Qui sera le Prince ? se demande Pierre Boutang, de ces deux personnages allégoriques - imaginés par Maurras dans L'Avenir de l'Intelligence - engagés dans une lutte à mort : l'Or, c'est-à-dire les puissances d'Argent, les forces du matériel, et le Sang, c'est-à-dire l'ensemble des forces de la Tradition et de l'Esprit : politique, histoire, culture, religion, spiritualité. Qui sera le Prince de ce temps ? : cette question est au coeur de notre présent.
Aujourd'hui, il est clair que les apparences sont en faveur du Système en place depuis 1875, et ce Système continue d'appliquer son idéologie révolutionnaire, conduisant méthodiquement et sytématiquement l'oeuvre de déconstruction de notre vieille nation historique dans ses fondements essentiels.
L'état actuel de décadence et de faiblesse extrême dans laquelle près de 140 ans de République idéologique ont plongé la France ne rend pas impossible l'idée ni la perspective d'une "sortie de l'Histoire" pour elle.
"A moins que...", comme le disait le même Maurras dans la conclusion de ce même ouvrage - L'Avenir de l'Intelligence - à moins que ne se noue une alliance de tout ce qu'il reste de sain dans ce pays, et qu'on assiste, face au danger, dans cet Âge de fer où nous a mis le Système, à "la fédération solide et publique des meilleurs éléments de l’Intelligence avec les éléments les plus anciens de la nation; l’Intelligence s’efforcerait de respecter et d’appuyer nos vieilles traditions philosophiques et religieuses, de servir certaines institutions comme le clergé et l’armée, de défendre certaines classes, de renforcer certains intérêts agricoles, industriels, même financiers, ceux-là qui se distinguent des intérêts d’Argent proprement dits en ce qu’ils correspondent à des situations définies, à des fonctions morales..."
"Là où il y a une volonté il y a un chemin" et, comme le disait Bainville, "le remède est à côté du mal" : si, d'aventure, dans un sursaut contre cette spirale de l'affaiblissement national qui s'accélère sous nos yeux, les Français cherchent un recours, c'est du côté du "Prince chrétien" - pour reprendre les mots de Boutang - qu'ils le trouveront.
Ce rôle de recours, seul le Prince peut l'incarner. Et c'est ce qui fait que le principe qu'il représente garde toutes ses chances et toute son actualité, malgré nos faiblesses et malgré l'état très dégradé de notre pays. Malgré la toute puissance apparente du Système en place et des forces de subversion qu'il nourrit en son sein et qui se déchaînent sous nos yeux...
Voilà pourquoi, parce qu'il est, tout simplement, ce qu'il est : "l'Héritier des siècles", comme le dit Chateaubriand, nous sommes indéfectiblement "Autour du Prince Jean", toujours et partout; et voilà pourquoi rien de ce qui le touche ne peut nous laisser indifférents, car, seul de ce recours peut venir le relèvement...
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