Au Cinéma : L’Amour et les forêts, par Guilhem de Tarlé
Présenté au Festival de Cannes 2023 : L’Amour et les forêts, un film français de Valérie Donzelli, avec Virginie Efira (Blanche Renard, professeur de français) et Melvil Poupaud (Grégoire – ou Greg – Lamoureux, cadre de banque),
d’après le roman éponyme d’Éric Reinhardt (2014).
Je n’ai pas lu le roman, qui est peut-être plus convaincant sur le titre parfaitement artificiel de L’Amour et les forêts. Si, comme le dit Blanche, la « bascule » vient du don d’une voiture par sa sœur jumelle, la réalisatrice aurait pu intituler ce long-métrage, de façon énigmatique, La Voiture ; pour ma part j’aurais préféré La Mutation professionnelle par laquelle le doute s’installe, à moins tout simplement de l’appeler L’Emprise puisque c’est selon le synopsis le sujet du film.
En fait ce synopsis me semble discutable. Je ne suis pas du tout convaincu par le coup de foudre et la passion réciproque des deux amants. Grégoire apparaît comme un dragueur ordinaire qui retrouve une ancienne amie, et Blanche est comme une sotte qui sourit et rit aux niaiseries qui lui sont dites jusqu’à le prendre dans son lit. Je n’ai jamais ressenti la « vérité, vérité », dont ils se gargarisent, quand il lui répète à satiété qu’il l’aime.
Quant à Blanche, elle n’a rien de sympathique (à vrai dire je n’aime pas beaucoup Virginie Efira) qui se dénude, comme presque toujours dans ses films, en allant chercher ailleurs…
Grégoire qui fleurit ses cajoleries de citations aurait pu lui rappeler les vers de l’Abbé de Lattaignant
« On vous a dit souvent le mot,
On vous a fait souvent la chose,
(…)
Et je gagerais que le mot
Vous plaît beaucoup moins que la chose »
Il n’en reste pas moins vrai que, même si le cœur n’y est pas, la réalisation est presque palpitante.