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18 septembre 1914 ... D'ici quarante-huit heures nous aurons certainement quitté Bordeaux

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Il y a une affaire Castelnau. Une dépêche de félicitations adressée le 10 septembre au général de Castelnau par le général Joffre n'a été communiquée à la presse qu'aujourd'hui et arrêtée par la censure de Bordeaux aussitôt qu'elle a été communiquée. Elle a paru pourtant dans L'Homme libre de Clemenceau, qui s'imprime à Toulouse et a pu être reproduite après cela partout. La vérité est que le gouvernement a peur du général de Castelnau, peur de sa popularité, de son influence, de ses idées. On m'assure que le président Poincaré ne cache pas ses alarmes à ce sujet : il a peur d'être fusillé par la réaction. Le personnel républicain, les gens de la rue de Valois ont la même crainte. Il est cependant parmi eux des hommes qui ont du bon sens. Comme on disait l'autre jour devant le sénateur Perchot, un des chefs du parti radical-socialiste que les généraux seraient bien dangereux pour la République après la victoire, Perchot répondit : "Ayons d'abord la victoire."   

En passant tout à l'heure rue Vital-Carles, j'ai vu Millerand qui sortait à pied, sans aucune cérémonie, du ministère de la Guerre. A..., un de nos confrères de la presse parisienne, l'a abordé au même moment et lui a demandé des nouvelles de la guerre. Le ministre a confirmé que la situation était bonne, autorisait l'espérance. 

D'ici quarante-huit heures nous aurons certainement quitté Bordeaux. Le décret qui ordonne la révision des exemptés et réformés et la retraite de l'ennemi me donnent l'espoir d'être employé à l'administration militaire des territoires ennemis occupés par nos armées. A la lecture quotidienne des admirables faits d'armes dont nos soldats sont les héros, le non-combattant, l'oisif, a un sentiment de honte qui va, comme me le disait très justement tout à l'heure Vaugeois, jusqu'au sentiment de la culpabilité. 

Lawrence Jerrold, correspondant du Daily Telegraph, un des plus grands journaux anglais, qui arrive d'Angleterre par mer, m'assure que la plus grande partie du cabinet libéral était hostile à la guerre. Ce sont sir Edward Grey, un patricien whig qui a les vieilles traditions politiques anglaises dans le sang, et Winston Churchill, un descendant des Marlborough, un conservateur fraîchement rallié au radicalisme, qui ont décidé Asquith et LLoyd George. Sans ces deux aristocrates comme sans le roi des Belges, la démocratie française était abandonnée, livrée à elle-même en face de l'impérialisme allemand.  

D'ailleurs les démissions de sir John Morley, vieux, très vieux radical gladstonien, et de John Burns, le ministre "travailliste", plus doux, en disent long à cet égard. u   

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