A l’affiche : Quand tu seras grand, un film français d’Andréa Bescond et Éric Métayer, avec Éric Métayer (le directeur de l’EHPAD), Vincent Macaigne (Yannick, aide-soignant), Aïssa Maïga (Aude, l’institutrice), Kristen Billon (l’enfant Brieuc), Carole Franck (Nelly).
« Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle
Assise auprès du feu, dévidant et filant »
Depuis le XVIème siècle et cette Hélène que chantait Ronsard, la vieillesse a bien mal vieilli, abandonnée dans les maisons de retraite. Certes ce « naufrage », cet abandon n’est pas propre à notre époque, et on voit qu’au XIXème Maurice ne faisait pas mieux qui écrivait à Alphonse Daudet d’aller voir ses grands-parents, « deux petits vieux, oh ! mais vieux, vieux, archivieux, (…) deux êtres dont je suis toute la vie et qui ne m’ont pas vu depuis dix ans… »…. Et déjà ces vieillards étaient « protégés » par des orphelines.
Ainsi les réalisateurs avaient une belle matière pour nous émouvoir par un film magnifique et poignant. Tous les éléments étaient là à commencer par l’isolement des vieux (« on dit des résidents »), que leurs enfants ne viennent, parfois, même pas voir une fois l’an ; à continuer par la gestion, à l’économie, des EHPAD autant surpeuplés qu’en sous-effectif ; à conclure enfin avec l’introduction excellente d’une classe d’enfants, les « orphelines » de Daudet, qui apprend aux générations à coexister et cohabiter, à « vivre ensemble », comme on le dit tant sur tel autre sujet, pour « s’enrichir des différences ».
Encore raté, malgré quelques bonnes scènes comme l’Étoile des neiges, la « déprime » de Nelly ou la chute finale, mais aussi des longueurs…
Que ce film médiocre, qui coche d’ailleurs toutes les cases du « cinématographiquement correct », nous conduise néanmoins, dans notre société qui veut les euthanasier, à nous rendre notre cœur d’enfant, celui de Brieuc, auprès de nos parents, grands-parents et « anciens » :
« Vous le verrez peut-être, vous la verrez parfois, en pluie et en chagrin
Traverser le présent en s’excusant déjà de n’être pas plus loin ».
(Jacques Brel)