Il était bien prévisible que l'otage français capturé en Algérie par les islamistes ne tarderait pas à être exécuté. Il a fallu que ce soit chose faite, dans les horribles conditions que l'on sait, que l'on a vues, pour que l'émotion s'empare, fortement cette fois-ci, de l'opinion française et de ceux qui la font. L'onde de choc de telles images et de telles émotions peut s'étendre loin dans l'espace (en Europe notamment), dans le temps (le renouvellement de tels actes est évidemment à prévoir), et dans l'ordre des conséquences : politiques, militaires, sociales et idéologiques.
Dans cette situation, le rappel des responsabilités des uns et des autres serait vain si l'on n'en tirait aucunes conséquences idéologiques et politiques. Ces dernières devraient aller de soi.
Sur le plan extérieur, sans remonter trop loin dans l'histoire récente, il est clair que les interventions américaines en Afghanistan et surtout en Irak, à quoi s'ajoute l'initiative stupide de la France en Libye, ont bouleversé le toujours fragile équilibre proche-oriental et y ont libéré les forces - et les armes - qui nous frappent aujourd'hui. Sans-doute pour longtemps. Savait-on, à Washington et à Paris ce que l'on risquait en touchant, sans autre projet politique sérieux que d'y installer des démocraties paisibles, au monde arabe ? Les avertissements n'avaient pas manqué. Ils étaient justifiés. Mener sa politique, sans suivre aveuglément les Etats-Unis (comme elle l'a fait en 2003, où elle s'est abstenue de participer à la deuxième guerre d'Irak), en éliminer l'idéologie et le moralisme qui la corrompent trop souvent, soutenir, partout où cela sera possible, les hommes et les régimes qui constituent ou pourront reconstituer des zones d'ordre qui ne nous menacent pas, en somme, mener une politique réaliste et non une politique de principes, voilà qui devrait s'imposer à la France. Saura-t-elle opérer cette rupture ? Pour l'instant, elle n'a d'autre choix que de frapper, elle aussi, affaiblir, détruire autant qu'il sera possible, les forces en guerre contre nous, libérées par nos propres inconséquences. Il est probable que nous venons d'entrer dans une période de guerre de longue haleine. Guerre de trente ans, guerre de cent ans ? En tout cas, ce genre de guerre - dite, aujourd'hui, asymétrique - dont il n'est pas possible d'entrevoir le terme ...
La menace intérieure est l'autre face de ce conflit, en lien et synergie avec la précédente. Elle est majeure. Le consentement de la France à une immigration massive en provenance des pays d'Islam en est l'élément principal. Certes, comme on nous en rebat suffisamment les oreilles, les immigrés de religion ou de culture musulmane ne doivent pas, individuellement, et même collectivement, être suspectés de terrorisme. La plupart souffrent de la situation actuelle. Ces considérations n'empêchent pas que les politiques d'immigration menées en France ces quarante dernières années, aboutissant à la présence sur notre sol de dix à douze millions d'immigrés de religion ou de culture musulmane, sont directement responsables du climat d'insécurité, de la crise d'identité, et, pour une part non négligeable, des difficultés économiques, qui ont conduit à la démoralisation des Français. Le parti immigrationniste (en fait, ce que nous appelons le Système) - politiques, intellectuels, journalistes, syndicalistes (y compris le patronat), monde de l'Education, nébuleuse des associations, églises, jusqu’au plus haut niveau - ont, à quelques courageuses exceptions près, imposé leur loi politique et morale à la France. Leur responsabilité est terrible. Aujourd'hui s'ajoute au malaise identitaire, la menace terroriste intérieure. Concrète et terrifiante. Issue qu'on le veuille ou non - très minoritaire, il est vrai, mais fanatique, résolue à toutes les extrémités et en lien avec le jihadisme international - de la communauté immigrée. Une politique de l'immigration en rupture radicale avec celle suivie jusqu'à présent, devrait donc s'imposer. Ce n'est pas le lieu d'en décrire le détail. Mais nous devrions y revenir prochainement.
Quelles seront les suites politiques, idéologiques, électorales, européennes, militaires, du choc - pour l'instant surtout émotionnel - que la France vient de connaître ? Entraînera-il une réaction déterminante, ou sera-t-il récupéré, canalisé par la conjonction des idéologues et des bonnes consciences ? Amplifiera-t-il les réactions qui commencent à poindre aussi, en Europe, comme Louis-Joseph Delanglade l'a indiqué, ici, avant-hier ? Permettra-t-il, comme le suggérait un commentaire reçu, hier, dans notre blog, de "crever l'abcès en liquidant toute cette menace mise à jour une bonne fois" ? L'on peut en douter. Il n'est pas non plus interdit de l'espérer. u
Lafautearousseau