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  • 22 septembre 1914 ... J'ai vu ce matin l'abbé Wetterlé ...

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    On m'affirme de bonne source que le général Joffre aurait déjà pu chasser les Allemands du territoire mais qu'il aurait fallu sacrifier 60.000 hommes tandis que l'opération pourra se faire à bien moins de frais à la fin de la semaine. Donc c'est pour samedi : acceptons-en l'augure.

    J'ai vu ce matin l'abbé Wetterlé (1). Petit, l'œil vif, il n'a à aucun degré l'aspect ecclésiastique dans son complet veston qu'il a revêtu sans doute pour échapper aux Allemands et qu'il a gardé pour se promener à Bordeaux avec le costume si étrange et si disgracieux des Pfarrer d'Allemagne, espèce de redingote qui l'eût fait ressembler à un clergyman. 

    L'abbé Wetterlé est tout à la joie d'être en France et d'avoir eu raison d'être resté fidèle à la France. J'ai vu des hommes qui avaient cette joie dans le regard, cette sûreté un peu orgueilleuse dans le port de la tête, cet optimisme et cette générosité dans la poignée de main : ce sont ceux qui arrivent au jour de leur mariage avec une fiancée tant désirée. L'abbé Wetterlé est véritablement nuptial, et, jusqu'à l'anticléricalisme, il voit en beau tout ce qui est français.

    Toute la presse parisienne quitte Bordeaux : nous partons ce soir. On dit même que le gouvernement songe à retourner à Paris. u   

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    1. Emile Wetterlé (1861-1931), député protestataire d'Alsace-Lorraine au Reichstag.  

     

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  • Deux autres nouveautés BD de ce week-end

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    Tripoli

    « Depuis les murs de Montezuma jusqu’aux rives de Tripoli, Nous nous battrons pour notre pays, Dans les airs, sur terre ou sur mer, Les premiers à se battre pour le Droit et le Liberté… » Les paroles du Corps des Marines, qui ont été écrites à la fin du XIXe siècle font référence à une bataille aujourd’hui oubliée et qui peut être considérée comme l’acte fondateur de ce corps d’élite de l’armée américaine. L’épisode se déroule, au début du XIXe siècle sous le règne de Yussef Ibn Ali Karamanli, pacha de Tripoli. Ce dernier réclame plus de subsides que le Traité de paix conclu entre son « califat » et la jeune nation des Etats-Unis ne le stipule. En fait, il réclame un tribut de 225.000 dollars. Le président Thomas Jefferson ne s’en laisse pas compter et décide de lui déclarer la guerre en mai 1801. Il charge l’ex-consul de Tunis, William Eaton, de contacter Hamet Ibn Ali Karamanli, frère du déposte et surtout roi légitime de Tripoli pour l’aider dans sa tâche…

    C’est un grand récit d’aventure auquel Youssef Daoudi, ancien directeur artistique dans différentes agences de communication, nous convie. Avec un réel talent de scénariste, dessinateur et coloriste, il retranscrit avec brio un épisode méconnu de l’histoire militaire américaine, haut en couleurs, très politique, bien documenté. Un parfum à la Lawrence d’Arabie s’échappe de chacune de ces pages, près d’un siècle avant l’épopée de l’officier anglais. Un ouvrage qui mérite de nombreux éloges.  u 

    Tripoli – Youssef Daoudi – Editions Glénat – 88 pages – 19,50 euros

    La Banque

    Londres 1815. Charlotte de Saint-Hubert dont les parents ont fui la Révolution survit dans un réduit miteux avec son frère Christian. Ce dernier travaille pour Nathan Rothschild. Il est employé à surveiller le colombier du riche banquier. En dehors de tenir l’endroit propre en ramassant les fientes des pigeons voyageurs, il doit porter les messages à son supérieur, Ellis, qui les remet alors en mains propres à Lord Rothschild.

    Pendant ce temps, Charlotte, pour subvenir aux besoins du « ménage familial » et tenir son rang, joue les courtisanes, en particulier auprès de Lord Milligan qui maltraite souvent la jeune française exilée. Lord Milligan est invité à une réception chez les Rothschild. Charlotte de Saint-Hubert l’accompagne. Le fils de l’hôte, Jacob Rothschild, n’en peut plus de voir celle qu’il aime dans les bras de ce lord libidineux….

    Avec le premier tome de leur nouvelle série « La Banque », Pierre Boisserie, Philippe Guillaume et Julien Maffre, entraînent le lecteur dans une grande saga familiale au cœur du monde de la finance. Ils délivrent un récit dense, passionnant, sans scrupules et terriblement actuel où le cynisme est quasiment roi. Le lecteur remarquera aussi combien le recueil d’information peut-être primordial pour faire fortune… ou pas. On attend avec impatience le tome 2 (« Le milliard des émigrés ») dont la sortie est prévue en septembre.  u 

    La Banque – Tome 1 – « L’initié de Waterloo » – Boisserie-Guillaume-Maffre – Editions Dargaud – 56 pages – 13,99 euros

     

    Source : Site de Politique magazine - Par 16 septembre 2014

     

  • Mépris gouvernemental

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    Après les "sans dents" moqués par Hollande (dixit la deuxième ex de France) et les "illétrées" de Bretagne vouées au chômage selon Macron, c'est au tour des harkis de connaître le mépris gouvernemental. Vous me direz qu'ils en ont l'habitude. Mais cette fois, la pilule est grosse. Jugez plutôt: Les héritiers politiques de De Gaulle avaient fini par accepter qu'une journée d'hommage national soit dédiée aux harkis, le 25 septembre, en reconnaissance de leur sacrifice au service de la France. Subtile mesquinerie, le pouvoir chiraquien précisa que cette journée ne serait pas annuelle mais serait célébrée une seule fois (Faudrait quand même pas exagérer et pousser pépé Charly dans les orties!). Puis, sous la pression indignée des associations de harkis, pieds-noirs et anciens combattants, la journée devint annuelle... jusqu'en 2013. Car en cette mi-septembre 2014, aucune invitation n'est parvenue aux associations et personnalités habituellement invitées à cette cérémonie et aucune circulaire ministérielle n'a demandé aux préfets de décliner cet hommage national dans les régions, comme chaque année, ni de pavoiser les édifices publics à cette occasion.

    Il aura donc fallu un ministricule socialiste des anciens combattants, qui se dit pourtant fils de harki, pour que cette journée nationale tombe dans les oubliettes de la République... A moins que le dit ministricule, rattrapé par quelques affaires, l'ait simplement oubliée ?! u 

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  • 21 septembre 1914 ... "cette guerre était inutile et pouvait être évitée ..." ?

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    D'une nouvelle conversation de X... avec Denys Cochin (1), il résulte que celui-ci aurait pu être ministre dans le cabinet de réconciliation nationale s'il n'avait déclaré que cette guerre était inutile et pouvait être évitée. Denys Cochin affirme que le baron de Schoen a cherché à joindre toutes sortes d'hommes politiques français pour arriver à empêcher l'alliance franco-russe de jouer. 

    Paul Souday m'apprend la mort du musicien Albéric Magnard, survenue dans les circonstances suivantes. Magnard se trouvait à la campagne, dans le Valois, avec sa famille. On apprend que les Prussiens approchent. Il déclare qu'il veut rester seul pour empêcher le pillage de la maison. Un matin, deux uhlans se présentent : Magnard, qui avait un fusil, les vise et fait coup double. Quelques instants après, d'autres uhlans arrivent en force, s'emparent du musicien et le fusillent... Albéric Magnard - le fils du célèbre Magnard du Figaro - était un homme de grand talent, mais un méditatif, un doux. Pourtant il n'a pas pu supporter ça. Et ça, c'était de voir les Prussiens chez lui.

    Le Temps quitte Bordeaux demain. Nous aussi. Mon ami Capus est reparti déjà. Le gouvernement va rester seul dans sa  capitale provisoire ayant l'air de ne pas avoir confiance dans les nouvelles favorables qu'il donne et qui, officieuses, sont encore meilleures qu'officielles. Il semble cependant que les Allemands, avec des forces accrues,  et des troupes fraîches ou reposées, tentent un suprême effort pour revenir sur Paris. u   

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    1. Denys Cochin (1851-1922), député de Paris de 1893 à 1919, catholique libéral, entrera au gouvernement comme sous-secrétaire d'Etat en novembre 1915 jusqu'à sa démission en juillet 1917.

     

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  • 20 septembre 1914 ... Mort héroïque au champ d'honneur de Charles Péguy et destruction de la cathédrale de Reims

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    Nous avons appris presque en même temps la mort héroïque au champ d'honneur de Charles Péguy et la destruction de la cathédrale de Reims.

    Ce Péguy !

    Il était avant-hier une espèce de dreyfusard tout à fait vulgaire, un professeur radical-socialiste qui faisait une littérature forcenée. Il ressemblait à Jean-Jacques Rousseau par l'insociabilité, par la farouche vertu.

    Et puis la mystique du nationalisme l'avait saisi. Il s'était retrouvé paysan de France, tout près de la terre, de la glèbe, du sillon. Cet universitaire s'était mis à vénérer Sainte Geneviève et Sainte Jeanne d'Arc avec la ferveur et la simplicité d'un homme du Moyen-Âge. Il était devenu un des mainteneurs et un des exalteurs de la tradition. Il a été de ce mouvement profond, de ce mouvement de l'instinct qui, dans les mois qui ont précédé la guerre, a replié les Français sur eux-mêmes, a conduit l'élite intellectuelle et morale de la nation à des méditations, souvent d'un caractère religieux, sur les origines et l'histoire de la nation...

    Chose étrange que Péguy soit mort d'une balle au front au moment où commençait à brûler la cathédrale où Jeanne d'Arc, pour le sacre de Charles VII, avait mené son oriflamme à l'honneur.

    La guerre de 1914 a fait de beaux symboles. Péguy aura dans notre histoire littéraire et nationale la place de ces poètes soldats de l'Allemagne d'il y a cent ans qui tombaient dans la guerre d'indépendance

    En s'acharnant contre la cathédrale de Reims, les Allemands savent bien ce qu'ils font. Nul peuple n'a plus qu'eux l'esprit historique et le sens de la symbolique historique. Détruire la cathédrale où étaient sacrés les rois de France, c'est une manifestation de même nature que la proclamation de l'Empire allemand dans le palais de Louis XIV à Versailles.   u   

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  • Nouveauté BD, de ce week-end ....

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     Alexandre l’Epopée

    Nous sommes en 336 avant Jésus Christ. Le roi Philippe II de Macédoine vient de mourir. Son fils, le jeune Alexandre qui n’a que 20 ans est appelé à lui succéder. Il va régner sur un vaste royaume qui, sous l’impulsion de son père, s’est étendu jusqu’à la Grèce classique. C’est l’armée, réunie à Pella capitale de la Macédoine, qui acclame et proclame Alexandre roi. Deux de ses proches amis, Karanos et Méléagre assistent à son couronnement. Ils sont chargés de veiller sur Pyrrhus et Eurydice qui ont les faveurs d’Alexandre. Mais Pyrrhus et Eurydice se sont vus dépouillés de leurs titres et de tous leurs biens par feu le roi Philippe II…

    Assassinats, complots et manipulations vont alors entrer en jeu pour déstabiliser le jeune monarque, qui se voit contraint et forcé d’éliminer tous ses rivaux potentiels. Le trône est à ce prix…

    Superbement dessiné, ce péplum historique est très documenté, peut-être un peu trop parce que le non initié à l’histoire antique peut se trouver dérouté et parfois un peu perdu dans le flot d’informations qu’il doit engranger. Certes le lexique en fin d’album se révèle utile, éclairant le lecteur sur les expressions précises. De même l’album contient une carte de référence qui permet d’appréhender l’étendue du royaume d’Alexandre entre sa prise de pouvoir (-336) et sa disparition (-323).
    Il n’en reste pas moins que le scénario aurait mérité d’être un peu plus simple, moins alambiqué même si l’on image bien que la succession de Philippe II n’a pas été de tout repos pour Alexandre.
    Et même si l’imagination permet de suppléer à une vérité historique qui fait cruellement défaut par certains moments, ce premier tome s’affirme comme un opus d’une grande qualité. Il faut simplement prendre le temps de le lire, de s’en imprégner et au préalable, de réviser ses cours d’histoire ! u 

    Alexandre l’Epopée –Tome 1 – « Un roi vient de mourir » – Chauvel/Le Galli/Java – Editions Glénat – 64 pages – 14,95 euros

     

    Source : Site de Politique magazine - Par 16 septembre 2014

     

  • Politique magazine lance son nouveau site !

    Nous signalons la mise en ligne du nouveau site de Politique magazine - qui correspond bien mieux que le précédent à ce que doit être la présence sur le Net d'un mensuel de sa qualité. C'est la bonne nouvelle du week-end !

    Politique magazine a annoncé cette nouvelle parution par le communiqué que nous reproduisons ci-dessous.

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     www.politiquemagazine.fr

    Découvrez le nouveau site de Politique magazine, mensuel de référence de l’actualité politique depuis plus de 10 ans.

    Fier du succès de son site actuel, Politique magazine entend donner un élan plus puissant à la diffusion de ses idées. Son objectif est clair : faire entendre une voix discordante dans le paysage médiatique monocorde d’aujourd’hui. Au cœur de sa réflexion, la question de la légitimité républicaine. Elle se pose, gravement, face à la succession des échecs des différents gouvernements.

    Pensé pour la commodité et l’agrément de ses lecteurs, vous retrouverez sur ce nouveau site :

    Une information régulièrement mise à jour, autour de trois axes principaux :  

    « Le meilleur des mondes », où figurent des articles sans concession centrés sur l’actualité politique, sociale et économique ;

    « Idées » où sont rassemblés les textes les plus représentatifs de Politique magazine, qui pense que la politique, au sens vrai du terme, fait la sagesse des gouvernements ;

    « Civilisation » où se retrouvent des critiques et commentaires de l’actualité culturelle. 

    L’ensemble des articles publiés dans Politique magazine, accessibles gratuitement pour tous les abonnés grâce à un identifiant et un mot de passe personnel.

    - La liberté d’organiser votre lecture. En cliquant sur les « tags » (thèmes sur fond rouge sous chaque titre d’article), vous obtenez en un instant tous les articles autour d’un même sujet !

    - La possibilité de vous exprimer en laissant des commentaires sous chaque article.

    - La possibilité de passer des annonces et des publicités sur les pages du site.

    Pour tout renseignement sur les nouvelles possibilités du site de Politique magazine, écrivez-nous à cette adresse contact@politiquemagazine.fr ou appelez au 01 42 57 43 22.  u  

     

  • Editorial de François Marcilhac, dans l'Action française 2000 : Retour à la IVe !

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    Le vote de confiance de ce mardi 16 septembre a marqué le retour aux institutions de la IVe république. Fragilisé par des frondeurs que seule la peur des risques encourus a modérés — ne pas être réélus en cas de dissolution —, Manuel Valls sait qu’il doit désormais compter avec les humeurs de députés socialistes qui ne se font plus aucune illusion sur l’échec du quinquennat de François Hollande.  

    Triste fin pour un parlementarisme qu’on prétendait avoir définitivement « raisonné » !

    Si pour l’heure le risque d’une victoire du FN en cas d’élections anticipées est largement fantasmé — Valls est un habitué de la dramatisation : il y voit un moyen, d’ailleurs de moins en moins efficace, de contenir des troupes de plus en plus maigres —, il n’en reste pas moins que, affaiblie par le quinquennat, la Ve république n’a plus aucun anticorps à opposer à la résurgence du régime de partis dont les responsables, paniqués, ne savent plus que crier « Sauve qui peut ! ». D’autant qu’ils assistent, impuissants, à la débandade généralisée de leurs électorats traditionnels, devant leur double complicité dans l’abandon de notre souveraineté politique à des instances supranationales et la décomposition économique, sociale et morale de la nation.

    Le mépris des Français pour leur classe politique n’a jamais été aussi profond. Comme la rouille finit par tenir le fer qu’elle ronge inexorablement, le jeu des partis, qui ronge nos institutions, permet encore à la Ve république de maintenir les apparences de la stabilité, avant l’effondrement final. Un seul devoir : ne pas nous laisser surprendre. u 

     

    Source : L’Action Française 2000 - n° 2893 - Jeudi 18 septembre 2014

     

  • George Steiner : « Donner à quelqu'un tout ce qu'il veut, c'est pour moi l'insulte suprême à la dignité humaine »

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    « Notre système de capitalisme libéral nous dit qu'en aucun cas il ne se fait d'illusions sur nous, le mieux étant de nous donner ce que nous désirons. Et donner à quelqu'un tout ce qu'il veut, c'est pour moi l'insulte suprême à la dignité humaine. S'il n'y a vraiment pour alternative que l'Islam fondamentaliste, s'il n'y a plus pour alternative ce judaïsme perverti qu'était le communisme, nous nous trouvons devant un gouffre béant. Et ceci d'autant plus que nous vivons déjà dans une vacuité du monde. La drogue, le kitsch sont autant de vides si présents en nous que je ne vois en aucun cas une bénédiction sans ambages dans cette pseudo-libération mais au contraire une accusation contre nous-mêmes, une sorte d'autocritique que nous ne ferons jamais, alors qu'il nous incombe de refuser que la loi du marché devienne une loi pour l’homme. L'odeur de l'argent empeste chaque pays, la France, l'Allemagne occidentale, l'Angleterre. Le cri de l'argent et ses exigences dominent les universités, l’art, la production théâtrale et littéraire. Tout est dans le mot « rentabilité » : Cela est-il rentable, demande-t-on à chaque coin de rue. La réponse est négative. Aucune pensée, aucune poésie dignes de ce nom n’ont été rentables ne serait-ce qu'une seule fois. Au contraire, elles ont toujours basculé vers un déficit. Si sonne l'heure où l'on doit faire les comptes des profits et des pertes, pensons au notaire qui en anglais s'appelle bokkeeper, le gardien des livres. Ironie de l'Histoire, c'est l’inspecteur des finances qui fait les comptes, c'est lui le gardien des livres et force est de constater que le seul livre qui reste ouvert c'est celui des banques, que l'on examine bien plus que les versets bibliques. Il est au centre du Temple. (…) Je sais que Ie communisme a été une horreur et que ce qu'il en reste ne sont que vestiges absurdes d’une grande défaite. Quelques heures après la destruction du mur de Berlin, les Allemands de l’Est ont acheté des vidéos pornographiques ; une semaine plus tard, s'ouvraient à l’Est des sex-shops. Une semaine après, il faut le voir pour le croire ! Un libéral conséquent doit me répondre en ces termes : « Monsieur Steiner, c'est ce que veut l'humanité.» Et il aura raison. Quant à moi, je sais qu'avoir raison de telle sorte, c'est avoir tort. »  u 

     

    George Steiner, Entretiens avec Ramin Jahanbegloo, Edition du Félin, Paris, 1992

     

     

  • De la responsabilité des élites, par Hilaire de Crémiers

     Pensez à cliquer pour agrandir

    Dans la suite de ses remarquables vidéos, Hilaire de Crémiers, directeur de Politique magazine, revient ici, sur la crise des élites, ou présumées élites, françaises. u   

     

  • Monarchie républicaine en échec ... ou monarchie royale pour une France forte, digne et unie ?

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    Jour J pour François Hollande - qui tient aujourd'hui, devant 400 journalistes, une conférence de presse dont il est facile de prévoir qu'elle ne changera rien à sa situation politique et n'éteindra pas la crise de régime. u   

     

  • 18 septembre 1914 ... D'ici quarante-huit heures nous aurons certainement quitté Bordeaux

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    Il y a une affaire Castelnau. Une dépêche de félicitations adressée le 10 septembre au général de Castelnau par le général Joffre n'a été communiquée à la presse qu'aujourd'hui et arrêtée par la censure de Bordeaux aussitôt qu'elle a été communiquée. Elle a paru pourtant dans L'Homme libre de Clemenceau, qui s'imprime à Toulouse et a pu être reproduite après cela partout. La vérité est que le gouvernement a peur du général de Castelnau, peur de sa popularité, de son influence, de ses idées. On m'assure que le président Poincaré ne cache pas ses alarmes à ce sujet : il a peur d'être fusillé par la réaction. Le personnel républicain, les gens de la rue de Valois ont la même crainte. Il est cependant parmi eux des hommes qui ont du bon sens. Comme on disait l'autre jour devant le sénateur Perchot, un des chefs du parti radical-socialiste que les généraux seraient bien dangereux pour la République après la victoire, Perchot répondit : "Ayons d'abord la victoire."   

    En passant tout à l'heure rue Vital-Carles, j'ai vu Millerand qui sortait à pied, sans aucune cérémonie, du ministère de la Guerre. A..., un de nos confrères de la presse parisienne, l'a abordé au même moment et lui a demandé des nouvelles de la guerre. Le ministre a confirmé que la situation était bonne, autorisait l'espérance. 

    D'ici quarante-huit heures nous aurons certainement quitté Bordeaux. Le décret qui ordonne la révision des exemptés et réformés et la retraite de l'ennemi me donnent l'espoir d'être employé à l'administration militaire des territoires ennemis occupés par nos armées. A la lecture quotidienne des admirables faits d'armes dont nos soldats sont les héros, le non-combattant, l'oisif, a un sentiment de honte qui va, comme me le disait très justement tout à l'heure Vaugeois, jusqu'au sentiment de la culpabilité. 

    Lawrence Jerrold, correspondant du Daily Telegraph, un des plus grands journaux anglais, qui arrive d'Angleterre par mer, m'assure que la plus grande partie du cabinet libéral était hostile à la guerre. Ce sont sir Edward Grey, un patricien whig qui a les vieilles traditions politiques anglaises dans le sang, et Winston Churchill, un descendant des Marlborough, un conservateur fraîchement rallié au radicalisme, qui ont décidé Asquith et LLoyd George. Sans ces deux aristocrates comme sans le roi des Belges, la démocratie française était abandonnée, livrée à elle-même en face de l'impérialisme allemand.  

    D'ailleurs les démissions de sir John Morley, vieux, très vieux radical gladstonien, et de John Burns, le ministre "travailliste", plus doux, en disent long à cet égard. u   

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