Sergent-chef Thomas Dupuy : un jeune-homme qui, lui, est mort pour la France
Naturellement, cette nouvelle retentit moins dans l’espace médiatique que celle du jeune Rémi Fraisse, victime d’une grenade offensive lors d’une manifestation d’écolo-anarchistes. D'un côté, l’un n’a fait que son devoir et, pour les médias, il ne mérite rien (ou presque). L’autre, au contraire, s’est opposé de toutes ses forces à une retenue d’eau, s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Mais il a droit à tous les honneurs et tous les couplets laudateurs, dithyrambiques et naturellement polémiques ! Henri Saint-Amand, Boulevard Voltaire ♦
Engagé dans une opération visant le camp d’un groupe jihadiste dans le massif de Tigharghar, dans le nord du Mali, le sergent-chef Thomas Dupuy, du Commando Parachutiste de l’Air n°10, a mortellement été touché au cours des combats.
Né en 1982 à Toulouse, Thomas Dupuy a 23 ans quand il s’engage en qualité d’élève sous-officier au sein de l’armée de l’Air.
Nommé sergent à l’issue de sa scolarité à l’École des sous-officiers de l’armée de l’air de Rochefort, il rejoint l’Escadron des fusiliers commando de l’Air, à Dijon, pour y suivre sa formation spécialisée. Le 9 octobre 2006, il est affecté au CPA n°30 de Bordeaux-Mérignac, où il sert au groupe Rapace puis à la cellule MASA (mesures actives de sûreté aérienne) en qualité de tireur d’élite. Il intègre ensuite un module « Personnel Recovery » (Récupération de personnel).
Au début de l’année 2007, il effectue une mission au Togo et assume les responsabilité de chef de poste de commandement de la protection. Deux ans plus tard, il est affecté au CPA n°10 d’Orléans et rejoint le groupe 12C en tant que chuteur opérationnel. Après un déploiement à Djibouti, il est engagé, en 2011, sur alerte dans la bande sahélo-saharienne (BSS) en qualité d’équipier groupe action.
« Il s’est particulièrement distingué en apportant un soutien sans faille à son chef, dans la préparation à l’engagement du groupe, lors d’un saut opérationnel à grande hauteur sur une zone d’opération tenue par des preneurs d’otages, tout cela dans des conditions difficiles et dans des délais extrêmement réduits », souligne le Sirpa Air.
Grâce à ses qualités de combattant et son comportement toujours exemplaire, il est cité en exemple et reçoit la Croix de la Valeur Militaire avec étoile de bronze. Toujours en 2011, le jeune sous-officier s’est une nouvelle fois distingué en Afghanistan. Une fois, pris à partie par des insurgés au cours d’une mission d’infiltration en territoire hostile, il a pu appuyer efficacement le désengagement « d’éléments amis ». Plus tard, il rispostera efficacement alors que son groupe est pris sous le feu des rebelles. Il sera toutefois blessé par des éclats de roquette. Son comportement, encore exemplaire, lui vaudra ’attribution de la Croix de la Valeur militaire avec étoile d’argent.
Promu sergent-chef en juillet 2013, il avait rejoint le Mali depuis le 2 août dernier. Comme l’indiquait le communiqué du ministre de la Défense, il était « un spécialiste reconnu dans des domaines aussi variés que l’appui aérien, les transmissions opérationnelles et le saut à ouverture très grande hauteur ». D’après sa hiérarchie, il était aussi un « élément incontournable de son groupe » et un « camarade apprécié de tous ».
Le sergent–chef Thomas Dupuy était titulaire de la Croix de la Valeur militaire avec étoile d’argent et étoile de bronze, de la médaille d’outre-mer agrafe Sahel et République de Côte d’Ivoire, de la médaille d’argent de la défense nationale et la médaille des blessés. ♦