L’arbre qui cache la forêt ? par Louis-Joseph Delanglade
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : alors qu’ils ne constituent au maximum que 0,03% de la population de la France, les Roms seraient impliqués, à Paris, dans 10% des actes de délinquance. Voilà de quoi justifier amplement les propos du ministre de l’Intérieur – sans qu’on ait besoin d’autre explication. D’ailleurs, le bon sens populaire a tranché, comme en attestent toutes les enquêtes d’opinion : non, les Roms ne sont pas les bienvenus chez nous. Pourtant la polémique a aussitôt enflé, soulignant la rupture entre les plus enragés des idéologues de l’anti-France et le pays profond.
Ainsi, Mme Duflot s’exprime, dans un français fautif indigne d’un ministre en exercice, pour manifester déni de réalité et mépris du peuple : « On ne peut pas dire qu’il y a une catégorie de population où leur origine justifierait qu’elle ne puisse pas être intégrée et que leurs pratiques et modes de vie sont un dérangement pour leurs voisins ». D’abord, les Roms ne sont pas une « catégorie » de la population française, ils sont le plus souvent des immigrés illégaux. Ensuite, leur intégration paraît utopique, sauf à leur demander de n’être plus ce qu’ils sont. Enfin, c’est aux voisins « français » à dire s’ils sont ou pas dérangés et leur réponse est clairement affirmative.
De même, M. Legrand utilise sa tribune éditoriale de France inter pour proposer une explication de texte vicieuse du catéchisme républicain : « Comment un républicain [il s’agit de M. Valls], pour qui la France, normalement, représente un pays qui prétend défendre des valeurs universelles, valables pour tous, sans rapport avec les origines, le sang, la culture ou la religion, peut-il prétendre que des individus, issus d’un peuple en particulier, ne peuvent pas s’intégrer chez nous ? ». On notera d’abord que « prétendre » n’est pas donné à tout le monde, ce qui rend le postulat de départ d’autant plus contestable. On appréciera ensuite la définition idéologique de la France – ici confondue par métonymie avec la « république ». On constatera enfin que M. Legrand, parce que cela l’arrange, fait semblant de ne pas comprendre qu’il s’agit d’une communauté (une tribu ?) et non de quelques individualités.
Si l’exaspération contre les Roms monte dans le pays, si la rupture semble totale entre la « France profonde » et les intellos gauchos-parisiens, rien n’est réglé pour autant. En effet, le véritable danger devrait, encore, venir de « l’Europe », comme le montrent les accusations inacceptables de Mme Reding, commissaire à la Justice – d’autant que Bulgarie et Roumanie, grandes pourvoyeuses de Roms, pourraient entrer dans l’espace Schengen dès le 1er janvier prochain. Mais le plus grave est ailleurs : les Roms ne sont que la partie émergée de l’iceberg que constitue la ruineuse immigration clandestine de masse. Or, n’en déplaise aux Duflot, Legrand et consorts, la misère ne donne aucun droit et le pouvoir politique est là pour défendre le seul intérêt national, pas pour sacrifier à des principes quasi religieux