UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Rentrée scolaire • Quand Jack Lang soulage sa conscience

     

    Par Eric Zemmour 

    Une critique acérée et argumentée de la politique éducative sous le quinquennat de Hollande signée Jack Lang. C'est une loi d'airain : les ex-hôtes de la Rue de Grenelle confient tous leurs remords au papier. Ce que fait ici Eric Zemmour, plus que d'un homme, c'est la critique du Système en soi-même. Qui détruit la France et ses enfants. Soi-disant ceux de la République. En quoi son analyse rejoint la nôtre, nous intéresse.  LFAR

     

    XVM46b79742-8908-11e5-8758-aadd64fa74f8.jpgC'est un classique de la vie politique française. Tout ministre de l'Éducation nationale, aussitôt qu'il a quitté les ors délavés de la Rue de Grenelle, devient le procureur le plus impitoyable de ses successeurs, avec une prédilection pour ceux de son camp. Jack Lang ne fera pas exception à cette règle d'airain. Il a été ministre de l'Éducation nationale il y a vingt-quatre ans. Lui au moins s'en souvient. Son livre est bref, mais la charge est lourde. Bien sûr, en vieux loup de mer, Lang prend soin d'éreinter le bilan des années Sarkozy, qu'il qualifie avec nuance de « vandalisme d'État ». Mais on sent vite que sa « colère » vise ailleurs. Plus tard, plus loin, plus haut. Vincent Peillon est déchiqueté sans ménagements ; brouillon et velléitaire ; sa loi de « refondation » est verbeuse, inutile ; sa réforme des rythmes scolaires calamiteuse ; ses cours de « morale laïque » ridicules : « La morale, tout court, est par définition laïque. »

    Avec Najat Vallaud-Belkacem, Lang se fait plus doucereux, mais c'est comme le loup avec le Petit Chaperon rouge, pour mieux la dévorer. Sa réforme du collège est louée dans son « architecture », mais dynamitée dans chacune de ses dispositions : suppression du latin, des classes bilangues (critiquée au nom de la défense de l'arabe !), des classes européennes, Lang condamne tout, de la langue pédantesque des pédagogistes aux tergiversations sur la chronologie dans les programmes d'histoire. Ne lui en déplaise, Jack Lang tient parfaitement son rang au milieu des « réactionnaires », « élitistes » et « pseudo-intellectuels » dénoncés par sa soi-disant protégée rue de Grenelle.

    Il fait pire. Ou mieux. Il n'hésite pas à reconnaître que « cette fois c'est établi : le niveau des élèves baisse. Trop d'études nationales et internationales convergent en ce sens pour que le doute soit permis ». Phrase qui lui aurait valu les foudres de tous les progressistes quand il était ministre.

    Mais pris par l'enthousiasme du pénitent, notre apostat ne s'arrête pas en si bon chemin. « Si l'on compare aux années 60, on a perdu l'équivalent d'une année scolaire entière entre l'entrée en CP et la fin de troisième. » Il s'appuie sur les travaux de Stanislas Dehaene en imagerie du cerveau, pour reconnaître l'incontestable supériorité de la méthode syllabique d'apprentissage de la lecture ; et sur un rapport de l'Inserm pour s'inquiéter que « les enfants des familles monoparentales multiplient les signes de moindre réussite scolaire ». Se souvenant avec nostalgie de sa jeunesse, Lang fait l'éloge de l'internat au cadre rigoureux qui a sauvé l'enfant chahuteur qu'il était, et n'hésite pas à critiquer Mai 68, et la gauche qui a « érodé sans le souhaiter la belle notion d'autorité ». En guise de révolution scolaire, il prône : « La langue d'abord. Belle écriture… Lecture à voix haute. » On se pince pour y croire. On regarde la couverture pour être sûr que le livre est signé Lang. On entend le tombereau de brocarts que Lang lui-même et ses habituels acolytes progressistes ont déversé (et continuent de déverser) sur tous ceux qui n'ont eu que le tort de dire la même chose que notre auteur mais avant lui : et pourquoi pas le retour de la plume Sergent-Major ? La nostalgie populiste digne du film Les Choristes ne fait pas une politique… Passéisme… Café du commerce…

    Mais il faut aller au-delà de cette légitime vindicte. La guérilla systématique menée par l'amicale des anciens ministres de l'Éducation nationale contre leurs successeurs contraste avec l'impression laissée à tous les observateurs d'une remarquable continuité depuis quarante ans. Les majorités changent, les réformes se succèdent, mais c'est toujours la même politique. Les ministres se succèdent, mais la rue de Grenelle reste. La rue de Grenelle et sa cohorte de technocrates et de spécialistes de sciences de l'éducation, pédagogistes zélés, dont Philippe Meirieu est la figure emblématique et tutélaire.

    Tous les ministres, qu'ils l'aient voulu de bonne ou de mauvaise grâce, ont été avant tout les porte-parole de leur administration. Tous ont mis en œuvre le programme « réformateur » voulu par les hiérarques de la Rue de Grenelle depuis les années 60, et même avant, depuis le rapport d'inspiration communisant de 1945, Langevin-Wallon. Tous les ministres ont été responsables sinon coupables de la dégradation continue de notre école, dénoncée à longueur de livres-témoignages par une cohorte de profs - à la suite du talentueux Jean-Paul Brighelli - ou de hauts fonctionnaires (rapport Obin) effarés par ce qu'ils voyaient et vivaient, jusqu'aux analystes les plus acérés, de Jean-Claude Michéa à Alain Finkielkraut. Tous les ministres, même ceux du général de Gaulle et de Georges Pomidou, Edgar Faure ou Joseph Fontanet, de droite ou de gauche, « républicains » ou « libéraux », ont été les complices, au moins passifs et impuissants, de cette machine éducative devenue folle, qui a confondu massification et démocratisation, a rejeté l'élitisme au nom de l'égalitarisme, a méprisé le mérite des meilleurs au nom du respect de tous, a dédaigné la transmission des savoirs au nom du « plaisir de l'enfant », a arraché tout sentiment d'amour de la France au nom de la repentance et du vivre-ensemble, et a transformé les classes en centres de propagande (théorie du genre, multiculturalisme, etc.) où sont surveillés, tancés et ostracisés les enfants qui pensent mal, que l'école s'est donné pour mission affichée d'arracher à leurs déterminismes et préjugés familiaux.

    Et tout cela au nom de la République, du progrès, de la Liberté, de l'égalité, de la fraternité !

    Une fois qu'on a refermé l'ouvrage de Lang, une dernière question se pose : pourquoi des ministres qui souvent ne manquaient ni de bonne volonté, ni de talent, ni même - ce qui devient fort rare - d'une grande culture - qu'ils s'appellent Chevènement, Bayrou, Jospin, Allègre, Ferry, Darcos ou Lang, etc. - ont-ils tous baissé pavillon face au tourbillon nihiliste charrié par leur administration ? Au lieu de dénigrer leurs derniers successeurs qui ne sont après tout que leurs médiocres héritiers, qui n'ont fait qu'achever le travail de destruction débuté sous leur magistère, ils devraient essayer de répondre à cette question. La réponse nous serait fort utile pour rebâtir sur ces ruines.   •

    « Cette fois c'est établi  : le niveau des élèves baisse. Trop d'études nationales et internationales convergent en ce sens pour que le doute soit permis »

    Jack Lang 

    « De Jack Lang », Éditions Kero, 120 p., 9,90 €.

    Eric Zemmour

    Article repris du Figaro du 01.09.2016    

  • 21 JANVIER 2015 • Pourquoi se souvenir de la mort de Louis XVI ? Par Gabriel Privat *

    L XVI.png

    Le 21 janvier 1793 au petit matin mourait le roi Louis XVI, guillotiné à Paris. Depuis, nous n’avons pas cessé de parler de cette mort. Pour Balzac, « le jour où on a coupé la tête du roi, on a coupé la tête de tous les pères de familles. » Pour Raymond Poincaré, la mort de Louis XVI fut « un suicide collectif ».

    Cette mort marque surtout d’une empreinte de sang la plus formidable opération d’amnésie collective de notre histoire. En tuant le roi, les conventionnels rejetaient tout le passé qui était lié à sa personne. Ils condamnaient la France antérieure à 1793 à l’oubli, créant une nouvelle France, au calendrier marqué de l’an I de la République. Avec cette mort, la révolution devenait un bloc. On était pour ou contre cette mort. Il n’était plus possible d’être royaliste, monarchien, libéral, partisan de la régence de Philippe-Egalité, fédéraliste, girondin, jacobin. On était simplement favorable ou hostile à la mort du roi, et tous ceux qui se montrèrent hostiles furent rejetés, d’une manière ou d’une autre, dans le camp de la contre-révolution, c’est-à-dire celui voué à l’oubli collectif.

    Le temps passa, apaisa en apparence cette terrible blessure. A la Restauration, on retrouva le corps de Louis XVI, dans une fosse commune, où il avait été placé pour être oublié. Louis XVIII lui fit donner des funérailles dignes d’un roi, et sa tombe, en la basilique de Saint-Denis, marque le souvenir des rois à elle seule. Dès 1814, l’habitude fut prise, dans toute la France, le 21 janvier, de faire dire des messes pour le repos de l’âme de Louis XVI. Ce sont, depuis, des milliers et des milliers de messes qui ont été dites pour le repos de l’âme d’un homme certainement au Ciel désormais, et intercesseur pour son peuple et sa patrie.

    Mais est-il encore utile, aujourd’hui, de se souvenir d’une mort vieille de plus de deux siècles, dans un pays où la république semble faire la presque unanimité ? Après tout, si on se souvient de la guerre de Cent ans, des guerres de religion ou de la Fronde, on ne place plus aucune passion dans l’évocation de ces événements pourtant autrement plus douloureux pour la patrie que la mort d’un seul homme, fût-il roi. Pourquoi lui, alors ? Cette question, à vrai dire, pose un faux problème. La question n’est pas celle de l’utilité, mais de la signification de cette célébration. Que signifie pour quelques milliers de Français de continuer de se souvenir, chaque année, de la mort d’un roi et de faire dire à son attention une messe ou de déposer place de la Concorde une gerbe de fleurs ? Il s’agit, pour la plupart, de se souvenir que l’histoire de France n’a pas commencé en 1789, qu’elle plonge ses racines dans un passé plurimillénaire, dont le roi était le représentant, en incarnant la dynastie, histoire familiale de la France. Il s’agit de s’unir à la mémoire de cette vieille France et d’en faire un socle d’espérance pour le présent.

    Est-ce utile ? Oui ! Cent fois oui !

    La révolution de 1789 a ceci de particulier que dans tous les événements tragiques qui bouleversèrent notre histoire, elle est le seul dont les acteurs ont tenté d’opérer une table rase complète du passé du peuple. En quelques mois, les députés ont jeté à terre toute la législation existante de l’ancienne royauté et remplacé tout son personnel, du moins l’ont-ils prétendu, et ce avec assez de conviction pour que tout le monde le croit et imagine ce passé tout à fait révolu. De cette volonté de rejet total du passé est née une fracture de la France en deux camps, d’abord égaux, puis avec le temps de plus en plus inégaux en faveur des révolutionnaires, au fur et à mesure que progressait dans les esprits leur entreprise amnésique. Celle-ci repose pourtant sur un mensonge. Les lois de la royauté furent-elles toutes supprimées ? Non ! Le Code civil et le Code pénal, fruits de l’Empire, s’assoient tous deux sur les coutumes et les lois de la France d’avant 1789, dont ils reprirent des pans entiers. Et pour cause, les rédacteurs de ces codes étaient tous des anciens magistrats du roi et de ses cours souveraines. Ils avaient passé sans trop d’encombre, discrètement, le tumulte révolutionnaire, et lorsque revint la paix, ils retrouvèrent d’honorables fonctions. Les hommes d’argent étaient également issus de l’ancienne royauté, et la Cour des comptes, sous Bonaparte, rendit justice aux fermiers généraux et leur gestion. La pratique de l’impôt affermé ne s’est pas tout à fait perdue d’ailleurs.

    La liste serait longue des coutumes qui ont survécu à la mort de la royauté.

    Mais de cette dichotomie entre le mensonge de la table rase et la réalité infiniment plus complexe du pays est née un malaise, celle d’un esprit de parti empli de haine, entre les partisans de l’ancienne royauté, ceux de la révolution, les modérés de tous les camps, chacun fondant sur une vision fausse de l’histoire une politique présente bancale.

    L’histoire fut oubliée, mais les partis demeurèrent, et si aujourd’hui il n’y a que peu de royalistes authentiques, les conservateurs de tous genres sont parmi leurs héritiers inconscients. Ce n’est pas un hasard si, dans ces milieux, sans que nul ne sache vraiment pourquoi, il demeure une secrète amertume à l’évocation de la mort de Louis XVI, tandis que les républicains vraiment convaincus, le plus souvent ancrés à gauche de l’échiquier politique, font de cette mort une étape regrettable mais nécessaire, quand ils ne s’en glorifient pas.

    La table rase révolutionnaire était inédite. Dans les guerres de jadis, lorsqu’une province rejoignait le domaine du roi, ses soldats martelaient les armoiries du vaincu, faisaient disparaître son nom de tous les lieux, mais le passé demeurait présent, car les peuples conservaient jalousement leurs coutumes.

    Le traitement par l’oubli ou la falsification, initié en 1789, devint, par la suite, la manière courante de transmettre l’histoire. Les historiens de la première moitié du XIXe siècle relurent toute l’histoire de France à l’aune de la Révolution, ne comprenant donc plus rien à rien, car plaçant dans l’esprit des hommes des siècles passés des idées, des mots qu’ils ne pouvaient pas avoir eu. La lutte des classes, l’esprit de tolérance, les principes libéraux de la liberté individuelle furent mis dans la tête des hommes du moyen âge ! Terrible erreur ! Elle conduisit des générations de Français à ne plus comprendre le sens de leur passé. Les historiens de la IIIe République calomnièrent le second empire. Ceux de la IVe République masquèrent les origines vichystes de nombre des lois de leur régime et d’une large part de leur personnel politique et administratif, tout comme on feignit d’oublier que les lois xénophobes ou liberticides de Vichy trouvaient leur source dans la réglementation administrative de la fin de la IIIe République. Enfin, les historiens de la Ve République jetèrent un voile de ridicule sur la IVe République.

    Dans une vie civique qui est devenue l’incessante guerre civile des partis, sans qu’il ne soit plus aucune force tutélaire les contenant ou les unissant sur des points non négociables de cohésion nationale, la règle est donc celle de la calomnie historique ou de l’oubli.

    Les programmes scolaires actuels en sont un beau condensé, où le collégien passe de Rome au XIIe siècle en ignorant Mérovingiens et Carolingiens, sans d’ailleurs avoir vraiment plus étudié les Gaulois. Il survole la féodalité sans maîtriser l’histoire politique du pays, saute sur la Renaissance en ayant flirté deux minutes avec la guerre de Cent ans, oublie les guerres de religion, dont il ne voit que les traits saillants, parvient difficilement à Henri IV, Louis XIII et Louis XIV pour lesquels il est consacré autant de temps qu’aux origines de l’Islam. Enfin, au XVIIIe siècle, Louis XV est le grand oublié, ainsi que l’empire colonial français. On en arrive à Louis XVI fin de règne, pour débouler sur la révolution et enfin retrouver une histoire de France chronologique et continue jusqu’à nos jours, avec cependant encore des faiblesses sur les points litigieux, à savoir la Restauration, la Monarchie de Juillet, le Second empire, Vichy et la IVe République. A peine survolés, ces régimes sont déconsidérés par le programme.

    Contre toute attente, l’enseignement de l’histoire est encore plus mal logé au lycée, où les trous chronologiques sont béants.

    Parvenus à la fin de leurs études secondaires, les jeunes français sont parfaitement ignorants de leur histoire, incultes, incapables de sortir autre chose que quelques anecdotes, quelques faits saillants, parmi lesquels la shoah arrive en bonne place. Pour eux, tous les événements survenus avant leur naissance sont rejetés dans un tohu bohu.

    Ce peuple amnésique s’ignore, se divise contre lui-même, et se hait, car ne connaissant plus les réalisations de ses ancêtres, leurs joies et leurs peines, ne sachant plus d’où il vient, il gobe sans discernement tous les mensonges possibles, dont la mode actuelle consiste à attaquer la mémoire et la réputation du pays, que ce soit sur Vichy, sur les colonies, sur la place des femmes, le traitement des ouvriers, l’accueil des migrants, partout la France semble n’avoir fait que le mal, et l’ignare, incapable de se défendre, accepte et baisse la tête.

    Les conséquences sociales de cette amnésie sont énormes. Non seulement elles engendrent une perte terrible du bon sens et de l’esprit d’attachement au pays, terreau de l’esprit civique, mais chez les êtres socialement fragiles, elle ouvre la voie aux modèles plus attrayants, plus forts, dont le djihadisme est actuellement le plus terrible exemple.

    Pourtant il faut se souvenir de l’acte de naissance de la France, et de sa longue histoire, qui n’est pas faite de ruptures et de haines, mais d’une incroyable continuité, ponctuée de secousses. Quand a commencé l’histoire de notre France ? En 1945 ? En 1871 ? En 1789 ? En 843 ? En 496 ? En 52 avant Jésus-Christ ?

    Il n’y a pas de date précise à cette naissance, mais plutôt un esprit qui insuffla la vie au pays. On peut parler d’une histoire de France à partir du moment où les peuples qui vécurent sur cette terre eurent conscience de former un ensemble cohérent de civilisation et de peuplement, et où les nations étrangères perçurent ce groupe comme tel, sans que depuis il y ait eu de rupture fondamentale dans la reconnaissance de cette aire civilisationnelle et de peuplement.

    Pour le cas de la France, on peut ainsi remonter jusqu’aux Celtes. Quand les Celtes de la Gaule eurent-ils conscience de constituer un groupe à part des autres celtes, entre Alpes, Pyrénées et bords du Rhin, malgré leurs haines, leurs guerres et leurs divisions ? On ne peut pas le savoir. Mais certainement entre le Ve et le IIe siècle avant notre ère. A la fin du IIe siècle avant notre ère, le géographe grec Posidonius parcourut la Gaule. Il fut le premier à décrire ce pays, et le premier à le définir avec ses coutumes, sa langue, ses manières, ses traits distinctifs, comme un ensemble cohérent de civilisation et de peuplement, en dépit de ses divisions internes. César, un demi-siècle plus tard, renforça cette approche spécifique de la Gaule, qu’il eut le temps d’étudier, la parcourant en tous sens pendant huit ans. L’empire de Rome fixa des frontières provinciales qui figèrent le territoire de la Gaule et ses peuples. L’unité s’accrut avec l’appartenance à l’empire.

    Pourtant il n’y eut pas de rupture fondamentale. Le peuple ne changea pas. Les lois demeurèrent et se modifièrent insensiblement avec l’apport du droit romain. Lorsque tomba l’empire, son droit se maintint en Gaule et fut respecté des nouveaux maîtres, Burgondes, Francs et Wisigoths. Les propriétés ne changèrent pas de main, l’ancienne littérature fut vénérée, les cités gauloises devinrent diocèses et comtés sans que leurs frontières ne bougent.

    La Gaule, sous le sceptre des rois, demeura ce qu’elle était. Pourtant, la France de 1789 et la Gaule de 496 semblent deux patries étrangères l’une à l’autre. Ce n’est qu’une illusion. C’est bien la même patrie, la même nation qui, au fil des siècles, vit ses lois, ses habitudes, ses coutumes, se modifier, sans cesse, par un mécanisme perpétuel d’évolution, mais sans que jamais le passé ne soit renié, et sur sa base.

    Cette permanence historique est si forte que le géographe Jean-François Gravier, en 1947, reconnaissait dans 45 départements sur 88 les frontières exactes d’anciennes cités gauloises. La permanence était telle qu’en 1988 encore l’historien Karl Ferdinand Werner estimait que le fond du peuple français de la seconde moitié du XXe siècle correspondait toujours, ethniquement, aux bassins de peuplement de la Gaule celtique.

    C’est cette longueur de vue, cette continuité dans l’histoire que nous devons retrouver pour apprendre à nous aimer, à vivre notre présent comme un long héritage dont nous sommes les simples usufruitiers.

    Se souvenir de Louis XVI, c’est faire un acte de résistance citoyenne capital, en ces temps d’oubli, puisqu’il s’agit de marquer un refus, celui de l’amnésie. Il s’agit de rétablir un fil faussement tranché dans l’esprit général, et de montrer à tous l’unité de l’histoire de la nation française.

    Plus que jamais, évoquer la mémoire du roi, sans être forcément royaliste, même en étant républicain, c’est poser un acte profondément civique pour l’unité de la nation sur le sol de la patrie.

    Un jour, peut-être, les passions retomberont et on ne dira plus de messe pour Louis XVI. Ce jour-là viendra lorsque le symbole de ce souvenir aura perdu son actualité, parce que nous nous serons enfin réconciliés avec nous-mêmes, avec notre histoire, avec notre identité.   

    * Source : Nouvelles de France

  • L’Iran ou la grande erreur de Trump, par Antoine de Lacoste.

    Chroniques géopolitiques de confinement

    Depuis la révolution islamiste de 1979 et son cortège de violences, l’Iran ne semblait guère avoir évolué. L’islamisme brutalement mis en place par l’ayatollah Khomeini avait figé une société assez dynamique et occidentalisée jusque-là. Les foulards étaient interdits à l’université et, dans la rue, les vêtements modernes côtoyaient sans difficultés majeures les tenues rigoristes.

    antoine de lacoste.jpgMais la haine du régime du chah était profonde. Rentré de Neauphle-le-Château, dans les Yvelines, Khomeini, avec l’appui des gardiens de la révolution, jeunes chiites issus de milieux défavorisés, mit en place un appareil répressif impitoyable. À ce sujet, rappelons que rien n’obligeait le Président Giscard d’Estaing à accueillir le sinistre mollah, trahissant ainsi un allié de la France. Une infamie de plus dans ce septennat.

    Fidèle à leur stratégie de division au Proche-Orient, les États-Unis incitèrent leur allié du moment, l’Irakien Saddam Hussein, à attaquer l’Iran. S’ensuivit une guerre sanglante qui dura huit ans (1980-1988).

    Ils en sortirent épuisés, mais le seul effet fut de provoquer un réflexe patriotique, empêchant toute remise en cause du régime des mollahs.

    Progressivement, la médiocrité des dirigeants, leur corruption et la répression lassèrent la population, surtout les classes moyennes. Les jeunes filles, majoritaires à l’université, ne voulaient plus porter le foulard et, plus généralement, le peuple iranien étouffait sous le poids des turbans.

    L’élection du modéré Rohani à la présidence de la République, en 2013, a bien traduit cette aspiration au changement. Ses contacts étroits avec l’allié russe vont lui permettre de réaliser un coup de maître : l’accord nucléaire de 2015 signé entre l’Iran, la Russie, les États-Unis, la Chine, la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Union européenne (notons, au passage, la bizarrerie consistant à extraire trois pays de l’Europe en laissant la piétaille représenter l’Europe).

    Obama et Poutine furent les fers de lance de cet accord qui mettait fin à la course nucléaire de l’Iran en échange de la levée des sanctions économiques et d’investissements massifs dans le pays. La France se fit tirer l’oreille, Fabius ne voulant à aucun prix de cet accord. Le patronat fit pression sur Hollande et tout s’arrangea.

    Oui, mais le candidat Trump prévint aussitôt qu’il était contre cet accord qu’il dénoncerait. Il le fit, en 2018, et rétablit en prime les sanctions, obligeant les grandes entreprises françaises, Total en tête, à quitter l’Iran.

    Les conséquences sont calamiteuses. Les durs du régime, sentant que l’opinion était pour cet accord, avaient fait profil bas, surtout lorsque Rohani fut largement réélu en 2017. Mais le retrait américain leur permit de revenir en force sur le thème « On ne peut pas discuter avec l’Occident ». Rohani est maintenant affaibli et le vent d’espoir qui avait soufflé sur l’Iran est retombé. Le pays s’enfonce dans la pauvreté et les manifestations de l’automne furent très durement réprimées, faisant probablement des milliers de morts.

    Aujourd’hui, les gardiens de la révolution sont à la manœuvre.

    Une belle occasion manquée.

  • Du rond-point au vaste monde

    par Gérard Leclerc 

    arton22534-b73f0.jpg

    Il paraît, selon l’historien Pierre Vermeren, que la France compte plus de 30 000 ronds-points, soit la moitié des giratoires du monde.

    Il y a donc quelque logique dans le fait que l’attention se soit portée, plus d’un mois durant, sur ces lieux qui quadrillent notre territoire national et sont souvent d’une remarquable laideur. Que les gilets jaunes en aient fait des exemples de convivialité constitue un paradoxe bien intéressant. La France des territoires n’est pas seulement révoltée, elle a besoin de reconstituer un véritable tissu de solidarité pour contrer un processus de dissociation et de désintégration qui va de pair avec la disparition des activités locales et la grande misère de notre agriculture.

    Une question se pose à partir de ce constat. Ce qui relève du local, du territorial, est-il en relation avec le mondial et ce qu’on appelle la mondialisation ? C’est le constat de Christophe Guilluy, dont nous avons souvent cité les travaux. La France périphérique, comme d’ailleurs l’Angleterre périphérique et même les États-Unis périphériques, est la grande perdante de la mondialisation, dont certains chantaient pourtant inconditionnellement les louanges à la fin du XXe siècle. Une concentration des richesses s’est produite dans les métropoles, au détriment des régions de plus en plus déshéritées. Un seul chiffre significatif : une douzaine de métropoles françaises rassemblent près de 46 % des emplois, dont 22 % pour la seule aire urbaine de Paris.

    Est-ce une tendance inéluctable, juste propre à susciter des révoltes désespérées qui risquent de très mal tourner ? Ou est-il possible de remettre en question le fonctionnement de la mondialisation avec ses postulats incontournables : l’ouverture inconditionnelle des frontières, la circulation des capitaux et la spéculation qui s’en suit ? Interrogé par La Croix, Olivier Blanchard, ancien chef économiste du FMI, n’hésite pas à déclarer : « Nous avons à remettre en cause un certain nombre de dogmes du capitalisme mondial. » La liberté totale du commerce international serait à revoir, même si elle bénéficie à certains consommateurs, eu égard à son lourd coût social. Très bien ! Mais l’avis d’un expert sage et lucide peut-il quelque chose contre le train du monde de la mondialisation ?  ■ 

    Gérard Leclerc
    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 20 décembre 2018
  • Au cinéma, la chronique de Guilhem de Tarlé : Remember me.

    4.jpg

     

     

     

    Art et Essai : Remember me, un film Martin Rosete, avec Caroline Silhol (Lillian, dite Lily, une actrice française), Bruce Dern (Claude, un critique de cinéma et de théâtre à la retraite) et Brian Cox (Shane, un ami de Claude).

    guilhem de tarlé.jpgJ’avais jugé médiocre le film La finale (2018)  sur la maladie d’Alzheimer, mais j’avais « oscarisé » le jeu d’acteur de Thierry Lhermitte…
    Eh bien, de même, j’ai apprécié celui de Bruce Dern à la recherche d’un amour de jeunesse dans l’ambiance glauque d’un mouroir pour le « traitement » de cette maladie.

    Mais ce film, surtout, a un autre intérêt, qui met à l’honneur le « par cœur » …
    Contrairement, en effet, à ceux qui pensent qu’on retient d’abord ce qu’on a compris, je prétends pour ma part, que ce qu’on a appris par cœur revient toujours « à la surface »… et que , le temps aidant, à force qu’ils vous tournent dans la tête, on améliore sa compréhension de concepts obscurs ou d’allégories rabachées, jadis ou naguère – « je vous parle d’un temps » - en vue de les « réciter ».

    Quel plaisir, en outre, dans certaines circonstances, de savoir se dire en son for intérieur « Oh temps, suspends ton vol… » , ou de redire à haute voix une fable de La Fontaine, une tirade du théâtre classique, un sonnet des poètes de la Pléiade, et même une réplique de Michel Audiard  ou une chanson de Brassens, Brel et Barbara….
    Ne dit-on pas, quand une évidence vous saute aux yeux …. « Elémentaire, mon cher Watson » ou encore « Rodrigo Tortilla, c’était donc lui !» ?

    Apprendre par cœur pour lutter contre Alzheimer… Je vais en parler au Docteur Raoult.


    PS : vous pouvez retrouver ce « commentaire » et 500 autres sur mon blog Je ciné mate.

    Pour mémoire :  un tableau récapitulatif donnant, dans le désordre, un « top ten » des films vus au cinéma depuis le 1er janvier

    Titre

    Réalisateur

    appréciation

    genre

    nationalité

    Date de sortie

    Dark Waters

    Todd Haynes

    Je recommande

    Biopic, drame

    américain

    Février 2020

    Le cas Richard Jewell

    Clint Eastwood

    Je recommande

    drame

    américain

    Février 2020

    La fille au bracelet

    Stéphane Demoustier

    Je recommande

    Drame, justice

    Français

    Février 2020

    Voir le jour

    Marion Laine

    Un bon film

    Comédie-dramatique

    Français

    Août 2020

    L’appel de la forêt

    Chris Sanders

    Un bon film

    Aventure, animalier

    Américain

    Juin 2020

    The Perfect Candidate

    Haifaa Al Mansour

    Un bon film

    Docufiction

    <
  • Dans le monde, et dans notre Pays légal en folie...

    Un journal italien réclame que le français remplace l'anglais comme première langue de l'UE post-Brexit. On est "pour", évidemment ! À noter : les Allemands l'avaient déjà proposé, au bon temps de l'Europe des Six...

    https://www.courrierinternational.com/article/vu-ditalie-le-francais-doit-devenir-la-langue-de-leurope-post-brexit

    1A.jpg

    1. On peut être d'accord avec des adversaires, sur des points précis. C'est le cas aujourd'hui avec ce tweet de François Ruffin :

    "Évidemment c'est symbolique : s'ils peuvent en quelques heures, sans le moindre débat, couper les réseaux du président américain, demain ils se sentiront les coudées encore plus franches à l'égard de vous, de moi. De tous les inféodés aux seigneurs numériques. 20/20"

    1Q.jpg

    Zemmour aussi est d'accord avec Ruffin (ou réciproquement...) :

    "Le vrai coup d’Etat est là. C’est un changement de légitimité. Lors de la Révolution Française, l’Assemblée Nationale a dit : "La souveraineté c’est nous. Là, les GAFA disent : "La légitimité c’est nous"

     

    1 BIS : Importante chute en Bourse de Facebook et Tweeter, après qu'ils aient "banni" Trump...

    https://www.valeursactuelles.com/economie/apres-avoir-banni-trump-facebook-et-twitter-chutent-en-bourse-127385

    1A.jpg

     

    3. Répartition des migrants dans les Régions ? C'est NON ! Jean-Paul Garraud a raison...

    https://www.causeur.fr/jean-paul-garraud-repartition-des-migrants-dans-les-regions-cest-non-190035

    1A.jpg

     

    4. Strasbourg : un livreur refuse de "livrer les Juifs". De Kévin Bossuet, sur tweeter :

    "Alors que les juifs ne représentent en France que 1% de la population, ils concentrent à eux seuls 50% des actes racistes. Aujourd'hui, on peut mourir en France car on est juif ! Cet antisémitisme est de plus en plus issu d'une partie de la communauté musulmane !"

    1A.jpg

     

    5. Nouvel exemple de l'irrésistible montée de l'insécurité en France : à Grenoble, une crèche a du être fermée et ses enfants déplacés du fait des menaces perpétrées par des vendeurs de drogue sur le personnel. Jour après jour, dans l'inertie politique, la Terreur Urbaine ravage la France ! Au fait, qui sont ces vendeurs de mort ?

    1A.png

     

    6. Olivier Duhamel était à La Rotonde, avec Macron, pour fêter la victoire de celui-ci en 2018... Ou : "Seigneur, délivrez-moi de mes "amis"..." !!!!

    https://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/le-saviez-vous-olivier-duhamel-etait-a-la-rotonde-avec-emmanuel-macron-le-soir-de-sa-victoire_461475

    1A.jpg

     

    7. Et, pour finir cette série d'aujourd'hui sur un sourire (même triste !) : pour mémoire, en 2016, la France a consacré 149,9 milliards d'euros à son système éducatif, soit 6,7 % du PIB. La dépense moyenne pour un élève ou un étudiant était de 8.480 euros. Beau résultat !

    1A.jpg

  • Et en même temps…

    Fête de la musique à l'Elysée ...

     

    par Gérard Leclerc

     

    arton22534-b73f0.jpg

    Oui, il y a de quoi s’interroger sur le fameux « en même temps » macronien à l’exemple d’Alain Finkielkraut qui n’a pas hésité à exprimer hier son indignation, à propos de la fête de la musique à l’Élysée, avec son étalage d’obscénités en images et en paroles dans la cour d’honneur. Est-ce là vraiment un style compatible avec une pratique jupitérienne du pouvoir ? Est-ce vraiment le même homme qui converse avec le Pape et se prête au cérémonial du Latran ? Comment la communication présidentielle peut-elle justifier pareil contraste ? Serait-ce du pur cynisme ou une façon de solliciter toutes les clientèles possibles ?

    Certains communicants macroniens font de la surenchère. On parle d’« un geste fort en ouvrant l’Élysée à des artistes non conformes pour que le palais ne soit plus cette forteresse insensible à l’extérieur ». Et de dénoncer « cet amas hétéroclite de conservateurs, de coincés et possiblement d’homophobes » coupables de protester. D’après Anna Cabana du Parisien, le président s’est amusé de l’épisode qu’il n’aurait pas vraiment programmé. « Ça buzze ? » aurait-il demandé à un de ses collaborateurs ? « Oh oui ! » lui aurait-il été répondu et Macron de renchérir : « Et les gens adorent. »

    Non, tous les gens n’adorent pas et vos collaborateurs ont beau insulter les récalcitrants, vous jouez là un petit jeu qui trahit vos fonctions. Et beaucoup pensent, avec Alain Finkielkraut, que le parti-pris de vacarme et de laideur que vous avez adopté, ne fait que souligner les ambiguïtés qui étaient présentes durant votre campagne électorale. Par exemple, lorsque vous affirmiez qu’il n’y avait pas de culture française.

    36388717_1580301862079900_5348234989425131520_n.jpgÀ l’incident de la fête de la musique, on peut ajouter la décision du président de l’Assemblée nationale, macronien notable, d’afficher les couleurs LGBT sur le palais Bourbon, au moment même où Anne Hidalgo les impose sur le pavé parisien. Mettre sur le pavois les couleurs d’un courant communautariste, c’est continuer à briser l’unité de la nation et susciter de nouvelles luttes civiles. Pas précisément de la belle ouvrage, plutôt du sale travail.  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur radio Notre-Dame le 2 juillet 2018.

  • Sauver l'identité du Tibet ? Oui, bien sûr ! celle de la France aussi !...

              Lu dans le blog d'Ivan Rioufol : "Tous les peuples sont attachés à leur histoire et à leur mode de vie. Pourquoi serait-il honteux de défendre une identité française, qui mériterait néanmoins d’être préalablement définie ?...

               ..."Il est potentiellement explosif de vouloir jouer avec un métissage culturel qui peut être vécu comme une spoliation, voire une violence. Ce que rappelle ces jours-ci, cinq mois avant les Jeux olympiques de Pékin, l’insurrection des jeunes moines tibétains. Ils reprochent aux Chinois de favoriser une immigration de substitution aboutissant à un "génocide culturel"...

              Rioufol pose une bonne question; et puisqu'il émet une réserve (définir au préalable l'identité française, reserve parfaitement recevable au demeurant...) nous proposons comme définition celle qu'a donné de Gaulle. Et qui peut facilement, nous semble-t-il, faire l'unanimité :

              "Il ne faut pas se payer de mots. C'est très bien qu'il y ait des français jaunes, des français noirs, des français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu'elle a une vocation universelle. Mais à condition qu'ils restent une petite minorité. Sinon la France ne serait plus la France. Nous sommes avant tout un Peuple européen, de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne."

  • Éric Zemmour : « Tout le monde en France a été, est ou sera anti-gaulliste »

     

    ZemmourOK - Copie.jpgDans la chronique qui suit [vidéo], Éric Zemmour resitue « l'affaire Morano » dans sa perspective historique, considérée sous ses différents plans : sous l'angle politique - voire politicien; du point de vue de l'histoire des idées; et même sous l'aspect linguistique ou sémantique des choses, notre époque ayant banni l'emploi de mots jadis courants et frappés, désormais d'interdit. Interdits ou tabous qui se veulent d'ordre moral alors qu'ils ne sont en général que de simples dénis de réalité. En prenant ainsi de la hauteur, Eric Zemmour donne à l'affaire Morano un intérêt réel qui, sans cela, lui aurait de toute évidence manqué et n'aurait été qu'un banal conflit électoral, une querelle de boutiques concurrentes. LFAR  • 

     

     

     

     Le commentaire de RTL :

    « C'est l'un des charmes de la vie politique française que de s'étriper autour des tombeaux : une citation de Napoléon, de Jaurès ou de Clemenceau, et le feu prend dans la savane ! », fait remarquer Éric Zemmour à propos de l'affaire Nadine Morano. « Comme on ne peut toucher au général de Gaulle, devenu depuis sa mort une icône, on s'en prend violemment à celle qui le cite », poursuit Zemmour. Il explique que « De Gaulle appartient à une génération qui n'avait pas peur d'employer le mot race », et que c'est parce qu'il ne partageait pas le « rêve assimilationniste et universaliste » qu'il avait accordé l'indépendance à l'Algérie. « La transformation inouïe de la population française repose la question que De Gaulle croyait avoir écartée à jamais. »

     

  • la tyrannie de l'abstraction

    Saint-Just, le fanatisme de la Raison

     

    Par Jean de Maistre 

    Excellent commentaire, du jeudi 3 août, sur notre publication « Claude Lévi-Strauss à  propos des idées de la Révolution ». Ce qu'écrit fort justement Jean de Maistre sur les dangers de l'abstraction nous rappelle la prophétie de Frédéric II, faite à Voltaire, prophétie que Gustave Thibon aimait à citer : « Nous avons connu le fanatisme de la foi. Peut-être connaîtrons-nous, mon cher Voltaire, le fanatisme de la raison, et ce sera bien pire. »   LFAR 

    715304725.jpgLucidité de Lévi-Strauss, comme sur de nombreux autres problèmes, surpopulation, uniformisation culturelle planétaire etc.

    Les anthropologues et de nombreux penseurs, à la différence de la philosophie du XVIII° siècle, savent que les sociétés humaines ne sont pas des machines que l'on peut démonter et remonter à sa guise. Mais dès le moment de la révolution française, Edmund Burke avait dénoncé la tyrannie de l'abstraction régnant dans le mouvement révolutionnaire.

    En relisant l'histoire des Girondins de Lamartine on voit comment le fanatisme de l'abstraction dans les discours des membres de la Constituante, de la Législative ou de la Convention ne pouvait mener qu'au règne de la Terreur, qui n'est pas un accident regrettable du processus révolutionnaire mais l'essence de celui-ci.

    Le trop méconnu historien Augustin Cochin dans ses travaux sur la révolution française a montré le rôle des « sociétés de pensée » du XVIII°, où l'on se gorgeait de concepts et de grands principes, dans l'avènement de la tyrannie révolutionnaire.

    Il faut réhabiliter en politique la vertu aristotélicienne de prudence. 

    Lire ...

    Claude Lévi-Strauss à propos des « idées de la Révolution »

  • Retour sur la journée d'Amboise ... Quelle est la place du Prince ? Elle est centrale. Naturellement.

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgCette superbe photo dit les choses.

    En arrière-plan, il y a Léonard de Vinci  mourant et, penché affectueusement sur lui, le roi François 1er. Leurs regards se croisent émus, comme nous le sommes, cinq siècles plus tard. 

    Au premier plan, au centre comme il se doit, le comte et la comtesse de Paris, le prince Gaston qui est Dauphin de France et la princesse Antoinette, sa soeur. De part et d'autre, le président de la République française et son épouse, le président de la république italienne accompagné de sa fille. Les représentants en exercice de deux nations qui ont tout intérêt à s'entendre plutôt que de se quereller, comme elles l'ont trop fait depuis quelques mois. Alors, « la famille royale de France au cœur de la réconciliation entre la France et l’Italie ? » LFAR   

     
    Reportage sur cette journée sur le site de La Couronne ... 
    Monseigneur le comte de Paris accueille Emmanuel Macron au château royal d’Amboise

    Lire aussi sur lafautearousseau ...

    Le Comte de Paris a reçu hier au château royal d'Amboise le président de la République française et son homologue italien
    Quel sens donner à la rencontre d'Amboise d'hier jeudi ? C'est ce que le Prince rend explicite dans ce message
    Le château d’Amboise, une fenêtre royale sur l’histoire de France
  • Vidéo • Mathieu Bock-Côté au Figaro : « la violence est le symptôme de la désagrégation de notre société »

     

    2293089609.14.jpgMathieu Bock-Côté est un observateur avisé de la vie politique française, encore qu'il soit d'abord un Québécois lié à l'histoire, aux réalités, à la vie politique du Québec. Ses analyses de la situation française et, si l'on veut, occidentale, nous apparaissent toutefois comme singulièrement lucides et utiles parce qu'elles vont au fond des choses. Il occupe désormais une place non-négligeable dans le débat d'idées français en matière politique et sociale. Il est aussi l'un des invités préféré des médias et sa parole porte ... 

    On le vérifiera une fois de plus en regardant la vidéo qui suit : un remarquable entretien donné au Figaro le 29 mai dernier. Seize minutes d'intelligence politique à ne pas manquer ! (16' 16").  LFAR  

     

     

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).  

  • Pédophilie : prudentes leçons, par Aristide Renou.

    Illustration : Christine Ockrent et son fils Alexandre Kouchner. Hommage à la comédienne Marie-France Pisier lors d’une cérémonie en l’église Saint-Roch. Paris, 05/05/2011. © LE FLOCH/NIKO/SIPA

    Les cris d’effroi accompagnent rituellement les dénonciations médiatiques de mœurs corrompus. On peut douter que la puissance publique aille véritablement à la racine du mal.

    Nous avons eu, en moins d’un an, deux affaires d’abus sexuel sur mineurs extrêmement médiatiques, avec la parution des livres de Vanessa Springora et de Camille Kouchner.

    Ces deux affaires présentent de nombreux points de ressemblance et pourraient nous apprendre – ou nous rappeler – bien des choses intéressantes sur un sujet censé nous tenir très à cœur : la lutte contre la pédophilie.

    Mais allons-nous tirer les bonnes leçons de ces deux sordides histoires, emblématiques à plus d’un égard ? On peut en douter. Car certaines des conclusions évidentes qui découlent des récits de Vanessa Springora et Camille Kouchner (et de beaucoup d’autres, bien moins médiatiques) ne vont pas exactement dans le sens du politiquement correct.Commençons par énoncer les faits avant d’en tirer les conclusions qui s’imposent.

    Le caractère pathogène des familles décomposées

    La première évidence est que les abus sexuels sur mineurs prolongés, et non ponctuels – comme dans les deux cas qui nous occupent –, ne sont pas une histoire qui se réduit aux deux protagonistes principaux, l’adulte et l’enfant ou l’adolescent. Ce sont des histoires de famille. Pour le dire simplement et brutalement : ce genre de crime se produit beaucoup plus souvent dans des familles recomposées ou décomposées que dans des familles intactes. Les statistiques sont impitoyables. Je vous en donne juste deux, venue des États-Unis, parce que je les ai sous la main : d’une part le taux d’infanticide augmente de 6000 %, et les abus sexuels augmentent d’un facteur de huit dans les familles recomposées par rapport aux familles traditionnelles. D’autre part, les jeunes filles ont plus de deux fois plus de chance (ou de risque) d’être sexuellement actives et de tomber enceinte avant l’âge de seize ans lorsque leur père a quitté le foyer avant leur sixième année. Le premier cas correspond à l’histoire des jumeaux Kouchner. Le second cas correspond à l’histoire de Vanessa Springora (ses parents se sont séparés l’année de ses six ans).

    Le rôle des femmes

    La seconde évidence, étroitement liée à la première est que si, presque toujours, les prédateurs sexuels sont des hommes, les femmes de l’entourage des victimes ne sont pas nécessairement innocentes pour autant, et plus particulièrement les mères. Lorsque son fils s’est ouvert à elle des agissements de son beau-père, Evelyne Pisier a pris la défense d’Olivier Duhamel et, semble-t-il, l’a défendu jusqu’à sa mort. Camille Kouchner lui prête les propos suivants : « Il regrette, tu sais, il n’arrête pas de se torturer… il a réfléchi, tu devais avoir déjà plus de 15 ans. Et puis, il n’y a pas eu sodomie. Des fellations, c’est quand même très différent. » Et on peut bien sûr se demander si Evelyne Pisier ignorait vraiment tout avant que son fils lui en parle. Cela semble très difficile à croire, surtout si l’on ajoute foi à cette autre déclaration rapportée par sa fille : « J’ai vu que vous l’aimiez, mon mec. J’ai tout de suite su que vous essayeriez de me le voler. C’est moi la victime. »

    D’ailleurs Camille Kouchner n’a aucun doute : « Ma mère, ce n’est pas qu’elle n’a pas compris, elle a très bien compris. Ce n’est pas qu’elle a refusé, elle a tout à fait admis. C’est encore pire. Elle a minimisé. Elle s’est mise à le protéger lui, qui n’a même pas nié. » (Le Figaro).

    À propos de sa mère, Vanessa Springora écrit : « ma mère a donc fini par s’accommoder de la présence de G. dans nos vies. Nous donner son absolution est une folie. Je crois qu’elle le sait au fond d’elle-même. (…) Parfois elle l’invite à dîner dans notre petit appartement sous les combles. À table, tous les trois, autour d’un gigot haricot-verts, on dirait presque une gentille petite famille, papa-maman enfin réunis, avec moi, au milieu, radieuse, la sainte trinité, ensemble, à nouveau. » Mais, bien sûr, la mère de Vanessa Springora sait que le monsieur qu’elle invite à partager le gigot dominical couche avec sa fille mineure, comme il a couché avec beaucoup d’autres avant elle et couchera avec beaucoup d’autres après. Et elle sait, en effet, au fond d’elle-même, que cela n’est ni normal ni bien. « Tes grands-parents ne doivent jamais savoir, ma chérie. Ils ne pourraient pas comprendre. »

    Libération des déviances

    Troisièmement, aucune famille n’est une île. Les lois, les mœurs et les opinions dominantes de la société dans laquelle se situent les familles ont toujours une grande importance sur le comportement de leurs membres, y compris, bien sûr, sur leur comportement sexuel. Dans le cas des deux affaires qui nous occupent, il est clair comme de l’eau de roche que ces abus sexuels ont été grandement facilités par ce que l’on peut appeler l’idéologie de la libération sexuelle. Ce sont ces opinions dominantes, au moins dans le milieu social où opéraient Duhamel et Matzneff, qui les ont aidés à se persuader qu’ils ne faisaient rien de mal et surtout à persuader leurs victimes qu’il ne leur arrivait rien de mal. Ce sont également ces opinions acceptées qui ont contribué à ce que, pendant si longtemps, tant de gens aient pu comprendre ce qui se passait sans s’en offusquer. Bref, l’idéologie de la libération sexuelle a grandement contribué à la bonne conscience des prédateurs, à la confusion des victimes et au silence de l’entourage.

    « Est-ce mal » ? ce que fait leur beau-père, se demandaient les jumeaux Kouchner : « Ben non, puisque c’est lui. Il nous apprend, c’est tout. On n’est pas des coincés ! » Être « coincé », c’est considérer la sexualité comme une affaire morale, c’est affirmer qu’il existe en la matière des interdits et aussi des conduites plus ou moins honorables. Mais les désirs sexuels ne sont-ils pas essentiellement innocents et tous les plaisirs ne sont-ils pas également respectables ?

    « Dans les années 70 », explique Vanessa Springora, « au nom de la libération des mœurs et de la révolution sexuelle, on se doit de défendre la libre jouissance de tous les corps. Empêcher la sexualité juvénile relève donc de l’oppression sociale et cloisonner la sexualité entre individus de même classe d’âge» Or « dans le courant des années quatre-vingt, le milieu dans lequel je grandis est encore empreint de cette vision du monde. Pour sa mère, ajoute-t-elle, “il est interdit d’interdire” est sans doute resté pour elle un mantra. »

    Le bouclier d’une famille intacte

    Tirons maintenant les conclusions qui s’imposent de ces faits. Tout d’abord, la meilleure protection contre les abus sexuels de ce genre, c’est une famille intacte, raisonnablement aimante et qui professe des opinions « conservatrices » en matière de sexualité, c’est-à-dire des parents qui apprennent à leurs enfants que, certes, la sexualité peut être une chose merveilleuse mais seulement si elle est vécue dans un cadre approprié, en ayant pleinement conscience de ses implications morales et sociales. Bref, idéalement, au sein du mariage, ou à défaut dans une relation qui s’en rapproche autant que possible.

    Ensuite, les abus sexuels sur mineurs, ce n’est pas le grand méchant patriarcat ou la prétendue « culture du viol » si chers à nos féministes, c’est, plus banalement, la nature humaine dans toutes ses imperfections, imperfections auxquelles les femmes participent pleinement. Et le remède à une enfance ou une adolescence abimée par des agissements de cette nature, ce n’est pas de fuir loin des hommes et de la famille. Bien au contraire. Nombreuses sont celles à témoigner que c’est l’amour, et la maternité, qui les a sauvées des abus subis durant l’enfance.

    Camille Kouchner : « Mes enfants m’ont donné le droit d’exister, ce qui est déjà beaucoup. Mais pour moi la réparation vient avant tout de l’intérieur. Le père de mes enfants m’a sauvé la vie […] »

    Vanessa Springora : « Après tant d’échecs sentimentaux, tant de difficultés à accueillir l’amour sans réticences, l’homme qui m’accompagne dans la vie a su réparer beaucoup des blessures que je porte. Nous avons maintenant un fils qui rentre dans l’adolescence. Un fils qui m’aide à grandir. »

    Ajoutons aussi le témoignage de la réalisatrice Andréa Bescons, qui a écrit et réalisé Les Chatouilles, violée dès l’âge de neuf ans par un ami très proche de ses parents : « De 26 à 28 ans, j’ai enchaîné les comportements à risque, les drogues, l’alcool… Si je ne rencontre pas mon compagnon Éric Métayer à 28 ans, je me jette sous un métro […] Dans les yeux d’Éric, j’ai trouvé quelqu’un qui enfin ne jugeait pas mes failles. »

    Libération ou poison ?

    Enfin, l’idéologie de la libération sexuelle est un poison, aussi bien pour les individus que pour le corps social. Un poison qui a abimé ou même détruit d’innombrables existences et qui a puissamment contribué à faire de la France ce corps politique débile qu’elle est devenue.

    Je pourrais amplifier et ramifier ces considérations mais je m’arrêterais là, puisqu’aussi bien il suffit d’énoncer ce qui précède pour comprendre qu’aucune action sérieuse n’est à attendre pour diminuer ce qui est pourtant présenté comme un « fléau ».

    En lieu et place de quoi, puisqu’il est impossible de rester sans rien faire face à un « fléau », nous devrions avoir une augmentation des lynchages médiatiques, dont certains, c’est fatal, toucheront des innocents, et des attaques répétées – et peut-être finalement victorieuses – contre des dispositions juridiques essentielles pour garantir la sureté de tous, comme le principe de la prescription ou celui de la présomption d’innocence. Nul besoin d’être grand clerc pour le prévoir : c’est déjà ce qu’on peut observer à propos des « féminicides », et pour des raisons très semblables.

    Dieu étant par définition bon, je ne pense pas qu’il se gausse de nous voir chérir les causes des maux dont nous nous plaignons. Si la divinité est capable d’avoir des sentiments (ce qui, certes, peut se discuter), le plus approprié serait sans doute la pitié. Et peut-être, également, un peu de mépris.

    2.jpg

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • A chaque fois tout recommence*

    La fin de l'Histoire et le dernier homme selon Francis Fukuyama

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    103879671.jpgUn brin méprisant, M. Guetta semble reprocher à certains pays « de ne pas avoir encore admis de ne plus être ce qu’ils avaient été «  (France Inter, 5 avril).

    Et de nommer, croyant se montrer convaincant, Hongrie, Turquie et Russie. Ce faisant, il nous incite plutôt à penser le contraire. Qu’en 2018, un petit pays d’Europe centrale ne se résolve toujours pas à l’amputation des deux tiers de son territoire et des trois quarts de sa population, suite au Traité de Trianon du … 4 juin 1920, voilà qui illustre, au rebours de la pensée idéologique du chroniqueur Guetta, la mémoire longue des peuples et des nations. Même constat pour la Russie et a fortiori pour la Turquie, chacune  « dépossédée » de son empire multiséculaire, celle-ci au début, celle-là à la fin du siècle dernier. Est donc flagrante ici l’opposition entre deux démarches politiques, l’une fondée sur l’héritage de l’Histoire, l’autre sur l’idéologie, en l’occurrence, et à titre d’exemple, celle qui a présidé au dépeçage de la Double monarchie austro-hongroise.

    M. Fukuyama peut bien expliquer dans Le Figaro (6 avril) qu’on s’est mépris sur le sens véritable de son ouvrage La fin de l'histoire et le dernier homme, publié en 1992 au moment de l’effondrement de l’Union soviétique. Il ne fallait pas comprendre qu’il n’y aurait plus d’événements historiques mais qu’existait désormais un type de société satisfaisant pour tous, la société démo-libérale. Peu nous chaut qu’il se soit, ou pas, voulu le prophète d’une « mondialisation heureuse » : tout le monde sait aujourd’hui que cette dernière n’est qu’une utopie de plus, dangereuse comme toutes les utopies. D’ailleurs, même s’il persiste à considérer la démocratie libérale comme le modèle indépassable, « largement préférable à ses principaux concurrents », M. Fukuyama reconnaît son incomplétude essentielle, « liée au confort matériel et à la liberté personnelle dont on profite ». Il cite volontiers l’Europe, en fait l’Union européenne aux fondements mercantiles et financiers. Or, on peut se demander qui sera(it) prêt à mourir pour la grande démocratie libérale qu’est cette Europe « posthistorique », laquelle nie la dimension tragique de l’Histoire et propose à ses « citoyens » le seul bien-être personnel comme philosophie de l’existence. 

    Volens nolens, M. Fukuyama, loin de prophétiser un monde apaisé, annonce la pire des catastrophes pour une Europe menacée de submersion migratoire alors même qu’elle est anesthésiée par les utopies mortifères de la démocratie libérale. Il rejoint d’une certaine façon, et bien malgré lui sans doute, M. de Benoist (Boulevard Voltaire, 26 mars) qui constate que nous sommes « face à un nouveau tsar en Russie, à un nouvel empereur en Chine, à un nouveau sultan en Turquie, tous trois au summum de leur popularité ». La faiblesse de la démocratie libérale européenne constitue dans le contexte international un handicap que vient cependant dénoncer, même de façon diffuse et inconsciente, la montée des populismes. Réalisme et Histoire contre utopie et idéologie, l’alternative a le mérite d’être claire. Il est clair que la dynamique politique sera de fait toujours du côté des héritiers, quel que soit le jugement de valeur que l’on s’arroge le droit de porter sur eux. Et quand l’héritage est d’une telle valeur, pensons à la France, pensons à toute l’Europe, ceux qui nous en détournent sont soit des traîtres soit des fous furieux.   

    * Aragon, « L’Étrangère »

  • Conséquences du fiasco afghan : l’immigration à l’épreuve de la réalité…, par Marie Delarue.

    Si la situation n’était pas si triste, on rigolerait de voir Christian Estrosi, l’homme qui se bouche le nez devant les élus , celui qui dit ne partager aucune valeur avec le parti de Marine Le Pen, celui encore qui clamait en juin dernier « Le RN est un mouvement extrémiste et ceux qui le rejoignent sont bercés par ces idées extrémistes », on rigolerait de le voir aujourd’hui réclamer des « quotas migratoires » et clamer haut et fort : « Non, c’est clair, je ne veux pas recevoir de réfugiés [afghans] chez nous ».

    3.jpgIl estime qu’il a eu sa dose, le maire de Nice. Sa dose de réfugiés et surtout sa dose de terroristes. Il l’a dit sur RTL au lendemain de l’allocution d’Emmanuel Macron : je ne veux pas de réfugiés car « notre ville a été victime ces dernières années du de manière considérable avec l’ du 14 Juillet sur la Promenade des Anglais et celui de la basilique Notre-Dame. » Scandale ! Les propos du maire de Nice ont déchaîné l’indignation. Comme cette Madame Granouillac, élue d’opposition, qui a twitté : « lorsque l’on est président d’une métropole, je ne comprends pas que l’on puisse être aussi désolidarisé (sic), et ne pas tendre la main à ceux qui en ont besoin. Parler des attentats terroristes dans une humanitaire comme celle-ci c’est très maladroit. La ville est certes meurtrie, les plaies ne sont pas refermées mais là c’est indécent. J’attends que monsieur le maire explicite en quoi ces deux notions, terrorisme et solidarité, sont à mettre en parallèle. »

    Erreur d’analyse : il ne s’agit pas de mettre en parallèle terrorisme et solidarité mais terrorisme et immigration. La nuance est d’importance. En effet, si tous les immigrés ne sont pas terroristes, il se trouve que les terroristes sont très très majoritairement immigrés, ce qui pose un problème évident qui, pour une fois, n’échappe pas au maire de Nice.

    Ce vendredi matin, c’est la responsable de France Terre d’Asile qui était invitée sur RTL. Elle est catégorique :« Il faut que la France propose une accueil digne à toutes les personnes qui sont en demande de protection. » Vaste mission… On aimerait d’ailleurs lui poser une question : les membres en fuite du gouvernement fantoche et “l’ afghane“ qui ne l’est pas moins, tous ces soldats prétendument formés à nos frais qui se sont eux aussi enfuis en abandonnant sur place le matériel et leurs concitoyens, tous ceux-là ont-ils également vocation à être accueillis sur notre sol ?

    Les Afghans sont en France les premiers bénéficiaires du droit d’asile : 45.000 personnes, chiffre officiel du ministère de l’Intérieur, à quoi il faut ajouter les clandestins, par définition inquantifiables. Essentiellement en Ile-de-France, ils forment le gros des troupes des camps de migrants régulièrement évacués du nord de Paris.

    « De 1980 à 2010, la France a accueilli entre 100 et 200 Afghans chaque année, puis entre 400 et 700 jusqu’en 2014 », dit la directrice de France terre d’asile au Monde ; « Ensuite, le début du retrait des troupes d’Afghanistan et la crise syrienne ont entraîné un premier mouvement de migrants vers l’, surtout vers l’Allemagne, la Suède, la . Et puis, à partir de 2018, on a vu des flux secondaires internes à l’Union européenne, et beaucoup de ces “dublinés”, qui avaient été déboutés dans leur pays d’arrivée, sont venus présenter une deuxième demande d’asile en France. » Depuis 2018, l’Ofpra reçoit 10.000 demandes par an émanant d’Afghans.

    Ce sont de hommes (27 ans en moyenne) pour qui, de l’avis de tous, l’adaptation est très difficile : « Il y a une difficulté, plus forte que chez d’autres nationalités, dans l’apprentissage des codes, dans la prise en compte de ce que nous sommes sociétalement, en particulier dans le rapport hommes-femmes », reconnaît le directeur de l’OFII, l’Office français de l’immigration et de l’intégration…

     

    Marie Delarue

    Ecrivain, musicienne, plasticienne

    Source : https://www.bvoltaire.fr/