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= On aura aussi, comme d'habitude le samedi, notre note en deux parties :
1. D'abord, une revue des Blogs, de Facebook, des magazines et d'ailleurs;
2. Et, ensuite, on donnera les liens que des lecteurs ont envoyés :
N'hésitez pas à nous faire parvenir des liens sur des sujets qui vous ont paru importants...
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On aura, évidemment, les Ephémérides, car c'est "tout cela, tous ceux-là, aussi, la France" : du début de l'insurrection générale de la Gaule contre César au premier vol de Concorde ... en passant par : Claude, né à Lyon, qui devient le 4ème Empereur romain; la naissance du futur Charles V; le sacre de François premier, sa visite à Marseille où il décide la construction du Château d'If et du Fort de la Garde; le début du Tour de France de Charles IX; le Bugey, la Bresse et le Pays de Gex qui deviennent Français; Louis XV qui crée l'Ecole militaire et qui, avec Maupeou, renvoie les Parlements; l'assassinat de Louis XVI, acte fondateur des Totalistarismes modernes (écouter le Requiem de Cherubini (V - Sanctus) : Ambrosian Singers Philharmonia Orchestra Riccardo Muti - Requiem a la memoire de Louis XVI in C minor V. Sanctus.mp3); les Colonnes infernales qui commencent la destruction systématique de la Vendée; la capture de la flotte hollandaise par... la cavalerie française de Pichegru !; la découverte de la Terre Adélie; la béatification de Jeanne d'Arc; Georges Claude qui dépose le brevet de la lampe à néon; le lancement du satellite Spot 2; la mort de Gustave Thibon...
Sans oublier les naissances de Gassendi, Orry, Mansart, Chauveau-Lagarde, Stendhal, Ampère, Manet, Cézanne, Weygand;
![hollande et XI JINPING.jpg](http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/02/1613088611.jpg)
Xi Jinping et François Hollande : l'un est l'empereur d'un pays conquérant, l'autre un médiocre politicien...
Nos institutions sont en ruine, voilà le constat qui s’impose aujourd’hui. Le dernier scrutin ne fait que le révéler. Les prochains seront encore plus démonstratifs.
Hollande ne peut plus gouverner. Quoi qu’il fasse et quelque « truc » qu’il invente, il est dorénavant dans l’impossibilité pratique de réussir personnellement à redresser la situation ; en aurait-il l’intention, il n’a plus la capacité de faire aboutir quelque projet que ce soit, sur tous les points où les Français sont en attente des réformes nécessaires. Lui et son gouvernement d’idéologues, en deux ans, n’auront fait que casser la France davantage, détruire les familles, briser les liens sociaux, épuiser les patrimoines, accabler les entreprises, tuer même l’esprit d’entreprendre, décourager les braves gens, appauvrir le peuple, désespérer la jeunesse qui n’est plus éduquée, ni formée, ni élevée, abandonnée aux sinistres pitreries d’un prétendu grand maître éducateur, aggraver les souffrances matérielles et morales des Français dont cette petite bande de paltoquets sans cœur, sans envergure d’esprit, centrés sur leur « moi » de médiocres politiciens aussi prétentieux que vains, se moque éperdument.
D’ailleurs, pour aller jusqu’au bout de ce qu’il convient de signaler, Hollande était tout simplement aux ordres de quelques pervers « friqués » dont il est inutile de donner les noms, ses amis intéressés, pour certains ses copains de toujours, d’autant plus de gauche qu’ils se sont constitué des fortunes sans scrupule. Ce sont eux qui ont fait sa campagne électorale de 2012 et qui en ont assuré la trésorerie, sans que personne n’ait osé se pencher sur ce point litigieux, « l’affaire Cahuzac » servant opportunément de rideau de fumée. Hollande est donc totalement lié à cette clique d’hommes qui se croient tout permis, tandis qu’eux l’ont berné, le soutenant comme la corde soutient le pendu, l’ayant utilisé pour faire passer leur ensemble de lois et prêts à le lâcher à son triste sort de pauvre type, le nœud coulant au col, dans les semaines qui viennent, comme on jette un mouchoir souillé, dont on ne peut plus se servir, et comme lui, d’ailleurs, le grand humaniste, jette les femmes après usage.
Des institutions en ruine
Telle est la réalité du gouvernement de la France aujourd’hui. Les Français en comprennent assez pour en avoir le dégoût. C’est l’explication principale du vote-sanction des dernières élections municipales. Ce point essentiel n’a pas été assez souligné, les commentaires s’attachant toujours à des justifications grossières et superficielles. Ce n’est pas seulement un gouvernement d’une nullité évidente qui est rejeté, ce sont des comportements, des manières d’être, des mauvaises mœurs , des mensonges et, enfin, des institutions qui ne représentent plus les Français et qui ne sont plus que des instruments au service d’appareils partisans, donc des procédés de gouvernement aussi scandaleux que néfastes, en un mot un régime dans sa totalité avec ses modes de fonctionnement et ses hommes stipendiés qui sont condamnés. Tant mieux !
L’abstention massive, le discrédit où s’enfonce le Parti socialiste, la montée du Front national sont des signes qui ne doivent pas tromper. Le PS n’est jamais qu’un parti de « bobos » qui réussit encore à duper – mais de moins en moins – quelques électeurs qui s’imaginent être de gauche par sentimentalisme mal placé.
Est-ce encore un parti de gouvernement, ce qu’il se flattait d’être dans le cadre de l’alternance républicaine ? La question mérite d’être posée. Il sait si peu gouverner qu’à l’heure où s’écrivent ces lignes, nul ne connaît le sort du Premier ministre, pas même lui-même ! Ce pitoyable Ayrault ressemble à une peau de banane balancée au bout des doigts dont on se demande à quel moment elle sera expédiée dans le vide-ordure.
Les institutions de la Ve République sont réduites aujourd’hui à néant. Le chef de l’état n’est plus qu’un ectoplasme qui répète « moi, moi, » pour se persuader vraisemblablement qu’il existe et dont les conseillers ne servent à rien, sauf ceux qui sont chargés des basses œuvres du parti et des règlements de compte personnels ; le Premier ministre mal assis, mal placé, mal pris, ne sait plus s’il est le bras exécutif du patron de l’Élysée ou la tête de la majorité parlementaire qui, elle-même, n’a plus aucun centre de gravité et qui n’est qu’un éparpillement de volontés sans ordre ni raison ; les ministres ne pensent qu’à leur mince personne et tirent, chacun, à hue et à dia avec des plans toujours plus absurdes ; les ténors du parti et les hommes de l’appareil ne sont préoccupés que de leur avenir. Quel tableau !
Qui va remplacer Ayrault est la grande question politique du jour. La semaine prochaine, quand paraîtra Politique magazine, ce sera peut-être chose faite, Hollande ayant été bousculé, car, s’il n’en tenait qu’à lui, il userait jusqu’à la corde l’homme qui ne lui faisait pas trop d’ombrage. Mais peu importe, Valls, Le Drian, même la Royal ou l’Aubry ou le Fabius ou quelque autre du même acabit, rien ne changera, car le remplaçant, fort ou faible, n’aura pas plus de moyens de redresser la situation. Les institutions ne s’y prêtent plus, elles offrent le spectacle d’un champ de ruines. L’homme qui aura cédé au goût du pouvoir, s’y perdra, allant de murs branlants en murs branlants et découvrant partout des trous béants que personne ne voudra ni ne pourra combler. Quand l’esprit est parti, la chair se décompose ! C’est vrai des sociétés comme des hommes.
La fin d’une époque
Les élections européennes en mai, par un nouveau séisme d’amplitude plus forte, ébranleront encore davantage ce système déjà dévasté. Toute la question est de savoir à quel moment Hollande jouera la carte de la question de confiance sur son pacte de responsabilité. Mais, là aussi, rien ne va plus, le pacte se détricotant au fur et à mesure que le gouvernement prétend le tricoter. Il est probable que ce stupide plan se réduira dans peu à une médiocre manœuvre politicienne auprès de la majorité socialo-écologique… « Ou vous votez la confiance pour redonner du souffle au pâle mais nécessaire Hollande ou vous provoquez une dissolution que le non moins pâle Hollande sera dans l’obligation de décider ». Et tant pis pour vous, car les législatives qui suivront ne feront qu’accentuer le mouvement de bascule en cours : terreur et frémissement ! Une cohabitation, alors ? À quelque Juppé ou autre de service de prendre le bâton bréneux, pour parler comme Rabelais. Mais rien n’ira mieux, et pour les mêmes raisons, sauf que François Hollande pourra jouer encore à Mitterrand et à Chirac, ses maîtres avoués, retranché dans l’Élysée, adonné à ses plaisirs en tous genres et convoquant la presse de temps en temps pour juger de la politique de son Premier ministre de cohabitation. Dans tous les cas de figure envisagés, quel horizon politique pour la France ! Une agonie du système entretenue à dessein par une classe politique qui en vit. Alors que la France en meurt.
Penser en long terme
Motion de confiance ou pas, le pays, lui, n’a plus confiance et ce manque de confiance se traduira par une nouvelle dégradation. La crise n’en repartira que de plus belle, s’il est possible d’ainsi s’exprimer. Jusqu’au jour où l’étranger et l’investisseur habituel perdra aussi confiance dans un tel régime. Doute et spéculation sur la dette, sur toutes les dettes cumulées, et l’affaire est malheureusement classée. Qui veut prendre dans de telles conditions ?
A côté d’une UMP, elle-même tiraillée, le Front national veut devenir le troisième parti de cette Ve République moribonde, parti non de contestation, mais d’adhésion, partenaire obligatoire, dédiabolisé, parfaitement républicain. Il y est parvenu ou presque : ce fut une politique réussie de Marine Le Pen et de ses acolytes. Est-ce un avenir ? Concrètement, ce n’est pas que les Français souhaitent être gouvernés par le Front national en tant que tel ; non, ce pour quoi ils ont voté, ce par quoi ils sont attirés, c’est l’expression d’une réaction nationale affichée et déterminée ; tout le reste est secondaire. La France manifeste une volonté de vivre face aux forces de mort, comme, rappelons-le, cette même volonté a éclaté de manière surprenante depuis plus d’un an dans toutes les manifestations de protestation contre les lois immondes de destruction de la famille.
Un parti, quel qu’il soit, ne saurait être une fin en soi. Ce que réclame la France profonde, ce sont d’autres institutions, ainsi que tous les sondages le prouvent : un chef de l’Etat qui soit un vrai chef, indépendant des partis ; un gouvernement resserré qui gouverne la France sur l’essentiel et qui arrête de prétendre tout régenter et donc de mal diriger ; une représentation qui représente la réalité française, territoriale, économique, écologique, spirituelle, culturelle ; des libertés instituées, vivantes, non étatisées, couvrant toute l’activité humaine et assurant la prospérité du pays.
Il faut penser dès maintenant pour la France en long terme puisque Hollande et son petit monde sont dorénavant dans le court terme, dans le très court terme. Qu’Hollande passe et que la France demeure !
L’on aurait sans-doute raison de distinguer le bon sens du peuple français, dans ce qui lui reste de tradition et d’enracinement, qui s’exprime encore, parfois, en certaines circonstances particulières et sur des sujets concrets, de façon nette et conforme à la simple sagesse ou à l’instinct de survie, de ce que l’on nomme abusivement l’opinion qui est, en fait, une création pure et simple du conditionnement médiatique au jour le jour et se caractérise par la frivolité, la superficialité, le caprice, la tyrannie de l’immédiateté, l’inconséquence. Ou, pour parler plus simplement, tout bonnement la sottise. On pourrait dire, en ce sens, que le sentiment populaire est sage et que l’opinion est stupide, conformiste et serve. Et le « système » veille en permanence à étouffer le sentiment spontané du peuple français au profit de son contraire qu’il crée, façonne, manipule à l’envi et qui est l’opinion. Le peuple, il s’en méfie. L’opinion, c’est sa chose, sa créature. Elle va toujours, comme lui, et il fait tout pour cela, dans le sens de la dissolution, de la médiocrité, du vulgaire.
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Ainsi, dans la crise qui ébranle, en ce moment, toutes les économies du monde, le réflexe habituel des Français, du moins d’une bonne partie d’entre eux, s’est exercé : épargner davantage, se « serrer la ceinture » pour quelques temps, et attendre des jours meilleurs, qui ne manqueront pas de revenir, parce que la terre tourne et que les jours succèdent aux nuits. Ce n’est pas de la haute stratégie économique, mais c’est le bon sens et c’est sans-doute, en pareille situation, où nous ont mis les puissants et les intelligents du « système », tout ce que peut faire le commun des mortels. Ce réflexe d’épargne qui reste dans le fond du tempérament d’un grand nombre de Français, ne contribue d’ailleurs pas à la sortie de crise. Mais vivre sur des montagnes de dettes, qui sont d’ailleurs, le plus souvent, des dettes à la consommation (dont une bonne part de gadgets) et non des dettes d’investissement, est-ce la sagesse, est-ce le bon sens ?
Les médias, le « système » l’entendent autrement : « l’opinion » veut à tout prix savoir quand la crise va finir. Cette unique question, à laquelle, pourtant, personne ne peut répondre sérieusement, est posée en boucle, comme on dit aujourd’hui, aux nombreux économistes, les compétents et les autres, ou aux responsables politiques qui se succèdent, sur les plateaux de télévision ou les studios de radio. S’ils ont le malheur de fixer un terme de quelques mois, les mines des journalistes s’allongent, la désapprobation se manifeste, sévère : c’est demain matin ou, tout au plus, après-demain que l’on aimerait entendre car, n’est-ce pas, l’opinion le veut.
Tout le monde aimerait bien, dans le « système », que les choses reprennent leur train : le crédit facile ; l’immobilier que l’on peut acheter sans en avoir vraiment les moyens parce que sa valeur doublera nécessairement en cinq ou six ans ; les voyages pour tout le monde, à bon marché, très bon marché, même s’ils sont nuls et le plus souvent sans but, ni enrichissement, ni intérêt pour les voyageurs, considérés comme des troupeaux en simple transhumance ; la gadgétisation à outrance des biens de consommation, par une profusion de produits dont l’utilité pour la plupart est fort contestable et qui grèvent les budgets, au détriment de ce que l’on estimait, jusqu’à présent, l’essentiel ; les délocalisations, en Europe de l’Est, en Chine, ou en Inde, qui dopent momentanément la compétitivité des entreprises et qui nous permettront bientôt de ne plus travailler – ou presque – de nos mains, d’être tous des « cerveaux », des petits ordinateurs « intelligents » ; et puis les trente-cinq heures, les RTT ; les défilés de la CGT, comme en 36, les lycéens ou les étudiants ignares, mais dans la rue, avec leurs profs, devenus guère plus savants, en tout cas guère plus sages … ; et puis la confusion du monde politique avec celui du show-biz, la politique spectacle, le Bling Bling, et tout le reste, que l’on est contraint de mettre un peu en sourdine, pour un temps, le temps d’une crise que l’on aimerait très courte ; et, en contrepartie, les petits jeux de bourse pour tout le monde, pour adultes, ou même pour ados, qui donnent l’illusion que l’on peut gagner – et conserver - une fortune, en quelques semaines, en quelques clics d’ordinateur ; et puis, les stock options distribuées à profusion, les salaires mirobolants même en cas d’échec, les parachutes dorés. Et cetera … Nos anciens se méfiaient de « l’argent qui n’est pas transpiré » et sans-doute avaient-ils raison. Mais l’idéologie du « système » est tout à l’inverse : en tous domaines, financier ou autre, c’est, en quelque sorte, toujours la dette qui est prônée ; c'est-à-dire la consommation au présent des richesses accumulées dans le passé et la primauté de l’immédiat sur le long terme.
Il paraît assez normal que nous sortions de la crise et qu’une reprise intervienne à terme plus ou moins rapproché, ne serait-ce qu’en raison des liquidités considérables que les banques centrales et les Etats ont injectées ou qu’ils ont garanties - dans des entreprises du secteur financier puis industriel qui, sans cela, auraient été placées inéluctablement en redressement judiciaire ou liquidées. En un certain sens, il aurait été sain qu’elles le soient. C’eût été au détriment des actionnaires, mais surtout des épargnants et, plus généralement, de l’activité économique elle-même. Mais les immenses volumes de dettes qui auraient été épongés par des redressements judiciaires ou des liquidations, ne se sont pas évanouis : ils ont été, en fait, transférés et pris en charge, ou, à tout le moins, garantis, par les Etats, qui ont creusé d’autant leurs propres engagements ou leurs propres dettes, souvent déjà considérables et excessives. Il faudra bien les payer un jour et c’est ici, après que nous soyons sortis d’une première crise, grâce à l’intervention financière de la puissance publique, que nous entrerons assez probablement dans une seconde crise qui sera bien, alors, celle des Etats.
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Il n’y a pas beaucoup de moyens pour un Etat, lorsqu’il lui devient difficile d’emprunter, de réduire ou contenir sa dette. Il n’y en a même guère que deux, à notre connaissance : le recours à l’impôt et l’inflation, ou à l’un et l’autre. Le bon sens nous suggère que le recours à l’impôt sera difficile, du moins en France, parce qu’il y atteint déjà des niveaux record et parce qu’il pénalise immédiatement l’activité économique. L’inflation est plus indolore et ses effets sont différés. Elle rogne essentiellement l’épargne, souvent détenue par des personnes d’un certain âge, et les rentes de divers ordres, notamment les retraites, alors que la pression sociale, en période d’inflation, permet généralement aux salariés d’obtenir au moins le maintien de leur rémunération.
Ici, les Français qui en ont fait l’expérience, d’ailleurs du temps des trente glorieuses qui furent une ère de grande prospérité, savent que l’on peut vivre avec l’inflation et s’en accommoder un certain temps, comme l’on peut vivre avec du cholestérol ou du diabète. Elle n’ira pas toutefois, en l’occurrence, sans conflits et difficultés substantielles. Sur le plan international, par exemple, la Chine accepterait-elle sans se considérer gravement lésée, que la dette américaine soit financée par la dévaluation du Dollar, dont elle détient des stocks considérables, en bons du trésor américain ? Sur le plan intérieur, les épargnants de tous les âges et les retraités français – qui sont en partie les mêmes - n’ignorent pas qu’ils seraient sans-doute les premières victimes d’un retour à l’inflation.
Peut-être faudra-t-il, comme en certaines périodes difficiles, que les Français, du moins un certain nombre d’entre eux, les plus touchés, recourent au complément d’un deuxième emploi et que des retraités reprennent un travail, pour compenser l’insuffisante revalorisation de leurs retraites, face à l’inflation. Le mouvement est déjà amorcé, notamment par les dispositifs Novelli qui viennent d’être mis en place.
Si ces perspectives – ou hypothèses - plutôt pessimistes, ont quelque réalisme, l’infantilisation de l’opinion par les médias et le « système » en général a quelque chose de dérisoire et de coupable qui finira bien par apparaître un jour, parce qu’ils se heurteront au mur des évènements et de situations nouvelles, sérieuses et graves. Les journaux télévisés devront bien alors, au moins pour quelques temps, « ouvrir » sur autre chose que sur le petit garçon, si triste que ce soit, qu’un chien a mordu grièvement … ou sur la petite fille franco-russe ou russo-française enlevée par sa maman et retrouvée par son papa, à la frontière austro-hongroise …
Le très vieil homme, mais très sage, très expérimenté et très noble qu’est l’archiduc Otto de Habsbourg l’a dit récemment, à propos de la crise : les problèmes d’argent ne sont pas les plus graves ; ce n’est pas d’eux dont on souffre le plus, encore moins ceux dont meurt.
Mais de quels maux est-ce donc que l’on meurt ? Et comment le « système » qui n’est préoccupé que de savoir quel mois, quel jour nous « sortirons de la crise » pour que le monde mercantile, médiocre et dérisoire qui est le sien reprenne sa course sans souci, comprendrait-il un tel langage ?
On ne présente plus Jean-Paul Brighelli, celui qui a le mérite –et surtout le courage, car il en faut…- d’appeler un chat un chat, et un crétin, un crétin. Dans La Quinzaine Universitaire - l'organe du Snalc - (n° 1312, 4 avril 2009) il a publié un article qui nous parait valoir le coup, mais que nous aurions peut-être laissé passer si un lecteur ne nous l’avait communiqué.
Nous vous le communiquons à notre tour, en remerciant ce lecteur. Vous aussi, si vous souhaitez voir un sujet évoqué dans ce blog, qui veut être aussi le vôtre, n’hésitez pas à nous envoyer vos suggestions, avis, commentaires en tous genres, et des documents comme celui-ci… Toute participation de nos lecteurs sera toujours la bienvenue….
Première précaution: Attention, publier un article de lui ne signifie évidemment pas que nous soyons toujours d'accord sur tout avec Jean-Paul Brighelli. Nous souhaitons seulement, comme d'habitude, ne pas rester dans notre tour d'ivoire et aller voir un peu ailleurs ce qui s'y passe, et s'il y a, par ci par là, quelques touffes d'herbe bien verte...
Deuxième précaution: Attention, âmes sensibles s’abstenir ! Brighelli ne fait pas dans la dentelle : c’est une charge, c’est polémique. C’est donc, forcément, parfois un peu excessif. Mais, malheureusement, tellement vrai par tant d’aspects ! Certes, à Henri IV ou Louis le Grand, on n’en n’est pas (pas encore…) là. Mais pour beaucoup, on y est en plein ; et pour les autres, un peu de patience, on va y arriver…
Quant au style de Brighelli, il faut le prendre comme il est ! On aime ou on n'aime pas: c'est un peu comme pour Céline (toutes proportions gardées, bien sûr...). L'important n'étant ni le style, ni la personne, mais bien le sujet qu'il évoque, et le coup de gueule qu'il pousse. A-t-il raison ? A-t-il bien fait ?...
Place donc à Jean-Paul Brighelli, La Journée de la jupe. Et, peut-être, à vos commentaires....
« Crétin ! »
Elle l’a dit. Elle l’a dit ? Elle l’a dit.
Qui ? Sonia Bergerac. Bergerac comme Cyrano. Sonia comme toutes les beurettes pour qui leurs parents jouent al carte de l’assimilation, de l’intégration dans la communauté culturelle française. Bergerac, vous êtes sûr ? Une beurette ? Elle l’est – on ne le saura qu’à la fin, entre un père muet de l’avoir trop aimée, et une mère en larmes. Quand il sera trop tard. Quand elle aura été abattue par une police qui tire toujours trop vite. On achève bien les profs.
Crétin. Adjani l’a dit.
Adjani ? Allons donc ! Cette star si rare, invisible, qui, d’interviews en interviews, explique qu’elle a inscrit son fils dans le privé, pour éviter la catastrophe qu’est devenu l’enseignement privé en France…. Sortie de sa thébaïde pour jouer dans un film à petit budget, un objet télévisuel –qui a permis à Arte de battre des recors d’audience….
Elle n’a pas lu Meirieu, Adjani. Elle ne sait pas que si ça va mal c’est qu’on n’a pas assez détruit. Pas assez pédagogisé. Pas assez donné de pouvoir aux IUFM, aux syndicats crypto-cathos, aux profs qui se réfugient dans les sciences de l’éducation faute de connaître leur propre discipline, aux « professeurs des écoles » qui font le Connac dans l’Hérault et ailleurs, parce qu’ils ne savent pas enseigner le b-a-ba (1), et qu’ils n’ont rien à dire aux élèves de GS.
Crétins !
Elle l’a dit, Sonia Bergerac . Comme moi. Avec violence et passion. Avec beaucoup d’amour pour ces élèves impossibles, suppôts d’imams, serial violeurs, barbares ! Comme tous ces élèves parqués dans des ghettos scolaires installés grâce à la Gauche (si !) dans des ghettos sociaux construits par la droite. Elle l’a dit avec beaucoup de tendresse et de colère, avec – encore à ce moment du film – un geste caressant du bout du Beretta tendu de sa main malhabile vers le groupe d’élèves pris en otage afin de leur faire, enfin, un cours de Français qui ressemble à quelque chose. Des élèves enfin terrorisés pour de bon, parce qu’ils ne sont plus dans un mauvais jeu électronique, mais dans la vraie vie – la leur, celle où l’on n’apprend rien dans les collèges à tarif intellectuel unique, où seuls ont le droit de hurler les caïds et leurs sous-fifres. Rien. Pas même le vrai nom de Molière.
Cette fois, ils vont le savoir. Jean-Baptiste Poquelin ! Répétez après moi ! Ou je flingue !
« Mais à quoi bon ces savoirs morts ? » demande le Crétin –le vrai, pas l’élève, mais le Crétin qui a inspiré la réforme Jospin, le Crétin qui a inventé les IUFM, le Crétin de la réforme Viala, de la loi Lang, de l’amendement Ségolène, le crétin des Sciences de l’Education, le Crétin qui a refusé de siéger dans la commission qui a finalement accouché –il était temps !- de la loi 2004 sur l’interdiction des signes religieux à l’école… « A quoi bon Molière (ou la Princesse de Clèves, dirait… qui, déjà ?), à quoi bon Racine –m’dam, Racine ! Vous vous rendez compte ? - à quoi bon Corneille (« comme le chanteur ? ») –à quoi bon La Bruyère –« m’dam, comme la plante dont on fait les pipes ? » « M’dam, Rachid, il a dit pipe ! » « Toi, sale pute… »
-Comment tu m’as appelée ? demande alors Adjani en lui mettant un coup de boule.
Si ! Un coup de boule ! Elle a bien fait ! Sartre expliquait dans « Réflexions sur la question juive » que les racistes, il n’y a pas moyen de leur expliquer, ils sont inaccessibles à la raison, autant commencer et finir par le coup de boule….
« La Journée de la jupe » est un grand film anti-raciste. Le véritable anti-racisme. Celui qu’il faut enseigner. Celui que les organisations bien pensantes vomissent. L’anti-racisme d’Emmanuel Brenner (2) , de Iannis Roder (3), ou le mien (4).
Une ministre plus dépassée que nature –un mixte improbable d’Intérieur et d’Enseignement Supérieur, beau cul bon genre- ne comprend rien à la revendication de cette prof déjantée . Comment ça, une journée de la jupe ? Mais nos mères se sont battues pour avoir le droit de porter un pantalon !
Oui, mais voilà, dans certaines banlieues, si vous portez une jupe, vous êtes une pute. Une salope. Une taspé.
« M’dam ! Le mec, sur le blog, il m’a traitée ! »
Pitié pour les filles ! C’est ainsi qu’il y a trois ans (putain, trois ans et il faut encore se battre !) j’avais intitulé une Note sur ce blog (5), qui prenait la défense de ces gamines qui se voilent pour échapper à l’opprobre des cités. Pour échapper aux fantasmes des tarés-frustrés-péteux incapables de séduire, parce qu’on ne leur a pas appris les mots –et à quoi voulez-vous que servent les mots, que serve l’Ecole, si ce n’est à séduire Chloé ou Myriam, Anthony ou Peter ? Incapables –impuissants, qui relookent en douce, sur leur portable, une scène hard bricolée en interne… Eh non, chers parents de la FCPE , un portable ne sert pas à vous appeler entre deux cours, d’ailleurs, on ne vous appelle pas, ça sert à filmer Fadela ou Camille obligée à faire une pipe dans les chiottes du bahut, et à se l’envoyer entre copains, -la fille et le film. Heureusement que de plus en plus de lycées interdisent les portables !
![JOURNEE DE LA JUPE 1.jpg](http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/01/174225967.jpg)
Alors, la Sonia Bergerac, elle est vachement vénère ! Elle porte en elle l’exaspération de ses collègues –enfin, de certains de ses collègues : parce qu’il y a les collabos, les pactiseurs de barbarie, ceux qui viennent au lycée culotte baissée, ceux qui se trimbalent avec le Coran dans le cartable, qui le connaissent mieux que leurs élèves même –et qui s’en vantent !
(1) Rachel Boutonnet, Pourquoi et comment j’enseigne le b-a-ba.
(2) Emmanuel Brenner, Les Territoires perdus de la République.
(3) Iannis roder, Tableau noir – la Défaite de l’école.
(4) Jean-Paul Brighelli, Une école sous influence.
(5) http://bonnetdane.midiblogs.com/archive/2006/07/13/pitie-pour-les-filles.html
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commentaire
Nous mettons en ligne, aujourd'hui, le texte de l'intervention de Danièle Masson* lors du meeting contre « le dit mariage pour tous » qui a eu lieu à Marseille, le samedi 2 février.
Trois autres contributions suivront encore. Notre dossier, désormais à la disposition de tous, comportera donc, en fin de compte, un total de douze documents : "POUR UNE REFLEXION DE FOND SUR LE "MARIAGE POUR TOUS" **.
Christiane Taubira nous dit du projet qui porte son nom qu’il s’agit d’une «réforme de civilisation». Nous disons, nous, qu’il s’agit d’une « rupture de civilisation»… car toutes les sociétés organisées ont défini le mariage comme l’union légitime d’un homme et d’une femme. Même l’antique cité grecque, si ouverte à l’homosexualité, qu’on l’appelle l’amour grec, n’a jamais dénaturé le mariage.
C’est pour sauvegarder cette civilisation que les familles de France se sont rendues au rendez-vous historique du 13 janvier 2013, en un mouvement qui a dépassé en ampleur la grande manifestation pour l’école libre de 1984, malgré le mensonge d’État sur les chiffres.
Et d’ailleurs, le mariage pour tous est un paradoxe, un mensonge, une imposture, une tartufferie.
- Un mensonge, parce qu’il n’est pas pour tous, puisqu’il n’est pas encore ouvert à l’inceste et à la polygamie.
- Un mensonge, parce qu’il n’est pas un mariage, mais une parodie de mariage.
Le mariage était, nous disait-on, dépassé, démodé, ringard. Pourquoi est-il devenu un droit si passionnémentrecherché ?
Caroline Mecary, chef de file du groupuscule LGBT (lesbiennes, Gays, bis, trans, pour les noninitiés), en fait l’aveu. Je la cite : «il faut achever la sécularisation du mariage, en supprimantl’obligation de fidélité et la présomption de paternité». Et Clémentine Autain, en 2004, dans Libé : «l’ouverture aux Gays et aux Lesbiennes serait un pied de nez à la conception traditionnelle du mariage, le brouillage des identités».
Quel aveu !
Le brouillage des identités, nous y sommes.
Pour Caroline et Clémentine, ce qui compte ce n’est pas le sexe réel mais l’orientation sexuelle, à chacun de choisir son sexe, au point que chacun peut se construire, se déconstruire, se reconstruire. Là est la véritable homophobie : réduire l’être à ses pulsions, et lui refuser la liberté de devenir ce qu’il est. C’est le moment de relire Aldous Huxley et son Meilleur des mondes : « à mesure que diminue la liberté économique et politique, la liberté sexuelle a tendance à s’accroître par compensation […]. Le dictateur fera bien d’encourager cette liberté-là […], elle contribuera à réconcilier ses sujets avec la servitude qui sera leur sort. ».
Le paradoxe est que les écologistes, pourfendeurs des OGM et autres pollutions réelles ou supposées, au nom du respect de la nature, soient favorables à toutes les manipulations, à tous les bricolages, quand il s’agit de la nature humaine.
Eh bien, nous, nous croyons à l’écologie humaine, et qu’il faut respecter, aussi, la nature humaine.
L’imposture, le mensonge atteignent des sommets quand il s’agit des enfants. Séparer le mariage de l’adoption? Mais le mariage par lui-même donne droit à l’adoption. Christiane Taubira, dès le premier jour du débat, mardi 29 janvier, a dit, je la cite : « les couples homosexuels auront le droit d’adopter dans les mêmes conditions que les couples hétérosexuels».
Mensonge encore, parce que ne pouvant adopter, ils auront recours, pour les femmes, à la PMA, pour les hommes, à la GPA… (Procréation Médicalement Assistée, Gestation Pour Autrui)… c’est-à-dire l’instauration d’une relation clients-fournisseurs, et la marchandisation des corps. On est proche du Meilleur des mondes d’Huxley, des bricolages génétiques, et pourquoi pas, prochaine étape, du clonage reproductif.
C’est au nom du droit des enfants – droits élémentaires d’avoir un père et une mère – que nous souhaitons le retrait pur et simple du projet de loi. Caroline Fourest vient de nous dire ceci : «prétendre qu’un enfant nait d’un père et d’une mère, c’est arrogant » ! Eh bien, Caroline, c’est au nom du réel que nous revendiquons cette arrogance, pour que des enfants ne deviennent pas des enfants de seconde zone, parce que l’on leur aura menti en leur faisant croire qu’ils ont deux papas ou deux mamans.
On ne ment pas aux enfants. Et le paradoxe est que l’on revendique l’égalité des droits pour les individus et que l’on propose un projet de loi discriminatoire et injuste pour les enfants. Faut-il rappeler les paroles de Lionel Jospin le 16 mai 2004: « l’enfant n’est pas un bien que peut se procurer un couple hétérosexuel ou homosexuel, il est une personne née de l’union d’un homme et d’une femme ».
Mais, dans le grand marché aux puces des droits, on exige le droit à l’enfant en ignorant les droits de l’enfant. Eh bien, rappelons que le mariage n’est pas un droit mais une institution, et qu’il n’appartient pas au Parlement d’en redéfinir les contours.
Le mariage homosexuel, ce serait un monde indifférencié où l’altérité des sexes disparaîtrait au profit de la parentalité. Taubira avait affirmé que les termes père et mère ne disparaîtraient pas du Code civil. Mais sur Canal+, le 11 janvier, elle rectifiait : « chaque fois que cela a été nécessaire, nous avons effectivement remplacé les mots père et mère, parce que nous ne faisons pas semblant de faire des réformes».
Déjà, sur les nouvelles demandes de cartes SNCF de famille nombreuse, les termes père et mère ont été remplacés par parent 1 et parent 2. Déjà, des professeurs des écoles renoncent à évoquer la Fête des Mères, pour ne pas heurter ceux qui n’ont que deux papas.
Alors que faire ?
Demander un référendum ? Mais nos banderoles affirmaient: « tous nés d’un homme et d’une femme », et «un père, une mère, c’est élémentaire», c’est le bon sens, c’est l’évidence, c’est la loi naturelle, et l’on ne met pas aux voix la loi naturelle. Mais si stratégiquement c’est l’argument de la dernière chance alors oui demandons que soit donnée la parole au peuple.
François Hollande avait promis de consulter les Français sur les questions sociales. Le mariage homosexuel ne serait-il pas une question sociale? Non, nous répondent-ils doctement, c’est une question sociétale… et donc un référendum serait anticonstitutionnel. L’ennui est que Dominique Bertinotti, ministre délégué chargé de la famille – des familles préfère-elle dire – est sous tutelle du ministre des Affaires sociales ! Et d’ailleurs le mot “sociétal“ n’existait pas en 1958, au moment de l’écriture de la Constitution.
En vérité ce gouvernement pense ce qu’avait prédit Bertold Brecht : «Quand un peuple n’est pas d’accord, il faut changer de peuple». Si tout moyen de nous faire entendre nous est refusé, les urnes de l’alternance nous offriront une solide possibilité d’appel, car on ne combat pas durablement les lois politiques par une posture d’apolitisme de principe.
On pouvait lire sur une banderole de contre-manifestants, à Marseille, le 17 novembre: «notre modèle social est mort…bienvenue à Sodome et Gomorrhe ! »…Seulement, Sodome et Gomorrhe, ça finit mal…
Une société peut survivre à une crise économique, elle ne peut pas survivre à une crise qui remet en cause ses structures et ses fondements.
Nous avons la responsabilité historique de préserver notre État-civil, notre société, notre humanité…assumons-la :
Non à la culture de Sodome et Gomorrhe, oui à la civilisation de la vie !
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* Danièle Masson : agrégée de l'Université.
** Précédentes mises en ligne :
> 14.01.2013 : Jean-François Mattéi article du Figaro : "Mariage pour tous et homoparentalité".
> 22.01.2013 : Chantal Delsol, entretien avec Jean Sévillia (Figaro Magazine).
> 29.01.2013 : Thibaud Collin, article dans Le Monde du 15 janvier.
> 5.02.2013 : Hilaire de Crémiers, note parue sur le site de Politique Magazine, le 15 janvier.
> 12.02.2013 : Sylviane Agacinski, conférence dans le cadre des Semaines sociales. (VIDEO) et entretien sur Europe 1 (VIDEO).
> 19.02.2013: Bruno Nestor Azérot, député de la deuxième circonscription de la Martinique (GDR), discours prononcé le mercredi 30 janvier à l'Assemblée Nationale. (VIDEO).
> 26.02.2013 : Daniel Godard, professeur de Lettres Classiques, une réflexion dont l'originalité est de se placer d'un point de vue linguistique qui fait entendre, dans ce débat, "la voix de la langue française".
> 06.03.2013 : Bertrand Vergely, le point de vue du philosophe et théologien, la question du mariage gay appelle dix remarques.
Les images, les photographies, les comptes-rendus, les commentaires sur l'immense manifestation nationale d'hier, à Paris, ont envahi les ondes, la presse, la toile. Il est clair qu'il s'est agi là d'une réponse forte d'une grande partie de la France réelle au projet idéologique du gouvernement, un projet qui divise et trouble la société française, qui n'en avait nul besoin. Déjà largement déconstruite, elle est prise de vertige à la perspective de poursuivre dans cette voie, de descendre un échelon de plus ...
Sur cette grande manifestation, tout a été montré, tout a été dit, tout sera dit, encore, dans les jours qui viennent. Nous n'y reviendrons pas, en cet instant.
Reste la question de fond. Elle dépasse largement la seule affaire du mal nommé mariage pour tous. Nous aurions tort de nous y enfermer. Car, très en amont, c’est la famille dite traditionnelle elle-même, qui est, depuis bien longtemps déjà, en crise (cf. l’inexorable montée des divorces : aujourd’hui plus de 50% des ménages sont concernés !). C’est donc une réflexion de fond sur la famille, minée par l’individualisme, par l’égoïsme contemporains et, en un sens, c’est une contre-idéologie qu’il faut opposer à l'idéologie radicalisée qui sous-tend le projet de loi gouvernemental. C'est ce qu'il faut lancer, ce qu'il faut être capable d'entreprendre maintenant. Car c'est à cette condition que la grande campagne en cours trouvera un prolongement, durera, s'amplifiera et aura, en définitive, été efficace.
C'est ce qu'a commencé de faire Jean-François Mattéi *, dans un important article du Figaro. Vous pourrez le lire, en lisant la suite ...
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Le philosophe - membre de l'Institut universitaire de France - met l'accent sur les paradoxes qui se dégagent du projet de loi.
Camus disait que « mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde » (1). Le « mariage pour tous » et l' « homoparentalité » contribuent à leur tour à ce malheur sémantique, ces deux expressions étant de pauvres oxymores. Elles entraînent une cascade de paradoxes que l'on masque prudemment sous les discours édifiants des bonnes consciences. Mais le paradoxe a beau devenir une nouvelle doxa, et donc un préjugé, il n'en reste pas moins un défi au bon sens.
Paradoxe du sexe. La « théorie du genre » (gender theory) prétend que la primauté accordée à l'hétérosexualité culpabilise les pratiques homosexuelles, bisexuelles et plurisexuelles. Dans la mesure où le sexe biologique ne déterminerait pas le genre sexué, les sexualités LGBTQI (lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels, queer et intersexe) seraient égales aux pratiques hétérosexuelles: Le sociologue Eric Fassin ne s'en cache pas : « Ce qui est en cause, c'est l'hétérosexualité en tant que norme. Il nous faut essayer de penser un monde où l'hétérosexualité ne serait pas normale. » Le trait final de la conférence de Monique Wittig sur La Pensée straight, en 1978, anticipait déjà cette croyance dans l'indifférence des sexes : « Les lesbiennes ne sont pas des femmes. » Elles ne sont pas non plus des mères parce que toutes les femmes sont nées d'une mère sexuée, et non d'un genre grammatical.
Paradoxe du mariage. Au lieu d'aimer leur compagnon ou leur compagne de façon autonome, certains homosexuels veulent convoler en justes noces. Les homosexuels mariés vivront ainsi aux dépens des hétérosexuels mariés en leur empruntant la cérémonie civile, le sacrement religieux et la symbolique maritale, dont la robe blanche de l'un des conjoints. S'il est vrai qu'un parasite est une personne qui vit aux dépens d'autrui, les homosexuels mariés auront un double comportement parasitaire. Le premièr à l'égard des hétérosexuels dont ils imiteront l'alliance juridique. Le second à l'égard de la famille hétérosexuelle dont ils parodieront la filiation biologique. Dans les deux cas, le mariage et la filiation seront virtuels, mais non actuels, puisque la dualité sexuelle et l'engendrement d'un enfant par un homme et une femme seront vécus comme des simulations.
Paradoxe de l'imitation. Ce prétendu droit au mariage et ce supposé droit à l'enfant, créances tirées sur une société qui n'en retire aucun bénéfice, proviennent de ce que René Girard a qualifié de « crise mimétique » . Le désir triangulaire met cette fois en scène le couple homosexuel, le couple hétérosexuel et l'enfant désiré. Mais comme ce dernier ne peut être conçu que par l'union d'hétérosexuels dont la différence est féconde, les homosexuels dont l'identité est stérile compenseront leur impuissance en imitant les précédents. Les moyens détournés pour élever des enfants feront appel à la procréation médicalement assistée (PMA), à la gestation pour autrui (GPA) qui nécessite l'usage du sperme d'un donneur et la location du ventre d'une mère porteuse, ou à l'adoption d'un enfant déjà né d'un homme et d'une femme. Dans tous les cas, le modèle homosexuel restera sous la dépendance du modèle hétérosexuel.
Paradoxe de la parenté. Avec cette nouvelle norme maritale, imposée par des minorités, la famille homoparentale sera privée d'aspect procréatif. Les adultes homosexuels seront à tort nommés « parents », le terme latin parens étant issu du verbe pario, « accoucher, enfanter », alors qu'ils ne peuvent engendrer sans l'intervention sexuée, et non gendrée, d'un tiers, homme ou femme, ce qui fait trois personnes, ou d'un autre couple dont la femme portera l'enfant, ce qui fait maintenant quatre personnes. La neutralisation des différences sexuelles entraînera la neutralisation de tous les statuts généalogiques et la privation de tous les repères de filiation : la parentalité l'emportera sur la parenté.
Paradoxe de l'enfant. Quant à l'intérêt supérieur de l'enfant, dont on se préoccupe peu tant le désir de l'adulte est devenu despotique, il ne concerne plus qu'un produit médicalement et socialement déterminé. L'identité d'une fille ou d'un garçon, est une construction complexe qui implique, avec une double détermination généalogique, celle de son père et de sa mère, des apports familiaux d'ordre affectif, intellectuel et social. Mais cette construction culturelle ne saurait faire l'économie de cette section primitive qu'implique le mot latin sexus, à partir de laquelle, non seulement la masculinité et la féminité voient le jour, mais également la paternité et la maternité.
Avec la dissociation de la sexualité et de la procréation, nous entrons dans un Monde de stérilité dans lequel l'enfant, devenu une denrée rare, sera pris dans le cycle économique de la marchandise. Le malheur se déclinera demain sous des formes juridiques plus subtiles qu'auparavant. Mais il concernera toujours l'être humain conçu comme un moyen, et non comme une fin, c'est-à-dire, selon les cas, comme un objet bien ou mal nommé.
(1) Camus, « Sur une philosophie de l'expression » , Poésie 44, 1944.
On notera que, dans les travaux sur le genre, le terme de « sexe » revient comme un retour du refoulé pour indiquer le rapport charnel qui implique l'usage de l'appareil reproducteur de l'homme et de la femme.
V. Margron et E. Fassin, Homme, femme, quelle différence ? Paris, Salvator, 2011, p. 25.
* Jean-François Mattéi, est professeur de philosophie grecque et de philosophie politique. Il est professeur à l'université de Nice Sophia Antipolis, et membre de l’Institut universitaire de France.
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Les élections donnent lieu à des commentaires infinis et la plupart sans intérêt. Car la vraie question est de savoir si la guerre électoraliste et partisane est bonne pour la France.
A quoi servent les élections ? Dans le cadre actuel de nos institutions, à exacerber la lutte des partis. Tel est le résultat le plus évident des élections dites départementales qui viennent de se dérouler.
Soit, la plupart des départements sont repassés à droite, mais qui ne voit ce qui se passe au vrai, au-delà de ce basculement. Il ne s’agit plus de représenter les Français, leurs territoires, leurs intérêts ; mais alors plus du tout ! D’ailleurs, dans l’état présent du projet de loi sur la nouvelle organisation des territoires de la République, il est impossible de rien prévoir : le texte est illisible comme maintenant toutes les lois, tant elles sont mal rédigées, et, de fait, personne, sauf les quelques élus spécialisés, n’a lu ce salmigondis technocratique et démagogique dont les tours et les détours compliquent encore plus les échelons et les compétences de l’imbroglio territorial français.
Et Hollande ose parler de « choc de simplification » et le gouvernement a appelé les électeurs à voter alors que la loi est en cours d’élaboration et de remaniement. C’est littéralement grotesque, mais peu leur chaut. Car la seule chose qui les occupe et les préoccupe, c’est la lutte des partis. Voilà leur unique passion. La mécanique institutionnelle est telle que la Ve République est maintenant pire que la IVe et la IIIe ; et faut-il évoquer les précédentes qui s’achevèrent dans l’épuisement des factions ? Mourantes, toutes s’en sont remises à un pouvoir personnel : encore faut-il qu’il y ait une personne.
La France livrée aux partis
La Ve République en est là. Sous son nom règnent non pas des hommes d’état, mais de médiocres politiciens. Les partis se partagent la France, du Conseil constitutionnel jusqu’à la moindre commission culturelle, sociale, administrative. Le département est un lieu de pouvoir qui n’échappe pas à la mainmise des partis. Serait-il possible un jour de choisir des représentants en fonction d’autres critères que l’étiquette d’un parti, la compétence, le dévouement par exemple ?
Ainsi n’a-t-il été question dans les commentaires, avant, pendant et après le dernier scrutin départemental, que de savoir quel parti l’avait emporté, jusque dans le moindre canton. Non pas les personnes, mais le parti. Car c’est le parti qui « empoche », qui « rafle » les cantons, les départements. Il en était déjà ainsi en 2014 aux élections municipales : les villes, les communes, les moindres villages sont quasi dans l’obligation d’appartenir à un parti. Bientôt, en fin 2015, il en sera de même aux élections régionales – et de manière vraisemblablement plus violente avec le scrutin de liste à la proportionnelle et la prime majoritaire.
Sortir un jour du système
Tout n’est donc plus politiquement que calcul en vue des présidentielles. Les états-majors partisans, après chaque scrutin, font leur compte en public et sur les plateaux de télévision : les déclarations, les altercations ne roulent que sur les villes prises, les départements conquis, les régions emportées ou conservées ; on parle de bastions, de résistances, de percées, d’alliances, de ruptures, de stratégies, de contournements. Chaque camp mobilise, explique, se fait pédagogue auprès des troupes rétives, calcule, suppute, crie enfin victoire : ils ont tous gagné ! C’est dérisoire !
Comment se fait-il que les Français supportent un tel régime et s’habituent à de telles mascarades ? Car une telle analyse relève du simple bon sens. La malfaisance est éclatante et personne n’ose la dénoncer. Il est pourtant d’une évidence aveuglante que nos institutions sont totalement corrompues par le régime des partis, ce régime qui fut toujours, à toutes les époques, même sous l’Ancien Régime, le vice des Français et qui ne leur valut que des malheurs et des revers. Tous les grands hommes de France l’ont réprouvé. La grandeur française, les renouveaux français ne furent possibles qu’en rupture avec un tel régime. Pas un Français sérieux et quelque peu éduqué qui ne le sache.
Il faut noter, d’ailleurs, que ce qui fait si peur aux partis dits de gouvernement dans l’incontestable montée du Front national, ce n’est pas le fait qu’un troisième larron viendrait réclamer des places et un jour pourrait accéder à son tour au pouvoir. C’est qu’il est clair, pour tout analyste objectif, que derrière le vote FN, il y a, en fait, non pas tant un vote d’adhésion à Marine Le Pen, à des personnes ou à un programme, qu’un rejet profond de la classe politique existante, de ses pompes et de ses œuvres, comme, d’une manière générale, de la classe dirigeante qui s’acoquine avec le système, journalistes, financiers, conseillers, hommes d’affaires formant l’entourage des hommes de pouvoir.
L’implacable logique de parti
Un nombre de plus en plus grand de Français – en fait une majorité comme l’ont révélé les enquêtes – n’a plus confiance en ses dirigeants. Un certain nombre d’entre eux, en raison du langage du FN sur quelques sujets cruciaux, accordent leur bulletin à cette formation politique qui tranche avec les autres. En réalité, il est facile de déceler sous ce vote un refus du régime des partis ; et le paradoxe de la situation tient au fait que plus le FN engrange ce genre de voix, plus il se croit obliger, pour rassurer, de se montrer « normal » et donc « républicain », c’est-à-dire adepte du régime que les Français qui votent pour lui, récusent. La fureur d’un Valls s’explique par la compréhension qu’il a du phénomène : d’où ses injures. La défaite électorale le met tout à coup en présence d’une France qu’il croyait disparue.
Il a raison de s’inquiéter. Toutefois, malgré la stratégie de ses dirigeants, le FN s’illusionne s’il croit que le système lui laissera une place. Toutes les expériences passées prouvent le contraire.
L’implacable logique de parti entraîne Sarkozy sur les pas de Valls. Mais c’est pour lui une grave erreur, car l’UMP compte dans ses rangs nombre de militants qui ne demandent qu’à sortir des visées de parti. Il apparaît, de plus en plus, qu’au-delà des divisions partisanes de droite comme de gauche, comme le disent et le montrent des Guilluy, des Zemmour, des Bercoff, des Delsol et comme le démontre l’analyse des chiffres électoraux, les Français se retrouvent sur des sentiments communs de frustration, de trahison, de destruction de leur être et de leur nation.
Au fond, que veulent-ils ? Retrouver leur souveraineté, leur patrie, leur nationalité, leur fierté, leurs libertés réelles et, dans un monde dangereux, la sécurité intérieure et extérieure, tout ce dont le régime des partis les a privés. Ils seraient heureux surtout de se retrouver eux-mêmes. Il leur faudrait un état simple mais fort qui assure les pouvoirs régaliens, de manière concentrée, avec une armée, une justice, une police de plein exercice et une réorganisation de la représentation nationale sur d’autres bases que ce système partisan qui rend impossible toutes les solutions humaines et durables (Lire la plaquette du cercle Vauban : Des Institutions pour la France, 7 € franco de port, Regalia 1, rue de Courcelles 75008, Paris, chèque à l’ordre de Regalia)
Comment ne pas y songer ? Cela viendra comme une nécessité le jour où ce régime funeste, devant la catastrophe financière, économique sécuritaire, morale qu’il aura provoquée, sera obligé de céder la place. Il vient un temps où il n’est plus intéressant d’avoir le pouvoir ; ce jour-là les parasites déguerpissent. •
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Matériel de campagne d'Emmanuel Macron à Marseille, avril 2017. SIPA.
Par Roland Hureaux
Après avoir dit notre opposition à Macron, il faut surtout en formuler les raisons Etudier, analyser, avec méthode, précision et lucidité, ses idées, son programme, ses orientations, c'est ce que fait ici Roland Hureaux [Causeur 24.04]. Que nous ne puissions pas voter pour Emmanuel Macron, dans quinze jours n'est pas, alors, le plus important. Ce qui est important, est que, s'il est élu, nous aurons à combattre sa politique pour la durée d'un quinquennat. LFAR
L’annonce en fanfare du programme d’Emmanuel Macron avait tout pour impressionner: 500 experts, 3000 ateliers avec, paraît-il, la participation de 30 000 Françaises et Français. Fallait-il tant de monde pour aboutir à un résultat aussi creux ?
Il suffit d’écouter les Français pour connaitre leurs principales préoccupations, finalement assez simples : chômage et baisse des revenus, immigration, éducation, justice et sécurité, lourdeur de la pression fiscale et donc des dépenses publiques, système social pléthorique et désordonné.
Le pédagogisme toujours roi
Sur tous ces sujets majeurs, peu ou pas de propositions sérieuses. Rien sur la justice, rien sur l’immigration (et comment cela intéresserait-il Macron qui a félicité Merkel d’avoir ouvert largement ses frontières ?), aucune réponse aux attentes des « travailleurs pauvres », immigrés compris, qui ont le sentiment frustrant d’être moins bien traités que les assistés. Rien par ailleurs sur la famille et la politique familiale – et donc aucune perspective de revenir sur sa destruction par les socialistes. Et il n’est guère question de politique étrangère : pour quoi faire ? Macron compte poursuivre la politique d’alignement servile sur l’OTAN qui a valu à Hollande le mépris universel. Est seulement proposé un « quartier général européen »: pour faire la guerre à qui ?
Sur la sécurité, les rares propositions sont d’une pauvreté affligeante : retour à la police de proximité (dite « police de sécurité quotidienne »), « ne plus tolérer les incivilités », plus vite dit que fait. « Toute peine prononcée sera exécutée », mais encore faut-il que ces peines soient prononcées, ce qui n’est pas évident aujourd’hui vu les dérives de la justice, dont Macron ne s’émeut pas.
Sur l’éducation, à quoi sert de proclamer que l’on donnera « la priorité à l’école primaire » si on n’en change pas les méthodes, ce dont il n’est nullement question ? Ou de donner plus d’autonomie à des chefs d’établissement habitués à ne pas faire de vagues ? Ne sont remis en cause ni les méthodes pédagogiques aberrantes, ni le tronc commun, ni la réforme désastreuse du collège par Najat Vallaud-Belkacem, ni celle des rythmes scolaires, réformes que même Jean-Luc Mélenchon veut abroger.
Pas question non plus de « la France périphérique », provinciale et rurale, qui souffre et dépérit : on peut imaginer que le quart des départements qu’il projette de supprimer sont de cette France-là.
L’affaiblissement de l’Etat
Les Français croulent sous les impôts : le programme prévoit de supprimer la taxe d’habitation, la seule que tous, Français et étrangers, payent. Il prévoit aussi la baisse de l’impôt sur les sociétés de 33 % à 20 % et, comme Fillon, l’abrogation de l’ISF. Quoique cela ne soit pas dit, Macron envisage de compenser ces baisses par un super-impôt foncier. Moins d’impôts pour le haut et le bas de l’échelle, encore plus pour les classes moyennes, soit les 58 % de Français ayant un bien foncier, qui seront un peu plus laminés.
Sur les 96 propositions, 27 annoncent une augmentation des dépenses, presque aucune ne tend à les réduire; il est seulement question de « lutter davantage contre la fraude fiscale ou sociale », ce qui laisse supposer que le ministre Macron ne le faisait pas assez. Propositions dépensières : augmenter le minimum vieillesse de 100 € par mois, augmentation de l’allocation adulte handicapé de 100 € aussi, extension du bénéfice de l’assurance chômage à ceux qui démissionnent, remboursement à 100 % des lunettes et des prothèses dentaires, plan de 5 milliards pour la santé, de 5 milliards pour l’agriculture, grand plan d’investissement de 50 milliards, 2% du PIB pour la défense nationale (précisément l’objectif fixé par l’OTAN), soit au moins 20 milliards de plus. Ajoutons : « Nous augmenterons les salaires de tous les travailleurs, des ouvriers, des employés » d’un 13ème mois. Le Fonds pour l’industrie et l’innovation, prévu en sus, sera financé par la vente des participations de l’Etat dans les industries stratégiques, ce qui va encore affaiblir sa capacité de manœuvre. De politique industrielle, il est à peine question chez celui qui a autorisé la cession d’Alstom à General Electric.
Comme Marine Le Pen et à la différence de François Fillon, Emmanuel Macron maintient la retraite à 60 ans, sans même exiger, comme elle, 40 ans de cotisation.
L’Europe, l’Europe…
Macron a beau promettre de « construire une Europe qui développe nos emplois et nos économies », qui « protège nos industries stratégiques », on sait bien qu’elle a fait le contraire jusqu’ici. Il ne servira donc à rien de réunir « des conventions citoyennes pour redonner un sens au projet européen » (toujours le peuple ignare à qui on a mal expliqué les choses !) si le logiciel de l’Europe de Bruxelles n’est pas revu en profondeur.
François Fillon est pour le maintien de l’euro mais il intègre à son programme les disciplines que cela implique (abrogation des 35 heures, retraite à 65 ans, réduction de la fonction publique). Emmanuel Macron est pour l’euro mais sans les disciplines qu’implique son maintien. Marine Le Pen les refuse aussi mais se propose de mettre fin à l’euro. François Fillon et Marine Le Pen, chacun à leur manière, sont cohérents. Emmanuel Macron, lui, ne l’est pas. Si son programme était appliqué, il ne lui resterait qu’à faire comme François Hollande : attendre le retour de la croissance pendant cinq ans en regardant d’un air désolé grimper chômage et déficits, ce qu’il faisait comme principal conseiller économique de l’actuel président.
Autres contradictions sur l’Europe : il propose que les agriculteurs « soient payés au prix juste » et ne vivent plus de subventions, alors même que c’est Bruxelles qui a imposé en 1992 la réforme de la PAC laquelle a remplacé la rémunération par les prix par une rémunération par les primes. Comment d’ailleurs concilier ces intentions avec la volonté d’étendre le libre-échange à travers l’accord économique et commercial global (CETA), traité euro-canadien qu’il est le seul candidat à soutenir et qui fera encore baisser les prix ?
Hollande en pire
Loin de laisser espérer plus de liberté, le programme d’Emmanuel Macron annonce en outre, entre les lignes, le resserrement de toutes les contraintes bureaucratiques et idéologiques liées à la pense dominante: environnement (50 % de produits bios dans les cantines ou mise à la casse des vieilles voitures), parité à tous les étages, non-discrimination à tout va : « Nous ferons de la lutte contre la discrimination une priorité nationale » ; et même discrimination positive sous la forme d’ « emplois francs » pour les ressortissants de certaines banlieues. Le nom des entreprises ne respectant pas la parité homme/femmes sera rendu publique. Evaluation systématique des services publics dont on sait le caractère arbitraire des critères. En perspective, une société orwellienne où la pression du politiquement correct se fera encore plus étouffante. Bonjour le candidat jeune et libéral !
Tout cela est assorti, ficelle un peu grosse, de quelques propositions ponctuelles clinquantes: interdiction de téléphones portables à l’école primaire et au collège (et au lycée ?), ouverture des bibliothèques le soir et les week-ends, un pass culturel (ce que font déjà beaucoup de maires), remboursement des lunettes et des prothèses dentaires à 100%. L’enseignement du fait religieux à l’école, vieille lune là aussi, fait craindre des abus.
Rares propositions positives : le rétablissement de classes bilingues, promis aussi par François Fillon, et la limitation des sessions parlementaires.
En résumé, ce programme, souvent flou et toujours démagogique laisse apparaître le prolongement et même l’aggravation des tendances majeures du quinquennat Hollande : immigration non contrôlée, déclin du système éducatif, explosion de la délinquance, sacrifice des familles et dénatalité, alourdissement des dépenses publiques et de la fiscalité, persistance d’un volant de chômage, système social injuste, police de la pensée. C’est ce qui explique sa pauvreté, mal masquée par le « bling bling » : la société du spectacle, chère à Guy Debord, est plus que jamais « en marche ».
La philosophie générale de son programme est claire : davantage d’Europe et d’ouverture des frontières (aux hommes, aux marchandises, à la finance), pour une société mondialisée où la France, coupable de crimes contre l’humanité et qui, dit-il, n’a pas de culture propre, ne pèsera guère. Tout ce que demande le peuple… •
* Sauf les familles immigrées principales bénéficiaires des allocations « ciblées sur ceux qui en ont le plus besoin », les natifs pauvres n’ayant plus guère d’enfants.
Roland Hureaux
essayiste
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La visite de François Hollande à Mont-de-Marsan
Par Hilaire de Crémiers
Analyse. Les élections présidentielles ne peuvent déboucher avec les législatives qui suivent, que sur une crise de régime.
Les sycophantes mènent leur ballet. Institution éminemment démocratique qui sévissait déjà dans l’Athènes décadente. La dénonciation sort des officines de la Hollandie, file vers les salles de rédaction, excite les magistrats, incendie les réseaux sociaux. Chacun se croit en droit de juger. Le parti socialiste, toute la gauche dite de gouvernement qui joue les offusqués, oublie aujourd’hui les scandales qui ont défrayé la chronique de la Mitterandie pendant plus d’une décennie, après les premières révélations de l’affaire Urba en 1991.
Le passé, le présent et le futur
Ils ont enterré Henri Emmanuelli samedi 25 mars en grande pompe républicaine à Mont-de-Marsan. Tous les caciques de la Gauche installée, prébendée, rémunérée et nourrie – que de pauvres gens ! – étaient là, alignés sur leurs chaises, à côté de François Hollande. À quoi pensaient-ils, tous, avec ces regards perdus, comme affaissés sur de douloureux abîmes intérieurs. Ces beaux messieurs qui affectent avec condescendance l’affranchissement de toute foi religieuse, songeaient peut-être que ce serait, comme dit le poète, bientôt leur tour. Finie la vie ! Les confortables prébendes et la jouissive fièvre de la politique politicienne ! Eux aussi, mais oui, tout comme lui, ils y passeront ! Hollande s’est voulu bravache, selon son habitude. Braver Dieu, en se croyant drôle, c’est son truc depuis ses 18 ans. Comme ses compères, à peu près tous à son image, sortis des bons collèges ! « Si Dieu existe, et que Henri l’a rejoint, il aura fort à faire avec lui. Mais que Henri sache bien – tiens, mais comment pourrait-il savoir ? – que la République aujourd’hui le salue et ne l’oubliera jamais ». La République est-elle donc une divinité ? Parle-t-elle et voit-elle, ou est-ce Hollande qui la fait parler et voir avec son ton de prédicateur ? Ah, les idoles ! Le psalmiste déjà s’en gaussait : « Os habent et non loquentur, oculos habent et non videbunt ».
Mais cet Henri Emmanuelli dont Hollande a fait l’éloge, avait été condamné en 1997 à dix-huit mois de prison avec sursis et à deux ans de privation de droits civiques. En tant que trésorier du parti socialiste ! Péché pardonné donc. L’onction républicaine couvre tout. Il est bon de se sentir purgé. Les lois d’amnistie, d’auto-amnistie devrait-on préciser, de 1988–1990 sont censées avoir tout mis au net. Grâce soit rendue à la République et à l’efficace de ses sacrements ! Pourtant les faits peccamineux ont continué par la suite, tant du côté socialiste que du côté du RPR et de l’UMP. Faut-il reprendre la longue litanie des « affaires » ? Jusqu’à Cahuzac, Le Roux… ? Et les comptes de campagne pour les présidentielles validés par le Conseil constitutionnel pour le bon ordre républicain, ainsi que l’a révélé Dumas ?
Politique d’initiés
Hollande lui-même, avec tous ses réseaux, n’a-t-il pas pratiqué avec délectation ces arcanes du pouvoir, en mystérieuses initiations ? Tous les livres qui paraissent sur lui, écrits pour la plupart par des journalistes de gauche, prouvent sa suffisance autant que sa maîtrise en la matière. Il met toute sa vanité dans cette manière d’être : je suis celui qui sait. Le ridicule n’est pas loin.
Ce n’est pas pour rien qu’il est allé en pèlerinage rue Cadet le 27 février dernier, premier chef de l’État à rendre ainsi une visite officielle au temple des temples. Il s’agissait, bien sûr, de rendre grâce... à la « divinité », mais aussi d’appeler à l’aide avec grande imploration, selon la tradition des loges, dans l’implacable lutte contre toute résurgence dans la vie publique nationale du moindre soupçon de tradition française et chrétienne. Lutte acharnée qui autorise tous les coups et dans laquelle lui-même se dit, jusqu’en ses déplacements à l’autre bout du monde, totalement investi comme d’une mission supérieure et qu’il a bien l’intention de poursuivre après la fin de son mandat. Il n’est pas inutile d’écouter le baragouin de cet homme, par ailleurs profondément inculte et qui n’a réussi sa carrière qu’en ayant l’intelligence mécanique de réciter, aussi sottement qu’il le fallait, tous les poncifs de la croyance officielle.
Ce que voudrait la France
La question aujourd’hui, à quelques jours maintenant de l’élection présidentielle, est parfaitement claire. Le peuple français, dans la mesure où il en reste encore un, est majoritairement dans un état d’esprit que l’analyse électorale qualifie de droite. Il veut l’ordre, la justice, la paix sociale, l’arrêt de la submersion migratoire, le respect des libertés, la sauvegarde des familles, la protection du patrimoine tant public que privé, l’intégrité du territoire national et la garantie des frontières, la fin de la bureaucratie inutile, la liberté d’entreprendre, de vivre et d’éduquer, le changement radical dans la conception même de l’Europe dont l’anniversaire du traité fondateur n’a suscité aucune liesse, la sortie des filets contraignants de Bruxelles, la relance économique pour en finir avec le chômage de masse. Bref une France souveraine et fière qui retrouve son indépendance et capable d’effectuer au-delà des partis les réformes indispensables ; et il y en a beaucoup à faire qu’aucun parti au pouvoir ne fera jamais. Voilà ce que pense au fond une bonne partie des Français qui, sans le dire ni même sans se le dire de manière consciente, ne croient plus dans les institutions telles qu’elles fonctionnent aujourd’hui ; il est, d’ailleurs, quelques enquêtes d’opinion – rares mais sûres – pour le manifester clairement.
Ce qui se passe en Guyane est sur ce point révélateur. Le gauchisme taubiresque n’a rien à voir avec le problème qui, toutes proportions gardées, ressemble à celui de la France et de toute son outre-mer. Territoires abandonnés, au motif de politiques aussi stupides que prodigues en gabegies insensées ! Telle est la réalité partout. Ça commence à se savoir et à ne plus se supporter. La dérisoire visite des deux ministres de l’Intérieur et des Outre-mer, deux fantômes du moment aux noms inconnus, Fekl et Bareigts, ne changera rien au fond de la situation guyanaise.
Alors cette France va voter. Et comme prévu, mécaniquement, elle va se diviser ou s’abstenir par dégoût. La simple addition des chiffres montrera mathématiquement qu’elle est, selon la terminologie partisane, profondément de droite. Fort mal représentée et encore plus mal gouvernée. Et tout est fait en ce moment pour que ça continue. Comme avant. Le poids du régime écrasera toutes les velléités d’en sortir. Macron qui prétend s’en libérer, n’y arrive pas plus que les autres : les ralliements à son En marche ! sont autant d’entraves pour demain. Tout le monde veut être de la partie qui se jouera avec les législatives. Les vieux apparatchiks tentent de se refaire une jeunesse. Aucun candidat à l’élection présidentielle – si déterminé soit-il – n’est en état de dominer la situation. Ne parlons ni d’Hamon ni de Mélenchon qui ne songent qu’aux recompositions futures. Macron n’est flou que de son incapacité totale de gouverner et d’avoir une majorité. Fillon se heurtera aux obstacles de la machine républicaine dont les premiers seront dressés par son propre camp : composer ou se casser. Marine Le Pen aura contre elle tout l’établissement qui tient l’administration et enserre presque la totalité de la vie politique et culturelle du pays.
C’est littéralement sans solution. S’imaginer que le système changera parce qu’on en prendra la tête – à la place des autres, bien sûr – est un rêve. Il va encore coûter cher. La désillusion et le désespoir qui s’ensuivront, et désormais très vite, aggraveront la crise de régime. Car, maintenant, la question politique se pose avec une violente acuité : ce n’est plus une question de système comme l’affirment tous les candidats ; c’est une question de régime. •
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ENTRETIEN - L'effondrement du régime d'Assad est désormais une hypothèse plausible pour le journaliste Jean-Michel Quatrepoint, vice-président du Comité Orwell. De même qu'un Etat islamique durablement installé aux portes de l'Europe. Dans cet entretien réalisé par Alexandre Devecchio pour Le Figaro, Jean-Michel Quatrepoint développe des analyses réalistes à l'opposé de la diplomatie idéologique conduite aujourd'hui par les Etats dits « occidentaux ». Nous n'avons jamais rien dit d'autre dans Lafautearousseau. •
Le 21 mai dernier, la cité antique de Palmyre tombait aux mains de l'État islamique. Cela a-t-il marqué un tournant géopolitique? Bachar el-Assad est-il menacé ?
Bachar el-Assad tente d'organiser une zone de défense dans le réduit alaouite sur le littoral. Mais Daech progresse inéluctablement. Au sein du régime d'Assad, c'est un début de sauve-qui-peut. L'armée est épuisée. Les hauts dignitaires se disent qu'il vaut mieux partir trop tôt que trop tard. Les Russes commencent à évacuer leur personnel, ce qui n'est pas bon signe. L'affaiblissement du régime ne renforce pas les opposants dits démocratiques, qui ne représentent pas grand-chose, mais bien la seule force offensive de la région qu'est Daech.
Lorsqu'il y a des mouvements révolutionnaires, ce sont toujours les extrêmes qui l'emportent dans un premier temps: la terreur jacobine contre les modérés girondins, les bolcheviks contre les mencheviks. On ne peut plus exclure aujourd'hui que Daech prenne, dans les semaines ou les mois qui viennent, le contrôle quasi-total de la Syrie. L'État islamique aura ainsi un territoire qui s'étendra sur la Syrie et la moitié de l'Irak. Le Liban, mosaïque ô combien fragile, va également être totalement déstabilisé. Enfin, Israël a joué avec le feu en appuyant la chute de Saddam Hussein et peut-être bientôt celle de Bachar el-Assad, et en faisant de l'Iran et des chiites ses principaux adversaires. Les combattants du Hezbollah ou du Hamas sont des enfants de chœur à côté des djihadistes de Daech. Les Occidentaux vont regretter Bachar el-Assad comme ils regrettent Saddam Hussein ou Kadhafi. Le regard des Européens est encore tourné vers la Russie alors que la véritable menace se trouve de l'autre côté de la Méditerranée avec Daech. Il faut bien comprendre que l'État islamique est messianique et a pour but de nous islamiser. C'est toute la différence entre chiisme et sunnisme. Les chiites ne sont pas messianiques, hors de la sphère musulmane. L'Iran n'a pas de volonté de conquête. La vraie ambition des sunnites fondamentalistes est au contraire d'aller toujours plus loin.
Le Maghreb pourrait-il à son tour être affecté ?
La Tunisie est une poudrière. En Algérie, la gérontocratie au pouvoir est en bout de course malgré le souvenir de la guerre civile qui fait que la population algérienne reste très hostile aux islamistes. Au Maroc, le roi commandeur des croyants a encore une légitimité auprès de sa population. Mais en profondeur l'islamisme radical gagne du terrain partout. À terme, toutes les frontières de la région pourraient exploser et laisser place à un super État islamique aux portes de l'Europe.
Pendant ce temps-là, nous débattons pour savoir si être islamophobe, c'est être fasciste. Le problème n'est pas là. À l'intérieur de l'islam, il y a désormais une faction qui recrute massivement et qui a décidé d'imposer sa propre vision du monde et de la société. Le fascisme d'aujourd'hui, c'est le djihadisme. Et il est à nos portes. La communauté musulmane doit en être consciente et prendre ses responsabilités. Elle se trouve, toutes proportions gardées, dans la même situation que les Allemands à la veille de l'arrivée au pouvoir d'Hitler.
L'avancée de Daech au Moyen-Orient est-elle inéluctable? Qui pourrait s'y opposer ?
Apparemment personne. Les frappes de la coalition, plus de quatre mille, ont été non seulement inefficaces, mais aussi contre-productives. Les djihadistes ont appris à se camoufler. À chaque dégât collatéral, les populations sunnites se rangent du côté de Daech. Les Kurdes sont les seuls jusqu'à maintenant à avoir pu réellement s'opposer à Daech et à avoir reconquis un petit territoire à Kobané. Mais il serait suicidaire pour eux d'aller affronter Daech hors du territoire kurde. Ils tiennent leur territoire et n'iront pas au-delà. L'Iran, bloquée par la Turquie, ne peut pas faire passer de troupes. Ce ne sont pas les Saoudiens ou les Turcs qui vont lutter contre Daech. L'ambiguïté turque et saoudienne demeure très importante. Le jour où adviendra un super État islamique, on peut être certain que la Turquie et l'Arabie saoudite continueront de composer, voire au-delà, avec eux. Daech est en train d'asphyxier tous ses adversaires.
Une intervention militaire au sol n'est-elle pas envisageable ?
Personne ne veut ou ne peut intervenir au sol. Barack Obama ne souhaite pas se mettre à dos son opinion publique et désire réduire le budget militaire. La défense européenne est entièrement soumise à l'Otan qui n'a aujourd'hui qu'un ennemi potentiel, la Russie. Quant à l'armée française, elle est exsangue et ne peut pas multiplier les opérations. Nous sommes au Mali et avons quelques forces spéciales ailleurs. Mais cela fait vingt ans que les gouvernements successifs réduisent le budget de la défense. Nous en payons le prix aujourd'hui. Les frappes de la coalition sont entièrement pilotées par les États-Unis. Les Américains manipulent les drones avec leurs opérateurs. Les autres membres de la coalition, dont l'Union européenne, ont seulement le droit à un petit bureau avec un poste de travail et deux écrans. Leur rôle se limite à un travail de présence et de surveillance.
L'instabilité de la région conduit les migrants à fuir en masse d'autant plus que la Libye est également en plein chaos. Comment résoudre le problème ?
Les opérations conjointes des marines européennes pour bloquer les flots de migrants sont une aimable plaisanterie. Les réseaux de trafiquants n'affrètent plus de gros bateaux, mais de petites embarcations. Ils ne mettent plus leurs hommes aux manettes, mais nomment un chef de groupe parmi les migrants qui sait vaguement conduire le bateau. Ils lui donnent le numéro d'urgence des gardes-côtes et au milieu de la Méditerranée, ces derniers viennent les sauver pour les ramener en Europe. Les trafiquants sont tranquilles et empochent des sommes considérables sans prendre de risque.
Deux solutions complexes sont avancées par les professionnels. La première est d'effectuer des frappes ciblées ou des raids par des commandos des forces spéciales pour détruire les navires au repos avant l'embarcation des passagers. Des problèmes risquent néanmoins de se poser: celui du cadre juridique -autorisation des dirigeants libyens, résolution de l'ONU- et celui des dégâts collatéraux. Est-ce que les médias et les opinions publiques européennes sont prêts à accepter des victimes innocentes parmi les migrants et dans les villages libyens? On peut se poser la question, mais on ne fait pas de politique avec des bons sentiments et une mentalité de bisounours.
La deuxième solution complémentaire est de tarir les flux à la source. Les réfugiés empruntent des pistes qui passent par le Mali, le Niger, le Tchad puis la Libye. Ils sont convoyés par des passeurs: les mafias, mais aussi l'État islamique, qui joue un rôle de plus en plus important. Les Européens doivent faire pression sur les pays africains, qu'ils aident, pour mettre de l'ordre. Si ces derniers n'en sont pas capables, ce sera à nous le faire. À long terme, il faudra également enfin mettre en place une vraie politique de développement en Afrique. Malheureusement pour le moment, les Européens se contentent d'accueillir toute la misère du monde et de faire pleurer dans les chaumières. Cela ne résout rien. •
Jean-Michel Quatrepoint est journaliste économiste. Il a travaillé entre autres au Monde, à la Tribune et au Nouvel Economiste. Il a écrit de nombreux ouvrages, dont La crise globale en 2008 qui annonçait la crise financière à venir.
Dans son dernier livre, Le Choc des empires. Etats-Unis, Chine, Allemagne: qui dominera l'économie-monde ? (Le Débat, Gallimard, 2014), il analyse la guerre économique que se livrent les trois grands empires qui règnent en maitres sur la mondialisation : les Etats-Unis, la Chine et l'Allemagne.
Alexandre Devecchio - Le Figaro