ONCPC * • Rien que pour le plaisir ... Michel Onfray à Yann Moix : « La pensée, c'est pas fait pour vous ! »
* Michel Onfray - On n'est pas couché, 19 septembre 2015
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* Michel Onfray - On n'est pas couché, 19 septembre 2015
Les gratte-ciel à moitié vides de Doha © Copyright : DR
Par Péroncel-Hugoz
Ayant acquis l’assurance que de richissimes Etats pétroliers ne veulent pas de réfugiés arabes, Péroncel-Hugoz mord …
L’Italie, l’Espagne, la France n’ont pas la chance allemande de jouir actuellement d’une économie florissante mais, au contraire, ces pays ploient sous le triple poids du chômage, de l’endettement et de la dépression économique. Or, ce qu’il est convenu d’appeler la « communauté internationale » — mélange de l’ONU, de l’Union européenne, de diverses autorités morales, de médias bien-pensants, etc. — ne s’est pas privée, néanmoins, de tarabuster ces nations latines pour l’hospitalité « insuffisante » qu’elles offrent aux « migrants » proche et moyen-orientaux fuyant bombes, tyrannie et désintégration économique.
En revanche, et assez curieusement, on n’a capté de ladite « communauté internationale » aucun appel pressant aux « pays-frères » arabo-musulmans, très bien pourvus en hydrocarbures et devises mais pauvres en populations. L’Emirat de Qatar, les sept Emirats-Arabes-Unis, par exemple, sont traditionnellement obligés, par leur démographie déficiente, de faire venir bras et cerveaux d’un peu partout, y compris de terres lointaines comme les Philippines avec lesquelles ils n’ont pratiquement pas d’affinités. Pourquoi ne se sont-ils pas ouverts, au moins un peu, à leurs malchanceux cousins syriens ou irakiens, arabophones et musulmans comme eux ? Un père de famille damascène bien accueilli, avec les siens, depuis juin 2014, près de Mayence en Allemagne, a déclaré au « Monde » du 10 septembre 2015 : « Si on avait eu le choix, on aurait préféré aller dans un pays islamique ».
Des blogueurs, libres d’esprit, nous expliquent depuis les rives du Golfe arabo-persique, que cet « égoïsme d’Etat » vient de la crainte que, parmi les réfugiés, ne se cachent « futurs djihadistes et terroristes » … Ah ! bon ? Ces blogueurs, s’ils étaient en Europe occidentale, risqueraient, en émettant une telle hypothèse, de tomber sous le coup du nouveau délit inventé par le Vieux Continent : l’ « islamophobie »…
D’ailleurs, il n y a pas que les pétro-Etats arabes du Golfe qui pourraient accueillir, au moins jusqu’à la fin des hostilités au Levant, des Syro-irakiens. Qui ? Eh ! bien la prospère Algérie, par exemple, très sous-peuplée par rapport à son territoire national et qui aurait là l’occasion de mettre en pratique cette fameuse « fraternité » arabo-musulmane, que ses dirigeants aiment invoquer dans leurs discours … Les héritiers des nationalistes algériens semblent avoir oublié que leurs pères, lors de la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962), bénéficièrent largement de cette fraternité en Tunisie, au Maroc et en Libye. Alger a même instauré un visa pour les Syriens … Hélas ! hélas, le Maroc a pris récemment la même décision. Que ces malheureux Syriens aillent donc se faire voir en Europe !
Notre impitoyable consœur tunisienne de « Jeune Afrique », Faouzia Zouari, n’y pas allée par quatre chemins : « Nous n’oublierons pas l’immobilisme honteux des Arabes : celui d’Emirats repus qui ferment les yeux devant le drame [syro-irakien], l’immobilisme d’Etats musulmans qui regardent, imperturbables, des Etats chrétiens recueillir les victimes d’un islamisme avec lequel ils composent, eux … »
Un Marocain marié à une Russe musulmane auquel je lisais tout ce qui précède m’a rétorqué : « Et pourquoi Moscou n’ouvrirait pas aussi ses frontières aux réfugiés orientaux ? L’immensité eurasiatique de la Russie est extrêmement sous-peuplée et je vous assure que les musulmans russes, quoique non arabophones, seraient contents de manifester leur solidarité aux Syriens ou Irakiens ». L’Islam de Russie compte en 2015 environ 20 millions de fidèles autochtones. •
Par Jean-Philippe Chauvin*
En matière d'écologie, comme sur d'autres sujets, notamment celui du régime, Jean-Philippe Chauvin poursuit une réflexion qui nous intéresse et intéressera nos lecteurs. Tel le pertinent article qui suit.
Il n’y a pas une semaine durant laquelle la presse n’évoque un nouveau drame environnemental, mais sans que cela ne suscite autre chose qu’une sorte de fatalisme bien-pensant ou moult déclarations désolées et lénifiantes, malgré quelques tentatives de réaction, vite étouffées par l’oligarchie médiatique ou, simplement, par l’oubli des informations de la veille. Ainsi, la sixième extinction animale et végétale, puis la vidange accélérée des océans, n’ont occupé quelques colonnes de journaux et quelques minutes d’écran que le temps d’une journée vite achevée, et ces informations reviendront l’année prochaine, entre une déploration sur le réchauffement climatique et une lamentation sur la bétonisation des campagnes, désormais véritables marronniers télévisuels et imprimés…
Et pourtant ! Ces questions sont bien urgentes et nécessiteraient une vaste mobilisation des Etats et des consciences, et les personnalités politiques qui veulent s’inscrire dans le temps long ne peuvent faire l’économie de réponses à réfléchir, à apporter, à envisager au regard des enjeux écologiques qui engagent toute la planète et ceux qui la peuplent. Mais il y a une grande difficulté qui tient à la nature même du système idéologique qui prévaut dans nos sociétés contemporaines, un système qui a plusieurs têtes comme l’hydre et qui semble inaltérable et obligatoire, système en définitive globalitaire et qui se pare de vertus qui n’en sont pas forcément…
Benjamin Franklin, celui-là même qui porte un beau prénom mais s’avéra un cruel individualiste au service de ce que jadis l’on nommait « Veau d’or », a résumé, en une formule célèbre, cette véritable révolution du temps, du sens de la nature humaine et de son inscription, de son action dans ce que les catholiques nomment « création », révolution qui s’est faite au détriment de cette dernière, en définitive : « le temps, c’est de l’argent ». Formule aux conséquences incalculables qui fait basculer le monde (si on la suit aveuglément) dans une logique « utilitariste » et matérialiste qui oublie tout ce qui fait, en définitive, le sel de la vie et la particularité humaine : quelle place, dans le monde franklinien, pour la beauté d’un coucher de soleil, éternellement renouvelée et éminemment gratuite, ou pour le plaisir d’une flânerie, d’une conversation ou pour la transmission de ces légendes, de ces traditions qui font les couleurs du monde ?
La notion de croissance est un élément de ce système et qu’il est parfois difficile de mettre en cause dans la dégradation de la planète : non qu’elle n’en soit pas responsable, comme le fameux « développement » théorisé par Rostow dans les années de l’après-guerre ou le « développement durable », oxymore qui connaît une grande gloire depuis le Sommet de Rio de 1992. Mais nos contemporains n’en veulent retenir que la définition purement économique quand elle est beaucoup plus que cela : c’est aussi une idéologie, celle du « toujours plus », celle du « désir infini dans un monde fini », et cette logique est infernale car elle épuise inéluctablement la planète comme le prouvent à l’envi (et jusqu’au plus profond dépit) les drames environnementaux et les études qui se penchent sur ceux-ci.
Pourtant, il en est qui ne veulent rien voir ni rien entendre aux souffrances de notre bonne vieille Terre d’accueil, et qui dénoncent sans retenue ni discernement tous ceux qui osent prôner une forme ou une autre de décroissance : ainsi Augustin de Romanet, dans le dernier numéro de la revue Commentaire, s’en prend-il à ceux-ci avec des arguments plus simplistes que ceux des « décroissants » qu’il moque, réduisant la question à une petite affaire d’arithmétique électorale en arguant que les listes portant nommément cette idée ont fait des scores dérisoires. Je suis bien placé pour savoir que notre système de représentation démocratique, s’il n’est pas forcément inutile, n’est pas le plus juste ni le plus légitime quand il s’agit d’évoquer les grands problèmes, et qu’il est surtout le moyen de « tenir le politique » beaucoup plus que de le fortifier face aux féodalités économiques et financières… Qui n’a pas d’argent peut difficilement se faire entendre, si ce n’est en cassant des vitres ou en faisant scandale, ce qui, parfois, brouille le sens du message porté par ces mouvements minoritaires condamnés à le rester longtemps, et cela quelles que soient la pertinence de leurs idées et propositions : le piège démocratique, diraient certains, mais qui participe à cette « fatigue civique » que les observateurs pointent depuis un bon bout de temps…
Mais Romanet a tort : si la croissance apparaît si peu contestée, ce qui d’ailleurs mériterait confirmation plus crédible que celle qu’il avance, elle n’en est pas moins dangereuse parce qu’elle ne sait pas se limiter d’elle-même quand la nécessité appellerait ce sens de la mesure, cet esprit de reconnaissance des limites naturelles et humaines qui permettent aux sociétés humaines de durer. Et le pape, par sa récente encyclique Laudate si’, a donné au concept de décroissance de belles lettres de noblesse, à la grande rage des « croissancistes » qui voient leur idéologie réduite à ce qu’elle est, c’est-à-dire une construction théorique qui s’émancipe du réel pour ne s’intéresser qu’aux chiffres et à « l’avoir » statistique en négligeant les contextes et les perspectives environnementales comme sociales.
Cette décroissance évoquée par le pape ne signifie pas qu’il faut en revenir à un âge des cavernes qui méconnaîtrait les savoirs techniques et leurs applications, qui ne sont pas forcément inutiles ou maudites, mais qu’il faut en revenir à l’essentiel sans négliger autrui, et les paysages, les fleurs ou les animaux qui les peuplent, sont ces autres qu’il ne faut pas oublier, ni mépriser, comme saint François d’Assise nous l’a enseigné en son temps en quelques leçons qu’il nous faut encore et toujours méditer et appliquer… •
Le blog de Jean-Philippe Chauvin
A l'heure de la visite du pape François aux Etats-Unis, dont celui-ci ne manquera pas de critiquer le consumérisme et où il serait étonnant qu'il ne dénonce pas le règne de l'argent, l'un des piliers de la société américaine et moderne, sinon le plus fondamental, la réflexion d'Alain de Benoist sur ces sujets nous paraît opportune et juste. Sans remonter plus avant dans le cours de l'histoire des idées, rappelons que la critique de l'Argent-Roi est au cœur de l'Avenir de l'Intelligence de Maurras, l'un de ses maîtres-livres; au cœur, aussi, de la politique et de l'anthropologie d'un Pierre Boutang. Alain de Benoist nous rappelle ici, à juste titre, que cette critique est beaucoup plus ancienne; qu'elle s'enracine dans une certaine sagesse éternelle, ou philosophia perennis; et que, en ce sens, elle s'oppose radicalement à la modernité. Nous partageons ces analyses. LFAR
La sagesse chinoise nous dit que si l’argent peut être un bon serviteur, il sera toujours un mauvais maître. Tout ne dépend-il pas en réalité de l’usage qu’on en fait ? Et d’ailleurs, tout le monde n’en a-t-il pas besoin ?
On a aussi besoin tous les jours de papier toilette, mais on ne le sacralise pas pour autant ! Ceux qui s’imaginent que l’argent est « neutre » sont les mêmes qui croient que la langue n’est qu’un moyen de communication (alors qu’elle est avant tout porteuse d’une conception du monde) et que la technique est bonne ou mauvaise selon l’usage qu’on en fait (alors que, quel que soit cet usage, elle implique un rapport au monde qui lui est propre).
Pris dans son essence, l’argent peut être défini comme l’équivalent universel. Il est ce qui permet de réduire toutes les qualités à une quantité, c’est-à-dire à un prix. Il est ce qui montre en quoi toute chose peut être regardée comme semblable à n’importe quelle autre. L’argent, d’autre part, est une médiation sociale, où la liberté individuelle s’identifie à l’objectivation des relations d’échange (l’individu se projette dans la prestation monétaire), comme l’a bien montré Georg Simmel dans sa Philosophie de l’argent. La monnaie elle-même n’est jamais seulement une monnaie. L’euro, par exemple, est aussi une forme subtile de gouvernance permettant d’équarrir le salariat en liquidant les acquis sociaux.
La condamnation de l’argent court tout au long de l’histoire européenne, depuis la critique aristotélicienne de la chrématistique, c’est-à-dire de l’accumulation de la monnaie pour elle-même, jusqu’au pape François qui, dans La Joie de l’Évangile (2013), dénonçait le « fétichisme de l’argent » et la « dictature de l’économie sans visage ». Thomas d’Aquin n’écrivait-il pas déjà que « le négoce, envisagé en lui-même, a quelque chose de honteux » (Somme théologique) ?
Mais le « règne de l’argent », qu’est-ce que cela signifie exactement ?
Le règne de l’argent, c’est la transformation de toute chose en son équivalent monétaire, c’est-à-dire en son prix. C’est aussi la substitution de richesses marchandes et artificielles aux richesses premières offertes par la nature. C’est enfin la mise en place d’un monde où toutes les finalités pratiques sont considérées comme interchangeables, et qui se détache des finalités pour s’investir dans la rationalisation des moyens. Tout cela s’opérant au nom des « lois du marché ».
Le marché au sens moderne du terme n’a évidemment rien à voir avec les anciens marchés de village. Il désigne un système supposé autorégulateur et autorégulé, mais en réalité institué dans l’Histoire, qui tend à devenir aujourd’hui le paradigme de toutes les activités humaines, publiques et privées : marché du mariage, marché politique, marché de la santé, etc.
Les fondateurs du libéralisme (Adam Smith, Quesnay, Mandeville, etc.) affirment tous que le marché est la forme naturelle de l’échange car l’homme est fondamentalement un Homo œconomicus, naturellement toujours porté à rechercher son utilité (son meilleur intérêt matériel), en d’autres termes un agent autonome et rationnel dont tous les actes obéissent à la logique marchande. La vertu sociale se trouve ainsi disqualifiée, les vices privés étant censés faire le bonheur public (c’est le thème de l’« harmonisation naturelle des intérêts » sous l’effet de la « main invisible » de la « concurrence libre et non faussée », nouvel avatar de la Providence). Rien ne doit plus entraver la recherche du profit. L’activité économique justifie la cupidité et devient la raison même de la vie.
Partant de là, il est aisé de comprendre comment le capitalisme a pénétré tous les aspects de la vie pour les soumettre à la règle du « toujours plus » : l’illimitation de la marchandise répond à celle de désirs immédiatement transformés en besoins. L’argent sert à produire des marchandises qui produisent encore plus d’argent. La valeur d’échange prend le pas sur la valeur d’usage, et la « loi du marché » s’impose partout : marché des joueurs de football, marché de l’art contemporain, marché immobilier, marché du travail, marché des organes, des cellules souches, des embryons, des mères porteuses, etc. Et les paysans, successivement transformés en « agriculteurs », puis en « producteurs agricoles », ne sont pas les derniers à être victimes de cette loi du profit qui ne leur laisse que la liberté de crever.
Hier surtout industriel, le capitalisme est devenu aujourd’hui fondamentalement financier ? Est-ce la raison pour laquelle nous sommes en train de passer, pour reprendre les mots du Vatican, d’une économie de marché à une société de marché ?
Dans son livre récent, Ce que l’argent ne saurait acheter, Michael Sandel s’interroge sur une société où tout ce qui échappait auparavant aux « lois du marché » (la terre, l’art, la culture, le sport, la socialité élémentaire) leur est désormais soumis. « Devons-nous admettre, écrit-il, que l’on paie des chômeurs pour qu’ils fassent la queue à notre place, que la Sécurité sociale paie les fumeurs ou les personnes en surpoids pour qu’ils se prennent en main, que les enfants reçoivent de l’argent de l’école quand ils ont de bons résultats scolaires, que les prisonniers puissent payer pour avoir de meilleures cellules ? Voilà quelques-unes des questions bizarres, mais fondamentales, auxquelles nous soumet l’extension du marché. » Sandel montre ensuite que, lorsque l’argent régit toutes les transactions sociales, les incitations monétaires peuvent avoir l’effet inverse de celui escompté, car l’argent érode la valeur des biens auxquels il permet d’accéder (payer un enfant pour qu’il aille à l’école porte atteinte à la notion même de l’éducation).
Une société qui n’est plus affaire que de contrats juridiques et d’échanges marchands n’est tout simplement pas viable, car les contrats et les échanges ne se suffisent jamais à eux-mêmes et ne sauraient donc fonder une société. Le système de l’argent périra par l’argent, ce dont on pourrait bien s’apercevoir bientôt. •
Entretien réalisé par Nicolas Gauthier - Boulevard Voltaire
Par Academos
On célèbre depuis l'an passé le triste centenaire de la Guerre de 14, qui fut à la fois une page glorieuse et héroïque et, hélas, une monstrueuse boucherie; le premier acte du suicide de l'Europe, qui devait reprendre vingt ans après, en 1939...
Mais, qu'ont fait les Français, en 14 ? Et, avec eux, les Belges, les Anglais et tous nos alliés : ont-ils fui la guerre, pour se réfugier en Corée, en Uruguay ou bien je ne sais où ? Non, ils sont restés, et se sont tombés par centaines de milliers, pour leur patrie et leur liberté. Un million et demi de morts : quasiment toutes les familles de France ont eu un ou plusieurs tués dans ce conflit atroce et glorieux; dans la mienne, le jeune Français qui était mon oncle Georges, Camelot du Roi, est allé mourir, à l'âge de vingt ans, dans l'une des forêts des Ardennes, à la frontière belge : il est mort pour la France, et n'est pas allé pleurer dans un autre continent, pour y vivre de la générosité des autres.
Or, vous, c'est ce que vous faites : on vous voit chaque soir à la télé, pleins de vie et d'énergie - mais aussi de hargne... - soudainement nourris, ma foi (rien à voir avec les images des malheureux rescapés des sinistres Camps, faméliques et décharnés...); et l'on apprend que chacun d'entre vous coûtera à la collectivité 1.000 euros par mois (en attendant la femme et les enfants, qui viendront vous rejoindre bientôt...), dont 200 au titre de la scandaleuse AME. Les Français pauvres, mal-logés ou qui meurent dans la rue, chaque hiver, passent après (ou pas du tout, du reste...), mais, vous, vous êtes prioritaires, et, pour vous, se déploie une frénésie d'aides en tous genres qui fait rêver !
Quant aux responsables politiques et aux journaleux immigrationnistes qui nous bourrent le crâne trente heures sur vingt-quatre et dix jours sur sept, qu'ils se remémorent la sentence latine : Caveant consules ! car les Français ordinaires commencent à en avoir assez. Vraiment assez et franchement marre... •
par Louis-Joseph Delanglade
Alors que le chaos migratoire se propage dans les Balkans, on peut se demander qui contrôle quoi que ce soit dans l’Europe de Schengen - dont l’incurie est manifeste. Devant la montée de la grogne des opinions publiques et les désaccords de fond au niveau le plus élevé, un sommet européen « extraordinaire » est prévu ce mercredi 23 pour faire accepter le principe des quotas dans la répartition des « réfugiés ». Ce sommet permettra sans doute de trouver un de ces compromis boiteux et dilatoires dont l’U.E. a le secret : tout est possible, rien n’est réglé. Mais on envisage aussi d’aider Turquie, Liban et Jordanie à gérer leurs camps de réfugiés, de créer aux frontières extérieures de l’Union des centres de tri pour repérer les migrants économiques et d’organiser le retour de ces derniers dans leurs pays. On voudrait donc parquer, discriminer, exclure. Beau et humaniste programme - mais scepticisme de rigueur : dommage, car on pourrait s’en inspirer pour traiter le problème de l’immigration en général.
Le vrai problème en effet, en tout cas pour la France, est que cet afflux, hélas trop prévisible, d’immigrés proche-orientaux, survient après des dizaines d’années d’une immigration folle qui a vu s’installer, de façon régulière ou clandestine, des millions d’étrangers extra-européens pas forcément désirables - même si ce n’est pas le cas de tous, il faut le reconnaître. Certains ont été naturalisés, beaucoup ont eu de nombreux enfants, nés ici et bénéficiant donc du droit du sol, mais qui doivent être comptabilisés si on veut vraiment prendre en compte les réalités. Du coup, même s’ils « valent » beaucoup mieux que la plupart de leurs prédécesseurs, ces vingt-quatre mille Syriens sont un peu la goutte d’eau… Le vase est plein. Une première condition à toute immigration réussie est en effet qu’elle soit quantitativement acceptable : les bornes ont été franchies, non possumus.
Il est vrai que l’Europe est coupable. Coupable d’être tout à la fois une maison de retraite (à cause du vieillissement de sa population) et une armée du salut (à cause de son humanitarisme compassionnel psychotique). Il est peut-être écrit que certaines des nations qui la composent, en pleine décadence, sont entrées en agonie. Peut-être; mais peut-être seulement, car un sursaut et une renaissance ne peuvent être totalement exclus. Ce dont on doit être sûr, c’est que cela ne passera pas par l’Union, mais se fera contre elle. Car, sur le plan politique, le problème de l’Europe, c’est…« l’Europe » - le même nom désignant abusivement deux réalités bien différentes : celle-ci, vaste marché économique, sans âme, dans lequel ne peut se reconnaître aucun pays, ni aucun Européen; celle-là, façonnée par les millénaires de l’Histoire et dont il est facile de dire qui en est et qui n’en est pas.
Ce n’est pas plus d’Europe qu’il faut, c’est mieux d’Europe : une Europe qui commence par s’aimer elle-même, à travers ses diversités culturelles et nationales au lieu de bader les « barbares ». Une Europe sûre de ce qu’elle est et qui n’en accueillera que mieux les immigrés qu’elle voudra bien accueillir. •
Une analyse de Bernard Lugan
La stabilité de l'Algérie est-elle compromise ? Quiconque se soucie de l'avenir de la France, de sa propre stabilité, ne peut manquer de se poser, dans toute son ampleur, cette inquiétante question. Elle nous concerne directement pour toutes sortes de raisons qu'il est sans-doute inutile de rappeler ici. On en pressent de façon très immédiate toute la gravité. Samedi 19 septembre, Bernard Lugan, grand spécialiste de l'Afrique, a publié sur son blog une note qui traite de la question du pouvoir en Algérie, de la succession de Bouteflika, des manœuvres qui sans-doute la préparent, des incertitudes qu'elle réserve. On lira cette note avec attention en attendant la suite que Bernard Lugan a annoncée. Malgré les apparences, nous ne nous sommes peut-être éloignés de la question des migrants que par anticipation. LFAR
En Algérie, les récents limogeages opérés à la tête de l'armée et des services spéciaux ont une explication: le pays n'est plus gouverné par le président Abdelaziz Bouteflika, mais par Saïd, son frère.
Source : Figarovox
Samedi 12 septembre 2015, LLAARR le duc et la duchesse de Vendôme ont ouvert les portes du Domaine Royal de Dreux et de la Chapelle Saint-Louis aux anciens paras de la région Centre pour une messe en hommage à Saint-Michel, leur saint patron et à leurs camarades morts pour la France.
Lors de cette messe, les anciens soldats, certains le revers du veston couvert de médailles, ont souhaité rendre un hommage particulier au Prince François d'Orléans mort pour la France le 11 octobre 1960 à Imzouagh, en Algérie, en allant se recueillir devant son tombeau et en lui offrant l'honneur de leurs drapeaux, avant de se rendre en cortège au monument aux morts du centre-ville de Dreux .
Avant de partir, les anciens bérets rouges ont proposé au prince de poser avec eux pour une photo de groupe des anciens combattants pour la France, un honneur que le prince a souhaité saluer en se joignant à eux coiffé de son béret du 7e régiment des chasseurs d'Arras .
(Texte: La Couronne / Photo: Jean Cardoso)
On retrouvera les diverses phases de cette cérémonie grâce au reportage photographique qui en a été donné par la Mairie de Dreux. Et que nous mettons en ligne en totalité.
Nous ajouterons, enfin, pour l'information de nos lecteurs, que le prince Jean est colonel de réserve de l'Armée française. •
Reportage photographique
Pour accéder à la totalité du reportage, cliquer sur l'une quelconque des photographies ci-après.
Saint Michel Régionale, samedi 12 septembre 2015, à Dreux, organisée par l'Union Nationale des Parachustistes et la Section 281 "Lieutenant Antoine De la Batie".
Comme Michel Houellebecq, Robert Ménard n'a pas peur de l'idéologie dominante. Il n'estime pas ces gens, ni ne recherche leur estime. C'est en somme ce qu'il vient d'exposer dans un entretien paru dans Boulevard Voltaire - que nous reprenons ici en toute sympathie et amitié d'esprit. LFAR
Deux députés socialistes ont annoncé leur intention de saisir le président de la République pour demander votre révocation. Votre réaction ?
Je les trouve un peu mous en ce moment. S’ils veulent être dignes des « grands ancêtres », Fouquier-Tinville, l’homme de la Terreur de 1793 ou Beria, le ministre de l’Intérieur de Staline, ils devraient demander qu’on me déchoie de mes droits civiques, qu’on m’envoie en rééducation dans un camp aux îles Kerguelen. A minima, mon arrestation par le RAID. Juste ma révocation, c’est léger.
Il semble que ce manque de vigueur entraîne une faible mobilisation. Seulement 3.000 signatures à leur pétition. Alors que la vidéo qu’ils me reprochent a été vue, elle, tous hébergeurs confondus, par plus de 500.000 personnes ! Bref : peut mieux faire.
Cela étant, de quoi m’accusent-ils ? D’être dans l’illégalité ? Balivernes ! Un maire a parfaitement le droit d’aller avec la police municipale dans un immeuble et de dire à des squatteurs sa façon de penser. Sur ce point comme dans tant d’autres affaires, on assiste à une inversion radicale des faits et de leur présentation. Est-il normal que des gens entrés en France illégalement, entrés dans des appartements illégalement, bénéficiant illégalement de l’eau et de l’électricité, voient cette situation légalisée ou en cours de légalisation par le président de l’OPHLM, par ailleurs président de la communauté d’agglomération, et par l’État ?
Ce n’est pas la première fois que l’on réclame pareille sanction à votre égard.
Et sans doute pas la dernière. Pour une raison très simple : ces députés socialistes, inconnus du grand public national, se payent grâce à moi un peu de notoriété. Ils sont parmi les premiers à m’accuser de vouloir faire le buzz, mais ils en veulent leur part.
Cela étant, leur démarche obéit à un autre but que celui de faire parler d’eux. Ils veulent criminaliser mon action, comme d’ailleurs celle de tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Ils savent que leur demande de révocation sera vaine, cette fois comme les précédentes. Mais, ce faisant, ils déplacent le débat. D’un sujet politique, propre à l’espace public, ils veulent faire un dossier judiciaire. Pour faire simple : avec eux, toute opinion non conforme n’est plus une opinion mais un délit.
Derrière leurs masques d’élus en costume-cravate, il ne faut pas se tromper : ces gens ne sont ni des démocrates ni des républicains. Ils veulent faire peur à toute vraie opposition. L’avis de la majorité du peuple, ils s’en fichent ! Ce sont des hommes de guerre civile.
Par ailleurs, Télérama et d’autres s’insurgent contre le fait que vous soyez invité sur des plateaux de télé : vous en êtes choqué ?
Je le prends comme un hommage. C’est qu’ils me jugent pas trop mauvais et que ça les dérange. Après, choqué… Ils sont tellement prévisibles. Ils se ressemblent tellement, tous, avec leurs préjugés qui nourrissent leur mépris. Demander une telle interdiction, c’est une défaite de la pensée.
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve vous a personnellement attaqué hier au Sénat. Toujours à propos de la vidéo de votre visite aux réfugiés syriens, il a parlé de « comportement abject ». Une réponse ?
Cette attaque confirme tout ce que je viens de vous dire. Bernard Cazeneuve, impuissant notoire pour ce qui est des actes contre la délinquance, condamne verbalement un élu qui lui reproche de ne pas faire son travail de ministre de l’Intérieur. Il a de la chance, beaucoup de chance, que les Français ignorent à quel point l’État est démissionnaire face à la délinquance. Le journal municipal aura l’occasion, bientôt, de mettre M. Cazeneuve face à ses responsabilités pour ce qui est de Béziers. Quand on connaît la réalité et qu’on voit le ministre parader sous les ors du Sénat, on pourrait à bon droit être partagé entre la colère et le dégoût. Pour ma part, cela me fixe le devoir de ne pas changer de cap. •
Par Philippe Bilger
Philippe Bilger estime, dans l'excellente tribune qui suit, que le dossier à charge consacré à Michel Onfray par Libération honore davantage cet intellectuel qu'il ne le disqualifie. En réalité, la réflexion de Philippe Bilger tendrait plutôt à démontrer l'insignifiance de Laurent Joffrin, personnage peu sympathique, suffisant, et en fin de compte relativement négligeable. Mais, dans le Figaro magazine de cette semaine, Eric Zemmour écrit une lettre remarquée « à Michel Onfray, mon nouvel ami ». Et ainsi se forme, par delà leurs différences, parfois leurs oppositions, leurs personnalités contrastées, une pléiade d'intellectuels que réunit leur refus du formatage que voudrait imposer le Système. Et que réunit aussi, malgré tout, leur commun attachement à un certain nombre de réalités historiques, culturelles, charnelles aujourd'hui menacées. Certes le dit Système tient encore les principaux leviers de commande. Mais face aux crises qui s'avancent et aux oppositions qui se forment, il n'a, comme on dit dans le langage populaire, qu'à bien se tenir ! LFAR
Libération a publié « Nos réponses à Michel Onfray » sur « Migrants, FN, Médias » et a consacré quatre pages - en sélectionnant des extraits d'un entretien paru le 10 septembre dans Le Figaro - à lui répliquer, à le contredire.
En page 2, en gras et en caractères immenses, cette affirmation: « Comment Michel Onfray fait le jeu du FN ».
C'est Laurent Joffrin qui a assumé la lourde et ingrate charge de cet exercice et, comme c'était prévisible, il a donné encore plus de force et de vigueur à l'argumentation prétendument choquante de ce philosophe.
Si Michel Onfray était vaniteux, il pourrait s'enorgueillir de cet hommage pervers qui fait parler de lui et le place, à nouveau, au centre d'un débat qu'il n'a pourtant pas initié.
Je suis persuadé que le quotidien du 15 septembre a été énormément vendu, ce qui autorise l'interprétation évidente que la personnalité, les propos et l'aura de Michel Onfray ont beaucoup plus attiré les lecteurs que « Nos réponses » de Libération. L'absurdité du procès que sa pertinence.
Il est vrai que sont navrantes cette page 2 présentant comme une certitude ce qui est tout au plus une élucubration indécente, et les deux pages suivantes où Laurent Joffrin s'essouffle à demeurer à la hauteur, même critique, même partiale, de convictions face auxquelles il rend les armes en croyant les vaincre.
Aucune de ses répliques n'est décisive et on a de la peine pour lui, tant il cherche désespérément à trouver des motifs pour instiller de la contradiction à l'égard de propos à la limpidité rude, âpre et sans fard.
On est obligé de s'interroger sur les causes d'un tel masochisme médiatique, entraînant Libération dans un gouffre de banalité idéologique: Michel Onfray, avec lequel on est en désaccord, fait forcément le jeu du FN !
Je savais qu'un jour la pensée convenue se servirait de cette pique qui n'a plus le moindre effet corrosif tant c'est devenu un poncif que de «sortir» le FN quand on est dépassé et que l'impuissance vous guette. Je ne peux pas ne pas voir dans cette étrange entreprise menée par un quotidien vantant pourtant sa liberté et son anticonformisme la manifestation d'une connivence, entre le pouvoir et lui-même. Il n'est pas indifférent en effet que le journal prenne la relève du Premier ministre qui s'était ridiculisé en enjoignant à Michel Onfray d'avoir tort avec BHL et avec la gauche plutôt que raison avec Alain de Benoist.
Il n'est pas anodin non plus que dans le corps de l'une de ses piètres rectifications, Laurent Joffrin cite, pour le soutenir, BHL dont le comportement boutefeu, notamment pour la honteuse catastrophe libyenne avec ses suites terrifiantes, avait été dénoncé par Onfray de manière plus que cinglante.
On a donc à l'évidence, dans ces quatre pages, la mise en oeuvre d'un processus moins destiné à battre en brèche les affirmations d'Onfray qu'à donner un signal complaisant et soumis à ceux qui ne supportent pas ses éclats et son insupportable sincérité et lucidité.
Comment ce pouvoir et ceux qui le servent pourraient-ils admettre d'être ainsi déboussolés ? Comment un homme, dont le destin et les constances intellectuelles ont manifesté qu'il avait le droit de blâmer la gauche de ne plus l'être, se permet-il en même temps des fulgurances, des provocations et des évidences dont les esprits libres, de droite et de gauche, font leur miel ?
Il y a dans cette alliance entre une légitime dénonciation, selon Onfray, et une adhésion courageuse à la vérité du réel, quoi qu'il en coûte, une logique, une rectitude, non pas une contradiction mais une concordance, impossibles à accepter pour des dogmatiques et des idéologues préférant se crever les yeux et l'esprit en faisant silence plutôt que d'observer, réagir, protester et cibler les responsabilités.
Michel Onfray est un intolérable mystère pour les sentiers battus et les tiédeurs d'aujourd'hui, il a l'aplomb de ne rien renier de ce qu'il a été et de ne pas s'excuser en permanence de ce qu'il a l'audace - parce que le déplorable est de devoir considérer qu'il y a en effet un risque - de nommer, de décliner et de pourfendre.
Quand Laurent Joffrin, sans enthousiasme ni élan, défend les médias dont Onfray souligne le caractère manipulateur, parfois, et la criminalisation qu'ils opèrent de toute réflexion profonde, notamment sur les migrants, il adopte une posture qui serait comique si elle ne prêtait pas à conséquence au quotidien, pour l'information, la politique et la société.
Ce qu'on reproche à ce philosophe est la liberté de sa pensée et de son expression. Pensant juste, il dit ce qu'il pense. Rien de plus mais c'est beaucoup aujourd'hui. C'est un honneur fait à Michel Onfray que ce numéro pour détourner de lui. Mais qui lui donne raison. •
Philippe Bilger est magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole. Son dernier livre Ordre et Désordres vient de paraître aux éditions Le Passeur. Retrouvez-le sur son blog Justice au singulier.