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  • L'hommage de Mathieu Bock-Côté à Max Gallo

     

    Par Mathieu Bock-Côté           

    Depuis Montréal, Mathieu Bock-Côté, dans cette tribune [Figarovox, 21.07],  rend hommage à l'historien Max Gallo, « un homme qui vouait une passion charnelle à la France ». Il s'y livre à quelques considérations critiques sur les vices de l'époque moderne, qui retiendront l'attention. Nous notons que, selon lui, « au fil du temps, Max Gallo était passé d'une conception un peu aride de la République à une passion charnelle pour la France. » Tout est dit.  LFAR

     

    2760774407.2.jpgIl y a des hommes si robustes et imposants qu'on en vient à croire que rien ne peut les arracher à l'existence. Les années passent et leur vigueur demeure, même si on sait bien qu'ils sont comme nous de simples mortels. Quand la faucheuse passe, on peine à y croire. C'est probablement le sentiment qu'inspire au plus grand nombre le décès de Max Gallo. Historien, écrivain, homme politique, il en était venu à jouer un rôle bien particulier dans la vie publique française : il était de ceux qui rendent l'histoire au commun des mortels. Ce dernier ne demande qu'à se passionner pour elle, pour peu qu'elle ne soit pas confisquée par des spécialistes qui transforment les débats propres à leur discipline en discussions ésotériques, qui n'ont plus grand-chose à voir avec l'amour du passé. À travers le roman historique, Max Gallo cultivait le vieil art de l'histoire populaire.

    D'un livre à l'autre, il s'agissait pour Max Gallo d'expliciter les époques dans lesquelles il se plongeait et de dévoiler les grandes passions mettant les hommes en mouvement. L'œuvre de Max Gallo n'est pas celle d'un historien enfermé dans une spécialité au point de se laisser hypnotiser par elle. C'est malheureusement la tentation des historiens de notre temps, qui ont voulu faire de l'histoire une science sociale comme une autre, au point de la désenchanter, trop souvent, en la condamnant à l'aridité. Au contraire: pour lui, l'histoire se peignait comme une grande fresque. Il voulait faire revivre de grandes époques, et pour cela, il faisait revivre les grands hommes à travers lesquels elles s'incarnent. Il cherchait à entrer dans leur tête, à percer leur psychologie et leur mentalité. Pour comprendre l'action des grands hommes, il faut voir le monde comme ils le voient.

    Cette réflexion sur les grands hommes tranchait avec l'esprit de l'époque. La tentation intellectuelle des dernières décennies a été de relativiser leur rôle, certains allant même jusqu'à le nier. L'illusion déterministe a voulu congédier l'action humaine et sa capacité à influencer le cours des choses, et même, quelquefois, à le faire basculer. Le biographe, lui, voit le monde autrement. Sans tel homme, sans telle femme, le cours de l'histoire aurait été tout autre. Que serait le vingtième siècle sans de Gaulle, sans Churchill ? Que serait l'histoire de la France sans Napoléon, pour le meilleur et pour le pire ? Sans prétendre qu'elle s'y réduise, c'est peut-être à travers l'action des grands hommes que la liberté humaine se révèle le mieux. Ce n'est pas sans raison que pendant longtemps, on a cru à la nécessaire éducation du Prince.

    Max Gallo était l'héritier d'une tradition historique essentielle, mais souvent moquée par les modes idéologiques qui se sont succédées depuis quelques décennies : l'histoire nationale. Il s'agit de raconter à un peuple son histoire, ou si on préfère, sa grande aventure, en chantant ses belles pages, sans négliger ses pages moins glorieuses aussi. L'éducation historique est essentielle au développement du sentiment national et d'appartenance collective : elle donne à l'homme le sentiment de participer à quelque chose qui le dépasse. On a souvent caricaturé l'histoire nationale à la manière d'une simple histoire patriotique pour les esprits simplets et militants. Pour cela, on a cru devoir opposer au récit glorieux d'hier un récit humiliant, enseignant la haine de soi. Il fallait voir dans la nation une mystification collective et transgresser ses grands symboles.

    En fait, on a assisté, en quelques décennies, à un étrange retournement. La mutation diversitaire de l'histoire l'a transformée en instrument de déconstruction nationale, chaque communautarisme faisant sécession mentalement de la nation pour se présenter comme la victime d'une majorité dont il faudrait désormais contester et abolir les privilèges. La gauche radicale a vu dans la dénationalisation des pays occidentaux le stade suprême de la décolonisation : le multiculturalisme permettrait à la démocratie de s'affranchir du culte de la patrie. Cela aurait pu être la triste devise des dernières décennies : qui apprend l'histoire apprend à détester son pays. On a ainsi voulu couper le lien entre les peuples occidentaux et leur héritage historique. On croyait engendrer des hommes libres alors qu'on fabriquait des individus déculturés.

    Max Gallo n'a pas cédé à cette manie : mieux, il l'a combattue. Fier d'être Français, écrivait-il, en pleine vague pénitentielle. Il rappelait ainsi que le patriotisme n'est pas une pathologie, et qu'un peuple se dissoudra inévitablement si on l'enferme dans un présentisme débilitant, où il n'est plus possible de mettre quoi que ce soit en perspective. La fierté nationale n'a rien d'un patriotisme cocorico, comme on le voit dans les stades lors des grandes compétitions sportives. Il s'agit surtout d'assumer l'histoire de sa nation et de vouloir la poursuivre, en lui assurant la maîtrise de ses destinées. Et pour cela, le récit national est une part essentielle de l'identité nationale. Il faut pouvoir en admirer les grands hommes, les grandes périodes, les grands événements. On ne construit rien de grand sans admiration. Cela, Max Gallo le savait aussi.

    On ne saurait raconter l'histoire d'un peuple en la confondant avec celle d'une faction ou avec le déploiement d'une seule idée. Chacun embrasse à travers son histoire les grandes contradictions qui définissent la condition humaine. D'une certaine manière, la nation est une médiation vers l'universel. Au fil du temps, Max Gallo était passé d'une conception un peu aride de la République à une passion charnelle pour la France. Cela témoignait aussi d'une évolution de sa philosophie politique personnelle. Ce qui l'intéressait, c'était l'âme de la France. À travers elle, chose certaine, c'est une des pages les plus intéressantes de l'histoire humaine qui s'écrit. On se désolera que Max Gallo ne soit plus là pour nous raconter la suite des choses. On ne doutera pas que son œuvre aura donné à ceux qui la fréquentaient le désir de poursuivre l'histoire de France et peut-être même, celui de la raconter.    

    « La mutation diversitaire de l'histoire l'a transformée en instrument de déconstruction nationale, chaque communautarisme faisant sécession mentalement de la nation. »

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Le chaos libyen surmonté à Saint-Cloud ?

    Gamal Abdel Nasser et Mouammar Kadhafi ensemble en 1969 

     

    En deux mots.jpgQue la France paye aujourd’hui l'erreur libyenne de Nicolas Sarkozy, c'est ce dont plus personne – ou presque -  ne doute.  

    Sarkozy, dans l'affaire, tentait de recouvrer sa popularité perdue, comme il l'avait fait avec la libération des infirmières bulgares, au temps de Cécilia.  

    BHL - qui fut dans l'opération libyenne son âme damnée - s'y était agité et impliqué comme jamais, pénétré de son ambition intime. Celle de l'écrivain engagé dans l'Histoire : Chateaubriand libérant la Grèce des Ottomans ; et Malraux l'Indochine du colonialisme français, â l'époque du Jeune Annam.  

    Mais ni le régime d’opinion ni le romantisme littéraire ne sont propices à la conduite d’une politique étrangère. 

    On sait ce que nous a coûté l'élimination du régime Kadhafi : la dispersion de ses arsenaux d'armes modernes à travers l'Afrique et l'Orient. Au profit des diverses obédiences terroristes. Et, en l'absence d'Etat, le littoral libyen devenu la base du flot des migrants en transit pour l'Europe ; la base de ce trafic humain qui, chez nous, intensifie le grand remplacement. Sans compter les conséquences d'ordre économique.

    Quant aux printemps arabes dont on nous a tant rebattu les oreilles, qu'en reste-t-il ? BHL l'expliquera aux naïfs persistants. Et, en sous-ordre, Bernard Guetta sur France Inter. 

    Emmanuel Macron a au moins compris que les Etats faillis sont une plaie. Raison pour laquelle il dit ne pas en vouloir un en Syrie. Et, sur ce point, il a raison. 

    On sait qu'il vient de recevoir à Saint-Cloud - autre site hérité de la monarchie - les deux principales autorités subsistantes et antagonistes au sein du chaos libyen. Celle de l'Ouest, civile, siégeant plus ou moins à Tripoli, et celle de l'Est, militaire, capitale Benghazi.  

    Cette partition - mais la Libye, nation tribale, en connaît bien d'autres - ramène â la situation d'après la Seconde Guerre mondiale où se posa la question de savoir ce que l'on pourrait bien faire de ce grand territoire dépeuplé, politiquement improbable. Allait-on créer un, deux, ou trois Etats ? Les vainqueurs du conflit mondial s'interrogèrent. Idriss el Senoussi apparut capable de fédérer les tribus du grand territoire indéterminé et la Libye fut créée. Idriss el Senoussi devint Idriss 1er et la Libye un royaume. Un royaume assez longtemps raisonnable et paisible. 

    On sait que le renversement du roi Idriss (1969) par un groupe de jeunes officiers, à l'instar de ceux qui moins de vingt ans plus tôt, avaient renversé le roi Farouk en Egypte (1952), n'a pas mis fin à l'Etat libyen. Comme Nasser en Egypte, Kadhafi - autre colonel - s'était dégagé du groupe d’insurgés. Comme Idriss, la diversité de ses origines, ses mariages, lui ont permis de maintenir, si l'on peut dire, l'unité libyenne. Simplement, â l'autorité du vieux roi Idriss, débonnaire et conciliante, s'en substitua une autre, féroce et souvent erratique, excentrique et mégalomaniaque. Une autorité, néanmoins.

    Dans ces conditions, anciennes et nouvelles, dont le chaos actuel, Emmanuel Macron a-t-il quelque chance de concilier les chefs libyens rivaux qu'il a réunis à Saint-Cloud ? Une chance que se reforme un Etat libyen disposant de quelque force, unité, autorité, capacité d'action ? Une chance de réparer l'erreur du trio Sarkozy-Fabius-BHL ? 

    Sans-doute a-t-il raison de le tenter, selon les intérêts de la France, même si les motifs de douter de son succès sont nombreux et sérieux. En tout cas, si la solution trouvée pour sortir du chaos consiste seulement à organiser en Libye des élections cet automne, comme il a été annoncé à l'issue des discussions de Saint-Cloud, alors les perspectives de résultat sont pour ainsi dire à peu près égales à zéro. 

  • Témoignage : « Ma visite du Domaine royal de Dreux avec le prince Jean de France »

     

    Par Karine S. 

    C’était le dimanche 2 juillet, que le rendez-vous était donné à la chapelle royale avec S.A.R le Prince Jean d’Orléans.

    Celui-ci nous a accueillis avec quelques mots sympathiques à l’entrée du domaine de Dreux. La visite a commencé sur la butte permettant la vue panoramique de la ville. Le prince Jean d’Orléans nous fit un rappel historique et explicatif de la construction de la ville. Il nous expliqua également la place forte et stratégique, la butte où fut construite la chapelle royale. Puis, il nous guida vers cette magnifique chapelle de style néoclassique et néogothique. Nous fûmes tous surpris par les volumes de celle-ci, paraissant plus petite vue de l’extérieur. Les vitraux sont inspirés de compositions religieuses comme historiques, mêlant technique et beauté artistique. Il est difficile de croire qu’ils ont bravé les siècles de guerres et d’intempéries vu leur bon état comme leur perfection. Nous fûmes émerveillés par ce savoir-faire architectural et artisanal.

    La visite s’est poursuivie, par la partie intime de la famille royale : la nécropole. Nous avons marché, guidé par le Prince dont le sang irrigue notre histoire. A travers les caveaux recouverts de magnifiques gisants sculptés dans le marbre blanc, il nous permit d’approcher les heurs et les malheurs des membres de sa famille royale.

    Il s’en suivit une belle balade dans le parc arboré d’arbres anciens aux plus récents d’essences diverses. Les enfants ont pu pour certains jouer à grimper dans les sculptures naturelles qu’offrent les arbres, alors que d’autres tentèrent de jouer avec les poules se baladant en toute liberté. Accueillis par la princesse Philoména, son épouse, pour terminer la journée, nous fûmes invités en toute simplicité dans leur intimité à boire un café. Au-delà d’une belle journée ensoleillée, ce fut un moment enrichissant pour moi en tant que simple sympathisante royaliste. Après avoir eu un rappel historique et émerveillée par la visite des lieux, j’ai découvert un Prince accessible. Un homme de son temps, passionné par son histoire, de la vie de sa ville comme de sa région et de ses habitants, de l’évolution culturelle, industrielle de celle-ci. Un homme d’avenir et responsable, face aux difficultés pour garder un héritage comme d’assurer un avenir à ses enfants. J’ai découvert une famille qui s’investit dans la sauvegarde du patrimoine afin de préserver l’image de la France à travers le monde. Bref un Prince préoccupé du social comme investi dans la Francophonie et les difficultés de notre temps.

    La Couronne

  • Être nationaliste à l’ère des masses en Europe (1900–1920) : l'ouvrage d'Olivier Dard, Didier Musiedlak, Éric Anceau (dir.)

     

    Présentation de l'ouvrage

    Le nationalisme européen a souvent été interprété comme la principale source de l’avènement des dictatures et en particulier des fascismes.

    Le retour actuel sur la scène politique d’un certain attachement à la nation, allant jusqu’à l’expression même de mouvements radicaux à caractère xénophobe ou raciste, est-il le signe annonciateur du retour des dictatures au coeur de l’Europe ? C’est dans le but de répondre à cette question que les auteurs de cette recherche collective ont entrepris de revisiter le nationalisme européen des années 1900 jusqu’aux lendemains de la Première Guerre mondiale en l’interrogeant non plus par rapport à la naissance des futurs régimes, mais en le considérant dans sa singularité, à un moment critique de l’histoire de l’Europe, le passage à la société de masse. Que signifie concrètement être nationaliste, en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Belgique, en Suisse ou encore en Pologne durant cette période critique ? Pour tenter de répondre à cette question, un des objectifs majeurs de ce livre est de privilégier l’étude des éléments constitutifs de « l’être nationaliste » : le registre du rapport au monde (sensibilité, culte du moi, dimension occupée par l’esthétique), mais aussi, les échanges entre diverses nations, la diversité des itinéraires, sans omettre la part dévolue à l’action politique au moment même où la guerre apparaît pour tous comme la grande épreuve de vérité. 

    Contenu

    Didier Musiedlak : Introduction • Olivier Dard : Genèse et structuration du nationalisme français • Simone Visconti : Le nationalisme italien au début du XXe siècle • Nicolas Patin : Du fantasme des masses à la réalité de la Grande Guerre démocratique • Francis Balace : L’épreuve du feu • Alain Clavien : L’helvétisme, modalité suisse de la « grande vague nationaliste qui submerge l’Europe » • Didier Musiedlak : Maurice Barrès, Gabriel d’Annunzio, Ernst Jünger et la question de l’esthétique • Raffaella Canovi: L’esperienza italiana • Björn Hofmeister : Weltanschauung und politische Radikalisierung • Bertrand Joly : Déroulède et l’Allemagne • Michel Leymarie : Jérôme et Jean Tharaud et le colonialisme • Sarah Huguet : Jules Lemaître (1853–1914) • Ana Isabel Sardinha : Francisco Homem Cristo Filho (1892–1928) • Miguel Perfecto García : Azorín, la crisis del sistema liberal español y el nacimiento de una nueva derecha • Alessandra Tarquini : Croce, Gentile e Prezzolini di fronte alla Grande guerra • Nationalisme et « conservatisme révolutionnaire » • Denis Pernot : Barrès et l’Union sacrée • Ismael Saz Campos : Maeztu, Ortega et D’Ors dans l’immédiat après-guerre • Mariusz Wotos : Les conceptions nationalistes de Roman Dmowski et leur influence sur la vie politique polonaise avant, pendant et après la Première Guerre mondiale • Bernd Zielinski : Nationalisme et pensée économique de l’Allemagne impériale à la République de Weimar • Olivier Dard : Conclusion

    Pour commander

    VOLUME ETRE NATIONALISTE

  • Le problème Macron

     

    Par François Marcilhac

     

    364574047.jpgEmmanuel Macron serait-il déjà en train de perdre le crédit très relatif qu’il avait auprès des Français ?

    En tout cas, l’affaire Pierre de Villiers laissera des traces. Et pas seulement auprès de l’armée, envers laquelle, pourtant, Macron avait entamé un travail de séduction dès son intronisation, lorsqu’il avait remonté les Champs-Élysées sur un véhicule militaire. Non, auprès des Français aussi, qui voient progressivement apparaître le vrai visage de leur nouveau président. Dans les média serviles, c’était à qui verrait, chez Macron, le retour du sens de l’État, une attitude gaullienne, une posture régalienne… Cette « verticalité » du pouvoir – mot à la mode pour ne pas dire transcendance – que Sarkozy et Hollande, le premier par sa vulgarité, le second par sa normalité, avaient abolie, Macron l’avait de nouveau investie, au sens premier du terme, c’est-à-dire en revêtant le costume de la fonction, par une attitude ferme et pleine de hauteur, comprenant que les Français, qui sont restés profondément monarchistes et donc attachés à la dignité de la fonction suprême, n’avaient pas pardonné à leurs deux prédécesseurs leur médiocrité. On est allé jusqu’à évoquer Louis XIV : vainqueur de la Fronde, celui-ci ne s’était-il pas fait représenter par Charles Poerson avec les attributs de Jupiter ? Soit, mais en sachant toujours « raison garder ». Il est vrai qu’après l’avachissement de la fonction présidentielle durant dix années, voire quinze, Chirac ayant joué au roi fainéant durant son second mandat, il n’était pas difficile pour Macron de faire illusion. Même si, s’agissant de salir la France, ses propos indignes lors de la commémoration de l’horrible rafle du Vel d’Hiv, voulue par l’occupant allemand, se sont inscrits, eux, dans la plus indigente continuité. Mais, devait-il penser, par la jeunesse, une certaine prestance physique, des mises en scène soignées, des entretiens accordés ici ou là rompant habilement avec une pratique du pouvoir rejetée par les Français, il serait facile de leur faire prendre des vessies pour des lanternes et la manifestation d’un ego démesuré pour une posture royale. Dans notre précédent éditorial, nous nous inquiétions, après le discours de Versailles, de savoir si le nouveau président de la République avait le sens de la mesure. Nous constations que le vernis commençait de craquer. Nous ne pensions pas que les faits allaient nous donner raison si vite.

    N’est pas Jupiter qui veut

    Car n’est pas le Roi-Soleil, ou Jupiter, qui veut. D’autant que le chef d’État-Major des armées (CEMA) n’avait organisé nulle fronde – ni nulle tentative de putsch ! Il a, comme c’était son droit, et plus encore son devoir dans un régime de séparation des pouvoirs, informé à huis-clos la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale de l’état réel de celles-ci et donc de l’impossibilité dans laquelle il était de cautionner un nouvelle baisse de leur budget que, du reste, le président de la commission, un macroniste, a lui aussi déplorée. Mais avec Macron, c’est bien Bercy, et non l’Olympe, qui a pris le pouvoir. La décision, dont le comte de Paris a dénoncé « l’éternelle courte vue », de soustraire 850 millions d’euros aux armées, soit 20 % de l’effort demandé, comment la justifier, d’autant que certains ministères sont touchés bien plus que d’autres ? Ainsi, Bercy ne l’est qu’à hauteur de 268 millions. Ne faut-il pas, il est vrai, financer la dotation de 100 millions que va recevoir le parti du président, ainsi que le futur budget de Madame ? Une baisse en tout cas insupportable pour la Défense qui augure mal de la volonté réelle de Macron de porter à 2 % du PIB le budget des armées d’ici à 2025. Surtout qu’il ne s’est pas contenté de cette première faute morale, doublée d’une « faute politique majeure » (Jean-Dominique Merchet à 20 Minutes), qu’a été ce « recadrage médiatique » consistant à désavouer publiquement le CEMA, le 13 juillet, devant le gratin de l’armée rassemblé à l’Hôtel de Brienne : il a récidivé dans Le Journal du dimanche, à la suite de la dernière « lettre à un jeune engagé », publiée le 14 juillet par le CEMA, dans laquelle ce grand soldat écrit : « Méfiez-vous de la confiance aveugle ; qu’on vous l’accorde ou que vous l’accordiez. Elle est marquée du sceau de la facilité. Parce que tout le monde a ses insuffisances, personne ne mérite d’être aveuglément suivi. La confiance est une vertu vivante. Elle a besoin de gages. Elle doit être nourrie jour après jour, pour faire naître l’obéissance active, là où l’adhésion l’emporte sur la contrainte. » Des propos admirables.

    Un profond aveu de faiblesse

    En revanche, cette façon compulsive qu’a Macron de rappeler à tout bout de champ qu’il est le « chef », qu’est-elle d’autre qu’un profond aveu de faiblesse ? Et cette double faute morale et politique, humiliante par ailleurs pour une ministre de la Défense vouée à l’inexistence par le « chef », que traduit-elle d’autre que la profonde fêlure intérieure d’un Emmanuel Macron ressentant sa légitimité incertaine de président mal élu comme une offense à son ego ? « Il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique » : cette phrase lui revient en boomerang. Car c’est Macron qui sort diminué de sa piteuse remontrance. Un chef s’impose de lui-même, dans la dignité marmoréenne, et donc économe de mots, de son autorité. Celle-ci est déjà atteinte s’il croit devoir rappeler qui il est. Comment ne pas penser à Chirac, le 14 juillet 2004, à propos, déjà, du budget de la Défense ? Mais il s’agissait alors de l’augmenter – une augmentation que contestait Sarkozy, le ministre des Finances : « je décide, il exécute », avait rugi le chef de l’État, avouant ainsi que les rôles n’étaient plus clairement définis. Mais Sarkozy n’était que ministre. En désavouant son CEMA, c’est à l’autorité même de cette fonction qu’il s’attaque, et donc à la cohésion et au moral de l’armée, prouvant qu’il a d’autant moins et le sens de l’État et celui de sa fonction de chef des armées, que des soldats français risquent leur vie tous les jours, et meurent trop nombreux, sur des théâtres d’opération à travers le monde. Quant à récidiver quarante-huit heures plus tard, c’est montrer qu’on laisse son amour-propre dicter définitivement sa loi. Affirmer, enfin, qu’on n’a besoin de « nuls commentaires », n’est-ce pas reconnaître qu’on ignore ses propres insuffisances ? « Le roi en ses conseils », disait l’adage. Le roi connaissait, lui, ses insuffisances. Une supériorité fondamentale sur notre Jupiter autoproclamé.

    La méthode immature du chef de l’État

    N’écouter que soi et risquer d’aller au clash pour affirmer son ego, telle semble être la méthode immature du chef de l’État. Il en est de même avec les collectivités territoriales. S’imposant le lundi 17 juillet au Sénat derrière Philippe, comme si celui-ci ne servait décidément à rien, Macron a confirmé la disparition totale, à terme, de la taxe d’habitation et des coupes sombres dans le budget des collectivités territoriales (13 milliards d’euros) tout en annonçant une refonte de la fiscalité locale, mais sans redéfinir le périmètre des charges qui leur sont dévolues. Or, l’État s’est désengagé sur elles depuis plusieurs années de nombreuses politiques en matière de solidarité ou d’éducation… Le satisfecit du Fonds monétaire international (FMI), qui vient de saluer sa politique économique et sociale (les ordonnances en cours), semble manifestement lui suffire. Pour la finance mondiale, ce roi sans majesté est, comme on dirait dans sa langue, « the right person in the right position at the right time »… Il n’est pas certain, toutefois, que, décevant déjà les Français, il ne déçoive également bientôt ses maîtres… Le problème Macron ne fait que commencer. 

  • Du Maroc : Quand le président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima soupçonne BHL de noirs agissements ...

    Villa de BHL à Tanger (En vente)

     

    En marge des troubles du Rif.

    Des déclarations qui ont pu choquer au Maroc, où BHL est considéré comme un ami du Maroc. Mais qui ne paraîtront pas sans fondement au lecteur français ...  LFAR

    Le journal en ligne marocain le360 relate [22.07] comment le président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, M. Ilyas El Omari, s'en est pris rudement à Bernard-Henri Lévy dans un post sur Facebook le vendredi 21 juillet,.

    Il est précisé que BHL dispose d’une maison dans la ville du Détroit. 

    M. Ilya El Omari affirme avoir croisé à Tanger BHL, en compagnie d’un de ses amis qui a l'a abordé pour une photo. BHL a opposé une fin de non-recevoir sèche à la requête de l’ami du président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. 

    Ce dernier commence par se demander : « pourquoi BHL est présent en ce moment précisément à Tanger ? » Et d’ajouter: « Il est connu que cet individu passe ses vacances dans des pays en crise comme la Libye, la Syrie, l’Irak et les territoires occupées ». 

    « Le plus étonnant est que Bernard-Henri Lévy est connu pour être l’annonciateur des guerres, compte tenu du fait que la mort, la destruction et la dévastation l’accompagnent là où il se rend », précise M. El Omari. Il ajoute que BHL « est connu pour préparer le terrain autant du point de vue des idées que du renseignement pour insuffler le chaos et attiser les conflits armés. Il s’est d’ailleurs illustré à ce sujet dans ce qu’on a appelé les révolutions du printemps arabe ». Et d’insister sur cette question : « Que fait parmi nous Bernard-Henri Lévy ? », avant de conclure : « Je me pose cette question non pas pour remettre au goût du jour la théorie du complot sioniste, mais pour mettre en garde les enfants de mon pays contre ce "philosophe" »...  

    360.png

    Source : Le360 article signé de M. Abdelkader El-Aine

  • Dans les commentaires ... A propos de « La Chine construit un port de guerre à Djibouti »

    La Chine à Djibouti ou la puissance des armes

     

    Par Corcelles

    Un commentaire intéressant reçu le 24.07. Il y est question d'« influence ». Quand la Chine est plutôt en quête de « puissance ». Qu'elle établit là où était la nôtre. On jugera de la différence. Eventuellement on en débattra.  LFAR    

     
     
    f1efdbf5.jpgRemarquable article sur la présence chinoise à Djibouti.
     
    C'est bien sur ce point que la délégation djiboutienne du Partenariat Eurafricain a déjà attiré notre attention.  Une mission du Partenariat Européen qui revient des Comores après Madagascar a pu constater, pas très loin de Djibouti, l'influence chinoise dans la sous-région.
     
    Grâce, entre autres, à la remarquable revue ECO AUSTRAL, dirigéa par Alain Foulon et basée à l'île Maurice, la France, dans sa dimension historique et culturelle, y dispose d'une influence considérable. La présence chinoise montre toute l'importance de Mayotte même si bien entendu il est urgent de régler le contentieux avec les Comores.
     
    « On est saisi par l'aveuglement européen » écrivez-vous. Oui certes et c'est bien là que l'on constate la NECESSITE d'une coopération européenne. Il faut saluer le rôle de La Réunion qui relaie les politiques française et européenne (notamment les programmes INTERREG) dans l'Océan Indien qui (re)devient une mare nostrum.
     
    Ceux qui veulent aider à l'influence française dans la région peuvent s'abonner à ECO AUSTRAL: ecoaustral.com
     
    A lire dans Lafautearousseau ...
     
  • Visite du Toulon historique et religieux ce 25 juillet : une invitation du Café histoire de Toulon

     

    Le professeur Alain Vignal, de l'Académie du Var, organise pour le Café Histoire de Toulon et les Amis du Graal, une visite gratuite et ouverte à tous, du vieux Toulon historique et religieux. Prévoir 1h30 le 25 juillet. Rendez-vous à 17h00 sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de la Seds.  

  • Ne pas baisser la garde, militairement parlant

     

     Par Jean-Philippe Chauvin

     

    1345578492.5.jpgLes premières mesures budgétaires de l'ère Macron, survenant au cœur d'un été que l'on espère plus paisible que celui, meurtrier, de l'an dernier, soulèvent évidemment nombre de critiques, et chacun, ou presque, y trouve à redire, de plus ou moins bonne foi selon les cas.

    Pourtant, personne ne nie que la situation financière de notre pays est délicate et qu'une meilleure maîtrise des dépenses s'avère nécessaire pour pouvoir retrouver une certaine crédibilité sur le plan européen, et, plus important, les moyens d'une véritable souveraineté économique, qui n'est pas l'isolement mais la capacité à « être et agir » librement pour l’État politique face aux féodalités de l'Argent, qu'elles prennent les formes de puissances financières légales, de fonds vautours ou de multinationales industrielles ou commerciales. 

    Si nombre de mesures annoncées, pour désagréables qu'elles puissent être à court terme, ne me choquent pas outre mesure (comme le gel du point d'indice pour les fonctionnaires, dont je suis, et le rétablissement du jour de carence), d'autres me paraissent inappropriées et, même, dangereuses. Ainsi la diminution (provisoire ?) du budget de la Défense, celle-là même qui a provoquée la colère, puis la démission du général de Villiers, n'est pas une bonne nouvelle au regard des périls internationaux actuels et du rôle de l'armée française dans la protection du continent européen, rôle et place qui faisaient dire au président de la Commission européenne pour une fois bien inspiré que « l'armée européenne c'est l'armée française », reconnaissant ainsi que, plutôt que de vouloir une hypothétique Défense européenne unifiée, mieux valait reconnaître et renforcer ce qui existait déjà, nationalement, et que c'est bien la France, et elle seule, qui incarnait le mieux cette Défense... Au moment où le monde vit un réarmement général, il ne faut pas baisser la garde, même si la solution n'est pas que militaire mais d'abord politique. En disant cela, je ne suis pas militariste mais prudent, tout simplement : si la confiance entre amis est honorable, elle n'enlève rien à la nécessité de se préserver de ceux qui ne le sont pas, ou qui en sont de « faux »... Et, en diplomatie, l'on sait aussi que, selon la formule du général de Gaulle, « les alliances sont saisonnières » : mieux vaut, donc, se garder soi-même, sans méconnaître les possibles coopérations et, bien sûr, les communautés de combat que les événements obligent parfois. 

    Les 850 millions pris aux armées cette année peuvent avoir, si l'on n'y prend garde, des conséquences fâcheuses sur les terrains, sans doute trop nombreux aujourd'hui, sur lesquels la France est militairement engagée. Et je doute fortement que le rétablissement d'une forme de service militaire (quel qu'en soit le nom), égalitaire de plus, soit une bonne nouvelle pour une armée qui risque bien d'y perdre une partie de son temps et de son énergie, comme si elle n'avait pas assez à faire par ailleurs ! Déjà, l'opération Sentinelle qui a mobilisé et épuisé une partie des troupes pour des activités de surveillance sur un territoire, le nôtre, que nous pensions à l'abri de toute guerre et de tout éclat terroriste, s'est avérée très lourde et peu efficace au regard des moyens engagés, et il me semble que ce n'est pas le rôle de l'armée (hors gendarmerie) d'assurer la sécurité dans nos rues et devant nos lycées, sauf de façon très ponctuelle et limitée dans le temps. 

    Dans les années 30, le royaliste Maurras terminait nombre de ses articles consacrés aux questions européennes et internationales par un « Armons, armons, armons » qui n'a pas été écouté ni entendu, sinon trop tardivement en 1938... La catastrophe passée et l'Allemagne enfin vaincue, il sera facile pour ceux qui n'avaient rien voulu voir venir de dénoncer et condamner Maurras pour des fautes qu'il n'a pu commettre que parce que ses plus rudes avertissements, justifiés comme l'histoire l'a montré, n'avaient pas été pris en compte : c'est Cassandre alors emprisonnée, insultée, condamnée à l'infamie. Mais l'avertissement de Maurras reste toujours actuel, et il faut l'entendre désormais pour ne pas avoir à affronter, peut-être, un prochain « Mai 40 » dont l'histoire nous a appris les funestes conséquences pour le pays comme pour ses habitants, mais aussi pour l'équilibre du monde. 

    La liberté a un coût sans doute élevé, mais il sera toujours plus léger que celui de la servitude... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • La Chine construit un port de guerre à Djibouti

     

    En deux mots.jpgL'on a appris il y a déjà quelques temps que la Chine construit un port de guerre à Djibouti. Et tout récemment qu'un navire de la marine de guerre chinoise était en route pour s'y rendre. Y prendre son poste en protection des intérêts notamment africains du vieil Empire du Milieu, désormais actif loin de ses bases, 

    Un analyste indien, le colonel Bhat, estime dans un article du 14 mai dans Outlook India, que cette base navale a tout d'une « forteresse ». 

    Des millions de Chinois travaillent et vivent aujourd'hui en Afrique, où la Chine a acquis des millions d'hectares et acheté ou établi d'innombrables commerces et industries. 

    Nous avons été très longtemps chez nous à Djibouti - où nos militaires, nos administrateurs, nos marins, nos commerçants régnaient en maîtres - et les Européens en Afrique. Nous y avons largement cédé la place. Comme si ce continent n'avait d'autre sort que d’être toujours d'une manière ou d’une autre colonisé. Les Africains ont longtemps vécu sous autorité française, anglaise, espagnole, portugaise, belge ou hollandaise. Ils connaîtront désormais celle des Chinois. Ils pourront établir des comparaisons. 

    Ainsi la naïveté si ce n'est la sottise, en tout cas l'imprudence et la faiblesse, des dirigeants occidentaux - économiques comme politiques - produisent-elles leurs conséquences. 

    Il y a quinze ou vingt ans, le discours officiel était qu'en transférant à la Chine des millions d'heures de production - réputée de médiocre technologie, se rassurait-on - l'on élèverait son niveau de vie et l'on travaillerait à homogénéiser le monde, si ce n'est à l'uniformiser, et ainsi, en y réalisant l'unité des conditions, on y établirait la paix. La paix par l’économie. La gouvernance mondiale façon Attali ne serait plus très loin.  

    L'on commence à comprendre aujourd'hui que ce que la Chine a gagné en niveau de vie correspond assez exactement à une baisse du nôtre ; ce qu'elle a gagné, c'est ce que nous avons perdu ; nous avons simplement organisé, consenti à un immense transfert de richesse, et, pire, de puissance. Le calcul économico-mondialiste n'était pas le bon.

    Car la Chine, pas plus que son grand voisin indien, pas plus que la renaissante Russie, n'a été gagnée par le nihilisme, l'épuisement européens. 

    La richesse gagnée, elle la convertit en puissance nationale. Et, particulièrement, y consacrant d'énormes budgets, en puissance militaire. 

    Alors, la Chine construit des ports de guerre, prend les places qui étaient les nôtres et ses navires depuis l'Extrême-Orient mettent le cap à l'Ouest.  

    On est saisi par l’aveuglement européen. 

  • La popularité d'Emmanuel Macron chute fortement en juillet ... C'était à prévoir

     

    L'état de grâce est bref sous une république postmoderne. Le « dégagisme » est sympathique mais il est cruel : il s'applique à tout le monde. Au « chef » le beau premier. C'est ainsi que les Français ont consenti au coup de force d'Emmanuel Macron. Ce qui n'emporte pas leur adhésion ; encore moins leur constance. Le jeune président pourrait bien faire l'expérience en sa personne de cette « incomplétude » de notre démocratie qu'il avait lui-même signalée. La légitimité a d'autres sources qu'un coup de force rondement mené.  LFAR   

     

     

    Le commentaire de BFM TV

    La cote de popularité d'Emmanuel Macron est en forte baisse en juillet, avec 54% de satisfaits soit dix points de moins qu'en juin, selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche (JDD).

    Celui qui semblait, à en croire certains, marcher sur l’eau pendant une médiatique séquence internationale et régalienne, est aujourd’hui en brutale perte de vitesse.

    Les causes

    Volte-face sur la fiscalité, tentatives de juguler l’exaspération des communes, inquiétude du milieu des affaires, premiers remous autour de la réforme du code du travail, et, dernière complication en date, la démission du chef d’état-major Pierre de Villiers à la suite de l’annonce de 850 millions d’euros d’économies sur le budget des armées.

    Lire aussi dans Lafautearousseau ... 

    Un mauvais coup porté à la France  

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Rire ou sourire un peu ... même s'il n'y a pas vraiment de quoi

     

    Le dessin d'Ixène : « Opération ‘' en même temps ' '» [Le Figaro]

  • Lecture & Voyage • Sur les chemins de chez nous

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Publié le 19.12.2016 - Actualisé le 23.07.2017

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    Peu importe qui il est. Désireux d’accomplir la promesse qu’il s’était faite sur son lit d’hôpital (« si je m’en sors, je traverse la France à pied »), un jour, il s’est mis en marche. Pas façon Macron, façon chemineau, comme un personnage de Giono. A pied donc, de Tende à La Hague, une belle diagonale du Mercantour au Cotentin, du 24 août au 8 novembre 2015, en empruntant au maximum les chemins les plus improbables, les plus délaissés, les plus retirés de la vraie France profonde. En est résulté un petit livre qui, en contrepoint du récit de cette pérégrination, propose une véritable réflexion sur la France d’aujourd’hui.

     

    Fuyant le « clignotement des villes » et méprisant les « sommations de l’époque » (en anglais, comme il se doit à l’ère de la globalisation : « Enjoy ! Take care ! Be safe ! Be connected ! »), le voyageur met en pratique une stratégie de « l’évitement ». Eviter quoi ? Ce qu’il appelle « le dispositif ». D’abord visible à l’œil nu : c’est la France des agglomérations telle que l’ont voulue les « équarrisseurs du vieil espace français », ZAC et ZUP des années soixante ayant enfanté les interminables zones pavillonnaires et les hideuses zones commerciales. Laideur partout.

     

    XVM344ffd0c-80af-11e6-8335-81b4993a1518-805x453.jpgCe réquisitoire implacable contre le saccage du territoire rejoint la dénonciation de la mondialisation, cette « foire mondiale » qui ruine un terroir « cultivé pendant deux mille ans ». Aux « temps immobiles » a succédé un « âge du flux » dont le « catéchisme » (« diversité », « échange », « communication ») est véhiculé par l’arrivée d’internet et la connexion généralisée. Temps immobiles : une nuit passée au monastère de Ganagobie (« Les hommes en noir […] tenaient bon dans le cours du fleuve. En bas, dans la vallée, les modernes trépidaient ») ; ou la vision du Mont-Saint-Michel (« C’était le mont des quatre éléments. A l’eau, à l’air et à la terre s’ajoutait le feu de ceux qui avaient la foi »).

     

    Faisant sienne la vision de Braudel selon laquelle la France procède d’un « extravagant morcellement » humain et paysager, l’auteur dénonce ensuite le « droit d’inventaire » que s’arrogent  « les gouvernants contemporains », notamment « les admirateurs de Robespierre » qui,  favorables à « une extension radicale de la laïcité », veulent « la disparition des crèches de Noël dans les espaces publics » (et pourquoi pas des milliers de calvaires ?) pour les remplacer par … rien du tout, le néant, la mort.

     

    Ce n’est certes pas un livre de propagande, ni un bréviaire idéologique mais bien l’œuvre d’un loup solitaire. Un livre qui peut sembler défaitiste, voire nihiliste (« je me fous de l’avenir »), au mieux nostalgique. Voir dans l’auteur un énième avatar du « bon sauvage » serait pourtant bien réducteur. On l’imagine mieux prêt à « chouanner » (selon le mot de Barbey qu’il rapporte lui-même). C’est sans doute là sa véritable portée : « Sur les Chemins noirs » de Sylvain Tesson est l’œuvre d’un antimoderne de bonne race qui nous aide à retrouver le chemin de chez nous. 

     

    Sur les chemins noirs. Sylvain Tesson, Gallimard, 144 p., 15 €

  • Idées & Société • Alain de Benoist : Bataille des idées ? La gauche a perdu, mais la droite n’a pas gagné !

    Manuel Valls déclare que « la gauche a perdu la bataille des idées ».  

     

    Par Alain de Benoist

    Cet entretien donné à Boulevard Voltaire [22.07] dit avec justesse, lucidité et pertinence ce qu'il faut savoir de la situation des idées en France, à l'heure actuelle. Nous partageons cette analyse qui met en lumière a contrario le travail restant à accomplir pour qu'il y ait vraiment bataille des idées et qu'elle conduise à une réelle rupture avec la doxa dominante à droite comme à gauche. La première Action française nommait cela contre-encyclopédie. Peut-être devrions-nous parler aujourd'hui d'une anti-doxaLFAR   

     

    3650118671.7.pngManuel Valls déclare que « la gauche a perdu la bataille des idées ». C’est une bonne nouvelle ?

    Quelle bataille ? Il est vrai que la gauche n’a plus rien à dire, mais la bataille des idées dont parle Manuel Valls n’a jamais eu lieu. Non parce que cette gauche devenue muette reste largement hégémonique dans les médias, et qu’elle n’apprécie pas qu’on cherche à la contredire, mais parce que la droite n’avait ni le désir, ni la volonté, ni les moyens de participer à une bataille de ce genre. La droite n’avait tout simplement rien à dire – ou peu s’en faut. Le domaine des idées n’obéit pas au principe des vases communicants. Vous avez vous-même cité François Huguenin : « La droite a refusé le combat des idées car elle n’en a plus. » C’est ce que Pierre-André Taguieff remarquait lui aussi récemment : « La gauche a perdu la bataille des idées, mais la droite ne l’a pas gagnée. »

    On pourrait, ici, faire un parallèle avec la fin du système soviétique. L’URSS ne s’est pas écroulée sous les coups de boutoir du « monde libre » mais sous l’effet de ses propres contradictions internes. Si la gauche n’a plus rien à dire, si elle a perdu son identité en désertant le combat culturel, ce n’est pas que la droite a réfuté ses idées, c’est que ses idées ont épuisé le cycle de leurs virtualités possibles, et surtout qu’elle a délibérément abandonné le socle idéologique qui faisait sa force, et nourrissait son imaginaire, en se ralliant plus ou moins honteusement au libéralisme économique et au système du marché.

    Depuis la Manif pour tous, il y a quand même une indéniable effervescence intellectuelle à droite. Épiphénomène ou lame de fond ?

    Il y a, en effet, quelques ébranlements ici ou là, mais on est loin du compte. Où sont les Taine, les Tocqueville et les Renan du XXIe siècle ? La droite n’aime déjà pas beaucoup les intellectuels, ces coupeurs de cheveux en quatre qui ont la faiblesse de croire que les révolutions culturelles ont des conséquences plus durables que les révolutions politiques. Les partis politiques, eux, pensent que les idées divisent et qu’entretenir le flou est la meilleure manière de rassembler. La droite d’aujourd’hui est idéologiquement déstructurée. Dans le passé, elle s’est laissée gagner par les idées de ses adversaires sans les reconnaître pour ce qu’elles étaient. Elle n’a jamais conçu de stratégie culturelle, car elle ne sait même pas ce que cela veut dire. Elle a cru qu’elle deviendrait « respectable » en multipliant les concessions. Elle cède aujourd’hui plus que jamais aux modes idéologiques qui ont historiquement affaibli toutes ses défenses immunitaires, à commencer par l’universalisme philosophique, l’idéologie des droits de l’homme et l’idéologie du progrès. 

    La recomposition politique à laquelle on assiste actuellement annonce-t-elle aussi une recomposition idéologique ?

    Ce serait une excellente nouvelle, à condition qu’on puisse y croire, mais je doute que la scène politique soit propice à une refondation idéologique. Par nature, elle entretient plutôt la confusion. Il paraîtra sans doute excessif à beaucoup de dire que, lorsqu’on a telle ou telle position politique, on doit savoir aussi comment interpréter les plus récents acquis de la physique théorique ou de la biologique moléculaire. Et pourtant, il n’y a pas de conception du monde qui n’englobe pas tous les domaines de connaissance et de pensée. Mais sans aller si loin, on pourrait au moins exiger qu’en matière anthropologique, on ait un minimum de cohérence. Quelle idée se fait-on de l’homme ? Une idée philosophiquement classique ou une idée idéologiquement moderne ? Celle d’un être politique et social par nature ou celle d’un individu porteur de droits qui ne serait sur terre que pour maximiser son meilleur intérêt ? La société s’explique-t-elle par la sociabilité naturelle de notre espèce ou n’est-elle qu’un agrégat d’atomes individuels régi par le contrat juridique et l’échange marchand ?

    L’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, qui symbolise la réunification du libéralisme sociétal de gauche et du libéralisme économique de droite, pourrait en principe favoriser une clarification en faisant comprendre une fois pour toutes que le libéralisme est intrinsèquement « progressiste » et non pas conservateur, pour reprendre un mot qui revient à la mode. C’est ce qu’explique très bien Guillaume Bernard : « La combinaison du libéralisme et du conservatisme peut, de prime abord, apparaître séduisante : le libéralisme pour l’économie, le conservatisme pour la société. Mais c’est méconnaître la doctrine libérale, qui s’appuie sur l’individualisme et le subjectivisme. C’est en soi et par soi que chacun détermine son bien. Il n’existe pas de valeur objective, mais uniquement des consensus issus de la rencontre de volontés. Le libéralisme porte en lui la destruction des traditions sociales, alors qu’il n’est nullement nécessaire de s’y adonner pour combattre la spoliation fiscale des familles et des entreprises. » C’est ce qu’il faudrait comprendre si l’on veut gagner la « bataille des idées ». Les Républicains, eux, se veulent les représentants « de la droite et du centre ». Encore un oxymore ! 

    Intellectuel, philosophe et politologue

     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier