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  • JEUNESSE • Le camp Maxime Real del Sarte 2015

     

    Par la plume de Charles Horace, les jeunes participants à ce camp en ont donné le compte-rendu qui suit. 

    Du 16 au 23 août derniers s’est déroulée l’édition 2015 du camp Maxime Real del Sarte. Pendant cette semaine intense se sont succédé conférences magistrales, cercles d’études, ateliers pratiques et séances de sport. En conformité avec l’esprit et la doctrine d’Action française, l’accent a été mis sur la formation des militants. Fidèle au mot d’ordre « Politique d’abord ! », elle fut premièrement doctrinale, puisqu’« il n’y a aucune possibilité de restauration de la chose publique sans doctrine » (Charles Maurras). 

    Au cours de plusieurs cercles quotidiens, les jeunes militants, armés de leur livret de camp, ont pu s’initier aux grands thèmes de la doctrine d’Action française (nationalisme intégral, empirisme organisateur, politique naturelle). Doctrine qui, bien entendu, ne pouvait aller sans une initiation aux grands thèmes éclairant l’actualité. Les thèmes abordées furent variés : de la question de l’enseignement (école, syndicalisme étudiant) à celle de la nature de l’homme et de sa place dans le monde (anthropologie maurrassienne, transhumanisme), en passant par des réflexions institutionnelles (démocratie, Union européenne, monarchie marocaine). Autant de sujets permettant à chacun de disposer d’une base pour comprendre les grandes questions de notre temps.

    Intellectuels et violents

    Aux ateliers théoriques s’ajoutaient des ateliers pratiques, destinés à inculquer techniques et réflexes militants : sécurité de l’information, dialectique, répression, réalisation d’un tract ou d’un visuel, composition d’une banderole, animation et direction de section, être un émetteur crédible sur les réseaux sociaux. De même, suivant la célèbre formule de Charles Maurras, « nous devons être intellectuels et violents », chaque jour, après une journée chargée en conférences, ateliers et cercles de doctrine, une séance de sport (préparation physique et sports collectifs) permettait aux participants de renforcer leur cohésion et de se préparer physiquement à une année qui, n’en doutons pas, sera chargée !

    Un entraînement à l’action

    Les conférences dispensées au cours de cette semaine, et lors de l’université d’été, peuvent, quant à elles, être réparties en trois axes, celui de notre histoire en premier lieu. En effet, comme le remarquait en son temps l’historien grec Polybe, « l’étude de l’histoire constitue l’éducation politique la plus efficace et le meilleur entraînement à l’action ». Stéphane Blanchonnet aborda tout d’abord la question du roman national, afin d’exposer ce que doit être une juste conception de notre histoire, entre le respect de mythes fondateurs et l’analyse positive des faits. Cette histoire, celle de la constitution de la France sous l’impulsion séculaire de la famille capétienne, cette « longue patience » (Régine Pernoud), fut présentée par François Marcillhac, qui en profita pour rappeler les deux constantes de l’oeuvre capétienne : la défense de l’indépendance de la souveraineté française, à l’intérieur comme à l’extérieur. Bernard Lugan s’appuya sur les leçons de l’histoire coloniale de la France afin d’expliquer les problèmes contemporains posés par le multiculturalisme, et l’inconséquence du modèle universaliste. Jean-Louis Harouel a déterminé, quant à lui, les codes génétiques intellectuels de la gauche et de la droite, la première prenant ses origines dans la gnose et le millénarisme, la seconde dans le catholicisme. Le second axe de cette série de conférences se rapportait à l’application pratique, passée et potentielle, de principes défendus par l’Action française. Le protectionnisme fut abordé par Stéphane Blanchonnet à partir de l’étude du colbertisme, mettant l’économie au service du politique. Michel Corcelles aborda quant à lui la question de la décentralisation, et de sa possible utilité stratégique pour le combat royaliste. La question du corporatisme a également été abordée, notamment dans l’optique des nouveaux défis posés par les nouvelles technologies, lors d’une présentation de Philippe Mesnard. Une table ronde, composée de Frédéric Rouvillois, Gérard Leclerc et François Marcillhac, aborda la question de la place de l’État, et de la nécessité de la sacralisation des domaines régaliens, afin que l’État, « fonctionnaire de la nation » (Maurras), puisse servir au bien commun. Une autre table ronde, elle composée de Stéphane Blanchonnet et de Philippe Mesnard, posa la question de la subsidiarité et de la place des corps intermédiaires dans une société décentralisée.

    L’écologie et le royalisme

    Enfin, une part importante des interventions abordèrent les relations entre écologie et royalisme. Ces deux thématiques ont en commun de poser la question du bien commun et de ses implications, ce qu’a démontré Philippe Mesnard, lors de sa conférence sur Napoléon III et l’aménagement du territoire. S’il n’existe pas un seul mode de gestion des ressources ou une solution valable unique à la question écologique, comment, dès lors, concilier protection de la maison commune et bien public ? À nationalisme intégral, écologie intégrale ! Frédéric Rouvillois, dans sa conférence sur ce dernier thème, analysant l’encyclique Laudato si du pape François, arrive à la conclusion de la nécessité d’un arbitre, le roi, afin d’imposer les mesures de long terme qu’imposent ces colossaux enjeux. En effet, lors d’une ultime table ronde, Frédéric Rouvillois et Michel Collin ont souligné que le roi, rattaché au bien commun par sa famille, était plus à même de se sentir membre d’un tout organique, et à le défendre face au rouleau compresseur libéral et productiviste. En somme, passée la dernière conférence présidée par François Bel-Ker, dans laquelle a été présentée la stratégie d’Action française, chacun des participants a pu rentrer dans sa section formé et motivé pour affronter l’année militante qui vient, prêt à royaliser la France comme elle se doit de l’être, chaque jour un peu plus… afin de pouvoir mesurer le chemin accompli lors de l’édition 2016.  Charles Horace 

     

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • SPORT • Complaisance footbalistique algéromane ...

    KAMEL DAOUD. ECRIVAIN ET JOURNALISTE ALGERIEN D'EXPRESSION FRANCAISE

     

    Par Péroncel-Hugoz

    Cette semaine Péroncel-Hugoz ne peut s’empêcher de donner un coup de dent dans le milieu du football algérien …

     

    peroncel-hugoz 2.jpgQuelques lignes dans « France-Football », en août, ont lâché une info qui, si elle avait concerné la France ou l’Espagne, aurait déclenché un tintamarre « antiraciste », « antidiscrimination », avec pétitions et indignations, bref une de ces tempêtes médiatiques dont les « démocraties » occidentales ont le secret … 

    Rien de tout cela ne s’est produit car, figurez-vous, l’info de FF concernait l’Algérie, laquelle tout benoîtement venait de déclarer – discrètement mais néanmoins avec un aplomb superbe – que les étrangers étaient désormais indésirables dans ses équipes de ballon rond ! Actuellement, une trentaine de joueurs non algériens appartiennent à ces équipes : leurs contrats ne seront pas renouvelés et aucun étranger ne sera plus engagé ( déjà pas plus de deux d’entre eux ne pouvaient paraître ensemble dans un stade algérien …) Raison officiellement invoqué : des « difficultés financières » ! … Quoi, la richissime Algérie, la propriétaire des gisements de naphte et gaz sahariens, qui dépense sans compter pour s’armer et pour sa propagande politique, avait soudain les poches vides ? La baisse conjoncturelle des cours du pétrole a bon dos car la réserve de devises d’Alger reste celle d’un Etat nanti (mais dont le peuple est pauvre). 

    Après tout, le sport algérien est libre chez lui, xénophobie ou pas, mais ce qui est remarquable en cette petite affaire, c’est une fois de plus la complaisance médiatique occidentale envers les affaires algériennes : en matière de foot, comme de libertés publiques, de voisinage, d’exploitation de la question sahraouie ou de manipulations souterraines des mouvements armés au Sahel, le complexe militaro-politique au pouvoir depuis une génération en Alger continue d’avoir à sa main une partie de la communication politique internationale. Timorés, les « spécialistes » en science politique de Boston, Paris, Aix-en-Provence, Barcelone ou Montréal se gardent bien d’essayer d’analyser les causes profondes de cette sorte d’immunité dont bénéficie le régime algérien, y compris désormais, en matière sportive … 

    Devant cette stagnation algérienne, rappelant la glaciation brejnévienne ayant précédé la chute du communisme, une voix parfois donne à espérer, celle, par exemple, d’un audacieux confrère algérien, Kamel Daoud, Prix Goncourt 2015 de la nouvelle et qui, là, s’exprime dans l’« International New-York Times » : « L’Algérie a réussi à se vendre à l’étranger comme un modèle alors qu’elle n’est même pas une démocratie, la situation y est intenable. (…) les islamistes gagnent du terrain. L’exception algérienne ne peut plus durer ». 

    Péroncel-Hugoz  - Le 360

     

  • SOCIETE & ACTUALITE • Petit glossaire de la migration

     

    Par Ph. Delelis 

    La grande affaire de ces derniers mois et plus encore de cet été avec de bonnes conditions de navigation mais aussi, désormais, l’ouverture d’un axe terrestre à travers les Balkans, est sans conteste le déplacement des populations venues du Moyen-Orient. On aura sûrement remarqué que le langage des médias est particulièrement étudié : il s’agit de ne pas être pris en flagrant délit d’opinion dominante ni, inversement, d’injurier l’avenir qui n’est écrit nulle part, comme chacun sait (surtout les politiques). Il a donc paru utile de donner à nos lecteurs quelques clés sémantiques devant ce grand bouleversement qui, probablement, en annonce d’autres. Parler ainsi de « Migrant » ou de « Réfugié » n’est pas neutre, ne jamais employer les vieux mots d’« Emigré » ou d’ « Immigré », non plus : tout se passe comme si les acteurs et les commentateurs de l’évènement étaient lancés dans un nominalisme aussi débridé qu’empirique. Essayons de ne pas y voir plus clair.

    Balkans : Ont causé beaucoup de soucis au début du XXe siècle en raison de leur géographie politique complexe. Se reconvertissent aujourd’hui en route de migration (voir ce terme) géographiquement beaucoup plus simple que la Méditerranée (voir ce terme).
    Calais : Ville franchement mal placée, qui ne fait plus dans la dentelle. Si ses Bourgeois ne s’étaient pas sacrifiés pendant la Guerre de Cent ans, ce serait aujourd’hui un problème anglais. Victime de l’attractivité du libéralisme anglo-saxon.
    Emigré : Terme désuet désignant un Migrant (voir ce terme) du point de vue de son pays d’origine.
    Immigré : Terme désuet désignant un Migrant (voir ce terme) géographiquement et souvent culturellement stabilisé du point de vue de son pays d’arrivée.
    Méditerranée : Mer fondatrice des civilisations égyptienne, minoenne, phénicienne, carthaginoise, grecque, romaine, etc. que l’on ne regarde plus du même œil depuis que des embarcations de fortune veulent y rivaliser avec les paquebots et les yachts.
    Migration : Déplacement collectif. S’utilise de préférence avec l’adjectif « grande », et, encore mieux, au pluriel. Concept de démographie popularisé avec succès par l’exemple.
    Migrant : Héros des temps modernes de ces derniers mois, surtout s’il s’avère être Réfugié (voir ce terme).
    Passeur : Commerçant peu scrupuleux, faisant courir des risques inconsidérés à ses clients, permettant aux Migrants de réaliser leurs projets, voire leurs rêves.
    Photo : Voir Plage.
    Plage : Endroit dangereux : 60 noyades d’enfants entre le 1er juin et le 9 août en France soit presque une par jour. Aucune photo diffusée ni sans doute prise car confinant au voyeurisme malsain. Néanmoins, une tragédie personnelle peut devenir universelle avec une bonne Photo (voir ce terme).
    Réfugié : Héros des temps modernes de ces dernières semaines ayant vocation à remplacer le Migrant (voir ce terme). Pacifiste dans l’âme, il a fui la guerre et les persécutions. S’il est économique et non politique, sujet à discussion politique.
    Quota : Vérifie l’adage selon lequel on se refait pas. Concept technocratique inventé par la Commission européenne pour contraindre (puis, devant le tollé général, inviter) chaque Etat membre à accueillir les Migrants (voir ce terme). Selon son dernier calcul, la France devrait en accueillir 24 031 et l’Allemagne 31 443 (sic). Cette dernière table plutôt sur 800 000. 

     

  • LIVRES • Hollande en vérité

     

    par Bruno Stéphane-Chambon

    Rédacteur en chef du service « actualités » de Famille Chrétienne, Samuel Pruvot enquête sur la véritable personnalité du Chef de l’Etat en auditionnant une cinquantaine de proches et interlocuteurs privilégiés. François Hollande veut incarner la social-démocratie en s’appuyant sur des mouvements post modernes qu’il croit créer et maîtriser. Quant à son rapport avec Dieu, on est dans le clair-obscur, tant il feint d’ignorer le fait religieux et exalte une vision exclusive de la laïcité. Pourtant, dès son enfance, le futur Président avait été éduqué principalement par sa mère, Nicole, chrétienne très ancrée à gauche. A Rouen il suit ses premières études à Jean-Baptiste de La Salle dans un climat religieux et altruiste. Mais à son entrée à Sciences-Po, il affirme sa rupture en se présentant comme un laïc républicain qui estime que la vie publique doit être profane et que le sacré n’y a pas sa place. A l’ENA, alors que l’ensemble des étudiants préfère suivre des stages en ambassade ou en préfecture, il choisit une étude sociologique sur la banlieue. Accompagné de sa future compagne Ségolène Royal, il est reçu dans une cité par un prêtre salésien, Jean-Marie Petitclerc, adepte du Catholicisme social, avec qui le courant passe immédiatement. Ils vont dans les tréfonds des cités à la rencontre des jeunes en perdition. Bien que reconnaissant la fraternité agissante au nom du Christ de ce prêtre, François Hollande demeure profondément laïc. Il rejoint alors François Mitterrand et, habile politique, devient expert en l’art de la synthèse des différents courants du PS. Toujours en mouvement, rarement dans la réflexion, il privilégie la médiation. Lors de sa campagne présidentielle, il prend des conseils auprès d’un chrétien de gauche, Jean-Baptiste de Foucauld, ancien collaborateur de Jacques Delors. Mais il semble plutôt intéressé par les réseaux de ce dernier que par sa spiritualité. Une fois au pouvoir, il affiche une incompréhension totale devant la révolte des catholiques (et celle de nombreux musulmans) face aux lois sociétales qu’il édicte. Monseigneur Dominique Rey, évêque de Toulon-Fréjus, constate : « François Hollande est comme beaucoup de politiques : il a la tentation de nier toute autorité qui transcende les siècles. » De son côté, Julien Dray, intime du Président, reconnaît que « François ne fait pas référence à Dieu. Il n’a pas d’angoisses métaphysiques. Jamais je n’ai entendu en privé l’expression d’une recherche, un quelconque besoin d’ancrage ». Comme si François Hollande avait enfoui son âme aux tréfonds de son être. Avec ce portrait proche de la psychanalyse, sans empathie mais avec un regard dénué de malveillance, Samuel Pruvot tente de nous donner les clefs afin de saisir la complexité de cet homme pressé.  

    François Hollande, Dieu et La République, deSamuel Pruvot, éditions Salvator, 19,50 euros 

     

  • MEDIAS • Cela fait quand même beaucoup, non ?

     

    Récemment écartée de TF1, Claire Chazal percevait, selon Challenges, plus de 120.000 euros par mois. Un des plus gros salaires de TF1. Mais pas le seul !

    On ne contestera pas ses qualités de journaliste. Et le montant des salaires de la profession est sans-doute de cet ordre là en France et en Europe.

    On notera seulement que ce niveau de rémunération fait des journalistes qui en bénéficient une caste de privilégiés, tout à fait hors normes au sein de la population française. Aucune campagne médiatique d'envergure ne s'y intéressera vraiment... Et a fortiori ne s'en indignera.

  • Oser la France

     

    Par Hilaire de Crémiers 

     

    H D C - Copie.jpgLa route de l’histoire tourne sous nos yeux. Les dirigeants français ne voient pas ce virage, aveuglés qu’ils sont par leurs certitudes. Leur conduite finira dans le fossé. Peut-être plus vite qu’on ne le pense.

    L’État de l’Europe et du monde dans les quelques années à venir sera tout autre que ce que les dirigeants français imaginent encore aujourd’hui. Ils continuent à se réciter entre eux et à débiter en public les cours qu’ils apprenaient, il y a vingt et trente ans, dans leurs écoles et leurs facultés. L’intégration européenne était l’avenir radieux et obligé. Le « toujours plus gros », « toujours plus unifié », « toujours plus riche » étaient la loi d’une évidence qui ne pouvait être contestée.   

    Il fallait les écouter : l’industrie française devait profiter de l’expansion des marchés et de la libéralisation, de toute façon obligatoire (!), des procédures dans le cadre d’une concurrence ouverte et sévèrement surveillée (!). Personne ne songeait aux retournements possibles, aux terribles déconvenues pour les PMI comme pour les entreprises liées par nature à leur destin français. 

    Quant à l’agriculture française, à les entendre, elle serait la grande gagnante en raison de sa position dominante, la politique agricole commune ayant été conçue pour elle ; il suffisait de la mettre aux normes et d’en réduire drastiquement les effectifs, selon le schéma en vogue. D’ailleurs, électoralement, qu’est-ce que ça compte ? Impossible, il y a encore cinq ans, de faire comprendre que cette politique jetait l’agriculture française dans la double impasse de la guerre des prix et de la subvention mortifère. On sait ce qu’il en est maintenant ; l’agriculture française ne cesse de dégringoler, dépassée par l’Allemagne entre autres. Les paysans n’ont plus qu’à se tuer, ce qui laisse indifférent le politicien, surtout de gauche ; son cœur est ailleurs. 

    Le commerce, d’après ces mêmes prophètes, suivrait la même voie, la France et l’Europe devant ressembler de plus en plus aux vastes marchés de l’Amérique du Nord avec laquelle elles étaient vouées à s’unir au bénéfice de multinationales puissantes et donc efficientes, comme le prévoit le traité transatlantique en cours. Il était pourtant prévisible que la loi du plus fort et du moins scrupuleux serait alors la règle, destructrice pour tout le reste. 

    euro = mark 

    La monnaie unique était, dans un tel plan, l’étape intermédiaire nécessaire à la réalisation d’une Union européenne, mécaniquement forcée par ce procédé à s’uniformiser : plus moyen d’en sortir, quoi qu’il en coutât ; c’était, paraît-il, le comble de la liberté, le bien absolu enfin atteint qui interdirait toute transgression. La réunification allemande déclencha la confection de l’euro ; ce fut, selon les gens initiés, une astuce française : l’euro, d’après ce brillant calcul chiraquo-mittérandien, arrimerait l’Allemagne à l’Europe et, donc, à la France. Le résultat aboutit à la situation exactement inverse : une Europe et une France arrimées à l’Allemagne. D’autant plus que l’euro dans l’esprit des Allemands qui sont des gens sérieux, n’est qu’une version du mark sur laquelle ils veillent de plus en plus jalousement. L’euro durera tant que l’Allemagne y aura intérêt. 

    Enfin la libre circulation des personnes devait être, toujours selon le même discours officiel, une chance nouvelle pour la France, terre d’accueil traditionnelle. Les études démographiques convergeaient pour indiquer l’impérieuse nécessité d’une immigration qui dilaterait et assouplirait le marché du travail, aidant aussi à promouvoir un multiculturalisme dont la France figée dans son passé avait un urgent besoin. Tout fut donc fait pour favoriser ces flux continus dont nul ne sait aujourd’hui comment il sera possible de les arrêter. 

    Maastricht, Schengen, Lisbonne, ce dernier traité tenant lieu par un subterfuge inqualifiable de constitution européenne que les peuples « ignorants » refusaient, telle était, telle est encore aujourd’hui la ligne sur laquelle campent les partis dits de gouvernement. Les terribles secousses subies par le système ces dernières années ne les ont pas fait dévier de leur ligne. Au lieu d’envisager une autre conception de l’Europe, ils ne proposent d’autre issue à l’accumulation des complications que de continuer dans le renforcement des corsets du système. Que les peuples en veuillent ou n’en veillent pas, peu leur importe ! 

    Une utopie vouée à l’échec 

    Pourtant chaque jour qui passe apporte un démenti cinglant à leur vaine utopie. Premièrement : Schengen n’est pas seulement une passoire qui oblige la Hongrie à se construire une barrière de protection, c’est la pompe aspirante d’une immigration que plus personne ne peut ni calculer, ni contrôler, multipliant les drames de tous les côtés. L’Europe va se mettre à attribuer des quotas ! Schengen, c’est aussi et évidemment la liberté de circulation pour les terroristes dont l’Europe devient par le fait même complice ; ils n’ont plus qu’à franchir les frontières pour se rendre en Turquie et en Syrie et, au retour, à prendre le Thalys !  

    Deuxièmement : Maastricht est littéralement impraticable, car la zone euro n’est qu’une construction artificielle aux économies divergentes qui ne peuvent former une zone monétaire cohérente et optimale. L’affaire grecque n’est qu’un premier cas tout à fait topique ; la prétendue solution du renflouement perpétuel ne durera que le temps que l’Allemagne l’acceptera. Le ralentissement économique chinois, les nouvelles politiques monétaires dans le monde ne feront qu’aggraver la crise, et la France n’aura plus de marges de manœuvre.  

    Troisièmement : Lisbonne n’a fait que confirmer la suprématie allemande et, corrélativement, le déclin français qui ne cesse de s’accentuer avec un chômage écrasant et, en dépit des incantations de Hollande, une croissance nulle. L’Angleterre va prendre de plus en plus ses distances. 

    L’échec patent de ces politiques depuis maintenant des années devrait conduire à des révisions urgentes. Du fait de cette illusion de monomaniaques qui fausse tous les raisonnements, aucune politique nationale française n’a été menée, ni à l’intérieur pour entraîner la nation sur le chemin du renouveau, ni à l’extérieur, sauf à être obligé d’intervenir parce que la France en raison de son passé ne pouvait faire autrement, soit en Afrique, soit en faveur des chrétiens d’Orient. Mais aucune direction suivie avec énergie et intelligence n’a su donner une dimension proprement française à ces interventions ni apporter des solutions aux énormes problèmes de l’Afrique ou du Moyen-Orient qui permettraient d’agir, d’ailleurs, sur les causes mêmes des flux migratoires. Rien. Tout juste une conférence le 8 septembre organisée par le quai d’Orsay en faveur des « minorités » ! Pourtant les Français sont en attente, les catholiques français sont mobilisés. Nos évêques français n’ont-ils pas fait sonner le 15 août les cloches de leur diocèse pour nos frères martyrisés ? 

    La vérité est que la classe politique par nature n’attache aucune importance à ces questions essentielles, à quelques exceptions près dont les bonnes volontés ne débouchent sur rien. Ce qui préoccupe les politiciens, c’est uniquement leurs élections et l’état, il est vrai, pitoyable de leur République. Ses principes absurdes, son incapacité totale à résoudre les problèmes que son incurie accumule, son laïcisme idiot qui empêche la France d’être elle-même, ses éternelles luttes de partis qui se déchirent à qui mieux mieux et entre eux, en excitant des ambitions aussi forcenées que ridicules, et dont les universités d’été ne sont que des farces grotesques, tout devrait provoquer un formidable et salutaire rejet. Il est là sous-jacent. À quand la vraie réforme et les vrais réformateurs ?  • 

     

  • Vive le Roi ! La longévité d’Elisabeth II donne des idées

     

    Un billet de Jérôme Leroy, écrivain et rédacteur en chef culture de Causeur

    Ce n'est pas nous qui avons choisi ce titre, ni cette illustration Ce n'est pas Lafautearousseau qui a rédigé cet intéressant billet. Billet intéressant et intelligent, paru dans Causeur. Nous n'en reprendrions pas exactement toutes les idées, tous les termes. Il n'empêche. Voilà qui est pensé, qui est dit. Qui plus est, hors des cercles royalistes traditionnels. A la manière d'Emmanuel Macron, de Maxime Tandonnet, de Christian Millau, de beaucoup d'autres, ces temps derniers. Il arrive quelques fois, disait parfois Pierre Boutang, ne s'amusant qu'à demi, qu'on trouve encore des gens qui ne sont pas royalistes. De moins en moins, mais il y en a. En tous cas, livrons ce billet, à la sagacité de nos lecteurs. Qui parfois se lamentent que le royalisme n'avance pas. Nous le leur dédions.  LFAR  

     

    Jerome_Leroy0.jpgMercredi 9 septembre 2015, à 16h30 GMT, à quelques encablures du tea time, Elisabeth II a battu un record. Pas celui du chapeau le plus étrange mais celui de la longévité sur le trône, record détenu jusque-là par sa trisaïeule Victoria. 63 ans, trois mois et sept jours. On dirait l’âge auquel prennent leur retraite, en France, les tout derniers surgeons de la génération lyrique des baby boomers. Elisabeth II est sur le trône depuis le 6 février 1952. Chez nous le 6 février, on se souvient plutôt de celui de 1934, quand des ligues nationalistes et fascistes pour une fois unies ont voulu en finir avec la République. Voilà des choses qui n’arrivent pas en monarchie, de vouloir en finir avec la République. C’est pour ça que les monarchies sont moins convulsives, plus calmes.

    On a assez vite l’impression qu’on peut se débarrasser par la force d’un président de la République. Après tout, c’est un homme comme un autre, chez nous, surtout les deux derniers, Sarkozy et Hollande. L’un a couru en sueur avec un tee-shirt du NYPD, l’autre s’est carrément déclaré « normal ». Alors qu’il n’y a absolument rien de normal dans l’exercice du pouvoir pour une grande nation.

    Il faut incarner, avoir deux corps distincts dans l’exercice du pouvoir, on le sait depuis Kantorowicz: l’un qu’on occulte, son corps réel, celui qui prend des scooters nocturnes pour aller voir une maîtresse ou celui qui dit « Casse-toi pauvre con » à un passant. Et l’autre que l’on montre, un corps donné au peuple, à la nation, à l’histoire.

    On n’imagine pas De Gaulle roulant sur un Solex ou changeant d’Yvonne en cours de septennat. C’est qu’il se faisait une certaine idée de la France et justement qu’il voyait la France comme une monarchie, républicaine certes, mais une monarchie. Finalement, on peut se demander s’il n’avait pas raison. On dit même qu’il poussa son envie de restauration rapide assez loin puisqu’il existe entre lui et Henri, le Comte de Paris, prétendant au trône, une correspondance et des rencontres régulières à partir des années cinquante. De Gaulle l’aurait bien vu lui succéder. La constitution de la Vème était taillée pour un roi. Il aurait suffi de changer deux ou trois détails. On voit bien d’ailleurs que le costume a été un peu trop grand pour ceux qui ont suivi ou alors, au contraire, les a contaminés de telle manière qu’ils ont fini par se prendre pour des monarques comme Giscard ou Mitterrand mais sans la légitimité.

    Mais l’immense avantage d’un roi est qu’il n’est pas élu par un camp contre l’autre. Il ne gouverne pas, il règne. Il règne pour tous. Il ne sert pas une faction ou des intérêts catégoriaux, il incarne. Il incarne un pays, une histoire, une tradition. Il a le temps de son côté, comme dans la chanson des Rolling Stones.

    C’est bien d’avoir le temps de son côté à l’époque des infos continues, du « small talk », des réseaux sociaux et du touillage spasmodique. Un roi ou une reine ne tweete pas. Eventuellement on tweetera pour eux. Eventuellement. C’est bien aussi de ne pas à avoir besoin de communicants à l’époque où la communication a remplacé la politique. Imaginer un Séguéla près de De Gaulle. Ou d’Elisabeth II. De Gaulle en jean, Elisabeth II en maillot de bain. Les communicants, dans une monarchie, ils retrouveraient leur vrai boulot, vendre des yaourts et pas s’occuper de la France. Ne serait-ce que pour ça, la longévité et le style d’Elisabeth II nous donne des envies de monarchie, vraiment. Choisir un capétien pour un millénat, renouvelable ou pas on verra. Quand on demandait son régime idéal à Stendhal, il répondait « la monarchie absolue tempérée par l’assassinat ». Ce n’est pas plus mal qu’une démocratie confisquée par des élections bidon qui ne changent rien puisque le Politique a abandonné devant l’Economique, on l’a bien vu en Grèce où un gouvernement de vraie gauche a été victime d’un coup d’Etat financier.

    Puisqu’on parle d’élection, un roi nous éviterait en plus la honte ou la catastrophe d’élire au pouvoir suprême des gens qu’on regretterait pas la suite. Dans une monarchie, ils seraient au maximum Premier ministre. C’est bien suffisant et ça limite les dégâts quand les Français ont un coup de chaud populiste, ce qui leur arrive régulièrement. Vous imaginez Bernard Tapie hier, Marine Le Pen aujourd’hui à l’Elysée? On peut ; mais tout de même.

    Il est fort probable, en plus, que la monarchie permettrait un passage plus aisé au communisme réel, libertaire, c’est-à-dire à la disparition de l’Etat, du capitalisme pour un peuple qui vivrait , comme le disait Marx, dans un monde où le libre développement de chacun serait la condition du libre développement de tous. C’est qu’une monarchie bien comprise, comme la définissait Maurras, « c’est l’anarchie plus un ». Le roi serait ainsi le garant et le principe d’unité entre toutes les communautés affinitaires, genre  Tarnac ou Notre-Dame-des-Landes qui couvriraient le territoire harmonieusement. 

    Jérôme Leroy

     

  • Ballade des envahisseurs heureux

     

    Par Academos 

     

    cover_je_pense.jpgEn son temps, dans les années quatre-vingt, Gérard Lenormand avait fait le bonheur des radios avec son tube « La ballade des gens heureux » : mise au goût du jour, si l'on écoute BFMTV, c'est bien "des envahisseurs" qu'il faudrait chanter maintenant. « Ils sont heureux comme tout ! » dit, sans rire, au journal de 14h30 de jeudi 10, le journaleux de BFM, bobo évidemment, et participant lui aussi à cette déferlante de l'intox et du bourrage de crâne qui accompagne l'invasion (en chantant !) de l'Europe par des masses venues d'ailleurs : on commence par nous dire Syrie et Irak, bien sûr, mais on lâche aussi Somalie, Erythrée, Afghanistan, Kosovo, Tchétchénie... Toutes ces masses venant avec leur(s) propre(s) fondamentaux, dont on verra très vite qu'ils s'opposent radicalement à ceux de notre vieille Europe blanche, de culture et tradition gréco-latine et de religion judéo-chrétienne. Mais rien n'y fait, les moutons ont invité les loups à souper, et les journaleux trouvent çà très bien. Ce n'est que plus tard qu'ils déchanteront, comme les moutons.

    Seuls quelques uns restent lucides, comme ce premier ministre slovaque entendu hier soir au JT de France 2, expliquant qu'il ne « prendrait » au mieux que 200 étrangers, et qu'il les voulait chrétiens, car, disait-il, il n'y a pas de mosquées en Slovaquie. Et il ne souhaite pas en construire parce que, dit-il, nos valeurs ne sont pas les mêmes. Faisant preuve d'un grand bon sens et d'une même lucidité, il a ajouté pour le journaliste médusé que, eux (les envahisseurs), le savaient très bien. L'on ne pouvait que se souvenir à ce moment-là de ceux qui criaient Allah Akbar ! sur les quais de la gare de Budapest...

    « Entre-ici, Jean Moulin...» a dit Malraux, dans un discours célèbre. « Entrez-ici, les Merah, Kouachi, Koulibali, sid Ahmed Ghlam et autres Yassine Salhi...» répond aujourd'hui la sainte alliance des gens de finance qui veulent se payer des esclaves à bas prix et des révolutionnaires qui veulent diluer la France et l'Europe dans n'importe quoi, pourvu qu'elles ne soient plus ni blanches, ni gréco-latines, ni judéo-chrétiennes. Car, comme Hitler avec son Mein Kampf avait prévenu, en disant tout ce qu'il comptait faire, Daech aussi nous a prévenus qu'il utiliserait l'arme démographique en nous envoyant des masses humaines pour nous déstabiliser : combien de terroristes, statistiquement, là-dedans ? Largement assez pour faire sauter plusieurs trains, avions et bateaux; ou plusieurs rames de métro bondées, et tout ce que l'on peut imaginer que des cerveaux fanatisé pourront inventer.

    En attendant, on ne cesse, en France de trouver et d'aménager à grands frais des lieux d'accueil pour ces envahisseurs.

    C'est fou : il y a chaque année des dizaines de Français qui meurent de froid dans les rues, en hiver, et, à eux, on ne propose pas grand chose. On dira : mais ils refusent les hébergements d'urgence ! Oui, si c'est pour se faire frapper, voler voire pire encore. Mais ils accepteraient volontiers ces chambres et appartements que l'on donne aux envahisseurs...

    Pareils pour les trois millions cinq de mal-logés recensés par la Fondation Abbé Pierre et les huit millions six de pauvres : pourquoi ne leur a-t-on pas proposé ces lieux que l'on offre maintenant à ces gens venus d'ailleurs ?

    Oui, c'est fou : dans le moindre petit trou perdu de la France profonde, dans le plus petit Trifouillis-les-Oies du plus reculé du plus lointain canton de notre beau pays, on voit surgir des dizaines de gymnases abandonnés, bases de loisirs inutilisées, casernes abandonnées, locaux municipaux inoccupés... que l'on s'empresse d'aménager, non pas pour les Français pauvres, mal-logés ou qui meurent dans la rue, mais pour les Syriens, Irakiens, Somaliens, Erythréens et autres Afghans, Kosovars, Tchétchènes, j'en passe et des meilleures...

    C'est, si l'on me passe l'expression, tout simplement dégueulasse. Ce Système et ses journaleux est dégueulasse, et doit être montré du doigt comme tel... 

     

  • « Migrants : les interventions « humanitaires » ne font en général qu’aggraver les choses »

     

    Une intéressante analyse d'Alain de Benoist dans Boulevard Voltaire

    Selon nous, Alain de Benoist a parfaitement raison de distinguer entre morale personnelle et privée et morale politique et publique. La seconde est de la sphère de compétence directe des Etats - en souhaitant qu'ils soient dignes de l'exercer - et relève des exigences du Bien-Commun des peuples qu'ils sont censés gouverner. A cet égard, Alain de Benoist a encore raison lorsqu'il soulève une seconde question : que vaudra cette confusion entre morale personnelle et morale politique telle qu'elle nous est imposée aujourd'hui, lorsque les migrateurs ne seront plus des centaines de milliers mais des millions, cumulés à ceux qui sont déjà installés sur le sol européen ? Croit-on que l'humanitarisme actuel tiendra longtemps le choc ? La question est posée. La réponse pour nous ne fait aucun doute.   LFAR

     

    1530443371.jpgLa photo de cet enfant syrien échoué sur la plage serait-elle en passe de retourner les opinions européennes ? En notre époque de « storytelling », il s’agit apparemment de montrer que l’affaire des migrants est un « drame humain »

    Bien sûr que c’est un « drame humain ». Il faut avoir le cœur sec ou être aveuglé par la haine pour ne pas s’en rendre compte. Des musulmans menacés par l’islamisme djihadiste, des familles entières qui fuient un Proche-Orient déstabilisé par les politiques occidentales, c’est un « drame humain ». Mais c’est aussi une affaire politique, et même géopolitique. Il s’agit alors de savoir quels rapports doivent exister entre le politique et l’humanitaire. Or, l’expérience montre que les interventions « humanitaires » ne font en général qu’aggraver les choses. Et que la domination des catégories politiques par les catégories morales est l’une des causes majeures de l’impuissance des États.

    Le tsunami migratoire auquel nous sommes en train d’assister ne fait lui-même qu’ajouter au désastre. On a d’abord calculé en milliers de réfugiés, puis en dizaines de milliers, puis en centaines de milliers. Plus de 350.000 migrants ont franchi la Méditerranée ces derniers mois. L’Allemagne a accepté d’en recevoir 800.000, soit beaucoup plus qu’elle n’enregistre de naissances chaque année. On est loin de l’immigration interstitielle d’il y a trente ans ! Face à ce déferlement, les pays européens ne se demandent qu’une chose : « Comment les accueillir ? », jamais : « Comment les empêcher d’entrer ? » Laurent Fabius trouve même « scandaleuse » l’attitude des pays qui veulent fermer leurs frontières. En sera-t-il de même quand les entrées se compteront par millions ? Les politiques continueront-ils à se préoccuper des innombrables « drames humains » qui se produisent dans le monde plus que du bien commun de leurs concitoyens ? Toute la question est là.

    Au-delà de l’émotion déclenchée par le « choc des photos », quels sont les arguments employés par ceux qui veulent nous convaincre du bien-fondé des migrations ?

    Ils se déploient sur deux registres : les arguments moraux (« ce sont nos frères, nous avons une obligation morale envers eux ») et les arguments économiques (William Lacy Swing, directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations : « Les migrations sont nécessaires si l’on veut que l’économie prospère. »). Les premiers, qui confondent la morale personnelle et privée avec la morale politique et publique, relèvent du même universalisme que les seconds. Ceux qui les emploient pensent qu’avant d’être des Français, des Allemands, des Syriens ou des Chinois, les individus sont d’abord des « êtres humains », c’est-à-dire qu’ils appartiennent de façon immédiate à l’humanité, alors qu’ils n’y appartiennent en réalité que de façon médiate, en tant que membres et héritiers d’une culture donnée. Pour eux, le monde est peuplé de « personnes » abstraites, hors-sol, dont la principale caractéristique est d’être interchangeables. Quant aux cultures, ils n’y voient que des épiphénomènes. C’est ce que disait Jacques Attali à la revue Cadmos en 1981 : « Pour moi, la culture européenne n’existe pas, elle n’a jamais existé. »

    Le département des affaires économiques et sociales des Nations unies vient de publier un rapport selon lequel, dans les pays européens, la baisse de la natalité fait que « le déclin de la population est inévitable en l’absence de migration de remplacement ». Il y est indiqué que « pour l’Europe dans son ensemble, il faudrait deux fois le niveau d’immigration observé dans les années 1990 », faute de quoi l’âge du départ à la retraite devra être repoussé à 75 ans. L’Europe vieillit, l’immigration va la sauver : voilà une parfaite illustration de l’idée que les hommes sont interchangeables quelle que soit leur origine, et que les impératifs économiques doivent primer sur tous les autres. La morale des « droits de l’homme » n’est qu’un habillage des intérêts financiers.

    Précisément, il y a aussi l’aspect démographique. Vous connaissez ces mots de l’ancien président algérien Houari Boumédiène, que les gens de droite ne se lassent pas de citer : « Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère sud pour aller dans l’hémisphère nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis parce qu’ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront avec leurs fils. Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire. » Grand Remplacement ?

    Selon les uns, Boumédiène aurait tenu ces propos en février 1974 au 2e sommet islamique de Lahore, au Pakistan ; selon les autres, le 10 avril 1974 à la tribune de l’ONU. Cette incertitude est déjà révélatrice, d’autant que le texte intégral de ce prétendu discours n’a jamais été produit par personne. Houari Boumédiène, qui n’était pas un imbécile, savait par ailleurs très bien que le Proche-Orient se situe dans l’hémisphère nord, et non dans l’hémisphère sud ! Il y a donc de très bonnes chances pour qu’il s’agisse d’un texte apocryphe.

    En ce domaine, il est plus sûr d’écouter les démographes. La population du continent africain a bondi de 100 millions d’habitants en 1900 à plus d’un milliard aujourd’hui. Dans les années 2050, soit dans trente-cinq ans seulement, les Africains seront entre deux et trois milliards ; ils dépasseront les quatre milliards à la fin du siècle. Même si les rapports démographiques ne se ramènent pas à un simple phénomène de vases communicants, il faut être naïf pour imaginer que cette prodigieuse croissance démographique, que nous avons nous-mêmes favorisée, n’aura pas d’incidence sur les migrations futures. Comme l’écrit Bernard Lugan, « comment espérer que les migrants cesseront de se ruer vers un “paradis” européen non défendu et peuplé de vieillards ? » Grand Remplacement ? Personnellement, je parlerais plutôt de Grande Transformation. Le Grand Remplacement, à mon avis, ce sera le remplacement de l’homme par la machine, en clair la substitution de l’intelligence artificielle à l’intelligence humaine. Un danger plus réel qu’on ne le croit. 

      Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

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  • Crise chinoise : Le crédit aux particuliers ...

     

    Par François Reloujac

    L’éclatement de la bulle chinoise à laquelle nous assistons devrait nous conduire, au-delà de la seule analyse économique – sur laquelle nous reviendrons ultérieurement – à nous interroger sur la dérive actuelle du fonctionnement de l’économie dans tous les pays du monde, d’une part sous l’influence de la « mathématisation » de l’économie, comme disait autrefois Jacques Ellul et, d’autre part, sous la poussée de l’individualisme qui conduit chacun à rechercher son intérêt individuel immédiat sans se soucier de l’intérêt général – encore moins du bien commun.

    Lorsque l’investissement immobilier a commencé à paraître s’essouffler en Chine, alors que les marchés financiers faisaient preuve d’euphorie, « l’immense majorité des investisseurs sur les valeurs cotées en yuans, ont gonflé artificiellement leurs mises en empruntant massivement pour jouer en Bourse » et participer ainsi au partage du gâteau. Haiyan Li-Labbé expliquait récemment au Figaro que « près de 25 % des titres qui s’échangent sur les marchés chinois sont ainsi détenus par le biais de crédits contractés par des particuliers ».

    Ce type de crédit ne correspond pas, malgré les apparences à un crédit à l’investissement mais à un crédit à la consommation. En effet, pour les « investisseurs-emprunteurs », il ne s’agit absolument pas de soutenir l’activité d’une quelconque industrie utile au pays, mais de participer – si possible – au partage des bénéfices qui résultera de la spéculation financière. Qu’il y ait de la part des « emprunteurs-investisseurs » un motif de sécurité (comme aurait dit Keynes) et qu’ils n’aient eu en vue que de protéger leur future retraite, cela est possible. Mais ils l’ont fait à partir d’un raisonnement purement financier, sans sous-jacent économique : il s’agissait de participer au partage des plus-values résultant du processus de fuite en avant qui soutenait l’activité des marchés financiers.

    Or, ce processus de fuite en avant a été clairement soutenu par les pouvoirs publics chinois, comme il l’est partout dans le monde, car c’était la seule façon de maintenir une croissance apparente des chiffres à défaut de participer à la poursuite du bien commun. Notre système économique mondial est en effet devenu le monde de l’apparence sur lequel les hommes politiques en place cherchent à « capitaliser » en espérant refiler les difficultés qui ne manqueront pas d’éclater, à leurs successeurs.

    L’outil principal de ce transfert est le crédit

    Le crédit n’est plus la confiance que peut avoir le prêteur dans la solvabilité future de l’emprunteur du fait de la qualité et du réalisme de ses projets. Le prêteur ne cherche plus à connaître son emprunteur, à savoir s’il peut lui faire confiance pour utiliser, dans le futur, les sommes mises à sa disposition pour vivre normalement, lui et les siens, et dégager une plus-value économique qui lui permette de rembourser sa dette.

    Le crédit est devenu le résultat d’un calcul statistique froid sur la capacité dont les individus placés dans des circonstances analogues ont montré, dans le passé, qu’ils avaient remboursé leurs dettes, que ce soit grâce à leur activité économique, soit grâce à la valeur des « collatéraux » remis en garantie. L’avantage du « collatéral » sur le bien remis en garantie est que le prêteur n’a aucune formalité à remplir pour s’en saisir. L’inconvénient est que sa valeur varie souvent dans le même sens que la capacité du débiteur à rembourser ses dettes. En période d’euphorie économique ou surtout, d’expansion financière (artificielle ou non) ce système est fiable et ne nécessite aucune connaissance particulière du client ni de l’usage qu’il fait du crédit demandé. Si la conjoncture se retourne, tous les établissements sont logés à la même enseigne et les Pouvoirs publics sont obligés d’intervenir.

    Dans un tel monde, les banques ne cherchent plus à accompagner leurs clients en leur faisant crédit, c’est-à-dire en leur faisant confiance tant au regard de la valeur intrinsèque de leur projet que de leur capacité à le mener à bien.

    Le crédit n’est plus qu’un simple « produit » qu’il faut « vendre » pour en tirer le plus rapidement possible le bénéfice financier le plus important possible. Il est d’ailleurs symptomatique de constater que dans la plupart des banques on demande aujourd’hui aux « conseillers » de « vendre » la plus grande quantité possible de crédits. Mais le monde oublie que le mot vendre signifie aussi bien « céder en faisant payer » que « trahir », « abandonner quelqu’un contre une somme d’argent ». 

     

  • Hommage à Jean Raspail et à sa lucidité d'il y a quarante ans !

  • Le temps de l’inventaire

     

    Par Jean-Baptiste d'Albaret*

     

    Nous sommes en « guerre ». Après les attentats en Isère, Manuel Valls, lui-même, a lâché le mot. Une guerre dont la violence aveugle se manifeste sans limite. Sur les lointains terrains d’Afrique et du Proche-Orient, mais également tout près de nous, sur notre sol, dans les églises, les écoles, les transports en commun.

    Sur le front extérieur : l’État islamique vient de dynamiter le temple hellénistique de Baal, à Palmyre en Syrie, après avoir mis en scène la décapitation du conservateur de ce site classé au patrimoine mondial de l’humanité. Sur le front intérieur : un homme, présenté d’abord comme un « déséquilibré », mais en réalité lié à la mouvance islamiste, a cherché, le 21 août, à provoquer un carnage dans le Thalys reliant Amsterdam à Paris. Si l’intervention héroïque de trois touristes américains a permis d’échapper au pire, il s’en est fallu de peu pour qu’Ayoub El Khazzani ne perpètre un véritable massacre.

    Mais la chance ou le courage ne suffiront pas toujours à annihiler les actions d’individus fanatisés et prêts à toutes les extrémités. Le parcours d’El Khazzani, radicalisé en Espagne façon « loup solitaire » et repéré par les services de renseignements, ressemble à celui de ses semblables qui ont récemment défrayé la chronique du terrorisme hexagonal : Sid Ahmed Ghlam, étudiant soupçonné de planifier des attentats contre des églises à Villejuif, dans le Val-de-Marne, ou encore Yassin Salhi, mis en examen pour avoir décapité son employeur avant d’accrocher sa tête à un grillage, entourée de drapeaux islamistes.

    La fréquence de plus en plus rapprochée de ces attaques – combien depuis l’équipée sanglante de Mohamed Merah en 2012 ? – devrait imposer une révolution de pensée à nos dirigeants. Il apparaît ainsi de plus en plus nettement que l’idéologie droit-de-l’hommiste qui leur tient lieu de ligne directrice mène à une impasse. La morale incantatoire ne fait pas une politique. Pas plus que le rêve d’une Europe de la « libre circulation des personnes », totalement inadapté à la nouvelle donne mondiale, et qui vire au cauchemar.

    Oui, on est en droit de s’interroger sur la présence d’étrangers sur notre territoire dont les liens avec l’islamisme radical ont été identifiés. Il est sidérant qu’Ayoub El Khazzani ait pu, sans être inquiété, monter dans un train avec, dans son sac, un pistolet et une kalachnikov. D’autant plus que l’on apprend que l’homme a fait l’objet d’une fiche « S » – pour « Sûreté de l’État ». Ces fiches, établies par les services de renseignements, permettent de repérer des suspects en cas de contrôle de police. Très bien. Mais quelle est leur utilité si ces individus peuvent aller et venir librement, sans le moindre contrôle, à travers l’Europe sans frontières de Schengen ?

    Oui, la coopération européenne est un échec : il faut d’urgence rétablir une surveillance aux frontières et contrôler drastiquement les vagues migratoires – pourvoyeuses de terroristes en puissance – qui submergent le continent.

    Oui, les ratés de l’intégration ont favorisé un communautarisme, terreau du radicalisme, qui gangrène nos sociétés.

    Oui, le laxisme de la politique pénale est un pousse-au-crime pour des islamistes fanatisés.

    Oui, l’intervention en Libye a été une grave erreur stratégique créant, dans le monde arabe, une nouvelle poudrière s’ajoutant aux déflagrations en série provoquée par l’invasion de l’Irak en 2003.

    Oui, les relations ambigües que nous entretenons avec certains islamistes à l’étranger sont parfaitement contre-productives et favorisent même les assassins de chrétiens.
    Avant de s’attaquer aux causes du terrorisme islamique, commençons par identifier les erreurs tragiques qui ont conduit à cette situation devenue explosive et dont nos dirigeants portent la lourde responsabilité. Qui osera dresser l’inventaire ? 

      - Politique magazine

     

  • Hollande et l’Histoire : encore un rendez-vous manqué

     

    Le point de vue de Dominique Jamet

    Pour qui a suivi la conférence de presse de François Hollande, comment ne pas partager le constat lucide de Dominique Jamet ? Et son pessimisme sur la qualité des dirigeants occidentaux ? Bien-sûr, nous savons ici qu'à la médiocrité des hommes s'ajoute la faiblesse des Institutions politiques et conséquemment des Etats. Et que ces deux inconvénients sont dans un rapport dialectique, multiplicateur de nos échecs et de nos déclins.  LFAR 

     

    3312863504.jpgOn allait voir ce que l’on allait voir. La conférence de presse de François Hollande – la sixième de son premier quinquennat – allait marquer le grand tournant, le grand virage, que dis-je, le spectaculaire tête-à-queue de la désastreuse politique menée depuis quatre ans par la France dans le drame syrien. Après avoir soutenu par principe la rébellion des démocrates contre la dictature héréditaire de la famille el-Assad, jusqu’à nier au-delà du raisonnable l’échec cuisant de l’Armée syrienne libre et l’inanité du rêve d’un printemps arabe, après avoir dans un deuxième temps renvoyé dos à dos le régime et ses adversaires djihadistes – Laurent Fabius ne déclarait-il pas il y a quelques jours encore que Bachar et Daech étaient les deux faces de la même médaille ? -, le Président, ayant enfin pris connaissance du dossier et conscience des réalités, avait mesuré l’étendue de son erreur et compris que tenir la balance égale entre les deux camps revenait à assurer le triomphe de la barbarie. Il allait en tirer toutes les conséquences…

    On a vu. Le chef de l’État et des armées, toutes réflexions faites, tout bien pesé, et compte tenu de l’urgence, a résolu de laisser encore un peu de temps au temps. En vertu de l’indécision qu’il a prise, l’aviation française étendra prochainement son inaction à l’espace aérien de la Syrie, où elle procédera à des vols de reconnaissance, qui permettront de recueillir des renseignements, lesquels pourraient servir de base à des frappes aérienne ciblées contre Daech, étant bien entendu que celles-ci seront modulées de telle sorte qu’elles ne concourront en rien à maintenir ou à consolider la position des forces gouvernementales syriennes.

    François Hollande persiste donc dans l’erreur. Les piqûres de moustique dont il brandit la menace ne traverseront pas le cuir de l’éléphant islamiste. Il est clair que la France, réduite à ses seules forces, n’est pas à même de réduire le monstre qu’elle a laissé grandir. Mais comment le président de la République ose-t-il dire qu’il serait « inconséquent et irréaliste » d’envoyer des troupes au sol quand tous les spécialistes, les experts et le bon sens s’accordent pour estimer que c’est notre seule chance d’en venir à bout ? Qui, dans cette affaire, est inconséquent et irresponsable ? Il n’y a pas le feu ? Mais si, justement, il y a le feu.

    M. Hollande n’a pas saisi l’occasion qu’il s’était lui-même donnée de lancer un appel solennel aux soixante pays nominalement engagés dans la coalition contre l’État islamique, en commençant par les États-Unis qui, après être intervenus à trois reprises quand ils auraient dû s’en abstenir, s’abstiennent aujourd’hui alors qu’ils devraient intervenir. Il ne les a pas mis devant leur responsabilité. Il a manqué une fois de plus le rendez-vous d’une haute fonction avec un grand destin. Il a posé un lapin à l’Histoire.

    Celle des mois et peut-être des années à venir est donc d’ores et déjà tracée. Tant que l’Allemagne, qui en a la capacité, continuera d’accueillir des centaines de milliers de migrateurs et imposera à la France, qui n’en a pas les moyens, d’en prendre sa part, le tsunami démographique dont les vagues se succèdent sur nos rivages se poursuivra et s’amplifiera. Des hommes, des femmes et des enfants fuiront leur terre natale dans l’espoir d’échapper à la misère, à la terreur et à la mort. Des enfants, des femmes et des hommes périront noyés, égorgés, décapités, sous la hache, sous les balles, sous les bombes. La Méditerranée restera un cimetière et le Moyen-Orient un champ de bataille, de ruines et de morts. Le régime syrien, ultime rempart de la civilisation, quoi qu’on en pense, chancellera et finira par s’abattre sous les coups de boutoir des barbares.

    Barack Obama, François Hollande, David Cameron, autant d’hommes que leur habileté, leur ambition et le suffrage universel ont portés au sommet et qui ne sont pas à la hauteur. Comme dit la chanson : « T’es ben trop petit, mon ami ! » Dame, oui ! 

  • Rire ou sourire un peu ... même s'il n'y a pas vraiment de quoi

     

    Pastiche de la prose élyséenne, imaginé par Jean de Maistre

    (Reçu dans les commentaires à la suite de notre note du 7 septembre : Communiqué truffé de fautes : sait-on parler français à l'Elysée ?)

     

    Lettre de François Hollande à S.M. Elizabeth II

    Chère Elizabeth II,

    Ce sera avec grand plaisir que je me rendrai au sommet Européen consacré au drame des réfugiés. Je viendrai avec tout plein de propositions innovantes ainsi qu'avec ma conjointe. Nous ne pouvons pas rester insensible à ce drame qui impacte sur notre sens de notre solidarité et des valeurs humaines. Ce sommet devra trouver des solutions qui boostent l'accueil de ces populations chassées par la guerre civile et par la misère à propos de lesquelles nous n'avons aucune responsabilité.

    Bien cordialement !

    François Hollande