UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Vœux du bureau politique de l’Action française

    Jamais peut-être, dans l’histoire récente, une nouvelle année n’aura été aussi grosse d’incertitudes. Car si, contrairement à ce qu’on croit, le peuple français est un peuple patient, trop peut-être, il ne manque jamais de se révolter lorsqu’un pouvoir, oublieux de ce qui constitue sa légitimité, ne prend même plus les formes pour lui témoigner son mépris.

    La morgue et l’arrogance, la seule recherche de l’intérêt privé et la prévarication, la trahison ouverte de l’intérêt national et la soumission décomplexée aux intérêts étrangers, notamment par la cession aux Américains de nos industries stratégiques, la volonté de brider les libertés fondamentales, dont le droit d’expression, l’abus de pouvoir et une répression qui a franchi les limites du tolérable et ne s’encombre même plus du respect de la légalité, la sottise aussi, puisque le pouvoir ne tient plus que par le soutien d’une police qu’il méprise ouvertement : il aura suffi de moins de trois ans pour que la macronie affiche son vrai visage.

    En provoquant délibérément la haine du pays réel, elle croit pouvoir sortir victorieuse du bras de fer qu’elle a engagée avec les Français, afin de les soumettre à la mondialisation. Et si, pourtant, la macronie n’était qu’un château de cartes ? Si l’histoire n’attendait que l’élément déclencheur de notre libération nationale et les Français l’occasion propice pour éradiquer ce corps étranger du corps de la nation ?

    Parce que le désespoir en politique n’est qu’une sottise absolue, l’Action française adresse ses vœux, en premier lieu, à tous nos compatriotes qui croient définitivement fermées les portes de l’espérance. La France vit, encore pleine de promesses, forte d’une jeunesse qui n’attend qu’un chef pour lui montrer la voie. Ses cadres, ses techniciens, ses savants, son peuple dans son ensemble, chaque jour, assure sa pérennité, en dépit d’un pouvoir qui ne vise qu’à les détourner du Bien commun. Or, ce chef, nous l’avons : il est l’héritier des quarante Rois qui, en mille ans, firent la France. La plus vieille dynastie d’Europe est aussi celle qui n’a jamais démérité de son devoir, même lorsque la République a cherché à couper les liens historiques entre les Français et sa famille royale.

    Nous adressons à Mgr le comte de Paris, au Dauphin Gaston, à Madame et, à travers eux, à la France qu’ils incarnent et aux Français dont ils ont la mission historique d’assurer le Bien commun, tous nos souhaits pour 2020 : que la nouvelle année soit celle de notre renouveau.

    Le bureau politique de l’Action française

  • Dans notre Éphéméride de ce jour : le ”Kiel et Tanger” de Maurras...

    1905 : Guillaume II débarque à Tanger
     
        

    1AA.jpg

     
    Ce "Coup de Tanger" (qui sera suivi, en 1911, du "Coup d'Agadir") est directement à l'origine de l'un des livres majeurs de Charles Maurras, Kiel et Tanger....
     
    Dans son remarquable L'Âge d'or du Maurrassisme, Jacques Paugam situe bien les choses (Livre III, chapitre IV, pages 207 et suivantes...) :
     
    "C'est une période de tension internationale, qui consacre, selon l'Action française, le renforcement de la puissance de l'Allemagne en même temps qu'un dangereux affaiblissement de l'Europe..
    Guillaume II se livre à un véritable coup de poker diplomatique dont l'issue ne lui est pas aussi favorable qu'il ne l'espérait. En mars 1905, il se rend à Tanger et se pose en protecteur de l'indépendance du Maroc face aux convoitises françaises. Ce geste s'insère dans un jeu diplomatique assez compliqué, les objectifs généraux de sa politique étant de détruire ou l'alliance franco-russe ou l'entente cordiale...
    ...(Kiel et Tanger) commence à paraître dans la Revue à partir du 1er septembre 1905... Il y a dans cette étude deux parties. Ce que l'on y a vu le plus souvent : le bilan d'une politique menée depuis qu'à Kiel, le 18 juin 1895, jour du quatre-vingtième anniversaire de Waterloo, les vaisseaux français rencontrèrent les vaisseaux russes avec les escadres allemandes...
    Mais il y  a autre chose dans cette étude; c'est la définition du rôle que la France aurait à jouer dans le monde du XXème siècle. Il y a là, en particulier dans une section XVIII, l'un des plus grands textes de Maurras, l'un des plus actuels..."
     
     
    Pierre Lafarge a parfaitement résumé tout ceci : 
     
     
     

    henri ii,claude de france,francois premier,saint denis,chateaubriand,bourbons,bonaparte,napoléon,tour eiffel,saint john perse

    "Un acquis pour la suite des temps..." disait Boutang...

     

    Dans la section XVIII, dont parle Paugam, se trouve le chapitre XXIV, qui forme - intégralement - notre deuxième Grand Texte :

    Que la France pourrait manoeuvrer et grandir..." :

     

    Dans notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir également les cinq premières photos de la partie 7, "L'Avant-guerre (I), les débuts du journal..."   

    • Et aussi cet excellent article de Benjamin Fayet, paru le 19 novembre 2014 sur le site Histoire Philit :

    Kiel et Tanger de Charles Maurras : essai géostratégique visionnaire et source intellectuelle de la Vème République

  • Action française • Présence de Gérard de Gubernatis, gentilhomme et patriote

     

    Les obsèques de Gérard de Gubernatis ont été célébrées le lundi 14 mars à Nice. Nous les avons évoquées le lendemain ici-même. [Les obsèques d'un gentilhomme et d'un patriote].

     

    109639185_o.jpgUne dizaine de jours se sont passés et nous voudrions rappeler aujourd'hui la mémoire de Gérard de Gubernatis de deux façons : en reprenant le message adressé, le jour de ses obsèques, à sa famille et à tous les nombreux présents, par le prince Jean de France. Message dont Jean Sévillia a donné lecture. Et en publiant à la suite le texte de l'intervention de Pierre de Meuse, en la cathédrale de Nice, lors de la cérémonie. 

     

    Message de S.A.R. le prince Jean de France

    De Gubernatis G (003).jpg

    Domaine Royal de Dreux, le 12 mars 2016 

     

    david-niviere5.jpgChers Amis,

    Je ne connaissais pas le Bâtonnier Gérard de Gubernatis aussi bien que beaucoup d’entre vous.

    Je l’avais croisé à plusieurs occasions et il m’avait reçu en famille, chez lui dans l’arrière pays, lors d’un de mes déplacements à Nice. Je garde de cette rencontre plus intime un beau souvenir.

    Mes pensées vont d’abord à l’ensemble de sa famille, dont je connais certains à qui j’ai pu exprimer de vive voix mes condoléances et qui se feront mes interprètes auprès de vous, à ses proches et amis et aux défenseurs de la cause royale, incarnée par la Maison de France, à laquelle il était si attaché.

    J’aurais souhaité être présent, mais ce n’était pas possible, je le regrette.

    Soyez assurés de mes pensées et de mes prières en ces moments particulièrement douloureux.

    Avec mes sentiments attristés.

    De Gubernatis G (003) v.jpg

    L'Intervention de Pierre de Meuse 

     

    109639187_o.jpgMa tâche est aujourd'hui de témoigner pour tous ceux qui, dans cette assistance, ont partagé les engagements de Gérard de Gubernatis durant sa longue vie. Royalistes, nationalistes, patriotes, venus de toutes parts, et au premier rang desquels je salue Mgr le Prince Sixte Henri de Bourbon-Parme. Je remercie également Mgr le Prince Jean, Duc de Vendôme, qui, ne pouvant se déplacer a envoyé un message amical et réconfortant. De même je salue le Président Le Pen, ami de toujours sur le plan personnel comme sur le plan politique de notre cher défunt.  

    Car si Gérard de Gubernatis fut un grand avocat et un père exemplaire, il n'a jamais renoncé, jusqu'à son dernier souffle, à défendre ses convictions avec tout son talent et toute sa liberté. Certes, il savait que ses combats n'étaient pas toujours à la mode. Il savait même que le succès pouvait n'être pas au rendez-vous, au moins à vue humaine. S'il a défendu avec fidélité la mémoire du Maréchal Pétain, il se doutait que des années seraient nécessaires pour que l'Histoire lui rendît justice. En ce qui concerne l'Algérie française, elle n'est plus qu'un souvenir. Quant au rétablissement de la monarchie traditionnelle, il n'est pas encore sur le point de se réaliser. Mais Gérard de Gubernatis, qui a formé des générations de militants, dont je suis, nous avait appris que l'échec devait rendre plus fort celui que le subissait et non le laisser à terre. Maxime de raison et maxime d'éthique. Nous continuerons donc à poursuivre l'oeuvre commune. Puisqu'il nous a quittés, qu'il me soit permis de lui adresser ce message: « Gérard, tu fus un brillant avocat et un grand orateur. Plaide notre cause auprès du Tribunal de Dieu. Demande que la Victoire - la Victoire Aptère, celle qui ne s'enfuit jamais - descende sur nous et y reste pour de bon ».  

  • Action française : Don du sang. Solidarité nationale.

    3834054413.34.jpg

     

    En ces temps d'épreuve, nous devons faire corps avec toute la nation.

    Parmi nos compatriotes, certains se battent contre la maladie, d'autres sont accidentés, etc.

    Comme Hugues, donnez votre sang pour sauver des vies. Agissons concrètement pour les nôtres.

  • ”Lettres de prison”, de Charles Maurras (1)

    Première "Lettre de prison" de la longue série de notre album consacré à ces remarquables correspondances que le Maître entretint tantôt avec ses Camarades qu'avec "son cher Jacques" ou "sa chère petite Ninon", nous vous proposons ce jour une lettre datée du 25 mars 1950 depuis la Maison Centrale de Clairvaux à Xavier Vallat...Oui, le nom de Vallat peut inspirer le pire, à juste titre ; néanmoins, nous avons voulu publier cette lettre en ce qu'elle est particulièrement révélatrice de l'anti-germanisme de Charles Maurras et de l'Action française. 

    En d'autres termes, cette lettre est conforme à ce qu'écrivait Charles Maurras dans "Devant l'Allemagne éternelle", qui selon son auteur est "le bréviaire de sa pensée sur l'Allemagne", ouvrage dont il ne renie, ni ne retranche rien comme il l'a dit devant ses accusateurs devant la Cour de Sureté de l'Etat à Lyon.

    Voici la dite lettre...

    " À Xavier VALLAT, le 25 mars 1950.

    Segne Xavier VALLAT, 

    Gramaci en touti e le personne ! 

    Réglée par toute l'Histoire de France et d'Europe, la préséance du Royaume sur l'Empire est assurée encore par la Fontaine de Tourne et le bas-relief aux deux faces de Bourg Saint Andéol. Reste seulement à savoir de quel côté l'olivier monte (et fait ses olives) le plus haut : Si l'olivier actif le plus septentrional est sur la rive gauche, le bras de la balance se relève un peu. 

    Mais, sinon ?... 

    Ne pourrait-on pas dire à vos amis, non seulement pour le projet Adenauer, adopté d'enthousiasme par les bayeurs aux grues des deux églises  (rappelez-vous que c'était pour l'Union Franco-Britannique en 1940 !) mais pour tous les projets d'Europe - Europe, pseudonyme d'Allemagne pour tous les hitlériens de Paris, de Lyon en 1943-1944 - Ne pourrait-on pas dire que ce n'est plus de la polémique, mais de l'arithmétique ?

    Nous formons deux contenants distincts, à peu près égaux. Ils avaient même population en 1870...L'Allemagne aujourd'hui nous double pour le moins ! Tant que ça ne communique pas, va bien ! Mais sinon (s'il y a fusion, union, intégration, par la loi des vases communicants : 70 + 40 millions font 110, 10 divisés par 2, puisque les territoires sont à peu près égaux font 55) c'est une invasion pacifique forcée de 15 000 000 d'Allemands que tous ces imbéciles là nous préparent. 

    Ils réalisent le programme d'Hitler ! 

    Et au moment où nous nous montrons déjà embarrassés des quelques centaines de milliers de gosses nés depuis 1940 ! Ils sont fous, fous, fous ! La canaillerie ne suffit pas à expliquer cela.

    Folie ! Folie ! Qui le criera ? 

    N'avons-nous pas assez de boches juifs ! 15 000 000 de boches aryens !...

    Mes amitiés et encore un coup mi gramaci en touti. 

    Oumerrage a Dono Vallat, tous mes beaux souvenirs mon cher ami !"

    Charles MAURRAS
    Matricule 8321

  • Dans notre Ephéméride de ce jour : de Charette à Maurras...

    1796 : Charette est fusillé 

     

    Il avait 33 ans...         

    1A.jpg

      

    Napoléon, qui devait par ailleurs qualifier la guerre de Vendée de Guerre de Géants, a dicté de lui à Las Cases :

    "Il me laisse l'impression d'un grand caractère... Je lui vois faire des choses d'une énergie, d'une audace peu communes, il laisse percer du génie...

    ...Mais si, profitant de leurs étonnants succès, Charette et Cathelineau eussent réuni toutes leurs forces pour marcher sur la capitale... c'en était fait de la République, rien n'eût arrêté la marche triomphante des armées royales ; le drapeau blanc eût flotté sur les tours de Notre-Dame..." (Mémoires pour servir à l'histoire de France sous Napoléon, écrits à Sainte-Hélène, tome 6, 1825, Paris : Firmin Didot, pp. 221-222.)

    1AAA.jpg

    Drapeau de Charette

     

    Dans notre album Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, « Guerres de Géants » voir la photo Charette fusillé et les neuf photos - précédentes et suivantes - qui lui sont consacrées. 

    Pour Philippe de Villiers, Charette, c'est, tout simplement, "l'anti Robespierre"  : 

    Philippe de Villiers Charette.pdf

    1AA.jpg

                

    De Charette à Maurras : la continuité...

    1. De Charette :

    "Notre patrie à nous, c’est nos villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce que nos mères ont aimé avant nous. Notre patrie, c’est notre foi, notre terre, notre roi. Leur patrie à eux, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez, vous ? Ils veulent détruire les coutumes, l’ordre, la tradition. Alors qu’est-ce que cette patrie narguante du passé, sans fidélité et sans amour. Cette patrie de billebaude et d’irreligion ? Beau discours, n’est-ce pas ? Pour eux la patrie semble n’être qu’une idée : pour nous, elle est une terre… Ils l’ont dans le cerveau, nous nous l’avons sous les pieds : c’est plus solide. Et il est vieux comme le diable leur monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder en l’absence de Dieu… Vieux comme le diable… On nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions… Faut rire. Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, nous sommes une jeunesse. Messieurs, nous sommes la jeunesse de Dieu, la jeunesse de fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver, pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l’homme intérieur…" (Charette)

     

    2. De Maurras : 

    "Une patrie, ce sont des champs, des murs, des tours et des maisons...", répond Charles Maurras, un siècle et demi après, sinon exactement avec les mêmes mots, du moins exactement avec la même tonalité. Dans ce très beau texte (notre Grand Texte XXXVIII), aux accents très "vendéens" et que l'on voit bien directement inspiré de Charette, Maurras condamne le modèle d'une France hors sol, d'une société liquide, multiculturelle et diversitaire, noyée dans le grand marché mondial, tout cela induit par la Révolution, et la République idéologique qui en est issue.

    Et, comme Charette, avec les mêmes accents, Maurras oppose à cette « politique » une conception radicalement autre : la France réelle, fait d'histoire, fait de naissance et, avant tout, dit-il, phénomène de l'hérédité...

    Ce rapprochement de textes, à un siècle et demi d'intervalle, n'est-il pas puissamment "parlant", comme on dit aujourd'hui, dans le jargon ?...

     

                

    Le 25 juillet 1926, au Mont des Alouettes, l'Action française organisa un immense Rassemblement royaliste : plus de 60.000 personnes...

    Léon Daudet, dans "Une campagne de réunions" (Almanach de l'Action française 1927, page 60) a raconté la journée, consacrant ces quelques mots à Charette :

     

    "...A l'horizon, dans la plaine immense de la Vendée militaire, étincelaient sous le ciel ensoleillé de l'ouest, - mais que modifie à chaque instant le vent venu de la mer - brasillaient les clochers et les villages. Là-bas, c'était le bois de la Chabotterie, que traversa Charette blessé, et prisonnier, Charette, personnification de cette race sublime dont la résistance étonna le monde et continue à étonner l'histoire..."

     

    1AAAA.jpg

    La statue du général, dans sa ville et devant sa maison natale de Couffé. Elle porte l'inscription :


    Général François-Athanase Charette de la Contrie, né le 2 mai 1763 à Couffé - Exécuté à Nantes place Viarme le 29 mars 1796 -


    Avec sa devise :


    "Tant qu'une roue restera, la Charette roulera".

     

     

    • chabotterie.vendee.fr/ 

     

    gvendee.free.fr/

     

     Le jeune Charette reçut une solide formation de marin, et fut nommé Lieutenent de vaisseau : dans notre Album Drapeau des Régiments du Royaume de France, voir la photo "Charette, officier de marine..." et la précédente, "Apparition des Régiments de Marine..."...

  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (83)



    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)


    lfar espace.jpg


    Aujourd'hui : Michel Déon, le dernier Secrétaire...

    1A.jpg

    Message transmis aux participants du Colloque "Maurras, 60 ans après", le samedi 27 octobre 2012 :



    Chers amis,

    En recevant la liste des interventions prévues pour "Maurras soixante ans après", il m’a semblé que les principaux thèmes seront éclairés par plus doctes que moi et que, s’il reste quelque chose à dire, c’est peut-être sur "l’Homme Maurras" que j’ai approché à une cruciale époque de son existence où tout ce qu’il avait bâti durant sa vaillante jeunesse et sa maturité risquait de s’effondrer.
    En politique il y a ceux qui assument au péril de leurs vies et ceux qui prennent la fuite.
    En 1940 Maurras misa sur une politique à grands risques qu’il soutint jusqu’à la dernière heure.
    À Lyon où on m’avait démobilisé en 1942, j’ai vu un Maurras se battre sur tous les terrains même les plus dangereux, pour sauver ce qui pouvait encore l’être dans des temps confus.
    Pied à pied, il a défendu un gouvernement dont il était loin de toujours partager les sentiments politiques, mais il n’en était pas d’autre pour lui si enraciné dans cette terre de France qu’il aimait au-dessus de tout.
    Nous savons ce que, des années après, le slogan de L’Action Française pouvait présenter d’ambiguïté : "La France, la France seule", mais c’était la mise en garde contre les concessions et les perches tendues par l’ennemi installé au coeur même du pays vaincu.
    Ces deux années passées près de Maurras, je les considère encore, soixante-dix ans après, comme les plus riches et les plus passionnantes de ma vie.
    J’étais là, comme dans une citadelle dont la garnison ne se rendrait jamais et notre commandant en chef, avant de tirer le canon sur les hérétiques, arrêtait un instant la bataille pour se rire des mauvais poètes ou se griser de Racine et réciter un poème qu’il venait de composer.
    Dans les derniers mois, après les virgulages des dépêches du matin à la rédaction du journal, je suis souvent allé chercher moi même son article rue Franklin, dans un modeste logis horriblement meublé mais où une gouvernante montrait assez d’autorité pour veiller un peu sur lui.
    Elle tirait les rideaux de sa chambre pour y laisser entrer le jour et s’en allait discrètement, me laissant seul avec lui qui avait, selon son habitude, travaillé jusqu’aux premières lueurs de l’aube.
    Dormant au fond d’une alcôve, il fallait habituer mes yeux pour découvrir, dans le fouillis des couvertures et de l’édredon, son mince visage triangulaire si beau dans sa jeunesse et maintenant creusé par l’âge, les veilles et les brûlants soucis de la vie.
    Il dormait sur le dos en paix sans un tressaillement, les mains à plat sur le drap, la chemise de nuit au veston rouge boutonné sur son cou impérieux.
    Il m’est arrivé de rester ainsi un moment sans oser le réveiller quand l’actualité ne pressait pas.
    Son éditorial était prêt sur la table devant la fenêtre, un vingtaine de pages, vraiment difficiles à lire, arrachées à un cahier d’écolier parcouru d’une écriture quasi illisible.
    Au bout d’un moment je touchais sa main et il se réveillait d’un coup comme ces dormeurs sans rêves qui retournent à la réalité.
    Nous parlions de grands tout(s) et de petits rien, il jetait un coup d’oeil sur l’édition du matin, corrigeait un article pour l’édition de l’après-midi. Je me demandais quelles forces transcendantes habitaient cet homme, en apparence grêle – je dis, "en apparence" puisqu’il s’est battu je ne sais combien de fois en duel, en passant sans une faiblesse les jours les plus sombres de sa vie et renaissant de cendres comme le Phénix.
    À l’Académie, ne participant pas aux débats intérieurs et au travail du dictionnaire, il a peu marqué.
    Son successeur fut le Duc de Lévis-Mirepoix qui a écrit sur la vie singulière et en somme assez tragique de Charles Maurras ces lignes que je veux citer :


    "Il connut sans fléchir les pires vicissitudes et la plus cruelle de toutes. Un nom vient naturellement à mes lèvres. Il eut à subir comme Socrate la colère de la cité.
    Sans sortir, messieurs, de la sérénité qui s’impose en ce lieu sans se mêler aux luttes intestines au-devant lesquelles il s’est lui-même toujours jeté, on ne pourrait loyalement évoquer la mémoire de cet homme sans apercevoir au-dessus de tous ces tumultes son brûlant civisme, son indéfectible amour de la patrie."


    Michel Déon, de l’Académie française

    LFAR FLEURS.jpg

  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (79)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

    lfar espace.jpg

     

    Aujourd'hui : L'art poétique de Maurras (I/II), remarquable réflexion sur l'art poétique - et politique - de Charles Maurras, par Luc-Olivier d'Algange :

    1A.jpg

     

     



    "Le Dieu t’encoche à l’arc de la mer" (Charles Maurras)

    Charles Maurras est un illustre méconnu.
    On retient de son œuvre des idées générales, transmises par des historiens hostiles ou des vulgarisateurs.
    Quelques formules suffisent à l’intellectuel qui se targue de culture générale.
    Il parlera d’empirisme organisateur, de nationalisme intégral, de germanophobie et d’antisémitisme, et la démonstration lui semblera faite de la désuétude et de l’inanité de l’œuvre.
    Ces méthodes expéditives, que l’on applique également à Gobineau et qui trahissent l’inculture croissante de nos contemporains, n’expliquent rien de l’influence profonde que l’œuvre de Maurras exerça sur des hommes aussi divers que Maurice Blanchot, Jean Paulhan, Paul Valéry, Marcel Proust, Robert Brasillach, Daniel Halévy, Pierre Boutang ou Georges Bernanos, – auquel nous devons aussi la critique la plus forte, sinon féroce, de l’Action française.
    La lecture est un art qui diffère presque insensiblement de l’art d’écrire.
    Autant dire que nos censeurs modernes ne lisent plus : ils compulsent, classent, étiquettent, en se fiant le plus souvent à des lectures secondaires, le recours à l’original étant considéré comme une perte de temps.
    On oublie trop que le droit à la critique dépend de la fréquentation des oeuvres et non seulement de compte-rendu ou de fiches de police plus ou moins sommaires.
    Dans l’histoire de la philosophie politique et de la littéraire, la place de Charles Maurras, n’en déplaise à certains, est irrécusable.
    Dans la mouvance de l’Action française, il est permis, certes, de lui préférer le « libre réactionnaire » Léon Daudet, auteur de l’admirable Voyage de Shakespeare ou Jacques Bainville dont la pertinence historiographique n’a cessé d’être corroborée par les événements qui suivirent sa disparition prématurée, mais ni l’un ni l’autre n’eussent trouvé le centre de gravitation de leur pensée sans l’influence de Charles Maurras.
    Il est certes légitime d’être accablé par l’immense masse de ses éditoriaux quotidiens souvent répétitifs, et parfois fallacieux, dont on ne peut se défendre de penser qu’ils dissipèrent son talent et défavorisèrent son cheminement de poète et de philosophe, mais dans cette masse, les incidentes lumineuses ne manquent pas et la langue française y trouve un de ses beaux élans combatifs .
    À celui qui aborde l’œuvre de Charles Maurras sans préventions excessives, maintes richesses sont offertes, à commencer par celles du style, beaucoup moins froid et sec qu’on ne le prétend, chargé d’images, de saveurs et de lumières provençales, mais aussi de nuits vaincues, de ferveurs musiciennes. Le poète Charles Maurras n’est pas moins présent dans sa prose que dans ses prosodies.
    Son écriture n’est pas seulement le procès-verbal d’une pensée figée, elle poursuit sa propre aventure à la fois résolue et inspirée.
    Maurras, et c’est là toute sa philosophie politique, ne croit pas au sujet insolite, à l’individu interchangeable.
    Sa politique provient de la poésie du Chœur tragique :

    "Suivis avec art et science, écrit Maurras, les beaux mystères de la langue des poètes ont la vertu fréquente d’ajouter aux idées d’un rimeur isolé le chœur universel de l’expérience de tous ; les moindres paroles y gagnent on ne sait quel accent de solidité séculaire ; l’antique esprit qu’elles se sont incorporé multiplie saveur, résonance et portée d’ensorcellement…"


    Si Maurras fut un grand raisonneur, avec la nuance légèrement péjorative qui s’attache à ce mot, il fut aussi poète et c’est ne rien entendre à ses écrits, c’est ignorer la nature même de ses raisons que de s’en tenir à une seule lecture rationaliste ou « empirique ».
    La raison, que Maurras vénère, compose selon les mêmes mesures que la poésie.
    Pour cet esprit guerrier, et même belliqueux, et dont les Principes valent sans doute mieux que les stratégies, il importe d’abord de vaincre "l’informe et le bâclé, le vague et le diffus".
    Poésie et politique s’accordent en ce dessein formateur.
    L’Art politique, n’est plus alors que l’expression d’un Art poétique : "Emporter dans sa tête un certain nombre de ses ébauches, d’abord informes, aspiration confuse à un conglomérat de sonorités et de rêves tendus vers un beau plutôt pressenti que pensé; puis, quand les mots élus abondent, en éprouver la densité et la vitesse au ballet des syllabes que presse la pointe du chant; en essayer, autant que le nombre matériel, le rayon lumineux et l’influx magnétique; voir ainsi, peu à peu s’ouvrir et se fermer la gerbe idéale des voix; élargir de degrés en degrés l’ombelle odorante; lui imposer la hiérarchie des idées qui sont des principes de vie; lever en cheminant les yeux vers le ciel nu, ou garni de pâles étoiles, pour y goûter le sentiment de la légèreté du monde et de la puissance du cœur…"

    Pour Maurras, la clarté, la certitude, la forme ne sont point les adversaires des "mots élus" ni de "la gerbe idéale des voix".
    L’ordre classique qu’il entrevoit n’est pas une représentation préalable à la création, une administration vétilleuse du langage, un purisme dépourvu de sève, mais "une ombelle odorante".
    L’art poétique de Maurras nous redonne à penser que la nature même du classicisme naît de "la densité et de la vitesse", de "l’influx magnétique".
    La perfection des rapports et des proportions que chante le poète roman n’est pas schématique mais éprouvée, elle n’est point l’abstraite vérité détachée de l’aventure poétique, mais la "pointe du chant" ! Le sentiment précède l’harmonie prosodique et intellectuelle ; il n’est pas seulement un effet de l’art, mais son origine.
    La différence majeure entre Maurras et, par exemple, André Breton (dont la prose "Grand Siècle", et fortement ordonnancée était, au demeurant, fort loin de respecter les préceptes d’automatisme et d’anarchie qu’elle énonçait) tient à ce que, pour Maurras, l’origine n’est jamais belle en soi, qu’elle ne brille de la platonicienne splendeur du vrai qu’au terme de son accomplissement dans la précision de l’intellect.
    L’écriture de Charles Maurras, plastique, surprenante, saisie d’incessantes variations de vitesse et d’humeur est bien loin d’avoir livré tous ses secrets.
    Cet auteur qui, jeune homme, fut mallarméen, pythagoricien et proudhonien porte dans son style une puissance libertaire sans cesse contrariée et renaissante.
    Sa fougue exigeait d’être jugulée pour mieux se dire.
    Quelque profond sentiment d’effroi n’est pas à exclure, dont ses premières œuvres gardent la trace, – contre lequel il éprouva le besoin d’armer son intelligence. Peut-être eût-t-il trop d’ardeur à contenir le vertige de l’étoile dansante du chaos dont parle Nietzsche ?
    Mais qui peut s’en faire juge ?

    Serviteur des Muses et de l’Idée, "chanteur et songeur" selon la formule de Pierre Boutang, Maurras poursuivit toute sa vie une méditation sur les limites de la raison et de la poésie.
    La limite idéale n’est pas une limite prescrite, imposée de l’extérieur mais une limite inscrite par le heurt et par la rencontre nuptiale de la poésie et de la raison.

    Maurras n’oppose point à l’infini romantique un plat réalisme mais une pensée de la forme nécessaire et salvatrice.
    Ainsi, la France sera pour lui une forme, au sens grec, une Idée :

    "N’être point un profane, entendre le mystère de conciliation que suppose une chose belle, sentir avec justesse le mot du vieux pacte conclu entre la savante fille du ciel et le tendre enfant de l’écume, enfin de rendre compte que ce parfait accord ait été proprement la Merveille du Monde et le point d’accomplissement du genre humain, c’est toute la sagesse qu’ont révélée successivement à leurs hôtes la Grèce dans l’Europe, l’Attique dans la Grèce, Athènes dans l’Attique, et, pour Athènes, le rocher où s’élève ce qui subsiste de son cœur."


    Le dessein poétique de Maurras, dont découle sa volonté politique, étant de "rétablir la belle notion du fini", la Merveille est ce qui précise et se précise.
    Le propre du poème sera d’être "ce rocher où s’élève ce qui subsiste" et qui rend perceptible et le ciel et l’écume.
    Dans la forme, qui consacre la finitude, la raison et la poésie s’accordent.
    Toute l’œuvre de Maurras consistera à décliner ces accords et à en sauvegarder les nuances et les gradations :
    "Il est bien de sentir qu’une belle colonne dorique, c’est le beau parfait. Il est meilleur de le sentir et de savoir la raison de son sentiment".

    (à suivre...)

     

    LFAR FLEURS.jpg

  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (8)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

    lfar espace.jpg

     

    Aujourd'hui : Une visite mouvementée des Daudet et des Bainville...

     

    Une visite mouvementée des Daudet et des Bainville

     

    Voici un extrait de Charles Maurras et son temps (Ernest Flammarion, 1930) dans lequel Léon Daudet restitue quelque chose de l'amitié qui réunissait les trois figures de proue de l'Action française : Bainville, Maurras et lui-même, Daudet.
    Une amitié intellectuelle, certes, fondée sur l'accord des esprits, mais aussi, on va le voir, une amitié qui ne se limitait pas à l'intellectuel.

    Cet extrait a le mérite de rendre un peu de la réalité vivante, de la chaleur de ce que fut l'entente de ces trois amis.
    Et, au-delà des habituels développements sur leurs qualités et leur intelligence propres, de nous les restituer dans ce qu'ils avaient d'humain, de bien vivants, en chair et en os, si l'on peut dire...

    "...En septembre 1925, nous avions décidé, nos amis Bainville, ma femme et moi, de nous rendre à l’invitation de Maurras à Martigues et de lui amener, comme il le désirait, Hervé Bainville, jeune homme de quatre années et son très jeune filleul François Daudet. Cette mémorable expédition commença mal : le train rapide faillit télescoper, près de Sens, un expresse qui le précédait, et, à partir de là, tel le bateau ivre, dériva de Sens à Saint-Germain-des-Fossés, à Montluçon, à Bourges, à Ganat, à Tarare, à Lyon et vers quelques autres villes encore; si bien qu’au lieu d’arriver à Marseille le matin à neuf heures, comme il se doit, nous n’y parvînmes, après mille détours et péripéties, qu’à onze heures du soir. Soit quatorze heures de retard, et pas de pain, ni de victuailles dans le wagon restaurant ! Ma femme eut une inspiration très heureuse :

    - Je suis sûre, nous dit-elle, que Maurras aura préparé à souper. Ne restons pas ici. Sautons, avec nos bagages, dans ces deux automobiles, et allons tout de suite à Martigues !

    Sitôt dit, sitôt fait. Après quarante kilomètres avalés dans la nuit chaude et blanche de poussière, nous débarquions, vers minuit, dans la célèbre demeure du chemin de Paradis. Maurras, balançant une grosse lanterne, nous conduisit aussitôt dans la salle à manger, au milieu des rires et des cris d’appétit des enfants bien réveillés.

    Une jeune dame de beaucoup d’esprit a défini ainsi Maurras : "Un maître de maison". Ce grand politique, ce poète admirable, ce redresseur de l’ordre français s’entend comme personne à régaler ses amis. Son hospitalité fastueuse avait combiné, ce soir-là, un festin de Pantagruel ou de Gamache, lequel commençait par une bouillabaisse classique, exhaussée de la "rouille" traditionnelle, qui met la soupe de soleil à la puissance 2 ; se continuait par des soles "bonne femme" et des loups grillés ; atteignait au grandiose et au sublime avec un plat d’une douzaine de perdreaux de Provence, demeurés tièdes et dorés, sur des "lèches" de pain, comme on ne les obtient que dans la vallée du Rhône – pardonne-moi, ô Bresse – et arrivés à la consistance du baba. Chaque enfant mangea son perdreau. Celui qui écrit ceci, comme disait Hugo, mangea deux perdreaux, pécaïre, toute une sole, le tiers de la bouillabaisse, et le reste à l’avenant, suivi de près par Jacques Bainville, romancier, journaliste, historien et financier des plus gourmands.

    Maurras ne cessait de nous encourager et de nous verser à boire, car j’aime autant vous dire tout de suite que sa cave est à la hauteur de sa table et qu’il est un des très rares amphitryons de France sachant vider, dans les grands verres, quelques bouteilles de vin du rhône. Il nous en ouvrit, cette nuit-là, de prodigieuses. La conversation roula sur la poésie, le langage et la Provence, dans une atmosphère à la Platon. Les enfants, gonflés de nourriture et de sommeil, étaient allés se coucher, bien entendu, et dormirent douze heures d’affilée.

    Le lendemain, Maurras nous emmenait tous faire quelque deux cents kilomètres en automobile dans cette région enchantée qui est entre les Alpes et la mer, où l’on ne peut faire dix pas sans rencontrer un grand souvenir, un vers de Mistral, ou une belle fille élancée, au teint mat et aux yeux noirs.
    Ainsi passaient et couraient les douces heures claires de l’amitié et de la fantaisie.
    Ne croyez pas ceux qui vous diront que les gens d’A.F. sont des censeurs ou docteurs moroses; ou qu’ils ont mauvais caractère. Depuis vingt-trois ans que je vois quotidiennement Maurras, je n’ai cessé de découvrir de nouvelles raisons de l’admirer et de l’aimer..."

     

    LFAR FLEURS.jpg

  • Notre feuilleton : Une visite chez Charles Maurras (65)

     

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

     

    lfar espace.jpg

     

    Aujourd'hui : Le discours de Michel Déon...

    1A.jpg

    Au cours de cette journée de remise des clés, Michel Déon, qui fut le dernier secrétaire personnel de Charles Maurras, prononça le court et superbe discours suivant :

    "Permettez-moi d'évoquer un souvenir qui a déjà près d'un demi-siècle.
    C'était à Tours, un matin affreusement grisâtre, sous un ciel si bas qu'il écrasait la ville.
    Toute la nuit, il avait neigé et le cortège qui accompagnait Charles Maurras à son dernier voyage pataugeait, transi, dans la boue.
    Le vieil et indomptable lutteur nous quittait, mais nous savions bien les uns et les autres qu'il n'était déjà plus avec nous.
    Certes, grande avait dû être sa tristesse de nous abandonner à nos tourments.
    Mais à la seconde où ses yeux se fermaient pour toujours, quelle joie avait dû s'emparer de son âme envolée à tire d'ailes vers la lumière de Martigues dont les servitudes de la vie l'avaient si souvent éloigné. Il n'était pas là dans ce triste cercueil, dans le froid et la neige, il était retourné à ses origines, à son étang de Berre qui, écrivait-il dans sa belle adresse aux félibres de Paris, le matin blanchit et le soir s'azure, qui de ses mille langues vertes lèche amoureusement le sable des calanques et ronge les rochers où l'on pêche le rouget*.
    La France avait été sa grande patrie aimée d'un amour si passionné qu'il s'autorisait à la rudoyer, la tancer de n'être pas toujours à la hauteur de ce qu'il attendait d'elle, mais la petite patrie, à laquelle il appartenait plus qu'à toute autre, n'avait connu de lui que les douceurs d'une pure piété filiale.
    Là, pour lui, s'arrêtaient les querelles des hommes.
    L'allée conduisant à sa bastide ne s'appelle-t-elle pas Le Chemin de Paradis, titre de son premier livre ? Cette minute où l'âme est enfin délivrée de ses colères et de ses joies terrestres, il ne l'avait jamais mieux exprimée que dans un poème écrit en prison**, publié sous le pseudonyme de Léon Rameau, ce rameau d'olivier tendu en signe de paix :



    Lorsque, enfin déliés d'une chair qui les voile
    Les bons, les bienfaisants bienheureux, les élus
    Auront joint le nocher sur la mer des étoiles,
    Le sourire du Dieu ne leur manquera plus.

    Mais sur les pauvres os confiés à la terre
    L'épaisseur de la nuit, le poids du monument,
    La sèche nudité de l'adieu lapidaire
    Font-ils la solitude et l'épouvantement ?



    Une œuvre, une action, un chant ne s'éteignent pas avec leur créateur quand ils ont ce serein espoir. Ils éclairent les générations à venir. Encore faut-il que ce qui n'a pas été gravé dans le marbre soit conservé. Dans ses dernières lettres de prison, Charles Maurras n'avait cessé de se préoccuper du sort de ses livres, des documents et des lettres qui avaient accompagné sa vie intellectuelle, sa quête de la vérité tout au long de l'histoire de France en ce terrible XXème siècle, le plus sanglant de l'histoire du monde.
    Il y avait là un trésor à classer, déchiffrer, commenter. La justice des hommes, si faillible, peut croire qu'une condamnation sans appel rayera de notre patrimoine une pensée fût-elle controversée ou exaltée.
    Vaine prétention !
    La pensée est comme l'arbre de vie : elle a ses racines dans la terre et tend ses branches vers le ciel.
    Dans l'histoire des civilisations, elle est le maillon d'une chaîne qui ne s'interrompra qu'avec la fin de l'humanité.
    Le temps voile ses erreurs passionnelles pour n'en conserver que l'essence.
    En sauvant les murs de la maison de Charles Maurras, en l'ouvrant à des chercheurs venus de tous les horizons politiques et humains, la Municipalité de Martigues exauce les vœux derniers d'un homme sur qui l'on voudrait faire croire que tout a été dit alors que tout reste à découvrir et à méditer.
    Succédant à Charles Maurras au seizième fauteuil de notre Académie française, cette Académie que Maurras appelait avec respect « sa mère », le duc de Lévis-Mirepoix terminait l'éloge de son prédécesseur par ces mots :


    "Comme Socrate, il a encouru la colère de la Cité..."


    Oui, mais pas la colère de sa Cité de Martigues.
    Soyez-en remercié, vous qui au nom de la liberté de penser, au nom de la poésie, avez su vous élever au-dessus des querelles de notre temps et reconnaître en cet homme debout un des grands philosophes politiques de notre temps, et un grand, un très grand poète."

    * Les trente beautés de Martigues
    ** Ainsi soit-il !

     

    LFAR FLEURS.jpg

  • Documents pour servir à illustrer une histoire de l'URP (65) : Dans L'Almanach d'Action française pour 1929, présentatio

     

    (retrouvez notre sélection de "Documents..." dans notre Catégorie "Documents pour servir à une histoire de l'URP"...)

    1AZZZ.jpg

    (De la page 497 à la page 501)

    -------------------

     

    DIXIEME ZONE


    LE MIDI


    I. LE GARD


    FÉDÉRATION DES SECTIONS D'A.F. DU GARD
    Président : M. Louis SENTUPERY, 6, me de la Maison-Carrée, NÎMES.

    LOUIS SENTUPERY (ici, une photo absolument impassable, le représentant, occupe la moitié gauche de la liste des noms)

    NÎMES.— Président : M. Henri de REGIS. Permanence : 15, rue Régal.
    ALÈS.— Président : M. Jean
    LAUNE. - Permanence : 66, rue Fabrerie.
    UZÈS.— Président: M. PICHON, 41, rue d'Alès.
    CHUSCLAN. — Président : M. Clément FAYE.
    AUBAIS.—Correspondant : M. Fernand JEAN.
    BEAUCAIRE.—Président : M. Pierre BOUILLARD, avenue de la
    Plaine.
     GÉNÉRAC. — Président : M. Hervé TRONC.
    LAGRAND'COMBE. — M. Y. MOULIERE. Permanence : rue Mas Chazelle, Maison Lacombe.
    LE VIGAN. —Président : M.J. RAYNAUD, rue s/s le Quai.
    REDESSAN. — Président : M. VIDALENCE.
    SAINT-AMBROIX. — Président : M. Maurice FAURE.
    SAINT-HIPPOLYTE DU FORT.—Président: M. Jean BRUGNEROLLES.
    AVÈZE. — Correspondant: M. Edmond CAUSS.
    SOMMIÈRES. — Président : M. A. CARRIERE-CAVORET. Permanence : Calé de l'Univers.
    BEZ.— Correspondant : M, Emile BRUN.
    SUMÈNE. — Président : M. Pierre SALLE, au Plan, Par Sumène

    ---------------

    498 ALMANAÇH D'ACTION FRANÇAISE


    II. L'HÉRAULT


    FÉDÉRATION DES SECTIONS D'A.F. DE L'HÉRAULT


    Président : Commandant de PORTALON,
    1, rue Sainte-Aphrodise, BÉZIERS


    MONTPELLIER. — Président : M. Rémy de CAMPEAU. Permanence:
    rue des Augustins.
    ASPIRAN. — Président : M. Louis BARRAL, à Aspiran, Jeu de
    Ballon.

    BÉZIERS. — Président : Commandant de PORTALON. Permanence :
    8. rue Montmorency.
    CETTE.— Président : J. GAUTIER, négociant, 19 rue Pascal.
    CLERMONT-L'HÉRAULT. — Président : M. L. LACOMBE,15, avenue du
    Maréchal-Foch.
    COURMONTERRAL. — Président : M. Jean CELLIER.
    ÇOURNONSEÇ. — Président : M. LAVINAUD.
    FABRÈGUES. — Président ; M. Jean CASTEL. Permanence : rue du
    Presbytère.
    GANGES. — Président : M. POURTAL, Maison Goullyon.
    LUNEL.— Président : M. Paul de LAJUDIE, Mas de Besson.
    MAUGUIO. — Président : M. Marcel-Pierre BERTRAND.
    MONTAGNAG. — Président : M. Louis GELLY.
    MONTPEYROUX. —Président : M. Emile REVEL, propriétaire,
    MAUREILHAN.—Président : M. Marius GAUCH;
    PICNAN. — Président : M. Pierre GROLLIER, secrétaire de mairie.
    NURVIEL-LES-BEZIERS.—Président : M. Joseph GUY, agriculteur.
    MONTAUD. — Président : M. Gustave COMBETTES.
    PÉZENAS. — Président : M. Henri l'EPINE, château du Parc, par
    Pézenas. 
    POUSSAN. — Président : M. Paul HERAN, propriétaire.
    QUARANTE. — Président : M. Louis PAULET.
    SAINT-ÀNDRÉ DE SANGONIS. - Président : M. Henri SERIN.
    SAINT MARTIN DE LONDRES. — Correspondant : Bernard de BERNIS,
    Notre-Dame de Londres.
    VACQUIÈRES. —Président : M. Jean CAVALIER, propriétaire.
    CLARET. — Président : M. Albert CARRIERE, propriétaire,
    SATURARGUES. — Président : M. Eugène ARNAUD.
    SERVIAN. —Président : M. Emile BLANC.
    VIAS. :—Président : M. Charles BOUNIOL. Permanence : Maison
    Nicolas, rue Saint-Jean, ,
    VlLLEVEYRAC. — M. Louis Prunac.
    VENDARGUES. — Président : M. P. SABATIER, agriculteur.
    BOUZIGUES. — Président, M. Armand ÇOSTE, rue Sainte.
    POMEROLS. — Vice-président :  M. Aristide Pomarède, viticulteur.
    GICEAN, — André DELOUR, propriétaire

    --------------------

    DIXIÈME ZONE 499


    III. PROVENCE, COMTÀT, NICE, CORSE


    (Bouches-du-Rhône, Var, Vaucluse, Drôme, Basses-Alpes, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Corse)


    FÉDÉRATION PROVENÇALE.—Président : le Commandant DROMARD,
    2, boulevard Rabateau, à MARSEILLE

    LOUIS DROMARD (ici, une photo absolument impassable, le représentant, occupe la moitié gauche de la liste des noms, jusqu'à Graveson)

    MARSEILLE. - Président ; Commandant Dromard. Permanence : 60, rue Grignan.
    ARLES. - Président : Me DOUTRELEAU, avocat, rue des Arènes. 
    BOULBON. - Président, M. BORRELLY, négociant.                             CHATEAURENARD. — Président : M. Jacques de BRION.
    ROGNONAS. — Président: M. Régis
    d'OLEON, maire de Rognonas.
    AIX. - Président : M. Paul ÀLLARD-THEUS, avocat. Permanence : 10,rue Mazarine.
    BARBENTANE. - Président : M. Jean-Baptiste RAOULX, expéditeur.
    GRAVESON. - Président : M. François MILLET, au Mas de
    Julien par Graveson.
    PORT SAINT-LOUIS DU RHÔNE. — President : M. Gaston BERTHELOT,
    ingénieur-industriel, directeur des Usines de Produits chimiques
    de Gerland.
    SAINT-REMY DEPROVENCE. — Président : le marquis de LAGOY,
    château de Lagoy par Saint-Remy.
    MARTIGUES. — Président : M. Félix SALOMON, négociant en huiles.
    MAILLANE. •—Président : le Colonel des PORTES de la Eosse, à
    Notre-Dame.


    VAR


    TOULON. — Président : M. Albert RIÇHARD. Permanence : 3, place
    de la Liberté.
    BRIGNOLES. — Président : le Colonel des PORTES de îa FOSSE, à
    Bessé-sur-Jsole.
    DRAGUIGNAN. — Baron de LAVAl, château de Sainte-Roseline, par Les Arcs.                                                                                                       HYÈRES. — M. G. GAILLARD, avenue Gambetta. Permanence : Çafé
    du Siècle, avenue de Belgique.

    --------------------

    500  ALMANACH, D'ACTIONFRANÇAISE

    (la page débute par un croquis sommaire, comme pour toutes les zones, un peu "fouillis", et absolument impassable)


    VAUCLUSE


    AVIGNON. — Président : M. Joseph AMIC, avocat. Permanence :
    5, rue du Collège-de-Roure.
    CARPENTRAS. — Président : M. CARTOUX, chapeaux, villa des
    Tilleuls.
    CAVAILLON. — Commandant FRAISSE, directeur de la Maison
    Fraisse, confiserie. Permanence : Café de l'Univers(1er étage), Cours
    Gambetta.
    MONTEUX. — Président : M. ARNAUD fils, menuiserie-ébénisterie.
    ORANGE. — Président : M. Léon MAZADE Hôtel Terminus, avenue
    de la Gare. Permanence : chez M. Léon Mazade, Hôtel Terminus.
    APT.— Président : M. Maurice RAMBAUD, rue Jardin-de-l'Evêché.
    AUBIGNAN. _ M. Félix COLOMBET, cultivateur à La Serre par
    Aubignan.


    DROME


     Président départemental : le comte de CHIVRE,
    LA PLAINE, par SAILLANS.
    VALENCE. — Permanence : chez M. ROUX, 46, rue Pêcherie.
    ROMANS. — Correspondant : M. André VENIN, 36, rue Jacquemart.
    NYONS. — Correspondant : M. RIVAROL, à la Maladrerie.
    MONTÉLIMAR. — Correspondant : M. CHARETON, 25, boulevard
    Desmarais

    --------------------

     

    DIXIÈME ZONE 501


    BASSES-ALPES et HAUTES-ALPES


    Secrétaire pour les deux départements : le comte Jean de SAPORTA,
    château du Rousset, par GRÉOUX-LES-BAINS (Basses-Alpes)


    DIGNE.— M. Pierre SANSENACQ,. 6, place du Marché.
    MANOSQUE. — M. Pierre AUBERT, pharmacien, Grande-Rue.
    PEYRUIS. — M. Auguste TEYREL-GAUBERT.
    BANON. — Le docteur Henri D1VOL. 
    CHATEAU-ARNOUX. — M. CHASTEL, ingénieur à Saint-Auban.
    EMBRUN. — M. CLER, scierie du Martinet.


    ALPES-MARITIMES


    NICE.—Président : M. de la BORDE-CAUMONT. Permanence : 49,
    rue Gioffredo.
    CANNES. — Président : M. Henry BAUDRAN. Permanence : 42,rue
    d'Antibes.
    MENTON. — M. Daniel LONG, 9, rue de la République.
    ANÏIBES.— M. Michel GAUTHIER, chalet Pampille, la Bastide du-Roi.


    CORSE


    Présidant départemental : le docteur J. da PASSANO
    25, Cours Napoléon, AJACCI0

     
  • Argent-Roi : Quand Napoléon parle comme Maurras...

    Il est toujours intéressant et instructif de rapprocher des textes apparemment éloignés : les étudiants en Lettres connaissent cela sous le nom de "littérature comparée".

    Un lecteur ami m'a envoyé ce visuel de Napoléon 1er parlant de "l'argent" : cela m'a tout de suite rappelé un article que j'avais écrit ici-même, en 2009 (très exactement le 21 août, c'est-à-dire presque deux ans et demi après que j'aie fondé lafautearousseau...).

    Je vous livre l'un et l'autre, sans commentaire et sans y rien changer : pour une fois que Maurras et Napoléon se rencontrent, le mieux est de s'effacer et de le  laisser en tête à tête, non ?

    (article du 21 août 2009)

    Argent, qui t'a fait roi ?

    On peut employer les mots que l’on voudra, et les formules les plus diverses. On peut parler, comme Boutang, de « Reprendre » l’Etat ; ou de le « séquestrer », comme le disait Renan (on va voir ci-après de quoi il s’agit….) ; ou encore de le « libérer », comme le disait Maurras.

    Mais peu importent les mots : quelles que soient les formules que l’on choisit, l’important est bien, au bout du compte, de remettre l’Argent à sa place, et de bien comprendre comment et pourquoi, à quelle occasion historique, il a pu ainsi s’affranchir de toute contrainte, jusqu’à remplir tout l’espace et acquérir une puissance inédite chez nous : c’est en abattant la Royauté que ceux qui ont fait la révolution, et dont certains étaient peut-être sincères, ont en réalité ouvert la route à l’Argent, le pouvoir royal traditionnel, qui le maintenait à sa place, ayant disparu.

    Tels des apprentis sorciers -et même si, bien sûr, on pourra toujours dire: Mais ils n'ont pas voulu cela !...- ils ont déclenché des forces immenses que leurs nuées abstraites ont été bien incapables de maîtriser, et devant lesquelles elles ont pesé d'un bien faible poids. 

    Ils raisonnaient dans l'une des sociétés les plus raffinées, les plus policées, les plus civilisées dont l'Histoire gardera la mémoire, et que l'on peut, à bien des égards, appeler un Âge d'Or. Mais ils ont obtenu le résultat inverse de celui qu'ils espéraient, et ils n'ont fait qu'initier le processus qui, implacablement et inexorablement, une fois qu'il s'est mis en route, a abouti au désastre actuel de notre Âge de Fer, barbare et asservi aux forces matérielles, où seul l'Argent est roi; où l'Argent est le seul roi....

    Voici un texte lumineux de Charles Maurras, paru dans L’Action Française du 1er Août 1921 (mais on peut aussi, dans l'Ephéméride du 20 avril -jour de la naissance de Maurras- trouver un rapide résumé de l'Avenir de l'intelligence). Il est bon de le relire : nous parlerons donc bientôt – et très longuement, car il s’agit de quelque chose de fondamental… - de ce Maurras fulgurant de L’Avenir de l’Intelligence, qui avait – dès le début du siècle dernier - parfaitement  compris et analysé la société dans laquelle nous allions vivre ; et dans laquelle, pour le coup, nous vivons maintenant : une société dans laquelle les puissances de l’Argent, après avoir éliminé le pouvoir politique traditionnel et fort incarné par la royauté, éliminerait toute autre forme de pouvoir, notamment celui des intellectuels et de la pensée, et finirait par rester seul maître d’une société à laquelle le nom d’ « âge de fer » conviendrait parfaitement. 

    Nous y sommes, hélas….  Mais nous verrons aussi que Maurras commençait les dernieres pages de l’Avenir de l’Intelligence par « A moins que… »…

    « L’Argent, en tant qu’argent, celui qui remplit sa fonction, honnête ou neutre, de simple Argent, ne m’inspire aucun sentiment d’hostilité, non plus que d’amitié ni d’envie. Je le voudrais bien à sa place. Je sais que, en démocratie, forcément, il monte trop haut (1). Le vertige démocratique le condamne à l’usurpation, parce qu’il ne peut trouver de contrepoids en démocratie. Cela est réglé, cela est vécu.

    Ne croyez pas que les argentiers eux-mêmes aient lieu de s’en réjouir ! Ce qu’ils achètent indûment s’avilit et les avilit, voilà tout. Ils y perdent deux choses : ce qu’ils y croient gagner et eux-mêmes.

    Pour savoir quels étaient les rapports de l’Argent et de l’Etat quand notre organisation naturelle et historique fonctionnait, lisons cette page de Bonald :

    « Assurément, on ne pouvait se plaindre en France que de l’excessive facilité de l’anoblissement et, tandis qu’un meunier hollandais, ou un aubergiste suisse sans activité, comme sans désir, bornés à servir l’homme pour de l’argent, ne voyaient dans l’avenir, pour eux et leur postérité, que le moulin et l’enseigne de leurs aïeux, un négociant français, riche de deux cents mile écus, entrait au service de l’État, achetait une charge et une terre, plaçait son fils dans la robe et un autre dans l’épée, voyait déjà en perspective la place de président à mortier et celle de maréchal de France, et fondait une famille politique qui prenait l’esprit de l’ordre à la première génération, et les manières à la seconde. C’est, dit Montesquieu, une politique très sage en France, que les négociants n’y soient pas nobles, mais qu’ils puissent le devenir ». (2)

    On voit à quoi servait l’Argent dans cette économie ; il servait à servir. Il servait à entrer dans les services de l’État, services où il était discipliné et traité suivant ses œuvres nouvelles. L’Argent devenait chose morale et sociale, il se chargeait de responsabilités définies qui l’introduisaient et le maintenaient sur un plan différent du sien. C’est que l’État était alors constitué en dehors et au dessus de l’Argent. L’État pouvait donner splendeurs, honneurs, influences, vastes espoirs dans toutes les directions de l’élévation politique et morale. En même temps, il imposait son esprit. Il gardait le gouvernement. C’est que, le Chef de l’État n’étant pas élu, la corruption essentielle n’était pas possible (3) : il n’était ni or ni argent qui pût faire de la souveraineté politique un objet de vente et d’achat.

    Le souverain héréditaire n’était pas engendré par l’argent comme peut l’être un souverain élu : il pouvait donc offrir un patronage sûr aux forces que l’Argent tentait d’opprimer. Par ce mécanisme qui, selon le mot de Renan, « séquestrait » le pouvoir suprême, au-dessus des brigues et des trocs, un certain ordre d’injustice criante et de basse immoralité se voyait interdire la vie sociale. Depuis que le séquestre royal est supprimé, et que tout est livré au choix précaire et vacillant des volontés humaines, leur fragilité, leur faiblesse leur assignent l’Argent pour maître absolu : nul obstacle ne retient plus l’État français de rouler sur la pente où l’empire est mis à l’encan."

    Ceux qui s'obstinent à ne voir en Maurras qu'un penseur conservateur trouveront tout au contraire dans ce texte une analyse qui conteste le fondement même de la société subvertie dans laquelle nous vivons, c'est-à-dire la toute puissance de l'Argent.

    Il faut en conclure que le printemps de l'Action Française a duré plus longtemps que ne le dit Paugham. Boutang l'a bien montré : Maurras est un grand contestataire, et il ne serait pas sérieux de prétendre aujourd'hui faire l'économie de son analyse.

    Tout simplement parce que nous sommes en plein dans la réalité de cet Âge de fer dont il avait prévu la survenue.   

    François Davin

  • GRANDS TEXTES (35) : La Monarchie fédérale, par Charles Maurras

    COLONNE GRECQUE 1.jpg"Quoi de plus moderne qu'une colonne grecque ?" répondait Ionesco, sous forme de boutade - mais boutade sérieuse et profonde... - aux tenants d'un art abscons, qui s'enivraient des mots "nouveau", "contemporain", "moderne" etc...

    En le paraphrasant, et en appliquant la paraphrase à la chose politique, ne pourrait-on dire : quoi de plus moderne que ces textes de Maurras, qu'il s'agisse de livres écrits il y a cent ans, au tout début du XXème siècle, comme L'Avenir de l'Intelligence, Kiel et Tanger ou, comme ici, d'un texte beaucoup plus court : La monarchie fédérale ?

    Quoi de plus moderne, mais aussi et surtout, quoi de plus révolutionnaire ? Alors que les tenants du Système sont devenus, de fait, les conservateurs du des-ordre établi de  ce Système, de cette république idéologique qui s'écroule aujourd'hui, après avoir fait faillite en tous domaines, nous sommes, nous les critiques de ce Système, les vrais révolutionnaires de ce des-ordre à l'échec retentissant. "Révolutionnaires" étant pris, bien sûr, non dans son sens idéologique - celui que se sont attribué ceux qui ont voulu 1789 - mais dans son sens naturel et premier : nous voulons retourner les choses, les remettre à l'endroit, pour, expliquait Boutang, retrouver "l'ordre légitime et profond"...

    Ainsi, dans la société induite par la révolution de 1789 et par la République de 1875, qui en est l'héritière, et qui était appelée "société bloquée" dès les années 1970 par Jacques Chaban-Delmas, il est bien révolutionnaire de parler de républiques au niveau municipal, de fédéralisme au niveau provincial (certains préfereront le technocratique "régional"...) et de royalisme à la tête de l'Etat : un Etat a-démocratique, "séquestré", disait Renan, "libéré" disait Maurras - là où Boutang parlait de "Reprendre le Pouvoir" - afin que les forces de l'Argent ne prévalent point contre lui et ne s'en emparent, ce qui est bien le cas aujourd'hui...

    Frédéric Amouretti est bien inconnu aujourd'hui : pourtant, Maurras était en pleine amitié et communion d'esprit et de pensée avec lui sur le régionalisme et le fédéralisme, comme lorsqu'il écrivait : "...En adoptant le plan de Sieyès, et en découpant la France comme matière inerte en départements tracés arbitrairement sur la carte, la Convention a anéanti ces admirables cadres historiques où les hommes, unis par l’identité des souvenirs, de la langue, des mœurs, des intérêts pouvaient bien s’entendre pour s’occuper de tout ce qui les touchait de près...".

    Pour Amouretti, au contraire, et pour les "fédéralistes", il faut respecter la liberté des communes reliées entre elles selon "sis enclin istouri, ecounoumi, naturau...", ce qui passe par la suppression des départements au profit des anciennes provinces avec à leur tête "uno assemblado soubeirano, à Bourdèus, Toulouso, à Mount-Pelié, à Marsiho o à-z-Ais". Ces assemblées devant jouir d'une autonomie complète en ce qui concerne l'administration, la justice, l'enseignement, les travaux publics…

    L'engagement régionaliste d'Amouretti se concrétisa davantage avec la Déclaration des Félibres Fédéralistes du 22 février 1892, co-rédigée avec le jeune Charles Maurras, Amouretti pouvant être considéré, à bon droit, comme "lou paire e lou redatour de la declaracioun", les deux amis se lançant donc face à l’ennemi républicain et jacobin. Face aux multiples reproches de séparatisme ou d’anarchisme, Amouretti répondait :

    "...Quelle erreur ! C’est l’unitarisme au contraire qui mène la France au séparatisme. La fusion, c'est-à-dire l’anéantissement des nationalités particulières où vivent et se distinguent les citoyens en une nationalité abstraite que l’on ne respire ni ne connaît plus, voilà l’unité. Le fédéralisme au contraire, respectant les diversités ethniques et favorisant le libre développement de chaque région, est le plus grand ennemi du séparatisme en le rendant inutile...". 

    Amouretti avait compris que seule la voie monarchique et la présence d'un Roi au sommet de l'Etat pourrait permettre cette fédération : "...Il faut rétablir les provinces, leur rendre la gestion des intérêts provinciaux, surtout en matière de travaux publics, et rétablir les assemblées provinciales avec une compétence assez étendue pour qu’elles aient des sessions fréquentes, longues, fécondes, de nature à attirer l’attention, le respect, la vue..."

    Nous renvoyons le lecteur à l'excellent Cahier de l'Herne sur Charles Maurras (voir aussi ici) dans lequel se trouve la non moins excellente communication de Frédéric Rouvillois, Maurras fédéraliste (pages 232 à 243). Le "Cahier" donne aussi, juste après, la très courte Lettre au curé de Martigues (écrite "vers 1950", soit deux ans avant sa mort...) dans laquelle Maurras dit ceci : "...Nos opinions politiques peuvent ne pas coïncider, mais, outre qu'elles sont inspirées toutes par le même désir du bien d e la France, nous nous rejoignons dans le même sentiment de patriotisme municipal : vous devez connaître assez mes idées pour savoir que, royaliste à Paris et pour les affaires nationales, je suis républicain à Martigues pour les affaires municipales et en Provence pour les affaires de la province; les Républiques sous le Roi ont toujours été ma devise. Voilà un terrain d'accord ! En tout cas, il reste toujours l'amitié que l'on peut avoir entre dignes concitoyens..."

     La monarchie Fédérale

     

    Le Bulletin de l'une des trois paroisses de ma petite ville m'est arrivé avec un poème provençal en l'honneur de saint Éloi, suivi d'un cantique à la gloire du même saint, en provençal toujours, suivi lui-même d'un sermon prononcé par le curé pour le jour de la Trinité, en provençal encore. À la fin du numéro, autre cantique en provençal. Le titre du Bulletin est seul en français d'oui ; encore porte-t-il une épigraphe de Mistral. Huit vers du grand poète servent aussi de devise et d'invocation aux Quatre Dauphins, la revue aixoise, qui est bilingue. Les jeunes gens de 1890 fondaient des revues cosmopolites ; elles s'appelaient, par exemple, Le Saint Graal. Ils entendaient exclure de leurs soucis et de leurs amitiés tout ce qui ne leur venait pas de Bayreuth; en 1912, au même âge, dans le même monde et la même classe, on a le cœur rempli du murmure des cloches, et des fontaines du pays natal, le tremblement de la mer natale, et nos jeunes Aixois prennent plaisir à émouvoir l'élite de Paris et des provinces en faveur des Saintes-Maries de la Mer menacées par le flot et qu'il faut endiguer à tout prix.

    Le succès est-il acquis à ces grandes causes ? Ni la langue provençale, ni l'église des Saintes ne sont encore à l'abri des dévastations; le culte du sol sacré n'est pas encore inscrit d'office dans la vie publique et privée. Mais le mouvement est lancé ; d'année en année, il avance, il fait partie de la renaissance de la Patrie. À l'esprit public indifférent ou hostile succède peu à peu une aspiration favorable assez puissante pour s'exprimer et se définir.

    Il n'est rien de meilleur. En travaillant à la reconstruction de la ville ou de la province, on travaille à reconstituer la nation. Le provençal ne fait aucun obstacle à l'épuration et à l'illustration de la langue française, et bien au contraire il y aide. Le patriotisme français nourri et rafraîchi à ses vives sources locales est peut-être un peu plus compliqué à concevoir et à régler que le patriotisme unificateur, simpliste, administratif et abstrait de la tradition révolutionnaire et napoléonienne. Mais comme il est plus fort ! Et surtout, comme il est plus sûr ! À la place d'un simple total de milliers de fiches contenues dans un carton vert, voici la plante naturelle qui boit la sève de son sol.

     

    FRANCE PROVINCES.jpg

    Quelle France voulons-nous ? Une France héritée de l'Histoire, bâtie patiemment autour de solidarités et d'affinités naturelles, même lorsqu'elles sont fort dégradées par le Système, après 140 ans de république idéologique... 

     

     

    Aussi bien, si les amis de la patrie peuvent quelquefois s'égarer jusqu'à se prononcer contre les provinces pour un régime d'uniformité, les ennemis du patriotisme ne commettent pas la faute inverse. Leur haine est lucide ; elle unit dans la même insulte le drapeau de Wagram et les fanions de nos comtés, duchés, marches et bonnes villes ! Du temps où le vent qui souffle n'avait pas rallié Marc Sangnier à ce « patriotisme territorial » qu'il critiquait avec une si sincère âpreté, il avait bien soin de stipuler que ses sections du Sillon de Bretagne devaient s'appeler « le Sillon en Bretagne », nullement le Sillon breton, son association cosmopolite et anti-physique devant se retrouver la même partout. Les libéraux logiques et les anarchistes sincères, les économistes qui disent la planète est un atelier, comme Léon Say, les collectivistes à la Hervé qui lui font un si juste écho, sont tout à fait d'accord pour répudier la diversité des régions au même titre que la diversité des nations.

    Tout ce qu'on dit contre la province vaut contre la nation. Tout ce qu'on dit contre la nation est utilisé contre la province. M. Sixte Quenin, aujourd'hui député socialiste unifié de l'arrondissement d'Arles, se prononçait, dès sa jeunesse militante, contre la délicieuse « chapelle » et le gracieux hennin des filles d'Arles ; ces belles choses lui paraissant coupables de n'être pas à l'alignement de Paris. D'ailleurs, disait M. Quenin, « on n'y peut rien, cela s'en va ». Les dialectes, les coutumes, les goûts locaux s'en allaient, il n'en fallait pas davantage à la fin du XIXème siècle ; l'on noyait ce qui ne demandait qu'à se sauver à la nage. On se gardait d'examiner pour chaque victime condamnée ses titres à la vie. On alléguait, en bloc, la formation prochaine d'États-Unis d'Europe, la fatale tendance du monde à s'unifier, l'inévitable disparition des nationalités consécutive à l'effacement des anciens petits États devenus simples préfectures ou sous-préfectures de pays plus grands.

     

    FRANCE 80 DEPARTEMENTS CARRES.jpg

    ... ou bien une France "hors sol", abstraite, issue du désir fou de refuser les Racines historiques, sentimentales, culturelles.. : c'est Jacques-Guillaume Thouret (1746-1794), plusieurs fois président de l'Assemblée - avant de perdre sa tête pendant
    la Terreur - qui proposa, en 1790, une dissolution du vieux découpage des provinces
    (ce qui sera fait) par un système de grille (ce qui ne sera pas fait !)...

    Pour la Révolution, il s'agit "du passé de faire table rase", afin de créer un citoyen nouveau, pour un monde nouveau, dans un esprit nouveau.
    Ce citoyen doit être "libéré" de tous ses héritages spirituels, religieux, politiques etc...
    Et, en ce qui concerne l'administration de ce nouveau monde, le citoyen nouveau doit être libéré"des héritages historiques que véhiculent les Provinces.
    Déconnectée du réel, la pensée va si loin dans son abstraction que, dans un premier temps, "on" imagine, tout simplement, 80 départements carrés !
    Un peu de bon sens dans le délire hystérique ramènera les choses à nos actuels départements... qui portent toujours la tare de leur origine et de leur raison d'être : avoir été voulus pour tourner le dos à notre Histoire, à notre Être profond venu du fond des âges...

     

     

     

    Les instituteurs primaires du XXème siècle commencent à ne plus vouloir d'un verbiage dont s'est nourri plus d'un lettré du XIXème. On s'est rendu un compte parfait de la frivolité de certaines oppositions, de la fragilité de certaines déductions. Il n'y a pas antinomie, mais affinité entre l'unité française et les diversités régionales qui la composent. L'Europe moderne n'assiste pas à un mouvement d'unification fatale, elle subit deux efforts en sens divers, mais non contraires, et l'effort unitaire n'est pas le plus puissant ; les peuples heureux, les politiques adroits sont d'ailleurs ceux qui savent combiner ces diversités au lieu de les entrechoquer. Enfin, loin de se fusionner et de se fédérer, les grandes nations modernes vivent dans un état croissant d'antagonisme qui suffirait à montrer que l'avenir européen et planétaire appartient à l'idée de la défense des nations, nullement à la concorde cosmopolite. Pour faire face à cet avenir, la France contemporaine n'aura point trop de toutes ses forces, de leur organisation la plus pratique et la plus vigoureuse !

    C'est pour la bien organiser que nous voulons aller au Roi ; mais c'est pour ne rien gaspiller, pour tout utiliser dans le meilleur état possible que nous conseillons l'autonomie des pouvoirs locaux et professionnels. Les républicains autonomistes et fédéralistes, qui s'étaient cachés longtemps, ne se dérobent plus. Ils ne nous disent pas comment leur régime, où la centralisation est fatale, réalisera ce qu'ils veulent ; mais enfin ils le veulent, d'une volonté plus profonde qu'on ne le croit dans le pays. Le mouvement du Narbonnais en 1907, la crise de Champagne en 1911 ont fait apparaître des passions et des intérêts dont on ne se doutait guère. Le pays s'intéresse à de simples problèmes de division administrative. Ces jours-ci, lorsque le parlement a essayé de grouper les départements en des circonscriptions électorales plus vastes, mais sans égard à la nature et à l'histoire, les protestations se sont élevées des « anciennes provinces » restées plus fermes qu'il n'eût semblé dans le sentiment et dans le souvenir de leur unité.

    À Perpignan, une municipalité radicale-socialiste a protesté contre toute idée d'adjonction à l'Ariège et c'est à l'Aude, à une région méditerranéenne comme la leur, que les élus de la Catalogne française veulent être rejoints. Déjà, à Paris même, les députés de la Normandie avaient « sans acception de parti » (ce qui est beau) protesté contre « l'expulsion de l'Orne de la famille normande » et réclamé la division rationnelle et traditionnelle en Haute et Basse-Normandie. En Lorraine, on s'élève contre la tentative de dissociation dont la province est menacée ; les Vosges étaient juxtaposées au département champenois de la Haute-Marne et séparées du groupe formé par la Meurthe-et-Moselle et la Meuse ! Mais autant que ces résistances, les gauches initiatives du pouvoir central établissent que le réveil est assez fort pour poser la question et préoccuper le gouvernement.

     

    FRANCE departements.JPG

    "...En adoptant le plan de Sieyès, et en découpant la France comme matière inerte en départements tracés arbitrairement sur la carte, la Convention a anéanti ces admirables cadres historiques où les hommes, unis par l’identité des souvenirs, de la langue, des mœurs, des intérêts pouvaient bien s’entendre pour s’occuper de tout ce qui les touchait de près...".

     

     

     

    Un historien de ce mouvement, M. Charles Brun, dans son livre du Régionalisme que l'Académie a couronné, reconnaît quelle influence exerça la Déclaration de 1892. Les signataires qui survivent ne peuvent qu'être sensibles à la justice qui leur est rendue. Mais il y aurait une injustice considérable à s'en armer pour contester, au nom du Midi, l'originalité du mouvement lorrain. Il est parfaitement inexact de prétendre que l'initiative de Maurice Barrès ait dû quoi que ce soit à nos Provençaux. Que la flamme et la science d'Amouretti, son génie, sa passion aient été admirés de Maurice Barrès, cela est certain. Mais peut-on croire que nous n'ayons rien dû à Barrès, Amouretti et les amis d'Amouretti ?

    Il était naturel, qu'une fois lancés, les deux mouvements dussent se pénétrer et se soutenir l'un par l'autre. Ils se sont entraidés. L'origine de chacun d'eux reste indépendante. Amouretti ne connut Barrès que longtemps après moi. À la première visite que je fis à Barrès en 1888, l'auteur de Sous l'œil des Barbares me parla des bonnes feuilles d'Un homme libre qu'il était en train de revoir, et du chapitre consacré à ses racines lorraines, premier germe de cette « Vallée de la Moselle » qui devait faire l'ornement des Déracinés.

    Nous venions de Mistral et de ne nos braves comtes ; il dérivait de Gellée, de Callot et de ses bons ducs, comme, en Bretagne, Le Goffic s'inspirait de la duchesse Anne, des celtisants et de Renan. Je ne vois aucun avantage à diminuer par la chronique des suggestions mutuelles la spontanéité profonde et convergente d'un élan général de fédération qui vaut par la mise en ordre et la synthèse utile, mais qui vaut aussi comme expression directe de la nature et de l'histoire du pays. Il est insupportable d'en voir suspecter l'origine, la vérité et la franchise. Le retour aux provinces est venu des provinces, le réveil de la conscience nationale est venu de la conscience de la nation.

    Ces deux points de vue sont inséparables. Comme le dit un grand vers de Mistral : « il est bon d'être le nombre, il est beau de s'appeler les enfants de la France. » Ceux qui l'oublieraient auraient tort à leur point de vue même ; ils auraient tort pour leur province et pour leur cité. L'Unité française a pu gêner parfois ; elle aura surtout protégé. Sans elle, on aurait succombé d'abord aux querelles intestines, puis aux jalousies du dehors. Ce qui fut fait pour l'unité française a fini par servir toutes les parties de la France. Je n'oublie pas les coups de canif pratiqués par le pouvoir royal dans la lettre des Pactes et des Traités d'union, mais au lieu d'agiter un peu vainement si cela fut juste ou juridique ou politique, on devrait jeter un coup d'œil hors de France pour comparer à l'histoire de nos provinces le régime imposé aux éléments analogues d'autres États !

     

    france eclatée.jpg

     

    En attendant, le Système s'est contredit lui-même et a condamné l'oeuvre de la Révolution, puisqu'il a rétabli les Provinces, sous forme de Régions - terme évidemment plus "technocratique"... - mais d'une manière souvent idéologique et aberrante...

     

     

    Si l'on épluche quelques fautes, d'ailleurs rares, imputées aux « rois de Paris », il faut se rappeler le martyrologe des catholiques d'Angleterre ou le statut de l'Irlande, tel qu'il subsiste de nos jours. Citera-t-on le Canada ? Mais le Canada a commencé par être très rudement mené, et il a dû prendre les armes ; c'est les armes à la main qu'il dicta le respect de son autonomie en retour de quoi il accorda à l'Angleterre l'estime, le « loyalisme », presque l'amour. Or, c'est pleinement de l'amour, et tout de suite, que nos pères Provençaux ou Bretons ont donné, plusieurs siècles, aux rois de Paris.

    Comme ils n'étaient pas plus mal doués que leurs descendants, ils devaient avoir leurs raisons.

    Leurs raisons, c'étaient les nôtres ; c'est qu'il est beau et bon d'être de la France. La destruction de cette unité matérielle et morale serait un immense malheur atteignant tout le monde, ceux qui s'en doutent et, plus encore, ceux qui ne s'en doutent pas. Le dernier de nos frères en pâtirait autant que l'auteur de Colette Baudoche, si magnifiquement averti de tous les maux privés qui peuvent découler, après trente ans et plus, d'une catastrophe publique telle que la chute de Metz. Les enfants qui vont à l'école, l'épicier, le porteur, le cocher, le mineur enfoncé toute la journée sous la terre souffriraient les plus dures répercussions du partage ou de la diminution de la France. Autre chose est la condition des participants d'une France indépendante et la qualité de sujets d'un Pays d'Empire quelconque ! Il ne faudrait pas trop compter qu'on « neutralisera » des positions comme Toulon, Marseille, Bordeaux ou Brest dans l'Europe de lord Beasconsfield, de Cavour et de Bismarck ou que les droits et les biens des personnes y seraient sacrés.

    J'essaie de faire peur aux anti-patriotes. Mais à l'abominable tableau de ce qui se passerait si l'armature française venait à crouler, il conviendrait d'opposer l'image de ce que donnerait aux Français d'abord, au monde ensuite

  • Action française Arras : décentralisation, par Kilian Créon (conférence).

    C'est le fédéralisme et la décentralisation qui a amené Maurras vers la royauté, pas l'inverse.
    Pan fondateur de notre doctrine, Kilian Créon aborde demain à 18h le caractère salvateur d'un retour du politique vers les territoires.
  • Action française Toulouse : Don du sang. Solidarité nationale.

    1A.jpgEn ces temps troublés, nous devons faire corps avec toute la nation.

    Parmi nos compatriotes, certains se battent contre la maladie, d'autres sont accidentés, etc.

    Comme notre camarade Hugues, donnez votre sang pour sauver des vies. Agissons concrètement pour les nôtres.