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Rechercher : qu'est ce que le système ?

  • L’affaire Kouchner, ou la Révolution pour rien…..

             Nous ne sommes pas des charognards, ni des moralisateurs, ni des donneurs de leçons. L’affaire Kouchner, en soi, n’est pas de notre ressort. Laissons l’accusation accuser, la défense défendre, et juger qui voudra, ou qui pourra. A ce stade de « l’affaire » il n’y a rien à dire d’autre….

             Si Bernard Kouchner est (ou était…) attiré par l’argent, voire corrompu, il ne serait ni le premier ni le dernier dans la longue liste, en France et dans le monde, des gens qui auraient confondu (comme on le dit dans la presse actuellement...) leur intérêt personnel  avec le  rôle qu’ils jouent en tant que grands fonctionnaires de l‘État.

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               Ce qui nous intéresse par contre, dans cette affaire Kouchner, c’est de passer d’un cas particulier au cas général, du cas d’une personne éventuellement corrompue au cas de la République et de la Révolution.

               Mais, pourquoi ? demandera-t-on peut-être; et quel rapport y a-t-il entre les deux ?

               Eh bien, voilà…..

               Quand les révolutionnaires ont massacré leurs opposants, établi le totalitarisme et décrété le premier génocide des temps modernes contre les Vendéens, la raison invoquée par eux pour justifier et même légitimer (!) toutes ces horreurs était qu’ils allaient régénérer, non seulement la France mais l'Europe, et même le genre humain ! Robespierre, Danton, les Conventionnels savaient très bien qu’ils tuaient des innocents (1), mais ils pensaient qu’ils allaient créer un monde nouveau, un Homme nouveau. Lénine, leur héritier-continuateur, n’a-t-il pas dit que la société sans classe serait si belle qu’on ne pouvait même pas l’imaginer ?

                Or, l’on ne peut que constater, deux cents ans après cette funeste Révolution, que rien n’a changé, et que même tout a empiré. La Révolution-mère, et celles qui l’ont suivie (2), ont détruit les antiques pouvoirs traditionnels qui se fondaient sur l’Histoire, sur le Sang – comme disait Maurras dans sa lumineuse démonstration de l’Avenir de l’intelligence… - et qui se reconnaissaient une autorité supérieure par le seul fait qu’ils admettaient la Transcendance.

                La Révolution et ses avatars ont remplacé ces antiques pouvoirs par des idées abstraites, des notions théoriques qui ne pèsent d’aucun poids face à la puissance de l’Argent, de l’Or; ce qui laisse encore plus qu’avant les mains libres à la corruption puisqu’il n’y a plus aucun pouvoir capable, ou simplement désireux, de s’opposer à elle.

                 C’est là, donc, qu’intervient notre critique. Non pas sur une personne, et contre elle (Kouchner, en l’occurrence), non pas sur un cas particulier mais, à travers ce cas particulier, pour remonter au cas général; et pour passer de la critique d’une personne à la critique d’un système. Notons d’ailleurs que la même chose peut être dite pour bien d’autres affaires, de Julien Dray aux carnets noirs d’Yves Bertrand, consacrés aux turpitudes de la République.

                 Des turpitudes et des ministres corrompus, des enrichissements personnels scandaleux, il y en a eu à foison pendant les mille ans de Royauté. Ce n’est donc pas là-dessus qu’il faut, en soi, attaquer le système actuel. Mais c’est sur ce fait précis que la révolution a échoué à changer l’Homme et le monde; que sous la République, issue de la Révolution tout continue comme avant, question corruption, et même avec une échelle démultipliée ; et que donc, de ce point de vue là, la révolution n’a servi à rien, et les faits se sont chargés de contredire Robespierre, Danton et les Conventionnels  qui voulaient régénérer la France, et qui n’ont rien régénéré du tout (3).

                Là est la critique.

                La République et la Révolution sont donc condamnables, là où la Royauté ne l’était pas, en soi. Car jamais, dans aucun texte, aucun Roi n’a promis d'apporter le système qui allaitt éradiquer toute laideur, toute bassesse, toute corruption de la Société. La République, elle, l’a promis/juré. Elle l’a assuré et proclamé, et c’est même pour cela, c’est au nom de cette promesse folle qu’elle s’est autorisée à massacrer et à génocider, en affirmant qu’on allait voir ce qu’on allait voir. Eh bien, justement, on voit : c’est comme avant, c’est même pire qu’avant…

                On voit donc bien, par ces quelques réflexions sur l’affaire Kouchner, que ce qui nous intéresse là ce n’est pas Kouchner en lui-même, son éventuel enrichissement personnel et son éventuelle corruption. C’est la corruption du système, la corruption du pays Légal, la corruption de la République institutionnelle.

                Parce que cette corruption est inadmissible, si l’on se réfère aux promesses de ses origines.

                Ce qui était inadmissible et fou, ce qui est et reste la corruption fondamentale, substantielle, de tout système politique issu de l’idéologie révolutionnaire, c’est, en soi-même, la prétention à changer radicalement l’homme et la société, à engendrer, en un sens quasi-religieux, un homme nouveau, quand il apparaît si difficile de seulement vouloir l’améliorer un peu …

     

    (1)     :       "Les scènes des Cordeliers, dont je fus trois ou quatre fois le témoin, étaient dominées et présidées par Danton, Hun à taille de Goth, à nez camus, à narines au vent, à méplats couturés, à face de gendarme mélangé de procureur lubrique et cruel. Dans la coque de son église, comme dans la carcasse des siècles, Danton, avec ses trois furies mâles, Camille Desmoulins, Marat, Fabre d'Eglantine, organisa les assassinats de septembre.…

                     Danton, plus franc que les Anglais disait, : "Nous ne jugerons pas le Roi, nous le tuerons." Il disait aussi : "Ces prêtres, ces nobles, ne sont point coupables, mais il faut qu'ils meurent parce qu'ils sont hors de place, entravent le mouvement des choses et gênent l'avenir."  (Mémoires d'Outre-Tombe, La Pléiade, Tome I, pages 298/299).

    (2) : toutes sorties d'elle et d'elle seule, qui est l'unique matrice : c'est le mérite de Soljénitsyne de l'avoir bien manifesté dans son discours des Lucs sur Boulogne (que vous pouvez lire dans la Catégorie Grands Textes, en Grands Textes I).

    (3) : Saint Just a tout de même osé dire, et écrire: "Je ne juge pas, je tue" (au procès de Louis XVI) et "Une nation ne se régénère que sur des monceaux de cadavres"...

  • Hé oh, la gauche !

     

    par Hilaire de Crémiers

     

    157e493dd19d0d2ee135205f081739f9_Hilaire.jpgQuand Macron annonce qu’il veut sortir du vieux clivage gauche-droite, il ne fait que répéter une très vieille antienne que Bayrou a reprise en son temps. Mais alors il faut aller jusqu’au bout… et renier un régime qui ne vit que de la lutte des partis. Chiche !

    La France attend l’homme fort. Les sondages, d’ailleurs, confirment, chez les Français, le dégoût du régime et l’attente d’une solution énergique ; pour certains, elle est même militaire, voire monarchique : un chef, un seul, en qui il soit possible d’avoir confiance et qui remette de l’ordre. Cette aspiration est aussi simple qu’essentielle. Il n’est pas besoin d’être grand clerc ni expert en matières politiques pour comprendre cet appel que lance l’âme française aujourd’hui, comme elle le fit déjà dans le passé, de siècle en siècle, chaque fois que le pays traversait une période d’anarchie, subissait l’invasion, allait de désastre en désastre et ne se reconnaissait pas dans de faux chefs qui profitaient de la situation pour s’emparer du pouvoir et pour en abuser. Oui, il est rassurant de penser que 85 % des Français ne font plus confiance aux hommes politiques, aux partis, aux syndicats, aux médias, en un mot au système ; ce mot que tout le monde comprend et emploie tant il est significatif. Nous n’avons plus d’État, nous n’avons qu’un système.

    La république oligarchique

    Certes, ces Français qui protestent en leur for intérieur, ne sont jamais entendus ; cependant, ce sont eux qui font marcher la France effectivement, qui font tourner ses usines, ses commerces, son agriculture, qui livrent des produits remarquables à l’exportation dont le gouvernement peut encore se flatter – avions, navires, sous-marins de haute performance –, qui lui donnent une armée, une gendarmerie, une police qui, en dépit des méfiances et des inepties du régime, effectuent leur service au mieux de leur possibilité. Un général Soubelet qui se fait démettre de ses fonctions, est un cas typique. Dans aucune instance officielle ces Français, en tant que tels, ne sont représentés ou ne peuvent faire valoir leurs justes demandes. Politiquement ils n’existent pas. Partis et syndicats se sont emparés de tous les leviers de pouvoir, de la représentation et des organes de décision.

    On fait croire au peuple que l’élection est un choix ; c’est évidemment archi-faux ; c’est au mieux un exutoire, on dirait maintenant un défouloir. Et, en ce moment, en Europe comme en Amérique, en Autriche dernièrement, irrités par l’incurie de leurs gouvernants, les peuples s’essayent à récuser les élites officielles. Mais ces réactions sont toujours précaires et nul ne sait où elles mènent vraiment. Le jeu électoral, surtout en France, est tel qu’il n’est en fin de compte réservé qu’aux seuls dignitaires du régime ou à ceux qui y font allégeance. Le Conseil constitutionnel, d’ailleurs, contrairement aux principes démocratiques, vient de valider la réforme électorale qui privilégie les candidats du système. Il est impossible d’en sortir. Des coups de boutoir sans doute et tant mieux, mais, comme l’expérience l’a prouvé à toutes les générations, le régime finit toujours par l’emporter. C’est la seule chose qu’il sache fort bien faire : se défendre.

    Quel est donc ce régime qui permet à un Hollande de devenir chef de l’État ? Voilà la vraie question qu’il faut se poser. Quelle est cette moulinette qui transforme les opinions profondes des Français en bouillies électorales dont se nourrissent indéfiniment les partis du système ? Et qui donnent au final une représentation faussée ? Il y a au cœur du problème français une question d’institutions. Chacun le sait fort bien mais personne ne veut le voir ni le dire.

    Cependant, le rejet en est si total que les médias en dissimulent la violence. On feint de croire à l’importance de révoltes gauchardes, comme Nuit debout, qui s’essayent à récupérer l’insupportable malaise français, alors que la Manif pour tous, les Veilleurs, toutes les vraies révoltes du pays réel ont été constamment occultées et vilipendées. Alain Finkielkraut a appris à ses dépens la sordide réalité de cette chienlit. On met en scène les moindres revendications catégorielles – en ce moment les intermittents du spectacle, les cheminots – sans même attacher le moindre regard aux usagers des transports qui pâtissent tous les jours ni à ceux qui triment à longueur de journées pour tenter de survivre.

    La CGT, entre autres, ne représente plus rien, mais c’est elle qui fait la loi. Elle publie une affiche qui insulte les forces de l’ordre ; le gouvernement ne proteste même pas. L’Unef n’est qu’une misérable officine où se concoctent les carrières des futurs élus de la gauche qui y apprennent tout à la fois et « le baratin » à servir pour réussir dans le système et la manière de rafler les mises, y compris financières ; telle était déjà l’Unef dans les années 60 qui a donné les apparatchiks actuels du parti socialiste, telle elle est encore aujourd’hui. Toute cette engeance qui ne vit que de la société et qui s’est installée au chaud dans de belles places garanties et bien payées, s’adonne au jeu de la révolution permanente, mais qui ne va jamais jusqu’à les remettre en cause eux-mêmes… évidemment ! Il n’est pire conservatisme que celui des stipendiés de la révolution totalitaire !

    La fin du régime ?

    L’État n’est plus qu’une administration sans âme dont la lourdeur pèse d’un poids accablant sur le pays : 57 % de la richesse produite est accaparée par un monstre qui ne remplit plus les hautes fonctions régaliennes, mais qui se mêle de tout avec des ministères et des secrétariats d’État aux appellations grotesques. Plus aucune autorité ne se dégage des institutions. Le chef de l’État n’est plus rien qu’un sujet de dérision et qui s’imagine encore être quelqu’un ; quand il s’exprime en public, comme dans sa dernière « prestation » télévisée, il est toujours pitoyable, incapable de s’élever à la hauteur de son rang ; on dirait d’un maquignon content de lui et qui discute du bout de gras. Avec toutes les dernières aventures législatives où l’incohérence le dispute à la pitrerie, de la déchéance de nationalité à la loi El Khomri, il devient de plus en plus légitime de se demander à quoi servent les parlementaires quand on sait comment sont fabriquées et votées les lois ?

    Chacun ne pense plus qu’à son élection ou sa réélection. Stéphane Le Foll lance au service de son chef de parti son dérisoire « Hé oh la gauche ! ». Valls répand la manne de l’État sur la jeunesse pour acquérir ses voix, RSA et bourses à volonté, puis il saupoudrera de subventions et d’augmentations les catégories que la gauche voudrait récupérer. Déjà on annonce, sur un seul chiffre mensuel, la baisse du chômage. On parle de libéraliser le cannabis. Macron fonde En marche pour se mettre à part et se définir comme au-dessus des partis.

    Dans cette atmosphère délétère, on oublie l’état d’urgence qui sera pourtant prolongé ; les forces de l’ordre sont harcelées, moquées, épuisées. Les risques n’ont pas diminué : les attentats, les vagues migratoires que nul au niveau de l’État n’envisage vraiment dans leur ampleur, la crise économique et sociale, peut-être bientôt financière et monétaire. Qui sait ce qui restera de l’Europe dans un mois, dans deux mois ? L’Angleterre ? La Grèce ? L’Allemagne elle-même ? Une question se pose, de plus en plus évidente : la France peut-elle survivre avec un tel régime ? 

  • Déni d'islamisme : le réarmement moral passe par un retour au réel

     

    Par Mathieu Bock-Côté          

    Masqué sous des justifications psychiatriques ou sociales, le déni d'islamisme continue de frapper, constate Mathieu Bock-Côté, pour qui, à force de dépolitiser les attentats, les Occidentaux savent pleurer, mais plus se battre. Nous sommes une fois de plus d'accord. Pourquoi reprenons-nous souvent les tribunes, les analyses, de Mathieu Bock-Côté ? Simplement, parce qu'elles vont au fond des choses, à l'essentiel, aux racines même du Système dominant : racines idéologiques,  mais aussi comportements et méthodes du totalitarisme révolutionnaire, ancien ou nouveau. Ce sont des analyses qu'un contre-révolutionnaire, par exemple maurrassien, eût faites à peu près de la même façon. Et que beaucoup d'autres font aujourd'hui, en dehors de nos cercles, en particulier parmi les jeunes intellectuels. Ce courant de réflexion est, pour nous, d'un intérêt - disons stratégique - tout à fait évident.  LFAR    

     

    3222752275.jpgOn commence à s'y habituer : à chaque attentat terroriste, une bonne partie du système médiatique active le logiciel du déni d'islamisme. Cela a aussi été le cas après l'attentat de Nice. Une chose semble plus importante encore que de pleurer les victimes et d'encombrer les lieux du crime de fleurs et de bougies: c'est de dépolitiser l'attentat. Dans la mesure du possible, on multipliera les hypothèses qui nous éloignent d'un constat pourtant enregistré depuis longtemps dans la conscience populaire : la paix perpétuelle à laquelle nous aspirions dans la dernière décennie du vingtième siècle a été fracassée une fois pour toutes. L'islamisme nous a déclaré la guerre. Il ne nous est plus possible de croire que la guerre appartient à la préhistoire de l'humanité occidentale et qu'il suffirait d'étendre à travers le monde la logique des droits de l'homme pour l'éradiquer une fois pour toutes. Mais le système médiatique travaille fort à nier cette réalité.

    Il y a d'abord la piste psychiatrique. Le terroriste serait un déséquilibré, un fou furieux, un maniaque, un psychopathe, mais pas un islamiste. En un mot, il n'y aurait aucune signification politique à un tel attentat : on devrait le considérer comme une forme de catastrophe naturelle - mais la nature qui se déchaînerait ici sur les sociétés serait la nature humaine et ses failles hantées par de sombres fantasmes de destruction. On ne saurait inscrire le crime dans une trame plus vaste et d'aucune manière, on ne devrait l'expliquer idéologiquement. Le crime n'est plus vraiment un crime : c'est un malheur, une malédiction, un rappel de la part incompréhensible de la condition humaine. C'est ainsi que plusieurs, comme le premier ministre canadien Justin Trudeau, ont parlé d'un acte « insensé » plutôt que de reconnaître dans l'attentat de Nice un épisode dans la guerre de l'islamisme contre l'Occident. Faut-il comprendre, dès lors, que les seuls terroristes qu'on prendra au sérieux sont ceux qui paient leurs impôts à temps, mangent de manière équilibrée et qui ont une connaissance fine du Coran ?

    Il y a aussi la piste de l'exclusion sociale : l'homme qui se rendrait coupable d'un attentat serait en fait une victime de la société où il vit. Seule la désespérance sociale le rendrait sensible aux sirènes islamistes. Plus encore : l'exclusion qu'il subirait le pousserait à cette forme de résistance condamnable mais compréhensible que serait le terrorisme islamiste. Il y a plusieurs années, on avait déjà expliqué ainsi les assassinats de Mohamed Merah. Dans nos sociétés qui marginaliseraient les populations issues de l'immigration, la petite criminalité et la grande devraient être considérées comme des actes de résistance. En un mot, l'islamophobie serait à l'origine de l'islamisme. Peut-être est-ce une manière de garder mentalement le contrôle des événements : se dire coupable, c'est demeurer responsable des événements, c'est conserver une emprise sur eux. Si la civilisation occidentale s'amende suffisamment, la guerre cessera et la paix reviendra. Il faudrait s'ouvrir toujours davantage à la diversité pour contenir et refouler l'islamisme.

    On oublie une part essentielle de ce qu'on pourrait appeler la théorie de la guerre révolutionnaire, qui consiste justement à exciter les marges, les éléments sociaux instables et fragiles, pour faire naître chez eux une vocation au Djihad. Il s'agit justement d'exciter les pulsions morbides et de les convertir en un désir terroriste. Les vidéos relayés par l'État islamique où on voyait ses soldats et militants se transformer en égorgeurs avaient justement cette vocation. Pour le dire autrement, il s'agit de mobiliser les marginaux et les déclassés en les retournant contre l'ordre établi. C'est ainsi qu'un homme qui n'était pas fiché par les services de renseignement peut rapidement prendre un étendard et se retourner contre ses concitoyens qu'il ne voit pas comme des compatriotes. Celui qui se laisse convertir peut ainsi espérer une forme de gloire morbide qui transfigurera son existence en devenant un martyr glorieux d'une guerre sainte contre un Occident malfaisant.

    Cela ne date pas d'hier. Les théoriciens révolutionnaires ont toujours su qu'ils ne pouvaient pas se fier à leurs seuls moyens et qu'ils devaient travailler les contradictions sociales inscrites au cœur des sociétés qu'ils veulent bouleverser. Et le fait est que l'appel au Djihad trouve un écho dans les banlieues islamisées issues de l'immigration qui sont la cible d'une propagande antioccidentale permanente, par ailleurs relayée par un système médiatique qui les entretient dans ce sentiment victimaire. L'islamisme y trouve un bon terreau et pousse ainsi à la guerre civile entre les nations européennes et les communautés issues de l'immigration musulmane. On pourrait pousser plus loin la réflexion : qu'on le reconnaisse ou non, la perméabilité absolue des frontières contribue à ce climat anxiogène. Quoi qu'en disent les théoriciens de la diversité, une communauté politique exagérément hétérogène est appelée à vivre des contradictions culturelles de moins en moins soutenables.

    Le système médiatique semble vouloir préserver à tout prix le fantasme de la diversité heureuse, quitte à se couper du commun des mortels et à s'installer dans un univers parallèle. Il y a quelque chose de navrant à constater la puissance médiatique de ce logiciel contribuant à déréaliser l'agression subie depuis quelques années par la nation française, en la dispersant en milliers de faits divers dépolitisés, auxquels on refusera toute perspective d'ensemble. L'Occident sait pleurer mais ne sait plus vraiment combattre - il ne veut pas accepter qu'en guerre, on ne fonctionne plus comme en paix. Évidemment, ceux qui exigent une politique toute faite à la manière d'une douzaine de mesures bien identifiées contre l'islamisme s'illusionnent : bien évidemment, on peut et doit mener une guerre contre l'islamisme intérieur et extérieur mais elle ne sera pas gagnée en quelques mois. Mais ceux qui parlent du nécessaire réarmement moral des nations occidentales visent juste.

    On se demande encore comment certains ont pu s'opposer à la déchéance de nationalité pour les binationaux coupables de trahison ou de terrorisme. Ne permettait-elle pas de redonner au moins symboliquement une certaine force à l'idée de citoyenneté ? De la même manière, on comprend l'irresponsabilité criminelle de ceux qui consentent à une immigration massive qui crée les conditions d'une fragmentation massive des pays de la vieille Europe. Qui croit encore qu'il faille s'ouvrir à toutes les différences, sans distinguer entre celles qui sont compatibles avec le monde occidental et celles qui ne le sont pas ? Autre question : jusqu'où les sociétés occidentales accepteront-elles de voir la logique des droits de l'homme retournée contre elles, comme si elles devaient s'immoler sur l'autel d'un universalisme si radical qu'il les empêche de se défendre lorsqu'on les agresse ? 

    Le réarmement moral passe d'abord par un retour au réel. 

    Mathieu Bock-Côté         

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d' Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.   

  • Que veulent dire, et où conduisent les chiffres ?, par François Reloujac

            Lors de l’annonce de la réforme de l’Impôt de solidarité sur la fortune le Gouvernement a déclaré que, pour combler le manque à gagner qu’entraînerait la relève à 1,3 million d’euros du seuil d’imposition, il devait trouver 4 milliards d’euros. Dans le même temps il débloquait quelques centaines de millions pour aider à la reconstruction de la Côte d’Ivoire.

            Vu l’état des finances publiques de la France, il peut paraître que cette aide constitue un effort significatif en faveur de ce pays dans lequel elle vient de jouer un rôle ambigu. À cette aune là, combien versera-t-elle demain pour la reconstruction de la Libye ?   

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            Mais cette somme n’est qu’à peine comparable à celle à laquelle le Gouvernement français a été condamné pour rembourser aux grandes enseignes de la distribution la taxe sur les achats de viande : il s’agisssait de financer la destruction des farines animales décidée après l’éclatement du scandale de la vache folle, taxe qui avait été déclarée non-conforme aux règles européennes.

            Par rapport à ces enjeux où il en va de la vie des citoyens, que signifient les chiffres qui circulent parmi les experts économiques ? 

            Etablissent-ils un rapport entre la cas que l’on fait désormais de la vie des hommes et celui de la « santé » des marchés financiers ? Officiellement, pour faire face à leurs échéances, les banques européennes vont devoir trouver sur les marchés financiers quelques 2 500 milliards d’euros au cours des mois à venir, sans compter ce que les États eux-mêmes vont devoir trouver de leur côté. En fait, ces chiffres astronomiques dont plus personne ne se représente la valeur réelle, montrent une seule chose : ni les États ni les banques ne remboursent leurs dettes. Ils ne font qu’emprunter à nouveau pour faire face à leurs échéances et aux intérêts d’une dette sans cesse croissante. À qui empruntent-ils donc ? Law, à son époque, empruntait aux personnes privées, mais aujourd’hui les sommes en jeu sont telles que plus aucun particulier ne peut suivre, que tous les citoyens réunis n’y suffiraient pas. 

            Les banques et les États empruntent donc aux États et aux banques ainsi qu’aux filiales des banques que sont les divers fonds de placement et autres établissements financiers. Ce système d’emprunts-crédits dont la majeure partie fonctionne dans ce que l’on appelle le « shadow banking » (les banques fantômes), bénéficiant non plus des paradis fiscaux – on les a fait disparaître – mais des paradis réglementaires pour reprendre l’expression de quelqu’un qui sait de quoi il parle, Dominique Strauss-Kahn, n’est en réalité qu’un système de cavalerie qui permet simplement de retarder le moment où la faillite générale éclatera au grand jour. Ce système de cavalerie est doublé d’un jeu de la barbichette entre les États et les banques : « Je te tiens, tu me tiens » ! Lorsque les unes s’effondreront les autres suivront ; peu importe l’ordre dans lequel cela se produira.

            Le phénomène n’est pas uniquement français, ni même européen. 

            Ainsi, selon diverses études réalisées aux États-Unis, si l’on poursuit sur la lancée actuelle, la dette publique pourrait atteindre 344 % du PIB en 2050 et la charge des intérêts de cette dette 17 % du dit PIB. Comme à cette époque là on prévoit que les dépenses de l’État représenteront à elles seules 45 % du PIB  et qu’il faudra bien payer en plus les retraites et « les dépenses de santé », les Américains travailleront 7 jours sur 10 pour l’État avant même de commencer à rembourser les dettes et avant de pouvoir espérer pouvoir jouir du peu qui restera de ce qu’ils auront gagné à la sueur de leur front. C’est pourquoi, lorsque le FMI met sept grands pays sous surveillance – dont la France et la Chine – ce n’est pas pour les pousser à revenir à une certaine orthodoxie mais pour éclairer les marchés financiers sur lesquels la spéculation bat son plein. 

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    Dominique Strauss-Kahn saluant le ministre des Finances Xie Xuren lors d'une réunion du FMI à Washington. Au centre, le ministre des Finances e Singapour, Tharman Shanmugaratnam 

     

     

    Une fuite en avant ?

            Dans le même temps les médias répètent à l’envi que les « grands » États européens ne voudront pas aider un peu plus l’Irlande à faire face à la faillite de ses banques – qui atteint globalement 10 fois la taille de son économie nationale ! – tant que ce pays n’aura pas relevé le taux de son impôt sur les sociétés qui, avec à peine 12 %, fait une concurrence déloyale aux autres États européens. Mais des entreprises bien françaises telles que Renault ou Danone ne paieraient en France qu’un impôt représentant environ 4 % de leurs bénéfices et Total, malgré un bénéfice de plusieurs milliards d’euros, ne paierait quasiment pas d’impôt. Et le ministre du Budget déclare sans rire que c’est normal, car ils « bénéficient » du régime de l’impôt « mondialisé ». Car, si le taux d’imposition des entreprises est de 12 % en Irlande contre 33 % en France, le taux moyen de l’impôt réellement payé par les entreprises est de 11,9 % en Irlande contre 8,2 % en France… et 4,8 % en Belgique. Les développements de la crise irlandaise comme de la portugaise montrent d’ailleurs bien les imbrications étroites qui existent plus que jamais entre le monde de la finance et celui de la politique. En Grèce, la situation économique et sociale continue à se détériorer mais personne ne veut encore entendre parler de restructuration de la dette de peur que cela ne conduise les banques grecques, mais aussi des banques allemandes et françaises à la faillite.

            La seule issue que les gouvernements entrevoient actuellement est de pouvoir continuer à emprunter, d’où les gages qu’ils veulent donner aux « marchés financiers ». Il ne faut pas que l’inflation dégénère, ce qui conduit le président de la Banque centrale européenne à remonter les taux d’intérêts et le ministre du budget à geler le point de la fonction publique. Pendant ce temps les prix des matières premières (gaz, pétrole, blé, lait, etc.…) continuent à s’envoler ce qui contribue à accélérer les tendances dépressives de l’économie. Mais si l’économie s’enfonce ainsi dans la dépression alors que la masse monétaire continue à croître à une vitesse inconnue dans le passé le monde connaîtra d’abord une grave récession qui pèsera sur les rentrées fiscales avant de voir exploser une violente et soudaine inflation. Or que proposent les économistes pour sortir de ce cercle vicieux ? La fuite en avant : « Les déficits et la dette croissant rapidement dans les pays de l’Union monétaire, il faut réussir à conserver une certaine cohésion et faire accepter aux États de perdre un peu de leur souveraineté pour éviter que l’euro ne vole en éclats ».

            Peu importe que les citoyens soient à la peine, il faut sauver les marchés financiers. Il en va de la survie des États et, à travers eux, des banques qui ont abandonné le service de leurs clients immédiats pour le financement principal des partis en place au moyen de montages financiers aussi complexes qu’occultes. C’est, en fait, que les partis au pouvoir ont depuis longtemps changé d’objet : au lieu de se mettre au service de leurs concitoyens dans un objectif de bien commun durable, ils ont mis en place un très onéreux mais efficace système de pêche aux voix. Ce système leur permet de se maintenir d’élections en élections, quitte à partager les fruits de ce larcin avec un compère qui n’est pas fondamentalement différent mais qui est désigné pour l’occasion comme incarnant l’Opposition. ■

  • Vivre Libre ou Mourir, par Frédéric Winkler.

    Il suffit de faire croire aux individus qu'ils sont libres et ainsi les mettre dans les chaînes. Notre civilisation se meurt du bourrage de crâne médiatique du prêt à penser. Nos vies sont déjà gravement menacées par la nourriture dépourvue du nécessaire vital pour notre santé. Comment faire confiance à une société empoisonnant sa population à coup de pesticides et autres chimies sortant des mêmes laboratoires que les gaz de combat !
    Tandis que l’humus disparait progressivement de nos sols les rendant imperméable à toute vie. Redonnons au monde paysan le respect et la liberté de produire comme le faisaient leurs pères et arrêtons de les soumettre à l’esclavage du productivisme. Gilles Lartigot dans son livre EAT, nous interpelle en disant que « nous vivons dans une société toxique pour notre santé. La nourriture industrielle nous rend malade. La pollution, le stress et les produits chimiques font partie de notre quotidien. Ce sont des faits. Il est encore temps d’en réchapper… »

    frédéric winkler.jpgQue devrions nous dire devant la puissance financière pharmaceutique incitant la médecine vers la surconsommation de médicament, est-ce là le serment d’Hippocrate ? La médecine a-t-elle encore une âme ?
    Comment parler aussi de la souffrance du monde animal que l’on soumet au nom de notre consommation aux pires élevages et tortures. Nous ne l’accepterions pas pour des êtres humains, alors ?
    Que sont devenus nos cités, nos rues et la nature environnante, véritablement dépersonnalisés pour le plus grand profit du politiquement correcte. La disparition graduelle des espaces verts, au profit de bureaux et autres cages à poule faisant naître une jeunesse désœuvrée, écœuré et déracinée. Les programmes scolaires sont orientés et falsifiés idéologiquement pour être assénés en vue de l’esclavage de masse sombrant dans un monde chimérique de non existence.

    Tout cela répond-il aux impératifs d'une vie saine et équilibrée ?

    Environnement saccagé, valeurs humaines anéanties, nos vies et nos esprits sont manipulés : voilà ce qu’il convient d’attribuer à la logique de destruction de cette anti-civilisation. Le système s’attache à enlever toute transcendance aux actes de la vie, à anéantir toute valeur alors que les yeux vides de tout idéal on avance aveuglément, musique bruyante aux oreilles dans des délires conditionnés.
    La répression s’abat sur les citoyens quand ils n’acceptent pas d’être soumis alors que l’insécurité s'installe partout en toute impunité. La République devra répondre devant le tribunal de l’histoire pour nos libertés perdues. La puissance bureaucratique et l'inquisition fiscale règnent, c’est une vaste machine à broyer les énergies. La France fonctionnarisé détruit systématiquement la paysannerie, l'artisanat et le petit commerce.
    Proudhon se serait exclamé : contrôlés, étiquetés, amendés, noyautés, enrégimentés, écrasés, endettés et finalement révoltés, enfermés, parfois suicidés ou fusillés...
    Nous ne voulons pas être des numéros. Dans ce système antisocial, la consommation de calment augmente comme le taux de suicide, l’adversaire a pris la forme d’une mécanique implacable, servie par la toute –puissance de l’Etat. C’est ainsi que se construit une société programmée pour la consommation et aboutissant au spectacle permanent de la vie artificielle et idiote.
    Notre travail et nos impôts financent un système bancaire et économique injuste ? Les financiers et des traders sans morale continuent à s’engraisser. Les superprofits explosent alors que des millions de travailleurs se retrouvent sans emploi ? Le travail doit-il être géré comme une marchandise, il se délocalise loin des lieux d’origines avec son lot de déracinement et de misère.

    Est-il admissible de vivre ainsi ?

    Sommes-nous dignes de la sueur et du sang versé par nos pères. Avons-nous bien dans l'esprit l'importance et la profondeur de ce sacrifice pour nos libertés. Faut-il accepter de voir notre langue et nos traditions disparaître au profit d'une culture de supermarché standardisée. La résistance devient la question de survie dans l’exaspération poussée à ses limites...
    Doit-on, aujourd’hui, se contenter de subir sans réagir ?

    Cette république aux scandales incessants, laisse au pouvoir pour cinq ans des petits chefaillons issus des divers partis politique, afin que ceux-ci alimentent la division et la haine entre nous. Des hommes « responsables mais pas coupables » comme le dit la rengaine venus se servir et non servir. Ce triste quotidien, n’est pourtant pas une fatalité ! Nous faisons l’histoire et la destinée de tout un peuple dépend de notre implication. Les soi-disant révolutionnaires, comme une mode de « bobos », ne remettent pas en cause les fondements même du système. Ceux-ci finissent par servir la pieuvre étatique satisfaisant ainsi leurs contestations superficielles.
    On est loin du temps où chaque ville se développait en parfaite harmonie, où il y faisait bon vivre, travailler et s'amuser. L’autonomie vécue était basé sur le savoir-faire et la qualité, jamais consommateur n’aurait été floué comme aujourd’hui car les Corps de métier veillaient. C’est pour cela qu’il faut ouvrir les archives et s’y plonger afin d’y tirer les leçons de nos pères pour demain. Il faut être imperméable contre ce système dans notre vie social et citadine, cela peut paraître surprenant et même inutile aux yeux d’une multitude déjà soumise. L’individualisme, l’inconscience et l’absence de repères favorisent chez certains une vision parfois peu objective des difficultés que subit aujourd’hui notre pays et dont eux-mêmes en sont souvent les victimes. Redonnons à la France la clef de sa civilisation par un régime stable et durable au-dessus des partis et des lobbies et dont la destinée a pour seul objectif de la faire rayonner dans la modernité au service de son peuple.
    Un individu venant au monde dans notre civilisation trouve incomparablement plus qu’il n’apporte, la défense de cet héritage, devient pour nous une priorité fondamentale. Toute initiative, si minime soit-elle n’est jamais inutile que ce soit par la plume, par l’action et dans l’exemple. Nous conclurons en rappelant que la France à vue jaillir jadis dans ses malheurs des preux. Le général Weygand disait : « …Mais si les vivants comprennent et suivent la leçon des morts, leurs « immortels conseilleurs », ils resteront vigilants et ils ne consentiront pas à être faibles ».
    A nous d’être à la hauteur et inlassablement convaincre par l’exemple en retrouvant le sens de la vie communautaire. Nous ne savons pas dans l’avenir, comment l’histoire nommera ceux qui ont lutté pour sortir la France d’aujourd’hui des difficultés qu’elle subit. Espérons seulement qu’elle ne dise pas de nous, que nous avons laissé faire ! Levons nous comme nos ancêtres se sont dressés pour être libre.
    Et relisons la mise en garde de Thierry Maulnier : « Quand la vie nationale est menacée dans ses sources mêmes, elle ne se sauve plus que par le sursaut qui s’attaque aux principes du mal. Dès maintenant, il n’est plus permis de choisir entre la facilité et l’effort, entre la mollesse insidieuse des déclins tranquilles et les dures reconstructions. Si nous ne choisissons pas de réagir et de renaître, il nous faut choisir de sombrer… La situation de l’Europe, la misère présente, la guerre possible, nous annoncent que l’abaissement de la France ne serait pas paisible. De telles menaces doivent nous remplir d’espérance et de courage : puisque l’époque de l’inaction et de la douceur de vivre est passée, faisons en sorte que la rudesse de ce temps soit féconde ; les efforts, les risques de la renaissance ne sont pas plus grands, ils sont plus beaux que ceux de l’agonie. ».
    Cette nouvelle voie reste celle de la vie face aux déstabilisations et destructions humaines où nous entraîne un libéralisme sans frein guidé par le seul intérêt de l’argent. Nous préférons garder l’image d’une famille responsable qu’une société de consommation sans vie aux ordres d’un mondialisme inhumain. Bref la chance de l’élévation de l’homme et non celui de la soumission au matérialisme. Humblement, dans cette voie nouvelle, gardons à l’esprit la justice et l’humanisme qui nous font choisir, par essence écologique, les lys pour une voie royale. …
    Notre Jour Viendra !

    F.W

  • SOCIAL et ECONOMIE, de Frédéric Winkler.

    Selon Edward Goldsmith : « Le commerce mondial a été multiplié par onze depuis 1950 et la croissance économique par cinq et pourtant au cours de cette période, il y a eu un accroissement sans précédent de la pauvreté, du chômage, de la désintégration sociale et de la destruction de l'environnement. Il n'y a donc pas de preuve que le commerce ou le développement économique soient d'une grande valeur pour l'humanité... » En outre, un contrôle sévère et souvent aveugle de l'Etat sur l'économie toute entière, notamment sur les prix, doublé d'une fiscalité dévorante, décourage l'expansion et le travail.

    ftédéric winkler.jpgNous voici donc, là encore, devant de dangereuses impasses : il ne faudrait pas croire que le sentiment public y soit indifférent et que les résultats concrets ne suivent pas. Si l'on tient compte des créations et des échecs, il y a chaque année des milliers d'entreprises qui disparaissent en France. Certes, les raisons sont multiples, pourtant ce nombre est trop important pour ne pas être inquiétant... Combien ce système libéral aura-t-il suscité de délocalisations, de fuites de cerveaux allant enrichir nos voisins. Nous vivons les conflits sociaux et économiques sans fins, alors que notre économie est sinistrée. Je vous laisse juge de la politique menée pour en arriver là…
    Afin de réduire les coûts le patronat a préfèré utiliser la main-d’œuvre étrangère au lieu de moderniser ses installations (voir Marianne II sur le Net), cela lui permettant de casser les revendications ouvrières salariales. A l’époque, le parti communiste affichait « Produisons Français. Colbert était plus malin lorsqu’il créait les manufactures où ateliers où seule la qualité, le beau et le meilleur était fabriqué, toute l’organisation corporative des métiers veillait alors au bien-être des consommateurs. Il désirait avec Louis XIV, attirer les richesses chez nous comme les artistes et les inventeurs, on a l’inverse aujourd’hui avec la fuite des cerveaux !
    Notre industrie de qualité qui avait réussi à survivre fut largué et vendue pour combler un déficit abyssal permanent, nous livrant à la finance internationale. La politique de l’ouverture vers l’extérieur qui nous est imposé depuis Giscard, condamne la France et ses particularités économiques. Cette politique favorise les pays qui donnent le moins à leur peuple, travaillant pour presque rien. Ce n’est qu’un marché de dupes, pour le profit des riches, un crime contre l’humanité dans un nouvel esclavage pratiqué par des politiques issus des idéaux de 89 !
    La recherche suscite l’investissement vers la création, entraîne la production puis la consommation. Que sont devenus nos mines de charbon alors que l’Allemagne continue d’en produire. Notre acier, notre aéronautique comme l’aérospatiale qui fait quoi ? Sans parler des drames d’Alsthom, de Pechiney voir le chantier naval devenu italien, la vente de nos vignobles et nos terres, châteaux comme richesses architecturales. Nos marchés africains sont laissés à la Chine et l’Allemagne. Nous restons la 2e puissance à posséder le plus d’étendue de mer, qu’en faisons-nous, lorsque l’on ne donne pas nos iles aux anglo-saxons comme pour les Minquiers et les Ecrehous. Devrions-nous parler de l’état de nos voies ferrés, de nos routes… Le monde de la finance explose dans des bénéfices qui dépassent l’entendement, il suffit juste de citer les « GAFA » (Google, Amazone, Facebook et Apple) dont deux dépassent le trillion de dollars en valorisation boursière. Entre le chiffre d’affaire et la valorisation boursière de ces 4 puissances, on trouverait une équivalence avec environ 150 Etats du monde !
    Un système antisocial détruit par « ordonnances » notre code du travail qui, même s’il avait besoin de profondes réformes, va déclencher une nouvelle misère dans le monde du travail, rappelant demain les scandales du monde industriel du XIXe siècle ! La misère dans le nord est pléthorique depuis que la sidérurgie a fermé ses portes, les familles n’arrivent plus à subvenir à l’entretien de leurs enfants, quand ils ne sont pas pris par la DASS ! Ces problèmes paraissent insurmontables, symptômes d’une société malade, fruit d’un système incohérent et antisociale. Nous consommons 70 milliards de plus que ce que nous produisons, alors que l’Allemagne est en excédent commercial de 250 milliards (Radio Courtoisie Henri Fouquereau 11/09/2018) ! Le pays est incroyablement endetté, notre peuple est en danger devant des marionnettes qui prétendent gouverner mais qui ne gère qu’un déficit permanent, nous entraînant vers l’abime ! Le réveil sera dramatique. Lorsque les créanciers refuseront de prêter et qu’ils exigeront de se servir pour être remboursé que croyons-nous qu’il adviendra ?
    Quelle honte de voir ainsi notre pays décliner lorsque celui-ci fut la lumière du monde, jamais le plus médiocre de nos rois ne l’aurait accepté. Le déficit budgétaire comme le déficit commercial annuel avoisinent les 60/70 milliards, la Sécurité sociale, l’Etat perdant autour de 150 milliards chaque année qu’il doit emprunter sans jamais savoir comment rembourser. Un européisme niais attire nos élus comme des veaux à l’abattoir, le jour viendra où les créanciers imposeront leurs volontés sur notre territoire contre le possible effacement de nos dettes si ce n’est pas déjà en cours. Cette pente infernale nous entraîne vers la soumission au nouvel ordre mondial qui prendra en main nos affaires comme mettra en coupe réglée tout notre patrimoine en biens, architectures et paysages. A quand un Henri IV pour redresser la France et mettre dehors une ripoublique handicapant l’avenir de nos enfants ! La pire des monarchies ne peut rivaliser avec une telle faillite dont les français ignorent le gouffre ! Tout cela entraîne des milliers de pertes d'emplois comme plonge dans la misère sociale, des milliers de familles. Ce « jeu » de la mondialisation « sans entraves » défendus par des élites globalisées détruisent les peuples !
    Et puis un peu de réflexion, est-ce que notre économie doit continuer dans cette voie ? N’y a-t-il pas d’autres chemins, devons-nous vivre sous l’infernale augmentation du PIB (Produit Intérieur Brut), entraînant la hausse constante de la consommation donc de la production ? Ce système libéral est une impasse, comme nous l’avons dit dans sa recherche permanente de la réduction des coûts, donc des salaires, entraînant les peuples vers l’esclavage et la robotique (Lire Bernanos). La décroissance apporte, à juste titre, quelques pistes intéressantes, qu’il ne faut pas négliger.
    Qui en est le responsable ?
    Mais contre qui, là encore, faut-il se retourner ?
    Et le syndicalisme !
    Les syndicats patronaux ou ouvriers, eux aussi constituent souvent de grandes féodalités du capital ou du « travail ». Ils se confondent la plupart du temps avec l'action de tel ou tel parti au risque de brouiller les cartes, comme de pervertir le sens même du syndicalisme. Il y aurait tant à dire sur la soumission des officines syndicales devant les « Ordonnances Macron », sur cette acceptation d’une politique mené par un ancien banquier, offrant au libéralisme, le monde du travail sur un plateau, au nom du Cac40 !
    Le syndicaliste devrait se questionner sur le système en question, allant vers le totalitarisme, alors que son véritable rôle est de défendre la JUSTICE SOCIALE, d’où déclinent : Organisation, hiérarchie et décentralisation, sans laquelle il n'y a pas de libertés ! Un globalitarisme règne, où les mots d'ordre sont : Uniformité, égalité, centralisation. Notre doctrine sociale est foncièrement contre le libéralisme économique, représentant le « renard libre dans le poulailler libre ». Le libéralisme est générateur de conflits, de délocalisations, de misère, de destruction du tissu économique et social. Alors que nous sommes basés sur l'humanisme et la recherche de la qualité dans le travail. On voit s'étendre à l'horizon les familles en péril, la réduction du travail valorisé et de l'emploi, mais aussi des magouilles financières en hausse, ainsi que les gâchis comme les superprofits avec cette « arrogance des puissants » qui accable le monde... Le capitalisme, issu en partie de la Révolution Française, après la révolution industrielle née du charbon anglais comme de la machine à vapeur, exploite notre main-d'œuvre et celle des pays du Sud en développement, dans un nouvel esclavage, pour plus de gains !!! Ainsi, en 2012, les grandes fortunes françaises ont vu leur capital grimper de 25 % quand, dans le même temps, le nombre de pauvres a augmenté en France et que le niveau de vie médian a, lui, baissé de 0,5 % dès 2010, mais beaucoup plus pour les moins favorisés de nos concitoyens (environ 3 % par an depuis 2008). Le syndicaliste est (ou devrait être, logiquement...) inévitablement contre la loi Le Chapelier de 1791, qui supprime toute association et tout droit d'association. La loi de 1884, insuffisante, autorisant les syndicats, fut le début d'une liberté, donc d'un pouvoir accordé à des groupements. Ce fut le retour, encore bien timide, des libertés réelles contre la liberté abstraite de 1789... Le savent-ils ces syndicalistes ?
    N'oublions pas que si la « Déclaration des Droits de l'Homme » néglige les devoirs, elle a aussi aboli, en fait, beaucoup de droits communautaires. Les syndicalistes doivent prendre conscience que le régime qu'ils désirent n’est pas celui dans lequel nous vivons !
    Tant qu'il y aura des élections politiques, il ne pourra pas exister d'élections sur le plan professionnel ou communal sans que celles-ci ne soient, tout au moins en grande partie, politiques. Lorsque « l'Etat ou la Commission de Bruxelles sont les patrons » (en particulier sur le plan réglementaire), que peuvent les syndicats ?
    Il n'y a plus d'arbitre souverain pour départager les ouvriers et le patron. Écoutons Jean de France (« Un Prince Français», Entretiens avec Fabrice Madouas, Pygmalion) : « Cette société devient anonyme. Les rapports ne sont plus régis par la politesse, ni par la courtoisie, mais par la loi, forcément impersonnelle. Nous allons vers une judiciarisation des relations humaines. »
    FW (Projet de société, à suivre...)

  • Les Royalistes et la préservation de l'environnement dans les années 1970. Partie 2 : Bureautechnocratie et multinationa

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    Dans le cadre de la rédaction d'une nouvelle brochure sur les Royalistes et l'écologie, voici ci-dessous la 2ème partie d'une brève étude historique sur ce thème déjà publiée en 2017.

    Le souci environnemental s'intègre dans la réflexion plus large sur les conditions de la vie en société et celles de la pérennisation de la Cité nécessaire aux citoyens et à leurs libertés civiques, et, tout bonnement, au bon ordonnancement de la vie en société elle-même : c'est une constante de la politique des royalistes (avec sans doute quelques exceptions pour ces derniers) de s'inquiéter de « ce qui doit durer », en particulier en l'absence angoissante d'une dynastie qui inscrive le temps du moment dans un temps plus long, en amont comme avec la promesse de l'aval. En somme, les royalistes assument une forme de régence idéologique, « en attendant l'héritier », et elle se marque par la volonté de « préserver l'héritage » dont l'environnement, dans tous ses aspects et éléments, est une énorme part et, plus encore, le cadre de vie et de mouvement des sociétés françaises et humaines.
    En 1971, l'on ne parle pas encore de « Trente glorieuses », ni de « Trente ravageuses », mais les royalistes rémois, eux, marquent leur défiance à l'égard, d'une part, d'une société qui oublie les limites de la biosphère et, d'autre part, d'un État qui, pris dans le grand mouvement de la société de consommation confondu, à tort, avec une juste prospérité (le gaspillage est une forme de la démesure, de l'hubris, de la consommation), ne sait comment réagir aux excès d'un système de plus en plus hégémonique. C'est ce que le Bulletin d'AF Reims de janvier 1971 souligne, dans une perspective éminemment politique et royaliste :
    « Mais la mise en chantier d'une politique efficace de lutte contre les nuisances nécessite l'utilisation d'importants moyens de financement. Où les trouver ? Les entrepreneurs incriminés ne veulent supporter à eux seuls l'investissement immédiatement improductif que constitue par exemple la construction d'une unité de filtrage. Ils évoquent, souvent avec raison, le handicap qui en résulterait face à la concurrence étrangère (1). C'est à l’État seul, disent-ils, de se charger d'un tel financement. Là, comme ailleurs, le problème est donc politique d'abord.
    Or, force est de constater que pendant très longtemps aucune force politique n'a fait mention dans son programme, de la défense du milieu naturel. Sauf, de par son origine, l'Action Française, comme nous le verrons plus loin.
    Pour les bureautechnocrates (2), la lutte pour la préservation de l'environnement n'est que l'une des difficultés liées au passage à la civilisation de post-consommation (3). Le progrès des sciences et des techniques amènera inéluctablement des mutations irréversibles jusque dans l'homme lui-même (4). La transformation sera douloureuse et il faudra bien y perdre tout ce à quoi nous étions attachés dans le cadre de la société de « pénurie ». C'est ainsi que certains envisagent froidement la suppression totale de toute agriculture (5), la chimie pouvant subvenir à nos besoins alimentaires, la suppression des campagnes puisque la population du monde sera telle que la ville s'étendra partout (6); si d'aucuns s'avéraient trop souffrir du complexe de « Cérès » (7), il serait possible de leur allouer une vache qu'ils pourraient élever à loisir.
    Si tous ne vont pas jusque là, très nombreux sont ceux qui, éloignés depuis longtemps du monde naturel, s'accommodent fort bien de sa déprédation. La finance vagabonde y a encore gros à gagner (8). Un exemple parmi tant d'autres : un important trust pharmaceutique international fait actuellement pression sur les autorités européennes (9), lesquelles ne font pas la sourde oreille, pour que, dans le cadre de la nouvelle législation viti-vinicole, l'addition d'enzymes soit autorisée dans les vins : chose qui représente un marché colossal. »
    Hélas, mille fois hélas : ce texte royaliste de 1971 n'est pas démenti, bien au contraire, par les 49 années qui nous séparent du temps de sa rédaction...
    (à suivre)
     
    Notes : (1) : Un argument toujours valable, d'ailleurs, même s'il sert parfois aussi d'alibi à quelques sociétés multinationales pour délocaliser dans des pays peu regardants sur la question environnementale (et sociale), sociétés toujours à la recherche du plus grand profit, en particulier sous la pression d'actionnaires peu soucieux de Bien commun et d'écologie.
     
    (2) : La bureautechnocratie est l'un des éléments majeurs et dominants de la société des années 1960-70, synthèse de la technocratie modernisatrice « à tout prix » et souvent progressiste par principe, par idéologie même, plus encore que par raison, et de l'administration (volontairement ?) kafkaïenne de la République, centralisatrice et liberticide par essence, si l'on en croit la critique maurrassienne. Sous la Cinquième, plus encore que les partis, elle constitue l'armature, la superstructure même du système de domination et de contrôle de la société. C'est le penseur royaliste Pierre Debray qui en forge, dans les milieux monarchistes français, la compréhension la mieux assurée et la critique la plus convaincante.
     
    (3) : La formule de « civilisation de post-consommation » est-elle la plus appropriée ? Car, en définitive, nous vivons en une civilisation toujours fondée sur la « société de consommation » dans laquelle il faut « consommer pour produire » et qui, ainsi, entraîne le gaspillage et la surenchère technologique autant que consumériste, aujourd'hui plus encore qu'hier. L'auteur a sans doute voulu signifier que le temps d'établissement de la société de consommation était désormais en passe d'être révolu dans notre pays, en cette année 1971, et que l'on entrait dans un monde qui, ayant intégré la logique de ce système, ne se posait plus la question de savoir s'il était légitime ou non... Ce processus de passage est fini, au moins depuis les années 1970 en France, ce qui n'empêche pas les contestations, évidemment (et heureusement). Là encore, ce texte vieux de 46 ans a vu juste...
     
    (4) : le transhumanisme et les rêves d'une « humanité augmentée » (surtout pour ceux qui auront les moyens financiers de cette « augmentation »...), aujourd'hui portés par de grandes multinationales des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) : quand la réalité dépasse (ou cherche à le faire) la (science)fiction...
     
    (5) : Les projets de quelques experts de la Commission européenne ne sont-ils pas de diminuer toujours plus la population agricole en Europe et ne voit-on pas, en Allemagne ou en Chine, la mise en place d'une agriculture constituée de « méga-fermes » qui sont plus de l'ordre de l'usine à produire de la viande ou des légumes que de la culture et récolte de produits nourriciers ? Et certaines bonnes âmes de Bruxelles y voient « l'avenir de l'agriculture européenne », au nom de « l'adaptation » à la mondialisation...
     
    (6) : L'urbanisation galopante dans les pays émergents et la rurbanisation non moins effrayante dans nos pays, qui entraîne la bétonisation de 82.000 hectares de terres agricoles chaque année en France, soit environ 26 mètres carrés chaque seconde.
     
    (7) : Cérès est, en Grèce ancienne, la déesse de l'agriculture et des moissons, qui apprit aux hommes, selon la tradition mythologique, à cultiver la terre et à faire du pain à partir du blé moissonné. Le « complexe de Cérès », c'est le besoin ressenti par les hommes de travailler la terre et de faire fructifier la nature par eux-mêmes.
     
    (8) : Les multinationales monopolisent de plus en plus toute production agricole, de l'amont à l'aval, des semences à la grande distribution ou à la restauration rapide. Le système agro-alimentaire est aussi nommé « agrobusiness », terme anglo-saxon qui est sans doute moins hypocrite que sa traduction française : ce « business », c'est aussi le triomphe de l'Argent dans le domaine agricole, et il s'agit bien, dans ce système, de « faire de l'argent » plus encore que de nourrir les hommes en toute mesure et équilibre (l'obésité désormais endémique dans notre société de consommation le prouve à l'envi).
     
    (9) : les groupes de pression du secteur pharmaceutique et du secteur de la chimie freinent encore les efforts des associations de sauvegarde de la santé et des États responsables (ils ne le sont ni tous ni toujours, malheureusement) pour empêcher les diverses pollutions et malversations sanitaires : il suffit de considérer l'impossibilité concrète du Parlement européen de tenir une ligne indépendante des grands groupes agro-industriels et, plus grave encore, de constater ses votes qui, conjugués avec les « conseils » de la Commission européenne, sont en train de vider de tout sens l'agriculture biologique, de moins en moins « biologique » et naturelle, pour le plus grand bonheur des « marchands de soupe » qui « récupèrent » ce secteur pour le transformer en toute autre chose que ce qu'il devrait être...

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  • Sur la page FB de nos amis du GAR : quand les Royalistes parlaient d’écologie au cœur des Trente Glorieuse (2ème partie)

    Quand les Royalistes parlaient d’écologie au cœur des Trente Glorieuses…
     
    La primaire des « Verts » a attiré les projecteurs et les micros sur les thématiques écologistes et sur les idées du parti qui se revendique officiellement de l’écologie, parfois de façon fort abusive. L’occasion est ainsi et aussi donnée aux royalistes d’évoquer leur conception du « souci environnemental », très lié au souci politique lui-même. Une plongée dans les textes « écolo-royalistes » anciens n’est pas inutile pour en saisir toute la portée…

    Partie 2 : Bureautechnocratie et multinationales contre nature et santé.
     
    Le souci environnemental s'intègre dans la réflexion plus large sur les conditions de la vie en société et celles de la pérennisation de la Cité nécessaire aux citoyens et à leurs libertés civiques, et, tout bonnement, au bon ordonnancement de la vie en société elle-même : c'est une constante de la politique des royalistes (avec sans doute quelques exceptions pour ces derniers) de s'inquiéter de « ce qui doit durer », en particulier en l'absence angoissante d'une dynastie qui inscrive le temps du moment dans un temps plus long, en amont comme avec la promesse de l'aval. En somme, les royalistes assument une forme de régence idéologique, « en attendant l'héritier », et elle se marque par la volonté de « préserver l'héritage » dont l'environnement, dans tous ses aspects et éléments, est une énorme part et, plus encore, le cadre de vie et de mouvement des sociétés françaises et humaines.
     
    En 1971, l'on ne parle pas encore de « Trente glorieuses », ni de « Trente ravageuses », mais les royalistes rémois, eux, marquent leur défiance à l'égard, d'une part, d'une société qui oublie les limites de la biosphère et, d'autre part, d'un État qui, pris dans le grand mouvement de la société de consommation confondu, à tort, avec une juste prospérité (le gaspillage est une forme de la démesure, de l'hubris, de la consommation), ne sait comment réagir aux excès d'un système de plus en plus hégémonique. C'est ce que le Bulletin d'AF Reims de janvier 1971 souligne, dans une perspective éminemment politique et royaliste :
     
    « Mais la mise en chantier d'une politique efficace de lutte contre les nuisances nécessite l'utilisation d'importants moyens de financement. Où les trouver ? Les entrepreneurs incriminés ne veulent supporter à eux seuls l'investissement immédiatement improductif que constitue par exemple la construction d'une unité de filtrage. Ils évoquent, souvent avec raison, le handicap qui en résulterait face à la concurrence étrangère (1). C'est à l’État seul, disent-ils, de se charger d'un tel financement. Là, comme ailleurs, le problème est donc politique d'abord.
     
    Or, force est de constater que pendant très longtemps aucune force politique n'a fait mention dans son programme, de la défense du milieu naturel. Sauf, de par son origine, l'Action Française, comme nous le verrons plus loin.
     
    Pour les bureautechnocrates (2), la lutte pour la préservation de l'environnement n'est que l'une des difficultés liées au passage à la civilisation de post-consommation (3). Le progrès des sciences et des techniques amènera inéluctablement des mutations irréversibles jusque dans l'homme lui-même (4). La transformation sera douloureuse et il faudra bien y perdre tout ce à quoi nous étions attachés dans le cadre de la société de « pénurie ». C'est ainsi que certains envisagent froidement la suppression totale de toute agriculture (5), la chimie pouvant subvenir à nos besoins alimentaires, la suppression des campagnes puisque la population du monde sera telle que la ville s'étendra partout (6); si d'aucuns s'avéraient trop souffrir du complexe de « Cérès » (7), il serait possible de leur allouer une vache qu'ils pourraient élever à loisir.
     
    Si tous ne vont pas jusque là, très nombreux sont ceux qui, éloignés depuis longtemps du monde naturel, s'accommodent fort bien de sa déprédation. La finance vagabonde y a encore gros à gagner (8) Un exemple parmi tant d'autres : un important trust pharmaceutique international fait actuellement pression sur les autorités européennes (9), lesquelles ne font pas la sourde oreille, pour que, dans le cadre de la nouvelle législation viti-vinicole, l'addition d'enzymes soit autorisée dans les vins : chose qui représente un marché colossal. »
     
    Hélas, mille fois hélas : ce texte royaliste de 1971 n'est pas démenti, bien au contraire, par les 46 années qui nous séparent du temps de sa rédaction...
     
    (à suivre)
     
    Notes : (1) : Un argument toujours valable, d'ailleurs, même s'il sert parfois aussi d'alibi à quelques sociétés multinationales pour délocaliser dans des pays peu regardants sur la question environnementale (et sociale), sociétés toujours à la recherche du plus grand profit, en particulier sous la pression d'actionnaires peu soucieux de Bien commun et d'écologie.
     
    (2) : La bureautechnocratie est l'un des éléments majeurs et dominants de la société des années 1960-70, synthèse de la technocratie modernisatrice « à tout prix » et souvent progressiste par principe, par idéologie même, plus encore que par raison, et de l'administration (volontairement ?) kafkaïenne de la République, centralisatrice et liberticide par essence, si l'on en croit la critique maurrassienne. Sous la Cinquième, plus encore que les partis, elle constitue l'armature, la superstructure même du système de domination et de contrôle de la société. C'est le penseur royaliste Pierre Debray qui en forge, dans les milieux monarchistes français, la compréhension la mieux assurée et la critique la plus convaincante.
     
    (3) : La formule de « civilisation de post-consommation » est-elle la plus appropriée ? Car, en définitive, nous vivons en une civilisation toujours fondée sur la « société de consommation » dans laquelle il faut « consommer pour produire » et qui, ainsi, entraîne le gaspillage et la surenchère technologique autant que consumériste, aujourd'hui plus encore qu'hier. L'auteur a sans doute voulu signifier que le temps d'établissement de la société de consommation était désormais en passe d'être révolu dans notre pays, en cette année 1971, et que l'on entrait dans un monde qui, ayant intégré la logique de ce système, ne se posait plus la question de savoir s'il était légitime ou non... Ce processus de passage est fini, au moins depuis les années 1970 en France, ce qui n'empêche pas les contestations, évidemment (et heureusement). Là encore, ce texte vieux de 46 ans a vu juste...
     
    (4) : le transhumanisme et les rêves d'une « humanité augmentée » (surtout pour ceux qui auront les moyens financiers de cette « augmentation »...), aujourd'hui portés par de grandes multinationales des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) : quand la réalité dépasse (ou cherche à le faire) la (science)fiction...
     
    (5) : Les projets de quelques experts de la Commission européenne ne sont-ils pas de diminuer toujours plus la population agricole en Europe et ne voit-on pas, en Allemagne ou en Chine, la mise en place d'une agriculture constituée de « méga-fermes » qui sont plus de l'ordre de l'usine à produire de la viande ou des légumes que de la culture et récolte de produits nourriciers ? Et certaines bonnes âmes de Bruxelles y voient « l'avenir de l'agriculture européenne », au nom de « l'adaptation » à la mondialisation...
     
    (6) : L'urbanisation galopante dans les pays émergents et la rurbanisation non moins effrayante dans nos pays, qui entraîne la bétonnisation de 82.000 hectares de terres agricoles chaque année en France, soit environ 26 mètres carrés chaque seconde.
     
    (7) : Cérès est, en Grèce ancienne, la déesse de l'agriculture et des moissons, qui apprit aux hommes, selon la tradition mythologique, à cultiver la terre et à faire du pain à partir du blé moissonné. Le « complexe de Cérès », c'est le besoin ressenti par les hommes de travailler la terre et de faire fructifier la nature par eux-mêmes.
     
    (8) : Les multinationales monopolisent de plus en plus toute production agricole, de l'amont à l'aval, des semences à la grande distribution ou à la restauration rapide. Le système agro-alimentaire est aussi nommé « agrobusiness », terme anglo-saxon qui est sans doute moins hypocrite que sa traduction française : ce « business », c'est aussi le triomphe de l'Argent dans le domaine agricole, et il s'agit bien, dans ce système, de « faire de l'argent » plus encore que de nourrir les hommes en toute mesure et équilibre (l'obésité désormais endémique dans notre société de consommation le prouve à l'envi).
     
    (9) : les groupes de pression du secteur pharmaceutique et du secteur de la chimie freinent encore les efforts des associations de sauvegarde de la santé et des États responsables (ils ne le sont ni tous ni toujours, malheureusement) pour empêcher les diverses pollutions et malversations sanitaires : il suffit de considérer l'impossibilité concrète du Parlement européen de tenir une ligne indépendante des grands groupes agro-industriels et, plus grave encore, de constater ses votes qui, conjugués avec les « conseils » de la Commission européenne, sont en train de vider de tout sens l'agriculture biologique, de moins en moins « biologique » et naturelle, pour le plus grand bonheur des « marchands de soupe » qui « récupèrent » ce secteur pour le transformer en toute autre chose que ce qu'il devrait être...
     
  • Mourir pour Taïwan ?, par Antoine de Lacoste.

    La Chine est à la mode. Tous les géopolitologues, stratèges, généraux en retraite ou en activité planchent sur le sujet d’actualité : la Chine sera-t-elle la cause de la troisième guerre mondiale ? Et de prédire : « si le feu prend, c’est Taïwan qui en sera l’allumette ».

    LACOSTE.jpgUNE ILE SYMBOLE

    Taïwan, longtemps appelée Formose par les occidentaux, est une île symbole. C’est ce qui en fait son prix. Située à 180 kilomètres à l’est de la Chine, elle compte 24 millions d’habitants pour une superficie de 36 000 kilomètres carrés, soit une des plus fortes densités du monde mais aussi une fécondité catastrophique, avec à peine plus d’un enfant par femme.

    Tardivement conquise par la Chine, au XVIIIème siècle, elle fut ensuite cédée (de force) au Japon. Vaincu en 1945, ce dernier dut la rétrocéder à l’Empire du Milieu. C’est alors qu’elle entra dans l’Histoire.

    La guerre civile chinoise se termina en 1949 par la victoire des communistes et la défaite des nationalistes de Tchang Kaï-chek qui se réfugièrent à Taïwan, suivis par plusieurs millions de civils qui refusaient le joug communiste. Le parapluie américain se déploya immédiatement et les Chinois furent prévenus que Taïwan était désormais sous leur protection.

    Les nouveaux maîtres de la Chine continentale renoncèrent sagement à leur projet d’invasion voué à l’échec et portèrent leurs efforts sur la diplomatie. Il s’agissait de se faire reconnaître par le monde comme seul pays représentant la Chine. Deux attitudes s’opposèrent : les pays communistes ou compagnons de route reconnurent la Chine continentale, les autres Taïwan. Une reconnaissance excluait l’autre.

    Le basculement se fit à partir de 1971. La Chine et l’Union soviétique s’étaient fâchées dès le début des années cinquante et, après des années d’hésitation, les Etats-Unis décidèrent de se rapprocher de la Chine afin d’isoler l’Union soviétique. Ce spectaculaire réchauffement, qui démarra par un match de ping-pong, se traduisit par la visite historique de Richard Nixon à Pékin en 1972. Dès lors, la quasi-totalité des pays du globe reconnurent progressivement la République populaire de Chine. La France l’avait d’ailleurs fait dès 1964, afin de montrer à l’Amérique que ce n’était pas elle qui dictait le calendrier diplomatique mondial.

    Mais cet isolement diplomatique de Taïwan ne se traduisit pas par un isolement militaire. Les Etats-Unis continuèrent d’affirmer l’intangibilité de la sécurité de l’île. Des navires de guerre américains patrouillent depuis des décennies dans le détroit et l’armée taïwanaise elle-même est d’un haut niveau.

    LA CRISE DE 1995

    La Chine n’a jamais accepté cet état de fait et c’est pour ne pas la provoquer que Taïwan n’a pas souhaité proclamer officiellement son indépendance.

    En 1995 et 1996, l’armée chinoise tenta une spectaculaire opération d’intimidation. De nombreux missiles balistiques furent tirés tout près des ports de l’île et des opérations de simulation d’attaque furent organisées. Le Président Clinton réagit immédiatement et deux porte-avions croisèrent dans le détroit. Tout rentra dans l’ordre.

    Cette « crise des missiles » eut des conséquences majeures.

    C’est après elle que la Chine, humiliée mais pragmatique, s’engagea dans une spectaculaire modernisation de son armée. La marine fit l’objet de soins particuliers. De même, de très nombreux missiles furent fabriqués et testés. En 2020, la révolution était achevée avec le lancement inédit de deux missiles balistiques capables de détruire un porte-avion. Vulgairement appelés « tueurs de porte-avions », ces missiles inquiètent au plus haut point les Etats-Unis.

    Toute leur flotte est maintenant vulnérable et les forces militaires maritimes sont désormais proches, hors nucléaire où la prépondérance américaine reste importante.

    La donne a donc changé. Pour autant, peut-on affirmer que la Chine prendra le risque d’envahir Taïwan en préjugeant que les Américains ne bougeront pas ? Ce serait un pari extrêmement risqué et les dirigeants chinois ont montré ces dernières années qu’ils préféraient agir à coup sûr.

    UNE CHINE POUR DEUX SYSTEMES ?

    Jusqu’à présent, la stratégie chinoise a plutôt relevé de la méthode douce (le soft power comme on dit chez les mondialistes). Le but étant de convaincre Taïwan de rejoindre le giron continental en gardant son organisation démocratique : c’est une Chine pour deux systèmes. Ce concept n’est pas si irréaliste qu’on pourrait le penser.

    Tout d’abord, les Etats-Unis en ont eux-mêmes accepté le principe par le « Taïwan relations act » voté en 1979 (Biden faisait d’ailleurs partie des votants) qui indique notamment que les relations entre les Etats-Unis et Taïwan sont non officielles, ce qui est logique puisqu’il n’y a pas d’indépendance formelle de l’île. La même année les Etats-Unis reconnaissait officiellement qu’il n’y a qu’une seule Chine dont Taïwan fait partie, la nuance a son poids. Ces données doivent être connues si l’on veut comprendre toute l’ambiguïté du dossier.

    D’autre part, il faut savoir que les échanges entre les deux territoires (n’employons donc pas le mot pays) ont toujours été très importants. Autorisés depuis 1991, ils atteignent 200 à 300 milliards de dollars par an. Bon an mal an, ce sont près de la moitié des exportations de Taïwan qui partent vers la Chine continentale. De très nombreuses entreprises de Taïwan dépendent de la Chine dont elles ont également accompagné le développement. Plus d’un million de Taïwanais se sont installés à Shangaï où ils sont majoritairement chefs d’entreprises. Le partenariat sino-taïwanais est donc très étroit.

    Même l’opinion publique taïwanaise est mitigée. Seule la moitié des personnes consultées souhaite la proclamation de l’indépendance. L’autre moitié ne la demande pas. Non qu’elle ait la moindre sympathie pour le système communiste, mais c’est parce qu’elle a conscience d’être chinoise. D’où l’idée d’une Chine pour deux systèmes.

    L’OMBRE D’HONG-KONG

    Mais un élément nouveau est venu perturber ce beau projet. Il s’agit d’Hong-Kong. En livrant ce petit territoire à la Chine, les Anglais savait parfaitement ce qui allait arriver et le concert de protestations occidentales survenu lors de la répression des émeutes estudiantines relève de l’hypocrisie classique dans ce type de situation. Les Chinois étaient certains qu’il ne se passerait rien car Hong-Kong leur appartient. Il en de même pour les Ouïghours, dont la mise au pas a suscité une indignation toute théorique qui ne pouvait être suivie d’aucune action concrète, d’autant qu’il s’agit d’une province chinoise.

    Rappelons tout de même en passant que cette répression fut précédée de nombreux attentats islamistes (les Ouïghours sont des Turkmènes musulmans). Plusieurs centaines d’Ouïghours partirent même en Syrie faire le djihad. Beaucoup y sont encore.

    En réalité ce touchant et nouvel élan de compassion vers la population Ouïghoure relève d’une stratégie géopolitique on ne peut plus classique. L’Amérique craint de se faire dépasser par la Chine et la discréditer participe à l’organisation de la riposte. Docilement, l’Europe suit et la Chine est passée sous la présidence Trump du statut de puissance montante regardée avec curiosité voire admiration (les nouvelles routes de la soie) au statut d’ennemi. Mais c’est l’Amérique qui l’a décidé selon son principe de toujours « America first ».

    Sa stratégie est opportunément confortée par la nouvelle configuration politique de Taïwan. La présidente Tsai Ing-wen, élue en 2016 et réélue en 2020, fait partie de cette nouvelle génération qui souhaite prendre ses distances avec le continent. L’exemple de Hong-Kong fait peur et beaucoup de Taïwanais, en particulier les jeunes, craignent que le « Une Chine, deux systèmes » ne se transforme un jour en Une Chine, un système. On peut les comprendre.

    D’un autre côté, les brillants exploits guerriers américains des dernières années ont montré que leur fidélité à leurs alliés était à géométrie extrêmement variable. La livraison de l’Afghanistan aux islamistes talibans en constituant la cerise sur le gâteau.

    Alors que feront l’Amérique et la Chine au sujet de Taïwan qui constitue sans nul doute le plus grand risque de conflit direct entre les deux puissances ?

    Nul ne le sait bien sûr. Mais il est certain que la Chine ne renoncera jamais à Taïwan. C’est d’ailleurs inscrit dans sa Constitution. Tout comme la Russie n’avait jamais renoncé à la Crimée que Staline avait offert à l’Ukraine contre toute raison. Poutine a attendu le moment favorable pour récupérer cette terre russe sans tirer un coup de feu.

    Nul doute que Xi Jinping doit méditer cet exemple.

     

     Antoine de Lacoste

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    Source : https://politiquemagazine.fr/

  • PATY/SORBONNE : ON EN A MARRE DE NE ”FAIRE QUE” RENDRE HOMMAGE AUX MASSACRÉS !

    On en a a marre de remplir nos rues, d'y déposer des monceaux de fleurs et d'y allumer des bougies, d'y brandir des pancartes "Je suis..." !

    On l'a fait après le Bataclan et les terrasses des Cafés à Paris, on l'a fait à Nice sur la Promenade des Anglais, on l'a fait pour tous ces meurtres barbares : le couple de policiers de Magnanville, la patron de PME Cornara, les deux cousines de la Gare Saint Charles à Marseille et tant et tant d'autres dont la liste serait trop longue à écrire ici : et ça continue, on en est à une moyenne d'un meurtre islamiste tous les huit jours depuis 2015 ! On en a marre !

    On en a marre de se dire que, de Dunkerque à Bonifacio, nous sommes 66 millions de victimes potentielles, en simple sursis, et que nous pouvons tous, à tout moment et partout, être, à notre tour massacré, décapité : aujourd'hui c'est Samuel, demain, peut-être, c'est n'importe lequel d'entre nous ! Dans la rue, sur le lieu de travail, dans les transports en commun, à l'École...

    Et la seule chose qui a changé, la seule, c'est que l'armée barbare d'invasion islamiste s'est considérablement renforcée !

    Alors, mercredi soir, à La Sorbonne, le semble-Président de la semble-République nous a encore imposé un de ses mauvais sermons, prononcé sur un ton lugubre et sinistre. Mais on en a marre de ces messes laïques et de ces sermons grandiloquents et incantatoires, qui ne font que masquer la réalité : à savoir la puissance de cette armée barbare d'invasion islamiste que le Système a lui-même installé chez nous.

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    Comment l'héritier actuel, le représentant aujourd'hui de cette Terreur révolutionnaire qui est à la base de notre Système - qui l'affirme dans le préambule de sa Constitution - pourrait-il nous défendre contre cette nouvelle Terreur, islamiste, que le Système qu'il préside a lui-même importée ? Puisque ces deux Terreurs se rejoignent secrètement, qu'elles sont soeurs dans leur anti-christianisme, dans leur haine avouée de l'héritage judéo-chrétien qui est le ciment même de la Nation France ? 

    La Terreur révolutionnaire politique de 89/93 et la Terreur religieuse islamiste ont en commun de vouloir éradiquer le christianisme. Et c'est pour l'aider dans cette oeuvre que le Système - qui rencontre malgré tout et toujours des résistances et une permanence chrétiennes en France (quoique très affaiblie...) un siècle et demi après son instauration a installé l'Islam chez nous, persuadé que celui-ci l'aiderait à achever le christianisme, puis qu'il s'en débarrasserait.

    Grossière erreur ! Car l'islam lui aussi, comme la Nouvelle Religion Républicaine, est un Totalitarisme de fait, sans état d'âme et sans pitié, devant qui tout doit plier.

    Maintenant que Macron le comprend, il est trop tard... "Je veux qu'à n'importe quelle heure du jour et de la nuit les islamistes se sentent en danger en France. Nous allons donc livrer un combat à mort." déclare-t-il, martial.

    Mais c'est trop tard : l'armée ennemie n'a pas à "passer" ("Ils ne passeront pas !" dit Macron, mi ridicule, mi martial) : elle est déjà bien installée ici, bien établie, elle a poussé des racines vigoureuses !

    Et elle sait que, s'il le faut, les Turcs d'Allemagne, les Pakistanais de Grande-Bretagne et les Maghrébins de France, s'allieront pour la circonstance, contre leurs pays d'accueil. Car ce n'est pas seulement la France, c'est toute l'Europe que convoite l'Islam. Et même, c'est ... le monde !

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    Nous allons assister à un affrontement immense entre ces deux forces totalitaires et exterminatrices: la Nouvelle Religion Républicaine contre l'Islam !

    La Révolution nous offre un précédent historique intéressant, sur lequel il n'est pas inutile de revenir, et qui n'est nullement "hors sujet", car il nous indique ce qui va se passer très bientôt : ce ne sont pas des brutes sanguinaires qui ont fait, ou du moins "déclenché", la Révolution; mais de bons bourgeois, bien polis, bien cultivés, bien distingués et bien "propres sur eux". De bons Français bien blancs, élevés dans de bonnes familles bien catholiques : ce sont ceux que l'on appelle "les Girondins", emmenés par Brissot de Warville.

    Celui-ci imagina, pour faire chuter la Royauté et briser son "charme séculaire" (le mot est de Jaurès) de déclarer la guerre à l'Autriche, notre alliée contre la Prusse, notre nouvelle ennemie. Le roi ne pourrait que s'opposer à cette guerre, puisque le "renversement des alliances" était la nouvelle politique progressiste (au vrai sens du terme) de la royauté, depuis notre victoire sur l'Autriche. Mais le peuple, par habitude, routine, conformisme passéiste restait anti-autrichien, ce pays contre lequel nous nous étions battus depuis François premier. 

    Et le plan diabolique de ce brillant esprit qu'était Brissot fonctionna. Les Girondins étaient calmes, pacifiques, bien élevés; n'imaginaient pas une seconde organiser un Génocide, décréter la Terreur, installer la guillotine et massacrer à tour de bras. Ils étaient seulement persuadés de leur intelligence - bien réelle... - et que leur temps était venu de commander, après la Royauté, qui avait fait son temps. Ils voulaient simplement changer la classe dirigeante, la remplacer...

    C'étaient des Macron avant l'heure, des Jupiter !

    Mais, en aucun cas, ils ne voulaient une  révolution sanglante, ni tout ce qui s'est passé par la suite. Ils se contentèrent juste - pauvres fous inconscients - de "lancer le mouvement" et d'ouvrir la boite de Pandore. De libérer le monstre qui allait les dévorer : les vrais révolutionnaires, eux - une infime minorité... - attendaient, tapis dans l'ombre, laissant faire les Girondins. Puis, quand vraiment le mouvement prit de l'ampleur, et que ceux-ci jugèrent qu'il était temps de l'arrêter, il était trop tard, car les agitateurs n'avaient plus devant eux une Royauté forte, mais une anarchie qui avait tout emporté, et plus rien pour s'opposer à elle, qui tenait la rue. C'est à ce moment-là que "les Girondins" comprirent - mais, trop tard - ce qu'ils avaient fait. Ils tentèrent de sauver ce Roi qu'ils avaient fait chuter, comprenant que sa mort précéderait la leur. Ce qui se passa... Ensuite, la Révolution terroriste mangea les révolutionnaires, Robespierre guillotina Danton, puis Hebert; puis il fut guillotiné à son tour...

    Aujourd'hui, hic et nunc, ici et maintenant, la Nouvelle religion républicaine a agi un peu de la sorte. Elle a installé l'Islam en France, l'appelant en quelque sorte à son aide, afin d'achever un travail toujours pas terminé : l'extermination totale et définitive du christianisme en France. Et pensant l'éliminer ou l'absorber sans peine, une fois le travail fait, par la simple déclaration des Droits de l'Homme et la simple incantation aux "valeurs républicaines" ! Les musulmans ne se sont pas fait prier, leur idée étant que le monde entier doit être musulman, et ils sont venus bien volontiers, par millions. 

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    Mais voilà que, une fois installés, les musulmans ne se laissent pas "absorber" par les "valeurs républicaines" ! Et les trois quarts des jeunes envahisseurs proclament haut et fort que l'Islam est supérieur aux lois de la République ! Et maintenant que le Système, le Pays légal, effaré, comprend son erreur, comme les Girondins  d'hier, il se retrouve, avec ses seuls mots creux de "valeurs républicaines", qui ne sont qu' "un néant de forces" intellectuelles, morales et spirituelles face à un Islam conquérant, qui ne s'embarrasse pas de vacuités et autres fadaises. Et cet Islam là est fort - très fort... - du désir d'en découdre de centaines, de milliers, de dizaines de milliers de fanatiques, prêts à mourir pour leur religion.

    Que pèsera le beau manteau du semble-président Macron face à l'hystérie suicidaire d'un ado inculte et bas de plafond, venu de Tchétchénie ou d'Afghanistan ? Pas plus que la grande intelligence, les bonnes manières et la parfaite éducation de Brissot et des siens face aux brutasses avinées qui firent la révolution, décapitèrent (tiens, tiens...) et promenèrent les têtes au bout des piques, se livrant même à des scènes d'anthropophagie...

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    De ce grand affrontement qui se prépare, pouvons-nous attendre quelque chose, et quoi ? 

    Évidemment, on peut se dire que nous resterons absolument en dehors de cet affrontement entre le totalitarisme du Pays légal ("chaos figé des conservateurs du désordre", héritier du "chaos explosif des révolutionnaires"), et le totalitarisme de l'Islam, qu'il a cru finaud d'implanter chez nous. Et que nous nous contenterons de compter les coups, et voir avec délectation nos adversaires implacables s'entre-dévorer : c'est la position la plus confortable, délectable, délicieuse qui soit...

    Mais, et la réaction du Peuple français ? Les royalistes seront-ils les cornacs, les guides de son sursaut, afin de l'orienter vers la seule solution politique qui pourra être proposée : la ré-instauration du régime politique le plus souple et le plus adapté à la France, tout simplement parce que c'est lui qui l'a faite : la Royauté ?

    Nous allons probablement avoir, pour la première fois depuis longtemps, une opportunité réelle : pourrons-nous, saurons-nous, voudrons-nous la saisir ?

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  • La démocratie légale d'Etat face aux Gilets jaunes.

    Par Jean-Philippe Chauvin 

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    Les démocraties occidentales sont malades, et elles sont d’abord malades de leurs classes dirigeantes, de ce que nous nommons en France « le pays légal » et qui, depuis des décennies, prend la forme d’élites dirigeantes et dominantes, autant sur les plans financier et économique, autant que sur ceux de la politique et de l’idéologie, élites de moins en moins engagées par les notions de service et d’humilité. Depuis quelques années, la séparation entre les catégories sociales (doit-on parler de « classes » ?) se fait plus visible et, aussi, plus vive : le creusement des inégalités, conséquence sociale de la mondialisation et de son imposition au sein même des sociétés anciennement constituées, a débouché sur la montée des injustices, qui ne sont rien d’autre que des inégalités démesurées, bien loin des inégalités justes et protectrices qui ordonnent toute société humaine et politique. 

    Dans son éditorial de Marianne de cette semaine, Natacha Polony valorise la thèse de David Adler, chercheur en science politique, selon laquelle « ce sont les centristes qui sont les plus hostiles à la démocratie, pas les extrêmes » : une formule étonnante mais qui ne surprendra pas vraiment ceux qui connaissent leur histoire contemporaine et qui ont suivi les évolutions idéologiques des classes dirigeantes depuis la fin de la Guerre froide. Effectivement, et la récente crise des Gilets jaunes, à la fois crise sociale et éminemment politique, l’a amplement démontré, parfois au-delà de toute raison, les propos des partisans du président Macron et de ses « ralliés récents » n’ont guère brillé par leur sens de la nuance, au risque de jeter régulièrement de l’huile sur le feu quand il aurait fallu apaiser sans mépriser les révoltés des ronds-points. Bien sûr, il y a eu, au début décembre, ce « réflexe de la peur » qui a parcouru les catégories centres-urbaines des métropoles devant cette colère parée de jaune et qui a fait trembler jusqu’aux ors de l’Elysée : l’épisode de l’hélicoptère prêt à évacuer le locataire des lieux, le 8 décembre dernier, est aussi révélateur qu’il est triste… Mais les réactions des lecteurs des grands journaux sur leurs forums de discussion respectifs sont encore moins rassurantes sur l’état de division de notre pays, et la violence des propos des « assiégés » (comme certains se définissaient eux-mêmes) contre les manifestants « ignorants, vulgaires, gueux » ont pu légitimement choquer ceux qui cherchent plutôt le dialogue (même sans concession) que la brutalité. Les réseaux sociaux en ont aussi été la lice virtuelle, non moins parcourue des fureurs et tremblements que la rue, de Rennes à Paris, de Bordeaux à Lille… 

    vendredi-22-juin-la-revue-de-presse-de-natacha-polony-20180622-1116-4b60f9-0@1x.jpgL’article de Natacha Polony a choisi d’insister sur les violences et appels à la répression issus des rangs du « pays légal » macronien, ce qui, d’une certaine manière, rompt avec la doxa de la grande presse, inquiète de la tournure prise par des événements qui semblent échapper à ceux qui tiennent le Pouvoir depuis si longtemps sous des masques divers. Il est vrai que la nouvelle loi anti-casseurs n’a rien de rassurant, en fait, comme l’a souligné le député conservateur Charles de Courson, « centriste catholique » qui n’oublie pas ses racines ni les leçons de l’histoire, y compris celle de sa propre famille, au point d’apparaître en dehors de ce « centrisme totalitaire » dénoncé par Mme Polony. Cela rejoint d’ailleurs la réflexion des royalistes qui considèrent que les traditions (au sens premier du terme, « transmission » d’un héritage immémorial et toujours vivant) sont les meilleures protections contre les dérives du moment présent, plus « immédiates » et souvent moins mesurées, faute de prise de hauteur temporelle ou historique*.  

    La violence des casseurs des derniers samedis parisiens qui, par leurs actes étrangement impunis dans la plupart des cas, cassent d’abord de l’intérieur le mouvement des Gilets jaunes en s’en prenant de plus en plus aux manifestants « originels » de l’automne, donne des arguments faciles au Pouvoir dont ils sont les providentiels alliés pour déconsidérer le mouvement d’ensemble. Cela permet au gouvernement de M. Castaner de se poser en « garant de l’ordre et de la sécurité », ce qui est tout de même le comble quand on peut constater la montée incessante de la délinquance (et de sa relative impunité, faute d’une réponse adaptée et concrète) dans notre pays et son coût pour les victimes et la société ! Mais le gouvernement n’en a cure, et il renforce son arsenal répressif en visant explicitement les Gilets jaunes, ces « empêcheurs de politiser en rond » selon l’heureuse expression d’un orateur royaliste entendue il y a peu. Sans doute faut-il y voir effectivement un symbole, comme le souligne Natacha Polony qui ne prend guère de gants avec l’Etat macronien : « Derrière les mises en scène de démocratie participative, la volonté farouche de se prémunir contre un peuple qui a la fâcheuse tendance à mal voter. (…) Quand un candidat « raisonnable » propose de lutter contre les « prurits populistes », quels qu’ils soient, tous les moyens sont bons. Pourquoi ? Parce qu’il ne s’agit nullement de défendre la démocratie, mais de défendre un système économico-politique considéré comme le meilleur pour garantir la stabilité et la prospérité. Quitte à le défendre contre l’ignorance coupable des peuples, qui persistent à ne voir que le chômage de masse et leurs fins de mois difficiles au lieu de s’extasier sur le progrès garanti par l’avènement du grand marché global. Emmanuel Macron ne gouverne pas pour le peuple français mais pour la préservation de ce système, au besoin contre une large partie du peuple. » Ainsi, le Grand débat national, que les royalistes ne boudent pas car soucieux de présenter leurs points de vue et de crédibiliser leur force de proposition, n’est sans doute qu’une opération de diversion qui n’a pas pour vocation de remettre le système en cause mais de le remettre à flots, ce qui n’a pas exactement le même sens ni la même portée… 

    incident1-1.jpgLa sévérité de Mme Polony ne s’arrête pas à ses quelques lignes reproduites plus haut : « Nulle « troisième voie » dans le macronisme. La colère engendrée par quatre décennies de marche forcée vers la dérégulation, le libre-échange, l’abandon de toute protection non seulement des salariés, mais surtout des filières industrielles et agricoles, la financiarisation de chaque domaine de l’action humaine, et la paupérisation par la logique du low cost, aboutit à des formes diverses d’insurrection (…). Et ces insurrections deviennent le prétexte pour réduire les libertés publiques, mais aussi les capacités de décision de citoyens considérés comme des irresponsables, ou pis, des ennemis du bien commun. Ce faisant, on ouvre un boulevard aux extrêmes, dans un concours de radicalité. » Si la révolte vient de loin, et l’on pourrait s’étonner qu’elle vienne si tard (trop tard ? Souhaitons que non !), la répression s’attache à « maintenir l’ordre présent du système », ce qu’Emmanuel Mounier, personnaliste chrétien du milieu du XXe siècle, baptisait de cette formule définitive de « désordre établi ». Maurras parlait d’utiliser toutes les possibilités offertes par la contestation ou par le système lui-même pour établir la Monarchie, mais c’est la République actuelle qui pratique le mieux sa formule bien connue « Par tous les moyens, même légaux » pour préserver sa domination sur le pays… 

    « On finira bien par restaurer la monarchie, un jour, contre la dictature et l’anarchie », écrivait jadis Eugène Ionesco dans un article célèbre du Figaro Littéraire paru en 1969. Si j’avoue ne pas considérer le président Macron comme un dictateur, à l’inverse de son ministre de l’Intérieur M. Castaner qui n’en est, pour l’heure, qu’un apprenti maladroit et violent, la situation de notre pays, elle, apparaît bien anarchique, entre le libéralisme sans frein (malgré quelques limites liées à notre histoire nationale et à celle de son Etat-providence) et les désordres urbains (à ne pas confondre avec les manifestations sur les ronds-points, entre autres), et, s’il y a dictature, c’est celle du règne de l’Argent, de cette « fortune anonyme et vagabonde » qui semble inaccessible aux notions de justice sociale et de partage équitable.

    4152207496.2.jpgAlors, oui, au regard de ce couple infernal qui asservit nos compatriotes et désordonne notre société historiquement constituée, c’est bien la Monarchie royale qui peut réaliser cette synthèse entre l’ordre nécessaire à toute cité pour être et durer, et les libertés publiques qui font battre le cœur de notre nation… 

    « La Monarchie est aussi, elle est surtout, la dernière chance de la liberté », affirmait Thierry Maulnier dans les années trente : n’attendons pas le pire pour nous rappeler de cette sage et si politique réflexion…** ■ 

     Le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

    * C’est aussi ce qui explique que la Monarchie, par essence, est plus éloignée des tentations totalitaires que les Républiques qui s’appuient sur les « émotions de masse » et sur une sorte d’instantanéité sans mesure, privilégiant la passion à la justice qui, souvent, nécessite un enracinement dans le temps long pour être véritablement ce que l’on peut attendre d’elle, la légitimité de la décision arbitrale. 
    ** Un prochain article évoquera la riche et profonde pensée de Thierry Maulnier sur la Monarchie, d’une grande actualité aujourd’hui pour « penser l’après-Gilets jaunes ».
  • Bonne démographie et bon emploi font de bonnes retraites

    Par Jean-Philippe Chauvin 

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    Pour une dynastie chargée d’incarner le pays et de diriger la Grande politique ...

    La réforme des retraites va bientôt être discutée et le gouvernement prépare ses arguments et sa stratégie, attendant juste que le mouvement des Gilets jaunes, désormais accusé de tous les maux du pays, se soit dissipé comme un mauvais rêve, ce qui n’est pas, à l’heure actuelle, totalement assuré…

    Néanmoins, les Français commencent à s’interroger, parfois à s’inquiéter des projets gouvernementaux qui semblent obéir à une logique comptable imposée par Bruxelles plutôt qu’à un juste traitement de la question épineuse de « l’après-travail ». Ainsi, la question est parfois évoquée dans les réunions du Grand débat national, mais aussi dans les colonnes des Courriers de lecteurs, comme dans La Croix du lundi 11 février qui publie une lettre courte mais de bon sens qui mérite d’être reproduite et commentée. 

    « Le choix de la France d’avoir un système de retraite basé essentiellement sur la répartition est judicieux. C’est le système le plus sûr, le moins risqué. Les évolutions démographiques sont prévisibles sur le long terme, alors que les évolutions de la Bourse sont imprévisibles, même à très court terme. » Aussi imparfait qu’il puisse être, il est vrai que le système de retraite par répartition dépend très largement des dynamiques démographiques nationales, et non des jeux financiers et d’intérêts d’actionnaires souvent peu concernés par les notions et sentiments de justice sociale. Les données et perspectives démographiques, évolutives, sont aussi largement influencées par la politique familiale que l’Etat soutient ou promeut, et cela permet une certaine visibilité sur les décennies suivantes, même si cela implique également une attention soutenue de l’Etat et des pouvoirs publics (et éventuellement des partenaires sociaux) à l’égard des mouvements démographiques et une stratégie forcément et fortement enracinée dans la durée. 

    bebe-cigogne.jpg« La France est un des rares pays européens à avoir un solde démographique naturel positif, ce qui rend le système par répartition viable. ». Certes, notre situation démographique est meilleure que la très grande majorité des pays européens, mais les dernières années sont beaucoup moins convaincantes avec un taux de fécondité qui, en la moitié d’une décennie, est passé de 2,03 enfants par femme en âge de procréer à 1,87 l’an dernier, cela alors que, pour assurer un renouvellement convenable et « instantané » de la population française, il faudrait un taux de 2,1. Cette baisse inquiétante est la conséquence des politiques (si peu) familiales des gouvernements Fillon et Ayrault-Valls qui, là encore pour des raisons purement comptables (et idéologiques ?) ont, pour l’un, supprimé des avantages concédés jadis aux mères de trois enfants et plus, et pour les autres, rompu l’égalité des familles devant le quotient familial, en la nuançant par des considérations de revenus au détriment des classes moyennes aisées. Or, toucher à la politique familiale en oubliant les particularités de celle-ci qui en font une dentelle complexe et éminemment réactive à ces « détricotages » gouvernementaux, c’est fragiliser, en vain d’ailleurs pour les finances de l’Etat, les équilibres démographiques et risquer d’entamer, non le désir d’enfants (qui est de 2,3 en France selon les principales études sur le sujet), mais la réalisation concrète de ce désir. Il ne suffira d’ailleurs pas non plus de revenir en arrière, le mal étant fait, mais de refonder une stratégie démographique et nataliste pour le long terme, stratégie qui ne devra pas s’empêcher de réfléchir à une forme de « salaire maternel » ou « familial », selon des modalités à discuter et suivant les particularités des couples et de leurs évolutions possibles. Mais la République, qui raisonne selon un calendrier électoral qui n’est pas « le temps des générations », peut-elle engager vraiment cette nécessaire politique de long terme ? Personnellement, je continue d’en douter, et les valses-hésitations des derniers quinquennats ont tendance à légitimer et renforcer mon doute… 

    Mais la politique démographique n’est pas la seule condition d’une bonne gestion du système des retraites sur la durée, comme le souligne le lecteur de La Croix : « Le problème du déficit des régimes de retraite ne vient pas de ce choix de la répartition, mais du chômage. C’est ce problème aigu qu’il faut résoudre, et pas seulement à la marge comme maintenant ! » Voilà des lignes d’un grand bon sens économique (car moins de chômeurs signifie des cotisants en plus) mais qui semblent bien loin des préoccupations des gouvernements qui se succèdent depuis une quarantaine d’années que le chômage est passé du statut de « conjoncturel » à celui de « structurel » ! Et pourtant ! Là aussi, des solutions existent et attendent qu’un Etat digne de ce nom, un Etat qui soit capable de penser au-delà de la prochaine échéance électorale mais aussi au-delà de la seule mondialisation et des principes du libéralisme économique, un Etat qui cesse de penser par rapport à l’économie financière ou en fonction des seuls intérêts actionnaires, que cet Etat advienne, non dans le cadre d’une alternance mais comme une véritable alternative politique. 

    838_043_dpa-pa_12720175.jpg« La politique de la France ne se fait pas à la Corbeille », affirmait haut et fort le général de Gaulle qui signifiait ainsi que l’Etat n’avait rien à devoir au monde de l’Argent et à ses « valeurs ». Une véritable stratégie d’Etat contre le chômage doit repenser le rapport de notre société à la mondialisation, à l’environnement, à l’économie : il ne s’agit pas de nier ce qui est, mais d’orienter différemment l’économie, en particulier par un aménagement du territoire fondé sur le « redéploiement rural » ; par une meilleure préservation de l’outil industriel et par une valorisation intelligente de nos patrimoines historique, littéraire, gastronomique ; par une formation mieux organisée et plus enracinée dans le tissu socio-professionnel local ; par un soutien plus affirmé aux modes d’agriculture et de pisciculture respectueux des équilibres naturels et de la qualité alimentaire, modes de production nécessitant une main-d’œuvre plus nombreuse et l’organisation de circuits courts de distribution ; etc. 

    Gilets-jaunes-3.jpgCe ne sont pas les idées et les propositions pour faire reculer le chômage qui manquent, mais bien la volonté politique et l’Etat capable d’assumer cette politique et de la valoriser, y compris par rapport à la mondialisation et à la concurrence inéquitable des grands réseaux multinationaux de production et de distribution : mais si, depuis quarante ans, la République ne veut pas sortir de son modèle économique, sans doute faut-il, alors, se résoudre à changer de régime. Une Monarchie royale inscrivant son être et son devenir dans le temps long et la suite des générations peut, par essence et par statut, mieux répondre aux lourdes questions sociales (et cela sans négliger les enjeux économiques) qu’une République trop dépendante des jeux d’argent et de la météorologie électorale. Elle peut aussi mieux tirer profit des énergies partisanes et parlementaires en les circonscrivant aux activités de débat et de proposition législatives, et en les détournant de la compétition pour la magistrature suprême de l’Etat, cette dernière étant dévolue, hors des concurrences électorales, à une dynastie chargée d’incarner le pays et de diriger la Grande politique, dans son domaine régalien. Un partage des tâches et des responsabilités qui, en somme, est moins risqué et incertain que celui aujourd’hui (mal) assuré par une République d’abord macronienne avant que d’être celle de tous les Français… ■ 

     Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse de lafautearousseau...

    TOUS EN ÉCHEC, ET SURTOUT, SUR TOUT, LE SYSTÈME...

     

    • Oui, échec d'abord et avant tout pour le Système, pour la République idéologique, qui s'effondre lentement, s'affaisse inexorablement sur elle-même : aux quasi 53% d'abstentions, il convient d'ajouter les 6% de non inscrits, soit en gros trois millions (94% des Français en âge de voter sont inscrits, soit, en mai 2021, 47,9 millions d’électeurs inscrits sur les listes, selon l’Insee)... Il y a donc eu plus de Français "non votants" que "votants" hier, et ceux qui seront élus dimanche le seront par une minorité dans la minorité : ils seront "légaux", certes, mais illégitimes, encore plus "certes"...

    De ce désastre-là, nous ne nous lamenterons pas : le Système s'est déjà effondré deux fois : en 39, dans la pire catastrophe de notre Histoire, et en 58, lorsque la 4ème République a disparu dans le mépris universel. On ne peut que voir poindre, lentement mais sûrement, un troisième effondrement, d'une nature certes très différente mais dont le résultat ouvre des perspectives auxquelles il convient de réfléchir dès maintenant... nous les royalistes révolutionnaires de ce "chaos figé des conservateurs du désordre", héritier du "chaos explosif des révolutionnaires"...

    • Échec pour le Gouvernement, qui n'aura pas du tout - et de très loin !... - la même majorité écrasante du premier quinquennat... et qui voit battu certains de ses actuels ou ex têtes de liste (Blanquer...), d'autres devant batailler ferme pour gagner ou garder leur poste; et, au bout du compte, aucune certitude de majorité absolue : plutôt une majorité relative, d'où un exécutif prisonnier de ses "amis" (?) du Modem et de Horizons...

    • Échec pour la Nupes, bien loin d'avoir la majorité absolue dont a rêvé à voix haute, un jour, Mélenchon, dans un délire des plus fous, se voyant même s'imposer comme... Premier ministre ! Un Mélenchon qui, bizarrement, est apparu hier soir parlant avec un ton tragique et lugubre, comme dépressif...

    • Échec pour "les gauches" unies : Jacques Duclos seul, pour le Parti communiste, obtenait 21,3% des voix à la Présidentielle de 69 - à l'époque où l'abstention était extrêmement faible - là où tout ce qui constitue les ex-gauches plastronnent aujourd'hui parce qu'elles sont à 25, avec l'abstention que l'on sait...

    • Échec pour ceux qui font profession d'être "patriotes" (mais il y a des patriotes partout, y compris dans ce que l'on appelait naguère "la gauche") qui n'ont pas su ou voulu s'unir et qui souffrent de la comparaison avec la Nupes, qui "fait" quand même largement mieux qu'eux : même si - on vient de le dire - Mélenchon a échoué dans son va-tout et sa fuite en avant, avec son invraisemblable bric à  brac hétéroclite allant des socialistes aux Verts en passant par les communistes et LFI...

    Nous l'avons dit souvent, et le redisons après la péripétie d'hier : changer "la tête" d'un Système intrinsèquement malfaisant ne changera rien, c'est de Système qu'il faut changer. C'est une révolution royale qui posera de nouveau les bases saines et solides sur lesquelles la France pourra reprendre sa marche en avant, vers un nouveau matin français. Il faut aller bien au-delà des jeux stériles, et qui s'étiolent, d'un Pays légal à bout de souffle, dont on ne peut que constater qu'il fonce lentement vers un mur de béton sur lequel il finira par s'évaporer, délaissé qu'il est de plus en plus par le départ des citoyens et la non-représentativité qui en résulte... Et continuer à mener la seule action qui vaille :

    "une action réellement d'opposition, c'est-à-dire prônant ouvertement la subversion du Régime"

    (Léon Daudet)

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    Réquisitoire au procès des attentats du 13 novembre 2015 : et après ? 

    Ce qui convient, face au terrorisme islamiste, c'est de nommer l'ennemi; c'est de dire que nous sommes attaqués par l'Islam, pour la troisième fois dans l'histoire européenne : après 711 (invasion de l'Espagne) et 1453 (prise de Constantinople et d'une large part sud-est de l'Europe), et cela même si l'attaque actuelle est, formellement, de nature très différente des deux premières...

    Ce qui convient, c'est de dénoncer l'islamisme, qui n'est que l'Islam en marche, et de ne rien céder à l'Islam, qui n'est que l'islamisme au repos.

    Tout le reste n'est que (mauvaise) littérature, paroles verbales...

    https://www.bvoltaire.fr/requisitoire-au-proces-des-attentats-du-13-novembre-2015-et-apres/

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    1. (dans Causeur) Reportage à Nangis : Ma première burqa. Mon village à l'heure halal, par Yannis Ezziadi. Édifiant...

    "Je ne reconnais plus ma ville. Je n’aurais jamais pu imaginer que ça changerait comme ça, aussi vite. On ne fait plus un pas sans croiser une femme voilée ou un homme en djellaba. Il y a même un café d’hommes sur la place de la Poste. Allez voir !"

    https://t.co/uWTgTUWyiO

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    2. Même les journaleux de la bien-pensance, migrantistes/sans-papiéristes/immigrationnistes etc... n'arrivent plus à cacher la sordide réalité ! Aujourd'hui, c'est La Provence qui dénonce le juteux trfaic d'un négrier d'aujourd'hui... Certes, tous les migrantistes etc... ne sont pas des négriers/exploitants/traficants de chair humaine; la grande majorité, même, n'est composée que d' "idiots utiles" de l'immigration/invasion et de l'islamo-gauchisme. Il n'en demeure pas moins que nombreux sont ceux qui utilisent les migrants pour passser d'association à but non lucratif à association à but très, très lucratif...

    https://www.laprovence.com/actu/en-direct/6797229/traite-detres-humains-un-homme-condamne-a-deux-ans-de-prison-dont-un-avec-sursis-a-paris.html

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    3. Pierre Gentillet a raison : le chaos du Stade de France laissera des traces, en France comme à l'étranger et entachera durablement l’image de la France à l’étranger. Les touristes ont témoigné de l’état de sauvagerie qui règne dans beaucoup de banlieues "françaises" (?), qui n’ont pas, ou plus, grand chose de français... Il faut donc procéder comme on le fait pour la restauration des Monuments historiques : défaire ce qui a été mal fait, refaire ce qui a été défait. La République idéologique a changé le Peuple ? Il faut inverser le processus et renvoyer chez eux les immigrés inassimilables et ne voulant pas être assimilés. Comme l'ont fait les Espagnols sous Philippe III, en 1609...

    https://twitter.com/Pierre_GTIL/status/1535714332503580672?s=20&t=wB5sAcCgQeEUjGKsabp_kw

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    3 BIS. À l'inverse de ce chaos invraisemblable, replongeons-nous à peine quelques décennies en arrière... Regardez cette minute six seconde : eh, non ! vous ne rêvez pas : c'est bien le Métro de Paris. Hier, à peine. Avant qu'une population de sauvages importés ne vienne casser la société que nous avons tous connue, hier à peine... Redisons-le : il faut suivre l'exemple de l'Espagne de Philippe III, en 1610 !

    https://twitter.com/Vincent75820409/status/1535264909952434178?s=20&t=wB5sAcCgQeEUjGKsabp_kw

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    5. Il faut écouter ces deux minutes et vingt secondes de Gérard Carreyrou, et son virage à 180° : "l'union européenne - dit-il - est une démocratie totalitaire". Parfait européiste hier, il dit que, "aujourd'hui, (il) ne voterait plus Maastricht" et dénonce le caractère totalitaire de l'UE, devenue elle aussi une sorte de "machin", comme disait de Gaulle de l'ONU...

    https://twitter.com/GillesWell/status/1535363835170803713?s=20&t=wB5sAcCgQeEUjGKsabp_kw

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    Pour qui se prend-elle ? Qui lui a donné mandat pour dire et faire ce qu'elle s'autorise ?

    DEHORS ! DU BALAI !

     

    6. Charlotte d'Ornellas a raison de revenir sur cet évènement dont n'a quasiment pas parlé : une jeune femme de 23 ans est morte, tuée par une voiture et un chauffeur/chauffard/délinquant qui a "refusé d'obtempérer; récemment, c'était Antoine, le fils du cuisinier étoilé Alléno 

    "Le 29 mai à Paris, une voiture refuse d'obtempérer, le conducteur fonce sur les policiers qui ne tirent pas, le chauffard poursuit sa route et percute une jeune femme. Elle est morte sur le coup. Qui connaît cette histoire ? Personne"

    (extrait vidéo 1'32)

    https://twitter.com/F_Desouche/status/1534453192016158720?s=20&t=wB5sAcCgQeEUjGKsabp_kw

    Pour nous, notre position est simple, claire et bien connue :

    MESSIEURS LES POLICIERS, TIREZ LES PREMIERS !

    ET TIREZ POUR METTRE RÉELLEMENT HORS D'ÉTAT DE NUIRE !

     

    7. Allez, terminons cette série d'aujourd'hui et les impressions déprimantes qu'elle traîne avec elle, pour commencer la semaine d'un meilleur pied, avec deux petits sourires...

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    - Et toi, t'es là pourquoi ?

    - J'ai posé une question à Macron !

    - Oh, pétard, t'es pas prête de sortir !

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    À DEMAIN !

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  • De la colère en politique (II) : La colère est-elle juste et bonne ?, par Guillaume Staub.

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    Dans notre précédent article nous nous sommes intéressés à la colère en tant que telle, nous allons maintenant nous concentrer sur sa dimension morale : est-elle bonne, est-elle juste ? Permet-elle la construction du Bien commun ou n’est-elle toujours qu’un élan destructeur ? Pour que nous puissions y répondre, nous devons préalablement nous interroger sur la nature exacte des passions, puis nous pourrons nous demander ce qui, a priori, peut la pervertir ou ce qui peut la bonifier. C’est-à-dire que la colère, si elle peut devenir une puissance qui nous pousse à l’action et au mouvement – une puissance de ce fait positive -, elle peut aussi nous amener à la destruction quand elle est mue par l’orgueil ou la déraison oublieuse.

    2.jpgCommençons par rappeler qu’une des premières caractéristiques de la colère est qu’elle nous pousse à désirer des dommages à une personne qui s’est montrée injuste envers nous et ce tout en voulant un bien pour nous qui s’accompagne d’un éloignement du mal redouté. Ajoutons que la colère est toujours personnelle, elle ne concerne jamais qu’un moi  ; je ne suis en colère que lorsqu’un mal me touche et si la colère naît lorsqu’un mal atteint une autre personne, c’est que cette personne nous est liée d’une quelconque manière. C’est pourquoi une personne empathique – au sens le plus profond et le plus vrai du terme – à tendance, si c’est aussi une personne forte, à être en colère plus facilement et plus souvent. L’amour lie et, étant lié, l’amour entraîne à la colère quand un mal est commis. Les chrétiens ne devraient-ils pas être en colère à chaque fois qu’on touche à un baptisé puisqu’ils font tous deux partie du même monument sacramentel qu’est l’Eglise et sont, de ce fait, liés  ?Chacun de nous ne devrait-il pas se livrer à une honnête introspection lorsqu’un mal touche un frère et que nous ne ressentons nulle colère  ?

    ​Ceci étant dit, intéressons-nous à ce qu’est une passion. En effet, la colère est une passion, or les passions ne sont ni intrinsèquement bonnes, ni intrinsèquement mauvaises  ; elles dépendent de l’utilisation qui en est faite par la volonté qui devrait les modérer. Saint Thomas d’Aquin, après Aristote, sépare les passions de l’appétit concupiscible (amour et haine, désir et aversion, joie et tristesse) des passions de l’appétit irascible (espoir et désespoir, audace et crainte, colère). Remarquons d’ailleurs que la colère est la seule passion qui ne possède pas de passion opposée. Ces passions, modérées par la volonté, sont au service de la vie humaine, elles en sont constitutives, et elles dépendront de l’utilisation faite. Les passions bien utilisées sont éminemment positives et «  tandis que la passion antécédente, qui précède le jugement, obnubile la raison, comme il arrive chez le fanatique et le sectaire, la passion dite conséquente, qui suit le jugement de la droite raison, éclairée par la foi, augmente le mérite et montre la force de la bonne volonté pour une grande cause (…). Par contre, les passions déréglées ou indisciplinées par leur dérèglement deviennent des vices, l’amour sensible devient gourmandise ou luxure, l’audace devient témérité (…). Mises au service de la perversité, les passions augmentent la malice de l’acte  » (Garrigou-Lagrange Réginald o.p., La synthèse thomiste, Lourdes, Nuntiavit, 2016, p. 261).

    ​Ayant à l’esprit ces notions, nous pouvons maintenant nous demander ce qui dérègle notre passion qu’est la colère, qu’est-ce qui la touche spécifiquement, qu’est-ce qui nous empêche de ressentir une saine et sainte colère  ?  Nous retiendrons quelques éléments. Le premier est l’orgueil – à l’origine de tous les maux. Quand notre orgueil est attaqué, notre colère devient incommensurablement forte et elle ne peut jamais s’exprimer justement. De même, si nous ressentons un mépris dans l’injustice commise envers nous, notre colère deviendra disproportionnée. Pourquoi  ? Au fond de nous-mêmes, nous possédons toujours un certain élan qui nous pousse vers une forme d’excellence, vers une chose que nous considérons comme un mieux. Nous tendons toujours vers ce mieux, inscrit inconsciemment en nous, même si celui-ci est en réalité un pire. Autrement dit, ce mieux ressenti peut être biaisé et faussé. Le mépris est une attaque frontale contre cet oméga personnel, le mépris, qui se joint à l’injustice commise, heurte cet élan constitutif que nous avons en nous et c’est pourquoi la colère devient si forte. De même, notre orgueil peut être touché de différentes manières. Un illettré qui critique un lettré, par exemple, provoquera une terrible colère chez ce dernier qui se sentira gravement offensé à cause de l’état de celui qui l’a offensé. Deuxièmement, notre colère peut être pervertie par notre propre injustice, par exemple quand nous oublions le bien que la personne qui m’offense m’a fait antérieurement au mal commis, ou le soutien qu’elle m’apporta à un moment donné. Nous pouvons aussi oublier de prendre en considération l’état de l’autre. Autrement dit, est-ce que celui qui m’a offensé souffre du décès d’un de ses proches  ? Est-il dans une situation délicate  ? Etc. N’oublions jamais les circonstances et l’état de l’autre  ; nous pouvons être en colère contre une personne privilégiée qui nous vole et ne pas l’être contre un malheureux qui tente de survivre en me volant dans un geste désespéré. Troisièmement, la colère est souvent injuste et irrationnelle quand l’injustice que l’on subit porte sur un mal qui nous affecte et nous trouble particulièrement  : celui qui lutte contre la gourmandise pourrait se mettre plus facilement et plus durement en colère qu’un autre si on l’attaque sur son alimentation.

    ​In fine, nous pouvons simplement dire que la colère n’est ni intrinsèquement bonne – ou juste -, ni intrinsèquement mauvaise – ou injuste -, elle est simplement intrinsèque, en tant que passion, à l’Homme qui l’exercera d’une bonne ou d’une mauvaise manière et à des fins plus ou moins justes. « La colère est bonne quand elle est vertueuse, c’est-à-dire selon la raison que de droit elle suppose (…). Il en résulte ce qu’on appelle une « sainte colère » (capacité authentiquement humaine d’indignation) (…). La passion de colère n’est donc vertueuse que quand elle est réglée par la raison. Les vertus de mansuétude et la douceur viennent la contenir dans de justes limites sans jamais l’éteindre puisqu’elle est une passion authentiquement humaine, mais alors ses manifestations sont vertueuses et louables » (Margelidon Philippe-Marie, Floucat Yves, Dictionnaire de philosophie et de théologie thomistes, Paris, Parole et silence, 2016, p. 68 – 69). 

    Dans notre prochain article, nous essayerons d’induire de nos deux précédents articles – Qu’est-ce que la colère ? et La colère est-elle juste et bonne ? – des applications concrètes de la colère dans le champ politique et militant.

  • Mythes immigrationnistes : Jacques Dupâquier contre ”l’entreprise subversive”….

            Mardi, nous avons donné l'émission consacrée par Canal Académie à Jacques Dupâquier, après son décès.

            Voici aujourd'hui l'intégralité de l'excellent texte de Dupâquier publié dans Renaissance catholique, suivi d'un court entretien au cours duquel il répond aux questions d'un journaliste de RC.

            On y verra justement dénoncés les mythes immigrationnistes et l'entreprise subversive à laquelle nous sommes confrontés.

            L'importance et la qualité des arguments et de l'étude de Dupâquier commandent qu'on leur donne la plus large diffusion possible. Voilà pourquoi nous réunissons en un seul PDF le texte que vous allez lire ci-après et le débat qui l'a prolongé....

    Dossier : Qu’est-ce qu’être Français ?

     Naissance d’un peuple : l’histoire démographique de la France, par Jacques Dupâquier, de l’Institut (30 janvier 1922 – 23 juillet 2010)

     

            Que n’a-t-on daubé sur le mythe de nos ancêtres les Gaulois ! Et combien de bruyantes protestations la commémoration du prétendu “mythe” de Clovis et du baptême de la France n’a-t-elle pas soulevées cette année ! Or les vraies questions que posent la naissance du peuple français et son histoire démographique dépassent largement le cadre de cette polémique. Le vrai scandale tient au fait que toute l’histoire du peuplement de la France est présentée par de pseudo-scientifiques (mais de vrais partisans d’une France multiculturelle) d’une manière abominablement tendancieuse.

            La négation de l’identité culturelle et des lointaines implantations de la nation française repose au moins sur quatre idées reçues.

            La première idée est que notre territoire aurait été peuplé depuis deux millions d’années par des vagues successives qui en auraient entièrement brassé et métissé la population. Nous serions donc tous des étrangers ou des descendants d’étrangers.

            La deuxième idée est que la France aurait une longue tradition d’accueil des immigrés, qu’elle serait historiquement multiculturelle, que la nation serait d’origine récente, et remonterait non à Clovis, non à Saint Louis, non à Jeanne d’Arc ; mais à la Révolution, non à Bouvines, mais à Valmy (victoire qui, vous le savez, est quant à elle, un vrai mythe).

            Troisième idée : la France ne serait pas plus submergée aujourd’hui par les étrangers qu’elle ne le fut auparavant.

            Enfin quatrième idée : depuis vingt ans se développerait un processus permanent de rapprochement entre la structure de la population nationale et celle de la population étrangère.

    Sommaire

    ·         1. Le mythe des origines

    ·         2. Le mythe du brassage

    ·         3. Le mythe de la banalité

    ·         4. Le mythe de l’intégration

    ·         Débat

     

            Ayant dirigé la publication d’une Histoire de la population française (PUF), je crois avoir acquis quelques lumières sur le peuplement de la France. Je vais aujourd’hui essayer d’y reconnaître la part des continuités et celle des discontinuités, celle des convergences et celle des divergences, en analysant les idées reçues dont je viens de vous parler, idées qui sont le fondement d’une entreprise subversive. Je vous parlerai donc du mythe des origines, du mythe des vagues migratoires, du mythe de l’apport des étrangers à la formation française, enfin des problèmes actuels de l’immigration, de la confusion des mots et du trucage des chiffres.

     1. Le mythe des origines

            Je ne m’attarderai pas ici sur les mythes encore très répandus concernant l’origine de l’homme et le peuplement du monde. On n’en est plus évidemment en cette fin du XXe siècle à l’image simpliste que l’homme descend du singe, mais on a introduit dans l’histoire de l’espèce humaine une vision évolutionniste et déterministe qui gomme les divergences et les discontinuités. Un schéma bien connu, reproduit de multiples fois, qui figure encore au Musée de l’Homme, présente l’évolution des hominidés comme un processus continu depuis les lémuriens jusqu’à l’homme d’aujourd’hui. On voit à gauche un petit ramapithèque ; ce ramapithèque, quelques décimètres plus loin, se redresse, il grandit, et le volume de son crâne augmente, sans que l’on sache très bien pourquoi ni comment. Dans cette nouvelle Genèse, l’australopithèque engendre le pithécanthrope, le pithécanthrope engendre le néanderthalien, le néanderthalien engendre le “sapiens-sapiens”, c’est-à-dire nous-mêmes ; c’est la version revue et corrigée des mythes transformistes du siècle dernier.

            Ce qui est très gênant pour les inventeurs de ce schéma, c’est que l’on n’ait jamais trouvé de chaînon intermédiaire. Par exemple, il n’y a pas trace d’espèce intermédiaire entre l’homme de Néanderthal et l’homme de Cro-Magnon. Chacun des rameaux successifs est né d’une souche unique, résultant probablement d’une mutation isolée, en somme d’un Adam et d’une Eve, et il a éliminé ses prédécesseurs soit violemment (on le soupçonne en ce qui concerne la fin des néanderthaliens), soit par reproduction différentielle, car la nouvelle espèce était plus douée.

            En outre, évidemment, il est difficile de parler d’homme tant qu’il n’existe pas de preuve d’une activité intellectuelle : il ne suffit pas de savoir casser des cailloux pour faire un homme, plusieurs espèces animales (et de singes en particulier) sont très capables de fabriquer des outils. De l’aveu de nombreux spécialistes, c’est l’apparition de sépultures chez certains néanderthaliens qui aurait signé l’acte de baptême de l’homme en tant qu’être pensant ayant la faculté de prévoir.

            Il en est de même pour l’histoire du peuplement du monde. Sur les cartes et dans les manuels, on présente l’occupation des continents comme une sorte de grande tache d’huile : l’humanité se serait répandue sur la planète à partir du berceau africain.

            Or, en réalité, le peuplement du monde ne s’est nullement opéré par déversement de masses excédentaires, mais par injection de très petits groupes d’hommes dans des espaces favorables, des espaces nourriciers où ils se sont multipliés sur place. C’est ce qui s’est passé en particulier pour le peuplement de l’Amérique. N’imaginons pas en effet des millions d’Asiatiques franchissant le détroit de Béring et peuplant progressivement le nouveau monde. Non : un groupe très réduit —peut-être douze à trente personnes, comme en témoigne la pauvreté du patrimoine génétique des Indiens a dû se glisser il y a 40 000 ans (à une époque où le détroit de Béring était asséché en raison des glaciations) le long de la côte, entre le glacier de l’Alaska et le Pacifique ; il est arrivé en Californie et, en quelques siècles, par une progression géométrique à la Malthus, cette population a atteint un million, puis une dizaine de millions.

            Autre exemple : le Canada français, occupé par des gens qui avaient les mêmes comportements, le même système de valeurs que le peuple français, a été peuplé par environ 5 000 personnes qui, en l’espace de 300 ans, ont produit entre neuf et onze millions d’individus (si l’on compte les Canadiens habitant actuellement les Etats-Unis).

            C’est probablement ce qui s’est passé dans le cas de la France. A l’époque du paléolithique, la population totale de la France, autant qu’on puisse l’évaluer en analysant les espaces occupés et les genres de vie, n’a jamais dû dépasser 20 000 à 50 000 personnes. Quelque chose de nouveau s’est produit à partir du 6e millénaire av. JC : de petits groupes d’hommes, porteurs de techniques nouvelles —celles de l’agriculture, de l’élevage, de la poterie et d’autres encore—, se sont infiltrés dans cet espace presque vide et se sont multipliés sur place. Les uns sont venus par la voie maritime à partir du 6 e millénaire (la Corse ayant été touchée la première), les autres sont venus par la voie continentale à partir du Danube, l’est de la France ayant été concerné à partir de 4000 av. JC. En somme le peuplement s’est fait partout par multiplication sur place et reproduction différentielle.

            Et ensuite ? L’idée la plus courante est que l’apport des Gaulois, des Romains ou des Francs aurait été extrêmement important, et c’est vrai qu’il l’a été sur les plans politique, linguistique et culturel. Mais, sur le plan du nombre, sur le plan démographique, je soutiens qu’il a représenté peu de chose : des équilibres se sont partout établis entre les vainqueurs et les vaincus, les contributions démographiques étant toujours à l’avantage de ces derniers.

            Prenons l’exemple des Gaulois. J’ai dit plus haut que l’essor du peuplement de la France avait commencé vers 6000 av. JC, et qu’à partir du 43e siècle av. JC (au milieu du 5e millénaire), les techniques de l’agriculture et de l’élevage avaient gagné l’ensemble du territoire. Or la multiplication sur place a fait que, vers 2700 av. JC (c’est-à-dire à l’époque des dolmens et des menhirs), autant qu’on puisse en juger d’après les méthodes de la paléodémographie, la population de la France actuelle —je raisonne toujours dans le cadre des frontières actuelles, qui évidemment n’ont aucun sens pour l’époque— atteignait probablement déjà environ un million d’habitants. En 1800 av. JC, 900 ans plus tard, il y avait déjà, sur notre territoire, au moins quatre millions d’habitants.

            Cet essor démographique s’est trouvé interrompu par les invasions indo-européennes dont nous ne savons pas grand chose, sinon qu’elles ont provoqué sur le moment des dévastations épouvantables. Si bien que, vers 1250 —c’est-à-dire du 13e siècle av. JC, à la fin des invasions indo-européennes— bien loin d’avoir été augmentée par ces nouveaux envahisseurs, la population de la France était retombée à un million et demi d’habitants environ. Puis l’essor reprit. Avant l’arrivée des Gaulois, il y avait sur le territoire actuel de la France environ cinq millions d’habitants, selon les estimations du Dr Biraben.

            Les Gaulois n’arrivent pas d’un seul coup. Ils s’infiltrent ; ils forment de petites bandes issues de l’Europe centrale, où ils s’étaient, eux aussi, multipliés sur place au cours du millénaire précédent. Ils s’implantent successivement à partir du 8e siècle av. JC, ce sont donc des envahisseurs relativement récents. Combien étaient-ils ? Évidemment nous n’avons aucun recensement, aucun moyen de le savoir directement, mais il y a lieu de penser que le total des guerriers qui, en cinq siècles, sont entrés en Gaule, n’a pas dû dépasser 200 000 ou 300 000, c’est-à-dire qu’à la suite de la conquête, l’élément gaulois représentait probablement moins de 10% de la population ! Mais 10% qui comptaient, puisqu’ils ont réussi à imposer au vieux fond indigène de la population française la langue, les mœurs, la domination sociale et politique.

            Au milieu du 3e siècle av. JC, arrivent les Belges. Ce ne sont pas des Germains, comme on se l’était imaginé, mais une nouvelle vague celtique, qui débouche par le nord, avec des conséquences absolument redoutables : un grand dérangement de la population gauloise de la mer du Nord aux Pyrénées, et l’installation d’une ethnie relativement différente au nord de la Seine et de la Somme. Puis, vers 120 av. JC, les Romains occupent la Narbonnaise : là aussi, les colons romains ne seront jamais que très minoritaires. En fait, cette immense transformation, cette acculturation de notre pays par les Gaulois, puis par les Romains n’a pas de base réellement démographique, c’est toujours le vieux fond ethnique issu du néolithique qui domine.

            Quelques siècles plus tard, ce sont les grandes invasions germaniques. Là aussi, contrairement à une certaine vision apocalyptique de l’histoire, il ne s’agit pas de déversements massifs. D’abord, elles sont plus préccoces que l’on ne le croit souvent. L’Empire romain ne s’est pas effondré d’un seul coup. Tout a commencé au début du IIIe siècle, lorsque les premières incursions barbares ont contraint les Romains à abandonner le limes, c’est-à-dire la frontière fortifiée du Rhin en aval de Xanten vers 257. C’est alors que de petits groupes ethniques très réduits, les futurs Francs, ont commencé à s’avancer dans un territoire abandonné, et à se multiplier sur place.

            Mais, jusqu’en 378, toutes les autres tentatives des Germains, très nombreux au-delà du Rhin, pour pénétrer dans l’Empire romain échoueront complètement. Les envahisseurs sont chaque fois massacrés, ou réduits en esclavage, ou encore installés comme colons sur d’anciennes terres. Ce sont les fameux Lètes, les barbares vaincus, transformés en auxiliaires de l’armée romaine ou en colons. Quelle est la population germanique qui s’est trouvée ainsi installée par les Romains eux-mêmes sur le territoire de l’Empire ? C’est difficile à dire : 4 à 7 % probablement (ce qui représente un apport plus considérable que celui des invasions proprement dites), mais, dans le nord de la Gaule, beaucoup plus : dans la Belgique actuelle et dans la Flandre, qui ont été dévastées au IVe siècle, peut-être 12 à 21% de la population sont dès ce moment d’origine germanique.

            La grande catastrophe, c’est 406. Dans la nuit du 31 décembre 405 au 1er janvier 406, les Barbares franchissent le Rhin gelé, près de Mayence, et c’est alors une véritable ruée qui implique trois peuples germaniques représentant chacun quelques dizaines de milliers d’individus : les Vandales, les Alains et les Quades (qu’on appellera plus tard par erreur les Suèves). Cette invasion ne modifie que très peu, cependant, la démographie de la Gaule. Car ces envahisseurs n’ont fait que traverser son territoire, en saccageant tout sur leur passage. La plupart sont passés en Espagne, certains sont allés jusqu’en Afrique : seule une partie des Alains a été installée dans les pays de la Loire par Egidius (nous en avons quelques traces dans la toponymie, avec des villes ou des villages comme Alaincourt).

            Les Francs n’ont pas participé à cette ruée de 406. Ils restent toujours dans le territoire qu’ils avaient occupé pacifiquement. Ils n’en continuent pas moins à progresser, en même temps d’ailleurs que s’accroît leur nombre. En 475, ils prennent Metz et Toul. En 486, la victoire de Clovis à Soissons leur ouvre le cœur du bassin Parisien et inaugure la grande aventure que nous commémorons cette année.

            Quel impact auront eu, au total, les invasions barbares en Gaule ? L’effet démographique a été surtout de destruction et non pas de peuplement, à trois exceptions près.

            La première de ces exceptions est celle des Francs eux-mêmes, car le territoire qu’ils avaient occupé en deux siècles sur la rive gauche du Rhin avait été préalablement complètement dévasté. S’avançant dans un territoire vide, ils l’ont peuplé et y ont imposé leur langue. Nous pouvons suivre d’une manière approximative ce peuplement franc par la limite linguistique entre les langues romanes et les langues tudesques. C’est elle qui sépare aujourd’hui la Belgique en deux : la Wallonie et la Flandre. Au sud, nous la retrouvons en Lorraine où nous trouvons, par exemple à quelques kilomètres de distance Audun-le-Tiche (c’est-à-dire le tudesque) et Audun-le-Roman. L’apport numérique des Francs est cependant là encore limité : peut-être 50 000 à 100 000 personnes, face à une population gallo-romaine qui avait atteint sept à huit millions d’habitants sur le territoire actuel de la France.

            La seconde implantation sérieuse a été celle des Alamans qui ont occupé l’Alsace et l’ont germanisée, probablement aussi parce que le territoire avait été préalablement dévasté. Le troisième élément, très important, a été celui des Bretons, réfugiés en Armorique lors de l’occupation de la Grande-Bretagne par les Anglo-Saxons, et qui se sont mêlés au vieux fond ethnique des Bretons de Bretagne, qui n’avaient jamais été complètement romanisés.

            Pour le reste, c’est difficile à dire. On a l’impression que l’implantation des Burgondes a été relativement importante, encore que ce soit surtout une implantation de chefs, d’aristocrates, à en juger par la toponymie.

            Au contraire, les Wisigoths ont laissé très peu de traces. Il est à peu près certain que la fermeture des églises ariennes, après les victoires de Clovis, a contribué à faire repartir en Espagne la quasi-totalité des Wisigoths à partir de 531.

     2. Le mythe du brassage

            Un de mes collègues, parmi les plus honorables, soutient qu’« il suffit d’évoquer le mélange des peuples venus du sud, du nord et de l’est pendant deux millénaires et les traînées de soldatesques qui ont occupé et souillé ce pays pour comprendre que les Français d’aujourd’hui, souvent si orgueilleux de leurs racines, sont tous issus d’une multitude de peuples qui se sont mêlés aussi souvent qu’entrégorgés ». Or, à mon avis, les apports extérieurs, entre 650 et 1950, ont été faibles.

            L’apport des Arabes ? Néant : on a essayé de prouver le contraire, mais en vain.

            L’apport des Normands ? Extrêmement faible, la plupart d’entre eux étant venus sans femmes. On n’a d’ailleurs pas trouvé de sépultures vikings sur notre territoire. Les Normands n’ont laissé, semble-t-il, de traces ethniques importantes que dans le pays de Caux d’une part et dans le Cotentin de l’autre, où l’on retrouve des traits nordiques dans la population. Plus tard, les Anglais laisseront quelques traces pendant la guerre de Cent Ans, ce dont témoignent quelques noms de famille normands : les patronymes Langlais ou Langlois, et le patronyme Godon (God Damn) dont on désignait les Anglais ; ceci reste évidemment tout à fait minoritaire. De même pour rester dans le domaine de la géographie des noms de famille, les Navarre et les Castille que l’on trouve relativement nombreux dans l’Ouest de la France, là où du Guesclin fit campagne : il s’agit probablement des descendants des mercenaires que le connétable avait recrutés en Espagne.

            Essayons de quantifier tout cela. Personne n’ose plus, comme le faisait jadis Mathorez, auteur d’un livre sur les étrangers en France, soutenir que, “si le royaume n’avait continuellement reçu des étrangers qui se fondaient dans le sein de la population, on eût promptement observé dans le nombre des sujets du roi un fléchissement considérable”.

            Affirmation gratuite : la France était au contraire un monde plein. Elle était plutôt même en état de surpression démographique, et, pour un étranger venu en France au Moyen Age ou aux Temps Modernes, dix Français au moins ont émigré. Notre pays est resté terre d’émigration jusqu’à la crise de la dénatalité au début du XIXe siècle.

            Qui sont les immigrés dont parle Mathorez ? Ils font beaucoup de bruit, ils occupent le devant de la scène. Ce sont les épouses royales, en particulier celles des Bourbons : Marie de Médicis, Anne d’Autriche, Marie-Thérèse d’Espagne, Marie Leczinska, Marie-Antoinette, avec leur entourage évidemment, soit quelques dizaines de personnes. Ce sont de grands serviteurs de l’Etat recrutés souvent à cette occasion : Mazarin, Maurice de Saxe, Necker. Ce sont des financiers, des marchands, des techniciens, les Martel, originaires des îles anglo-normandes (celles-ci étaient alors françaises, au moins de culture et de langue), les Mallet, les Van Robais, on n’en finirait pas d’énumérer les cas particuliers. Ce sont les artistes et les écrivains, qu’à partir de la Renaissance, François Ier et Henri II font venir en France pour y faire pénétrer les goûts et les techniques nouvelles. Des musiciens aussi : Lully, Gluck au XVIIIe siècle ; et des savants, dont quelques-uns resteront, comme les Cassini, tandis que d’autres partiront, comme Christian Huyghens.

            Le mouvement s’inversera ensuite. A partir du XVIIIe siècle, bien au contraire, c’est en effet l’Europe qui se met à l’heure de la France. Ce sont les Français qui fournissent à l’étranger des peintres, des intellectuels, des artistes, etc.

            Au total combien d’étrangers a pu compter la France d’Ancien Régime ? C’est difficile à dire mais, d’après les estimations de Jean-Pierre Poussou, jamais plus de 70 000 ou 80 000 à la fois, et la plupart n’ont pas laissé de descendance, les milieux en question se reproduisant peu.

            La trace principale qu’ils ont laissée dans la population française, c’est la famille royale elle-même puisque la plupart des reines étaient d’origine étrangère.

            Et le peuple français ? Il est très sédentaire, attaché à sa terre, un peu comme le sont les Chinois, ce qui tient probablement à l’ancienneté de la petite propriété en France. Les recherches récentes ont remis en cause l’importance historique de l’esclavage et du servage. Non, tous les travailleurs de la terre n’étaient pas des esclaves à l’époque gauloise ! Non, tous les paysans n’étaient pas des serfs au Moyen Age ! L’origine de la petite propriété se perd dans la nuit des temps. Or la petite propriété ancre l’homme à sa terre.

            Cette population très sédentaire était animée d’une mobilité à court rayon : les jeunes gens allaient se marier dans les villes ou les villages voisins, car il n’était pas toujours possible de trouver un conjoint sur place, l’Église interdisant les mariages consanguins, sauf dispense. Ce phénomène a engendré non une véritable mobilité, non de véritables migrations, non des échanges de population d’une province à l’autre, mais une sorte de mouvement brownien, avec brassage des familles dans un rayon d’une dizaine de kilomètres.

            Les villes, qui auraient pu jouer un rôle dans la redistribution de la population n’y contribuaient guère, car elles étaient mortifères. Les conditions d’hygiène y étaient déplorables, la mortalité effroyable : elle dépassait de très loin la natalité. Jusqu’en 1914, les villes n’ont donc pu maintenir leur population et a fortiori la développer que grâce à l’apport des campagnes. Elles ont été comme des “trous noirs” qui ont absorbé l’excédent des campagnes. Se trouvant dans un état de surpression démographique, ces dernières ont en revanche reçu très peu d’éléments étrangers.

            Nous avons fait des observations très intéressantes sur un échantillon de 3000 familles, que nous avons reconstituées. L’une de ces familles était installée dans le Pas-de-Calais : les Tramecourt. Au début de l’époque où nous les avons étudiés, ils étaient divisés en trois branches, vivant toutes dans un rayon de 25 km autour du village de Tramecourt. Au cours du XIXe siècle, ces Tramecourt, s’étant prolétarisés mais aussi multipliés, ont commencé à essaimer. Beaucoup sont partis à Paris, d’autres sont allés jusqu’à Lyon ou jusqu’en Touraine. Nous avons suivi le destin de ces branches : or presque toutes se sont éteintes. Au cours d’un déjeuner que nous avons offert en 1989, j’ai pu ainsi conclure : “Le Tramecourt ne se repique pas.”

            Effectivement après 200 ans d’émigration, durant lesquels un bon tiers des Tramecourt avait quitté le Pas-de-Calais, nous trouvons encore 80 % des Tramecourt établis dans leur aire d’origine, cette fois dans un rayon de 50 km.

            Pour le XIXe siècle, l’importance du rôle des étrangers dans la formation de la population française est difficile à préciser. Il est vrai que parallèlement au début de la dénatalité française, il y a eu un apport étranger. Mais celui-ci a surtout été un apport de voisinage : des Belges dans le Nord, des Italiens dans le Sud-Est. En 1851 on comptera ainsi environ 380 000 étrangers en France. L’immigration massive est donc bel et bien un phénomène contemporain.

     3. Le mythe de la banalité migratoire

            L’histoire démographique de la première moitié du XXe siècle est souvent invoquée à l’appui de l’idée que la vague migratoire actuelle n’est en rien différente de celle que notre pays a connu et assimilé avant-guerre : “Contrairement à beaucoup d’affirmations colportées dans des buts polémiques, souvent pour exciter les passions et aviver les extrémismes, peut-on lire aussi sous la plume de l’un des pseudo-spécialistes qui “font” l’opinion, il est sûr que la France actuelle n’est pas plus submergée par les étrangers qu’elle ne le fut auparavant. La part de la population étrangère en France n’a pas dépassé la limite de 7% au cours du dernier quart de siècle, c’est-à-dire le niveau qui était celui de 1931”.

            Il faut d’abord remarquer que ce niveau de 1931 représentait déjà lui-même la cote maximale des années d’avant-guerre, avec 2 891 000 étrangers (ce qui, compte tenu des insuffisances du recensement, donne en gros trois millions d’étrangers en 1931). Mais il faut souligner surtout que l’impact de cette immigration sur le peuplement a été beaucoup plus limité qu’on ne le dit généralement. En effet ces étrangers étaient en grande partie célibataires, ils avaient une mortalité plus forte que les Français (en particulier parce qu’ils s’installaient dans les villes), et ils se mariaient difficilement. La proportion des retours était forte. Je n’ose pas préciser, mais à mon avis, elle atteignait au moins 50 %. C’est dire que l’immigration étrangère en France jusqu’en 1950 n’a pas été une immigration d’établissement mais une immigration de travail : on s’installait alors en France pour se constituer un pécule, et on retournait vivre dans son pays d’origine.

            Au total, l’apport des étrangers à la population française (c’est-à-dire la somme des étrangers et des descendants d’étrangers naturalisés) est passée probablement de deux millions en 1914 à quatre millions en 1950. Aussi l’affirmation qui figure encore dans des ouvrages de vulgarisation comme le Quid, et selon laquelle “18 millions de Français, soit plus du tiers de la population, nés entre 1880 et 1980, descendraient d’immigrants à la première, deuxième ou troisième génération”, ne tient pas debout. J’ai essayé d’en trouver l’origine et j’ai découvert qu’elle avait été lancée pour la première fois par Bernard Stasi dans son livre L’Immigration, une chance pour la France. Il cite comme référence le ministère de l’Intérieur et la Direction de la population et des migrations, mais c’est une invention. Aucune statistique officielle de ce type n’a jamais été fournie par l’une ou l’autre de ces institutions.

            Enfin, et peut-être surtout, il y a entre l’immigration d’avant-guerre et celle que nous connaissons une différence essentielle : l’origine des étrangers qui s’installent sur notre territoire. Au début du siècle, toute la population étrangère en France était d’origine européenne. Au recensement de 1891, on n’avait trouvé que 813 Africains sur le territoire. En 1975, après la vague d’immigration des années 1960, la part de l’Europe avait baissé, mais elle était encore de 61 %, tandis que celle de l’Afrique augmentait, et dépassait 34 %. En 1990, la part des Européens dans la population étrangère est tombée à 40,3 % et celle des Africains est montée à 45,8 %, c’est-à-dire que plus de la moitié de la population étrangère vient du tiers monde et plus spécialement d’Afrique. Avec toutes les difficultés culturelles rendant illusoire le mythe de l’intégration.

     4. Le mythe de l’intégration

            La quatrième idée —celle selon laquelle nous assisterions depuis vingt ans à un processus de rapprochement entre la structure de la population nationale et celle de la population étrangère— repose sur la confusion des mots et le trucage des chiffres. Il y a une confusion dans les médias et dans l’opinion publique entre la notion d’étranger et la notion d’immigré. Le mot “étranger” définit un état juridique. Mais l’attribution de la nationalité française à un certain nombre d’étrangers ne les a pas métamorphosés en Français d’un seul coup. Si, officiellement, le nombre des étrangers n’augmente pas, c’est parce qu’il y a compensation entre le flux physique de l’immigration légale (sans les clandestins, que par définition on ne peut pas compter) et le flux juridique de sortie, c’est-à-dire la transformation d’un certain nombre de ces étrangers en Français. Non pas seulement par les naturalisations, mais par les francisations, c’est-à-dire l’attribution automatique de la nationalité française à la naissance (notion qui échappe au comptage statistique et sur laquelle on ne peut faire que des évaluations), ou à la majorité légale.

            Ainsi le terme d’étranger ne permet pas de saisir correctement les réalités. Le terme d’immigré non plus, car beaucoup d’étrangers sont nés en France. Au recensement de 1990, qui remonte déjà à six ans (et l’on n’est pas prêt apparemment à en faire un nouveau), 4 200 000 immigrés ont été dénombrés. Il s’agit des personnes nées hors du territoire métropolitain. Il faudrait leur ajouter 1 700 000 Français de naissance, auxquels on refuse l’appellation d’immigrés, bien que beaucoup soient d’origine étrangère. La Direction de la population et des migrations ne classe en effet comme immigrés que les étrangers nés à l’étranger.

            Il est vrai qu’il est difficile d’assimiler étrangers et immigrés, puisque parmi les Français immigrés, il y a plusieurs centaines de milliers de pieds-noirs et aussi beaucoup de Français originaires des Dom-Tom. Mais le résultat est qu’il y a un permanent décalage entre la perception que les Français ont de la présence étrangère en France (qui leur semble, à juste titre, en expansion) et les chiffres sur lesquels raisonnent les gouvernants.

            Beaucoup plus utile pour cerner le phénomène est la notion de “population des ménages dont la personne de référence est étrangère”. Ainsi de jeunes enfants qui ont reçu la nationalité française à la naissance, mais qui vivent dans une famille originaire du Sénégal ou du Bénin, figurent dans cette catégorie. Sur ces bases, on arrivait, lors du recensement de 1990, à un total de 4 345 000 personnes, dont 895 000 vivant dans des foyers algériens, 807 000 dans des foyers portugais, 629 000 dans des foyers marocains, 242 000 dans des foyers tunisiens, 206 000 dans des foyers turcs, 182 000 dans des foyers d’Afrique Noire.

            Mais, pour mesurer l’apport de la population étrangère, il faudrait y ajouter les ménages des naturalisés, soit 2 198 000 personnes. Donc, 6 542 000 personnes vivent dans des foyers dont la personne de référence, c’est-à-dire le chef de ménage, est d’origine étrangère (sans parler des clandestins). Ceci représente 11,8 % de la population des ménages et, en Ile-de-France, 20,3 %.

            Enfin la qualité des statistiques est toujours sujette à caution. Par exemple, pour l’année 1990, l’écart entre les données du ministère de l’Intérieur (qui prennent en compte les titulaires d’une autorisation de séjour), et les données du recensement pour les plus de 18 ans, atteint 31,4% (43,4% chez les Tunisiens), ce qui est énorme et ne peut pas s’expliquer par quelque négligence dans la comptabilité des autorisations de séjour. Les statistiques du ministère de l’Intérieur donnent en gros un tiers d’étrangers de plus que le nombre officiellement recensé. Cela ne peut pas être négligé lorsque l’on raisonne sur les données du recensement.

            Il y a d’autres motifs d’interrogation : au recensement de 1990, par exemple on a posé la question : où étiez-vous en 1982 ? Chez les Turcs, le nombre de ceux qui ont répondu : “J’étais en France en 1982” dépassait le total des Turcs recensés en 1982. Or, il en est bien mort quelques-uns entre temps, et d’autres sont repartis dans leur pays.

            Dans ce flou statistique, comment soutenir que la structure de la population étrangère se rapproche de celle des Français de souche ? Pour une appréciation correcte, il faudrait distinguer la population étrangère d’origine européenne, dont les comportements et la natalité se rapprochent effectivement beaucoup de ceux des Français, et la population du tiers-monde, surtout la population africaine, qui s’en écarte. C’est ce que refusent de faire les statisticiens des organismes officiels.

            Bien loin de se stabiliser, la population étrangère ou d’origine étrangère s’est donc gonflée au cours des trente dernières années, à un rythme sans précédent dans notre histoire. Sur le critère que nous avons introduit précédemment (le nombre des personnes vivant en 1990 dans des ménages dont le chef est d’origine étrangère), compte tenu du nombre des clandestins qu’on peut évaluer à 500 000, et du solde migratoire des années 1990/95, on peut estimer aujourd’hui à huit millions environ le nombre de personnes qui sont étrangères ou d’origine étrangère, donc ressenties comme étrangères par la population autochtone.

    Comment la situation va-t-elle évoluer ?

            Une première projection a été faite en 1980 à l’Institut national d’études démographiques, par Hervé Le Bras. Elle a abouti à la curieuse conclusion que, si l’immigration était stoppée et si la fécondité des étrangères s’alignait instantanément celle des Françaises, la population étrangère tomberait de moitié avant 2015. Ces résultats étonnants furent officialisés dans un rapport du Haut Comité de la Population et ont abouti aux deux recommandations suivantes :

    • il faut favoriser le regroupement familial des émigrés, c’est un impératif non seulement humanitaire mais proprement démographique, pour maintenir la population française ;
    • il faut écarter toute politique contraignante de retour des émigrés dans leur pays d’origine.

            Or tous ces calculs étaient faux, comme l’ont démontré Philippe Bourcier de Carbon et Pierre Chaunu dans un article paru en 1986 et intitulé “Un génocide statistique : on recherche 1 880 000 étrangers disparus dans l’ordinateur de l’INED” ! L’erreur était en effet de cet ordre, et résultait d’une erreur de décimale (sur la mortalité), dont personne ne s’était aperçu sur le moment, alors que le bon sens aurait dû suffire à la détecter. Le plus curieux c’est que cette révélation n’a eu aucun effet, ni sur la brillante carrière de l’intéressé qui continue à sévir dans les médias, ni sur la politique officielle qui n’a été infléchie que très tardivement.

            Le problème qui se pose maintenant est de prévoir l’avenir de cette immigration-invasion. Sur le plan quantitatif, c’est une équation à quatre inconnues. Le flot africain va-t-il se tarir (il a notablement diminué ces deux dernières années) ? Ne va-t-il pas être relayé par un flot turc si la Turquie entrait dans l’Union Européenne, ce qui impliquerait la libre circulation des personnes et interdit toute politique de contrôle ? L’immigration clandestine ne va-t-elle pas prendre une dimension monstrueuse avec des millions de “sans-papiers”, puisque c’est une stratégie qui réussit bien ? Enfin la fécondité des étrangères va-t-elle s’aligner sur la fécondité des Françaises, quand et à quel rythme ?

            Sur le plan qualitatif, le problème essentiel est de savoir dans quelle mesure les enfants de ces étrangers vont dépasser le stade de l’insertion pour atteindre celui de l’intégration et de l’assimilation, comme cela s’est passé pour les populations arrivées jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale. La concentration de ces allogènes dans certaines régions de France et dans certaines villes comme Marseille ou Roubaix ne porte pas à l’optimisme.

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     Débat

    Q : Quelles traces avons-nous de l’arrivée des Gaulois au VIIIe siècle avant Jésus-Christ ?

    Jacques Dupâquier : Ce sont d’abord des traces techniques : les Gaulois sont arrivés avec le fer. Mais ils avaient aussi des modes de sépulture à eux : il n’y a aucune confusion possible avec les sépultures du peuple précédent. C’est pourquoi on suit très bien l’implantation des bandes gauloises. On s’est aperçu à ce propos que ce n’était pas à proprement parler une invasion, mais une suite d’incursions successives, qui ont abouti à la domination complète des Gaulois sur les anciens peuples.

    Q : Vous dites que l’apport arabe fut faible : pourquoi y a-t-il tant de gens au teint sombre dans le sud de la France et de Mor, Moret, Moreau, Morel dans les noms de famille ?

    Jacques Dupâquier : On ne peut nier la présence de populations au teint sombre dans le sud de la France, mais la fréquence du patronyme Moret ne prouve rien. C’est vrai qu’il y a dans les Alpes des gens au teint très sombre, mais ce sont des vestiges de populations primitives. C’est justement parce qu’elles avaient le teint sombre qu’on les a surnommées, par analogie, Moret.

    Q : Vous n’avez pas beaucoup parlé des Normands qui ont joué un rôle politique important, notamment sous le règne des premiers Capétiens.

    Jacques Dupâquier : Leur apport ethnique a été faible, comme le prouve le fait qu’ils n’ont pas pu imposer leur langue. Ceux qui se sont installés en France ont pris des femmes sur place. Du point de vue ethnique, ils n’ont pas laissé beaucoup de traces, si ce n’est dans le nord du Cotentin (où l’on a une fréquence très élevée de grands blonds aux yeux bleus) et dans le pays de Caux. On a étudié tout cela au XIXe siècle, mais aujourd’hui il n’est pas très « politiquement correct » d’évoquer ces questions. Les Normands ont joué un rôle très important du point de vue politique, culturel et social (qui me semble majeur), mais pas du point de vue ethnique. Ils ont tenu dans l’histoire de la France une place hors de proportion avec leur importance numérique. Probablement, un bon nombre de Vikings sont repartis en Scandinavie.

    Q : L’émigration espagnole est-elle toujours aussi importante ?

    Jacques Dupâquier : Le nombre exact d’Espagnols recensés en France en 1975 était de 497 000. Au recensement de 1990, il n’en restait plus que 216 000. Ils ne représentent plus que 6 % du total de la population étrangère, non qu’ils soient repartis, mais parce que beaucoup ont acquis la nationalité française.

    Q : Quel fut l’impact des épidémies et des famines sur les périodes de régression démographique ?

    Jacques Dupâquier : C’est une grande question. C’est sur ce thème que j’ai commencé ma carrière scientifique. Je travaillais sur la population française à l’époque de Louis XIV en recherchant à travers les dénombrements, les traces des catastrophes de la fin du règne, des années de misère. Or, à ma stupéfaction —j’étudiais 14 300 paroisses, pour lesquelles j’avais retrouvé en moyenne cinq dénombrements de feux —on ne voyait rien, ou pas grand chose, par exemple, de la grande mortalité de 1693-94 qui avait fait deux millions de morts, c’est-à-dire environ 10 % de la population française : les traces étaient totalement effacées au bout de huit ans. Pourquoi ? Grâce au système d’auto-régulation de ces populations qui avaient une forte fécondité. Dès l’époque de Louis XIV, les Françaises se mariaient en moyenne à 24 ans, ce qui était beaucoup pour l’époque ; la fécondité était donc tardive, et la reproduction amputée d’un tiers.

            De plus, à peu près 10 % des femmes restaient célibataires. Après une grande catastrophe, beaucoup de foyers étaient brisés. Les veuves se remariaient, soit avec un veuf, soit avec un célibataire ; et, surtout, beaucoup de jeunes trouvaient une occasion de s’établir. C’était difficile d’entrer dans la vie à cette époque : il fallait avoir une terre, il fallait fonder un foyer au sens matériel du terme pour s’établir. Les jeunes gens constituaient une sorte d’armée de réserve, des masses de candidats à l’établissement : après les grandes catastrophes, beaucoup de couples âgés étaient remplacés par des couples jeunes, si bien qu’après chaque hécatombe il y avait plus de naissances qu’auparavant. Et la population se rétablissait, par effet autorégulateur.

            En 1750 la population française n’avait pas beaucoup progressé par rapport à l’époque de Saint Louis. Dans les limites actuelles, la France de saint Louis avait peut-être 20 000 000 d’habitants. En 1740, dans les limites actuelles, il y en avait 24 600 000 environ, peut-être 25 000 000, ce qui n’était pas un grand progrès. Entre temps, le pays avait connu la guerre de Cent Ans, les guerres de Religion, la peste, et tout ce qui s’ensuit. Or toujours le peuplement s’était rétabli.

    Q : Est-il exact que la Révolution française et les guerres de l’Empire ont fait plus de morts que la guerre de 1914-18 ?

    Jacques Dupâquier : La Révolution et l’Empire ont fait 1 500 000 morts et la guerre de 1914-18 : 1 350 000 morts. Mais les guerres de la Révolution et de l’Empire sont intervenues dans une France qui était encore dynamique ; bien entendu cela a porté un coup très dur à la démographie française, mais la population a continué à augmenter. Tandis que c’est seulement en 1950 que la France a retrouvé sa population de 1914, à territoire égal, c’est-à-dire avec l’Alsace-Lorraine.

    La guerre de 1914-18 a représenté finalement un coût beaucoup plus élevé dans une France de quarante millions d’habitants que les 1 500 000 morts de la Révolution et de l’Empire dans une France de trente millions.

    Q : Revenons à la crise démographique actuelle : quel devrait être le taux de natalité des femmes françaises pour permettre un retour à un équilibre démographique ? Y a-t-il un nombre idéal d’habitants pour la France ? Jean Boissonnat parle d’un choc démographique majeur, avec la perspective d’une diminution de quatre millions d’actifs entre 2015 et 2035. Etes-vous d’accord avec cette prévision ? Plus généralement que pensez-vous de la crise démographique actuelle ?

    Jacques Dupâquier : La France est en crise démographique depuis très longtemps. Cette crise est née au XIXe siècle, et elle s’est aggravée dans la première moitié du XXe siècle. Alors que tous les pays d’Europe connaissaient ce que l’on appelle la “transition démographique”, c’est-à-dire une chute de la mortalité dégageant des excédents pendant très longtemps avant que la fécondité ne tombe à son tour, en France, la natalité et la mortalité ont baissé ensemble. Si bien que la population française, entre le Premier Empire et la Libération, sur 150 ans, n’a augmenté que du fait de l’allongement de la vie humaine. Il y avait moins de naissances entre les deux guerres, en moyenne, qu’il n’y en avait à l’époque d’Henri IV. La crise démographique n’est donc pas d’aujourd’hui. Puis vint le baby-boom —qui n’a pas été propre à la France, puisque toute l’Europe occidentale et les Etats-Unis l’ont connu— mais qui a été en France plus fort qu’ailleurs, probablement à cause du Code de la famille, et des avantages considérables qu’il a apportés aux parents. Puis brusquement, en 1964 (une année où il ne s’est rien passé, je vous le fais remarquer), la fécondité a commencé à fléchir dans tous les pays européens au-dessous du taux de reproduction, c’est-à-dire du niveau qui permet le remplacement des générations.

            Jusqu’à une époque récente, on peut dire que sept femmes françaises engendraient six filles pour la génération d’après. Aujourd’hui c’est moins : six femmes engendrent cinq filles pour la génération suivante. Ce n’est pas très encore visible sur les statistiques de la natalité, parce que les générations du baby-boom sont à l’âge de la reproduction ; même si chaque femme n’est pas très féconde, ces générations comptent aujourd’hui beaucoup de mères : multipliez le nombre de femmes en état d’être mères, cela donne beaucoup de naissances, et comme ces générations sont peu exposées à la mortalité, puisque celle-ci a régressé d’une manière spectaculaire, elles fournissent peu de décès. Nous avons donc eu, en 1995, 720 000 naissances et 520 000 décès. Des démographes de mauvaise foi, comme Hervé Le Bras, s’en servent pour nier la réalité de la crise. Mais la structure de la population est déjà perturbée : nous avons une pyramide des âges en as de pique.

            Bien qu’elles représentent 20 % de la population française, les personnes du troisième âge ne gonflent pas encore démesurément le sommet de la pyramide, puisqu’elles sont issues des générations peu nombreuses nées avant 1945. A la base, peu d’enfants, puisque nous avons en moyenne 720 000 naissances au lieu de 875 000 au sommet du baby-boom. Le centre de la pyramide est renflé : là sont les générations des actifs.

            Hélas ! tout le monde vieillit : les générations du baby-boom vont atteindre l’âge de la retraite à partir de 2006. Actuellement, 550 000 personnes par an franchissent ce cap, fixé autoritairement à soixante ans. D’un seul coup, on va passer à 825 000 : c’est-à-dire que la pyramide des âges, qui a la forme d’un as de pique, va prendre la forme d’une toupie. La proportion des plus de soixante ans va ainsi passer progressivement de 20 à 26-28 % vers 2020. Dans peu d’années, le nombre des plus de soixante ans va dépasser le nombre des moins de vingt ans. On y est presque. Dans le premier quart du XXIe siècle, on va donc se trouver dans une situation très grave, puisque la population active sera constituée par les enfants du baby-krach et la population des retraités par les enfants du baby-boom. C’est-à-dire que les retraites des grosses générations du baby-boom seront payées par les maigres générations du baby-krach. Dans vingt ans, on ne pourra éviter une crise aux conséquences sociales inouïes. Elle va d’abord faire exploser notre système de protection sociale, ensuite ouvrir toute une période de conflits entre générations, qui ne seront certainement pas gais !

    Seul espoir : s’il y avait une reprise de la natalité maintenant on peut espérer qu’à partir de 2035 à peu près, il y aurait une amélioration de la situation et que l’on arriverait à sortir de cette crise. Ainsi, les jeunes générations ne vivraient pas toute leur existence dans la crise démographique et sociale qui va s’ouvrir. Mais il y a urgence. Il ne s’agit pas d’obliger les femmes à avoir des enfants, mais simplement de leur permettre d’avoir les enfants qu’elles désirent au fond d’elles-mêmes. Lorsque l’on interroge les femmes en âge d’avoir des enfants sur la dimension idéale de la famille, on constate que, pour dix femmes, cela représente en moyenne vingt-trois enfants. C’est plus qu’il n’en faut pour remplacer une population. Il faudrait, pour assurer l’avenir, que dix femmes aient vingt-et-un enfants. Elles disent vouloir en avoir vingt-trois, mais les contraintes de la vie moderne, celles de la société de consommation, du standing, la pression insidieuse exercée par la société sur les ménages, font que les femmes doivent travailler pour payer les traites et qu’elles ne peuvent pas à la fois travailler et élever des enfants.

    Q : La facilité des transports jointe à l’instabilité régnant dans le tiers monde et à cette crise démographique que vous nous décrivez en France et en Europe ne rendent-elles pas inévitable une immigration chaotique dans les années à venir ?

    Jacques Dupâquier : Je ne sais pas. C’est probablement une question de volonté politique. Les lois Pasqua ont eu un impact probable, moins peut-être par leur contenu que par le signe qu’elles ont donné à un certain nombre de candidats à l’immigration que l’on ne serait pas automatiquement accueilli chez nous, que l’on ne bénéficierait pas automatiquement de tous les avantages sociaux qui ont été accordés aux Français. Il est à craindre, cependant, que l’affaire des sans-papiers de Saint-Bernard ait l’effet psychologique inverse.

     

    Mettez-vous à la place des populations du tiers-monde : pour elles, il ne peut pas y avoir de meilleur investissement qu’un voyage en France : une fois installé en France, même si l’on est au chômage, même si l’on traîne sans papiers, on bénéficiera de prestations qui dépasseront de beaucoup le niveau de vie de ceux qui continueront à s’échiner dans leur village natal. Et une fois installé, on fera venir non pas un parent ou deux, mais sept, huit, dix, par divers moyens. Il y a des villages qui se cotisent pour payer le voyage d’un jeune homme en France ! Ce ne sont pas les facilités de transport qui font l’immigration (les transports restent chers), c’est la masse des franchissements de frontières, qui dépasse certainement cent millions chaque année. Les frontières terrestres deviennen