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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • La guerre est là. Que faire ?

     

    Hilaire de Crémiers, directeur de Politique magazine, donne son analyse sur les évènements dramatiques que la France vient de subir.

     

    hilaire-de-cremiers-510x327.jpgLa guerre est là, devant nous. Politique magazine l’a déjà écrit à plusieurs reprises. Cette guerre nous est faite sans déclaration préalable et par tous les moyens dont le terrorisme n’est qu’un des multiples aspects. Les attentats de Paris sont des actes de guerre, a constaté le chef de l’État qui est aussi le chef des Armées. François Hollande a décrété l’état d’urgence et en a demandé la prolongation sur trois mois. Il a réuni l’ensemble de la représentation nationale en congrès à cet effet, pour souligner la gravité de l’heure, appeler au rassemblement de la nation et définir les impératifs de la sécurité de la France en précisant les mesures qui s’imposent. Le Premier ministre, de son côté, parle maintenant avec une extrême fermeté de l’éradication du terrorisme et, en conséquence, de la répression de l’islamisme radical qui l’alimente. Il invoque, lui aussi, l’union nationale nécessaire dans des circonstances aussi dramatiques.

    Situation alarmante

    La situation, en effet, est alarmante. La France est engagée à l’extérieur sur plusieurs fronts, en Afrique, au Moyen-Orient. Elle se trouve aussi partie prenante dans le dispositif en Méditerranée pour faire face à l’intarissable flux migratoire et elle s’est engagée dans l’accueil des migrants innombrables qui arrivent sans discontinuer de Syrie, de Turquie et, d’une manière générale, du sud-est de l’Europe.

    Et voilà que s’ouvre un front intérieur que les responsables politiques commencent seulement à entrevoir. Les mises en garde des services spécialisés et des autorités militaires n’avaient pas manqué ni de nombreuses alertes au cours de ces dernières années.

    Ce front intérieur face à un ennemi de l’intérieur constitué en ce qui s’appelle communément « une cinquième colonne », exigera, à cause de son indétermination fondamentale, beaucoup d’hommes, beaucoup de moyens et d’efforts, beaucoup de dépenses aussi, sans garantie aucune, en raison du pourrissement prévisible de la situation et surtout en raison du mode opératoire du terrorisme islamique. Ce qui n’était qu’actes individuels devient actes collectifs dont la logique suppose la répétition et la coordination. Leur fréquence et leur violence ne cesseront d’augmenter.

    Que faire contre l’horreur terrifiante d’attentats frappant les citoyens au hasard et, pourtant, en tant qu’actes, méticuleusement voulus, programmés, préparés, conceptualisés, réalisés par des hommes fanatisés et déterminés ? L’atrocité y est conçue comme une perfection de l’acte ! Il faut donc comprendre que le terrorisme répond à une stratégie, constitue en lui-même un but de guerre ; il se relie à une vision militaire de l’islamisme ; l’armée djihadiste, les armées même puisqu’elles sont nombreuses et souvent s’entretuent, mènent leur combat sous toutes les formes, sur tous les fronts, par tous les moyens, en territoires qui relèvent de l’islam, comme en territoires extérieurs à conquérir. La conception est globale, religieuse, politique, militaire ; cette conception même se prétend un État – mais quel État ? – un califat qui a vocation à dominer le monde et à y imposer sa loi.

    Nul ne sait au juste ce que c’est que cet État, ni qui se cache sous ce nom, ni ce qu’il représente, ni de quoi il vit et comment il vit. Très peu de nos responsables politiques ont compris cet aspect des choses. Ils se croyaient couverts par leur laïcité qui ne fut jamais en son temps et encore maintenant qu’une machine de guerre contre le catholicisme français et qui n’est qu’un vide, une prétendue neutralité gentille, face à l’islam, c’est-à-dire une absence totale de réponse.

    Des mesures insuffisantes

    Autre inquiétude : c’est qu’il apparaît clairement que ce genre d’ennemis est maintenant chez nous partout. Ils surgissent de territoires dont il est vain d’affirmer qu’ils sont contrôlés, les fameux « territoires perdus » de la République. Là aussi les responsables politiques feignaient de les ignorer.

    Des banlieues entières, aujourd’hui des quartiers de villes échappent pratiquement à l’autorité de l’État, en France, en Belgique et, en fait, pratiquement dans toute l’Union européenne. Les armes s’y entassent ; les gens s’y radicalisent ; le banditisme y fait la loi : tous ces symptômes de gangrène sociale sont liés ; les prisons sont des lieux de radicalisation. L’Europe de Schengen a créé un espace où les brigands et les terroristes armés peuvent circuler pratiquement en toute impunité et de là partir en Syrie ou ailleurs pour en revenir en choisissant les moyens de leur départ et de leur rentrée.

    Les mesures dictées par François Hollande sont toutes dans le quantitatif, certes, sans doute, nécessaires, mais insuffisantes devant la menace multiforme. Plus de gendarmes, plus de policiers, plus de juges et des militaires encore plus présents ne sont que des ripostes mais ne constituent pas une réponse de fond à la question. Pas plus que la multiplication des bombardements par l’aviation française.

    Nous ne sommes qu’au début d’un processus qui n’ira qu’en s’amplifiant et d’autant plus que les réponses qui seront apportées seront d’abord en discours, en attitudes prises sous le coup de l’émotion et avec des visées politiciennes et des arrière-pensées inavouables. Le politicien joue de tout, y compris de la peur. Chacun fera son affaire des événements, à sa manière et pour son compte ; le soupçon parfaitement compréhensible en pèsera sur les autorités en place. Affreux à dire, mais, hélas, terriblement réaliste.

    Manque de compréhension

    Ceux qui se souviennent encore de la guerre d’Algérie – il y a beaucoup de ressemblances – comprennent parfaitement cette logique de guerre civile qui s’enclenchent inéluctablement. A l’époque de l’Algérie française, l’État français par la voix de ses ministres – dont François Mitterrand – avait assuré, répété que jamais, au grand jamais, la République ne céderait au terrorisme. Or, non seulement elle a cédé, mais elle s’est déshonorée puisqu’elle a livré les musulmans fidèles à la France à leurs adversaires et tortionnaires, ce qui fut un crime contre l’humanité.

    La parole de la République n’est plus fiable et, les premiers à le savoir, ce sont malheureusement les Français musulmans. N’oublions pas que le gouvernement républicain de l’époque avait envoyé l’armée dans ces territoires qui relevaient de la souveraineté française, qu’il avait mobilisé le contingent ; c’était des socialistes qui étaient au pouvoir ; ils décrétaient l’état d’urgence. Comme aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est en métropole ! François Hollande envisagerait de rappeler des réservistes en forme de garde nationale. Ce fut fait en Algérie avec les unités territoriales. Rien de nouveau.

    Les responsables politiques ont la chance d’avoir encore des services relevant des fonctions régaliennes de l’État qui fonctionnent bien et, pour certains, excellemment, avec des moyens pourtant trop limités. Ces services font leur travail. Mais déjà tout ce que l’on sait des enquêtes révèle des défaillances internes à l’État : sous prétexte de justice, de lois, de considérations humanistes, voire de politique pénale, les bandits, les assassins, les terroristes échappent à la répression nécessaire, tandis que les honnêtes citoyens sont harcelés de contrôles. Les impératifs de l’ordre et, aujourd’hui, de la guerre sont occultés, systématiquement bafoués. A tel point que les forces de l’ordre en son dégoûtés.

    Il ne s’agit pas de revenir sur l’état de droit, ni même d’en rajouter dans les mesures d’exception. Une réforme constitutionnelle supplémentaire telle que l’a proposée François Hollande n’apportera rien. Ce qui existe aujourd’hui suffit amplement. Il s’agit de savoir ce que l’on veut. Et la seule vraie question est de savoir si le régime sait lui-même ce qu’il veut. Sur le moment, de beaux discours sont prononcés, des postures martiales sont affichées, des décisions sont prises ; mais aucune politique de fond, aucune stratégie proprement française ne se dégage.

    Il est évident que la politique intérieure et la politique extérieure doivent être coordonnées intelligemment et s’aligner sur les mêmes nécessités. Il a fallu une tuerie pour que l’Exécutif s’en rende compte ! Poutine combat les mêmes ennemis que nous. Il se dit de plus en plus que Laurent Fabius fut le plus calamiteux des ministres des Affaires étrangères. Il est temps de s’en apercevoir.

    De terribles contradictions

    Mais que dire de nos politiques pénales, de nos politiques migratoires, de l’ordre intérieur constamment remis en cause, de l’Éducation dite nationale, de nos politiques familiales ? Le souci premier de nos gouvernants ne fut que de détruire tout ce qui constituait la France, son histoire, ses frontières, ses familles, ses entreprises. Le chef de l’État semble aujourd’hui prendre conscience que les frontières sont utiles et même nécessaires. Espérons que dans son esprit cette conscience ne soit pas que temporaire.

    Que penser de nos manières d’envisager d’intéresser à la France toute une jeunesse abandonnée, quand, partout et toujours, l’État lui-même ne lui apprend qu’à la mépriser. Croit-on qu’on les attachera à la République en leur enseignant le rejet de l’histoire de France, en culpabilisant la France et les Français à longueur de temps ? La République n’est-elle pas née du sang jailli d’une tête coupée, de milliers de têtes coupées et d’une terreur organisée jusqu’au génocide ? N’est-ce pas là qu’elle prétend puiser sa légitimité ? Le monde entier le sait. Les Pol Pot, les Ho Chi Minh, les chefs du FLN avaient appris leur leçon chez nous ! Lénine et Staline y ont vu leur archétype, les terroristes du monde entier un exemple. Où est l’esprit national, la volonté de défense, l’intelligence de l’avenir ?

    Il ne faudrait pas que la réponse du moment ne soit faite que pour l’électeur, justement terrifié. Et comment ne pas penser que le politicien, habitué à jouer de tout, ne jouera pas aussi de la peur ? Mais la peur n’est pas bonne conseillère. Les élections vont venir où tous les responsables politiques sont impliqués avec leurs petites tactiques à courtes vues. Il est impossible de construire une politique française sur de telles bases. Tout sera sujet non seulement à discussions, mais à controverses et à oppositions systématiques. Dans un climat délétère, les luttes partisanes peuvent allumer des incendies et déboucher, dans le pays, sur les pires violences. Les organisations terroristes auront beau jeu. Surtout si la France, ce qui est probable, retraverse une crise financière et budgétaire aggravant encore la crise économique et politique.

    La vérité est que personne en France ne maîtrise la situation. Parler d’unité nationale, c’est bien, mais où est l’unité de pensée, de vision, de décision, de contrôle ? Nos élections présidentielles seront un capharnaüm sans nom. Le pays en sortira divisé plus que jamais et vraisemblablement ingouvernable. Or l’ennemi connaît cette faiblesse essentielle et il n’est pas douteux qu’il en usera.

    Il vient un temps où les sociétés pour survivre doivent se donner des institutions adaptées. La vraie réforme est à faire à ce niveau. 

  • ”Restitutor”: un Roi Libérateur.....

              On le sait depuis l'Antiquité, depuis Ésope et sa fable de la langue: rien n'est totalement bon, ni totalement mauvais sur cette terre; il en est de même pour la situations des États: on sait bien que tout peut arriver, le pire bien sûr, mais ce pire n'est jamais certain, et ce sera peut-être le meilleur qui arrivera....

              Qui a dit: "Le désespoir en politique est une sottise absolue." ?Par définition, concernant l'avenir, tous les scenarii sont possibles, et si l'on peut nourrir de légitimes craintes (1), rien n'interdit de nourrir aussi de réels espoirs : tout simplement, entre autre..., parce qu'on a de multiples exemples, dans l'Histoire, de politiques trop "florentines", trop habiles, trop savantes, qui ont fini par échouer de ce fait même, en se retournant contre leurs auteurs et contre leurs noirs desseins.

              Ainsi en sera-t-il peut-être de cette folle politique de l'Immigration, menée depuis une trentaine d'années par le Système....

    JLForain1D.jpg            Nous évoquons régulièrement, ici même, les aspects les plus dangereux de cette politique suicidaire, aberrante et, peut-être, mortelle pour la survie et la continuité de la France telle qu'elle nous vient de l'Histoire; une France "communauté de destin", telle que nous l'avons reçue, et dont nous souhaitons continuer et poursuivre l'aventure, alors que que certains cherchent à la dissoudre et la diluer dans ce "grand tout immigrationiste", ce magma infâme et informe que cherche à nous imposer le Système, depuis les décrets Chirac de 1975. Mais qui peut affirmer que, justement, le sursaut ne viendra pas de là ? Un sursaut  provoqué précisément par ce nouveau mauvais coup porté à la France par la République idéologique ? Et qui pourrait fort bien conduire à la renaissance et au salut ? Qui serait, en lui même, l'occasion du choc, du déclic, qui fera réagir l'opinion ?..... 

                Osons une comparaison historique. Au troisième siècle de notre ère, l'Empire Romain connaissait une grave crise; dans les faits, il était tout simplement en voie de désintégration. Survint Aurélien, proclamé empereur en 270, qui se fixa comme objectif la reconstitution de l'Empire et son redressement, grâce à des réformes aussi profondes que bénéfiques: frappés par la réussite de son action, à l'origine du renouveau du Bas-Empire, les romains lui décernèrent le beau titre de "Restitutor" : celui qui rétablit, qui "remet debout"; le sauveur..... Aujourd'hui, lorsque nous proposons pour la France le Prince Jean, qui peut dire si, justement -et encore mieux que nous mêmes et notre propagande- ce ne sera pas l'état du Pays lui même qui rendra possible l'appel au Roi libérateur ? Si ce ne seront pas les noirs desseins de la république -par exemple dans le domaine de l'Immigration...- et les méandres tortueux de ses mauvais coups tordus qui finiront par convaincre les français qu'il est l'homme qu'il nous faut, au moment qu'il faut ? Que sa présence à la tête de l'État est "l'exigence naturelle des réalités de ce temps ?" (2)

              Avec cette Immigration, le Système ne joue-t-il pas à l'apprenti sorcier, à qui sa créature échappe: c'et un jeu très dangereux, qui peut se révéler plein de surprises à l'arrivée. Il existe une caricature royaliste célèbre, montrant une Marianne, vieille mégère affreuse, arrosant son jardin où poussent...des fleurs de lys ! Le titre du dessein (La belle jardinière) voulant signifier que par ses excès mêmes, par ses erreurs et ses échecs, la république se ferait au bout du compte le meilleur agent, le meilleur propagandiste de la nécessité d'un Roi au sommet de l'État... Aujourd'hui, il est clair que, comme l'Empire avant Aurélien, la France va mal, même très mal. La cause en est bien connue, c'est le Système et son idéologie; mais nous savons que, comme le disait Bainville, le remède est à côté du mal.

              Le Roi que nous proposons à nos compatriotes n'est pas une nostalgie, mais un recours et un projet; nous ne le justifions pas par des considérations passéistes, mais par l'état actuel de la France et pour répondre à la grave crise dans laquelle la république idéologique l'a plongée; il ne s'agit en aucun cas de "restaurer" le Roi, mais de bien voir que son impérieuse nécessité émane justement de cette crise dans laquelle se trouve la France. Ainsi conçu, le Roi est un recours, un espoir, une espérance; afin que s'écrivent encore de nouvelles et nombreuses pages de notre Histoire. On n'écrirait plus alors la "devise" S.P.Q.R., comme au temps de Rome et d'Aurélien "Restitutor", mais, pourquoi pas?, quelque chose qui pourrait ressembler à R.P.Q.F.: Rex PopulusQue Francorum: le Roi et le Peuple des Francs...

               Cela n'aurait-t-il pas un certain panache ?...

    (1): Oui, la France peut finir par mourir et disparaître à cause des mauvais coups que ne cesse de lui porter la république idéologique; du moins mourir et disparaitre en tant que grande puissance, voire puissance tout court, qui "compte" dans le concert des nations....

    (2) comme le disait le précédent Comte de Paris.                     

  • Touche pas à mon dimanche ! : Humeur et libres propos sur le sophisme de Devedjian.....

                Patrick Devedjian est pour l'ouverture des magasins le dimanche; c'est son droit, et nous ne le lui reprochons bien sûr pas. Ce qui nous a par contre surpris, et pour tout dire amusé, c'est la façon qu'il a eue de défendre sa position -sur Canal +, le mercredi 3 au matin- et l'argument (!) qu'il a cru devoir employer.....

    dimanche.JPG

                Il a choisi le ton de l'ironie et du sarcasme : "Les chrétiens honorent le dimanche, les juifs le samedi, les musulmans le vendredi, si les bouddhistes s'y mettent, il va pas rester grand chose !"..... "Je croyais que nous étions dans une république laïque"......

                En somme, tout se vaut, tout le monde est sur le même pied d'égalité, toute coutume ou habitude collective en vaut une autre. Il n'y a aucune différence entre ceux qui sont là depuis... (excusez-nous d'exister !...) et les nouveaux venus, arrivés hier. Du moins dans un seul pays au monde : le nôtre, ici en France. Parce que tous les autres pays du monde défendent leur façon d'être et de vivre, leur identité, et il ferait beau voir qu'on aille seulement exprimer l'hypothèse de travailler le vendredi en Arabie Saoudite : les sabres n'y sont pas faits pour les chiens.... Or ce n'est pas parce que la Pays Légal a fait entrer dix millions de nouveaux depuis 1975, par une politique peut-être légale mais pas dorcément légitime, que les français d'origine (nous y reviendrons, car cette notion reste évidemment à préciser...) n'ont plus le droit de vivre comme on l'a toujours fait chez nous.....

                On a connu Patrick Devedjian mieux inspiré, et avec de meilleures munitions -si l'on peut dire- que ce pauvre argument, qui précisément n'en est pas un. Il nous semble porter le même regard erroné sur la France que Michel Boyon, et donc mériter le même reproche que lui (1). 

                Devedjian - comme Boyon- feint de prendre la France pour un pays quelconque, inodore, incolore et sans saveur; pour un pays absolument comparable à n'importe quel autre pays sur terre; et totalement interchangeable avec n'importe lequel; sans passé, sans spécificité(s), sans Histoire, sans Tradition(s); une sorte de carré géométrique (pas une Patrie charnelle); regroupant des sortes de pions (pas des personnes, ayant une histoire et venant de quelque part); que l'on gère, comme des choses et des objets, mais dans la gestion desquels n'entre absolument aucune idée de civilisation, d'héritage, de culture, de moral, bref d'esprit....

                Or il se trompe, sur ce point, monsieur Devedjian. Comme se trompe monsieur Boyon. La France n'est pas un pays de nulle part, situé nulle part, venu d'on ne sait où, sans attaches et sans souvenirs; La France est au contraire un pays né et bâti sur des fondations chrétiennes, dans un continent chrétien. Elle ne le sera peut-être plus dans mille ans, ou cinq cents ans, ou même cent ans, si la république continue à changer le peuple et à dé-naturer le pays à cette vitesse, et si nous ne réagissons pas. Mais, pour l'instant, la France l'est encore, chrétienne, dans son héritage et  ses fondamentaux. Comme l'Europe.

                Et donc chez nous, ici, en France et en Europe, on chôme le dimanche parce que c'est notre tradition commune à tous, tradition chrétienne d'un continent chrétien. Que les pays musulmans, de tradition et de culture islamique, chôment le vendredi, et qu'Israël chôme le samedi, cela n'a rien pour nous déplaire ou nous choquer et, du reste, cela ne nous regarde pas. Nous, nous chômons le dimanche parce que c'est notre héritage et notre façon de faire, depuis belle lurette. 

                Cela ne veut pas dire que nous jugeons cette tradition, cette coutume, cette façon de faire, supérieure -ou inférieure- aux autres; cela veut simplement dire que nous la constatons, c'est tout. A la différence des déracinés (comme dirait Barrés) ou des non enracinés, nous ne sommes pas des zombis, venus de nulle part, allant nulle part, sans héritage, sans culture, sans capital transmis (comme disait Maurras); ce capital transmis qui est la définition même de la Civilisation; qui est en quelque sorte notre épine dorsale.

                Si certains n'en n'ont pas, ou n'en veulent pas, d'épine dorsale, libre à eux. S'ils veulent ressembler plus à un mollusque tout mou qu'à un héritiier debout, libre à eux. Mais qu'ils ne prennent pas leur cas pour une généralité. Et que monsieur Devedjian ne raisonne pas comme s'il n'y avait, en France, que des mollusques tout mous....

               Bref, monsieur Devedjian est bien gentil, mais lorsqu'il sort son insanité sur Canal + il nous semble que d'une certaine façon, sa désinvolture est comme une sorte d'insulte à la France et aux Français, en les prenant pour une vulgaire marchandise que l'on gère d'une façon purement mécanique, genre "gestion des stocks".

               Nous on est pas un stock, on n'est pas de la marchandise. On est des Héritiers, qui ont reçu et qui veulent transmettre. Ce n'est pas tout à fait la même chose.....

    (1) : Voir la note "Humeur : Trop d’arabes en Arabie ? Trop de jaunes en Chine ? CSA cherche « non crétins », désespérément….." dans la Catégorie "Immigration : Identité ou Désintégratioin nationale ?...".

  • Sommes-nous donc contre l'Europe ?

     

    « L’Europe, faites la mais ne faites pas comme si c'était fait » Charles Maurras 

    En deux mots.jpgSommes-nous, comme nous pourrions parfois le donner à croire par maladresse, antieuropéens ? Sommes-nous contre l'Europe ?  

    Nos positions ne doivent pas être des foucades. Nous devons être attentifs à leur formulation. Il faut distinguer les plans, ne pas ignorer les nuances qui s'imposent : elles peuvent être importantes.  Nous devons veiller à n'être ni apparaître comme des acteurs négatifs dans le spectre politique français ou comme des esprits simplistes, sectaires, psychorigides. Parce que nos volontés ni nos doctrines politiques ne nous conduisent vers rien de tout cela. 

    Dans l'affaire européenne, nous sommes carrément opposés à l'esprit de Bruxelles comme à sa réalité technocratique, niveleuse, en fait mondialiste, immigrationniste et multiculturaliste. Cette Europe-là a commencé par refuser de reconnaître ses racines, notamment, mais pas seulement, chrétiennes. Toutes ses racines nées de l'Histoire. Par-là, elle a rompu avec sa réalité. Elle a voulu se construire par dépassement et effacement des Etats-Nations alors qu'elle ne peut exister que par le concert des mêmes. D'origine, l'Europe au sens bruxellois a voulu se construire par l'économie, se définissant seulement comme un « marché ». En ignorant que l'argent n'unit pas. Il divise*. Conséquemment, l'U.E. a travaillé à rendre ce marché homogène, à l'unifier, et même le massifier en édictant un grand nombre de réglementations des plus tatillonnes.  Plus récemment, elle a voulu imposer l'accueil massif de migrants, obliger chaque Etat à des quotas réinventés pour la cause. Le rejet des peuples et de certains Etats courageux a suivi, fatal, d'un bout à l'autre d'une Union qui n'en est pas ou plus une. Ainsi l'un des principaux reproches que l'on peut adresser aux hommes et aux institutions qui ont eu la charge du projet européen est précisément d'avoir gâté cette grande idée, de l'avoir peu à peu discréditée aux yeux des peuples et d'avoir provoqué le rejet, voire le mépris, qu'aujourd'hui elle inspire. Peut-être pour longtemps. 

    Une autre Europe était et reste possible et nous n'avons pas à nous en dire « partisans » : nous en sommes, nous sentant profondément européens d'une Europe réelle, faite de ses différences, de ses peuples divers, de ses langues et de ses cultures, de sa riche palette de climats, de paysages et de mœurs, de son enracinement spirituel diversement mais partout majoritairement chrétien, de son patrimoine intellectuel, de ses scientifiques et de ses techniciens, de ses littératures et de ses arts, différenciés et formant pourtant une évidente communauté de civilisation, à défaut de constituer une unité politique. Par tradition, par héritage, par respect de l'Histoire, par sens et goût des traditions, des racines et des terroirs, par attachement au principe dynastique qui, au cours des siècles fondateurs a façonné l'Europe, uni tant de fois les familles princières du continent, relié leurs Etats et leurs peuples, les royalistes sont par essence européens. Peut-être plus naturellement, plus spontanément que d'autres.  

    C'est cette Europe-là que nous prônons. L'Europe des intérêts, économiques, sociaux et politiques n'a jamais cessé d'être divisée. Elle l’est aujourd’hui plus que jamais. Sans-doute par définition et pour longtemps. L'Europe communauté de civilisation, en revanche, à condition qu'elle s'éloigne de son tropisme de repentance et d'excessive autocritique, est une réalité qui n'a nul besoin d'une armada de technocrates pour exister. Les mêmes qui provoquaient déjà l'ire de De Gaulle autour de 1960 ...  Echanges scientifiques, universitaires, culturels, estudiantins, grands projets d'intérêt commun, grands travaux unificateurs du Continent, peuvent se réaliser sans eux. Le Conseil des chefs d'Etat, des gouvernements ou des ministres concernés y suffirait. 

    Cette Europe-là n’exclut pas une Union qui serait progressivement plus politique par la concertation institutionnalisée de ses Etats. Elle ne l'exclut pas, elle la précède et la conditionne.  

    La première de ces deux Europes d'esprit si opposé, est en train d’échouer. D'aucuns se demandent si elle n'est pas déjà morte sans le savoir. Rien en tout cas n'est certain de sa pérennité ni de sa capacité de résistance aux épreuves et au temps. Celle que nous appelons de nos vœux pour éloignée qu'elle soit de la doxa postmoderne a au moins pour bases de puissantes réalités sur lesquelles l'Europe de Bruxelles vient aujourd’hui se briser. Notre Europe a le mérite d'être, en plus d’une réalité, une espérance. •

    * Guerre fiscale intra-européenne

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien ci-dessous

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Mai 68 • Un rendez-vous manqué [1]

    L’étude de Hervé Hamon et Patrick Rotman le montre : il y avait bien une surreprésentation d’individus d’extraction juive petite-bourgeoise parmi les révolutionnaires de Mai. Elle met en évidence, de plus, que la thèse d’Annie Kriegel, contenue dans l’article de Larche « Gauchisme et judaïsme » déjà mentionné, selon laquelle il y avait au sein du milieu des révolutionnaires professionnels une suprématie des ashkénazes sur les séfarades est juste, à l’exception, comme elle le précise bien, du groupuscule maoïste UJC(ml), où le polak Linhart est pris en étau par le pharaon Lévy et le portos Grumbach. 

    Gauchisme et judaïsme 

    Les auteurs de Génération l’admettent eux-mêmes en écrivant qu’ « [u]ne société qui tolérait l’intolérable au nom de la raison d’Etat était intrinsèquement perverse et appelait à une révolution radicale. L’idée d’une révolution jaillit d’un étonnant brassage : la fascination du temps où l’acte militant était un acte guerrier, l’insurrection éthique contre les turpitudes d’une sale guerre, la quête messianique d’un Éden sans classes où les hommes seraient frères. Goldman possède un chromosome marqué de l’étoile jaune. Il n’est pas le seul, loin s’en faut. Ce parcours est peuplé de jeunes juifs et le hasard n’y est évidemment pour rien. Il se retrouvent là, kibboutzim du boulevard Saint-Michel, les Juifs polonais, les Sénik, Pienkny, Goldman, les Juifs russes, les Krivine, Schalit, Butel, sans oublier les Polonais nés en Union soviétique comme Henri Weber. Plus Grumbach, Castro, Kahn, Kouchner... Ils n’ont eu qu’à emprunter, prolonger le chemin de leurs parents, qui louvoyait entre Auschwitz et Vorkhouta, pour échouer sur cette terre promise, coincée au pied de la Sorbonne. Ils ne portent pas leur judéité en sautoir. Ils sont avant tout révolutionnaires ; mais ils savent, même s’ils n’en parlent point, sauf pour en plaisanter, que l’identité juive détermine leur engagement. Exclus, immigrés, minoritaires, ils perpétuent une tradition qui allie judaïté et Grand Soir dans l’irrépressible désir de la justice universelle, finale. L’an prochain, la révolution ! »[1] 

    D’après les deux auteurs, la direction du mouvement étudiant qui s’était instaurée de fait était composée d’Alain Geismar, Benny Lévy, Jacques Sauvageot, Alain Krivine, Henri Weber, Daniel Cohn-Bendit, Serge July et Jean-Louis Péninou, auxquels s’ajoutent les porte-paroles des lycéens Maurice Najman et Michel Recanati. Cette surreprésentation parmi les leaders est effectivement incontestable, elle crève les yeux même.

    Ce que confirme, en outre, l’article scientifique de Martha Kirszenbaum, où elle développe l’analyse selon laquelle les différents groupuscules gauchistes étaient unifiés par l’appartenance de leurs chefs à un même milieu, parisien, petite-bourgeoise, estudiantin et juif, chez qui « au sentiment du judaïsme se substitue un engagement politique révolutionnaire, pleinement hérité de l’histoire juive de l’Est. En effet, chez les étudiants contestataires d’origine juive, le particularisme n’est pas à l’ordre du jour. C’est au contraire l’internationalisme ou l’universalisme qui les animent. […] Or ce passage du judaïsme à la révolution s’est opéré pour beaucoup au moment de la guerre d’Algérie, lorsque certains des futurs acteurs de Mai 68 d’origine juive fréquentaient le mouvement sioniste de gauche Hashomer Hatsaïr »[2].

    Elle précise également : « Une des spécificités du milieu d’extrême gauche étudiant parisien de 1968 réside peut-être en ce que certaines de ses figures majeures sont d’origine juive de l’Est, en particulier de Pologne – pays qui accueille avant la guerre la plus grande communauté juive d’Europe. Parmi les leaders étudiants du mouvement se trouvent de nombreuses personnes originaires du monde juif d’Europe de l’Est et dont les parents se sont réfugiés en France. »[3]

    L’analyse de Martha Kirszenbaum corrobore celle d’Annie Kriegel : les meneurs du mouvement étudiant de Mai étaient tous petit-bourgeois, majoritairement juifs, avec une dominante ashkénaze.   

    Le forte coloration étrangère, pour ne pas employer un vocable cher à Charles Maurras – celui de métèque –, de la direction du mouvement de contestation étudiante, explique pourquoi beaucoup ont développé l’idée qu’il y a eu un « rendez-vous manqué en mai-juin 1968 entre ouvriers et étudiants »[4], en s’appuyant en particulier sur ces deux éléments : « l’article de Georges Marchais dans LʼHumanité le 3 mai contre les gauchistes et l’anarchiste allemand Cohn-Bendit, et, bien sûr, l’opposition des syndicalistes CGT à l’entrée des étudiants dans la ʽʽforteresse ouvrièreʼʼ de Renault-Billancourt les 16 et 17 mai. »[5]

    Reste à nuancer le propos : il y a eu en effet quelques exceptions. « Si le plus souvent, c’est à l’initiative des étudiants que des liens se nouent, des ouvriers font parfois le chemin vers les facultés occupées : de jeunes ouvriers CGT de Billancourt, mais aussi des syndicalistes contestataires de Sochaux s’en vont humer l’air du quartier Latin, des ouvrières d’une petite entreprise de câblage de Montpellier sont en relation avec des étudiants en lettres, des militants cédétistes de l’usine Rhône-Poulenc de Vitry se réunissent dans la faculté de Censier aux premiers jours de la grève »[6].   (Dossier à suivre)   

    [1]  Ibid., p. 163.

    [2]  Martha Kirszenbaum, « 1968 entre Varsovie et Paris : un cas de transfert culturel de contestation », Histoire@Politique. Politique, culture, société, n° 6, septembre-décembre 2008, p. 3.

    [3]  Ibid., p. 2.

    [4]  Boris Gobille, Mai 68, Paris, La Découverte, 2008, p. 55.

    [5]  Idem.

    [6]  Ibid., p. 56.   

     

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    Dossier spécial Mai 68

  • Sauveur ? Destructeur !, par Hilaire de Crémiers.

    Tous ceux qui s’intéressent à la question constitutionnelle, ont compris que Macron s’est emparé de l’État pour l’adapter à sa seule ambition, aux risques de déséquilibrer définitivement les institutions.

    La réforme constitutionnelle est à l’ordre du jour. Au moins dans les projets, tout étant en suspens en raison de la crise sanitaire. Chaque président, soi-disant dans une intention toujours républicaine et jamais personnelle, prétend apporter une touche à l’édifice politique de la France.

    hilaire de crémiers.jpgC’est une particularité bien française chez les peuples historiquement constitués  ! L’homme au pouvoir se croit obligé de remanier la constitution à son idée pour une satisfaction supposée plus grande des électeurs et dans le souci, bien sûr, d’améliorer la vie civique qui, dans la théorie officielle, ne peut d’elle-même que tendre sans cesse davantage vers l’idéal de la perfection démocratique.
    L’attention publique s’arrête généralement aux aspects techniques qui ne laissent pas, pourtant, dans le cadre actuel, que d’être nécessairement limités et parcellaires, jouant sur tel ou tel article, ou tel ou tel alinéa, donc, dans tous les cas, juridiquement dérisoires  : telles les farces sarkoziennes du référendum d’initiative populaire impossible à réaliser ou l’intervention du président devant le congrès réuni, parfaitement inutile et dispendieuse, mais copiée servilement et inintelligemment des États-Unis.
    En réalité, ces petits jouets de politiciens sont politiquement ridicules, malgré le sérieux un tantinet grotesque des constitutionnalistes.

    Peuple ni gouverné, ni représenté

    Au-delà des apparences politiciennes, il faut aussi déceler dans ces velléités réformatrices un besoin plus urgent de répondre à l’inquiétude d’un peuple qui ne se sent plus ni gouverné ni même représenté. Pire encore  : mal aimé, méprisé, caricaturé dans sa volonté d’être lui-même, objet seulement d’une spéculation électorale éhontée dont la motivation et les résultats paraissent d’élections en élections de plus en plus dénués de légitimité.
    Au point même – et c’est ce qui fait peur aux puissances établies – que pour des esprits indépendants qui ne se soucient pas de conformisme, se pose inéluctablement la question de l’utilité d’une telle représentation, plus gravement de la justification rationnelle et morale d’un tel mode de gouvernement et, d’une manière plus générale, de l’intérêt pour la France du fonctionnement même d’un tel régime. Est-il fait, comme il le prétend, pour le peuple au nom duquel ses pouvoirs, ses autorités et ses différentes instances parlent et décident  ? Concrètement pour la France  ? Pour les intérêts de la nation qui s’appelle spécifiquement France  ? Ou œuvre-t-il dans des vues autres, comme il apparaît de plus en plus nettement  ? N’est-il pas manifeste que la préoccupation majeure du régime est, d’abord, de se maintenir lui-même, tout en confortant l’idéologie progressiste au pouvoir, celle qui le sous-tend dans ses visées, en y plaçant ses sectateurs qui sont chargés d’en imposer les normes aux citoyens par tous les moyens de la puissance publique, en premier la loi et l’administration, formidables instruments de domination, la haute fonction publique étant par devoir et par formation acquise à la conception politique dominante  ?
    Dans toutes les crises politiques qui secouent la France régulièrement, il ne s’agit jamais que de sauver, non pas la France, mais la République  ! Et comment  ? En la réinstallant, en l’affermissant, pour la faire toujours plus républicaine, même quand elle devient par nécessité autocratique, sous ses oripeaux démocratiques. Le gaullo-bonapartisme s’inscrit dans cette perspective. La République a de surcroît cet avantage en pareil cas d’être définie par ceux-là même qui en tiennent les ficelles, sinon le gouvernail, et qui sont en possession du pouvoir effectif qu’elle représente. C’est une constance de l’histoire républicaine. Sarkozy, Hollande étaient bien, eux aussi, missionnés pour sauver une partie politique qui pouvait être perdue, surtout après le référendum de 2005 sur la constitution européenne dont le résultat fut ainsi contourné. Mais, tout aussi bien, ce fut le cas de Chirac et celui de Mitterrand. De Gaulle lui-même pour tout observateur perspicace fut dans le désastre républicain, à deux reprises, le sauveur de la République, quitte à donner à la Ve République sa tournure monarchique dont ses successeurs, malgré leurs réticences de principe, se sont fort bien accommodés.
    C’est encore plus vrai de nos jours où toute la direction politique est concentrée dans les mains d’Emmanuel Macron entouré de sa bande d’affidés – tous de mêmes comportements sociaux et sociétaux, tous de même modèle idéologique, sûrs d’eux et dont le cynisme faraud se conforte de cette conviction, invincible chez eux, de la supériorité qu’ils pensent transcendante et incontestable, de l’intelligence de leur conception. D’où leur ton condescendant. Eux, savent  ; et la supériorité de leur savoir justifie la domination de leur pouvoir. Du moins en sont-ils persuadés.
    Cette persuasion leur donne leur mission, eux à leur tour, après les de Gaulle, les Mitterrand, célébrés, comme il convient, successivement. Mission confirmée par l’élection de Macron, elle-même présentée comme une rupture refondatrice de la République et sans cesse relégitimée à la manière gaullienne ou mitterrandienne. Ils sont, donc, là pour configurer enfin la France et les Français, qualifiés de réfractaires et, dernièrement, de lamentables petits procureurs, sur la modernité progressiste selon de nouveaux critères politiques, juridiques, philosophiques ou prétendument métaphysiques et moraux  ; car ces immoralistes se croient des gens moraux, tels les Duhamel et tous les stipendiés de la République avides de pouvoir et d’honneur. Leur but  ? Amener par leur pédagogie la France à des conceptions plus larges, plus ouvertes sur le monde – enfin, ce qu’ils appellent des ouvertures  ! – loin des étroitesses nationalistes, délibérément transnationales et supranationales, qualifiées d’humanistes selon un manichéisme caractéristique de la conception binaire macronienne, et qui constituent le fonds commun de la pensée dominante, celle qui tient tous les leviers de pouvoir et tous les moyens d’influence par la pression médiatique et la décision financière.

    Une ambition démesurée

    Changer la France en changeant les Français, s’il le faut, malgré eux  ; changer le monde en changeant les rapports du monde  ; mettre la gouvernance mondiale dans l’équilibre d’une bonne direction par une prise de conscience des défis de la modernité  ! Tel est le rêve macronien, ouvertement déclaré tout au long de ses grands discours, tels celui de la Sorbonne en 2017 et celui de Davos en 2018 avec, en perspective, la souveraineté européenne et la gouvernance mondiale.
    En l’écoutant tenir de pareils propos, il est facile de comprendre que, pour lui, l’élection à la présidence française ne fut qu’un moyen de se confectionner une carte de visite sur laquelle afficher ses titres, et d’abord celui qu’il a prioritairement revendiqué, de vainqueur du populisme. Ce qui doit dans son esprit lui ouvrir toutes les portes des instances internationales et doter sa parole d’une force de conviction et d’adhésion invincible à l’échelle universelle. Or, il le pense, le monde en a besoin. Il n’y a pas à s’étonner, dès lors, que dans la nuit du 6 au 7 janvier, après les incidents du Capitole à Washington, à deux heures du matin, il s’est cru autorisé, comme investi d’une mission supérieure, de prendre la parole officiellement comme chef d’état, le drapeau américain derrière lui aux côtés des drapeaux français et européen, afin de dénoncer l’acte inqualifiable qui souillait la démocratie américaine. De quel droit, dira-t-on. Eh bien, du droit qui lui vient de ce qu’il est  : sauveur de la France, sauveur de la République, qu’il tire des bras de l’hydre immonde, sauveur de l’Europe qu’il ressuscite par son verbe et son geste, sauveur de l’Amérique ravagée par le satan populiste, sauveur du monde enfin, pauvre humanité qui devrait s’en remettre à lui pour tant de sagesse et d’héroïques vertus. Les gens sensés diront qu’il est fou. Mais, cette folie, il la revendique hautement  ; comme il l’a toujours fait sans scrupule. Il peut tout, il transgresse et il jouit de transgresser, dût-il choquer. Depuis son adolescence. Ce qui lui permet sans doute de parler avec autorité aux mineurs abusés  ! Celui qui se prend pour Jupiter, devrait pourtant se rappeler la maxime bien connue  : quem vult perdere, Jupiter dementat.
    À ce compte-là, en dépit de ce que racontent les sondages, un écart se creuse entre le pays et l’homme qui prétend le diriger dans de telles conditions et avec de telles idées. Les Gilets jaunes sont passés  ; la vie est confinée  ; mais un malaise profond demeure. Les soulèvements sociaux accompagneront de plus en plus la crise économique et financière. Des questionnements se font jour dans la société et qui ne s’inscrivent pas nécessairement dans les revendications gauchardes malgré les tentatives de récupération. D’autant plus que la gestion de la crise sanitaire n’a montré que trop les incapacités, pire les incompétences de ces idéologues au pouvoir qui ne pensent qu’à encaserner et à enfermer les Français en les infantilisant. Que sera demain  ? L’angoisse est là. Terrible.
    Alors Macron se fait volubile  : il parle à tort et à travers. Il passe son temps à expliquer  ; il fait toute une pseudo-sociologie de la situation actuelle en se fondant sur des autorités qui se disent scientifiques et qui relèvent toutes de ce magistère intellectuel de la gauche la plus gauchardement stupide. Il parle de réinsuffler la démocratie dans le corps social français. Il invente à cet effet des commissions citoyennes pour doubler les assemblées représentatives et dont les membres, tirés au sort et non élus, sont, dans le cadre d’un volontariat, dûment instruits par des intervenants appropriés de ce qu’ils doivent penser. La première s’occupe d’écologie, la seconde des mesures sanitaires. C’est ajouter le désordre au désordre  ! Dans le même temps il utilise toutes les ressources de la constitution, le 49-3, les ordonnances, l’état d’urgence sanitaire, l’état d’urgence sécuritaire, qui remplacent l’article 16, le contrôle gouvernemental sur l’ordre du jour des assemblées, le recours au vote bloqué, l’encadrement de la procédure budgétaire  ; et il en rajoute en se constituant à côté des ministères et de l’Administration, à son propre gré, des Conseils dits de Défense, des Conseils scientifiques, un nombre extravagant d’autorités que lui seul homologue et qui le dispensent d’avoir recours aux voies ordinaires. Il s’imagine tout tenir en ses mains, et concrètement tout lui échappe. Car comment faire  ? La vérité est qu’il veut commander, mais qu’il ne sait pas commander. Partout où il passe, il crée la confusion. Ainsi, de son projet de référendum pour inscrire l’écologie dans la constitution en donnant l’illusion d’un appel à la démocratie directe qu’en réalité il redoute. Les gens avertis n’y voient qu’un coup calculé qui met ses adversaires dans l’embarras et qui pourra lui servir de tremplin pour la présidentielle. À quoi joue-t-il  ?

    Une constitution à son gré

    Ainsi encore a-t-il transformé l’instrument constitutionnel en une arme à son seul service et fait de la France le marchepied de son ambition personnelle aux dimensions européennes et planétaires. Le régalien qui relève de lui, ne l’intéresse que dans cette vue qui en est la contradiction essentielle. La représentation dite nationale n’a plus de représentativité, c’est une machine qu’il dirige et qui ne possède plus aucune indépendance, ni aucune autorité propre. Le contrôle parlementaire n’existe plus. Les députés et les commissions sont aux ordres. Le Premier ministre est, plus encore que sous Sarkozy, un sous-ordre à sa disposition. L’appareil d’état souffre de cette autocratie en forme de monocratie qui dissout toute responsabilité. À tous les échelons. Les partis éclatent et le parti dit majoritaire n’est plus qu’un parti personnel, comme le disent les plus avisés des politologues, ce qui a, de toute façon, été toujours le cas dans la Ve République, mais aujourd’hui plus que jamais. D’autant plus que Macron a coupé le lien réel des députés avec leurs circonscriptions, sous prétexte d’éliminer le cumul et la pérennité des mandats, ce qui avait l’avantage malgré tout d’enraciner la représentation dans les territoires.
    La France est devenue un désert politique. Comme un désert social et un désert sanitaire  ! Alors, en une dernière illusion, Macron a pensé à réintroduire une dose de proportionnelle dans les élections législatives pour les différencier quelque peu de l’élection présidentielle dont elles ne sont plus que la suite et la conséquence. Richard Ferrand est chargé du projet. L’ineffable Bayrou en fait son affaire personnelle pour forcer la main du président devenu réticent, jusqu’à vouloir un référendum. Il est à prévoir, si le projet voit le jour, que, comme tout le reste, il ne servira qu’à éparpiller davantage la représentation, lui enlevant définitivement toute cohésion, la dose de proportionnelle n’étant pas suffisante pour faire émerger l’opposition.
    Le prétendu sauveur Macron n’aura concrètement rien sauvé. La France sûrement pas ; elle va vers des jours sombres. La République non plus, en dépit qu’il en ait. Son caractère monarchique qui aux yeux des meilleurs spécialistes lui donnait sa consistance, se meut en autocratisme irresponsable et inquiétant. Le droit constitutionnel français dont la pratique avait corrigé l’absurdité des principes, est maintenant saccagé. La souveraineté française est bradée au profit d’une souveraineté européenne qui n’est qu’un leurre  ; le peuple français en paie et en paiera de plus en plus le prix. La judiciarisation de la vie politique ne fera qu’aggraver le problème institutionnel. Le mandat de Macron aura fini d’épuiser la crédibilité démocratique de la Ve République. Les Français le sentent confusément.
    Comme Macron ne croit pas à l’avenir de la France, au fond peu lui chaut. Sa préoccupation est de rebondir personnellement pour assouvir son ambition narcissique. À presque un an de l’élection présidentielle, il ramène tout à cette unique vision.
    Mais a-t-il une légitimité pour revendiquer le pouvoir  ? Quels services rendus  ? Peut-il régner sur des débris en rêvant d’un ailleurs plus grandiose, plus sublime  ? Avec cet homme, le pire est à craindre. Il faudrait que les Français retrouvent le sens d’une légitimité nationale qui soit naturelle à leur histoire. C’est la seule et vraie leçon à tirer de pareille expérience.

    πηοτο αναλψσε  : Ολιϖιερ Δυηαμελ. Ιλ α ευ δροιτ à τουσ λεσ ηοννευρσ ετ τουτεσ λεσ πρéβενδεσ δε λα Ρéπυβλιθυε.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Éphéméride du 12 février

    Le Louvre, Galerie d'Apollon, où se trouvent les Joyaux de la Couronne...

     

     

    13 mars,germain pilon,renaissance,francois premier,henri ii,saint denis,jean goujonIl y a treize jours, dans l’année, pendant lesquels il ne s’est pas passé grand-chose, ou bien pour lesquels les rares événements de ces journées ont été traités à une autre occasion (et plusieurs fois pour certains), à d'autres dates, sous une autre "entrée".

    Nous en profiterons donc, dans notre évocation politico/historico/culturelle de notre Histoire, de nos Racines, pour donner un tour plus civilisationnel  à notre balade dans le temps; et nous évoquerons, ces jours-là, des faits plus généraux, qui ne se sont pas produits sur un seul jour (comme une naissance ou une bataille) mais qui recouvrent une période plus longue.

    Ces jours creux seront donc prétexte à autant d'Évocations :  

    1. Essai de bilan des Capétiens, par Michel Mourre (2 février)

    2. Splendeur et décadence : Les diamants de la Couronne... Ou : comment la Troisième République naissante, par haine du passé national, juste après avoir fait démolir les Tuileries (1883) dispersa les Joyaux de la Couronne (1887), amputant ainsi volontairement la France de deux pans majeurs de son Histoire (12 février)

    3. Les deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. I : La cathédrale de Reims et la cérémonie du sacre du roi de France (15 février)

    4. Les deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. II : La basilique de Saint-Denis, nécropole royale (19 février)

    5. Quand Le Nôtre envoyait à la France et au monde le message grandiose du Jardin à la Française (13 mars)

    6. Quand Massalia, la plus ancienne ville de France, rayonnait sur toute la Gaule et, préparant la voie à Rome, inventait avec les Celtes, les bases de ce qui deviendrait, un jour, la France... (11 avril)

    7. Quand Louis XIV a fait de Versailles un triple poème : humaniste, politique et chrétien (28 avril)

    8. Les Chambiges, père et fils (Martin et Pierre), constructeurs de cathédrales, élèvent à Beauvais (cathédrale Saint-Pierre) le choeur ogival le plus haut du monde : 46 mètres 77 ! (4 mai)

    9. Quand la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais a reçu, au XIIIème siècle, son extraordinaire vitrail du Miracle de Théophile (28 mai)

    10.  Quand Chenonceau, le Château des Dames, à reçu la visite de Louis XIV, âgé de douze ans, le 14 Juillet 1650 (26 juillet)

    11. Le Mont Saint Michel (11 août)

    12. Quand François premier a lancé le chantier de Chambord (29 septembre)

    13. Quand Léonard de Vinci s'est installé au Clos Lucé (27 octobre) 

     

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    Aujourd'hui : Splendeur et décadence : Les diamants de la Couronne.

    Ou : Comment la Troisième République naissante, par haine du passé national, juste après avoir fait démolir les Tuileries (1883) dispersa les Joyaux de la Couronne (1887), amputant ainsi volontairement la France de deux pans majeurs de son Histoire

    12 fevrier,maurras,martigues,chemin de paradis,louis xiv,versailles,gerard tenque,ordre de malte"Du passé faisons table rase !"  

    Par haine de nos racines, la Révolution avait déjà fait disparaître entre le quart et le tiers de notre patrimoine.

    La Troisième République naissante poursuivra dans cette même voie : destruction des Tuileries (le "château de Paris") et dispersion des Joyaux de la Couronne (loi du 11 janvier 1887).

    Le peu qu'il nous reste de ce fabuleux trésor est exposé aujourd'hui dans la Galerie d'Apollon, au Louvre (ci contre et ci dessus)

     I : Origine des Joyaux de la Couronne...

      

    C’est François 1er qui, en faisant don à l’État, par Lettres patentes du 15 juin 1530, de ses pierres les plus estimées, est à l’origine du trésor des Joyaux de la Couronne.

    La plupart des parures provenaient d’Anne de Bretagne, qui les tenait de Marguerite de Foix. Il y avait notamment un diamant connu au XVIème siècle sous le nom de la "Belle Pointe". Plus célèbre encore, un rubis de 206 carats portait le nom de "Côte de Bretagne". Son sort avait été lié à deux autres gros rubis qui, après bien des aventures lors des Guerres de Religions et plus tard encore, réintégrèrent le mobilier de la Couronne grâce à Colbert. La "Côte de Bretagne", pierre brute, fut portée par les souverains, taillée en dragon tenant la Toison d’Or dans sa gueule.

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    La "Côte de Bretagne", Spinelle rouge
    taillée en forme de dragon par Jacques Guay en 1750, Musée du Louvre.

      

    Sous le règne d’Henri IV, apparut un personnage dont le nom demeure lié à l’histoire des diamants de la Couronne : Nicolas Harlay de Sancy. Il possédait plusieurs diamants sur lesquels il empruntait des sommes considérables qu’il mettait à la disposition du roi. L’un des joyaux reçut son nom (le Sancy) : il fut vendu à Jacques Ier, roi d’Angleterre. Lors de la Révolution anglaise, Henriette de France, fille d’Henri IV, soeur de Louis XIII et épouse de Charles Ier d’Angleterre l’emporta avec elle. Pressée d’argent, elle le donna en gage en 1655 en même temps qu’un autre, le "Miroir du Portugal", au duc d’Épernon. La reine les racheta peu après tous les deux pour les vendre en 1657 au cardinal de Mazarin qui, a sa mort les laissa à Louis XIV avec seize autres diamants de premier ordre.

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    Le Sancy

           

    Au XVIIIème siècle, deux pierres extraordinaires entrèrent dans le trésor : le "Grand Diamant bleu" (voir paragraphe V) et le Diamant de la maison de Guise. Quand au fameux "Régent" - aujourd'hui visible au musée du Louvre - l’achat, en 1717, en a été conté par Saint-Simon dans ses "Mémoires"...

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    Le Régent (sur son acquisition, et sur la pierre elle-même, voir l'Éphéméride du 6 juin)

     

      

    II : Pendant la Révolution, le vol des Joyaux...

                                                                                   12 fevrier,maurras,martigues,chemin de paradis,louis xiv,versailles,gerard tenque,ordre de malte

    L'Hortensia, le diamant rose de Louis XIV...

     

    Les Diamants de la couronne sont rassemblés dans le Garde-meubles, sur la Place Louis XV (actuelle Place de la Concorde). Depuis le début du règne, ils sont confiés à la garde de Lemoine-Crécy, un parfait honnête homme, au-dessus de tout soupçon. Ces pierreries, ces objets d'or massif, ces antiques, les parisiens les connaissent bien car, chaque mardi de Pâques, à la Saint-Martin, ils ont pu les admirer; c'est un des buts de promenade préféré du peuple. Sous l'oeil débonnaire des Gardes-françaises, on se pressait devant les vitrines.

    Le peuple admirait, avec fierté, puisque - comme cela se passe en Angleterre aujourd'hui... - la personne royale se confondait avec l'État.

    Après Varennes, Lameth propose que soit dressé un inventaire précis de ce fabuleux trésor qui appartient désormais à la Nation. Trois députés sont nommés commissaires : Bron, Christin et Delattre. Ils s'entourent de onze experts et après trois mois de travail déposent sur le bureau de l'Assemblée, un inventaire complet. Ils ont dénombré, en particulier, neuf mille cinq cent quarante-sept diamants.

    L'ensemble est évalué à la sommes fabuleuse de trente-millions de francs.

    Désormais, les visites des collections sont autorisées chaque lundi, et Lemoine-Crécy est remplacé par Restou, protégé et créature de Roland.

    Le 17 septembre 1792, Roland monte à la tribune de la Convention annonce :

    "Le garde-meuble vient d'être forcé et pillé, et les diamants ont disparu. Cet acte inouï n'a pu avoir lieu que sous le couvert d'une vaste machination"...

    On saura jamais ce qui s'est vraiment passé : quelques pauvres hères ou seconds couteaux seront rapidement jugés, et cinq exécutés sous l'inculpation de menées contre-révolutionnaires, la promptitude de l'exécution devant, sans doute, protéger des personnages plus haut placés. On a évoqué les ministres girondins - notamment  le ministre de l'Intérieur Roland - et même le ministre de la Justice Danton qui aurait fait parvenir certains joyaux au duc de Brunswick, commandant des troupes d'invasion prussiennes, pour le convaincre de se retirer, ce qui expliquerait le côté "inespéré" (!) et, en tout cas, tout à fait inattendu, de la bataille de Valmy !...

    Très vite, la plus grande partie des diamants sera retrouvée, en tous cas les plus belles pièces : seules les plus petites avaient pu être revendues ou, comme on dit dans le métier, "négociées"...

     Sur cette "bizarre" affaire... : 

    http://www.notesprecieuses.com/lemagazine/2011/12/03/vol-des-joyaux-de-la-couronne/

     

            

    III : L’article de Daniel Alcoufffe dans La Tribune de l’Art (23/1/2008)  :

    Une catastrophe nationale : la vente des Diamants de la Couronne en 1887.

     

    En cette période où l’inaliénabilité des œuvres conservées dans les collections publiques est menacée, il peut être utile de rappeler, avec l’aide des travaux de M. Bernard Morel, la vente lamentable des Diamants de la Couronne organisée par l’Etat en 1887. Elle amputa vertigineusement le patrimoine national.

    La collection des Diamants de la Couronne fut constituée de façon délibérée en 1530 par François 1er qui isola un petit groupe de huit pierres ou bijoux en sa possession et les déclara inaliénables.

    Ils furent inventoriés ainsi :

    "Ce sont les bagues que le roy François Ier de ce nom a donné et donne à ses successeurs à la couronne de France et veult que à chascune mutacion, l’inventaire d’icelles ensemble leur apréciacion, poix, paincture, plomp soient vériffiez en leur présence, affin qu’ils baillent leurs lettres patentes obligatoires de les garder à leurs successeurs à la couronne".

    Ce premier fonds dont il ne subsiste que le rubis dit la Côte-de-Bretagne fut considérablement augmenté par la suite, particulièrement par Louis XIV. Les pierres furent parfois mises en gage mais furent toujours récupérées. Le trésor fut amoindri par le célèbre vol qui eut lieu, dans la semaine du 11 au 17 septembre 1792, à l’hôtel du Garde-Meuble de la Couronne, à Paris, où il était conservé. Mais il fut de nouveau augmenté sous Napoléon, de telle sorte qu’il comprenait, en 1814, 65.072 pierres et perles, la plupart montées en bijoux, soit 57.771 diamants, 5.630 perles et 1.671 pierres de couleur (424 rubis, 66 saphirs, 272 émeraudes, 235 améthystes, 547 turquoises, 24 camées, 14 opales, 89 topazes).

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    Diadème de la Duchesse d'Angoulême

    Christophe-Frédéric Bapst et Jacques-Evrard Bapst
    40 émeraudes; 1031 diamants; or et argent doré 

     

    Mis à l’abri pendant la guerre de 1870, les Diamants de la Couronne furent exposés avec succès à Paris en 1878, à l’occasion de l’Exposition universelle, puis en 1884, au Louvre, dans la Salle des États, Mais déjà ils étaient menacés, non par appât du gain mais par haine de la monarchie. La République, encore fragile, voulut priver à jamais les Prétendants de la possibilité d’utiliser les Diamants de la Couronne. L’adversaire le plus efficace de ces derniers fut le fils de Raspail, le député Benjamin Raspail. Il déposa à la Chambre en 1878 une motion demandant la vente, qui fut approuvée, en juin 1882 seulement, par 342 voix contre 85. La même année 1882, fut nommée une commission d’experts chargés de préparer la vente; elle proposa - et obtint, heureusement... - d’épargner quelques pierres et perles qui furent attribuées au Louvre (le Régent, la Côte-de-Bretagne), au Muséum d’histoire naturelle et à l’École des Mines.

    Après des discussions au Sénat, la Loi d’aliénation, adoptée en décembre 1886, fut publiée au Journal officiel le 11 janvier 1887, étant signée par Jules Grévy, président de la République, et par Sadi Carnot, ministre des Finances :

    "Les diamants, pierreries et joyaux faisant partie de la collection dite des Diamants de la Couronne (…) seront vendus aux enchères publiques. Le produit de cette vente sera converti en rentes sur l’État".

    À ce moment, la collection, riche de 77.486 pierres et perles, comprenait deux groupes de bijoux : le premier, le plus ancien, datant de la Restauration et le second exécuté sous le Second Empire, les Diamants de la Couronne n’ayant pas été utilisés sous la Monarchie de Juillet. Au cours de la Restauration, Louis XVIII fit remonter pour ses nièces, la duchesse d’Angoulême et la duchesse de Berry, les parures exécutées pour Marie-Louise : ainsi la vente de 1887 comprenait-elle la parure de rubis et diamants, la parure de saphirs et diamants, la parure de turquoises et diamants et le diadème en émeraudes et diamants exécutés pour ces princesses, qui avaient servi aussi à l’impératrice Eugénie. Quant aux bijoux exécutés sous le Second Empire, ils débordaient d’opulence et d’imagination. C’est en particulier à l’occasion de l’Exposition universelle de 1855 que Napoléon III fit faire par les plus grands joailliers parisiens des joyaux magnifiques : une couronne pour lui, dont la monture fut brisée et fondue au moment de la vente, une couronne pour l’Impératrice, des bijoux fastueux pour celle-ci, notamment un nœud de ceinture en diamants se terminant par deux glands et une parure de feuilles de groseillier en diamants, comprenant une guirlande servant de collier, un tour de corsage et un devant de corsage. D’autres œuvres admirables furent créées dans les années suivantes, tels le Peigne à pampilles en diamants (1856), le Diadème russe (1864), le Diadème grec (1867). On aurait pu tout avoir encore…

  • Au Cinéma : Les âmes soeurs, par Guilhem de Tarlé

    Les Ames soeurs - film 2023 - AlloCiné

     

    A l’affiche : Les Âmes sœurs,  un film français d’André Téchiné, avec Benjamin Voisin et Noémie Merlant (le Lieutenant David Faber et sa demi-sœur Jeanne).

    Les Âmes sœurs…. Le synopsis évoque les forces françaises engagées au Mali et le rapatriement en France du Lieutenant David Faber, grièvement blessé par une explosion. Je m’attendais à un nouveau film sur le syndrome post traumatique du retour de guerre, comme il y en a beaucoup, dont le dernier « Des Hommes », en 2021 après l’Algérie.
    Cette fois il s’agit du Mali  où je comprends qu’une guerre « civile » oppose le gouvernement à ses minorités Touaregs au Nord et Peul au sud. Opération Serval, puis Barkhane, la France, dont l’idéologie du « vivre ensemble » méconnaît les considérations ethniques, s’est impliquée dès 2012 dans ces combats qu’elle a concentrés sur les Djihadistes des deux obédiences à savoir l’Etat Islamique, rattaché à Daech, et AQMI (Al-Quaïda pour le Maghreb Islamique), la première favorable à un califat trans-ethnique tandis que la seconde accepte la conservation des états. A la suite d’un coup d’état militaire l’armée française fut « remerciée » qui quitta le Mali en août 2022, pour être « remplacée » par les mercenaires russes du groupe Wagner.
    52 soldats français sont morts au Mali…

    Me trompé-je avec ce regard que je porte sur la guerre du Mali ?  Il est de toute façon hors sujet…  puisque l’intervention française dans ce pays est seulement un prétexte du réalisateur pour expliquer l’amnésie accidentelle d’un garçon, dans une fiction qui nous raconte la relation particulière d’un frère et d’une sœur, en pleine nature pyrénéenne.

    « L’assassin c’est le maître d’hôtel »… je raconte souvent cette histoire de l’ouvreuse de cinéma (« je vous parle d’un temps ») qui, ne percevant pas un pourboire attendu, se venge en dévoilant l’intrigue policière à l’oreille du spectateur fautif.

    Je n’en dirai donc pas davantage sur ces « Âmes sœurs ».

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  • L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (193), Hexagone et ”frontières naturelles”...

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    La France est-elle, donc, un hexagone ?

    Etait-ce, donc, sa vocation que de le devenir, et doit-elle en rester là ?

    Ou bien l'Histoire fera-telle qu'elle pourra, de nouveau, modifier son apparence ?...

    Étant empirique, par nature, la Royauté française ne s'est jamais fixée d'autres obligations que de travailler à l'amélioration de l'existant. Ce qui passait, chaque fois que c'était possible, par des agrandissements territoriaux; mais ceux-ci n'ont jamais été réalisés à la façon révolutionnaire, qui a prévalu entre 1792 et 1815, et qui, du reste, a totalement failli, puisque, au bout du compte, la France a été diminuée à la fin de cette guerre insensée déclarée par la Révolution à l'Europe entière, qui a durée près de vingt-cinq ans et qui s'est achevée par le désastre de Waterloo...

    Il n'est pas inutile de s'arrêter quelques instants sur cette notion de "rive gauche du Rhin".


    Cette expression a toujours exclu, aux origines du fleuve, la Suisse, et, à son extrémité, la Hollande : jamais aucun roi de France, et jamais l'opinion publique française, n'ont caressé un seul instant l'idée de réunir au territoire national la Suisse ni la Hollande...


    Il fallait une bonne dose d'idéologie pure, et d'éloignement des réalités, de la part de Napoléon - continuateur et sabre de la Révolution - pour croire un seul instant que la Grande France des 130 départements, incluant Rome et La Haye avait la moindre chance de durer.


    L'opinion française, d'ailleurs, qui a longtemps souhaité "la rive gauche du Rhin" n'a jamais adhéré à cette France "des 130 départements" et n'y a jamais cru...

     

    Pour retrouver l'intégralité du feuilleton, cliquez sur le lien suivant : L'aventure France racontée par les Cartes...

     

    lafautearousseau

  • Dans votre quotidien, cette semaine...

    LAFAUTEAROUSSEAU sans inscription.jpg       Clair, net, précis : comme chaque lundi, en quarante lignes, Louis-Joseph Delanglade entamera la semaine de lafautearousseau par un regard sur l'actualité, qu'elle soit nationale ou internationale...

            Ensuite, nous continuerons à enrichir le dossier des contributions au débat que nous avons ouvert : "POUR UNE REFLEXION DE FOND SUR LE "MARIAGE POUR TOUS".  Après l'important article donné par Jean-François Mattéi au Figaro, sous le titre "Mariage pour tous et homoparentalité" (1), l'entretien de Jean Sévillia avec Chantal Delsol (2), et la contribution de Thibaud Collin (3) : " Un acte de résistance du pays que l’Elysée doit entendre ", nous donnerons, mardi, celle d'Hilaire de Crémiers, "Manif pour tous ! Et maintenant ?"; puis celle de Sylviane Agacinsky, de Bertrand Vergely et d'autres encore; le but étant de constituer un dossier de référence...

            * La reine Beatrix des Pays-Bas abdique en faveur de son fils. A cette occasion, interrogés, de nombreux néerlandais expliquent pourquoi, et en quoi, la royauté leur paraît préférable à une république; ils le disent avec les mots simples de tous les jours, et non sous forme de grands discours théoriques. Nous avons construit une page sur ce sujet, à l'aide du reportage de France info et des réflexions de Jacques Bainville...

            * L'abondance de l'actualité nous a fait reporter deux notes, qu'on lira donc cette semaine : celle de François Reloujac, qui poursuit sa suite économique dans Politique magazine : il traite ce mois-ci de La désindustrialisation, une fatalité ? Nous lui consacrons une de nos Pages, La suite économique de François Reloujac, dans laquelle vous pouvez retrouver ses chroniques de 2010, 2011 et 2012, ainsi que celles qu'il proposera tout au long de cette nouvelle année... Et celle de Champsaur, qui  livrera un papier sur la Grande Guerre, sous l’angle de la perte de mémoire (chez nos jeunes), le centenaire du 3 Août 1914 ayant déclenché une polémique chez certains intellectuels, qui veulent accoler l’anniversaire à Mai 1945...

    DAUDET ASSEMBLEE.jpg        * Vendredi a débuté la parution de notre Album Maîtres et témoins...(III) : Léon Daudet. On a commencé par la page d'accueil de l'Album, et la première photo, Qui êtes-vous Léon Daudet ? Vendredi prochain, on aura les 21 photos traitant de l'enfance heureuse et des premières années : les racines provençales et le premier paradoxe d'un provençal de Paris (ou d'un Parisien provençal, comme on voudra...) : Nîmes, le château de Montauban, le mas de la Vignasse; l'amour profond qui unissait tous les membres de la famille, et Léon accompagnant son père, malade du terrible mal qui devait l'enlever si jeune à l'affection des siens (57 ans), à Lamalou les Bains; les différentes demeures des Daudet, qui en eurent beaucoup, la gloire littéraire d'Alphonse Daudet (que l'on a du mal à s'imaginer aujourd'hui) et l'argent qui allait avec (ses livres se vendant si bien !...) lui permettant de déménager souvent, et d'acheter, à Champrosay, une belle demeure où défila une partie de ce qui faisait le "tout Paris" : notamment, le voisin, Nadar, qui ne pouvait s'empêcher de donner des surnoms à ses amis, et appelait Daudet "mon vieux Dauduche" et Léon "le petit Dauduchon"; le second paradoxe, d'une famille à la tradition royaliste interrompue, et devenue hugolâtre : Léon ne renouera avec cette tradition royaliste qu'à... 37 ans !... 

            * On aura aussi, comme d'habitude le samedi, notre note en deux parties :

    1. D'abord, une revue des Blogs, de Facebook, des magazines  et d'ailleurs;

    2. Et, ensuite, on donnera les liens que des lecteurs ont envoyés : N'hésitez pas à nous faire parvenir des liens sur des sujets qui vous ont paru importants...

    BAINVILLE LE MEILLEUR.jpg          * On aura, évidemment, les Ephémérides, car c'est "tout cela, tous ceux-là, aussi, la France" : du 1er Conseil municipal de Paris, voulu par Philippe Auguste et de la fondation du Havre par François 1er, au (mauvais) Traité de Maastricht. En passant par la Paix de Nimègues, le 6 février 1934, la naissance et la mort de Jacques Bainville, la création de l'Antigone, d'Anouilh, Maurras qui compose en prison son magnifique poème Où suis-je ? après le "verdict infâme" du 28 janvier 1945... Sans oublier les naissances de Gilles de Rais, la marquise de Sévigné, Stofflet, Joseph Boze, Jules Verne, André Citroën, Simone Weil...; et les décès de Pascal Paoli et Marthe Robin...

           En plus de la Table des Matières (pour les 366 jours de l'année, les Ephémérides proposent, en permanence

  • Bioéthique : La France confrontée à une culture de mort (17, 1/2), par François Schwerer

    Le sénat va connaître dans les jours à venir le projet de loi de bioéthique. Notre ami François Schwerer nous a adressé - avec un message de sympathie - l'ensemble des textes qu'il été amené à écrire sur cette question.

    Cet ensemble constitue une véritable somme, aussi bien par son importance que par son intérêt.

    Nous en avons commencé la publication le vendredi 10 janvier, et nous la poursuivrons du lundi au vendredi inclus, comme nous l'avons fait, par exemple, pour l'étude de Pierre Debray, Une politique pour l'an 2000.

    Et, pour suivre et retrouver ces textes plus commodément, nous regrouperons la totalité de cette étude, vu son importance, dans une nouvelle Catégorie : François Schwerer - Bioéthique : culture de mort : vous pourrez donc retrouver donc l'ensemble de cette chronique en cliquant sur le lien suivant :

    François Schwerer - Bioéthique : culture de mort...

    Voici le plan de l'étude (hors Annexes et textes divers, qui viendront ensuite); nous le redonnons chaque jour, afin que le lecteur puisse correctement "situer" sa lecture dans cet ensemble :

     

    1. Les étapes de la décadence
    • Un processus téléologique

    1/. « Qui n’avance pas recule »

    2/. De la pilule à la GPA : l’asservissement des femmes

    3/. La révolte des femmes et les mouvements féministes

    4/. Le transhumanisme, stade ultime de la destruction

    • La stratégie progressiste

    1/. La campagne médiatique préalable

    2/. La modification de la loi

    3/. Le recours à une novlangue

    4/. Le discrédit de l’adversaire

    5/. La politique des petits pas

    6/. Le viol de la conscience des enfants

    1. « Pour une nouvelle croisade »

    A - Une faible résistance

    1/. Des hommes politiques sans conviction

    2/. Des manifestations apparemment inefficaces

    3/. Un refus de mettre en danger son propre confort

    4/. Un faux respect de l’apparente liberté d’autrui

    5/. Si le Seigneur ne bâtit pas, c’est en vain que s’agitent les bâtisseurs

    B – Un combat dont l’enjeu dépasse le fonctionnement de la vie sociale

    1/. Il est plus facile de descendre une pente que de la remonter

    2/. Un combat ayant une dimension eschatologique

    Schwerer.jpgB – Un combat dont l’enjeu dépasse le fonctionnement de la vie sociale

     

    1/. Il est plus facile de descendre une pente que de la remonter

     

    Un rapide examen de la situation permet de constater que la France n’est ni seule dans cette dérive, ni même à la pointe de ce naufrage. Pour ne citer qu’eux, le Royaume-Uni, en ce qui concerne la procréation artificielle ou la Belgique en ce qui concerne l’euthanasie, sont « en avance » sur la France. L’Union européenne, apporte son concours à l’affaire (1).

    Ce qu’il y a de pire c’est que ceux qui poussent à cette évolution sont tellement influencés par la dégénérescence générale qu’ils ne se rendent même plus compte que « tout est lié ». Ainsi, Jean-Louis Bourlanges, dans la tribune publiée par Le Figaro le 3 juillet 2019 pour s’inquiéter du projet de loi sur la PMA, rappelait qu’en 2004, alors qu’il était président de la Commission des Libertés au Parlement européen, il s’était opposé à la nomination au poste de Commissaire aux droits fondamentaux d’un « adversaire affiché du droit à l’orientation sexuelle ». Comme il n’y a aucune raison de croire que cet homme politique ne soit pas sincère, il est incohérent.

    Dès lors, comment expliquer, sans recourir à une quelconque théorie d’un complot, le fait que le combat pour une société humaine paraisse déséquilibré ? Plus précisément, comme l’a écrit le professeur Jacques Bichot, « qu’est-ce qui fait agir de manière si efficace un ensemble de personnes qui ne sont pas véritablement liées entre elles ? Il y a certes un facteur non négligeable : la sottise. […] Mais cela ne suffit pas. Il faut comprendre ce qui amène une masse de gens disparates à agir dans le même sens, sans qu’il y ait de coordination importante, et pourtant avec une efficacité qu’atteindrait difficilement une organisation bien structurée. En économie le marché donne de tels résultats ; aurions-nous quelque chose d’analogue dans le domaine [politique] ? Mais quoi exactement ? Pour combattre l’adversaire, il faut savoir de quel armement il dispose, de quelles alliances, de quelle capacité d’agir de façon coordonnée, stratégique ».

    Ne faut-il pas répondre oui à cette question ? Il existe un système qui assure cette cohérence, c'est la démocratie (2) libérale.

     

    (1 ) : Il est à noter que Mme Ursula von der Leyen qui vient d’être désignée pour devenir la prochaine présidente de la Commission européenne et qui avait voté en faveur du mariage homosexuel, contre la majorité des membres de son parti en Allemagne, avait alors argumenté au Bundestag : « Je ne connais aucune étude qui démontre qu’un enfant élevé dans un couple gay diffère de celui élevé dans un couple hétérosexuel ». Les divers projets de  Madame von der Leyen en matière de politique familiale ont toujours rencontré l’opposition de l’évêque d’Augsbourg, Monseigneur Mixa. Elle va donc prendre la tête de la Commission européenne alors que celle-ci a inscrit parmi ses priorités en mars 2019, la promotion de l’égalité LGBT.

    (2) : En fait, comme nous l’expliquons dans Politique Magazine (Janvier 2020), la démocratie n’est que la cause efficiente de cette évolution qui, comme dans d’autres domaines accentue la fracturation sociale.

     

    Les causes de la fracturation sociale

    Il y a quelques années, le président Chirac avait lancé comme slogan de campagne la lutte  contre la « fracture sociale » ; comme s’il n’y en avait qu’une seule, d’une seule sorte et que sa réduction puisse être l’affaire d’un quinquennat. En réalité les fractures sont multiples et touchent tous les domaines de la vie sociale. Une analyse de type aristotélicien montre que si chaque fracture a une cause matérielle spécifique, les causes formelles, efficientes et finales sont identiques. Cette analyse est indispensable à qui prétend vouloir éradiquer le mal.

    La cause matérielle : le phénomène d’exclusion

    Quand il parlait de la « fracture sociale », le candidat Chirac orientait le débat sur un plan essentiellement économique et faisait allusion à la fracture entre les bénéficiaires de la croissance et les exclus, entre les profiteurs du système et ceux qui en sont victimes et ne peuvent s’adapter. Mais une fracture existe aussi entre les Français imprégnés de la tradition judéo-chrétienne, ceux qui se réclament de l’islam et les tenants de la libre pensée. Une fracture est encore repérable entre les nationalistes, les européistes et les mondialistes, etc. Toutes ces fracturations de la société ont en commun de partager la population en diverses factions qui ne peuvent pas s’entendre sur un point fondamental, ce qui conduit chaque communauté à considérer les autres comme infréquentables. Chaque groupe, plutôt que d’essayer de comprendre les autres, jette sur eux l’anathème. Plutôt que de rechercher l’unité dans un dialogue plein de compréhension, il est plus facile de pratiquer l’exclusion. Mais la tentation est alors grande de vouloir réduire « la » fracture en faisant simplement disparaître du paysage visible celui qui est considéré comme un « déchet ».

    La cause formelle : l’idéologie individualiste

    La société ne se sent plus une communauté de personnes unies par une culture commune, partageant une histoire liant les générations les unes aux autres et se reconnaissant dans des valeurs acceptées par tous. Elle n’est plus qu’une masse informe d’individus poursuivant chacun son intérêt égoïste et la satisfaction de ses désirs immédiats promus au rang de droits. Dès lors le territoire sur lequel l’individu est venu au monde n’a pas plus d’importance qu’un autre ; l’individu n’est pas enraciné dans une patrie, il se sent citoyen du monde. La libre circulation des personnes, la libre installation en n’importe quel point du globe sont des droits fondamentaux et quiconque voudrait les limiter ou simplement les organiser, doit être combattu. Si des personnes peuvent se sentir solidaires, les individus ne sont que des entités juxtaposées qui n’ont pas à se soucier des autres. Chacun est libre… jusqu’au moment où sa liberté vient heurter celle de l’individu voisin. Naissant enfant trouvé et mourant célibataire, comme le voyait Renan, l’individu n’a pas à se soucier de son frère puisqu’il n’a pas de frère. Il n’a ni plus ni moins de valeur que l’autre avec lequel il est, au regard de la masse, parfaitement interchangeable pour peu qu’il y apporte la même utilité. Sa dignité personnelle n’est plus intrinsèque car elle dépend uniquement de la valeur ajoutée qu’il apporte à l’ensemble. A l’inverse il est devenu un élément endogène dans un réseau auquel il appartient au même titre que les autres outils à travers lesquels circulent les flux de la puissance matérielle à l’aune de laquelle la masse est jugée.

    La cause efficiente : le système démocratique

    Comme cette masse est gouvernée par des « élites » élues sur un projet d’idées abstraites dont la cohérence est abandonnée au profit d’un souci de « ratisser large », le pays est peu à peu dominé par les sophistes disposant des moyens de persuasion les plus performants. Les citoyens ne sont plus représentés car les élections législatives, intervenant juste après les élections présidentielles et la durée des mandats coïncidant exactement, elles ont pour but de donner au président élu une majorité qui lui permettra de faire ce qu’il entend pendant les cinq ans de son mandat. Il en résulte deux conséquences majeurs : les députés ne sont plus les représentants du peuple auprès du pouvoir mais les fonctionnaires du pouvoir, adoubés par un parti et donnés par le peuple au chef du Gouvernement pour assurer le « service après-vente » de ce qu’il décide ; ensuite les lois ne sont plus la traduction de la nécessaire adaptation de la loi naturelle aux conditions du moment mais la mise en œuvre de l’opinion changeante d’une majorité de circonstance. Et, comme toute opinion majoritaire fluctue au gré des émotions, la loi devenue instable doit, pour s’imposer,  être contraignante et tatillonne. De plus, comme l’intérêt général est abusivement réputé être la somme des intérêts particuliers, ces lois sont toujours faites dans le but de favoriser les caprices de la majorité (d’ailleurs relative) du moment. Les minorités ne comptent pas ; elles n’ont que le droit de se soumettre ou de manifester leur mécontentement, au risque de nuire à tous.

    La cause finale : la déification de l’homme

    En fait, cet individu qui décide souverainement de ce qu’il doit faire, de la façon dont il veut vivre, de ce qu’il considère comme bien et de ce qu’il décrète mauvais, refuse de se reconnaître une créature de Dieu. Il se fait Dieu lui-même. Il s’idolâtre. Il est à soi la cause et le but de sa vie. Il se veut maître de lui, « comme de l’univers ». Il veut être et, pour lui, vivre se conjugue toujours au présent. Les exemples du passé ne comptent pas auprès de ses idées et de sa volonté ; quant au futur, il pense que c’est l’affaire de ceux qui viendront après lui. Seule la technique qui lui permet de satisfaire ses caprices est digne de considération. Dès qu’elle permet une nouvelle avancée, celle-ci doit aussitôt être mise en œuvre, peu importe les conséquences qui en découleront. L’individu qui se prend pour Dieu, veut tout, tout de suite et s’il ne peut s’approprier immédiatement ce qu’il convoite, il l’obtient à crédit (crédit, qu’il le sait, il ne remboursera jamais). La libre circulation des biens et des services, la liberté du commerce deviennent des éléments de la liturgie qu’il entretient pour encenser sa propre réussite. Etant ainsi devenu le centre de tous ses soins, sa relation à l’autre se mesure à son utilité immédiate : si l’autre lui est utile, il l’accepte ; s’il ne lui apporte rien et ne lui coûte pas non plus, il l’ignore ; s’il le gêne ou le concurrence, il le combat.

    Une société fracturée

    Il résulte de cette rapide présentation que la « fracture sociale » telle qu’elle est présentée par les technocrates qui se croient hommes politiques n’est que l’arbre qui cache la forêt. C’est la société tout entière qui est fracturée et les fractures sont multiples. Lorsqu’un candidat quelconque prétend lutter contre la « fracture sociale », il ne prétend en fait lutter que contre l’une des causes d’une seule de ces fractures. L’unique fracture qu’il vise est la fracture mise en exergue par des indicateurs économiques choisis (taux de chômage, croissance du PIB, âge de départ à la retraite et taux des cotisations…) sur lesquels il est facile de communiquer ; les autres sont ignorées voire aggravées. Quant à la cause sur laquelle il veut agir – ou qu’il veut masquer –, il ne s’agit que de la cause matérielle ; il n’envisage nullement de se pencher sur les autres causes : formelle ou efficiente et surtout pas finale. Il se fait élire pour lutter contre une fracture sociale et non pas contre la fracturation sociale. Il n’envisage donc pas de se conduire véritablement en politique au service du Bien commun, mais en simple défenseur de certains intérêts particuliers. Aux élections suivantes, il pourra toujours axer sa campagne sur la fracture qu’il aura laissé se creuser un peu plus entre temps.   

    Une fracture est repérable entre les Français imprégnés de la tradition judéo-chrétienne, ceux qui se réclament de l’islam et les tenants de la libre pensée. Une fracture est encore repérable entre les nationalistes, les européistes et les mondialistes, etc. Toutes ces fracturations de la société ont en commun de partager la population en diverses factions qui ne peuvent pas s’entendre sur un point fondamental, ce qui conduit chaque communauté à considérer les autres comme infréquentables. Chaque groupe, plutôt que d’essayer de comprendre les autres, jette sur eux l’anathème. Plutôt que de rechercher l’unité dans un dialogue plein de compréhension, il est plus facile de pratiquer l’exclusion. Mais la tentation est alors grande de vouloir réduire « la » fracture en faisant simplement disparaître du paysage visible celui qui est considéré comme un « déchet ».

    Celle-ci, telle qu’elle est conçue aujourd’hui – et qui n’a rien à voir avec ce que les Grecs de l’Antiquité nommaient ainsi – est fille de la philosophie des Lumières. Cette philosophie a substitué « à la conception stoïcienne des droits de l’homme une autre fondée sur le concept de citoyen. Le citoyen, devenant, du moins en principe, l’auteur des lois qui régissent la cité, n’a pas à se soumettre à la loi naturelle. Il peut, si c’est sa volonté, la contredire et devenir Créon. Il suffit pour cela de la manipuler, comme l’avait si bien compris le docteur Goebbels, mais lui ne disposait encore que de la radio et du cinéma, tout comme Staline. Depuis les progrès techniques ont mis à la disposition des maîtres de l’opinion des moyens beaucoup plus efficaces : la télévision et maintenant la possibilité de créer à volonté des images virtuelles. Platon avait déjà pressenti cette confiscation de la démocratie. Il dénonçait les sophistes, ces professeurs qui enseignaient, au prix fort d’ailleurs, l’art de persuader l’opinion. Ce n’est pas un hasard si en grec, le mot doxa signifie, entre autres, opinion et, bien avant Platon, un philosophe Parménide avait opposé l’opinion à la vérité, qu’il comparait à deux chemins : l’un droit, que l’on suit sans peine, l’autre abrupt, escarpé, pénible. Dès l’instant que le pouvoir est livré à l’opinion, il devient possible à l’art du sophiste de substituer à la quête de la vérité une opinion, celle de celui qui se montre le plus persuasif. Il suffit de savoir de quelle manière on peut manipuler une assemblée. C’est ainsi que les Athéniens furent amenés à condamner à mort Socrate à partir de fausses accusations mais habilement présentées. Les sophistes antiques ne disposaient que de mots. Leurs modernes successeurs possèdent les images. Ce qui renforce leurs moyens de manipuler l’opinion. Il reste que toute société où l’opinion prévaut sur la vérité se livre à des tyrans d’autant plus puissants qu’ils ont, de nos jours, appris à se rendre invisibles » (1).   

    La démocratie est d’abord une idée qui, comme le disait Charles Maurras, soumet « au nombre la qualité, c’est-à-dire la compétence et l’aptitude ». Il aurait pu ajouter qu’elle soumet toujours à la facilité la complexité. En effet, les hommes de marketing le savent bien, plus on s’adresse à une foule nombreuse plus il faut être simple – voire simpliste –. C’est pourquoi dans tout processus démocratique, le slogan l’emporte toujours sur le raisonnement ; le résultat immédiat sur les conséquences à terme. Ainsi, les promoteurs des avancées sociétales, au nom du progrès, de l’égalité et de la liberté, ont beau jeu de répondre à ceux qui leur opposent les conséquences inéluctables de leurs décisions : vous nous faites un procès d’intention. Ils savent que l’argument suffira à emporter l’adhésion immédiate de la majorité et qu’ils ne doivent surtout pas se risquer à discuter le fond car ils risqueraient de perdre alors une partie des adhésions spontanées.

     

    (1) : Pierre Debray, « Lettre à un jeune Européen sur le suicide de l’Occident », Cahiers de Pierre Debray, n° 1,

  • Feuilleton ”Vendée, Guerre de Géants...” (21)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

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    Le soulèvement général du gand Ouest, dans son ensemble, et de la Vendée, en particulier, sont évidemment uniques en leur genre.

    Pourtant, à leur image, partout en France on s'est levé contre cette démence sanguinaire des terroristes révolutionnaires, sauvant ainsi également, en tous points du pays,  l'honneur du nom Français.

    Aussi avons-nous choisi de prendre trois exemples de ces soulèvements "pour Dieu et pour le Roi", pour la liberté de l'homme intérieur, et que l'on peut qualifier, sans porter nullement atteinte à la Geste vendéenne, "d'autres Vendées". Soljénitsyne ne dira-t-il pas, d'ailleurs, que les Russes aussi ont eu "leur Vendée" (à Tanbow, comme on le verra plus bas) ?

    On évoquera donc ici :

    • une Vendée dans les Flandres;

    • une Vendée créole, en Martinique;

    • et la "Vendée provençale", d'où surgiront, plus tard, un Maurras, un Daudet...

     

     

    Aujourd'hui : Une Vendée dans les Flandres : Louis Fruchart...

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    "Une Vendée flamande" (1813-1814), par L'abbé Harrau :

    L'année 1813, marquée dans l'histoire du Premier Empire, par de lâches et perfides trahisons, s'achevait sous les plus sinistres présages. Napoléon, après avoir repassé le Rhin avec les débris de son armée, refusait de s'avouer vaincu et un Senatus-consulte avait décrété une nouvelle levée de trois cent mille hommes ; mais la France était dépeuplée, les campagnes étaient épuisées, et nos populations du Nord maudissaient en secret l'humeur guerrière du grand faucheur d'hommes.

    Après avoir fermentée sourdement dans les chaumières, la révolte éclata, terrible, menaçante, le 22 novembre 1813. À Hazebrouck, chef-lieu d'arrondissement, où le sous-préfet De Ghesquières négligea de prendre les mesures nécessaires pour assurer la tranquillité publique, on eut l'imprudence d'appeler toutes les recrues, près de 3.000 hommes, le même jour et l'on prépara ainsi une journée d'émotions restée célèbre sous le nom de "Stokken maendag". Ce lundi-là, 22 novembre, les conscrits devaient se présenter à la revue. Vers neuf heures du matin, ils firent leur entrée en ville par bandes plus ou moins nombreuses, jurant, vociférant mille insultes contre les autorités et frappant le pavé de leurs bâtons noueux. À dix heures, le nombre des recrues était à peu près complet. On les vit alors parcourir les rues dans un état d'exaspération indicible. Les uns se dirigèrent vers la Petite Place; d'autres suivirent la rue de l'Église et rencontrèrent par hasard la musique communale qui venait d'assister, en uniforme, à la messe Sainte-Cécile; ils voulurent tout d'abord se ruer sur cette troupe paisible et sans armes et s'attaquèrent surtout à Macquart, propriétaire, qu'ils prenaient pour le sous-préfet, quant on parvint heureusement à les calmer et à leur faire comprendre raison. L'hôtel de la Sous-Préfecture était désigné à leur fureur. De grosses pierres lancées d'un bras vigoureux, enfoncèrent la porte-cochère et les cinq employés des bureaux se hâtèrent de se sauver par les croisées. Papiers, glaces, meubles, cristaux voire même le cabriolet, tout fut brisé, mis en pièces et traîné dans la boue. Les salles inférieures sont saccagées et l'on arrive enfin dans une chambre où se tenaient cachés le sous-Préfet et un gendarme nommé Loutres. Le gendarme a compris qu'il faut, pour assurer leur salut, un acte de vigueur, et le voilà qu'il dégaine et s'élance en avant, le sabre au poing; il frappe de droite et de gauche et se fraye un passage à travers la foule qui recule. De Guesquières qui le suivait est reconnu; il est accablé de coups de bâton et il allait périr dans la bagarre sans le dévouement du vitrier Hanicot, son voisin, qui lui ouvrit la porte d'entrée de sa maison. L'infortuné sous-préfet était sauvé. Cependant le sac de l'hôtel continua et les conscrits songeaient même à mettre le feu aux bureaux, mais ils craignirent pour la vie de leurs camarades descendus dans les caves et le cellier. L'intervention de la gendarmerie et de la cohorte municipale mit fin à cette scène lugubre. À peine la nouvelle de ces désordres transmise par l'estafette fut-elle parvenue à Lille, que les autorités civiles et militaires se concertèrent pour envoyer à Hazebrouck le peu de forces disponibles en ce moment dans les dépôts. Des canonniers lillois, réunis aux troupes qui les avaient devancés, apparurent en ville, mirent leurs pièces en batterie sur la Grand'Place, pendant six jours, et rétablirent l'ordre. Ils furent relevés par un détachement d'artillerie de ligne envoyé de Douai.

    Les insurgés, comme on les appelait, pour se soustraire à tout danger, se retirèrent dans la forêt de Nieppe et dans les terrains marécageux des environs, entrecoupés de fossés profonds, et de fortes haies d'épines vives. À la tête des réfractaires et des mécontents qui s'étaient organisés aux abords de Bailleul et de Merville, se distinguait un certain Fruchart, qui fut comme le chef des Vendéens de la Flandre.

    Louis-Célestin-Joseph Fruchart, l'aîné de sa famille, était un brave paysan de l'Alleu ; ses traits expressifs et son visage reflétait un air de dignité supérieure à sa condition. Il était d'une haute stature, d'une force athlétique et d'une intrépidité qui défiait tout péril. On raconte qu'il domptait de quelques coups de main les chevaux les plus fougueux. Un jour, à la fête de La Gorgue, il aperçoit un militaire terrassé et foulé aux pieds par cinq ou six individus. Fruchart ne connaît pas cet homme mais la lâcheté des agresseurs l'indigne; soudain, il fond sur eux, assomme à demi l'un des assaillants et adossé à un mur il soutient, pendant un quart d'heure, une lutte héroïque qui ne prit fin qu'à l'arrivée de la police. Louis Fruchart était un chrétien convaincu autant qu'un royaliste ardent. Dieu et le Roi étaient dans son coeur plein de droiture l'objet de la plus profonde vénération. Que de fois, sous le manteau de la cheminée, Louis avait senti bondir sa jeune âme des plus vives émotions au récit des horreurs de la Révolution; ère de fraternité sanglante, une fraternité de Caïn qui n'était scellée que par le meurtre et le pillage; l'échafaud en permanence; les nobles proscrits ou expirants dans les cachots; les églises saccagées; les prêtres fidèles jetés sur tous les chemins de l'exil ou traqués comme des bêtes fauves.
    Pouvait-il oublier les avanies dont sa famille avait été abreuvée aux jours de la Terreur et les dangers qu'avait courus sa mère, sauvée, comme par miracle, par un généreux voisin : "Oui, mes enfants, racontait la mère, les Bleus m'avaient entraînée sur la place de La Gorgue, et là me présentant la cocarde tricolore, ils voulurent me la faire porter. Je la foulai aux pieds. Ils me menacèrent de me lier à l'arbre de la Liberté : je refuse, répondis-je; et devant l'échafaud je refuserai encore. Rien au monde ne serait capable de me faire changer !"

    Et maintenant qu'il ne suffit plus d'avoir déjà payé la dette du sang ou de s'être fait remplacer, au prix de l'or, deux ou trois fois, maintenant que l'empereur, pour faire face à toutes les puissances coalisées de l'Europe, réclame tous les célibataires valides et veut plonger dans les dix classes libérées (de 1803 à 1813) pour en tirer tout ce qui peut porter le fusil, n'est-ce pas le moment propice pour rallier sous un même étendard les mille et mille réfractaires du pays ? N'est-ce pas l'heure providentielle de servir la patrie en la délivrant du joug cruel qui l'accable et en rendant aux princes légitimes le trône qui leur appartient ? Ainsi pensait Louis Fruchart. Avant de prendre une résolution définitive le jeune homme consulte son père qui le félicite de son projet. "Mon fils, dit le paysan attendri et ému de fierté, je t'approuve ; va et si tu succombes, que ton dernier cri soit : Vivent les Bourbons !" Sa vieille mère, celle-là qui n'avait pas tremblé devant la guillotine, ajoute, les larmes aux yeux : "Louis, la cause que tu soutiens est juste; le ciel sera ta sauvegarde, mon coeur me le dit; nos princes légitimes reviendront sur ce trône qui n'a jamais cessé de leur appartenir. Pars, et ne crains rien; chaque nuit, je serai à genoux à prier. Dieu et ta mère veilleront sur toi."

    Et voici que ce nouveau Jean Chouan, vêtu de la blouse des campagnards, fixe à son chapeau de paille une cocarde blanche avec cette inscription : "Je combats pour Louis XVII." Il s'élance sur un cheval de labour et convoque les villageois insurgés qui veulent partager sa fortune. Ils arrivèrent nombreux et ce capitaine improvisé, après avoir organisé son armée par compagnies et tracé son plan de campagne, adressa à ses compagnons un mot d'ordre que l'on a retrouvé dans ses notes autographes et qui retracent énergiquement ses convictions patriotiques. "Mes amis, leur dit-il, de cette voix forte et accentuée dont il était doué, les puissances coalisées ne se battent contre la France que pour la délivrer de Bonaparte et rétablir les Bourbons, nos seuls souverains légitimes; ne rejoignons plus les armées du tyran; ne lui payons plus aucune espèce de contributions; armons-nous, unissons-nous pour chasser les troupes envoyées contre nous ! Pour se soustraire à la tyrannie, il suffit de vouloir hardiment; Bonaparte est aux prises avec l'Europe; il a contre lui l'opinion publique; il sera bientôt contraint de renoncer au trône usurpé. Un meilleur avenir nous attend ; mais pour l'obtenir, prenons les armes contre celui qui nous gouverne injustement et qui nous prouve, tous les jours, qu'il est capable de sacrifier à son ambition le dernier des Français..."

    Est-ce là le langage d'un chef de bandits et de pillards comme certains voulaient le faire croire ?... Parmi tous ces jeunes gens, conscrits, réfractaires, adversaires politiques, que l'on a évalués au chiffre de vingt mille; dans cette milice de volontaires qui avaient pris les armes pour défendre leurs familles appauvries et ruinées par des guerres incessantes, règne une discipline exacte et soutenue. Toute vexation injuste envers les particuliers est expressément défendue; le vol et le dévergondage sont menacés des punitions les plus sévères; aucune paie ne peut être réclamée et les plus riches fourniront aux vivres et aux besoins de la vie. Pour abréger la lutte on empêchera les fonds publics d'arriver à leur destination. On distribuera aux indigents le produit des captures et les convois de blé et de subsistances destinés à l'armée impériale. Que jamais un juron ne se fasse entendre... Chacun invoquera Dieu pour la cause commune.

    Forts de leurs droits, Louis Fruchart et ses partisans attendirent de pied ferme à Estaires un détachement de 800 soldats envoyés contre eux, par le commandant du Département. On était au 27 décembre 1813. Le tocsin sonne dans tous les villages soulevés; et tous les hommes en état de faire le coup de feu se réunissent au nord, à l'est et à l'ouest d'Estaires. À dix heures, toutes les compagnies sont en ligne et à midi sonnant, elles sont sur la place de la bourgade. Ce qui dépasse 1.500 hommes doit former la réserve. Le père Fruchart, à la tête des conscrits du Pas-de-Calais, se porte à l'est.

    Cependant le chef du détachement venu de Lille et qui s'imaginait que ses troupes allaient disperser ses adversaires au premier choc, eut l'imprudence de sectionner ses soldats en deux corps qui marchèrent l'un sur Merville, l'autre sur Estaires. C'est de ce côté qu'eut lieu la principale attaque. Débordées, à leur grande surprise, par des forces supérieures les troupes impériales cherchent un refuge dans l'Hôtel-de-Ville. Les conscrits pouvaient les en déloger facilement en incendiant l'édifice, mais cette mesure extrême répugnait à Fruchart qui préféra poster ses hommes dans les maisons avoisinantes. De part et d'autre une fusillade nourrie se poursuivit jusqu'au soir. Les réfractaires comptèrent sept hommes tués et vingt blessés. Quant aux assiégés, il firent dans cette rencontre de nombreuses pertes et ils profitèrent des ténèbres de la nuit pour emporter leurs morts et leurs blessés dans un bateau couvert et pour battre en retraite.

    Plusieurs autres escarmouches furent livrées, mais dans ces régions dépourvues alors de grandes routes, et où ne pouvaient pénétrer que de faibles détachements armés, le succès final resta toujours aux rebelles. À la tête de ses francs-tireurs apparaissait sans cesse Fruchart; il semblait se multiplier sur tous les points, aussi son nom et sa personne inspiraient de l'effroi à ses ennemis qui mirent en jeu tous les artifices pour le faire prisonnier. On rapporte qu'un jour, vêtu en paysan, mais armé sous sa blouse, il est accosté par deux gendarmes chargés de l'arrêter. Ces gendarmes qui ne le connaissaient pas, après un échange de quelques mots, lui demandèrent s'il ne pouvait leur indiquer la retraite de Fruchart connu sous le sobriquet de Louis XVII. "Je puis vous le faire voir, répondit-il, venez avec moi." Il les attire près d'une embuscade des siens et leur dit : "Ce Louis XVII que j'ai promis de vous montrer, le voici. En garde !" À ces mots il tire son pistolet de dessous son habit, les charge, les met hors de combat et puis regagne paisiblement ses compagnons.

    Cependant les alliés, Russes, Polonais, Saxons, partis de Courtrai, leur quartier général, pénétraient en Flandre du côté de Bailleul. Le 16 février 1814, le baron de Geismar, colonel aux gardes de l'empereur de Russie et commandant un corps de cavalerie légère de six à sept cents hommes vint prêter son appui aux conscrits insurgés. Il adresse aux habitants du pays de Lalleu et cantons voisins cette proclamation en français : "On fait savoir que tout conscrit et tous autres, qui voudront se battre pour la cause des Bourbons, seront commandés par Louis Fruchart surnommé Louis XVII, qui marche avec un corps de troupes alliées. Ils seront bien nourris, habillés et payés."

    Fruchart profita de ce nouveau concours pour faire triompher dans la vallée du Lys et dans toute la région d'alentour la cause monarchique et pour adoucir les rigueurs de l'invasion. Quand le baron de Geismar arriva à Hazebrouck le 17 février avec ses Cosaques et ses Saxons, Fruchart qui avait toujours traité avec humanité les prisonniers faits par les insurgés, lui qui distribuait aux indigents les produits des prises de guerre, osa lui parler avec autant de courage que d'indépendance et lui déclara qu'il ne souffrirait pas le pillage dont la ville semblait menacée... et les Cosaques ne regardèrent pas sans étonnement ce capitaine paysan coiffé d'un chapeau rond et caracolant fièrement sur sa grosse jument pommelée, au milieu de la Grand'Place d'Hazebrouck, où bivouaquaient leurs chevaux légers tartares.

    Après la première Restauration et au retour de Napoléon de l'île d'Elbe, les volontaires du pays de Lalleu coururent de nouveau aux armes et rejoignirent, à Gand, le monarque fugitif. Dans la suite ils composèrent deux régiments sous les ordres de Bourmont et du Prince Croï-Solre.

    Louis XVIII, rétabli sur le trône de ses aïeux, n'oublia pas la famille Fruchart. Pour récompenser Louis, le chef des Vendéens flamands, il le nomma capitaine de ses gardes. Un de ses frères fut incorporé dans la compagnie de Noailles, un autre fut lieutenant au 28ème de ligne. Quant aux vieux parents, le roi, plein de reconnaissance, leur alloua sur sa liste civile une honorable pension.

    Le 8 jan

  • La rentrée des Mercredis de la NAR.

    Chers amis,
     
    Les Mercredis de la NAR reprennent le 6 octobre aux heures habituelles – de 20 h à 22 h – dans nos locaux parisiens du 36-38 rue Sibuet, 75012, Paris. En raison des contraintes sanitaires et pour assurer la sécurité de tous les participants, nos réunions se tiendront à la fois dans nos locaux devant un public restreint et sous forme de visioconférence.

    Dans la salle principale, nous ne devrons pas dépasser dix personnes : notre invité, deux organisateurs et sept auditeurs vaccinés ou récemment testés, qui recevront une invitation spécifique.
     
    Les autres auditeurs pourront assister à la réunion sur leur ordinateur. Ils recevront chaque semaine une invitation, adressée par voie de circulaire électronique à nos abonnés qui disposeront ainsi d’un lien de connexion et qui pourront poser par écrit leurs questions à notre invité. Grâce à ce nouveau dispositif, nos abonnés et lecteurs non franciliens pourront enfin accéder directement à ces conférences, dont le public sera très sensiblement élargi.
     
    Notre première réunion aura lieu : le Mercredi 6 octobre avec Pierre Vermeren, professeur d’histoire contemporaine à Paris I, qui nous présentera son livre L’Impasse de la métropolisation, publié aux éditions Gallimard.
     
    La connexion peut être établie à partir de 19 h 45 en cliquant sur ce lien :  https://us02web.zoom.us/j/87286030292?pwd=NVVTcThLYjRXRVBFdWRRKzE4Uit2QT09
     
    Amitiés.
    Bertrand Renouvin
     
    Programme des prochains « Mercredis » :
     
    Mercredi 6 octobre : Pierre Vermeren : L’impasse de la métropolisation
    Mercredi 13 octobre : Gérard de Cortanze : Louis XVI, le roi qui aimait la mer
    Mercredi 20 octobre : Jacques Sapir : La démondialisation
    Mercredi 27 octobre : Pascal Ory : Qu’est-ce qu’une nation ?
    Mercredi 10 novembre : Chiheb M’Nasser, directeur général de la Fondation de l’Islam de France : France-Islam, une blessure nationale ?
    Mercredi 17 novembre : Marcel Gauchet : L’invention du christianisme
    Mercredi 24 novembre : Jean-Christian Petitfils : Henri IV
     
    Pour contacter la Nouvelle Action Royaliste :
    Bloc C - boite 13
    36-38, rue Sibuet
    75012 PARIS
    Téléphone : 06 43 11 36 90

    lejournal@nouvelle-action-royaliste.fr

    http://nouvelle-action-royaliste.fr

    http://nouvelle-action-royaliste.fr/agir/donation

     
    Pour suivre Bertrand Renouvin :
  • Éphéméride du 29 septembre

    29 septembre,françois premier,chambord,leonard de vinci,salamandre,renaissance,charles quintIl y a treize jours, dans l’année, pendant lesquels il ne s’est pas passé grand-choseou bien pour lesquels les rares évènements de ces journées ont été traités à une autre occasion (et plusieurs fois pour certains), à d'autres dates, sous une autre "entrée".

    Nous en profiterons donc, dans notre évocation politico/historico/culturelle de notre Histoire, de nos Racines, pour donner un tour plus civilisationnel  à notre balade dans le temps; et nous évoquerons, ces jours-là, des faits plus généraux, qui ne se sont pas produits sur un seul jour (comme une naissance ou une bataille) mais qui recouvrent une période plus longue.

    Ces jours creux seront donc prétexte à autant d'évocations :  

     1. Essai de bilan des Capétiens, par Michel Mourre (2 février)

     2. Splendeur et décadence : Les diamants de la Couronne... Ou : comment la Troisième République naissante, par haine du passé national, juste après avoir fait démolir les Tuileries (1883) dispersa les Joyaux de la Couronne (1887), amputant ainsi volontairement la France de deux pans majeurs de son Histoire (12 février)

     3. Les deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. I : La cathédrale de Reims et la cérémonie du sacre du roi de France (15 février)

     4. Les deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. II : La basilique de Saint-Denis, nécropole royale (19 février)

     5. Quand Le Nôtre envoyait à la France et au monde le message grandiose du Jardin à la Française (13 mars)

     6. Quand Massalia, la plus ancienne ville de France, rayonnait sur toute la Gaule et, préparant la voie à Rome, inventait avec les Celtes, les bases de ce qui deviendrait, un jour, la France (11 avril)

     7. Quand Louis XIV a fait de Versailles un triple poème : humaniste, politique et chrétien (28 avril)

     8. Les Chambiges, père et fils (Martin et Pierre), constructeurs de cathédrales, élèvent à Beauvais (cathédrale Saint-Pierre) le choeur ogival le plus haut du monde : 46 mètres 77 ! (4 mai)

     9. Quand la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais a reçu, au XIIIème siècle, son extraordinaire vitrail du Miracle de Théophile (28 mai)

     10.  Quand Chenonceau, le Château des Dames, à reçu la visite de Louis XIV, âgé de douze ans, le 14 Juillet 1650 (26 juillet)

     11. Le Mont Saint Michel (11 août)

     12. Quand François premier a lancé le chantier de Chambord (29 septembre)

     13. Quand Léonard de Vinci s'est installé au Clos Lucé (27 octobre) 

     

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    Aujourd'hui : Quand François Premier a lancé le chantier de Chambord 

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    Septembre 1519 :
    François Premier ordonne la construction du Château de Chambord.
     Le roi donne commission à François de Pontbriand, son chambellan, d' "ordonner toutes les dépenses qu'il y aurait à faire pour la construction du château..."
     
     
     
     
    I : Le Château 
     
     
    SALAMANDRE.JPG
      

    "Allons chez moi !..." aimait à répéter le Roi, qui fut, pour Monique Chastenet, "l'un des plus enragés bâtisseurs de toute l'histoire de France."

    Auteur d'un remarquable Chambord (Éditions du Patrimoine) Monique Chastenet pense, d'ailleurs qu "il est probable que, parmi les nombreux projets qui nourrirent la réflexion du Roi, ceux de Vinci eurent une importance primordiale".... mais que le Roi, "passionné d'architecture... maniait lui même le crayon, et son bon plaisir, sans cesse changeant avait force de loi. Plus que tout autre, François Premier est l'auteur de Chambord...".

    Édifié au milieu de nulle part, dans un style qui marie influences les plus diverses et harmonie, Chambord semble un mirage. "On se croirait dans les royaumes de Bagdad ou de Cachemire", écrit Alfred de Vigny, que ce rêve de pierres et de tourelles captivait. Tout en exaltation et démesure, cette demeure qu'imagina un François Premier entouré des plus grands génies de la Renaissance, n'a cessé de fasciner. On a souvent dit, à juste titre, que dans le domaine du grandiose Chambord annonçait déjà, et préfigurait, le Versailles du Roi Soleil.

    Pierre de Bourdeille, seigneur de Brantôme, devant ce château encore imparfait et inachevé évoquait déjà le "ravissement de l'esprit". Car Chambord n'est pas un château de plus. C'est un manifeste royal autant qu'une vision du monde.

    En un mot : un chef-d'oeuvre...

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    ...dans le domaine du grandiose Chambord annonce déjà, et préfigure, le Versailles du Roi Soleil...

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    Les principaux maîtres maçons engagés pour la réalisation de cette demeure furent Jacques Sourdeau, un des bâtisseurs de Blois, et Pierre Trinqueau. Plus de 1.800 ouvriers y ont été employés. Le château sera terminé par Charles IX et Henri III. 

    Merveille de la Renaissance, le château de Chambord compte 440 pièces, 365 cheminées, 14 escaliers principaux, dont le célèbre escalier à double révolution surmonté de la grande lanterne, et 70 secondaires. L'ensemble mesure 156 mètres sur 120 mètres.

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    François Premier y recevra son grand adversaire de toujours, Charles Quint, le 18 décembre 1539. Émerveillé, celui-ci aura ce mot célèbre :

    "Chambord est un abrégé de ce que peut effectuer l'industrie humaine".

    Louis XIV y assistera à la Première du Bourgeois Gentilhomme, de Molière (musique de Lully) en octobre 1670. 

    Le château appartiendra ensuite au Maréchal de Saxe (à qui Louis XV l'offrit, comme récompense pour la victoire de Fontenoy) puis sera offert par souscription nationale au duc de Bordeaux, petit-fils de Charles X et dernier représentant de la branche aînée des Bourbons (qui deviendra du coup le Comte de Chambord).

    L'UNESCO l'a classé en 1981 au Patrimoine mondial de l'humanité.

     

              http://www.chambord.org/Chambord-fr-idm-80-n-Au_chateau.html

     

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     C'est le 30 mai 1952 qu'eut lieu, à Chambord, le premier spectacle Son et Lumière de France... Vincent Auriol, président de la République, viendra y assister, le 5 juillet suivant.

    Cinq ans plus tard, en 1957, on associera, au château du Lude, des personnages en superposition au spectacle Son et lumière proprement dit. 

     

     

     

    II : Le Parc 

     

    Autre merveille du lieu, autre facette du songe du Roi François, et inséparable de lui : le Parc !

    Le Parc de Chambord couvre 5.440 hectares (le plus grand domaine forestier clos d'Europe !...). Il est ceinturé d'un mur de 32 Km (le plus long mur de France !...), qui clôture quelques 5.440 hectares de superficie (c’est-à-dire la superficie de la ville de Paris intra-muros) et qui est ouvert par 6 portes (il y en avait trois à l'origine)...

     

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    Commencé en 1542 - sous le règne de François 1er - par François de Pontbriand (voir l'Éphéméride du 11 septembre), le mur fut terminé en 1645 : des factures de 1556 attestent qu’Henri II, le fils de François premier, donna l’ordre aux riverains de continuer les travaux en son absence. Ce mur de 2,50 m de hauteur moyenne repose sur des fondations de 70 cm de profondeur. Il est constitué de petites pierres sèches de calcaire de Beauce.

    Dès 1542, François 1er créa des capitaineries royales chargées d’assurer "très estroittement la garde et conservaction des boys et buissons, bestes rousses et noires d’icellui parc, pour nostre plaisir et passe temps ou faict de la chasse".

     

    http://www.chambord.org/wp-content/uploads/2013/04/dossierenseignantchambord.pdf

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    Classé réserve nationale de chasse en 1947, le domaine est peuplé de nombreux représentants de la faune de Sologne. Le cerf, figure emblématique de la réserve, est présent en grand nombre (environ 700 adultes). L'installation de miradors permet au public  l'observation de cette faune :

    http://www.chambord.org/decouvrir-chambord/le-milieu-naturel/

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    III : En 2015, 500 ans après son introduction par François premier, le cépage royal "Romorantin" revient à Chambord...
     
     
    "Nous recréons la vigne de François 1er et nous élaborerons le vin de Chambord"

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    Le cépage Romorantin, le plus vieux cépage au monde ? 
     

    Le cépage Romorantin, François 1er l’avait fait planter à partir de ceps bourguignons. Le directeur du Domaine de Chambord (en 2015, Jean d’Haussonville), a décidé de replanter ce cépage à l’intérieur du domaine - sur 8 hectares, autour de la ferme de l’Ormetrou, proche du mur d’enceinte, et sur le haut d’un versant - et de vendre dès 2019 un prestigieux vin blanc “Château de Chambord“...

    Ce retour est bien la sauvegarde d’un patrimoine historique, la sauvegarde du cépage Romorantin, unique survivant de vignes authentiques non greffées, et qui n’est pas un cépage ordinaire puisque, pour une raison qui échappe aux spécialistes, il a traversé les siècles sans être tué par le redoutable Phylloxéra qui décima les vignes françaises en 1870.

    Cépage de vin blanc, le Romorantin est toujours présent en Sologne où il est le cépage unique de l’appellation Cour-Cherverny, mais les vignes que replante le domaine de Chambord sont des vignes historiques retrouvées dans une parcelle bicentenaire d’un viticulteur de Soings-en-Sologne, Henry Marionnet (ci dessous), qui explique :

    "Ces vignes ont été plantées il y a 200 ans, à partir des sarments prélevés sur une des vignes plantées à la demande de François 1er; en quelques sortes, ces vignes sont les petites filles de celles de François 1er. Elles ont dans leurs gènes cette faculté de résister au Phylloxera, maladie de la vigne qui sévit toujours. Ce sont ces vignes qui produisent sur mon domaine de la Charmoise notre cuvée Provignage, sans ajout de soufre, le même vin que François 1e

  • France info a présenté l' Historiquement incorrect, de Jean Sévillia...

             Nous en parlons souvent, ici, de cette toujours excellente rubrique Le livre du jour, animée par un Philippe Vallet toujours très libre dans ses choix et très honnête dans ses commentaires...

            Hier, mardi 25 octobre, il présentait (2'28") Historiquement incorrect, de Jean Sévillia :

            http://www.france-info.com/chroniques-2011-10-25-historiquement-incorrect-de-jean-sevillia-570990-81-81.html 

    sevillia historiquement_incorrect.jpg

    * rappel : le Site de Jean Sévillia

     

    Fayard, 374 pages, 20 euros

    ...le fascisme et l’antifascisme, la Résistance et la Collaboration, l’affaire Pie XII, la décolonisation, la guerre d’Algérie... Ce livre étudie dix-huit points chauds de l’histoire française et européenne. Pour chacun d’eux, les conclusions les plus récentes des chercheurs remettent en cause les préjugés, les idées reçues et les mensonges concernant notre passé...