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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • L’arroseur arrosé

    par Louis-Joseph Delanglade 

    sinistra-italiana_una-nuova-proposta-il-documento_sfondo-rosso-170204 - Copie.jpg

    La faute de M. Macron dans cette affaire est d’avoir pensé qu’il pouvait critiquer voire insulter des hommes politiques étrangers en raison de leurs idées alors même qu’ils exerçaient le pouvoir.

    Ce faisant, il s’en prenait de fait à des pays, à des peuples, à des États. On se rappelle ainsi qu’en juin dernier, dans une vie politique antérieure à l’avenir plutôt serein et prometteur, il avait choisi l’Italie comme tête de Turc, notamment à propos de l’Aquarius, ce navire qui satisfaisait conjointement négriers et bobos humanistes. Déjà, la réaction de Rome l’avait obligé à mettre un bémol. Il y eut par la suite les attaques misérables de M. Moscovici, commissaire européen certes mais Français tout de même et surtout très proche de M. Macron. Attaques traitées à Rome par le mépris qu’elles méritaient. 

    640_000_15j3yz.jpgToutefois, les Italiens ont la dent dure et sont intelligents. A l’image de M. Macron, c’est-à-dire dans un subtil mélange de politique intérieure (on sait la rivalité des deux partis de la coalition au pouvoir) et de politique européenne (faire de l’Italie l’avant-garde du mouvement populaire qui agite toute l’Europe), MM. Di Maio et Salvini, les deux vice-présidents du Conseil des ministres italien, proclament lundi 7 janvier leur soutien au mouvement des Gilets jaunes.

    maxresdefault.jpgDu coup, Mme Schiappa, en réponse à sa propre question à propos de la cagnotte des Gilets jaunes (« Qui finance les violences, qui finance les casseurs ? Il faut savoir si des puissances étrangères financent ces casseurs. » - France Inter, jeudi 10) Mme Schiappa donc nomme explicitement et prioritairement l’Italie. C’est peut-être vrai, cela relève peut-être de ce délire complotiste qui semble s’être emparé du gouvernement (on se rappelle les premiers propos de MM. Castaner et Darmanin, début décembre, sur les « factieux » et la « peste brune » en parallèle aux images de ces Gilets jaunes défilant au cri de « Salvini ! Salvini ! »). C’est à coup sûr une nouvelle version de la faute commise par M. Macron. 

    XVM8153c940-f72e-11e5-b1ee-e22b0efeb22d.jpgQuoi qu’il en soit, l’ambition européenne de celui-ci se retrouve ainsi fortement compromise. Pour « refonder l’Europe » (Sorbonne, septembre 2017), il lui faut, selon sa propre feuille de route, obtenir une victoire éclatante aux élections de mai 2019, de façon à favoriser l’émergence au Parlement européen du groupe central à vocation majoritaire qu’appellent de leurs voeux les Bayrou, Juppé, Raffarin et autres vieux crabes de l’européisme militant. D’où le retour à des listes nationales, mode de scrutin  jugé plus favorables aux « marcheurs » ; d’où l’exacerbation du clivage progressisme-populisme qui avait plutôt bien fonctionné lors de la présidentielle. Mais cela, c’était avant. Avant la succession de problèmes et déconvenues du second semestre de l’année 2018. Désormais, le scrutin de mai, en raison même du mode choisi, risque fort de virer au référendum pour ou contre M. Macron, bien loin donc d’être gagné 1482558-madrid-nombreux-drapeaux-espagnols-ornent.jpgpour le président. Quant aux attaques visant les pelés, les galeux (M. Macron lui-même parlait de « lèpre » - Quimper, juin 2018), elles sont contre-productives : non seulement le populisme continue de monter un peu partout en Europe (dernier exemple : la percée en Andalousie du parti Vox, ouvertement de « droite réactionnaire », percée qui le place dans une position incontournable) mais, désormais, à l’initiative de M. Salvini, les populistes tentent de s’organiser au plan européen dans la perspective du prochain scrutin, faisant ainsi du Macron contre M. Macron, lequel risque de se retrouver dans la fâcheuse situation de l’arroseur arrosé. ■

  • Justice & Royauté • Camille Pascal : Saint louis et son chêne expliqué aux « historiens de garde »

    Saint Louis rendant la justice sous le chêne de Vincennes, Pierre-Narcisse Guérin, Musée des Beaux-Arts d'Angers

     

    Par Camille Pascal     

    Au cours de l'Émission politique, François Fillon a été prié de se prononcer sur la crédibilité de Saint Louis rendant la justice sous son chêne. Dans cette remarquable tribune [Figarovox 24.03] Camille Pascal montre comment cela est révélateur du rejet des intellectuels contemporains à l'égard de toute référence au roman national. Beaucoup de choses ont disparu en même temps que la monarchie. A commencer par la vraie justice qui s'incarnait dans la personne du Roi et qu'il garantissait. Vint ensuite la justice révolutionnaire. On sait ce qu'elle fut et, somme toute, elle s'est prolongée ...  LFAR  

     

    3192984736.jpgIl est des émissions politiques qui ont marqué l'histoire de la télévision française, d'autres, l'Histoire contemporaine tout court, il est plus rare qu'elles aient provoqué un débat sur l'Histoire de France. L'Émission Politique, puisque tel est son nom, diffusée jeudi dernier sur France 2 et dont François Fillon était l'invité, marquera, à n'en pas douter, l'histoire de la télévision mais seuls les résultats du premier tour des élections présidentielles permettront de dire si elle aura joué un rôle dans l'histoire politique de notre pays. Néanmoins, une chose est sûre désormais, cette émission aura fait de l'Histoire de France un enjeu majeur de ce scrutin.

    Le « cabinet noir », chacun le sait, a toujours été depuis Monsieur Gabriel Nicolas de la Reynie, une prérogative du Lieutenant Général de Police et donc le domaine exclusif de la Maison du Roi. Quant à Christine Angot, malgré le tintement de ses bracelets, elle n'est pas, loin s'en faut, Madame de Staël, ni même Marguerite Duras dont elle a fait, ce soir-là, un pastiche pathétique. Pour autant, si l'Histoire affleurait déjà dans ces deux grands moments de télévision, elle n'était pas encore au centre du débat.

    Il a fallu attendre la confrontation entre le candidat et un professeur d'Histoire-Géographie au lycée de Nanterre, Madame Laurence de Cock, vice-présidente d'un étrange « Comité de Vigilance face aux usages publics de l'histoire » - on se demande bien en quoi l'Histoire qui constitue la mémoire collective des événements passés n'est pas d'usage public ? - pour que l'Histoire fasse son entrée en majesté sur le plateau de l'émission. Il s'agissait de condamner toute référence au fameux récit national qui est désormais considéré par certains intellectuels comme une sorte d'avant-poste du révisionnisme. L'échange fut courtois, presque respectueux de part et d'autre, alors même que les trois furies antiques, Tisiphone, Mégère et Alecton, continuaient à tournoyer autour des projecteurs quand madame Laurence de Cock demanda de but en blanc à François Fillon si la figure du Roi Saint-Louis rendant la justice sous son chêne lui paraissait « crédible » ?

    Le candidat des Républicains s'attendait certainement à tout ce soir-là sauf à devoir se prononcer sur la crédibilité de Saint-Louis... Chacun sait, pourtant, que l'image du Roi Saint-Louis rendant la justice sous son chêne dans les jardins du château de Vincennes n'est pas une invention de l'imagerie populaire, comme la barbe fleurie de Charlemagne par exemple, mais qu'elle est tirée du témoignage direct du fameux sire de Joinville (1224-1317), compagnon d'armes, conseiller et historiographe du Roi Saint-Louis. Ce personnage historique a donc non seulement existé mais il nous a laissé des souvenirs parfaitement crédibles qui sont encore aujourd'hui la principale source sur l'histoire de ce règne. Alors certes, comme toutes les sources qui sont à la disposition de l'historien, ce témoignage doit être soumis à une critique interne et externe, c'est-à-dire qu'il doit faire l'objet d'une analyse rigoureuse avant d'être confronté minutieusement aux autres sources disponibles. Il revient donc à l'historien d'expliquer dans quel contexte et surtout avec quel « outillage mental », selon la très belle expression de Lucien Febvre, le texte a été produit, mais dès lors que celui-ci n'est pas un faux, comme la donation de Constantin par exemple, il est par nature « crédible ».

    Le lecteur comprendra aisément qu'aux yeux de madame de Cock, le témoignage d'un noble et pieux chevalier franc du XIIIème siècle, croisé par-dessus le marché, soit hautement suspect mais il n'en demeure pas moins que le récit que Jean de Joinville a fait du Roi Saint Louis rendant la justice sous un chêne du bois de Vincennes est non seulement crédible mais parfaitement véridique. Peut-être faut-il rappeler à Madame de Cock, didacticienne et historienne du « fait colonial », que le Roi de France est au Moyen-Âge le principe de toute justice et qu'il peut donc à ce titre, non seulement faire la Loi, mais juger en lieu et place de magistrats qui n'étaient, en réalité, que ses délégués et qui perdaient de fait cette délégation en sa présence. Ainsi non seulement la scène du bois de Vincennes est-elle parfaitement crédible mais elle est évidemment très utile pour permettre de faire comprendre à des élèves de primaire ou du collège en quoi les rois de France étaient d'abord des « Rois de Justice ». C'est ce qu'avait parfaitement compris Ernest Lavisse, bête noire de Madame de Cock, et grand admirateur de Joinville.

    En s'interrogeant sur la « crédibilité » de ce témoignage, madame de Cock a fait preuve en vérité d'un très grand mépris non seulement pour le roi Saint-Louis, le sire de Joinville, mais au-delà pour tous ceux de nos ancêtres qui ont eu le tort, à ses yeux, de vivre au XIIIème siècle, de croire en Dieu et même en la Mission Divine de la France qui justifiait, alors, les Croisades. Il est vrai que les sujets du Roi Saint-Louis n'avaient pas la chance de lire Libération tous les jours ni même de pouvoir profiter de l'enseignement de madame de Cock.

    Ce dont cette enseignante, certainement dévouée, n'a semble t'il pas pris tout à fait conscience c'est qu'en s'interrogeant publiquement et d'un petit ton d'ironie sur la crédibilité d'un épisode parfaitement authentique de l'histoire du Roi Saint-Louis, elle a posé sur la civilisation française du XIIIème siècle le regard « colonial » que la IIIème République et ses instituteurs portaient sur les cultures, les récits et les croyances « indigènes » au début du XXème siècle. Regard condescendant et méfiant que cette historienne du « fait colonial » est, n'en doutons pas, la première à condamner. 

    « Non seulement la scène du bois de Vincennes est parfaitement crédible mais elle est très utile pour faire comprendre à des élèves en quoi les rois de France étaient d'abord des " Rois de Justice " ». 

    Camille Pascal           

  • Chantal Delsol et les dégats des idéologies...

              De Chantal Delsol, cette remarque pertinente dans le numéro d’avril de la Revue des deux mondes (qui consacre un dossier sur le thème : "Où va la droite ?") :

              "Dans les années soixante, soixante-dix, quatre-vingt, l’élite française, grisée par une volonté d’émancipation généralisée, croyait que nous pouvions impunément faire éclater les cadres de la famille, déstructurer l’école, conférer aux enfants une liberté de s’inventer sans critères ni modèles.

              Aujourd’hui, les "valeurs familiales" s’affichent au palmarès, la nécessité de l’autorité est réaffirmée à l’école et l’idée même de limite est devenue l’enjeu de débats. (…) L’envie est grande de soupirer : si on nous avait écoutés plus tôt, quels dégâts aurions-nous évités !"...

  • La Semaine de MAGISTRO, une tribune d'information civique et politique

    magistro_fr.jpgAprès des années d'errance et par-delà les appareils et les discours dits de droite, dits de gauche ou d'ailleurs, ...  revenons aux fondamentaux !


    Pour cela, MAGISTRO vous invite à lire : 

     
     Hubert de GEVIGNEY, Officier, contre amiral : Scandale
      Pierre COLLIGNON, Directeur général de l'IRCOM : Un impôt détourné
      Charles GAVE, Economiste et financier : Un système de rentes - Capitalisme de connivence et Libéralisme
      Ivan RIOUFO, Journaliste politique : La société civile, tuteur du monde politique
      Gérard-François DUMON, Géographe, professeur d'université à la Sorbonne :   L'immigration serait sous-estimée en France
    •  Eric ZEMMOUR, Journaliste politique : La triple fracture de la jeunesse française
      Roland HUREAUX, Essayiste : François et l'Europe
      Jean-Luc BASLE, Economiste : L’Europe au milieu du gué
    •  François JOURDIER, Officier, amiral : Rwanda, disparition d’un témoin clé

  • Sur TV Libertés, sortir du piège à Macron avec Jean Messiha et Nicolas Vidal – Le Samedi Politique.


    Les dernières élections ont été l’occasion de délégitimer l’intégralité de l’échiquier politique. Par une abstention historique, les Français ont clairement signifié qu’une large partie d’entre eux ne voulaient plus participer à ce qu’ils considèrent être une mascarade. Si le parti présidentiel d’Emmanuel Macron est sans doute la formation qui a payé le plus lourd revers du scrutin, le Rassemblement National, 1er mouvement d’opposition, n’a pas brillé.

    De quoi bouleverser les projections pour 2022 ?

    Avec un président sortant soutenu par les élites mondialisées et les médias et une opposition dispersée, sommes-nous condamnés à cinq années supplémentaires ?

    Jean Messiha, le président de l’Institut Apollon, et Nicolas Vidal, le fondateur de Putsch Média, débattent ensemble de la situation politique française et des violences qui montent. Ils décryptent les carences des partis politiques et les flottements mal compris du Rassemblement National de Marine Le Pen. Un numéro sans pitié.

  • Au cinéma : Elvis, par Guilhem de Tarlé

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    A l’affiche : Elvis,  un film américain de Baz Luhrmann, avec Austin Butler et Olivia DeJonge (Elvis et Priscilla Presley) et Tom Hanks (le Colonel Tom Parker).

     

     

     

     

    guilhem de tarlé.jpgJe ne suis pas rock n’roll, et j’ai passé mon adolescence et ma jeunesse avec Brassens, Brel, Barbara, Aznavour, Mouloudji, Juliette Gréco, Henri Tachan, Maurice Fanon, éventuellement les « yés yés », bref la chanson française davantage qu’Elvis Presley, Paul Anka, Fats Domino, les Beatles ou Rolling Stones.

    Je ne sais donc rien du « King » et n’ai jamais entendu parler du Colonel Parker.

    En ce sens ce biopic certainement intéressant ne peut être qu’apprécié par les fans de ce chanteur ou de cette musique…

    Sans doute Austin Butler incarne-t-il parfaitement le personnage, et la mise en scène, particulière, peut-elle plaire…

    Il n’empêche que, contrairement à mon épouse, je ne suis pas entré dans le film, et n’ai donc pas apprécié à sa juste valeur ce regard sur l’Amérique des années 50, 60 et 70.

  • Paris, jeudi 25 Avril...

    Les Éveilleurs

     

    Le grand oral des Européennes

    À l’occasion des élections européennes, Les Éveilleurs préparent LA grande soirée politique de l’année sur le thème “L’Union Européenne contre les nations ?”.

    Nous avons réussi à organiser une soirée inédite en réunissant les trois candidats de la droite, ce qui annonce d'ores et déjà un événement grandiose !

    En effet, Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement National, Marion Maréchal, tête de liste Reconquête!, et François-Xavier Bellamy, tête de liste Les Républicains, ont accepté de se soumettre à un grand oral sur cinq sujets majeurs : la politique internationale, l’immigration, la transition écologique, l’éducation et l’agriculture.

    Le jeudi 25 avril, la droite politique française sera rassemblée à Paris (La Palmeraie, XVe arrondissement) !

    N’hésitez plus, prenez vos places dès maintenant et venez écouter #LeGrandOral des candidats !

    JE PRENDS MES PLACES
     
  • Alain de Benoist : « De saint Thomas d’Aquin au pape François, l’Église a toujours dénoncé le règne de l’argent »

     

    A l'heure de la visite du pape François aux Etats-Unis, dont celui-ci ne manquera pas de critiquer le consumérisme et où il serait étonnant qu'il ne dénonce pas le règne de l'argent, l'un des piliers de la société américaine et moderne, sinon le plus fondamental, la réflexion d'Alain de Benoist sur ces sujets nous paraît opportune et juste. Sans remonter plus avant dans le cours de l'histoire des idées, rappelons que la critique de l'Argent-Roi est au cœur de l'Avenir de l'Intelligence de Maurras, l'un de ses maîtres-livres; au cœur, aussi, de la politique et de l'anthropologie d'un Pierre Boutang. Alain de Benoist nous rappelle ici, à juste titre, que cette critique est beaucoup plus ancienne; qu'elle s'enracine dans une certaine sagesse éternelle, ou philosophia perennis; et que, en ce sens, elle s'oppose radicalement à la modernité. Nous partageons ces analyses.  LFAR   

     

    1530443371.jpgLa sagesse chinoise nous dit que si l’argent peut être un bon serviteur, il sera toujours un mauvais maître. Tout ne dépend-il pas en réalité de l’usage qu’on en fait ? Et d’ailleurs, tout le monde n’en a-t-il pas besoin ?

    On a aussi besoin tous les jours de papier toilette, mais on ne le sacralise pas pour autant ! Ceux qui s’imaginent que l’argent est « neutre » sont les mêmes qui croient que la langue n’est qu’un moyen de communication (alors qu’elle est avant tout porteuse d’une conception du monde) et que la technique est bonne ou mauvaise selon l’usage qu’on en fait (alors que, quel que soit cet usage, elle implique un rapport au monde qui lui est propre).

    Pris dans son essence, l’argent peut être défini comme l’équivalent universel. Il est ce qui permet de réduire toutes les qualités à une quantité, c’est-à-dire à un prix. Il est ce qui montre en quoi toute chose peut être regardée comme semblable à n’importe quelle autre. L’argent, d’autre part, est une médiation sociale, où la liberté individuelle s’identifie à l’objectivation des relations d’échange (l’individu se projette dans la prestation monétaire), comme l’a bien montré Georg Simmel dans sa Philosophie de l’argent. La monnaie elle-même n’est jamais seulement une monnaie. L’euro, par exemple, est aussi une forme subtile de gouvernance permettant d’équarrir le salariat en liquidant les acquis sociaux.

    La condamnation de l’argent court tout au long de l’histoire européenne, depuis la critique aristotélicienne de la chrématistique, c’est-à-dire de l’accumulation de la monnaie pour elle-même, jusqu’au pape François qui, dans La Joie de l’Évangile (2013), dénonçait le « fétichisme de l’argent » et la « dictature de l’économie sans visage ». Thomas d’Aquin n’écrivait-il pas déjà que « le négoce, envisagé en lui-même, a quelque chose de honteux » (Somme théologique) ?

    Mais le « règne de l’argent », qu’est-ce que cela signifie exactement ?

    Le règne de l’argent, c’est la transformation de toute chose en son équivalent monétaire, c’est-à-dire en son prix. C’est aussi la substitution de richesses marchandes et artificielles aux richesses premières offertes par la nature. C’est enfin la mise en place d’un monde où toutes les finalités pratiques sont considérées comme interchangeables, et qui se détache des finalités pour s’investir dans la rationalisation des moyens. Tout cela s’opérant au nom des « lois du marché ».

    Le marché au sens moderne du terme n’a évidemment rien à voir avec les anciens marchés de village. Il désigne un système supposé autorégulateur et autorégulé, mais en réalité institué dans l’Histoire, qui tend à devenir aujourd’hui le paradigme de toutes les activités humaines, publiques et privées : marché du mariage, marché politique, marché de la santé, etc.

    Les fondateurs du libéralisme (Adam Smith, Quesnay, Mandeville, etc.) affirment tous que le marché est la forme naturelle de l’échange car l’homme est fondamentalement un Homo œconomicus, naturellement toujours porté à rechercher son utilité (son meilleur intérêt matériel), en d’autres termes un agent autonome et rationnel dont tous les actes obéissent à la logique marchande. La vertu sociale se trouve ainsi disqualifiée, les vices privés étant censés faire le bonheur public (c’est le thème de l’« harmonisation naturelle des intérêts » sous l’effet de la « main invisible » de la « concurrence libre et non faussée », nouvel avatar de la Providence). Rien ne doit plus entraver la recherche du profit. L’activité économique justifie la cupidité et devient la raison même de la vie.

    Partant de là, il est aisé de comprendre comment le capitalisme a pénétré tous les aspects de la vie pour les soumettre à la règle du « toujours plus » : l’illimitation de la marchandise répond à celle de désirs immédiatement transformés en besoins. L’argent sert à produire des marchandises qui produisent encore plus d’argent. La valeur d’échange prend le pas sur la valeur d’usage, et la « loi du marché » s’impose partout : marché des joueurs de football, marché de l’art contemporain, marché immobilier, marché du travail, marché des organes, des cellules souches, des embryons, des mères porteuses, etc. Et les paysans, successivement transformés en « agriculteurs », puis en « producteurs agricoles », ne sont pas les derniers à être victimes de cette loi du profit qui ne leur laisse que la liberté de crever.

    Hier surtout industriel, le capitalisme est devenu aujourd’hui fondamentalement financier ? Est-ce la raison pour laquelle nous sommes en train de passer, pour reprendre les mots du Vatican, d’une économie de marché à une société de marché ?

    Dans son livre récent, Ce que l’argent ne saurait acheter, Michael Sandel s’interroge sur une société où tout ce qui échappait auparavant aux « lois du marché » (la terre, l’art, la culture, le sport, la socialité élémentaire) leur est désormais soumis. « Devons-nous admettre, écrit-il, que l’on paie des chômeurs pour qu’ils fassent la queue à notre place, que la Sécurité sociale paie les fumeurs ou les personnes en surpoids pour qu’ils se prennent en main, que les enfants reçoivent de l’argent de l’école quand ils ont de bons résultats scolaires, que les prisonniers puissent payer pour avoir de meilleures cellules ? Voilà quelques-unes des questions bizarres, mais fondamentales, auxquelles nous soumet l’extension du marché. » Sandel montre ensuite que, lorsque l’argent régit toutes les transactions sociales, les incitations monétaires peuvent avoir l’effet inverse de celui escompté, car l’argent érode la valeur des biens auxquels il permet d’accéder (payer un enfant pour qu’il aille à l’école porte atteinte à la notion même de l’éducation).

    Une société qui n’est plus affaire que de contrats juridiques et d’échanges marchands n’est tout simplement pas viable, car les contrats et les échanges ne se suffisent jamais à eux-mêmes et ne sauraient donc fonder une société. Le système de l’argent périra par l’argent, ce dont on pourrait bien s’apercevoir bientôt.

    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier - Boulevard Voltaire

  • Brexit : l'art de diaboliser les dissidents

     

    Mathieu Bock-Côté

    a publié sur son blog [27.07] une réflexion profonde qui nous intéresse particulièrement, nous qui devrions être classés parmi les opposants fondamentaux au système dominant. Mathieu Bock-Côté est, selon l'expression de Michel de Jaeghere, « mieux qu'un réactionnaire, un antimoderne », lorsqu'il constate « le caractère illusoire de la démocratie dans laquelle on pense évoluer ». Et lorsqu'il ajoute : « On s’imagine qu’en démocratie, le peuple est souverain. C’est de plus en plus faux. » Ainsi, comme jadis Bainville ou Maurras, Mathieu Bock-Côté dissipe les nuées qui nous enveloppent. Il faut en être reconnaissant, selon nous, à ce jeune intellectuel brillant, mais surtout perspicace et profond. Il n'est pas le seul de sa génération. Et c'est une grande chance.  Lafautearousseau 

     

    Mathieu Bock-Coté.jpgLe référendum sur le Brexit a été un formidable révélateur du caractère illusoire de la démocratie dans laquelle on pense évoluer. On s’imagine qu’en démocratie, le peuple est souverain. C’est de plus en plus faux. On constate ces jours-ci ce que veut dire évoluer dans un système idéologique qui se prend pour le seul visage possible de la réalité – un système idéologique qui s’incarne dans un régime politique avec des capacités coercitives variées et bien réelles, et qui prétend mater le peuple au nom de la démocratie. Autrement dit, derrière les institutions démocratiques, il y a une idéologie à laquelle nous devons obligatoirement adhérer. Et ceux qui n’y adhèrent pas pleinement sont sous surveillance. Ce qui m’intéresse, ici, c’est le statut réservé à l’opposition dans le système idéologique dans lequel nous vivons. Je distinguerais, essentiellement, deux figures possibles de l’opposition. 

    Les opposants modérés 

    Il y a d'un côté les opposants « modérés », « respectables », « responsables » : ce sont les opposants qui ne contestent pas les principes même du système dans lequel nous vivons mais qui demandent seulement qu'on les applique avec modération, qu'on évite les excès idéologiques. Devant l’enthousiasme progressiste, ils n’opposent pas une autre philosophie. Ils opposent généralement leur tiédeur, ou à l’occasion, un certain scepticisme sans dimension politique. Mais fondamentalement, ils évoluent dans les paramètres idéologiques et politiques prescrits par l'idéologie dominante : ils n'en représentent qu'une version plus fade. Évidemment, les êtres humains ne sont pas toujours parfaitement domestiqués par le système idéologique dans lequel ils vivent. Si de temps en temps, les opposants modérés se rebellent un peu trop contre l'idéologie dominante, on les menace clairement : ils jouent avec le feu, flirtent avec l'inacceptable et seront relégués dans les marges du système politico-idéologique, avec une vaste compagnie d'infréquentables. 

    Par ailleurs, le système idéologique dominant n’est pas statique : il a tendance à toujours vouloir radicaliser les principes dont il se réclame. Un système idéologique a tendance, inévitablement, à vouloir avaler toute la réalité pour le reconstruire selon ses préceptes. D’une génération à l’autre, le progressisme étend son empire et tolère de moins en moins que des segments de la réalité s’y dérobent. Ce qui veut dire que l’opposition « modérée » doit s’adapter si elle veut demeurer « modérée » et dans les bonnes grâces du système idéologique : ses positions aujourd’hui considérées modérées seront peut-être demain considérées comme inacceptables puisque le consensus idéologique dominant aura évolué. Ce qui encore hier était toléré peut être aujourd’hui inimaginable ou simplement interdit. Par exemple, la défense de la souveraineté nationale est devenue une aberration idéologique aujourd’hui. Celui qui s’entête sur cette position encore hier tolérable mais aujourd’hui disqualifiée moralement deviendra un extrémiste malgré lui, même si ses convictions fondamentales n’ont jamais varié.

    En gros, l’opposition « modérée » et respectable, celle qui a mauvaise conscience d’être dans l’opposition mais qui s’y retrouve pour différentes raisons, doit toujours être vigilante et sur ses gardes pour parler le langage du système idéologique. Il lui suffit d’un écart de langage pour d’un coup subir une tempête médiatique en forme de rappel à l’ordre. Elle devra aussi de temps en temps donner des gages de soumission en partageant les indignations mises en scène par le système idéologique dominant : fondamentalement, l’opposition doit toujours rappeler qu’elle voit le monde comme le système idéologique dominant veut qu’on le voit, et se contenter de faire quelques petites réserves mineures qui souvent, même, passeront inaperçues. Dans son esprit complexé, il lui suffira à l’occasion de déplacer une virgule dans une phrase pour se croire emportée par la plus admirable audace.

    Les opposants « radicaux »

    Il y a une deuxième catégorie d’opposants : appelons-les opposants « fondamentaux » : ils ne sont pas seulement en désaccord avec l’application plus ou moins heureuse des principes du système idéologique dominant. Ils les remettent en question ouvertement. En d’autres mots, ils remettent en question un aspect fondamental du système et par là, son économie générale : ils se situent à l’extérieur du principe de légitimité qui traverse les institutions sociales et politiques et le système médiatique. Le système les désigne alors non pas comme des opposants respectables avec lesquels on pourrait discuter mais comme des radicaux, des extrémistes, des fanatiques, et en dernière instance, comme des ennemis du genre humain (ou du progrès humain). Ils sont disqualifiés moralement, on les présente comme les représentants d'une humanité dégénérée, avilie par la haine. Les sentiments qu’on leur prête sont généralement mauvais : nous serons devant la part maudite de l’humanité et on les associera aussi aux pires heures de l’histoire.

    Je note qu’on les désigne souvent d’un terme dans lequel ils ne se reconnaissent pas eux-mêmes. Ainsi, les partisans de la souveraineté nationale dans le débat sur le Brexit ne seront pas désignés comme des souverainistes, ni même comme des eurosceptiques, mais comme des europhobes – cette phobie référant aussi évidemment aux autres phobies qu’on leur prêtera par association. Mais c’est qu’il faut leur coller une étiquette bien effrayante pour faire comprendre au peuple qu’on se retrouve devant des mouvements ou des courants politiques peu recommandables et franchement détestables. S'il doit à tout prix en parler, le système médiatique devra faire comprendre à tout le monde que ceux dont ils parlent ne sont pas des gens respectables. Plus souvent qu’autrement, on les diabolisera. Dans certains cas, on les censurera moralement. Ou même légalement. Tous les moyens sont bons pour éviter que les opposants fondamentaux ne sortent des marges et quittent la seule fonction tribunicienne dans laquelle ils étaient cantonnés.

    Évidemment, il arrive que les événements débordent du cadre dans lequel on voulait les contenir. Il arrive que l’imprévu surgisse dans l’histoire : tout était supposé se passer d’une certaine manière, puis le peuple inflige une mauvaise surprise aux élites. Il arrive que le peuple s’entiche d’un vilain. Si jamais les opposants fondamentaux se rapprochent du pouvoir, on mobilisera la mémoire des pires horreurs de l’histoire humaine pour alerter le peuple contre ces dangereux corsaires. Et si jamais, par le plus grand malheur, ils parviennent à gagner politiquement une bataille, même en suivant les règles prescrites par le système idéologique, par exemple un référendum visant à sortir leur pays de l’Union européenne, on cherchera à neutraliser leur victoire, à la renverser et on fera preuve d’une immense violence psychologique et médiatique à l’endroit du peuple qui se serait laissé bluffer par les démagogues.

    De ce point de vue, on l’aura compris depuis le 24 juin, les Brexiters sont considérés comme des opposants fondamentaux, contre qui tout est permis. Leur victoire a frappé le système idéologique dominant dans ses fondements. Il faut donc annuler le référendum, le désamorcer politiquement, mettre en place un récit qui transforme un choix démocratique en aberration référendaire qui ne devrait pas hypothéquer l’avenir. Dans les prochains jours, dans les prochaines semaines, on peut être assurés que nos élites feront tout pour mater ce qu’il considère comme une rébellion inadmissible de la part de ceux qu’ils tenaient pour des proscrits et des malotrus. Pour nos élites, le référendum n’est qu’un accident : c’est un mauvais moment à traverser. Ne doutons pas de leur résolution à faire tout ce qu’il faut pour reprendre la situation en main. 

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d' Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.   

    Le blog de Mathieu Bock-Côté

  • Franck Ferrand persiste et signe, par Bruno Stéphane-Chambon.

    Franck Ferrand ! Historien, digne héritier de George Lenôtre (qui, par ses anecdotes, nous a ouvert les petites portes de l’histoire, pour mieux comprendre la grande épopée nationale) et d’André Castelot et Alain Decaux, remarquables coryphées de notre culture nationale.

    5.jpgAprès son “conte politique” sur Jeanne d’Arc, L’Année de Jeanne (Plon), qui revisitait l’épopée de l’héroïne en la resituant à notre époque contemporaine, il nous livre un recueil de ses articles parus dans Historia. Naturellement, on retrouvera sa méthode qui consiste à mettre en doute les versions officielles de l’Histoire, à en prendre même parfois le contrepied, mais toujours avec verve.

    Sont réunis vingt histoires, vingt destins. En vrac, mais plus particulièrement proches de nous, la révolte des sabotiers (révolte évoquant les Gilets Jaunes), les bûchers oubliés de François Ier, Colbert, l’ambitieux sans limites, la belle Aïssé, égérie de la Régence, le mystère Stradivarius, l’énigme Louis XVII, Bonaparte prend le pouvoir, 1820 : le duc de Berry se meurt, et enfin, le sac du palais d’Eté de Pékin. Il ne s’agit pas d’une relecture de l’Histoire, mais d’une promenade brillante au travers des lacis mystérieux des forêts de la mémoire.

    Franck Ferrand, Portraits et destins. Perrin/Historia, 2021, 300 p., 17 €.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Éphéméride du 27 Février

    27 fevrier,chartres,henri iv,reims,guyane

    Capture d'écran, film "Jésus de Nazareth", de Franco Zefirelli

     

    36 : Date possible du départ de Judée de Ponce Pilate, qui doit aller se justifier devant l'Empereur Tibère...

     

    Ponce Pilate ne le sait pas encore, mais, arrivé à Rome en 37 - Tibère étant mort entre-temps - le nouvel empereur, Caligula, va le nommer en Gaule, à Vienne, où il mourra; et le même Caligula va également exiler en Gaule - à Saint Bertrand de Comminges -  le roi Hérode Antipas, qui y mourra également.

    Ainsi, deux des trois puissants qui ont eu à juger Jésus de Nazareth viendront-ils finir leurs jours dans ce pays qui n'est pas encore la France, mais qui va le devenir peu à peu...

    Seul le Grand prêtre Joseph Caïphe restera à Jérusalem, pour y mourir. Encore son sort se trouve-t-il - d'une certaine manière - associé à celui des deux autres puisqu'il fut, lui aussi, déchu de sa fonction par le même légat de Syrie, Vitellius - nommé par l'empereur Tibère - qui contraignit Ponce Pilate à aller rendre compte de sa gestion, très critiquée, devant l'empereur, à Rome.

    Petit retour en arrière...

    Ponce Pilate avait été nommé Préfet de Judée par Tibère. Qui nomma également, par la suite, Lucius Vitellius Légat de Syrie.

    Vitellius, mécontent de Pilate et de Caïphe - le Grand Prêtre - destitua le second et obligea le premier à aller se justifier devant l'empereur Tibère, à Rome.

    À la même époque, mais de sa propre initiative, l'ambitieux roi Hérode partit aussi pour Rome, afin de se concilier les bonnes grâces de l'empereur; mais, on l'a vu, mal lui en prit.

    Cet Hérode Antipas est le fils du roi Hérode le Grand, celui qui reçut les Mages, cherchant le roi des Juifs, dont ils avaient vu se lever l'étoile. Il leur demanda de venir le voir, une fois qu'il l'auraient trouvé, afin qu'il puisse, lui aussi, aller l'adorer, mais eux - disent les Évangiles - avertis en songe, rentrèrent dans leurs pays par un autre chemin. Furieux, Hérode fit périr tous les nouveaux-nés : ce fut le massacre des innocents...

    Son fils, Hérode Antipas, avait une personnalité et des moeurs assez troublantes : il fit décapiter Jean le Baptiste, afin de complaire à sa nièce et  épouse, Hérodiade - qu'il avait enlevée à son demi-frère... -  mais aussi et surtout à Salomé, la fille qu'Hérodiade avait eue avant de l'épouser, et dont il était secrètement amoureux.

    Puis c'est à lui que le Sanhédrin et Caïphe envoyèrent Jésus,  pour le juger (photo ci-dessus).  

    Mais comme le vrai pouvoir appartenait aux Romains, et que ni le Sanhédrin ni le roi fantoche Hérode n'avaient le pouvoir de condamner Jésus, Hérode l'envoya à Pilate...

    Les deux acteurs/témoins non-chrétiens de l'Affaire Jésus restèrent à peine deux ans en Gaule : arrivés en 37, ils disparurent tous deux dans le courant de l'année 39 :

    Ponce Pilate à Vienne, où il serait tombé d'une falaise ("aidé à tomber", il aurait plutôt été poussé, selon de tenaces traditions orales...) : le mont Pilat perpétuerait son souvenir;

    et Hérode Antipas à Saint-Bertrand de Comminges (appelée alors Lugdunum Convenarum). 

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    Dion Cassius, Eusèbe de Césarée et Flavius Josèphe (dans ses Antiquités judaïques et dans La Guerre des Juifs) sont les principales sources traitant de ces événements lointains; s'ils se contredisent parfois, ou émettent des affirmations confuses ou incomplètes, le recoupement de leurs affirmations permet cependant d'arriver à une certitude d'ensemble : ainsi, par exemple, Flavius Joseph indique d'abord (dans les Antiquités judaïques) qu'Hérode fut exilé "à Lugdunum", et donc certains pensèrent qu'il fut exilé avec - ou "à côté de" - Ponce Pilate, dans l'actuelle ville de Lyon; mais, ensuite, dans La guerre des Juifs, le même Flavius Josèphe affirme que c'est "en Hispanie" que fut exilé Hérode : les frontières étant moins précises à l'époque qu'aujourd'hui, il ne peut donc plus s'agir que de Lugdunum convenarum, devenue Saint-Bertrand de Comminges, tout à côté de l'Espagne actuelle, et non pas de la "grande" Lugdunum, la Lyon d'aujourd'hui...

    Ainsi donc, parmi les autres nations chrétiennes, c'est un sens particulier que prend, en Gaule - puis en France - l'expression "racines chrétiennes" : car, on vient de le voir, dès les débuts de la religion chrétienne, la Gaule fut associée, si l'on peut dire, et quelle qu'en soit la façon - en l'occurrence, paradoxale, pour employer un terme philosophique - à la nouvelle religion, qui n'allait pas tarder à devenir celle du peuple presque tout entier, par l'évangélisation : avec Saint Irénée, qui avait connu Polycarpe, disciple de Saint-Jean l'évangéliste (voir l'Éphéméride du 28 juin), ce sont des représentants des tous premiers disciples - et non plus seulement deux des trois acteurs/témoins des débuts du christianisme - qui arrivent en Gaule : saint Irénée, arrivé en 157, rejoint Pothin, à Lyon, dont il devint le deuxième évêque, puisqu'il succéda à Pothin, victime (avec Blandine et ses compagnons) de la grande persécution de Marc-Aurèle en 177. 

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    Le mont Pilat est situé dans le département de la Loire, au sud-est de Saint-Étienne et au sud-ouest de Vienne et Givors :  simple accident, suicide, ou bien "aidé à tomber", c'est de ce mont Pilat que Ponce Pilate - qui lui a donné son nom - aurait "chuté" en 39, cette même année qui vit disparaître également son comparse/complice dans "l'affaire Jésus" : le roi Hérode Antipas...

    27 fevrier,chartres,henri iv,reims,guyanehttp://www.interbible.org/interBible/decouverte/archeologie/2007/arc_070316.htm 

     

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    303 : Célébration de Sainte Honorine

     

    Martyrisée  au IVème siècle, durant la dernière persécution romaine, Honorine était originaire de la tribu gauloise des Calètes (Pays de Caux). Mise à mort à Lillebonne, son corps fut jeté dans la Seine toute proche, puis recueilli à Graville (actuel quartier du Havre) où elle fut enterrée.

    Elle serait restée fort peu connue du grand public - à l'exception des diocèses de Rouen et Bayeux - s'il n'y avait eu... les invasions Vikings, dans ce qui n'était pas encore la Normandie, et beaucoup plus loin encore : pour échapper aux envahisseurs, les habitants remontèrent le fleuve, dépassèrent Paris, et apportèrent le corps de "leur" sainte à Conflans, au confluent de la Seine et de l'Oise, qui devint ainsi Conflans-Saint-Honorine, et demeure aujourd'hui la capitale française de la batellerie...

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    Dans "la première ville de province à deux pas de Paris", les reliques de Sainte Honorine se trouvent dans l'église Saint Maclou... 

     http://www.conflans-sainte-honorine.fr/decouvrir-et-sortir/decouvrir-la-ville/histoire/

     

     

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    1594 : Henri de Navarre est sacré roi en la cathédrale de Chartres, et devient Henri IV

     

    Après l'assassinat d'Henri III, avec qui il assiégeait Paris (voir l'Éphéméride du 30 juillet), Henri III de Navarre est devenu roi légitime de France, sous le nom d'Henri IV, premier "roi de France et de Navarre"...

    Mais il lui est impossible d’organiser la cérémonie à Reims puisque la ville se trouve encore sous l’autorité des Guise, maîtres de Paris et chefs incontestés de la révolution catholique de la Ligue.

    Le roi, qui vient de se convertir, agit dans une logique politique : il espère ainsi mettre fin au pouvoir de la Ligue, qui ne pourra plus s’opposer à un roi devenu catholique.

    Dans cette optique, il recevra l’absolution du pape en 1595 (voir l'Éphéméride du 18 septembre).

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    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XI, Henri IV restaure la monarchie et relève l'État :   

    "...La ligue fut une révolution catholique mais une révolution. Et Michelet a écrit ce mot qui va loin : "La Ligue donne pour deux cents ans l'horreur de la République." Au siècle suivant, cette horreur sera renouvelée par la Fronde.

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    À la mort d'Henri III , la France, au fond d'elle-même, aspirait au retour de l'ordre. On se représente ce que trente ans de guerres civiles avaient déjà coûté. Quatre millions d'hommes peut-être. Et que de ruines ! "Pitié, confusion, misère partout", disait Henri IV. Le plus grand des maux, cause de tout, c'était encore l'anarchie. Qui gouvernerait ? La Ligue à Paris, et dans la plupart des grandes villes. Et l'esprit républicain des ligueurs ne le cédait guère à celui des protestants. Dans les provinces, des gouverneurs se taillaient des principautés. Le gouvernement légitime, régulier, n'était plus qu'un parti, celui des royalistes, et il s'en fallait de beaucoup qu'il fût le plus fort. Il avait pourtant l'avenir pour lui, comme le distingua tout de suite le Sénat de la République de Venise, qui fut la première puissance en Europe à reconnaître Henri IV.

    Sans l'affaire de la religion, Henri de Bourbon n'aurait pas eu de peine à reconquérir son royaume. Il dut à la fin se convaincre que, si la France désirait un roi, elle ne voulait qu'un roi catholique. Choisir l'heure de la conversion, c'était la difficulté. Henri IV eût préféré ne se convertir que vainqueur, librement. S'il avait abjuré dès le lendemain de la mort d'Henri III, comme on l'en pressait, tant de hâte eût été suspecte. Il n'eût pas été sûr de désarmer les ligueurs et de rallier tous les catholiques, tandis que les protestants, qui déjà n'avaient en lui qu'une confiance médiocre, l'eussent abandonné. Pour ne pas tout perdre, il devait courir sa chance, attendre d'être imposé par les événements.

    La joie de Paris à la nouvelle du crime de Saint-Cloud, l'exaltation du régicide par la Ligue, l'avertissaient assez que l'heure n'était pas venue. Dans sa déclaration du 4 août, il se contenta de jurer que la religion catholique serait respectée et que, dans les six mois, un concile déciderait de la conduite à tenir. Cette demi-mesure, peut-être la seule à prendre, ne contenta pas tous les royalistes dont certains refusèrent de le servir tandis qu'un grand tiers de l'armée protestante s'en alla, reniant ce parjure. Sans la noblesse, qui lui fut généralement fidèle et mérita bien de la France, il n'eût gardé que bien peu de monde autour de lui..."

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    Abjuration d'Henri IV
     
     

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    1984 : Le Belem classé Monument historique...
     
     
    Cet impressionnant navire sera observable des côtes du Golfe.
     

    https://www.fondationbelem.com/belem/histoire

    Entièrement restauré dans les années 1980, alors qu'il était dans un bien triste état, et près de sombrer dans l'oubli, voire la destruction, le Belem apporta la flamme olympique à Marseille, depuis la Grèce, à l'occasion des Jeux Olympiques de Paris, en 2024...

     
     
     
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    2007 : Création du Parc national de Guyane

     

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    3 janvier,sainte geneviève,paris,pantheon,attila,gaule,puvis de chavannes,huns,saint etienne du mont,larousse,joffreCette Éphéméride vous a plu ? En cliquant simplement sur le lien suivant, vous pourrez consulter, en permanence :

    la Table des Matières des 366 jours de l'année (avec le 29 février des années bissextiles...),

    l'album L'Aventure France racontée par les cartes (211 photos),

    écouter 59 morceaux de musique,

    et découvrir pourquoi et dans quels buts lafautearousseau vous propose ses Éphémérides  :

     

     

    lafautearousseau

  • FÊTES & TRADITIONS • Jours fériés : une tradition à préserver !

    Carnaval de Nice, bataille des fleurs 

     

    arton8470-7b8cd.jpgLa question du temps de travail est régulièrement relancée depuis quelques années, en particulier au mois de mai, lorsque se succèdent les jours de congé, de la fête du travail au lundi de Pentecôte : ainsi, les libéraux dénoncent-ils leur nombre, trop élevé à leur goût, tout comme ils prônent une plus large banalisation du dimanche, avec des arguments répétés mille fois, même lorsqu'ils sont contredits par la réalité visible dans d'autres pays ou par de simples réflexions de bon sens.

    Sur cette question comme sur d'autres, il faut éviter quelques pièges, du conformisme étroit à l'économisme réducteur, de la facilité (voire de la paresse...) intellectuelle au carcan dogmatique. Comme en d'autres domaines, il faut faire preuve d'une certaine souplesse, ce qui n'interdit pas la rigueur de la réflexion.

    Alors, doit-on réduire le nombre de jours de congé actuels en considérant, comme les calculateurs patronaux du Medef, que « 2 jours de congé en moins, c'est 100.000 emplois en plus » ? Ma réponse est non, mais cette opposition n'empêche pas des aménagements, bien sûr, qui tiennent compte des conditions particulières de chaque profession et secteur d'activités, voire lieux de celles-ci : le tourisme n'a pas forcément le même calendrier que l'enseignement ou que l'industrie.

    L'argument du Medef ne tient pas, ne fait, et cela pour quelques raisons simples : tout d'abord, le nombre des jours véritablement fériés varie, en fait, d'une année sur l'autre, et l'an prochain, par exemple, deux d'entre eux tomberont un dimanche en mai (la fête du travail et la fête de la victoire de 1945), ce qui en limite forcément l'impact et, par ricochet, les retombées économiques pour les régions ou secteurs touristiques, en particulier littoraux : pas certain que cela soit forcément une bonne nouvelle pour l'emploi et les revenus de la côte normande qui profitent largement de la clientèle francilienne en cette saison... D'autre part, dans le passé, il n'a pas été constaté qu'une année avec moins de jours fériés et avec plus de dimanches travaillés dans le commerce et la grande distribution, était plus fructueuse et que le chômage baissait de façon déterminante : les chiffres sont cruels pour le Medef et ses revendications quand on les regarde attentivement.

    De plus, le Medef semble oublier que, depuis une dizaine d'années au moins, les grands centres commerciaux ne respectent plus les jours fériés, à part Noël, le Jour de l'an et, souvent, le 1er Mai : cela a-t-il empêché la forte hausse du chômage dans le même temps ? Là encore, les chiffres parlent d'eux-mêmes... Sans oublier que, les classes moyennes s'appauvrissant dans notre pays, leurs capacités de consommation se réduisent d'année en année, et ce ne sont pas les clients étrangers qui suffiront pour inverser la tendance.

    Une dernière remarque : la robolution, qui nous est annoncée pour la prochaine décennie mais qui a déjà commencé, a tendance à remplacer un certain nombre d'emplois de service par des machines qui, elles, détruisent encore plus d'emplois qu'elles n'en créent et n'en maintiennent. En fait, la proposition du Medef m'apparaît comme une régression sociale et une méconnaissance des nécessaires équilibres humains, mais aussi une volonté d'en finir avec une tradition française qui privilégie le temps libre à l'argent gagné : contrairement à la tradition franklinienne du « Time is money », les Français ont tendance à préférer « prendre leur temps », et ce n'est pas un hasard si nos concitoyens sont ceux qui, en Europe, passent le plus de temps à table... Méconnaître cette particularité française, c'est nier une part de cette « unité d'être et de vivre » qui constitue ce que certains, à l'instar de Fernand Braudel, nomment identité de la France.

    Cette tradition française d'un temps qui n'est pas seulement consacré à gagner de l'argent mérite d'être cultivée : c'est aussi une bonne réponse à l'utilitarisme contemporain, trop souvent oublieux des êtres et des vies... 

    Jean-Philippe Chauvin

  • Pierre-André Taguieff : « Le pseudo ”nouvel antiracisme” n’est autre qu’une machine de guerre contre ”les Blancs” ».

    Gauchisme devenu fou

    Dans "L’Imposture décoloniale" (éditions de L'Observatoire), Pierre-André Taguieff dénonce les sectarismes qui menacent les valeurs républicaines au nom du "décolonialisme", cette idéologie "du tiers-mondisme dont les théoriciens ont remplacé la lutte des classes par la lutte des sexes et des races".

    8.jpgAtlantico : Vous publiez "L’Imposture décoloniale : science imaginaire et pseudo-antiracisme" aux Éditions de l’Observatoire. Les sectarismes menacent de plus en plus les approches scientifiques et les valeurs républicaines au nom du "décolonialisme". Comment en sommes-nous arrivés là ?

    Pierre-André Taguieff : Il s’agit, pour simplifier grossièrement, de la dernière mutation idéologique du tiers-mondisme et du gauchisme intellectuel, dont les théoriciens ont remplacé la lutte des classes par la lutte des sexes et des races, sous l’influence des néo-féministes misandres et des pseudo-antiracistes anti-Blancs étatsuniens. Pour ne pas paraître abandonner la classe, ils ont brandi le mot magique « intersectionnalité », qui tend à remplacer, dans le vocabulaire militant, la vieille « convergence des luttes ». Mais leur véritable ennemi a un double visage : le « système hétéro-patriarcal » et le « racisme systémique », qui se manifesterait par le « privilège blanc ».
        
    Les idéologues du postcolonialisme et du décolonialisme postulent que le racisme colonial est en quelque sorte une maladie héréditaire et contagieuse affectant les descendants des esclavagistes et des colonialistes, c’est-à-dire les « Blancs » qui vivent dans des sociétés dénoncées comme néo-esclavagistes et néo-colonialistes où les « dominés » seraient nécessairement « racisés ». Le racisme colonial serait donc une maladie qui s’hériterait et s’attraperait par simple contact, sur le mode d’une complicité, active ou passive, avec le « système » social raciste. Face à la supposée persistance du racisme colonial dans les sociétés postcoloniales, voire à l’extension indéfinie du racisme colonial qui s’appliquerait à de nouveaux groupes issus de l’immigration et formant de nouvelles « minorités racisées », un unique remède est prescrit : la dénonciation litanique, dans le jargon postcolonial respecté à la lettre (sous peine d’inefficacité), du racisme colonial. Discours « antiraciste » d’une pauvreté affligeante, pure expression de fantasmes victimaires diffusés par diverses minorités actives. C’est ce qu’il convenu d’appeler, dans ledit jargon, l’« antiracisme politique », instrument d’intimidation dont la principale fonction est de disqualifier toute critique du postcolonialisme/décolonialisme, en la réduisant à un indice de « racisme » ou à une expression du « privilège blanc ».

    Comment définissez-vous ce pseudo-antiracisme ?  

    Le prétendu « nouvel antiracisme », baptisé également « antiracisme politique » par les idéologues du décolonialisme, n’est autre qu’une machine de guerre contre « les Blancs » et la « société blanche ». Il dérive de la définition antiraciste du racisme fabriquée par des militants afro-américains révolutionnaires à la fin des années 1960, et connue sous diverses dénominations : « racisme institutionnel », « racisme structurel » ou « racisme systémique ». Il ne s’agit pas d’une conceptualisation du racisme, mais d’une arme symbolique qui consiste à réduire le racisme au racisme blanc censé être inhérent à la « société blanche » ou à la « domination blanche », celle-ci étant la seule forme de domination raciale reconnue et dénoncée par les néo-antiracistes. On en retient le message simpliste selon lequel la société blanche tout entière serait intrinsèquement raciste. Qu’ils le veuillent ou non, qu’ils en soient conscients ou non, « les Blancs » seraient des dominants et des « racisants », ce qui revient à nier les responsabilités individuelles non sans faire obstacle à l’identification des vrais coupables d’actions racistes.  

    Ce « nouvel antiracisme » recourt à des catégories raciales pour se définir dans ses fondements comme dans ses objectifs. D’où le paradoxe d’un antiracisme racialiste, voire raciste, dès lors qu’il puise, non sans violence verbale, à la thématique du racisme anti-Blancs. C’est pourquoi il serait plus adéquat de le caractériser comme un pseudo-antiracisme, et, plus précisément, comme un antiracisme anti-Blancs. Mais un antiracisme anti-Blancs, c’est un antiracisme raciste. Il faut arrêter de tourner autour du pot, et nommer clairement ce qui nous paraît intolérable.

    Sur quoi repose l’imposture des discours décoloniaux ?

    L’imposture tient d’abord à ce qu’il n’y a pas de « pensée postcoloniale » ni de « pensée décoloniale », ensuite à ce qu’il n’existe pas d’approches scientifiques se fondant sur un corps de concepts, de modèles d’intelligibilité et d’hypothèses qui constituerait la « théorie postcoloniale » ou la « théorie décoloniale ». On ne trouve pas de « chercheurs » dans ces domaines : ils ne cherchent pas puisqu’ils prétendent déjà tout savoir sur les questions qui les occupent, à savoir que les héritages de la traite atlantique et du colonialisme européen expliquent l’existence du « racisme systémique », c’est-à-dire du racisme « blanc », dans les sociétés occidentales contemporaines. Dans leurs écrits sur l’histoire de l’esclavage, on ne s’étonne pas de deux omissions significatives, portant l’une sur la traite intra-africaine, l’autre sur la traite arabo-musulmane. Ces angles morts trahissent leur parti pris idéologique.  

    Parmi les auteurs labellisés « postcolonialistes » ou « décolonialistes », on ne trouve que des écrivains et des universitaires d’extrême gauche politiquement engagés dans la critique, plus ou moins radicale, de l’histoire et de la pensée européennes avec des outils intellectuels empruntés à certains penseurs européens classés parmi les postmodernes ou les post-structuralistes, adeptes de la « déconstruction » des concepts philosophiques, à commencer par Jacques Derrida, le plus célèbre d’entre eux. Après la déconstruction du logocentrisme sous l’impulsion de Heidegger et celle du phallocentrisme sous la pression des féministes radicales, en passant par celle du phallogocentrisme, les déconstructeurs s’attaquent au « leucocentrisme » (de « leukós, « blanc »), en dénonçant le « privilège blanc ».

    Ces auteurs n’étudient pas sérieusement les thèmes et les questions qu’ils évoquent, ils les exploitent, et ce, à des fins autopromotionnelles – recherche de postes, d’une présence médiatique, etc. –, commerciales (création d’événements, de documentaires, d’expositions, etc.) ou politiques – faire pression sur les partis politiques pour qu’ils intègrent dans leurs programmes la lutte contre les discriminations visant les « minorités » et instaure un système légal de discrimination positive (affirmation action).

    L’imprégnation décoloniale a fait surgir un nouvel espace de l’extrémisme politique. Des groupuscules identitaires extrémistes s’érigent en tribunaux d’inquisition, censurent des œuvres et imposent des "déboulonnages". Quels sont les outils et les "armes" pour lutter intellectuellement et concrètement contre ce courant de pensée et ce mouvement ?

    La tâche des intellectuels est de soumettre le postcolonialisme et le décolonialisme à une double critique démystificatrice. Il faut montrer d’abord que ses idéologues ont produit une historiographie pseudo-scientifique, qui se réduit à un règlement de comptes avec le passé national prenant appui sur des sottisiers. Les véritables historiens du phénomène colonial ont pointé dans les écrits de ces activistes déguisés en historiens une somme d’inexactitudes flagrantes, d’erreurs plus ou moins volontaires, d’omissions, de falsifications des faits, d’amalgames (notamment avec le nazisme), de mensonges purs et simples, etc. Il faut analyser ensuite les exploitations politiques de ces dénonciations hyperboliques de l’héritage du colonialisme globalement criminalisé et érigé abusivement en clé ouvrant toutes les portes. Tout ne s’explique pas par les séquelles du racisme colonial, de l’impérialisme occidental, de la « domination blanche ». Et l’on ne saurait écrire l’histoire de la colonisation comme une histoire de l’extermination des peuples non européens. Cette historiographie mensongère, qui met l’Occident en accusation, alimente la pensée-slogan de ceux qui, extrémistes de gauche et islamistes, appellent à détruire la civilisation occidentale.

    Quelles menaces font peser le décolonialisme et ce que vous appelez le pseudo-antiracisme sur notre société et au cœur du débat d’idées ?

    Nous sommes bien en présence d’une nouvelle vision raciste du monde, qui a emprunté sa langue à l’antiracisme, non sans la déformer pour l’adapter à la guerre culturelle contre le « monde blanc ». En finir avec les discriminations raciales, c’est, pour les utopistes épurateurs qui veulent éliminer totalement le « racisme systémique », en finir avec la société crée par « les Blancs ». Un rêve inquiétant, aux accents génocidaires. Mais politiquement correct.

    En attendant le Grand Soir à la mode décoloniale, nous observons, dans l’espace intellectuel et culturel, une montée du soupçon et de l’intolérance, un sectarisme croissant, l’impossibilité de mener des débats fondés sur le respect de l’adversaire, le recours à la dénonciation criminalisante du contradicteur et à l’excommunication. Dans le corps social, l’offensive décoloniale suscite une accentuation de la fragmentation sociale, une aggravation de l’archipélisation de la France, le remplacement subreptice de la nation républicaine une et indivisible par une société multicommunautariste, une banalisation de la surdité intercommunautaire, une montée des violences entre minorités organisées, exclusives et rivales. La diabolisation et l’exclusion de l’autre, en tant que « raciste », devient la règle.
         
    Ces diverses mouvances constituées de délateurs et de justiciers paranoïaques trouvent leur cohérence profonde dans la désignation d’une cible unique, illustrant leur pensée essentialiste : « les Blancs » ou « le Blanc ». Leurs objectifs communs tiennent en trois mots : intimider, culpabiliser, épurer. Il faut à tout prix résister à l’intimidation, à la culpabilisation et à l’épuration.

    Résister jusqu’à défendre l’héritage occidental ?

    Face au ressentiment contre l’Occident et à l’hespérophobie désormais à la mode, il ne s’agit pas de donner dans l’autosatisfaction ni d’inverser la leucophobie en leucophilie.  Il faut sortir de ce jeu pathologique fondé sur la compétition des « contre » et des « pour ».  Les démocraties occidentales ne sont pas parfaites et elles doivent être critiquées pour leurs errements condamnables. Mais, loin d’être responsables de tous les malheurs du genre humain, elles ont au contraire barré la route aux tentations autoritaires et totalitaires. Quant à la civilisation européenne, qui a érigé la vérité et la liberté en valeurs suprêmes, on ne saurait sans mauvaise foi la condamner globalement comme criminelle. Les Européens (« les Blancs ») ont su procéder à la critique de leurs propres mythes en garantissant aux citoyens des États-nations démocratiques, à la suite de durs combats, la liberté de pensée, la liberté de conscience et la liberté d’expression. Ils ont su également apprendre de leurs erreurs, de leurs illusions et de leurs dérives criminelles. On doit reconnaître enfin, contre les inquisiteurs et les imprécateurs décoloniaux, que les divers apports positifs de la civilisation européenne ont fortement contribué à améliorer la condition humaine. Il n’y a pas à rougir de l’héritage européen, ni à s’excuser d’avoir la mauvaise couleur de peau.

    A lire aussi sur Atlantico, deux extraits de l'ouvrage :

    La menace de l’ethnicisation des problèmes sociaux et du séparatisme

    Les racines de l’imposture décoloniale

    Pierre-André Taguieff publie "L'imposture décoloniale : Science imaginaire et pseudo-antiracisme" aux Editions de l’Observatoire

    Lien vers la boutique, cliquez ICI et ICI

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    Source : https://www.atlantico.fr/

  • Nouveaux signes avant-coureurs du krach par Marc Rousset

    Bernard Arnault, le président de LVMH, vient de déclarer, dans Le Figaro : « Quant à la prochaine crise, nous sommes dans un monde économique où, en quelque sorte, la gravité a disparu. Les taux d’intérêt sont nuls, et l’argent coule à flots. Il n’y a pas eu de crise depuis 2008-2009, or je n’ai jamais connu de période de plus de dix ans sans crise. Tant que les taux d’intérêt sont bas, ça ira. Mais avec tout cet argent, le risque d’éclatement d’une bulle est réel. […] La situation ressemble à celle du début des années 2000, avant l’éclatement de la bulle Internet. » Quant à Ray Dalio, le président fondateur de Bridgewater, il est en train de parier à la baisse, sous forme d’options de vente, échéance mars 2020, 1,5 milliard de dollars pour une correction substantielle, d’ici mars 2020.

    4092873289.jpgLa crise du marché monétaire au jour le jour « repo » aux États-Unis couve toujours avec une injection de morphine quotidienne renouvelable de 100 milliards de dollars par la Fed. Le Financial Times, lui, s’inquiète pour le système des retraites dans le monde et particulièrement aux Pays-Bas, suite aux taux d’intérêt insuffisants de rendement pour les caisses de retraite, avec une probable diminution à venir des pensions. En France, la crise du financement des retraites n’est que l’arbre qui cache la banqueroute totale du pays, avec 2.500 milliards d’euros de dette publique impossible à rembourser et des intérêts tout aussi impossibles à régler, si les taux augmentent.

    La nouvelle politique du chèque d’Emmanuel Macron, qui augmente la dette au lieu de réduire les dépenses publiques, est suicidaire pour le pays. Il faut réduire la dette, même si les taux sont négatifs, car il faudra toujours rembourser le principal. Gérard Bekerman, le président de l’AFER, constate que l’État économisera, cette année, près de 5 milliards d’euros sur la charge de sa dette en France, mais que l’altruisme des épargnants a ses limites, d’autant plus que rien n’est figé en économie ; il reste convaincu que ces taux repartiront un jour à la hausse.

    Il ne faut donc pas s’étonner si ça bouge du côté de l’or, excellent baromètre partout dans le monde, de l’effondrement monétaire à venir : aux États-Unis, la Caroline du Sud devrait être le troisième État, après le Wyoming et l’Oklahoma, à faire de l’or défiscalisé un moyen de paiement, à l’égal du dollar, avec donc possibilité d’avoir un compte en banque en or. L’Allemagne, pour la première fois depuis 1998, a acheté de l’or. La Pologne vient de rapatrier 100 tonnes d’Angleterre. Quant à la Banque centrale des Pays-Bas, elle a rapatrié un tiers de son or détenu aux USA, Canada et Royaume-Uni et elle a pu écrire sur son site : « Si le système s’effondre, notre stock d’or pourra servir de base afin de le reconstruire. L’or instaure la confiance en la stabilité du bilan de la banque centrale. Il crée un sentiment de sécurité. »

    À New York, il y a de gros paris, actuellement, sur l’or à 4.000 dollars l’once en juin 2021. Goldman Sachs voit l’or à 1.600 dollars pour 2020. Si l’on en croit les analyses graphiques du fonds américain Crescat Capital LLC, l’or serait sur le point de s’envoler d’ici 2 ans entre +91 % et +147 %, tandis que le S&P 500 devrait diminuer de -27 %. Selon cette société, nous subissons la propagande du gouvernement américain et de la Fed, qui fournissent l’hydrogène du ballon dirigeable des marchés actions. Les bénéfices sont en baisse, en réalité, et « la croissance est aussi vigoureuse qu’une nouille bien cuite », elle se languit à moins d’un pour cent. Le feu qui couve va bientôt se déclarer et « le ballon à hydrogène des marchés actions pourrait exploser en conséquence ».

    Quant aux performances passées de ces vingt dernières années, les chiffres sont assez surprenants, si l’on en croit les calculs avec graphiques très sérieux à l’appui de Charlie Bilello, un investisseur américain mondialement connu. Le rendement des actions internationales serait de +110 %, celui des actions américaines (S&P 500) de +221 %, celui des obligations américaines, en raison de la baisse récente des taux d’intérêt, de +329 % et celui de l’or, baromètre de la monnaie, de +365 % ! L’effondrement monétaire brutal à venir ne serait donc que la continuation d’une dévalorisation rampante et continuelle de la monnaie.

  • Éphéméride du 25 octobre

    2007 : Premier vol commercial pour l’A 380

     

     

     

     

     

    732 : Charles Martel repousse les Maures 

     

    Probablement sur le territoire de la commune de Moussais (rebaptisé depuis Moussais-la-Bataille), les Francs commandés par Charles Martel ont repoussé une razzia menée par Abd el Rahman, lors de la bataille de Poitiers : 

     

    https://www.herodote.net/25_octobre_732-evenement-7321025.php 

     

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    Partis de Pampelune, les musulmans - qui ont envahi l'Espagne en 711 - ont conquis le Sud-ouest et ravagé Bordeaux; ils ont aussi fait des incursions dans le Sud-est : des légendes locales (comme celle de la Cabro d'Or, aux Baux-de Provence) et la toponymie en gardent quelques souvenirs (le massif des Maures; la Garde-Freinet...).

    Ils remontent maintenant vers le Nord-ouest, pour y piller les riches monastères. C'est là que Charles Martel - y gagnant son surnom... - stoppera définitivement leur avancée.  

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    Charles Martel mourra neuf ans plus tard, en 741 : sur son importance et le rôle politique qu'il a joué, voir l'Éphéméride du 22 octobre. 

     

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    1415 : Désastre d'Azincourt

     

    La chevalerie française est écrasée par les troupes du Roi d'Angleterre Henri V.

    Après 35 ans de victoires françaises (avec Charles V et du Guesclin), les Anglais reprennent l'avantage, Azincourt ayant été précédée par les désastres de Crécy (voir l'Éphéméride du 26 août) et de Poitiers (voir l'Éphéméride du 19 septembre).

    Et pourtant, les français étaient supérieurs en nombre...

    De fait, la bataille d'Azincourt marque la fin de l'ère de la chevalerie et le début de la suprématie des armes à distance sur la mêlée (ci dessous, reconstitution historique : les archers gallois du Roi d'Angleterre).

    Suprématie qui ne fera que se renforcer par la suite grâce à l'invention des armes à feu...

    AZINCOURT.JPG
     
     

     Dans notre album L'Aventure France racontée par les Cartes, voir la photo La Guerre de Cent Ans (3/4) : deuxième effondrement...

     

     

     

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    1653 : Mort de Théophraste Renaudot

     

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    À Paris, qui se souvient...

    http://www.histoire-pour-tous.fr/biographies/3848-theophraste-renaudot-1586-1653-biographie.html

     

     

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    1685 : Début de la construction du Pont Royal

     

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    D'abord, en 1550, il y eut le Bac des Tuileries, qui reliait la rive gauche (d'où le nom de Rue du Bac) à la rive droite, à hauteur de l'actuel Pavillon de Flore. Puis, en 1632, on construisit un pont en bois, à péage, le Pont Sainte Anne (pour Anne d'Autriche), ou Pont rouge (d'après sa couleur).

    Trop fragile, constamment emporté par des crues et devant être refait à répétition, il sera finalement remplacé - entre le 25 octobre 1685 et le 13 juin 1689 - par un pont en pierre de cinq arches, entièrement financé par Louis XIV, d'où son nom de Pont Royal.

    Très élégant, avec ses cinq arches en plein cintre, c'est le troisième pont le plus ancien de Paris, après le Pont Neuf et le Pont Marie.

     

    http://paris1900.lartnouveau.com/ponts/pont_royal.htm

     

     

     

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    1722 : Sacre de Louis XV

     

    Illustration du Temps long dont disposent les monarques : il est l'arrière-petit-fils de Louis XIV, et le grand-père de Louis XVI.

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    Louis XV à six ans, par Hyacinthe Rigaud 
              
    De Jacques Bainville, Histoire de France, Chapitre XIV, La Régence et Louis XV :
     
    "...C’est cependant par un acte d’autorité que débuta Louis XV, à seize ans, lorsqu’il renvoya le duc de Bourbon, à peu près comme Louis XIII avait secoué la tutelle de Concini. Le jeune roi avait donné sa confiance à son précepteur Fleury, évêque de Fréjus. Choix heureux : ce sage vieillard dirigea les affaires avec prudence. Il y eut, pendant quinze ans, une administration intelligente, économe, qui remit les finances à flot et rétablit la prospérité dans le royaume, preuve qu’il n’était pas condamné à la banqueroute depuis la guerre de succession d’Espagne et le Système de Law.
     
    De tout temps, la France n’a eu besoin que de quelques années de travail et d’ordre pour revenir à l’aisance et à la richesse. Notre éclatante civilisation du dix-huitième siècle ne s’expliquerait pas sans cette renaissance économique qui fut singulièrement aidée par les traditions bureaucratiques que le siècle précédent avait laissées. Il ne faut pas dire trop de mal des bureaux : leurs abus ne les empêchent pas d’être indispensables. Orry, dont le nom est resté obscur, fut un digne successeur de Colbert dans la gestion des deniers publics. D’Aguesseau, qui est illustre, continua l’œuvre législative que Colbert avait commencée, et, pour une large part, ses ordonnances ont été reproduites par le Code civil, car la Révolution a continué au moins autant qu’elle a innové.

    25 octobre,louis philippe,azincourt,louis xv,a 380,concorde,obélisque,bizet,carmen,charles martel,poitiers,maures,pont royalAppliqué au relèvement de la France, Fleury (ci contre), au-dehors, évitait les aventures. Il n’avait pas de grandes vues de politique européenne mais un sens assez juste de l’utile et du nécessaire. Le point noir de l’Europe, à ce moment-là, c’était la succession d’Autriche qui se présentait d’ailleurs autrement que la succession d’Espagne. L’Empereur Charles VI, n’ayant que des filles, se préoccupait de laisser ses États héréditaires à l’archiduchesse Marie-Thérèse et il cherchait à faire signer et garantir ses dispositions testamentaires, sa "Pragmatique sanction", par toutes les puissances. En France, un parti déjà nombreux représentait que la maison d’Autriche était l’ennemie du royaume, que nous n’avions pas intérêt à la perpétuer et que l’occasion de l’abattre définitivement ne devait pas être perdue. On était antiautrichien au nom de la tradition et des principes de Richelieu. Ainsi naissait, sur une question de politique étrangère, une controverse qui devait dégénérer en conflit, un conflit qui, un jour, deviendrait fatal à la monarchie elle-même..."

     

    Pierre Gaxotte a consacré au grand règne de ce grand roi un livre majeur : Le siècle de Louis XV (voir l'Éphéméride du 21 novembre)...

     

     

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    1791 : Dernière messe à l'abbaye de Cluny

     

    Ce chef d'oeuvre absolu de l'art roman, le plus grand édifice religieux de la chrétienté jusqu'à la construction de Saint Pierre de Rome va être démoli par les vandales révolutionnaires...

    Véronique Prat raconte (Le Figaro Magazine, 24/12/2010), n° 20652) :

    "...Les objets précieux, le mobilier liturgique, les grandes tentures brodées de fil d'or de celle qui fut la maior ecclesia du Moyen-Âge ont été réquisitionnés. Tout ce qui pouvait être vendu a été bradé. Tout ce qui pouvait être arraché à la pierre a été saisi. Seule reste la colossale et majestueuse carcasse du bâtiment, toujours imposante avec ses 187 mètres de long, ses cinq nefs, son choeur multiple, ses grand et petit transepts, ses 300 chapiteaux principaux, ses sept clochers.