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  • L'urgence: un nouveau système politique ! par Hilaire de Crémiers

     

    Hilaire de Crémiers, directeur de Politique magazine, revient sur la crise des institutions françaises et l'urgence de fonder un nouveau système politique.

    (Vidéo enregistrée entre la formation du gouvernement Valls 2 et l'université de La Rochelle)

  • 3 septembre 1914 ... L'invasion ne cesse de progresser, on quitte Paris en masse

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    Encore une nuit anxieuse, encore une matinée sans réconfort. Le bruit courait hier soir à Saint Lô, venant de Paris, que le général Pau (1) avait remporté une victoire et occupé les lignes ennemies. On nous avait tout de suite apporté cette lueur d'espoir. Ce matin, nous apprenons que les uhlans sont à Compiègne. C'est tout. 

    De nombreux réfugiés arrivent de Paris, des environs de Paris et de la région de l'Oise. A entendre ces derniers, c'est l'autorité militaire qui ordonnerait l'évacuation immédiate parce que des batailles sont prochaines dans cette région et que nous emploierons le nouvel explosif de Turpin, qui est un asphyxiant d'une telle puissance qu'il expose à la mort tous les habitants d'une région...

    Le secret de Turpin est admirable, on veut bien le croire. Mais ce n'est pas encore le secret de la victoire, puisque l'invasion ne cesse de progresser. Du coup, on quitte Paris en masse. Les trains se succèdent en grand nombre aux gare d'Orléans, de Lyon et de l'Ouest. Des hommes qui sont arrivés ici disent avoir voyagé vingt heures debout dans un fourgon.

    Stephen Pichon (2) écrit dans Le Petit Journal ces lignes qui surprendront. C'est le premier son de cloche de cette nature qui est donné : "Il y a longtemps que j'ai dit qu'on avait tort de s'en reporter aux bruits fallacieux qu'on faisait courir sur la supériorité de nos armes. L'évènement a tristement démenti ceux qui colportaient de prétendus propos de prisonniers allemands dont on s'emparait comme d'une promesse certaine de victoire. Mais de l'optimisme excessif dont on faisait preuve il y a quinze jours, au pessimisme découragé que créeraient maintenant des revers auxquels nous avions le droit de ne pas nous attendre, il y a toute une distance que nous ne devons pas parcourir."

    Des revers ? Il y a donc eu des revers ? Où et quand, nous ne le savons, ou plutôt nous ne le devinons que très vaguement encore. Mais c'est la première fois que le mot est prononcé. Il nous attriste jusqu'au fonds de l'âme.

    ...D'après les lettres que nous venons de recevoir à l'instant même, les uhlans se trouvaient dès dimanche, c'est-à-dire le 30 août, dans les environs de Compiègne. Les habitants de la région se hâtaient de chercher un refuge à Paris.  

     

    (1) : Paul Pau (1848-1932) était entré à Mulhouse le 19 août 1914, qu'il devait évacuer le lendemain.

    (2) : Stephen Pichon (1857-1933) avait été ministre des Affaires étrangères sous Clemenceau puis Caillaux de 1906 à 1911 et le redeviendra avec Clemenceau de 1917 à 1920.

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  • Valls à deux temps

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    Le rite socialiste semble immuable. Dans un premier temps, on se fait plaisir avec des réformes sociétales (suppression de la peine de mort, libéralisation des radios, mariage des pédérastes, etc.). Puis on vire un Mauroy pour le remplacer par un Fabius, ou un Eyraud pour un Valls, on devient pragmatique et on prend les mesures macron-économiques et sociales que la droite n’a pas osé prendre par peur de la gauche. Car en-dessous de l’écume politicienne, l’économie impose ses lois à nos moutons gouvernementaux hélas tous atteints de bruxellose.

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  • 2 septembre 1914 ... Retraite ininterrompue de nos armées

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    Ce qui étonne le public, c'est cette retraite ininterrompue de nos armées. Il semble que les Allemands avec la régularité d'une horloge, que leurs étapes soient fixées d'avance. Il semble aussi que, de notre côté, le commandement préfère garder nos armées intactes, même au prix de l'investissement de Paris, pour que nous puissions le jour où la pression russe se fera sentir trop vivement des Allemands en Prusse orientale, reprendre l'offensive avec des forces inentamées.

    Cela, c'est l'explication optimiste du fait qu'il n'apparaît aucun nom de bataille et que, depuis que nos armées ses ont repliées de Belgique en France, tout a l'air de s'être passé en manœuvres défensives. A cette explication-là, toute la France, dans sa volonté de vivre, s'attache avec confiance, avec énergie.

    Une explication pessimiste mais partielle, rendue malheureusement vraisemblable par le communiqué d'hier soir, c'est que notre aile gauche - celle où se trouvent les Anglais - est toujours sous la menace de se trouver débordée et enveloppée. Ce serait cette faiblesse qui nous obligerait au retrait sur toute la ligne. Quoi qu'il en soit la "guerre à outrance" qui deviendrait nécessaire à partir du moment où Paris serait investi constituerait une lourde épreuve. La presse s'efforce d'accoutumer l'opinion à l'idée des sacrifices nécessaires.  

    Le point de vue sur lequel on insiste, c'est que l'état-major prussien expose ses hommes avec une prodigalité folle, sans tenir compte de la difficulté, qui croît pour lui tous les jours, à mesure qu'il s'éloigne de sa base d'opérations, de "réétoffer" ses régiments décimés et de les ravitailler...

    Hélas ! il y a trois semaines, on disait déjà que les soldats allemands mouraient de faim et que les uhlans se rendaient pour une tartine. Le peuple français est assez viril pour ne pas avoir besoin d'être bercé par ces niaises illusions. 

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  • La Dizaine de Magistro

    magistro nouveau.jpgPar-delà le discours dit de droite, dit de gauche ou d'ailleurs, l'essentiel touche aux fondamentaux... un choix de civilisation ! 

    MAGISTRO, une tribune libre et indépendante d'information civique et politique, en ligne depuis 2008 :  http://www.magistro.fr  


    = Chantal DELSOL, de l'Institut : On ne joue pas avec la maternité
    = Marc DUGOIS, Avocat : Les trois veaux d'or
    = Chantal DELSOL, de l'Institut : Nos limites
    = Roland HUREAUX, Essayiste : L'absurde projet de réforme territoriale
    = Eric ZEMMOUR, Journaliste politique : Arnaud Montebourg, rebelle de pacotille
    = Ivan RIOUFOL, Journaliste politique : Les partis politiques... ces boulets !
    = Philippe BILGER, Magistrat honoraire, Président de l'Institut de la parole : Faut-il avoir pitié du président de la République ?
    = Jean-Baptiste GIRAUD, Directeur fondateur d'Ecomoniematin.fr : De la hausse de la TVA
    = Henri HUDE, Philosophe : Réflexions pour la France
    = Denis FADDA, Haut fonctionnaire international :A nos portes, un monde en feu
    = Maxime TANDONNET, Haut fonctionnaire : La crise de confiance

                                  

     

  • Beaucoup de bruit pour rien, par Louis-Joseph Delanglade

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    « Panique identitaire » à gauche (M. Thomas Legrand sur France Inter) où le divorce semble imminent entre étatistes et réformistes : le second gouvernement de M. Valls n’en finit pas de faire des vagues jusqu’à l’intérieur même du P.S. et de lui-même, ce qui est un comble ! En témoigne la charge conjointe de Mmes Aubry, Duflot et Taubira. Pourtant, depuis la primaire socialiste de 2011, il était évident que MM. Valls et Montebourg incarnaient deux visions politiques et économiques inconciliables. De même que, plus récemment, tout le monde a entendu M. Valls prévenir que la gauche pouvait disparaître. (B.F.M.-T.V., le 14 juin) 

    Pourquoi s’étonner dès lors, d’autant qu’il est patent que ténors et éléphants du parti majoritaire fourbissent leurs armes pour l’élection présidentielle de 2017 ? Tous ou presque ont intérêt à ce que MM. Valls et Hollande échouent. Ces derniers sont de fait condamnés par la dérive des institutions de la Vème République (notamment la néfaste adoption du quinquennat) et par l’américanisation croissante de nos mœurs politiques (notamment la médiatisation disproportionnée de tout événement), à obtenir des résultats hic et nunc.

    Voici donc la France gouvernée par un attelage improbable où la gauche libertaire (représentée par Mme Najat Vallaud-Belkacem, incarnation du carriérisme politicien) côtoie la gauche libérale (représentée par M. Emmanuel Macron, banquier d’affaires et haut fonctionnaire). D’aucuns crient au clientélisme et prédisent une prochaine tempête. On peut tout aussi bien relever une certaine cohérence. Tandis que l’on continuera de révolutionner les valeurs sociétales et de tailler dans les racines des gens de ce pays (mettant ainsi du baume au cœur de l’électorat gaucho-bobo-écolo), se poursuivra plus aisément la marche forcée vers l’euro-mondialisation par la libéralisation débridée de l’économie nationale (confortant ainsi l’alliance objective entre la droite et la gauche dites « de gouvernement »). 

    Le scepticisme s’impose donc. De toute façon, les chances de succès de M. Valls semblent plutôt compromises du fait des contradictions de la gauche, de la situation de la France et du contexte européen. Certes, M. Bernard Guetta (France Inter) peut prédire que M. Hollande sera sauvé par l’Europe : la menace déflationniste devrait, paraît-il, inciter la B.C.E. à faire baisser l’euro et favoriser enfin les investissements européens. Mais, forcément conjoncturel, cet hypothétique renversement de tendance n’aurait de toute façon que peu de portée pour le pays. Le bénéficiaire serait bien plutôt M. Hollande – ou M. Valls - qui pourrait envisager l’élection de 2017 avec plus de sérénité. 

    Rien de bien nouveau, donc. Et rien qu’on ne sût déjà.

     

  • 1er septembre 1914 ... Nos armées sont remplies d'hommes qui savaient de science certaine que la République perdait la France

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    David Lloyd George et Winston Churchill

    On se bat à Rethel et c'est demain l'anniversaire de Sedan (1)... Pour la quatrième fois en un siècle, l'étranger a envahi la France, et cette année-ci est le centenaire de 1814. Les Français ne pourront pas manquer de comprendre cette leçon terrible. Ceux qui l'ont déjà comprise, ceux qui savaient que les principes de la démocratie et de la Révolution devaient nous conduire à une défaite ont été les premiers à marcher. Nos armées sont remplies d'hommes qui avaient prévu l'évènement, qui savaient de science certaine que la République perdait la France. Ils ont fait magnifiquement leur devoir et ils paraîtront à la postérité tels que ce Megistias dont parle Hérodote, qui mourut aux Thermopyles et sur la tombe duquel fut gravée cette inscription : "Sous ce tombeau repose Megistias le devin, qui, sachant d'avance le destin dont il était menacé, ne put se résoudre à abandonner les chefs de Lacédémone."   

    Qu'il est beau le sort de Megistias ! L'histoire retiendra le nom des Français qui l'ont partagé ! Les chefs de notre Lacédémone, nous les connaissons... Ils conduisent la nation à cette heure tragique : cela suffit.

    M. Winston Churchill (2) a déclaré ces jours-ci que cette guerre était celle de la démocratie contre l'autocratie. Parole imprudente à l'heure où la démocratie libérale anglaise et la démocratie libérale française expient leur aveuglement et leurs erreurs dans le sang répandu à flots dans les plaines de Flandres et de Picardie. Il paraît même certain que, si l'aile gauche des armées alliés fléchit si régulièrement depuis quatre jours, c'est parce que les Anglais s'y trouvent et que les Allemands les attaquent avec une fureur particulière.   

    Les libéraux anglais ont commis exactement la même faute que les républicains français : ils se sont laissés entraîner à une guerre qu'ils n'avaient pas préparée, ils ont fait une diplomatie dont ils ne s'étaient pas donné les moyens. La Triple-Entente, sans une sérieuse armée anglaise, quelle erreur immense ! Et si l'Angleterre, comme on peut le croire, s'est bien mis dans la tête qu'elle ne renoncerait pas à la lutte avant d'avoir vaincu l'Allemagne, que d'efforts, que de sacrifices, avant que cet empire militaire soit battu ! Et par quels abandons des principes du libéralisme arriveront-ils, les Asquith (3) et les LLoyd George, à ce résultat ?

     

    (1) Sedan : la défaite du 2 septembre 1870.

    (2) Winston Churchill (1874-1965), premier lord de l'Amirauté (ministre de la Marine) en 1911, devra démissionner en mai 1915 après l'échec de l'opération des Dardanelles dont il fut le promoteur. 

    (3)  Herbert Asquith (1852-1928), libéral, Premier ministre de 1908 à 1916. 

     

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