriaque.

    Il faut espérer que des musulmans oseront un jour se lancer dans des recherches scientifiques sur tous les aspects relatifs aux origines du Coran et de leur religion. On observe cependant de nos jours une prise de conscience chez certains de leurs intellectuels du fait qu’il y a un mal interne à l’islam et que la crise actuelle, d’une gravité sans précédent, ne trouvera pas de solution tant qu’une autorité reconnue n’aura pas le courage de soutenir d’authentiques travaux scientifiques sur le Coran.

    « Ce n’est pas ça l’islam », entendons-nous régulièrement après un attentat islamique. Les mouvements djihadistes se situent-ils en marge de l’islam ?

    Il est de bon ton d’affirmer que l’islamisme, au sein duquel le djihadisme constitue la forme violente, est étranger à l’islam, qu’il en constitue une perversion ou un accident de l’histoire. Cela est faux. D’ailleurs, jusqu’au XXe siècle, en Occident, la religion des musulmans était appelée « islamisme ». Désormais, on veut distinguer l’islam compris comme religion de l’islamisme compris comme idéologie. Mais les deux dimensions sont étroitement mêlées.

    Le Coran comporte des dizaines de versets dans lesquels Allah demande aux musulmans de combattre, de tuer, d’humilier, etc. Je n’en citerai ici que deux : « Combattez : ceux qui ne croient pas en Dieu et au Jour dernier ; ceux qui ne déclarent pas illicite ce que Dieu et son Prophète ont déclaré illicite ; ceux qui, parmi les gens du Livre [juifs et chrétiens selon le Coran], ne pratiquent pas la vraie religion. Combattez-les jusqu’à ce qu’ils paient directement le tribut après s’être humiliés » (9, 29). Et celui-ci : « Que les incrédules n’espèrent pas l’emporter sur vous ! Ils sont incapables de vous affaiblir. Préparez, pour lutter contre eux, tout ce que vous trouverez de forces et de cavalerie, afin d’effrayer l’ennemi de Dieu et le vôtre » (8, 59-60).

    Les djihadistes se conforment donc à ce qu’ils croient être des ordres divins. Et ils anathématisent ceux qui, parmi leurs coreligionnaires, refusent de pratiquer la violence. Pour eux, ce sont de mauvais musulmans qui méritent donc également la mort.

    On ne doit certes pas enfermer tous les musulmans, pris indistinctement, dans un cadre idéologique légitimant la violence, mais prétendre que les djihadistes trahissent l’islam est une erreur. Le problème est qu’aucune autorité ne peut vraiment les condamner, sauf à considérer le Coran comme condamnable.

    Le concept de taqiya existe-t-il réellement dans l’islam ou est-ce une invention récente ?

    Précisons d’abord le sens de ce mot arabe : taqiya signifie « dissimulation ». Or, là aussi, contrairement à une idée reçue, il ne s’agit pas d’une perversion de l’islam. Certes, le Coran interdit formellement de renoncer à leur religion, sous peine de châtiments divins et de malédictions éternelles (cf. 2, 217 ; 3, 87 ; 4, 115 et 16, 106). Les musulmans ne peuvent donc en principe dissimuler leur identité et travestir leurs croyances. Cependant, le Coran évoque deux types de situations où il est possible, voire recommandé, de pratiquer la taqiya. D’une part, en cas de contrainte extérieure, le musulman peut renier Dieu extérieurement tout en conservant sa croyance dans le cœur (16, 106). D’autre part, en cas de rapports de forces défavorables, lorsque le fait de s’opposer aux infidèles présente du danger, il est possible de prendre ceux-ci pour alliés (3, 28-29) alors qu’en principe cela n’est pas autorisé (3, 118 ; 5, 51 ; 9, 23 ; 60, 13).

    On est loin ici de la doctrine chrétienne, pour laquelle aucun prétexte ne doit servir à dissimuler sa foi en Jésus-Christ ou son identité baptismale, ce qui peut évidemment conduire au martyre.

    Cela dit, historiquement, la taqiya a d’abord été pratiquée dans les communautés minoritaires ou dissidentes (chiites, druzes, alaouites, alévis). Mais aujourd’hui, elle est admise chez les sunnites, surtout lorsque ceux-ci sont en situation de minorités comme c’est le cas en Europe.

    Les catholiques sont invités à imiter le Christ et les saints. Quel modèle Mahomet est-il pour le musulman ? L’islam donne-t-il à ses fidèles d’autres exemples à suivre ?

    Pour les musulmans, Mahomet est le « sceau des prophètes ». « Pas de prophète après moi », aurait-il dit, selon la tradition islamique. Il est donc le plus grand, le préféré d’Allah qui lui a accordé une bénédiction spéciale, et son comportement est édifiant. Toute critique à son égard est dès lors considérée comme blasphématoire. On l’a vu avec les réactions violentes qui ont suivi les caricatures de Mahomet.

    Du fait de cette excellence, cela ordonne de lui obéir car cela revient à obéir à Dieu (3, 132 ; 4, 80). Tout ce que Mahomet a dit, a fait ou n’a pas fait, en telle ou telle circonstance est donc normatif, digne d’imitation. Les récits rapportant tous ses actes, ses recommandations et ses ordres ont été recueillis par des témoins, puis rassemblés dans des volumes qui constituent la Sunna, la tradition prophétique. Celle-ci a tellement d’importance qu’elle est la deuxième source du droit musulman. Elle complète ce qui manque au Coran dans l’ordre législatif. En Occident, on a trop tendance à minimiser l’importance de la Sunna. Ce qui me frappe, c’est que les musulmans savent que Mahomet a tué, a menti et a rusé, a pillé des caravanes, a spolié les juifs de Médine de leurs biens, a été polygame, autrement dit n’a pas eu une vie morale exemplaire. Mais ils ne s’interrogent pas sur son comportement et ne se lancent pas dans une comparaison avec celui de Jésus tel qu’il est rapporté dans les Évangile. Au contraire, le fait que Mahomet ait eu une vie comme celle de nombreux hommes sert l’apologétique islamique : elle permet de montrer que les musulmans ne considèrent pas Mahomet comme un dieu, sous-entendu comme le font les chrétiens avec Jésus.

    Pour l’islam, Jésus n’est qu’un prophète, chargé d’une double mission : apporter l’Évangile pour rectifier les erreurs que les juifs auraient introduites dans la Torah de Moïse, annoncer la venue de Mahomet comme « sceau des prophètes ». C’est en cela qu’il est digne de respect. Mais il n’est ni le Fils de Dieu, ni Rédempteur. Ignorant la réalité du péché originel, l’islam ne conçoit pas la nécessité d’un salut.

    Un personnage occupe une place privilégiée dans le Coran. Il s’agit de Marie, à laquelle la sourate 19, qui porte d’ailleurs son nom, consacre de beaux passages. Certes, son identité est floue car elle est présentée à la fois comme la mère de Jésus et comme la sœur de Moïse et d’Aaron, lesquels avaient bien une sœur portant le nom de Mariam. Mais des générations séparent les deux Marie. Selon le Coran, Marie est honorée pour avoir donné naissance au prophète Jésus, conçu miraculeusement. Sa virginité perpétuelle est également reconnue. Mais, après la naissance de son fils, elle disparaît, on ne parle plus d’elle. Cependant, elle est décrite comme une parfaite musulmane, soumise à Dieu. C’est en cela que les musulmans sont invités à l’admirer et à l’imiter. S’ils ne peuvent en principe pas l’invoquer à la manière des chrétiens, j’observe qu’une authentique dévotion mariale se développe dans une partie du monde de l’islam.

    J’en déduis, et c’est ma conviction, que Marie est le « porche de l’espérance ». Je crois que c’est par elle que les musulmans sont appelés à découvrir l’identité véritable de Jésus-Christ. Il n’est d’ailleurs pas rare que des musulmans se convertissent grâce à elle.

    Les musulmans honorent par ailleurs Aïcha, l’épouse préférée et influente de Mahomet, très présente dans la Sunna. Elle est considérée comme la « mère des croyants ». On peut aussi mentionner Fatima, la fille d’Ali, cousin et gendre de Mahomet.

    L’islam ignore le concept de sainteté au sens chrétien du terme. Seul les musulmans adeptes du soufisme, version mystique de l’islam, au demeurant ultra-marginale, vénèrent des saints qui leur sont propres. Mais aucune autorité spirituelle n’a le pouvoir de canoniser des êtres humains.

    La perception de l’Église catholique en Occident sur l’islam est-elle équilibrée ? Elle semble bien différente de celle des chrétiens d’Orient.

    En effet ! Le problème vient du fait que les Occidentaux ont oublié leur histoire ; ils ont oublié que la conscience d’une identité européenne s’est largement forgée dans la confrontation avec l’islam, contre lequel il a fallu se défendre pendant des siècles. Il faut ajouter à cela le syndrome qui a suivi la décolonisation et qui a engendré une forme de complexe particulièrement malsain car il conduit à une auto-culpabilisation qui demeure malgré les évidences actuelles. Le pacifisme qui s’est emparé de l’Occident après la Seconde Guerre mondiale est également responsable de cette situation. Dans certains milieux chrétiens, on rejette l’idée que l’on puisse avoir des ennemis, oubliant ainsi que le Christ Lui-même en a eus. C’est, hélas, une réalité héritée du péché originel et qui, comme telle, demeurera tant que durera l’histoire humaine. Nier la réalité des ennemis désarme l’Occident et le rend incapable de porter un regard lucide sur l’islam. Ce qui compte pour les chrétiens, ce n’est pas de s’enfermer dans le déni mais de chercher dans l’Évangile les moyens de répondre au défi de l’islam.

    Pour leur part, les chrétiens d’Orient n’ayant jamais cessé d’être confrontés à l’islam, n’ont pas cédé aux dérives que je viens de décrire. Ils nous parlent à partir d’une expérience souvent douloureuse qui n’a jamais été vraiment interrompue. Leur parole doit donc être prise très au sérieux.

    Vous avez par ailleurs créé l’association CLARIFIER. Quel en est le but ?

    C’est essentiellement pour remédier à l’ignorance et à l’oubli dont je viens de parler qu’avec quelques amis nous avons créé cette association qui existe depuis 2009. Étant de formation juridique, je suis attachée à la précision, à la concision et à la rigueur des mots. Or, trop de confusions entourent la présentation de l’islam dans ses divers aspects. Il faut y apporter de la clarté. Notre action se distingue donc par un souci pédagogique. Par ailleurs, tout en portant un regard lucide sur l’islam, nous tenons à marquer de la bienveillance et du respect envers les personnes qui professent cette religion. C’est pourquoi nous avons choisi comme devise la phrase de saint Paul pour qui « la charité met sa joie dans la vérité » (I Co 13, 6).

    Concrètement, nous diffusons périodiquement des Petites Feuilles vertes, qui traitent de tel ou tel sujet. Celles-ci sont envoyées par courrier électronique. Il suffit pour les recevoir de s’inscrire en allant sur le site de l’association : www.associationclarifier.fr

    Nous proposons aussi des conférences et des sessions de formation à l’islam destinées à toutes sortes de publics : élus locaux, entreprises, établissements d’enseignement, ecclésiastiques.

    Pour tout contact, on peut écrire à l’une des deux adresses suivantes.

    Adresse postale : Association Clarifier – Galaxy 103 – 6 bis rue de la Paroisse – 78000 Versailles.

    islamannielaurent-5f4cc.jpg

    Courriel : contact@associationclarifier.fr

    Le Rouge & le Noir

  • Festival d'Avignon : Une plainte pour apologie du terrorisme vise une pièce de théâtre sur Merah

    © AFP Une plainte pour apologie du terrorisme vise une pièce de théâtre sur Merah

     

    La plainte a été déposée par les avocats de proches des victimes de Merah. La représentation de la pièce avait été organisée dans le cadre de la programmation off du festival d'Avignon. C'est Europe1 qui a diffusé - hier - l'information et publié le commentaire qui suit. L'affaire donne une idée de l'esprit qui règne en Avignon lors du Festival. Nous redisons ce que nous avons déjà écrit à propos de pareilles incongruités : Si Emmanuel Macron nourrit vraiment  le dessein de redresser la France, sur tous les plans, et pas seulement en matière économique, le plan culturel, comme le plan moral et mental, le plan sociétal, comme éducatif, le plan militaire, comme géopolitique, peut-il tolérer la perpétuation de telles insanités ?  LFAR

     

    BBpO6Gb.pngUne plainte pour apologie du terrorisme a été déposée contre l'auteur, Mohamed Kacimi, et le metteur en scène, Yohan Manca, d'une pièce de théâtre sur les dernières heures du djihadiste toulousain Mohamed Merah, jouée lors du Festival off d'Avignon, a-t-on appris de source judiciaire. Déposée dans un premier temps au TGI de Paris par les avocats de proches des victimes de Merah, la plainte a ensuite été transmise au parquet d'Avignon, a précisé le procureur de la République d'Avignon Philippe Guémas.

    De vives protestations. La représentation de la pièce dans le cadre de la programmation off du festival d'Avignon avait suscité de vives protestations. Mardi, des avocats de proches de victimes de Mohamed Merah avaient demandé au metteur en scène et à l'auteur du texte l'annulation de la dernière représentation, qui s'était finalement déroulée sans incident.

    Écrite à partir d'un verbatim. La pièce intitulée « Moi, la mort je l'aime comme vous aimez la vie », écrite par l'auteur algérien Mohamed Kacimi, retrace les dernières heures de Mohamed Merah, et a été écrite à partir du verbatim des derniers échanges entre les policiers et le tueur retranché dans son appartement, avant qu'il ne soit abattu par le Raid. « Mohamed Merah avant d'être un monstre était un être humain, un jeune homme de 20 ans qui regardait les Simpsons et mangeait des pizzas », expliquait le metteur en scène Yohan Manca sur le site du théâtre de la Manufacture à Avignon, au sujet de cette pièce qui avait déjà été jouée au théâtre de la Loge à Paris du 11 au 13 novembre 2015.

    Les 11 et 15 mars 2012, Mohamed Merah, 23 ans, a tué trois militaires par balle dans la rue, à Toulouse et Montauban, puis, le 19 mars, trois enfants et un enseignant dans un établissement scolaire juif de Toulouse, avant d'être tué le 22 mars par le Raid qui assiégeait son appartement depuis la veille.