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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Action française Chalon sur Saône : HOMMAGE !

    Les militantes et militants de L'Action Française Chalon-Sur-Saône ont rendu hommage à leur camarade qui a été rappelé par Dieu dans sa 95ème année.

    Catholique pratiquant, ancien combattant, mais également responsable de l'Action Française Chalon-Sur-Saône au début des années 1970. Nous devons dès à présent nous inspirer de sa détermination et de son cheminement, il nous faut retrouver cet état d'esprit que nous devons incarner à notre tour aujourd'hui, ce combat devenu le nôtre !
     
    Notre camarade l'avait bien compris, il faut cesser d’attendre tout de la république, droite comme gauche de toutes façons ils ne feront rien. Nous ne pouvons tolérer plus longtemps de voir la France comme elle est, ou plutôt de voir ce que la République a fait de la France et des Français. Face à ce qui nous divise aujourd'hui et nous fracture, il est donc une nécessité rationnelle d'appliquer au présent le meilleur du passé d’une nation, de façon à en assurer la survie.
     
    Le combat politique de notre camarade était celui de la restauration de la Monarchie. Parce que le Roi incarne entre l'héritage du pays et son avenir, seule la monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée garantira le juste exercice d'une puissance durable, en répondant naturellement aux besoins d'autorité, de liberté et de représentation du pays réel, et en permettant à la France de faire face aux enjeux du monde actuel.
     
    Comme l'aurait dit notre camarade, pour que Vive la France, Vive le Roi !
  • Réseaux sociaux, sections locales... pendant ce temps, l’Action française (re)tisse sa toile, par Clémence Bauduin.

    A Compiègne (Oise), la section de l’Action française compte une poignée d'adhérents, mais de nombreux sympathisants.LP/Alexis Bisson

    Jouissant d’un regain de popularité auprès d’un public rajeuni,l’association royaliste et nationaliste, revigorée en dépit d’une base idéologique inchangée, enchaîne les ouvertures de sections locales. Elle étend son maillage aux nouvelles plateformes de communication, dans un curieux mélange avec ses convictions traditionalistes.

    11.jpg« Attendez, je vais chercher mes notes. Qu’est-ce que j’ai fait de ce carnet...Ah ça y est, le voilà. L’immigration au vu de l’intérêt national. » Il aura fallu quelques instants à Adrien*, 26 ans, pour remettre la main sur un cahier qu’il semble avoir rempli avec beaucoup d’application. « J’avais pris pas mal de notes ce soir-là, il y avait tout un cheminement qui découlait de la pensée maurrassienne, j’ai trouvé ça très intéressant. » « Ce soir-là », en novembre dernier, l’Action française animait une conférence à Compiègne, dans l’Oise.Deux ans d’existence à peine et l’antenne compiégnoise de l’association royaliste fondée en 1898, héritière de la pensée de l’idéologue nationaliste et antisémite Charles Maurras, a su capter une partie de la population locale.Elle vient de créer son propre compte Instagram, lequel recense un peu plusde 200 abonnés en quelques jours seulement. 200 abonnés pour une section locale, mais plus de 12 000 followers sur le compte national - coloré de fleurs de lys et de drapeaux tricolores - de celle que ses fidèles appellent « l’AF ».

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    Militants pour le retour d’un roi, ces fervents soutiens de la Manif pour tous,proches de l’extrême-droite bien qu’ils s’en défendent, se refont une santé,boostés par les confinements successifs qui ont accru leur présence sur les réseaux sociaux. Ce succès grandissant sur les réseaux sociaux trouve un écho dans le réel : chaque mois, l’Action française revendique a minima une nouvelle antenne en France.

    Caen, Nîmes, Alès... Début mars, au moins trois ont vu le jour. Toutes n’ont pas de locaux à proprement parler, mais des réunions s’organisent dans la limite de ce que permet la crise sanitaire.

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    Pas de quoi surprendre Jean-Yves Camus, directeur de l’observatoire des radicalités politiques. « Depuis ses origines, l’Action française a un maillage assez fin du territoire, rappelle-t-il. Avant-guerre, elle avait des sections dans absolument toutes les grandes villes, des fédérations dans tous les départements. » Une implantation qui incombait en grande partie à la vision décentralisatrice de Charles Maurras, mais qui trouve aujourd’hui un nouvel élan insufflé par les réseaux sociaux... Et le confinement.

    «Tout le monde est le bienvenu à l’AF »

    Adrien en est le parfait exemple. Animé par une défiance à l’égard du gouvernement et des médias, soucieux de porter haut le patrimoine et l’histoire française, promoteur de la bonne chère hexagonale, mais surtout ouvertement nationaliste : le jeune homme avait de quoi intéresser le mouvement antirépublicain.

    Son compte Instagram a attiré l’attention de Virgile Dévot qui, à 22 ans,préside la section compiégnoise de l’Action française. « J’avais réagi à des posts sur l’Instagram de l’AF national et il est venu me parler en message privé », explique Adrien. Si le recrutement dans la vie réelle s’effectue dans une apparente décontraction, les recruteurs de l’Action française restent néanmoins prudents. « J’ai rencontré Virgile en juin, il voulait faire connaissance,explique Adrien. J’ai parlé de mon parcours, de mes pensées. Tout le monde est le bienvenu à l’AF, mais Virgile prend soin de rencontrer des gens du secteur pour voir si ça tient un peu la route, si l’on ne va pas décrédibiliser le mouvement. »

    Adrien, qui n’a jamais adhéré formellement à l’Action française mais prend à cœur son statut de sympathisant, rencontre alors des gens qui, comme lui,partagent quelques idées communes. « Ce qui est intéressant avec l’AF c’est le côté formation ouverte à tous, pour les membres ou même les simples curieux, estime Adrien. Là par exemple, j’avais assisté à une conférence sur Discord intitulée Qu’est-ce qu’un Coup d’Etat. »

    Instagram, Twitter, TikTok, Discord...

    C’est justement sur Discord, un réseau social initialement dédié aux joueurs de jeux vidéo, que l’Action française a développé ses conférences en ligne. «C’est notre grande réussite depuis un an et demi, on a monté un Discord qui est à 2000 abonnés, se targue Francis Vicenton, secrétaire général adjoint de l’AF. Sur ce média, l’association royaliste tient une conférence par semaine. «Inscription sur les réseaux en message privé », précise une affiche annonçant une conférence ce samedi.Régulées par les membres de l’AF, ces conférences, qui ont toujours participé de l’identité du mouvement, trouvent un nouveau public. Chacune des réunions en ligne recense au moins 150 personnes. « Régulièrement on dit qu’on est mort et finalement, il y a toujours des jeunes qui arrivent avec des profils très différents, s’enthousiasme Francis Vicenton. Notre visibilité s’est améliorée grâce à ces outils. Aujourd’hui quelques-uns de nos militants se mettent à TikTok, très bien ! Ce qui nous intéresse c’est le pays réel, alors s’il faut passer par certains canaux, pas de problème. »Cette nouvelle formule, qui consiste à utiliser les outils de communication les plus modernes pour véhiculer une idéologie plus que centenaire et éminemment conservatrice, amuse Jean-Yves Camus. « Si la génération des années 1970-1980 voyait aujourd’hui son mouvement communiquer sur Telegram ou Instagram,ils en seraient sûrement absolument navrés», sourit le directeur de l’Observatoire des radicalités politiques.Relayer les actions coups-de-poing. Pour le secrétaire général de l’Action française, François Bel-Ker, concilier traditionalisme et réseaux sociaux n’a rien d’antagoniste. « La communication qu’on emploie aujourd’hui est simplement une caisse de résonance. L’Action française regroupe 2000 jeunes de moins de 20 ans,alors les moyens de communication modernes nous permettent de former,informer, relayer nos actions. » Des actions dont le côté spectaculaire permet là encore d’attiser la curiosité sur les réseaux sociaux.Le 25 mars, des militants AF font intrusion au sein du Conseil régional d’Occitanie pour dénoncer « l’islamo-gauchisme de la présidente de région »,Carole Delga. Les images sont relayées par le mouvement, et parfois par leurs opposants, qui s’en indignent. « Ils sont souvent notre meilleur relais »,ironise Francis Venciton. La communication prend et profite au mouvement royaliste. « Si vous voulez nous soutenir dans nos actions, n’hésitez pas à

  • Action française Arras : sur la polémique Amazon.

    Ceux qui veulent boycotter le géant ont une excellente intention. Mais Amazon a déjà gagné la partie.
    D'un côté, vous pouvez commander votre cadeau de Noël pour peu cher, en quelques clics, sans bouger de chez vous. De l'autre, vous devez vous déplacer, payer un peu plus parfois. Quelle perte de temps !
    Le rouleau compresseur américain, exempt de taxe, est heureux ! Il n'a pas à subir la fermeture des petits commerces, alors que ces derniers connaissent leurs 2 plus gros mois de l'année !

     
    Les gros capitalistes l'ont compris, la majorité des consommateurs ne se cassera jamais le cul pour de l'authentique ou de du local. L'Argent est l'ennemi de l'Âme, celle du produit de l'artisan ou de votre petit libraire. Il produit en masse, annihile les plus faibles.
    Les gens sont aliénés depuis des décennies (voyez les commentaires sous l'article imbu de confort matérialiste !), le capitalisme et le libéralisme ont réussi : ils ont créé la Masse aseptisée, réduisant le Français, la mère de famille, le boulanger, en consommateur, en individu faible et asservi.
    Le confinement délétère accompagnant ce nouveau paradigme économique, anéantissant la volonté de chaque individu (dépression, stress, culte de la modération et de l'acceptation), tue tout esprit de rébellion. La République est une fois de plus ennemi du pays.
    Mais c'est bien par la révolte que les choses changeront. Une avant-garde éclairée doit surgir. Ces gens seront vertueux, car on ne peut s'engager pour le salut du pays en étant individualiste et sans être prêt au sacrifice de soi-même.
    Français de toute âge, engage-toi avec nous ! Notre force est d'avoir raison ! Rejoins l'Action française !
     
  • Lu dans Le Bien Commun un entretien avec Axel Tisserand : Pour Maurras, naturellement

    Entretien avec Axel Tisserand 

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    Propos recueillis par Gabrielle Monthélie. Pouvant ouvrir à un débat entre maurrassiens et au-delà. 

    Axel Tisserand continue son travail d’exploration de la pensée de Charles Maurras et publie ces jours-ci, aux éditions Téqui, un livre qui fera date : Actualité de Charles MaurrasIntroduction à une philosophie politique pour notre temps.  

    Maurras ne va pas de soi. Interdit de commémoration, voué aux gémonies, il impressionne par la persistance de l’influence qu’on lui prête tout en bannissant son nom. Vouliez-vous rétablir un ordre juste sur son œuvre en écrivant ce livre ?

    Il est vrai que Maurras n’est aussi souvent cité qu’à proportion qu’il est honni. Déjà, en 2012, ouvrant un colloque pour les 60 ans de sa mort, je remarquais : « L’aversion à l’égard de Maurras est inversement proportionnelle à son éloignement historique. Plus il devient une figure de l’histoire, plus il est honni. Nous sommes passés d’une condamnation de sa doctrine à une damnation de tout ce qu’il représente… ou plutôt de tout ce qu’on lui fait endosser, de ce à quoi on le réduit. » J’ai pu reprendre ce propos, mot à mot, dans l’introduction de mon livre, puisque, en 2018, le 150e anniversaire de la naissance du Martégal l’a montré, la situation ne s’est pas améliorée, bien au contraire : cet anniversaire a donné lieu à des anathèmes médiatiques et des palinodies officielles, qui n’ont honoré ni le politique ni l’intelligence. Le fantôme de Maurras continue de hanter la mémoire nationale. Comme un remords ? On sait que Maurras, de l’aveu même de ses adversaires les plus intelligents (Mauriac ou Étiemble, et ne parlons pas de l’admiration que lui vouait le résistant Jean Paulhan) a été condamné pour des raisons strictement politiques. Allez sur le site de l’INA visionner le court reportage de janvier 1945 sur le procès de Lyon : le commentaire est édifiant. Quand on sait, en plus, que le dossier d’accusation fut confié à un faussaire…

    Ce que j’ai voulu, c’est non seulement en finir, sur des points cruciaux, avec le « mannequin Maurras », mais, plus encore, mettre en valeur la dimension anthropologique de sa philosophie politique, une dimension d’une actualité criante à l’heure du transhumanisme et de l’homme augmenté, c’est-à-dire… privé de son humanité. En quelque sorte, poursuivre dans la même veine que le Un autre Maurras de Gérard Leclerc, même si la comparaison peut paraître présomptueuse. C’est la raison pour laquelle j’ai également décidé de confronter la pensée de Maurras à plusieurs intellectuels contemporains importants, pour mieux montrer toute l’actualité de sa pensée.

    Yves Floucat, dans sa préface, précise qu’on aurait pu s’étonner du choix d’un disciple de Maritain pour cette tâche. Notre dossier thématique du mois est d’ailleurs consacré au dialogue entre Maritain et Maurras. Vous évoquez les critiques adressées aujourd’hui par certains catholiques aux idées inspirées par le Martégal : pensez-vous que l’absence de dépassement de la confrontation entre les deux auteurs soit un frein à la réflexion politique pour les catholiques ?

    Yves Floucat, dans la préface généreuse dont il a bien voulu m’honorer, note ce paradoxe apparent, puisque, grand thomiste, il a été également, comme il l’écrit lui-même, « profondément marqué par la pensée de Jacques Maritain ». C’est qu’on ne retient des relations intellectuelles entre Maritain et Maurras que le divorce, à l’initiative du premier, en raison des sanctions pontificales de décembre 1926 – parler de condamnation est un abus de langage, puisqu’il n’y a eu, comme l’observe Yves Floucat, « aucun texte magistériel […] de la main de Pie XI ». D’ailleurs, les sanctions furent levées en 1939 sans que l’Action française renonce à aucun point de sa doctrine. En 1927, Maritain fut même chargé de justifier ces sanctions sur le plan doctrinal, lui qui, quelques mois plus tôt, avait publié un livre, Une Opinion sur Charles Maurras, montrant en quoi être d’Action française n’était pas incompatible avec la foi catholique. Ne revenons pas sur cet épisode douloureux ni sur les raisons pour lesquelles Maritain a choisi alors, contrairement à Bernanos, l’obéissance jusqu’à brûler ce qu’il avait jusque-là, sinon adoré, du moins justifié. Comme l’écrit fort justement Yves Floucat, « peu nombreux sont ceux qui ont relevé que son rejet de la démocratie rousseauiste, commandant selon lui l’idéologie démocratiste moderne, était resté intact » dans la pensée de Jacques Maritain. C’est une évidence : la rencontre entre Maurras et Maritain, au début du XXe siècle, loin d’être un malentendu, reposait sur un fond commun : Aristote et Thomas d’Aquin. C’est sur ces deux penseurs que, dans une perspective différente, l’une politique, l’autre théologique, Maurras et Maritain se sont rencontrés. Le dialogue a été interrompu mais rien n’interdit de le reprendre. Comme l’écrivait déjà en 2011 Yves Floucat, dans le numéro 55 de Liberté politique : « Il est légitime (audacieux, hasardeux ou utopique diront peut-être certains) de se demander si le moment n’est pas venu, pour les disciples du “Paysan de la Garonne” comme pour ceux de l’auteur de l’Enquête sur la monarchie, de renoncer à tous les apriorismes réciproques et de revisiter avec discernement et un juste esprit critique l’œuvre de leur maître. […] Face à la dérive subjectiviste et relativiste programmée des démocraties selon un horizon idéologique « droit-de-l’hommiste », ils pourraient trouver, dans le seul souci de la justice sociale et du bien commun, quelques points d’entente essentiels.

    Ils s’accorderaient sur un antilibéralisme et un antidémocratisme qui, tout en revalorisant les principes d’autorité, de légitimité, de souveraineté, de représentation de la nation dans ses diverses composantes, et d’incarnation du pouvoir, les conjugueraient harmonieusement aux libertés concrètes, et attribueraient ainsi – comme un Pierre Boutang, authentique disciple fidèle et inventif de Maurras, avait su le faire – sa véritable place au consentement populaire ». Rien à ajouter.

    Vous insistez dans vos recherches sur l’importance de la politique naturelle dans le legs maurrassien. Mais Maurras ajoute-t-il vraiment quelque chose à ce que les thomistes ont développé avant et après lui ?

    Maurras, je viens de le dire, se situe explicitement dans la tradition aristotélo-thomiste. Jean-Louis Lagor (Jean Madiran) avait montré, au sortir de la guerre de 1945, la compatibilité entre le thomisme et la pensée maurrassienne dans un travail remarquable que Maurras avait salué dans une longue lettre-préface. Mon objectif est différent : j’ai souhaité montrer combien la pensée du Martégal est imprégnée, pour le fond comme pour la forme, d’aristotélo-thomisme. Maurras n’a pas pour dessein d’ajouter quelque chose au legs de cette tradition mais de la relire pour son temps, et pour le nôtre, après la rupture anthropologique des Lumières et la volonté de créer un homme nouveau que partagent toutes les versions de la modernité totalitaire – non seulement le communisme ou le national-socialisme, mais le libéralisme contractualiste, qui en est, de ce point de vue, la matrice. Les sociétés occidentales, avec la remise en cause de toute loi naturelle et la volonté non plus de créer un homme nouveau mais de dépasser l’humanité elle-même, en vivent les ultimes conséquences. Pour Maurras, agnostique, il s’agit, avec l’empirisme organisateur, « compromis laïc », d’édifier une philosophie provisoire, au sens cartésien du terme, dont il observe qu’elle correspond en tout point aux exigences de la doctrine sociale de l’Église et aux présupposés thomistes. Ainsi Maurras admet-il ouvertement que le compromis qu’il suggère, par une sorte de ruse métaphysique, est compatible en tout point avec la philosophia perennis.

    Vous décidez d’affronter la douloureuse question de l’antisémitisme maurrassien. Ne fallait pas plutôt mettre cette question sous le boisseau ?

    Il ne faut jamais rien mettre sous le boisseau ! Comme l’Évangile nous l’enseigne, c’est même totalement inutile ! Du reste, d’une manière totalement anachronique et réductrice, Maurras est devenu aujourd’hui un écrivain « antisémite », voire le paradigme de l’écrivain antisémite, alors qu’il était connu auparavant pour être le doctrinaire du nationalisme intégral, c’est-à-dire de la monarchie. Il fallait donc aborder la question de front, ce que j’ai essayé de faire. Je ne saurais trop remercier Pierre-André Taguieff pour la lecture attentive qu’il a bien voulu faire de mon chapitre sur la question, de ses observations et des textes qu’il m’a fait connaître. Oui, Maurras était antisémite, oui, son antisémitisme est la conjonction de l’antijudaïsme chrétien et de l’antisémitisme social propre au XIXe siècle, qui n’a épargné aucune tradition politique de l’époque. Non, Maurras n’a jamais professé un antisémitisme racial – le racisme lui a toujours fait horreur – , non l’antisémitisme n’est pas central dans sa doctrine. Comparer Drumont et Maurras est, de ce point de vue, un contresens complet. L’enkystement intellectuel de Maurras sur la question antisémite permet, paradoxalement, de le localiser dans sa doctrine, pour mieux l’en extirper. L’antisémitisme n’a produit dans sa pensée aucune métastase : il ne constitue pas, aux yeux de Maurras, une explication du monde, contrairement à Drumont. Son antisémitisme est intégré à la question des quatre États confédérés, qui est un refus, avant l’heure, des effets délétères du communautarisme. On peut, on doit regretter cet enkystement sur la question de l’antisémitisme : on ne saurait s’en servir pour condamner dans son ensemble l’œuvre de Maurras pour la simple raison que, de son vivant même, on a pu être maurrassien sans être antisémite : Bainville, qui déclarait devoir tout à Maurras, excepté la vie, en est un exemple frappant. C’est d’ailleurs Maurras qui a éloigné le jeune Bainville de toute tentation raciste. C’est l’antitotalitarisme qui est central chez Maurras : c’est pourquoi j’ai aussi écrit un long chapitre sur sa lecture d’Antigone, figure qui l’a accompagné toute sa vie.

    Vous intitulez votre conclusion : « l’aïeul absolu ». Alors, Maurras, prophète du passé ?

    Cette expression est de Pierre Boutang, dans Aspects de la France, à la mort de Maurras. Aïeul ici reprend le sens latin de pater, qui signifie non seulement le père mais aussi le fondateur. Maurras est avant tout, absolument, un fondateur : il a fondé une école et consacré toute sa vie à édifier une défense et illustration des conditions de la pérennité de la France.
    « Le combat qu’il soutint fut pour une Patrie, / Pour un Roi, les plus beaux qu’on ait vus sous le ciel. » Il n’y a donc là aucune allusion à un passé qui serait mort, enterré, passé, comme on le dit d’une couleur. Du reste, je cite ce mot de Maurras dans Romantisme et Révolution : « Ce n’est pas parce que la Révolution a prétendu au sceptre de la raison que la contre-révolution devrait le lui céder pour se confiner dans une vérification a posteriori qui ne prophétiserait que le passé. » D’ailleurs, on ne saurait à la fois reprocher à Maurras son modernisme, comme cela a été parfois fait de sa conception de la monarchie comme nationalisme intégral et ne voir en lui qu’un homme tourné vers le passé à moins de considérer a priori que toute défense de la monarchie après 1870 fait de vous un prophète du passé. Maurras a inventé, au sens archéologique du terme, c’est-à-dire découvert, les lois qui, après avoir été à son commencement, commandent la pérennité de la France.

    À l’heure des élections européennes, que vous inspire Maurras ?

    Rappelons-nous ses mots, dans Votre Bel Aujourd’hui  : « Je ne dis pas du tout comme les Allemands que ma Patrie soit le vrai, le beau, le bien. Mais mon culte de la patrie me met naturellement en règle avec les grands objets de la connaissance du beau et du bien. » C’est en cela que le nationalisme peut ouvrir sur l’universel. Dépasser les nations, aujourd’hui, c’est lui tourner le dos. Ne nous laissons pas duper par les faux prophètes d’une Europe qui n’a jamais existé.  

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    Le Bien Commun, n°7 mai 2019

  • Dans Causeur, l'article de Rouvillois sur le Maurras de Grünewald : oser parler de tout sur et à propos de Maurras, à la

    Face au texte que vous allez lire, la toute première réaction - que nous faisons nôtre en tous points - a été celle de notre ami François Marcilhac :

    "Le titre est-il de Frédéric Rouvillois ? Pour le reste, ce qui est gênant, c'est que ni Grünewald ni Rouvillois ne nous disent EN QUOI Maurras n'aurait pas compris la spécificité du nazisme puisque À AUCUN MOMENT ils ne livrent les éléments spécifiques que Maurras (et l'AF en général) n'auraient pas compris. Aussi répéter comme un mantra que Maurras et l'AF n'ont pas compris les spécificités du nazisme ne sert de rien, sinon à satisfaire le politiquement correct."

    Nous faisons nôtre aussi la réaction d'Olivier Perceval :

    "...Là dessus je me fie aux jugements plus pondérés de Pierre Boutang, Gérard Leclerc, Yves Floucat, Axel Tisserand, Fabrice Hadjaj notamment, lesquels, sont critiques sans se transformer en procureurs uniquement à charge. Tout comme ceux qui n'éprouvent pas le besoin de se laver compulsivement les mains pour en montrer au monde l'éclatante propreté..."

    Voici le texte, paru dans Causeur ce 15 décembre...

    Comment Maurras en est-il arrivé à collaborer?

    Les dérapages de l’intelligence, par Frédéric Rouvillois

     
     

    Michel Grünewald publie De la France d’abord à la France seule, l’Action Française face au national-socialisme et au Troisième Reich


    Comment Charles Maurras, alors qu’il avait professé depuis toujours un anti-germanisme radical auquel il n’avait jamais renoncé, même au plus fort de l’Occupation, put-il être condamné en 1945 à la dégradation nationale et à la réclusion perpétuelle pour intelligence avec l’ennemi ? Fut-ce le résultat d’une injustice si criante qu’elle en devenait presque bouffonne, comme Maurras lui-même tenta de le démontrer après coup, pointant les irrégularités de la procédure, les mensonges des « experts » et la duplicité de juges surtout soucieux de racheter leur propre inconduite ? Fut-ce la conséquence d’une aporie inhérente à sa doctrine ? Ou bien le résultat d’une contradiction vertigineuse, sans doute inexcusable, mais pas tout à fait inexplicable ? C’est à cet « angle mort de l’historiographie » que Michel Grünewald, qui enseigne la civilisation allemande à l’université de Metz, vient de consacrer une somme dont on peut parier qu’elle restera longtemps l’ouvrage de référence, De la France d’abord à la France seule, l’Action Française face au national-socialisme et au Troisième Reich.

    Contre l’Allemagne éternelle

    Le premier élément de l’énigme tient à la profondeur et à la permanence de l’anti-germanisme maurrassien, reprise au sein du journal l’Action Française par « une équipe rédactionnelle d’une exceptionnelle stabilité » qui accepte sans hésitation de se conformer à cette « grille idéologique unique » établie par Maurras à la fin du XIXe siècle, à partir d’une réflexion sur les Discours à la nation allemande de Fichte. Élaborée au début de l’affaire Dreyfus par un jeune écrivain de vingt-huit ans, cette conception « s’inscrivait dans une perspective double : il s’agissait pour lui, d’une part, de dénoncer tout ce qui était allemand, au motif que le germanisme était incompatible avec la civilisation telle qu’il l’entendait », d’autre part, de démontrer que les Allemands étaient conviés par Fichte « à une véritable entreprise de domination universelle, destinée à mettre à mal », au nom de la supériorité supposée de « l’homme allemand, All-Mann », les fondements de l’ordre classique hérité de Rome et d’Athènes. Confirmée par la Première guerre mondiale et le pangermanisme belliqueux d’un Guillaume II, cette lecture paraît donc parfaitement opératoire pour penser le national-socialisme à partir des années 20. À propos de ce dernier, Maurras, mais aussi Léon Daudet ou Jacques Bainville « eurent d’emblée la certitude (qu’il) s’inscrivait dans la continuité de l’histoire allemande » : l’Allemagne hitlérienne, écrit ainsi Daudet en 1935, c’est « l’Allemagne tout court, l’Allemagne éternelle ».

    Tel est d’ailleurs le titre – Devant l’Allemagne éternelle, sous-titré « Gaulois, Germains, Latins » -, que Maurras donne à un recueil de ses articles paru en 1937. Et ce choix suffit à éclairer la perspective : pour lui, il n’existe qu’une seule et même Germanie, des sombres forêts décrites par Tacite jusqu’à Luther, des grands romantiques et de Fichte à Hitler. Une Germanie éternellement ennemie de l’ordre classique dont la France est l’héritière, et dont le nazisme ne serait donc que la forme ultime, paroxystique et caricaturale.

    De là, d’une part, l’extrême hostilité de l’Action Française au nazisme dès des années 20, sa dénonciation permanente d’un mouvement « violent et primitif », comme le note Bainville en 1931, et ses efforts pour faire traduire et diffuser Mein Kampf après 1934, afin d’ouvrir les yeux aux Français sur la réalité de la barbarie nazie.

    Mais de là découle aussi, d’autre part, une certaine incapacité à saisir dans toute son étendue la singularité du national-socialisme – même si Michel Grünewald relève opportunément certaines intuitions qui  auraient pu conduire à une prise de conscience de cette originalité : ainsi, lorsque Maurras évoque « un humanitarisme retourné, analogue au jacobinisme et au bolchevisme » (AF, 27 IX 1933), un genre d’ « Islam » germanique, voire une « religion ethnique », comme l’écrit Daudet ( AF, 12 XI 1933). Mais l’Action Française n’ira pas jusqu’au bout cette analyse – et c’est en partie pour cette raison que, quelques années plus tard, son anti-germanisme radical ne l’empêchera pas de s’accommoder de la collaboration.

    La collaboration à la suite du Maréchal

    Au moment de la Débâcle, l’Action Française, qui va bientôt se réfugier à Lyon, est intégralement dirigée par des intellectuels  qui, au regard des statistiques démographiques de l’époque (où la durée de vie moyenne d’un homme ne dépasse pas 63 ans), peuvent être considérés comme de grands vieillards : Jacques Delebecque, le petit jeune de la bande, a 65 ans, Maurice Pujo sera bientôt septuagénaire, mais Daudet va sur ses 73 ans et Maurras, leur chef incontesté, a dépassé les 72. Bref, ils n’ont plus l’âge de remettre en cause leurs certitudes fondamentales.

    La première conséquence, c’est donc, incontestablement, la persistance de leur anti-germanisme. Tandis que « la France seule » devient la devise du journal, l’Action Française n’hésite pas à vilipender ce qu’elle appelle « le collaborationnisme », à attaquer Laval et Déat, ou à rompre publiquement avec d’anciens rédacteurs passés du mauvais côté de la « ligne de crête » où elle entend se situer, comme Georges Claude, Robert Brasillach ou Lucien Rebatet. Pas question pour elle de céder aux sirènes de « l’Europe nouvelle » ou de l’ordre national-socialiste. La France seule : ce qui signifie qu’elle entend rester à « équidistance » des autres États. Mais comment faire lorsque le monde entier est en guerre, et que l’on est occupé par son ennemi héréditaire, celui qu’on n’a jamais cessé de dénoncer comme le fossoyeur de la civilisation ? C’est à ce niveau qu’apparaît la contradiction qui constitue le cœur de l’ouvrage de Michel Grünewald.

    Contradiction d’autant plus vertigineuse, qu’il s’agit d’une contradiction avec soi-même: si Maurras a été condamné pour « intelligence avec l’ennemi », c’est parce qu’il s’était rendu coupable d’une mésintelligence avec lui-même – et avec les principes qu’il défendait depuis plus d’un demi-siècle, en particulier le regard critique, et le réalisme politique.

    Le renoncement radical à toute approche critique est ainsi énoncé, comme un postulat sur lequel ne reviendra plus, dès la fin juin 1940, lorsque Maurras déclare « Fou, et fou à lier, n’importe quel Français qui voudrait se substituer son jugement à celui qu’ont émis les compétences militaires des Pétain et des Weygand. Ces grands Français avaient sous les yeux tous les renseignements qu’il importait de savoir. Absolument personne ne pouvait en juger comme eux. Que les spécialistes aigris élèvent leurs murmures, ce n’est qu’une offense au bon sens ». Et voilà pour De Gaulle dont Maurras saluait les qualités et le patriotisme quelques mois plus tôt dans le même journal. En fait, dès cette date, le Maréchal apparaît comme un « sauveur miraculeux », fruit d’une « divine surprise » : un registre religieux qui exige la foi du charbonnier, c’est à dire, un renoncement conscient, volontaire, total et sans restriction à tout jugement, à toute discussion, et même à tout questionnement. Une obéissance sans limites, comme celle du Perinde ac Cadaver des Jésuites, ou du « Crois ou meurs » quasi-islamique que Maurras reprochait au nazisme en 1933… Autrement dit, une attitude qui va à rebours de celle qu’il a toujours défendue et pratiquée. Celle-ci présuppose que Pétain et ses proches, « hommes bons et sages », écrira Maurras après la guerre, savent mieux que quiconque ce qu’il faut faire, que leurs intentions sont pures, leur probité sans tache, et qu’ils sont libres de leurs mouvements et de leurs décisions. À l’égard de l’État français, note donc Maurras en novembre 1940, « notre devoir est double : d’abord le laisser faire », sans jamais contester, puis lui faciliter la tâche en suscitant « une atmosphère de confiance absolue ». En juillet 1942, il continue de déclarer qu’« en ces matières dont tout le monde ignore le premier mot, c’est merveille et prodige de posséder un tel arbitre ».

    Acceptant de se laisser conduire par la main comme un enfant ou un aveugle, Maurras renonce du même coup au réalisme politique qui formait l’autre colonne porteuse de sa démarche. Il y renonce en refusant d’ouvrir les yeux sur ce qui se passe effectivement autour du Maréchal, et en continuant de lui obéir, vaille que vaille, même après novembre 1942 ou juin 1944 : nous sommes, dit-il, « décidés à faire exécuter n’importe laquelle des mesures qu’il s’arrête (…) dans le sens qu’il a jugé utile ou meilleur, mais dont il possède seul la haute raison » (AF, 3 VII 1942). C’est pour cette raison que Maurras et l’Action Française feront campagne contre la Résistance, mais pour le service du travail obligatoire (STO), allant jusqu’à déclarer que les jeunes Français « n’ont pas le droit de s’y soustraire » (Delebecque, 17 VI 1943), comme les y poussent une partie du clergé catholique et « la campagne anglo-soviétique pour la désertion ». Mais le renoncement au réalisme consiste surtout, à l’époque, à refuser de voir la singularité du nazisme. « Tous les calculs de l’Action Française », observe très justement Grünewald, reposaient sur l’hypothèse que le national-socialisme était un vrai nationalisme » (p.310) : et par conséquent, un ennemi , certes, mais dominé par le sens de son propre intérêt, accessible par conséquent à une rationalité minimale, et donc potentiellement ouvert à la négociation, au compromis. D’où l’idée qu’en restant bien tranquille, en ne bougeant pas, en ne le provoquant pas, on éviterait les coups et les morsures. Et qu’en se montrant complaisant, on gagnerait peut-être même l’indulgence du vainqueur. Un calcul rationnel qui eût été pertinent avec un adversaire lui-même mû par la raison ; mais qui devenait absurde avec un ennemi dominé par une « religion politique » absolument irréductible à de telles considérations. Ce que Maurras et ses proches, connaissant bien Mein Kampf, auraient dû comprendre.

    Mais justement, peut-être n’étaient-ils pas, ou plus en mesure de le faire. Derrière cette contradiction incompréhensible, derrière ces reniements de soi-même et les dérapages incontrôlés qu’ils vont provoquer, notamment sur la question juive, largement explorée par Grünewald (pp. 249-257), il y a, on l’a déjà noté, l’âge du capitaine et de ses principaux matelots – qui ne comprennent plus très bien de quoi il est question et qui réutilisent, pour interpréter les événements, des schémas mentaux ossifiés et inadaptés qui connaîtront leur point d’orgue avec la fameuse apostrophe de Maurras à l’issue de son procès : « c’est la revanche de Dreyfus »…

    À quoi s’ajoute, sans doute lié en partie à cet âge avancé, le sentiment complexe qui semble dominer ces vieillards réfugiés à Lyon: un sentiment où se mêle la colère, l’impuissance face au désastre, la conviction que la France n’a jamais été aussi bas, même « au plus noir de notre passé » (AF 4 XII 1942), « même aux heures les plus désespérées de la guerre de Cent ans » (AF 16 VII 1943), et finalement, quelque chose qui ressemble à la panique. Un tel sentiment n’excuse rien, mais il explique vraisemblablement certaines choses ; Il se dissipera peu à peu après la guerre, mais sous l’Occupation, il semble avoir poussé Maurras et ses compagnons sur des chemins objectivement inacceptables, hors des voies de l’intelligence qu’ils avaient entendu suivre jusque là.

    lafautearousseau

  • Histoire et doctrine de L'Action française - Stéphane Blanchonnet.

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    https://soundcloud.com/user-245860045/histoire-et-doctrine-de-laction-francaise-stephanne-blanchonnet?fbclid=IwAR0h0e7puUX90RygE0N4cfuIzM88SN37gVSyxkq-rJDrRk3MWPa0m1k07sw

  • Action française Mulhouse : histoire et pensée d'AF, par Nicolas Koennig.

    Qui sommes-nous ?
    Que pensons-nous ?
    Que voulons-nous ?
    Réponse dimanche à 17h.
    Renseignements : mulhouse@actionfrancaise.net
  • Action française Mulhouse : histoire et pensée d'AF, par Nicolas Koennig.

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  • Histoire et pensée de l'Action française - Stéphane Blanchonnet.

    Auteur du "Petit dictionnaire maurrassien", nous recevions Stéphane Blanchonnet lors du premier confinement sur le serveur discord "Institut d'Action française". Questions/réponses pour s'initier à la pensée de l'Action française, et son influence sur les idées depuis 120 ans.

  • Action française • A propos d”une affiche qui devint un symbole

    Affiche des rassemblements royalistes de Montmajour, Saint-Martin de Crau, Les Baux de Provence |60 x 75 cm]

     

    Combien ont été collées de ces affiches, connues de tout le Midi dans les années 1970 et 1980 ? Au rythme de 15 à 20 000 par an, au minimum 400 000, sur une vingtaine d'années.  

    Montmajour devint, pour un grand nombre de Provençaux et gens du Midi, synonyme de royalisme, de rassemblement royaliste. Les Baux ont ensuite pris la relève. Le vieil insigne des Camelots du Roi en était le symbole - il s'agissait d'un rassemblement d'Action française - et l'affiche sang et or en lettres bâton dessinées, le signe reconnu ...

    Début mai, mettant à profit les ponts nombreux qui le ponctuent, les affichages démarraient. Simultanément, à Marseille, Nice, Aix-en Provence, Avignon, Montpellier et à l'ouest jusqu'à Perpignan et Toulouse, au Nord jusqu'à Lyon. Chaque ville et région activait ses équipes qui recouvraient villes, routes et carrefours. Si bien que de Menton à Perpignan, de Marseille à Lyon ou Grenoble, le rassemblement royaliste du mois de juin était annoncé. Partout. C'est ce que constataient ceux qui roulaient en voiture dans le Midi. Parfois des équipes de provenance différente faisaient leur jonction au détour d'une route ou d'un village. Occasion de joyeuses retrouvailles.

    Imprimées à Marseille - les premières années en Espagne, grâce au concours d'un ami Valencien, passionné par l'Action française, rencontré en mai 68 dans la multitude carliste du rassemblement de Montejurra - les affiches de Montmajour et des Baux de Provence, par leur esthétique, leur présence massive chaque année, dans les rues et sur les routes du Midi ont été pour beaucoup dans l'écho et la popularité des rassemblements royalistes de Provence ...

    Mais elles s'intégraient à tout un système de communication de divers ordres : communiqués de presse, notamment dans Le Méridional, le grand quotidien régional d'après-guerre, au temps de Gabriel Domenech son rédacteur en chef et de Robert Oberdorff; des distributions de tracts par milliers; des caravanes sonorisées, avec musique et annonces. En bref, une campagne de communication globale tous azimuts d'un mois et demi ...

    fonds-ecran +++.jpgAjoutons qu'il fallait aussi expliquer et, suivant le conseil de Maurras, donner des raisons. Que voulaient bien dire, politiquement, nationalement, ces rassemblements annoncés partout et dont la presse régionale comme nationale disait ensuite le succès dans de nombreux comptes rendus, articles, reportages, du Monde au Nouvel Obs ? Expliquer, donner des raisons, ce fut l'objet du Manifeste de Montmajour [1971], devenu Manifeste royaliste dans une réédition de 1972 [Illustration]... Il est bien possible que nous y revenions .... • 

     

  • Comte, Maurras, Houellebecq : trois agnostiques catholiques, par Stéphane Blanchonnet

    Comte, Maurras, Houellebecq : trois agnostiques catholiques

    Ce n’est un mystère pour personne, Michel Houellebecq est un admirateur d’Auguste Comte, qu’il convoque sans surprise dans son entretien avec Michel Onfray. Mais récemment, c’est à Charles Maurras, disciple du fondateur du positivisme qu’il s’est intéressé, en allant à la rencontre des royalistes de l’Action française, le 1er juillet dernier à Paris. Comte, Maurras, Houellebecq : y a-t-il une filiation possible ? Nous avons demandé à un spécialiste de la pensée de Charles Maurras, Stéphane Blanchonnet, agrégé de lettres modernes et auteur en 2017 du Petit Dictionnaire maurrassien (éd. Nouvelle Marge), de se pencher sur cette question.

    Un récent ouvrage de critique littéraire, d’ailleurs assez intéressant, Le Style réactionnaire de Vincent Berthelier (éd. Amsterdam, 2022), a pour sous-titre « De Maurras à Houellebecq ». Cette réunion des noms de Maurras et de Houellebecq peut surprendre et d’ailleurs, elle n’est pas très logique dans ce livre. En effet, l’auteur, qui veut parler spécifiquement du style des écrivains réactionnaires, finit pourtant par classer Houellebecq dans cette catégorie en raison… de ses opinions et des thèmes qu’il aborde ! Sur le plan du style, il est en effet assez difficile de rapprocher le poète néoclassique, que Berthelier qualifie un peu hâtivement de « puriste », et le romancier de la post-modernité, encore que ce soit sans doute possible, mais ce serait la matière d’un tout autre article ! Il y a en revanche un rapprochement net et évident à faire entre Maurras et Houellebecq : leur qualité de disciples d’Auguste Comte, notamment en ce qui concerne le rapport au catholicisme. C’est ce rapprochement que nous nous proposons d’aborder ici, et nous l’élargirons à une comparaison entre les trois écrivains, les deux disciples et leur maître, Auguste Comte. 

    Comte, Maurras et Houellebecq ont d’abord en commun de voir le jour à des époques de grande césure dans l’histoire de France. On n’exagère pas en disant que chacun d’eux naît presque providentiellement au moment où le pays est plongé dans l’une des trois étapes fondamentales de son déclin, qu’ils se donneront justement pour mission de décrire et, dans des mesures assez différentes, de critiquer, dans leurs œuvres.

    1868, une France déjà affaiblie

    Comte naît en 1798, au moment où la France est au sommet de la puissance et du prestige qu’elle a acquis depuis Richelieu, puis Louis XIV, à tous les niveaux : démographique, politique, militaire, linguistique, littéraire, artistique, scientifique. Littéralement, elle règne sur le monde, pour paraphraser Joachim du Bellay, par sa langue, ses arts, ses armes et ses lois. La Révolution et l’Empire vont consommer en un ultime déchaînement d’énergie et de gloire tout ce capital accumulé depuis des siècles par la royauté capétienne, l’Église et le génie du peuple français – le premier peuple moderne à avoir eu la claire conscience, sans doute depuis la fin du Moyen Âge, de former une nation.

    Maurras, lui, naît en 1868, deux ans avant la guerre franco-prussienne de 1870, qui verra une France, déjà considérablement affaiblie depuis 1815, se faire battre par une Allemagne qui lui ravira sa suprématie continentale, comme l´Angleterre lui avait déjà ravi la maîtrise des mers. Elle sera en outre amputée de ses provinces de l’Est, que l’Ancien Régime avait si durement arrachées au monde germanique. Enfin, elle connaîtra la guerre civile avec l’épisode de la Commune et un début de crise démographique qui conduira à une première forme de recours à l’immigration.

    1956, l’année du désenchantement

    Michel Houellebecq, enfin, naît en 1956, en pleine décolonisation, processus entraînant la disparition de ce motif de fierté que pouvaient représenter, à tort ou à raison, pour les Français ces immenses taches roses sur les atlas géographiques figurant leur immense empire ultramarin (même s’il était composé en grande partie des sables du Sahara, à la différence du très rentable Empire britannique), mais aussi aux prémices des quatre phénomènes qui allaient entraîner la rupture peut-être la plus profonde dans l’être français puisqu’il ne s’agissait plus seulement de déclin de sa puissance, mais de transformation de sa substance elle-même : la fin des terroirs (et donc de l’enracinement régional), la disparition presque totale de la pratique religieuse catholique (encore majoritaire au début du XXe siècle et qui donnait au pays son armature morale), l’américanisation (ou la mondialisation désormais) des mœurs, de la culture et de l’imaginaire, l’immigration de masse, enfin, et le morcellement qui en résulte – la culture française devenant elle-même un « îlot » parmi d’autres, et de moins en moins majoritaire, dans « l’archipel » hexagonal. C’est dans cette France amenuisée, désenchantée et dévitalisée qu’évoluent les personnages de Houellebecq.

    Autre point commun important chez nos auteurs : tous ont perdu la foi chrétienne mais sont restés attachés à certains aspects du catholicisme. Comte affirme dans son testament : « Je me suis toujours félicité d’être né dans le catholicisme, hors duquel ma mission aurait difficilement surgi […] Mais, depuis l’âge de 13 ans, je suis spontanément dégagé de toutes les croyances surnaturelles, sans excepter les plus fondamentales et les plus universelles, d’où les Occidentaux tirèrent tous les dogmes catholiques1. » C’est presque au même âge (à 14 ans) que Maurras, en révolte contre la surdité qui vient de le frapper, mais aussi contre la lecture de Pascal, perd lui aussi la foi. Il est intéressant de noter ce qu’il en dit, bien des décennies plus tard, dans une lettre : « J’étais infirme, soit ! Mais cette vie, je l’aimais, j’aimais la santé et la force. Surdité à part, ma résistance physique, sous des aspects assez modestes et même médiocres, est au-dessus de la moyenne, qu’il s’agisse de marcher, de nager, de veiller dans mon bon temps. […] Pascal est le spectre de la maladie. Cette incompatibilité personnelle ne prouve certes rien contre son magnifique génie. Cela peut expliquer qu’il ne m’ait pas été bienfaisant, quelque admiration que m’ait toujours inspirée sa langue, sa poésie, et, de-ci de-là, sa logique2. » On le comprend, Maurras butte contre le dolorisme chrétien qui enseigne d’accepter les « croix », les épreuves, qui jalonnent nos existences pour mieux s’unir aux souffrances du Rédempteur sur sa propre Croix, dolorisme qui lui paraît en contradiction avec le catholicisme traditionnel, communautaire, joyeux, solaire (d’aucuns diraient « païen ») de son enfance provençale. Houellebecq enfin, dans un livre d’entretien avec Bernard-Henri Lévy, confie avoir fréquenté l’Église dans ses années de lycéen et d’étudiant, au point d’avoir suivi, avant de l’abandonner, une préparation au baptême pour adulte. Il en tire cette conclusion : « Un monde sans Dieu, sans spiritualité, sans rien, a de quoi faire terriblement flipper. Parce que croire en Dieu, tout bonnement, comme le faisaient nos ancêtres, rentrer dans le sein de la religion maternelle présente des avantages, et ne présente même que des avantages. […] Seulement voilà, le problème c’est que Dieu, je n’y crois toujours pas3. »

    Des bases profanes

    Dernier point commun : pour des raisons différentes, nos trois auteurs vont sentir la nécessité de retisser un lien avec la religion catholique, mais sur des bases profanes. Pour Comte, il s’agit du cœur de sa philosophie. Il constate que l’âge métaphysique (la modernité) a mis fin à un âge théologique, qui reposait certes sur des croyances à ses yeux irrationnelles, mais qui possédait une cohérence, une dimension organique, hiérarchique, propre à animer (au sens étymologique de « donner une âme »), à faire vivre, une civilisation. La modernité – la Révolution française en particulier – lui apparaît donc comme un moment exclusivement critique, négatif, dissolvant, dont il se donnera pour mission d’arrêter le cours anarchique pour bâtir un nouvel âge organique permettant de concilier Ordre et Progrès : l’âge positif. Et Comte s’inspirera très explicitement du catholicisme pour créer sa nouvelle religion positive, destinée au salut, par la science, de l’humanité tout entière.

    Maurras, qui n’a cessé de se proclamer le disciple de Comte, propose sa propre synthèse, apparemment plus modeste. Il ne s’agit plus de sauver l’humanité entière, mais la France (et à travers elle, la civilisation gréco-latine) en s’appuyant sur le catholicisme comme « Temple des définitions du devoir » et comme tradition vivante. À ses yeux d’agnostique, comme à ceux de son maître Auguste Comte, la vérité du dogme chrétien n’est plus intelligible, mais il considère que par sa force, encore immense dans la France de la Belle Époque – la France à laquelle il s’adresse– l’Église doit être défendue comme un élément incontournable de l’identité nationale et le canal à travers lequel nous accédons à la culture antique. Dans un texte fondamental qu’il a consacré à Comte, Maurras tient d’ailleurs à préciser que sa réduction du « Grand-Être » (l’humanité) à la civilisation gréco-latine (qui est, à ses yeux, LA civilisation), n’est pas hérétique d’un point de vue positiviste : « Comme le fait très justement remarquer l’un des meilleurs disciples de Comte, M. Antoine Baumann, humanité ne veut aucunement dire ici l’ensemble des hommes répandus de notre vivant sur cette planète, ni le simple total des vivants et des morts. C’est seulement l’ensemble des hommes qui ont coopéré au grand ouvrage humain, ceux qui se prolongent en nous, que nous continuons, ceux dont nous sommes les débiteurs véritables4. »

    Michel Houellebecq, lui aussi disciple revendiqué de Comte, parle, nous l’avons vu plus haut, de la foi de « nos ancêtres » avec une évidente nostalgie. Toutefois, contrairement à Maurras, qui s’adressait aux Français de 1900, il fait le constat que cette nostalgie n’est plus partagée un siècle plus tard que par une petite minorité, même s’il a exprimé sa sympathie pour cette minorité en affirmant avoir été impressionné par l’engagement de la jeunesse catholique lors des manifestations contre la loi Taubira en 20135. L’une des expressions les plus belles et les plus caractéristiques du regard porté par le romancier sur l’ancienne France se trouve dans ce passage d’Extension du domaine de la lutte consacré à la Vendée : « À l’extrémité de la plage des Sables-d’Olonne, dans le prolongement de la jetée qui ferme le port, il y a quelques vieilles maisons et une église romane. Rien de bien spectaculaire : ce sont des constructions en pierres robustes, grossières, faites pour résister aux tempêtes, et qui résistent aux tempêtes, depuis des centaines d’années. On imagine très bien l’ancienne vie des pêcheurs sablais, avec les messes du dimanche dans la petite église, la communion des fidèles, quand le vent souffle au-dehors et que l’océan s’écrase contre les rochers de la côte. C’était une vie sans distractions et sans histoires, dominée par un labeur difficile et dangereux. Une vie simple et rustique, avec beaucoup de noblesse. Une vie assez stupide, également. Je me suis ensuite dirigé vers une résidence plus récente et plus luxueuse, située cette fois tout près de la mer, vraiment à quelques mètres. […] Un sentiment déplaisant a cette fois commencé de m’envahir. Imaginer une famille de vacanciers rentrant dans leur Résidence des Boucaniers avant d’aller bouffer leur escalope sauce pirate et que leur plus jeune fille aille se faire sauter dans une boîte du style “Au vieux cap-hornier”, ça devenait un peu agaçant ; mais je n’y pouvais rien6. » Là où Comte prétendait réorganiser une religion pour l’humanité sur le modèle catholique, mais dont les dogmes seraient désormais scientifiques, là où Maurras voulait s’appuyer sur un catholicisme encore vigoureux, en tant que force sociale, pour enrayer le déclin de la civilisation, Houellebecq ne peut que constater le caractère inéluctable de ce déclin et le regretter, tout en marquant par l’adjectif « stupide », aux connotations péjoratives évidentes, mais qui signifie étymologiquement « immobile », ce qui le sépare de cette époque pour lui définitivement révolue.

    Pour conclure cette rapide comparaison de nos trois auteurs, nous pouvons essayer de nous résumer en les associant par paires. Incontestablement, Maurras et Houellebecq se ressemblent et se distinguent de Comte en tant qu’ils sont les disciples et lui le maître, l’inspirateur. Mais Comte et Houellebecq se ressemblent et se distinguent de Maurras, par un intérêt plus marqué pour la science – le thème du clonage et du transhumain hante le disciple d’Aldous Huxley qu’est aussi Houellebecq. Enfin, Comte et Maurras se ressemblent et se distinguent de Houellebecq par un plus grand optimisme : ils prétendent relever le défi de la modernité et instaurer (pour Comte) ou restaurer (pour Maurras) un ordre viable là où Houellebecq paraît plutôt faire le constat froid et clinique d’un nihilisme triomphant et hélas inéluctable – « mais je n’y pouvais rien ».  

    Notes

    1 Testament d’Auguste Comte, 1884, p. 9, disponible sur le site Gallica de la BNF.

    2 Lettre de Maurras à Leon S. Roudiez, citée par Stéphane Giocanti dans Maurras, le chaos et l’ordre, éd. Flammarion, 2006.

    3 Houellebecq Michel & Lévy Bernard-Henri, Ennemis publics, coéd. Flammarion-Grasset, 2008.

    4 Maurras Charles, Auguste Comte, 1903, disponible sur www.maurras.net.

    5 Entretien avec Marin de Viry et Valérie Toronian, repris dans Interventions, éd. Flammarion, 2020.

  • POUR CHARLES MAURRAS, IN MEMORIAM Par Yves Morel 

    POUR CHARLES MAURRAS, IN MEMORIAM

     

    Il y a 70 ans de cela, le 16 novembre 1952, Charles Maurras s’éteignait à la clinique Saint-Grégoire de Saint-Symphorien-lès-Tours, dans le département d’Indre-et-Loire, âgé de 84 ans.

    Une grâce arrachée de haute lutte, tardive et conditionnelle

    Il avait été admis dans cet établissement hospitalier à la suite d’une grâce médicale que le président de la République, Vincent Auriol, lui avait enfin accordée le 21 mars de la même année. Enfin accordée, oui, car, depuis cinq ans, de nombreux intellectuels éminents avaient fait le siège de l’Élysée, individuellement ou à plusieurs, pour tenter d’obtenir une telle grâce. Le chef de l’État, socialiste de toujours, ministre de Léon Blum (éreinté à coups d’articles par le maître de L’Action française), « résistant » (de Londres), s’était jusqu ‘alors montré inflexible : Maurras devait expier sa « trahison » et mourir en prison. Il fallut que l’état de santé du condamné se dégradât au point d’exiger son transfert à l’Hôtel-Dieu de Troyes (tout près de la prison de Clairvaux, où il était détenu) pour que Vincent Auriol consentît enfin à lui accorder sa grâce. Encore s’agît-il d’une grâce médicale, et non plénière. Maurras ne recouvrait pas la liberté ; il se voyait placé en résidence surveillée à la clinique de Saint-Symphorien-lès-Tours pour y être soigné, et ne pouvait pas en sortir ; son état l’en aurait empêché de toute façon. Il mourut d’ailleurs dix mois après son transfert.

    Charles Maurras avait été condamné à la réclusion perpétuelle pour intelligence avec l’ennemi par la cour de justice (défense de rire) de Lyon le 27 janvier 1945. Il est dit généralement que le maître de l’Action française fut condamné pour « intelligence avec l’ennemi ». Lorsqu’on songe à la foncière, implacable et définitive germanophobie de Maurras, un tel chef d’accusation donne à sourire, voire, carrément, à rire, et aux éclats.

    Plus exactement, l’auteur de l’Enquête sur la monarchie fut inculpé au titre de deux articles du Code pénal : l’article 75 alinéa 5, et l’article 76 alinéa 3. Le premier vise les personnes (ou les groupes) susceptibles d’avoir, en temps de guerre, entretenu avec une puissance étrangère, des « intelligences » en vue de favoriser les entreprises de celle-ci contre la France. Or, répétons-le, Maurras se montra, toute sa vie durant, un ennemi absolu de l’Allemagne, et n’entretint jamais quelque commerce intellectuel ou politique avec ses écrivains et/ou ses dirigeants, quels qu’ils fussent ; et, il observa la même attitude sous l’Occupation (à la différence d’un Sartre ou d’un Malraux), même s’il dut alors, pour ne pas s’exposer à la répression de l’Occupant, éviter d’exprimer ouvertement sa haine du Reich. Rappelons, en outre, que Maurras et son équipe choisirent, après la conclusion de l’armistice de juin  1940, de se replier à Lyon, donc en zone libre, pour éviter de se trouver sous la férule des Allemands, et qu’en août de la même année, ces derniers saccagèrent les locaux parisiens de L’Action française. Rappelons également que Maurice Pujo, en 1944, fut arrêté par la Gestapo et passa plusieurs semaines en prison.

    L’article 76, alinéa 3, lui, vise les personnes (ou les groupes) accusé(e)s d’avoir participé sciemment à une entreprise de démoralisation de l’armée ou de la nation ayant pour objet de nuire à la défense nationale. Là encore, l’accusation se révèle plus que discutable : on ne trouve rien, dans les articles, les déclarations verbales et les démarches de Maurras qui soit de nature à démoraliser l’armée ou la population et nuise à l’effort de guerre et à la défense de la France en 1940. Mais les faits ne prouvant rien,  les accusateurs les interprètent. Ainsi, ils présentent, de manière partisane, les articles de Maurras parus au moment de la défaite de 1940 comme des actes de démoralisation et de trahison au motif que leur auteur ne manifeste aucune compassion évidente pour sa patrie vaincue et insiste sur la fatalité du désastre, conséquence naturelle d’un régime républicain gangrené par son incurie foncière. D’autres, comme l’historien américain Eugen Weber cherchent à pallier l’impuissance de la Justice et du Droit à établir la culpabilité juridique de Maurras en chargeant celui-ci d’une culpabilité morale supérieure à cette dernière.

    « Objectivement, sinon intentionnellement, Maurras avait trahi son pays, il avait travaillé du côté de ce qui devait devenir celui de l’ennemi ; il était coupable dans un sens plus élevé que celui de la Loi », écrit notre historien. Belle conception de la justice et de la morale que celle qui les subordonne à un parti pris politique ! À l’évidence, le procès de Maurras est un exemple éclatant d’iniquité, et cela, de nos jours, ne fait pas de doute.

    Les enseignements fondamentaux et pérennes de Charles Maurras

    Cela étant rappelé, il convient  de résumer ce que nous pouvons retenir de la pensée et de l’œuvre de l’illustre martégal. On pourrait dire que la raison essentielle de l’acharnement dont a été victime Maurras, jusqu’à nos jours, est que, plus qu’aucun autre « pestiféré », il est inassimilable par le système__  entendons par là la République et son substrat idéologique et pseudo-éthique, à savoir son aspiration  à une démocratie universelle égalitaire et indifférenciée sous toutes les latitudes, annihilant toutes les identités nationales, née dans les loges et les société de pensée du XVIIIe siècle, et annoncée par notre grande Révolution. A la différence de Barrès, Rochefort, Déroulède, ou même Drumont, pour ne citer que quelques noms, Maurras n’a jamais reconnu la moindre légitimité ni la moindre grandeur à la France contemporaine, issue des « Lumières » et de la Révolution. Il n’a jamais célébré l’héroïsme des soldats de l’An II, entonné le péan en l’honneur de Napoléon, admiré l’essor économique de la grande industrie et de la haute banque sous le Second Empire, loué l’œuvre coloniale de la IIIe République, et n’a jamais succombé à l’envoûtement romantique, baudelairien ou symboliste, à l’ivresse germanique, au culte débridé, déliquescent et mortifère du moi, n’a jamais dit que Zola, Proust, Romain Rolland, Gide, étaient des romanciers de génie nonobstant leur orientation morale et politique. Maurras, c’est l’opposition sans concession à la France contemporaine, sa négation, sa condamnation ; voilà ce qui explique le formidable retour de bâton que celle-ci lui inflige.

    Maurras, c’est le refus de l’abdication de la raison, devant le Sturm un Drang, le cyclone, le maëlstrom, le chaos des sentiments, des passions, des états d’âme, des pulsions préconscientes et inconscientes, des folies de l’âme individuelle ou collective, au motif que toutes ces réalités existent, et que formant le fond de la nature humaine, il convient de leur accorder la prééminence, dans la vie individuelle, la société, les institutions, l’art, la littérature, ou, à tout le moins, de leur accorder une place de choix.

    Le courage puisé dans la raison

    On le sait, Maurras connut les tourments d’une âme blessée, les déchirements et les revendications du moi, la déréliction, la révolte, la tentation nihiliste ou suicidaire, les tendances égocentriques, égoïstes et égotistes, les séductions libertaires, anarchistes, non-conformistes, décadentes et avant-gardistes. Et sa condition physique et psychologique personnelle ne pouvait que l’inciter à y donner libre cours. Il n’en fit rien. Jamais il ne cessa de penser que si les émotions, les sentiments, les pulsions sont l’humus de la création, seule le sens rationnel et supérieur de l’ordre et de l’harmonie opérée par la raison, peut produire de la beauté et élever ainsi l’âme de l’artiste lui-même et de son public, et que l’œuvre d’art, l’œuvre littéraire, s’avilit et avilit celui qui la contemple ou la lit lorsqu’elle est seulement l’expression crue d’un moi chaotique, laid et torturé. Sans doute eût-il pu penser, comme Musset, que « rien ne nous rend grand comme une grande douleur », mais, de là, il ne conclut jamais que l’œuvre d’art dût être le cri strident d’une âme tourmentée.

    Et il eut le même type d’exigence en politique. Constatant, étudiant, analysant, critiquant la décadence de la France contemporaine, il refusa toujours de s’y résigner comme à une fatalité, et, plus encore, de s’y complaire, de la célébrer, de s’en délecter avec cynisme ou masochisme. Et il ne cessa de vouloir la conjurer.

    La première condition, pour cela, fondamentale, était le courage, la force de ne pas céder au pessimisme. « Le désespoir, en politique, est une sottise absolue », écrit-il, dès 1905, dans L’Avenir de l’Intelligence. Et la raison, là encore, est l’attribut le plus précieux de l’homme, celui qui lui permet d’élever une digue salvatrice contre la crue mortelle de l’affectivité, de penser, d’analyser, de comprendre les causes du marasme, et de les abolir, et, par suite, de construire (ou de reconstruire) un ordre politique et social sain et bienfaisant pour l’individu comme pour la communauté.

    La vérité de la Monarchie et le mensonge de la République

    Tout ordre politique et social sain est une construction rationnelle, point sur lequel Maurras s’accorde avec Comte. Mais, à la différence de Comte, il ne récuse pas la notion de cause, et juge même indispensable de découvrir les causes de la situation présente pour édifier un ordre durable. Il prend donc appui sur l’histoire, dont, contrairement à Sieyès, il estime les leçons utiles. Si l’ordre politique est une construction de l’esprit, la communauté qu’il régit ne l’est pas et procède d’une évolution multiséculaire opérée par la mémoire collective, le sentiment  d’un destin commun et la succession des nombreux événements et états qui l’ont marquée. Une nation est une réalité historique qui excède la raison, même si cette dernière est indispensable à l’édification (ou au maintien) de l’ordre politique, de la société. Et tout l’art de la politique consiste à ordonner cette réalité historique afin de faire d’elle une totalité harmonieuse, grâce à l’œuvre civilisatrice de la raison. C’est ce qu’avaient compris nos rois, qui, au fil des siècles avaient graduellement rassemblé le royaume de France et l’avaient gouverné avec fermeté sans le mutiler ou l’étioler en l’étouffant sous une administration centralisatrice, et en laissant vivre les communautés naturelles et historiques, et les corps de métiers, issus du très haut Moyen Age. Ces rois avaient judicieusement, et comme par instinct, autant que par raison, combiné l’autorité de l’Etat pour les questions engageant le destin de la nation, et les libertés fondamentales naturelles pour la vie de leurs sujets, évoluant dans leurs communautés d’appartenance. Et ainsi, la France, riche de ses différences, mais unie pour un destin commun, avançait sans que sa diversité devînt une source de contradictions paralysantes, au contraire.

    Voilà pourquoi Maurras opta de bonne heure pour la restauration de la monarchie. Et voilà pourquoi il devînt l’adversaire irréconciliable de la République. Cette dernière laissa les individus isolés et désarmés face à un Etat jacobin centralisateur, animé par une idéologie égalitaire et matérialiste, et osa se présenter – par, notamment, le vecteur de son école ferryste et de son Université rationaliste et libre-penseuse – comme la continuatrice de l’œuvre d’une monarchie dont le rôle historique aurait consisté, à l’en croire, à préparer – certes inconsciemment – son propre avènement.

    Maurras refusa constamment  cette fallacieuse reconstruction téléologique de notre passé, imposée depuis la fin du XIXe siècle par nos institutions d’enseignement, nos élites et nos médias. A ses yeux, il n’existe, il ne peut exister, de bonne République, dans la mesure même où ce régime est, in essentia, destructeur de tout ce constitue l’être même d’une nation : la foi, le sentiment de son identité, la culture, la famille, l’ancrage dans son contexte géographique, son ère de civilisation, sa langue, ses communautés organiques naturelles. En conséquence, il n’a cessé de combattre pour la restauration d’une monarchie héréditaire et décentralisée forte, vouée à ses tâches régaliennes desquelles dépendent la vie et la prospérité de la nation (administration de l’intérieur, économie générale et finances publiques, diplomatie, défense), cependant que les administrations de proximité et  le social incomberaient, les premières à des institutions régionales, le second à des organismes partenariaux  et professionnels forts, certes encadrés et contrôlés par le législateur, mais autonomes. Au lieu que la République nous condamne in aeternum à dépendre d’un Etat aussi impuissant qu’omnipotent, omniprésent, et constamment sollicité et contesté.

    Il convient de souligner sans relâche l’actualité brûlante de la pensée du maître de l’Action française,  de défendre sa pensée contre toutes les mésinterprétations qu’en ont donné non seulement des adversaires ou des « spécialistes », mais également nombre d’intellectuels de  droite qui prétendent faire l’inventaire de l’œuvre de Maurras – critiquant, notamment ses prétendues tendances antichrétiennes, païennes et nietzschéennes – et procéder à un aggiornamento du mouvement monarchiste.

    (Article paru dans Politique magazine)

  • Pourquoi l’Action Française voulait une alliance avec l’Italie de Mussolini... Un commentaire à lire.

    « Le fascisme italien, ses racines dans le passé » Léon Daudet

     

    1417414836 - Copie.jpgL'entretien de Frédéric Le Moal avec Eugénie Bastié à propos du fascisme italien - que nous avons publié hier - a suscité un commentaire riche de remarques et de citations intéressantes. En l'occurrence, celui de François Davin. On le lira avec intérêt.  LFAR  

    Le commentaire de François Davin

    Ceux qui hurlent si volontiers, et si hypocritement, contre le fâchisme oublient volontairement - ou alors ils l'ignorent - que Mussolini était un homme de gauche, venu du parti socialiste, et qu'une idéologie totalitaire, quelle qu'elle soit, n'est jamais pour nous, par définition, qu'une théorie intellectuelle et abstraite ; et donc forcément en opposition avec les réalités concrètes et charnelles, héritées de l'Histoire, dont nous partons toujours. […]

    Aucun accord possible, donc, dans le domaine des idées, entre un totalitarisme (ici le fascisme italien) et le « royalisme » venu du fond des âges et « prouvé par l'histoire » que propose l'Action française ; comme le montre bien Léon Daudet dans le court passage que je vous propose plus bas.

    Ceci étant, et pour en revenir au contexte des années 35, la guerre venant, il fallait chercher des alliés contre la puissance allemande qu'un Pays légal républicain criminel, sabotant la victoire si chèrement acquise en 1918, avait laissé se reconstituer.

    Or, Mussolini, malgré ses bravades et fanfaronnades effectivement, parfois, ridicules, pouvait parfaitement - avec toutes les réserves et les reproches que l'on pouvait par ailleurs lui faire sur le plan doctrinal - être « fréquenté » pour créer un large front d'opposition à un Hitler sans cesse plus agressif : n'est-ce pas Mussolini qui s'opposa à Hitler, et le fit reculer, en mobilisant ses troupes sur le Brenner en 1935 ? Hitler venait de faire assassiner le chancelier Dollfuss, en vue de l’annexion de l’Autriche, l'Anschluss. 

    Le 25 juillet, lorsque Mussolini envoya ses deux divisions sur le Brenner, Hitler recula. 

    C'est dans cet esprit que l'Action française souhaitait que l'on s'alliât avec Mussolini : évidemment pas par affinité ou par proximité idéologique, mais uniquement par pur intérêt stratégique, immédiat et pressant.

    Dans la même optique que François Premier s'alliant avec le Grand Turc après sa déroute de Pavie, au moment où il semblait que Charles Quint et les Habsbourgs allaient écraser la France : il est bien évident qu'en s'alliant avec le Grand Turc […] François premier ne songeait nullement à se convertir lui-même à l'Islam, ni à faire de la France une nation musulmane et à la couvrir de mosquées ! […]

    Mutatis mutandis, c'est dans le même esprit que l'Action française envisageait les choses, vis-à-vis de Mussolini, juste avant la guerre : il nous fallait des alliés, fussent-ils, par ailleurs, loin de nous « idéologiquement » : la République préféra, justement pour des raisons idéologiques, jeter finalement Mussolini dans les bras d'Hitler, alors qu'il avait commencé par le combattre ! […]

    De Léon Daudet, dans « Député de Paris », pages 176-177 :

    « La méconnaissance de l'immense mouvement qu'est le fascisme italien, de ses racines dans le passé, de son animateur, comptera comme une des grandes bévues de la République finissante française.

    Nous sommes séparés du fascisme par l'immense fossé de la religion d'Etat - religion politique, s'entend - dont nous a dispensés le régime le plus souple et le plus évolué de l'Histoire, la monarchie française.

    Nous ne croyons pas, organiquement parlant, à la congestion indéfinie du centre, avec anémie consécutive de la périphérie, ou plutôt nous connaissons les dangers de cette forme du jacobinisme et de la politique du poulpe.
    Une des raisons décisives qui m'ont amené à Maurras, c'est sa formule de décentralisation administrative, si décongestionnante et si claire, dont nous n'avons cessé de nous émerveiller, ma femme et moi, depuis les inoubliables articles de la Gazette de France, de 1902 à 1908. 

    Ce que je redoute dans le Syllanisme fasciste, par ailleurs séduisant, c'est la décompression presque fatale d'un tel système, le jour de la disparition de son chef, comme il arriva précisément pour Sylla. 

    A la centralisation étatiste, même louis-quatorzienne, il faut la main d'un homme de génie. 

    S'il s'en va, on risque le jacobinisme ou l'anarchie, ou un fléau dans le genre de Bonaparte, mêlé d'étatisme et d'insanité.

    Je m'excuse de ces considérations qui, touchant à la politique italienne, aujourd'hui rapprochée de l'Allemagne par notre faute, peuvent sembler accessoires. »

    Il est souvent intéressant et instructif - et, parfois, presque amusant, comme ici - de rapprocher des textes émanant de personnes que tout oppose : ainsi, après avoir lu ce passage de Daudet, peut-on trouver matière à réflexion dans ... « Le Populaire » du 25 octobre 1934, où Léon Blum écrit ceci :

    Blum.jpg« Quand on place avant tout autre l'intérêt de la stabilité gouvernementale, on est monarchiste.

    On l'est consciemment ou inconsciemment, en le sachant ou sans le savoir, mais on l'est ! Seule la monarchie est stable par essence, et encore la monarchie totale, où le roi gouverne en même temps qu'il règne. 
    Les dictatures fascistes ne sont pas stables ; même si le dictateur évite les cataclysmes analogues à ceux qui l'ont porté au pouvoir, il reste une cause d'instabilité majeure qu'il ne peut éluder : sa succession
    . »
     

    « Il n'y a jamais eu autant d'antifascistes depuis que le fascisme a disparu » ... Analyses de L'historien Frédéric Le Moal

  • Documents pour servir à une Histoire de l'URP (58) : Novembre 38, Maurras et Daudet en conférences en Provence...

     

    (retrouvez notre sélection de "Documents..." dans notre Catégorie "Documents pour servir à une histoire de l'URP"...)

     

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    • L'annonce ci-dessus est en "Une" de L'Action française du Jeudi 27 Octobre 1938 (en bas de la cinquième colonne) :

    1. Les compte-rendus des deux réunions de Maurras... :

    - D'abord, la réunion de Toulon, dans le numéro du Lundi 7 Novembre (en "Une", moitié inférieure de la sixième colonne)... :

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    Le "compte-rendu détaillé", annoncé par le Commandant Ollivier, ne viendra que cinq jours plus tard, dans le numéro du Samedi 12, annoncé en plein milieu de la "Une" (en bas de la deuxième colonne) :

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    Dans cette deuxième page, le compte-rendu occupe quasiment toute la cinquième colonne :

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    - ...puis le compte-rendu de la réunion de Manosque (en "Une" de L'Action française du Jeudi 10 Novembre, signé C. Duneau) :

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    2. Le compte-rendu de la conférence de Daudet, en "Une" de L'Action française du Jeudi 17 Novembre suivant (en bas de la première colonne) :

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  • Pour parler encore et toujours plus de Maurras, en cette année 2022, 70ème anniversaire de sa disparition...(1)

    Sur l’antisémitisme de Charles Maurras

     

    Charles Maurras et l’Action française sont souvent voués aux pires gémonies sous couvert d’antisémitisme, allant de pair avec la xénophobie, selon la conception de Michel Dreyfus, pratiquant ainsi l’amalgame avec les totalitarismes du XXème siècle. 

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     Pour chacune des neuf illustrations, cliquez une première fois sur l'image, pour l'agrandir; puis cliquez une seconde fois, et utilisez le zoom...

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    Avant toute chose, à titre préliminaire, on renverra ces autoproclamés « porteurs de la conscience universelle » (cf. Maurice Bardèche, NürembergTome 1 - La terre promise et Tome 2 - Les faux monnayeurs) aux crimes de Joseph Staline qui, lui aussi, déporta et extermina les communautés juives d’U.R.S.S. À titre d’illustration, on citera le Mémorial des Milles d’Élie Chouraqui attestant d’un million de juifs morts en Sibérie par la déportation dans les Goulags. Ce que les guides de ce musée ne précisent pas, en revanche, c’est que ce million de morts est à mettre au débit de l’Union Soviétique, non des (prétendus) régimes fascistes. 
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    Sur l’antisémitisme des régimes dits « fascistes » : On relèvera que l’Italie de Mussolini (seul régime authentiquement fasciste; pour une définition du fascisme, on renverra encore à Maurice Bardèche, Qu’est-ce que le fascisme ?) n’était pas antisémite doctrinalement ; pas plus que ne l’était le national-catholicisme de Franco ou celui de Salazar au Portugal. Pour être complet, on soulignera que Mussolini accepta la condition sine qua non posée par Adolf Hitler pour obtenir son soutien de collaborer clairement à la politique nazie de déportation et, plus tard, d’extermination. 
     
    Aurions-nous pu éviter cette collaboration de l’Italie fasciste aux projets d’Adolf Hitler ? Certainement. Pendant de nombreuses années, Charles Maurras et l’Action française plaidèrent pour une alliance entre la France et l’Italie ; non pas par ralliement aux doctrines fascistes, non par antisémitisme, mais tout simplement pour ne pas donner un allié supplémentaire à Adolf Hitler qui se déclarait dans Mein Kampf comme un ennemi implacable et mortel de la France. Par ailleurs, on soulignera que Charles Maurras avait oeuvré à la traduction de Mein Kampf, demandant à tous les patriotes sincères de lire cet ouvrage afin que tous puissent prendre conscience du danger que représentait pour le pays l’Allemagne nazie. 
     

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    Pendant de nombreuses années, Charles Maurras et l’Action française avertirent sur la guerre dévastatrice que nous promettait Hitler. Jacques Bainville fut l’un des tous premiers - dès 1930 !... - à prophétiser les persécutions des Israélites, et le journal avait tout anticipé, jusqu’au fameux « Service du Travail Obligatoire »…
     
    Voir à ce sujet les deux notes de notre Catégorie Lire Jacques Bainville :
     
    Ces éléments préliminaires étant rappelés, venons en maintenant au coeur du sujet, par des exemples simples : On reprend bien souvent l’exemple de Léon Blum sous prétexte de son appartenance à la communauté israélite. Le mensonge est grossier et ne résiste pas à l’épreuve des faits. Dans son édition de l’Action française du 15 mai 1936, Charles Maurras écrivait qu’ « il ne faudra abattre physiquement Blum que le jour où sa politique nous aura amené la guerre impie qu'il rêve contre nos compagnons d'armes italiens. Ce jour-là, il est vrai, il ne faudra pas le manquer… ». 
     
    Nous n’en dirons pas davantage, il convient pour nos adversaires de tirer les conséquences politiques de ces constatations. 
     
    Bien sûr, on nous renverra à la face le fait que « les juifs » étaient dans la théorie des États Confédérés, théorie prétendument raciste : 
     
    Il est important de préciser que Maurras réfutait et condamnait les théories antisémites raciales comme toute forme de racisme et de racialisme. Ces condamnations, constantes, répétées, univoques, découlent d’abord du constat de Jacques Bainville sur la réalité de la constitution de la Nation française d’une part et sur la condamnation par Maurras de ces thèses racistes n’ayant, selon le Maître, aucun fondement positiviste, ne pouvant dès lors passer l’examen méthodologique, critique et ne pouvant donc ipso facto, prospérer d’une quelconque façon. 
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    L’invalidation des thèses « gobinistes », « hitlériennes » etc… emporte également invalidation et réfutation intégrale des conceptions de Michel Dreyfus considérant que l’antisémitisme est nécessairement combiné à la notion de xénophobie. On relèvera par ailleurs que, dès lors, le postulat de Dreyfus implique et conçoit la communauté juive comme une communauté ethnique, du moins dans l’esprit des antisémites. Désaccord sur la méthode, désaccord sur le fond et sur la définition profonde de la judéité ; de là à en arriver au concept humoristique du juif antisémite développé par Woody Allen, il n’y a qu’un pas… Qui fut allègrement dépassé par les officines du CRIF, de Radio J, du Consistoire, qualifiant Éric Zemmour de « juif antisémite » lorsque ce n’est pas Yannick Jadot qui s’y met à son tour qualifiant Éric Zemmour de «  juif de service faisant le jeu des antisémites », toujours sur Radio J, sans que personne ne s’en émeuve du côté de la LICRA, du MRAP ou de SOS Racisme…
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    Pour continuer sur le registre de Woody Allen, les autorités communautaires lui ont « retiré sa Licence de juif, il n’est plus juif ! ». Incidemment, cela signifierait que pratiquer l’antisémitisme à l’encontre d’Éric Zemmour ne serait donc pas de l’antisémitisme. Il y aurait de quoi en perdre son latin. 
     
    C’est d’ailleurs Éric Zemmour, incarnation du concept humoristique de « juif antisémite », qui nous donne l’une des clefs de compréhension de « l’antisémitisme maurrassien », en reprenant ce que disait Clermont-Tonnerre au sujet de la communauté israélite de France : « Rien en tant que communauté, tout en tant qu’individu ! ». 
     
    Il n’y a rien de plus maurrassien. Pourquoi ? Parce que l’individu doit être avant tout Français, se définir comme Français, se penser Français, se vivre Français ; la pratique de sa religion n’intéressant pas les affaires de l’État. 
     
    Ce dont Charles Maurras et l’Action française ne veulent pas ? Tout simplement ce dont Richelieu ne voulait pas : qu’aucune communauté, quelle qu’elle fût, ne devînt un État dans l’État…
     
    Ce que théorisa Richelieu avec la communauté protestante, Charles Maurras et l’Action française le théorisèrent avec la communauté israélite ; là est toute la substance de la théorie des États confédérés. 
     
     
    Quant à Léon Daudet...
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    Dans notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir les deux photos  :
     
     
     
     
     
    Nous entendons déjà les hurlements de nos adversaires, faisons un peu d’humour pour détendre l’atmosphère…